Pourquoi la Révolution, d'abord clémente, devint terrible. — Évasion de Bonne-Savardin. — La contre-Révolution sur les frontières. — Négociations secrètes entre Léopold et Frédéric-Guillaume. État du Brabant. — Cris d'alarme poussés par Fréron. — Habile manifeste de Léopold. — Le parti des Vonkistes. — Le général Vandermersch abandonné par ses soldats. — Inquiétudes des Jacobins à Paris. — La presse menacée ; emprisonnement de Fréron ; Camille Desmoulins forcé de se rétracter. — Le pamphlet C'en est fait de nous. — Singulière polémique entre Camille et Marat. — Malouet les dénonce l'un et l'autre. — Guerre infructueuse du Châtelet contre le duc d'Orléans et Mirabeau. — Le duc d'Orléans suspect à Marat. — Duel de Barnave et de Cazalès ; le principe du duel condamné par la presse révolutionnaire ; jugement sévère de Loustalot. — L'abbé de Barmond à la barre de l'Assemblée. — Étranges scènes de violence. — Le duc d'Orléans et Frondeville. — Conclusion.Lecteurs, si vous voulez être justes, rapprochez de ce qui vient d'être raconté ce qui va suivre. Quand, plus loin, vous verrez les haines devenues féroces, les colères arrivées au plus haut degré d'emportement, les prisons remplies, l'échafaud dressé, n'oubliez pas, n'oubliez pas : Que la Révolution fut, à l'origine, d'une magnanimité sans égale et d'une mansuétude sans bornes ; Qu'elle laissa à ses ennemis, par respect pour la liberté, tout pouvoir de la maudire et de conspirer contre elle ; Qu'elle ne détruisit qu'avec des ménagements infinis des privilèges cependant bien odieux ; Que si elle toucha au faste scandaleux de quelques prélats, ce fut au profit d'une foule de pauvres curés de campagne mourant de faim ; Que si elle dépouilla les nobles des titres dont leur orgueil avait appauvri la dignité humaine, ce fut en leur abandonnant les premières places dans la politique, dans l'administration, dans la milice nationale, dans l'armée ; Qu'elle fut, d'abord, avare du sang versé, à un point inouï depuis qu'il y a de grandes commotions en ce monde ; Qu'elle ne cessa de tendre les bras à ses adversaires, leur demandant pour toute grâce d'être équitables ; Qu'un jour enfin, jour d'éternelle mémoire, elle appela tous les enfants de la France à se réunir, à se réconcilier, à s'embrasser, à s'aimer, autour de l'autel de la patrie ! A qui la faute, si la Révolution finit par entrer en fureur ? Ainsi le voulut la contre-révolution : voilà la réponse. Il est singulier, il est navrant, mais trop certain que les hommes mettent en général à défendre leurs usurpations beaucoup plus de violence qu'ils n'apportent d'ardeur à réclamer ou à reconquérir leurs droits. L'injustice qui dure revêt peu à peu, par cela même, le caractère de la justice ; elle la remplace et fait au crime une conscience qui lui ôte le remords. De même que l'importance du bourreau se mesure au nombre, des têtes qu'il coupe, de même la légitimité mensongère de la tyrannie s'augmente du nombre des générations qu'elle a broyées ; de sorte que, le moment de la réparation venu, l'iniquité trouve pour se maintenir un excès de passion et des forces que le droit, longtemps foulé aux pieds, ne trouve pas pour se dégager. Assurément il était impossible de montrer plus de confiance et d'abandon que n'en montra le peuple, au 14 juillet : eh bien ! la contre-révolution n'en était, le lendemain, ni moins irritée, ni moins implacable ; il semblait même qu'un aussi touchant appel à la concorde n'eût fait que redoubler la rage de ceux qui s'étaient prétendus dépouillés le jour où la nation n'avait pas voulu continuer à être leur proie. Encore une fois, que les lecteurs méditent ce qui va suivre ! Le soir du 13 juillet, c'est-à-dire quand la Fédération paraissait occuper toutes les pensées, deux particuliers, vêtus de l'uniforme de la garde nationale, se présentèrent à la prison de l'Abbaye et remirent au concierge un papier contenant un ordre signé Oudart, Agier et Perron, membres du comité des recherches. Par cette pièce, sur laquelle était apposé le sceau de la ville de Paris, le concierge était requis de livrer aux porteurs un des prisonniers, Bonne-Savardin. Le concierge s'empressa d'obéir, et ce fut le surlendemain seulement qu'on s'aperçut que l'ordre était faux, que les signatures des membres du comité des recherches avaient été contrefaites, que les deux inconnus étaient les agents d'un complot. Pour bien apprécier l'effet qu'une semblable nouvelle dut produire, il faut se rappeler ce qu'était Bonne-Savardin, et ne pas perdre de vue qu'à cette époque les manœuvres du dehors commençaient à occuper sérieusement l'opinion : chaque matin, en effet, plus alarmé sans doute à cet égard que les autres journalistes, Fréron sonnait le tocsin dans son Orateur du peuple, et ses déclamations pleines d'emphase, ses dénonciations, moins précises que virulentes, inquiétaient les esprits. Ils n'avaient d'ailleurs que trop raison d'être inquiets : une esquisse rapide de ce qui se passait alors au delà des frontières le prouvera. Nous avons laissé[1] le nouvel
empereur d'Allemagne, Léopold, entamant avec Frédéric-Guillaume, roi de
Prusse, des négociations dont l'objet était de rétablir la paix entre les
souverains, de manière à les réunir tous dans un commun effort contre la
Révolution française. Or, elles touchaient à leur terme, lors de la
fédération du 14 juillet, ces négociations, dont Herzberg, le ministre
prussien, ne connaissait pas le secret, et que conduisait sous main, de
concert avec le baron de Spielmann, l'illuminé royaliste Bischofswerder[2]. Léopold avait
une idée dominante ; il brûlait de recouvrer les provinces belgiques, que son
frère et prédécesseur, Joseph II, avait perdues ; mais pour qu'il pût
efficacement tourner ses vues de ce côté, il fallait, d'une part, qu'il se
rapprochât de la Prusse, d'autre part, qu'il cessât d'avoir sur les bras la
guerre contre les Turcs. Il se hâtait donc vers un arrangement définitif,
dont l'avantage lui paraissait d'autant moins douteux que, déchiré par des
dissensions intestines, le Brabant déclinait rapidement vers le retour de la
servitude ancienne. Tant qu'il ne s'était agi que de chasser du pays les
Autrichiens, peuple, nobles et prêtres n'avaient eu qu'une âme, qu'un cri ;
mais les malentendus s'étaient déclarés aussitôt après la victoire. Une nombreuse
réunion de citoyens qu'animait l'esprit des Jacobins de France n'avait pas
lardé à se former à Bruxelles, et à y publier, sous le nom d'Adresse de
l'Assemblée patriotique, une protestation énergique contre les Etats de
Brabant. On y disait : Les États de Brabant sont
composés des trois ordres, le clergé, la noblesse, le tiers, et d'après cela,
l'on pourrait croire qu'ils représentent l'ensemble de la nation belge. Il
n'en est rien cependant ; car le droit de siéger et de voter dans l'assemblée
n'appartient qu'aux abbés des couvents d'hommes, à trente-sept députés nobles
seulement, et à quelques députés élus par les corporations des principales
villes. Qu'imaginer de plus aristocratique et de plus dérisoire que la
constitution d'une pareille assemblée ?[3] L'attaque ne se
bornait point là, elle portait sur l'attitude du gouvernement nouveau, sur sa
politique, sur la nature des influences auxquelles il obéissait. Le clergé,
pour se défendre, mit en campagne les curés, espérant tout du pouvoir moral
qu'ils exerçaient sur le paysan dans un pays superstitieux à l'excès. De son
côté, la noblesse essaya de ramener à elle la popularité, en faisant décider
que deux membres, par chaque grande ville, seraient ajoutés à la
représentation du tiers[4]. Mais, les exigences
et les défiances s'accroissant de jour en jour, la tyrannie tout à coup lève
le masque ; des patrouilles sont lancées dans toutes les rues de Bruxelles ;
les prisons se remplissent de suspects, et, frémissant, désespéré, étonné de
n'avoir fait que changer de maîtres, le parti démocratique n'attend plus,
pour soulever le peuple, qu'un moment favorable. Ce fut dans ces circonstances que le général Vandermersch se mit résolument à la tête des patriotes. Par sa bravoure, ses talents militaires et ses succès, il s'était attiré l'admiration, non-seulement de son pays, mais de l'Europe entière[5], et il avait à jeter dans la balance le poids d'une armée : le congrès belge résolut de le perdre. Vers la fin du mois de mars, l'assemblée envoya des émissaires, chargés d'instructions secrètes, à Namur, où se trouvait, sous les ordres de Vandermersch, une partie des troupes employées contre les Autrichiens. Le général n'eut pas de peine à deviner leur mission, et se décidant à frapper un coup hardi qui sauvât sa vie et la liberté, il fit ce que firent plus tard, en de semblables circonstances, mais sous l'empire de tout autres pensées, Lafayette et Dumouriez : il donna l'ordre d'arrêter les émissaires. Parut, peu de temps après, à la date du 30 mai, une proclamation du général, dans laquelle, sans prononcer le nom du congrès, il justifiait sa conduite sur ce que les personnes qu'il avait fait arrêter étaient les complices d'un pouvoir proscripteur ; sur ce qu'elles étaient venues au milieu de ses soldats pour les détacher de leurs chefs, les animer à la révolte et semer le désordre. Il annonçait hautement que, dans le but de protéger les droits civils et religieux du peuple, il prenait le commandement de l'armée. A leur tour, et d'une voix unanime, les officiers décidèrent que Vandermersch serait seul désormais reconnu comme généralissime de l'armée belge ; que le duc d'Ursel serait placé au ministère de la guerre ; que le commandement en second des troupes serait confié au prince d'Aremberg, comte de La Marck, et que toutes les provinces seraient invitées à concourir avec l'armée au rétablissement de l'ordre et à la réforme des abus[6]. Il y avait, dans l'attitude que venait de prendre Vandermersch, quelque chose qui rappelait ce qu'avait osé le héros catholique de la guerre de Trente Ans, l'illustre Wallenstein : presque aussi fatales furent les suites. Le congrès ayant fait marcher en toute hâte vers Namur les troupes qui étaient à Bruxelles, il arriva que, par un revirement subit, qui est resté un secret pour l'histoire[7], les mêmes officiers, dont l'amour avait porté si haut Vandermersch, l'abandonnèrent, et à peine plus heureux que Wallenstein, mort sous le fer d'un assassin vénal, il fut jeté dans un donjon de la citadelle d'Anvers, où l'attendait une existence misérable. Si cet événement consterna le parti démocratique à Bruxelles, à Paris il excita parmi les Jacobins des transports de colère. Fréron écrivit, dans le style déclamatoire qui lui était propre[8] : Vous marchez sur des volcans embrasés : vous savez la paix du roi de Prusse et de Léopold ! Ils n'ont feint d'abord d'armer l'un contre l'autre que pour mieux vous tromper, que pour mieux déguiser leurs mouvements combinés contre vous. N'en doutez pas : ce coup est parti de la politique autrichienne du comité des Tuileries, où sont les vrais compères de ces marionnettes couronnées… Bientôt vous les verrez fondre sur le Brabant, afin de vous dérober encore le véritable but auquel ils veulent frapper ; car les tyrans ne suivent jamais la ligne droite... La terreur est aux portes de Bruxelles, et le hideux étendard du despotisme Hotte sur les remparts de Namur. On n'a fomenté parmi eux des divisions intestines que pour les affaiblir et les massacrer. La forme était violente, mais le fond était vrai. Les dissensions fomentées en Belgique, la tentative manquée de Vandermersch, les persécutions odieuses auxquelles le duc d'Ursel fut en butte, le despotisme du congrès qu'inspiraient et gouvernaient deux hommes également impopulaires, Van Eupen et Vandernoot, tout cela conduisit insensiblement beaucoup d'esprits, sinon à regretter la domination autrichienne, au moins à en envisager sans trop d'effroi le retour. Dans un manifeste qu'il publia et adressa au peuple des Pays-Bas, aussitôt après son arrivée à Vienne, Léopold avait eu soin de réprouver les procédés tyranniques de Joseph II, promettant aux provinces belgiques, si elles rentraient sous son obéissance, un gouvernement réparateur : les discordes civiles qui viennent d'être rappelées ajoutèrent naturellement à l'effet de cette promesse, à laquelle on était d'autant plus disposé à croire de la part de Léopold, que, comme grand-duc, il avait longtemps gouverné la Toscane avec douceur et équité. Le parti de l'étranger, en Belgique, commença donc à relever la tête ; çà et là les cocardes autrichiennes reparurent[9], et bientôt Léopold fut autorisé à nourrir l'espoir que, domptée à Bruxelles, la Révolution pourrait être atteinte jusque dans Paris. On assure, disait l'Orateur du peuple[10], presque à la veille du 14 juillet, on assure que M. d'Esterhazy fait passer dans le Brabant la plus grande partie des soldats du régiment de Dillon, déguisés en paysans, et que les partisans de Léopold, appelés Vonkistes, d'accord avec le comité autrichien des Tuileries, cherchent à opérer une contre-révolution en Belgique. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'un marquis de Clermont-Tonnerre a offert au comte de Thienne de passer avec trois cents officiers au service des Brabançons, amis de Léopold, et de lever un corps de déserteurs français : ce que le comte de Thienne a refusé. Telle était, en Belgique, c'est-à-dire à nos portes, la situation des choses, lorsqu'on apprit à Paris l'évasion de ce Bonne-Savardin qui avait été arrêté comme agent des émigrés conspirateurs. Cette nouvelle réveillant des défiances un moment endormies, de sévères recherches furent ordonnées, et le signalement de Bonne, fut envoyé à toutes les municipalités, à toutes les brigades. Plusieurs jours s'écoulèrent sans qu'on entendît parler de rien ; mais le 27 juillet, un domestique de l'abbé de Barmond, membre de l'Assemblée nationale, étant à causer avec Richard, soldat volontaire de la deuxième division, lui confia qu'un personnage mystérieux était, depuis une semaine environ, caché non loin de l'égout du Temple ; qu'on le dérobait avec soin même aux yeux des domestiques ; qu'il ne mangeait point à table et était servi seul dans sa chambre[11]. Richard s'empressa d'avertir Lafayette, qui ordonna aussitôt à Michel Julien, son aide de camp, de courir chez M. de Barmond. L'aide de camp arriva trop tard : l'abbé venait de partir, lui dit-on, en compagnie de deux inconnus, dont l'un avait fait teindre ses cheveux et envoyé chercher une décoction rougeâtre pour masquer la pâleur de son visage. Sans perdre un instant, Julien se met à la poursuite des trois voyageurs, les atteint sur la route, les dépasse, arrive à Châlons, défend au maître de poste de donner des chevaux, et demande à la municipalité des soldats. L'abbé de Barmond fut arrêté, ainsi que ses deux compagnons, dont l'un étai un fédéré nommé Edgs, et l'autre Bonne-Savardin[12]. Bonne, interrogé, fit, de ce qui lui était arrivé à sa sortie de prison, un récit invraisemblable et romanesque. Il assura qu'il ne connaissait nullement ses libérateurs ; qu'après l'avoir pris des mains du concierge de l'Abbaye, ils l'avaient conduit sur un quai, où ils l'avaient abandonné au milieu de la nuit, sans lui révéler ni leurs noms ni leur but. Il se représenta ensuite allant rue Saint-Louis, montant en fiacre, errant dans tout Paris son bagage sur le dos, tantôt couchant dans un hangar et tantôt ne se couchant pas, se décidant enfin à aller implorer un asile chez l'abbé de Barmond, qu'il n'avait jamais vu, affirma-t-il, mais qu'il savait doué d'une âme sensible[13]. On n'a pas oublié comment le ministre Saint-Priest se trouvait impliqué dans cette étrange affaire : on craignit à la cour que Bonne, épouvanté ou séduit, ne fit des aveux capables de compromettre de-hauts personnages ; la faiblesse qu'il avait montrée dans ses premiers interrogatoires ne laissait aucune espérance — ce sont les propres paroles de Ferrières — qu'il se sacrifiât, ainsi que s'était sacrifié Favras, pour ceux qui l'avaient fait agir[14]. La cour et Saint-Priest ne virent qu'un moyen de détourner le péril : ce fut d'opposer procédure à procédure, et, en mettant au jour l'enquête du Châtelet sur les attentats d'octobre, de contenir les révolutionnaires par la réciprocité des craintes[15]. Mais on essaya d'abord ce qu'on pourrait contre la presse. Déjà Fréron avait été emprisonné[16], et Camille Desmoulins, qui avait attaqué M. de Crillon comme déserteur de la cause populaire, avait dû se rétracter, pour ne pas succomber à une monstrueuse amende[17]. Mais ces coups frappés sur le journalisme l'irritant sans l'intimider, la guerre se poursuivit et s'envenima. Camille n'en fut que plus amer, Marat n'en fut que plus sauvage, et, du fond de son cachot, Fréron continua de crier au peuple qu'il eût à bien prendre garde ; que de tous les côtés la trahison l'enveloppait ; que la nécessité de soutenir, au prix du sang français, le pacte de famille, affaire de rois, allait naître du premier coup de canon tiré sur la mer par les Anglais ; qu'à la tête de la flotte française perfidement poussée à travers cette querelle, on venait de placer Albert de Rioms, un aristocrate ; que c'était là une insulte à la Révolution et un péril ; qu'à Bruxelles, les partisans de Vandernoot redoublaient d'insolence ; que la maison de Ruelles, notre chargé d'affaires, avait été brutalement envahie et lui-même renfermé dans un couvent, qui lui servait de prison ; que Léopold mettait en mouvement ses armées ; qu'on entassait provisions sur provisions à Maëstricht, en attendant les Prussiens, et que de Rotterdam, on venait d'envoyer aux conspirateurs du Brabant vingt mille fusils de fabrique anglaise[18]. Sous l'empire de ces rumeurs, accueillies avec toute la crédulité de l'inquiétude, et qui allaient, du reste, recevoir une confirmation éclatante, les esprits s'embrasèrent. On s'étonnait, on s'indignait de trouver, après les douces heures du 14 juillet, la contre-révolution implacable, et l'image de la guerre se dressant derrière les fêtes sublimes de la paix ; on récapitulait les griefs anciens et nouveaux, connus ou prévus : l'alliance très-prochaine, déjà conclue peut-être, de la Prusse et de l'Autriche, dans le seul but d'accabler la France révolutionnaire ; le rassemblement des troupes sardes à l'entrée du Dauphiné ; tant de trames protégées, à l'intérieur par les complaisances criminelles du Châtelet ; Besenval élargi ; l'évasion de Bonne-Savardin ; la réconciliation de Breteuil avec Calonne, le voyage de celui-ci à Amsterdam, et ses conférences secrètes avec le roi de Hollande ; l'imprimerie du château de Copet devenue un foyer de séditions écrites, et, tout le long des frontières, les intrigues de l'émigration, Quant à Marat, il triomphait. Ah ! on l'avait appelé un rêveur, un visionnaire, lorsque voyant passer sous ses fenêtres, au 14 juillet, une foule tombée dans l'ivresse de la confiance, il haussait les épaules, et souriait de pitié ! Eh bien ! que pensait-on de lui, maintenant ? Avait-il tort ou raison de ne s'être pas laissé, éblouir par la clarté des lampions et la pompe du spectacle dont Paris avait si éperdument goûté le charme puéril ? Combien de jours entre le rêve et le réveil ? Au milieu de la fermentation générale, ainsi qu'une mèche enflammée qu'on aurait lancée sur une traînée de poudre, parut une brochure, intitulée : C'en est fait de nous, pamphlet court et haletant, où, à une série de faits constatés avec une précision formidable, étaient liées de formidables conclusions, et où du sang paraissait dégoutter de chaque phrase : Citoyens de tout âge et de tout rang, les mesures prises par l'Assemblée nationale ne sauraient vous empêcher de périr. C'en est fait de vous pour toujours, si vous ne courez aux armes, si vous ne retrouvez cette valeur héroïque qui, le 14 juillet et le 5 octobre, sauvèrent deux fois la France. Volez à Saint-Cloud, s'il en est temps encore. Ramenez le roi et le dauphin dans vos murs. Tenez-les sous bonne garde, et qu'ils vous répondent des événements. Renfermez l'Autrichienne et son beau frère ; qu'ils ne puissent plus conspirer. Saisissez-vous de tous les ministres et de leurs commis. Mettez-les aux fers, Assurez-vous de la municipalité et des lieutenants du maire. Gardez à vue le général. Arrêtez l'état-major. Enlevez le parc d'artillerie de la rue Verte. Emparez-vous de tous les magasins et moulins à poudre. Que les canons soient répartis entre tous les districts. Courez, courez... cinq à six cents têtes abattues vous auraient assuré repos, liberté et bonheur : une fausse humanité a retenu vos bras et suspendu vos coups ; elle va coûter la vie à des millions de vos frères. Que vos ennemis triomphent, et le sang coulera à grands flots ; ils vous égorgeront sans pitié ; ils éventreront vos femmes, et, pour éteindre à jamais parmi vous l'amour de la liberté, leurs mains sanguinaires chercheront le cœur dans les entrailles de vos enfants[19]. Au bas, point de signature, et à quoi bon ? Qui n'eût deviné l'auteur ? L'impression produite fut telle que, tout procureur général de la lanterne qu'il s'était dit, Camille en frissonna. Seulement, semblable à ces hommes qui, ayant à traverser au sein des ténèbres quelque défilé dangereux, rient et chantent pour en imposer, sur leur effroi, aux autres et à eux-mêmes, il se mit à gourmander Marat en termes d'une gaieté poignante et fausse. Il raconta qu'il l'était allé trouver, et : — M. Marat, lui dis-je, en secouant la tête, mon cher Marat, vous vous ferez de mauvaises affaires, et vous serez obligé encore une fois de mettre la mer entre le Châtelet et vous. Cinq ou six cents têtes abattues ! vous m'avouerez que cela est trop fort. Vous êtes le dramaturge des journalistes. Les Danaïdes, les Barmécides ne sont rien en comparaison de vos tragédies. Vous égorgez tous les personnages de la pièce, et jusqu'au souffleur. Vous ignorez donc que le tragique outré devient froid ? Vous m'allez dire que cinq ou six cents têtes abattues ne sont rien quand il est question de sauver vingt-cinq millions d'hommes, et que Durozoy, dans sa Gazette de Paris, crie tous les jours aux ci-devant nobles : Liguez-vous, prenez les casques, les cuissarts, les épées rouillées de vos pères ; égorgez toute la nation ; qu'on ne peut vous considérer tout au plus que comme le Durozoy des patriotes, et que la Gazette de Paris est encore plus altérée de sang que l'Ami du peuple. J'en conviens et ne vous en improuve pas moins. M. Marat, ne voulez-vous combattre celui que vous appelez Sylla, que comme Marius ?... Du moins, devriez-vous faire un appel nominal de ces cinq ou six cents coquins, afin de ne point répandre la consternation dans toutes les familles. Pour moi, vous savez qu'il y a longtemps que j'ai donné ma démission de procureur général de la lanterne. Je pense que cette grande charge, comme la dictature, ne doit durer qu'un jour et quelquefois qu'une heure. — M. Marat me laissa pérorer et me réfuta d'un mot : Je désavoue l'écrit C'en est fait de nous. Alors, ne voulant point lui céder en laconisme, je terminai ma mercuriale comme un procureur sa requête : Et vous ferez bien[20]. Marat répondit avec beaucoup d'aigreur et en affectant un air de dédaigneuse supériorité : Malgré tout votre esprit, mon cher Camille, vous êtes encore bien neuf en politique. Il reprocha au jeune écrivain de vaciller dans ses jugements, de n'avoir pas de marche sûre, de blâmer souvent le lendemain ce qu'il avait approuvé la veille, de faire fumer un peu au hasard son encens, et surtout de vouloir arrêter dans sa course un ami qui se battait en furieux pour la cause commune. Il le prévint que leur entrevue avait été une mystification pure ; que lorsqu'elle avait eu lieu, lui, Marat, se trouvait à deux lieues de là ; qu'un plaisant, entouré des rideaux de son lit, le représentait ; que, si la chambre eût été mieux éclairée, l'illusion se fût bien vite dissipée. Enfin, prenant la défense du pamphlet attaqué, sans toutefois l'avouer d'une manière, formelle, il déclara, probablement par forme d'ironie, qu'il ne lui savait qu'un défaut, qui était de n'être pas écrit avec encore assez de précision et d'énergie[21]. C'était le 26 juillet que le pamphlet C'en est fait de nous avait paru, et le 27, on apprenait qu'un courrier du département des Ardennes venait d'être expédié à Dubois-Crancé, apportant la nouvelle de l'ordre récemment adressé par Bouillé aux commandants de Charleville, de Mézières, de Rocroi, de Givet, d'ouvrir les passages sur la Meuse à l'armée autrichienne, en marche vers le Brabant. Le message ajoutait que les approches des troupes d'invasion avaient singulièrement aigri les courages, et que tout le département des Ardennes était sous les armes[22]. L'Assemblée, inquiète, dépêcha aussitôt aux ministres, pour avoir des explications, six commissaires, parmi lesquels Dubois-Crancé et Fréteau. Aux termes d'un décret rendu le 18 février, le passage des troupes étrangères dans le royaume ne pouvait avoir lieu que par suite d'une autorisation formelle des représentants de la nation, et le ministre des affaires étrangères Montmorin, en se passant de cette autorisation, avait encouru une responsabilité très-grave. Il se défendit mal, se rejetant sur ce qu'il n'avait pas suffisamment compris le texte du décret, sur ce qu'il avait été détourné par les fêtes de la Fédération de porter l'événement à la connaissance de l'Assemblée[23], etc. etc. Raisons misérables qui, reproduites dans un rapport de Fréteau, appelèrent à la tribune le duc d'Aiguillon. Il venait demander que la conduite des ministres fût improuvée, et cette motion, que l'Assemblée n'accueillit pas, produisit au dehors une fermentation menaçante. Des groupes animés se forment au Palais-Royal, dans les Tuileries ; on veut le renvoi immédiat des ministres ; on s'emporte surtout contre Saint-Priest et Necker ; des scrutins effrayants sont proclamés, et bientôt les actes suivant les discours, la multitude court s'entasser aux portes du contrôle général en poussant de grands cris. Dans cette tempête, Mirabeau, selon l'expression de
Camille, vit bien qu'il fallait donner de la
corde au peuple, au lieu de s'exposer à la rompre, à force de la tenir tendue[24]. Pour faire
croire à la foule que l'Assemblée partageait son indignation, il mit en avant
certain manifeste séditieux qui, depuis quelques jours, se distribuait sous
le nom du prince de Condé et fit la motion que ce prince fût sommé de
désavouer l'écrit ou déclaré traître à la patrie. Mais le vigilant
Robespierre devina la ruse et la déjoua. Ce fut tout : l'Assemblée eut peur
de se prononcer, et les canons qui protégeaient le contrôle général sauvèrent
cette fois les ministres[25]. Le 31 juillet, Malouet, du haut de la tribune, dénonça Camille Desmoulins et Marat : celui-ci, pour le pamphlet C'en est fait de nous, Camille, pour un article où il comparait la fête fédérale au triomphe de Paul Émile, dans lequel un roi avait été vu se traînant d'un air humilié, derrière le char du triomphateur. Avec la voix, avec le geste de l'émotion la plus vive, Malouet lut les lignes sanglantes citées plus haut, et n'eut pas de peine à obtenir de l'Assemblée le décret suivant : L'Assemblée nationale, sur la dénonciation qui lui a été faite par un de ses membres, d'une feuille intitulée : C'en est fait de nous, et du dernier numéro des Révolutions de France et de Brabant, a décrété et décrète que, séance tenante, le procureur du roi au Châtelet sera mandé et qu'il lui sera donné ordre de poursuivre comme criminels de lèse-nation, les auteurs, imprimeurs et colporteurs d'écrits excitant le peuple à l'insurrection contre les lois, à l'effusion du sang et au renversement de la constitution[26]. A cette nouvelle, hors de lui, écumant, Marat précipita ses coups. Il appela le décret infâme, il le livra à la risée des faubourgs, il déclara qu'il n'y avait qu'à aller son train en prenant ses précautions contre les tyrans, et après avoir raconté comment la dénonciation de Malouet avait été délibérée, préparée, arrêtée dès la veille, à l'Hôtel de ville, chez le procureur du roi, au club ministériel, il eut l'étrange cynisme d'écrire : Ces détails m'ont été donnés par la maîtresse de Sylvain Bailly, bonne patriote qui a des bontés pour moi[27]. Quant à Camille Desmoulins, beaucoup moins emporté, il adressa à l'Assemblée nationale une requête rédigé avec une modération qui n'excluait pas la dignité et par la quelle il priait l'Assemblée de ne pas l'immoler aux ressentiments personnels d'un homme qu'il avait si souvent attaqué, de commencer du moins par prendre connaissance de son n° 35, et de ne pas le proclamer, sans examen préalable, criminel de lèse-nation[28]. Voici de quelle manière la séance où l'on fit lecture de cette requête est racontée par le rédacteur de l'Orateur du peuple, assis dans les tribunes à côté de Camille : Que Camille Desmoulins ose se
justifier, s'écriait Malouet, triomphant.
Oui, je l'ose, a répliqué, d'une tribune, Camille Desmoulins ; car
c'était lui-même. Là-dessus, grande rumeur. Qu'on l'arrête ! disait
Maury. Qu'on l'écartèle ! balbutiait Mirabeau-Tonneau. Qu'on le
pende ! était le cri de tous les Noirs, qui déjà regardaient au plancher
si on ne l'accrocherait pas auprès de l'oriflamme. Pendant ce temps, il s'est
esquivé pour aller dans une autre tribune. Son ami Robespierre, qui est
encore plus celui de la justice et de la raison, ne l'a pas abandonné dans ce
moment de crise. Messieurs, a-t-il dit, si c'est un étranger, je
demande qu'il soit puni ; mais si c'est Camille Desmoulins, je prie
l'Assemblée de considérer qu'il y a là
le cri de l'innocence outragée, et que se voyant outragé à l'Assemblée
nationale d'une manière aussi atroce, l'accusé a pu demander à se justifier[29]. Cette observation sage a fait passer à l'ordre du jour.
Nous étions côte à côte, lui dénoncé, moi décrété, et nous attendions avec
impatience l'issue de la délibération. D'André suait, soufflait, était rendu
; les amendements se croisaient ; quelques chicaneaux du cul-de-sac des Noirs
sollicitaient la question préalable sur le tout. La motion de Pétion surnagea
dans cet océan de paroles. Arrive sur ces entrefaites l'intrépide Camus. Son
front chauve — faute de perruque, personne ne le reconnaissait, — lui donnait
un air prophétique. Il propose un amendement qui donne le coup de grâce à
Malouet, et le décret suivant est adopté à une très-grande majorité. : L'Assemblée
nationale décrète qu'il ne pourra être intenté aucune action ni dirigé aucune
poursuite pour les écrits publiés jusqu'à ce jour sur les affaires publiques,
sauf contre un écrit intitulé : C'en est fait de nous. Et cependant,
l'Assemblée, justement indignée de la licence des écrivains dans ces derniers
temps, charge son comité de constitution et de jurisprudence criminelle
réunis de lui proposer sous huitaine un mode d'exécution du décret du 31
juillet dernier. Ainsi, voilà le décret malouétique paralysé ! Voilà
Camille Desmoulins vomi sur le rivage par la baleine aristocratique !
Parisiens ! c'est votre liberté qui triomphe dans sa causer 2[30]. La séance avait été ouverte par la présentation du plan de législation criminelle de Marat, manœuvre qui tendait à faire croire que Marat, menacé par l'Assemblée, ployait le genou devant elle : indigné, il expliqua dans son journal qu'il y avait déjà dix ou douze jours qu'il avait remis ce plan à une dame de ses amies pour qu'elle le fit passer au président : Je regrette qu'il ait été présenté dans des conjonctures pareilles ; je ne sais point faire de platitudes[31]. Toute cette campagne contre la presse exaspéra les esprits violents et inspira aux esprits réfléchis de sérieuses alarmes. Brissot, quoique la tyrannie des trois cents n'eût trouvé en lui qu'un défenseur trop zélé, se porta très-vivement le champion de la liberté d'écrire ; il posa cet axiome : Avec la liberté de la presse, toute constitution s'améliore ; sans elle, la meilleure se détruit[32]. Loustalot accusa Lafayette d'être entré dans ce qu'il considérait comme une véritable conspiration contre la pensée, en donnant l'ordre aux colporteurs de ne crier que les actes émanés de l'Assemblée, et cela le jour même où Malouet avait lancé sa dénonciation[33]. On a vu par le témoignage, assurément peu suspect, de Ferrières, que le ministre Saint-Priest, impliqué dans l'affaire de Bonne-Savardin, avait compté, pour déjouer les préoccupations publiques, sur la connivence du Châtelet[34] : ce tribunal était aux ordres de la cour, il n'attendait que des ordres, et on les lui donna[35]. Le 7 août, Boucher d'Argis, que le peuple aimait à désigner sous le nom sanglant de Boucher de Favras[36], alla déposer entre les mains de l'Assemblée la procédure du Châtelet sur les 5 et 6 octobre. Après avoir débuté théâtralement : Ils vont être connus, ces secrets pleins d'horreur, il annonça avec les accents d'une douleur feinte que deux des membres de l'Assemblée se trouvaient parmi les accusés. Mirabeau se leva aussitôt, profondément irrité sous les dehors du calme — car c'était son nom, c'était celui du duc d'Orléans qui circulaient sur les bancs, — et il demanda que, conformément au principe de l'inviolabilité parlementaire, l'Assemblée n'admît les poursuites du Châtelet, s'il y avait lieu, qu'après examen préalable de son comité des recherches, à elle, afin que les juges pussent être jugés à leur tour. Alors, en hommes qui tremblaient de se voir arracher leur proie, Maury et Cazalès éclatèrent. Quoi ! c'était donc un brevet d'impunité que ce titre sacré de représentant du peuple ! Suffirait-il donc désormais de le porter, pour avoir le privilège monstrueux de se parer des crimes que les autres citoyens expient ? Et que dirait la France, quand elle apprendrait qu'un voile avait été jeté sur tant d'attentats : l'asile des rois violé, leurs défenseurs égorgés, les marches mêmes du trône couvertes de sang, et une bande de meurtriers infâmes courant, une pique à la main, rugir autour de l'alcôve de la fille de Marie-Thérèse ?[37] Tout cela, malheureusement, n'empêchait pas qu'il n'existât un décret en vertu duquel nulle poursuite ne pouvait être intentée contre un représentant du peuple, sans autorisation motivée de ses collègues ; et ceux de la droite avaient d'autant moins qualité pour éluder cette décision, que, récemment, elle avait servi à protéger un des leurs, M. de Lautrec, mal à propos emprisonné par la municipalité de Toulouse, sur la foi de deux soldats qui assuraient avoir reçu de lui des encouragements à la révolte et le prix de ces encouragements criminels. C'est ce que Pétion fit observer, c'est ce que Le Chapelier établit sans réplique ; si bien qu'à la suite de débats d'où la raison fut absente et où la haine seule eut la parole, l'Assemblée adopta les conclusions de Mirabeau, avec injonction au comité des recherches de la ville de Paris de remettre au Châtelet tous les documents relatifs aux événements d'octobre[38]. Mais la Commune n'entendait pas être traînée côte à côte avec le Châtelet aux gémonies de l'opinion. Elle prit donc parti contre lui, affirmant qu'elle n'avait jamais voulu dénoncer, quant à elle, d'autres faits que ceux dont la matinée du 6 octobre avait été attristée, et n'hésitant pas à déclarer dignes d'éloges certains actes que le Châtelet avait jugés dignes de réprobation. Ce dernier coup acheva le Châtelet. De toutes parts lui vint l'anathème ; on rappela de plus belle Lambesc impuni, Barentin et Besenval absous, Curé envoyé aux galères pour quelques propos contre la reine, André pendu pour distribution d'écrits qu'il n'était pas en état de lire[39]… ; enfin, par mépris, le peuple nomma ce tribunal, vendu à la cour, la grande buanderie de la reine[40]. De cet avortement des tentatives faites pour le perdre, le duc d'Orléans reçut un surcroît de popularité, au point que Marat en prit ombrage. Il ne refusait au prince ni de l'amabilité, ni de l'esprit ; mais comment croire au civisme d'un homme élevé au milieu de tous les mensonges éblouissants de la grandeur humaine ? Non, s'écriait Marat, je ne me persuaderai jamais qu'un homme né prince puisse devenir un patriote[41]. Ici se place un événement qui donnera la mesure des colères que portaient, inaltérables au fond de leurs cœurs, tous ceux que la contre-révolution avait à son service. A bout de ressources et de fureurs, ils avaient pris depuis quelque temps la résolution d'en finir avec leurs adversaires par des combats singuliers. Dans les rues, dans les places publiques, dans les jardins, au seuil même du sanctuaire des lois, les représentants de la gauche étaient poursuivis d'insultes dont ils n'auraient pu que par la plus difficile de toutes les vertus patriotiques détourner leurs oreilles et leur vengeance[42]. Un d'eux, appelé au bois de Boulogne, se contenta de répondre : J'ai une canne pour les insolents et des pistolets pour les assassins[43]. Déjà, sous le coup d'une provocation semblable, Mirabeau avait notifié en ces termes son refus : J'écrirai à mes commettants pour savoir s'ils m'ont envoyé jouer ma vie au pistolet ou à l'épée ; s'ils répondent affirmativement, je les prierai de me donner Saint-Georges ou quelque autre champion de même force pour être mon suppléant[44]. Mais les provocations n'en continuaient pas moins, plus directes de jour en jour, et plus intolérables. Le 10 août, après une séance orageuse, comme Barnave passait à côté de Cazalès, il lui entendit dire, en parlant des membres de la majorité : Ce sont des brigands, ce sont des gueux. Barnave se retourne : Parlez-vous collectivement, monsieur, ou bien cette insulte m'est-elle personnelle ? — L'un et l'autre, monsieur. Des amis intervinrent et l'on put croire l'affaire assoupie ; mais dès le soir même, un cartel fut envoyé, et le lendemain, assistés d'Alexandre Lameth et de Saint-Simon, les deux représentants se rendirent au bois de Boulogne. Le sort ayant assigné à Barnave l'avantage du premier coup, il tira, manqua son adversaire, et fut manqué à son tour ; mais, au second coup, il atteignit au front son ennemi, qui tomba en s'écriant : je suis mort ![45] Il n'en était rien ; la balle, amortie par le chapeau, avait déchiré le frontal sans renfoncer, et Cazalès, transporté chez lui tout sanglant, ne tarda pas à recouvrer ses forces. Mais, dans l'intervalle, l'alarme avait été vive parmi les siens, et les amis de Barnave se sentaient délivrés d'une inquiétude poignante. Ce qu'il y eut de remarquable dans les suites de cet accident, ce fut l'énergique et unanime réprobation dont tous les journaux révolutionnaires frappèrent le principe du duel. L'anathème éloquent que Jean-Jacques Rousseau avait lancé contre le duel vivait encore dans les souvenirs, et comment aurait-on pu l'oublier ? Quel est en effet celui qui, dans le sanctuaire de sa conscience, ne s'est jamais demandé si le courage du duel n'était pas bien souvent un courage d'apparat, un héroïsme de convention ? Quel est celui qui jamais ne s'est adressé à lui-même ces questions redoutables : Ai-je le droit d'immoler à un entraînement que demain ma raison maudira peut-être, la vie de mon semblable et le bonheur d'une famille qui ne m'a point offensée ? Ne puis-je donc acheter qu'au prix des angoisses d'une mère, d'une épouse ou d'une femme aimée, qu'au prix des larmes d'un père ou d'un fils, mon brevet d'homme d'honneur ? Les devoirs que la société m'impose, les services qu'elle attend de moi, l'amour de ceux dont l'existence est liée à la mienne, ne doivent-ils point parler plus impérieusement à mon cœur que les intérêts d'une vengeance qui me rend égoïste, ou les suggestions d'une vanité qui me rendrait vil ? La justice est-elle donc si méprisable à mes yeux qu'il la faille mettre à la merci du premier venu ? Si j'ai tort, de quel droit remplacerai-je la réparation par le meurtre ? Si j'ai raison, de quel droit exposerai-je la raison à être vaincue et punie ? Si je succombe, c'est un remords que j'impose à autrui ; si je suis vainqueur, c'est un remords que je m'impose à moi-même. Il ne m'est loisible ni de vivre ni de mourir ainsi. D'un autre côté, s'il faut convenir qu'au point de vue de la répression, le duel ne saurait être défendu, est-ce qu'il n'est d'aucune utilité pour prévenir ! Qui dira à combien de lâches insolents le duel a fermé la bouche, de combien de calomnies il a tari la source ? Le duel ne punit pas toujours la provocation, il lui arrive de la couronner, au contraire : là est le mal ; mais ne l'arrête-il jamais ? Est-on bien sûr qu'en abolissant le duel d'une manière absolue, on ne consacrerait pas la dictature de l'insulte, et, en mainte circonstance, la tyrannie de l'impunité ? Il est des crimes privés que leur nature même dérobe nécessairement à l'action de la justice sociale : l'homme qui aura été odieusement attaqué dans son honneur, dans celui de sa famille, dans celui de son ami, ira-t-il, par la divulgation, faire de l'offense reçue un scandale ? Traduira-t-il devant les tribunaux ce genre de calomnie que lance quelquefois un seul regard, ou qu'un seul geste dessine ? Enfin, n'est-il pas permis de croire, en prenant les choses de plus haut, qu'une convention qui accoutume chacun à priser moins sa vie que sa dignité, doit avoir pour effet général d'élever le niveau d'un peuple ? Ce qui est certain, c'est que le duel, destiné à disparaître entièrement dans un état de civilisation très-perfectionné, a besoin, même de nos jours, d'une jurisprudence, toute d'honneur, qui en moralise les règles, en égalise les chances et en consacre la nécessité. Tant que dans ces sortes d'affaires, l'intérêt social restera sans organe, tant que la décision dépendra uniquement, exclusivement, des caprices ou des passions individuelles, tant que la victoire appartiendra d'avance au plus habile ou au plus fort, il y aura là un problème à résoudre, et un problème d'une importance formidable, puisqu'il intéresse ce qu'il y a de plus sacré au monde, le respect de la vie humaine. Disons aussi qu'il est des circonstances et des situations qui enlèvent à l'homme, en tout état de cause, la libre, l'arbitraire disposition de soi-même. A la vie publique sont attachés des devoirs bien autrement impérieux et étendus que ceux dont la vie privée se compose, et quiconque est placé de manière à servir utilement le peuple, la vérité, la justice, doit compte à ces grands intérêts de l'emploi de son courage. Quoi qu'il en soit, ces diverses considérations ne furent point débattues, à l'occasion du duel de Barnave. Le duel fut condamné directement et sans réserve. Loustalot surtout déploya à cet égard la rigueur d'une conviction inexorable. Il n'hésita pas, honnête et loyal jusqu'au bout, à flétrir la conduite de Barnave, son ami, comme indigne d'un bon citoyen. Il appela le spadassinage l'honneur de ceux qui n'en ont point. Après avoir posé cette question : Que serait-il arrivé si Barnave eût été tué ? et avoir répondu que, dans ce cas, les patriotes n'auraient pu contenir leur fureur ; que les faubourgs se seraient ébranlés ; que les représentants du parti adverse n'auraient pas manqué d'être violemment assaillis ; que le sang aurait coulé ; que la confusion aurait été au comble. Quelle place, s'écria-t-il durement, peut occuper dans l'opinion un homme qui a compromis la Révolution, la constitution, la patrie, le tout afin de ne point passer pour poltron ? S'adressant ensuite aux hommes du monde nouveau, il leur demanda ce que deviendrait la liberté de conscience, si chacun descendait à être justiciable du premier venu tenant une épée ; la liberté de la presse, si une expression fausse ou mal comprise valait la mort ; la liberté individuelle, si les lettres de cachet étaient remplacées par des assignations de bretteur ; la liberté de la tribune, si, à la veille de quelque débat décisif, on se débarrassait des orateurs qui gênaient, en les tuant[46]. Toujours est-il que le soir même du jour où il s'était battu, il fallut entraîner aux Jacobins Barnave, qui n'osait plus s'y montrer[47]. Quoique fort applaudi dès qu'il parut, il était si douloureusement embarrassé, qu'il put à peine prononcer quelques mots. Les Jacobins lui enjoignirent de solliciter lui-même, après l'aveu public de ce qu'ils nommèrent sa faute, une loi sur les duels[48]. Ce fut le 18 août que l'abbé Perrotin de Barmond, complice
supposé de l'évasion de Bonne, fut appelé devant l'Assemblée, dont il était
membre, pour y rendre compte de sa conduite. Amené à la barre, au milieu de
quatre huissiers, il essaya de se justifier, en faisant revivre le souvenir
de ces temps antiques où, même à l'égard d'un ennemi de la patrie,
l'hospitalité était la première des vertus. Le 16
juillet, dit-il, un individu se présenta chez
moi, à six heures du matin. Il m'était parfaitement inconnu. Il me dit qu'il
s'appelait le chevalier Bonne-Savardin. Je lui demandai quel rapport je
pouvais avoir avec lui. Celui, me répondit-il, qui doit exister
entre un homme malheureux et un homme sensible. Je suis innocent, vous êtes
juste. Votre réputation, voilà les motifs de ma confiance. — Eh bien,
monsieur ? — Je viens vous demander à genoux. Mon agitation était
extrême. La crainte de me compromettre fit que je lui tendis les bras, sans
oser le regarder. En ce cas, me dit-il, je me suis trompé ! — Non,
monsieur, vous ne serez pas trahi. Il désirait être mis hors des
barrières : je lui donnai rendez-vous à cinq heures et demie sur les nouveaux
boulevards, où j'allai le prendre avec ma voiture. Nous sortîmes de Paris.
Quand nous fûmes au milieu de la campagne, son incertitude, croissant à
chaque pas, devint telle, que je le vis regretter sa prison. La nuit
s'avançait. Il se jeta à mon cou et me dit : J'aime encore mieux rentrer dans
Paris que d'être abandonné seul ici. Nous revînmes à Paris, et je lui
permis de passer la nuit chez moi. Les jours se succédèrent… Vingt fois je
fus au moment de déclarer que M. Bonne était chez moi, pour sauver ceux que
l'on inculpait… On sait le reste, comment il partit avec son hôte, et
comment ils furent arrêtés à Châlons-sur-Marne[49]. L'abbé de Barmond s'était exprimé d'une manière touchante,
et l'Assemblée n'avait pas entendu sans quelque émotion des mots tels que
ceux-ci : Ma maison est le temple du malheur. C'est
ma religion : en est-il aucune qui n'ait son fanatisme ? Sur la
proposition de Barnave, le comité des recherches reçut mission de faire un
rapport dont la lecture fut renvoyée au 23 août. Ce jour-là en effet, Voidel,
au nom du comité, vint présenter le récit des faits, mais sans aucun document
nouveau propre à en éclaircir le mystère. Seulement, Foucault y était accusé
d'avoir, lui aussi, donné asile au conspirateur. Or, loin de s'en défendre,
il s'en vanta. La question était délicate : comment repousser un infortuné
qui a mis en vous sa confiance, qui vous tend les bras ? Et d'autre part,
quel péril pour la société si le droit d'asile servait de voile à tous les
complots ! Le point où la générosité ne serait plus que l'hypocrisie de la complicité
fut mis en relief par Robespierre avec un remarquable mélange de douceur et
de fermeté réfléchie. Mirabeau, après avoir parlé dans le même sens, fit sur
sa position particulière un retour plein de fierté. Et
moi aussi, je suis accusé, ou plutôt on voudrait bien que je le fusse. Il
m'est donc permis d'être sévère, et d'invoquer, pour mes collègues comme pour
moi, l'inflexible sévérité des principes. Je conjure le comité des rapports
de hâter son travail et de rendre publiques ces terribles procédures du
Châtelet, dont le secret divulgué élèvera une barrière qui mettra un terme à
tant d'insolences. De nombreux applaudissements[50] accueillirent
ces paroles où l'emportement se trouvait ennobli par le dédain. Foucault fut
mis hors de cause. Mais, en dépit des sophismes que l'abbé Maury accumula
pour le défendre, en dépit de l'hommage que rendit à son caractère, Duport,
son ancien collègue au parlement, l'abbé de Barmond, déclaré en prévention,
fut retenu prisonnier en son propre logis, où il resta pendant quelques mois
sous la garde de trente hommes, trois officiers couchant dans sa chambre[51]. Le débat dont nous venons de rendre compte avait donné
lieu à une scène scandaleuse qui mérite une place entre tant de violences
contre-révolutionnaires. Parmi les membres de la droite qui avaient protégé
l'abbé de Barmond de leurs sympathies et de leur parole, nul ne l'avait fait
avec plus de véhémence que Lambert de Frondeville, ancien magistrat du
parlement de Normandie. Dans l'entraînement du discours, il lui était échappé
de dire, le visage tourné vers le duc d'Orléans : M.
l'abbé de Barmond a commis une bonne action en enlevant un citoyen à la
tyrannie. Lorsque depuis dix mois, les assassins de nos princes parcourent
librement nos provinces, lorsqu'ils sont peut-être assis parmi nous[52]... A ces mots,
de grands cris s'élèvent, cris d'étonnement, d'indignation, et l'émotion
redouble lorsque, très-insolemment, Folleville ajoute : Je fais la motion que l'Assemblée adresse des remercîments
à M. de Frondeville, pour avoir mis dans sa phrase cette expression peut-être[53]. Appelé d'abord
à la barre, puis autorisé à s'expliquer du haut de la tribune, Frondeville se
rejeta sur la forme hypothétique par lui donnée à l'offense, et l'Assemblée,
pour tout châtiment, lui infligea la censure. Mais deux jours après, Goupil
de Préfeln dénonça un écrit que ce même Frondeville faisait vendre sous les
galeries, dans le vestibule de la salle, et dont l'épigraphe était : Dat veniam corvis, vexat censura columbas. A la tête de l'avant-propos, on lisait : Ceux qui prendront la peine d'examiner mon discours
devineraient difficilement pourquoi je le fais imprimer, si je ne me hâtais
de leur apprendre qu'il a été honoré de la censure de l'Assemblée
nationale. C'était combler la mesure des outrages. Barnave déclara
qu'à l'égard d'un homme qui s'honorait de la censure de l'Assemblée, la
prison était la punition la plus douce, que[54]... Alors,
interrompant l'orateur, Faucigny s'élance au milieu de la salle, et,
transporté de rage : Ceci ressemble à une guerre
ouverte de la majorité contre la minorité. Il n'y a qu'un moyen d'en finir ;
c'est de tomber sur ces gaillards-là l'épée à la main[55]. Plusieurs
membres de la droite firent un mouvement qui était celui de la menace ; tout
le côté gauche se leva frémissant. M. le président,
cria Barnave, donnez ordre qu'on l'arrête ! Frondeville,
alarmé, parut à la tribune. Son attitude était suppliante ; des larmes roulaient
dans ses yeux ; il dit : Oui, messieurs, je suis
coupable, très-coupable ; mais, je vous en conjure, que sur moi seul retombe
le châtiment. Je m'accuse moi-même aux yeux du public, aux yeux de
l'Assemblée, malheureux d'avoir été la cause d'une semblable scène. Je désire
être puni, je suis prêt à me rendre en prison ; mais dans les imprudentes
paroles qui viennent d'être prononcées, ne voyez, de grâce, que l'effet d'une
imagination emportée. Encore une fois, je vous en supplie, que seul je sois
frappé[56]. Cet humble langage désarma les ressentiments. A la proposition d'emprisonnement on en substitua une, moins sévère, qui condamnait Frondeville à garder les arrêts pendant huit jours dans sa propre maison, et le jugement s'exécuta. Faucigny, de son côté, ayant reconnu sa faute, on fit grâce à son repentir[57]. Mais tant d'indulgence n'ayant servi qu'à encourager l'insolence des ennemis de la Révolution, ils trouvèrent moyen de changer l'humiliation de Frondeville en triomphe. Selon le témoignage d'un écrivain royaliste, la maison du condamné, pendant toute la durée de la peine, ne cessa d'être remplie de visiteurs empressés et devint le rendez-vous de la bonne compagnie[58]. Le même écrivain, ennemi passionné de Philippe, raconte, qu'excité par sa maîtresse à venger son honneur attaqué, le duc d'Orléans envoya à Frondeville, par le prince d'Aremberg, un cartel qu'il laissa ensuite tomber lâchement[59]. Mais ce fait, si peu vraisemblable en soi, l'auteur l'avance sans le prouver, sans indiquer ses sources ; et qui ne sait combien aisément la haine adopte ce qui lui permet le mépris ? car le mépris, c'est la haine au repos. Maintenant, qu'on récapitule les événements dont le tableau vient d'être tracé : Depuis le 14 juillet, cette fête de la concorde, un mois à peine s'était écoulé, et déjà l'inapaisable contre-révolution avait tout rempli de ses fureurs ; Elle avait trouvé moyen d'arracher de sa prison un agent des complots de l'étranger ; Elle avait pris position le long de nos frontières et se préparait à accabler la France libre ; Elle nourrissait hautement l'espoir de pousser droit à Paris, en passant sur le corps aux Brabançons ; Elle s'était emportée contre la presse, sans succès, mais avec une sombre violence ; Elle avait déchaîné le Châtelet, et, évoquant les fantômes d'octobre, remué les passions d'où naissent les guerres civiles ; Elle allait soufflant aux siens la rage systématique des duels et une colère farouche ; Elle avait été à la veille de faire de la salle de l'Assemblée un champ de bataille ! Ah ! si désormais il arrive à la Révolution de s'irriter et de bondir, qu'on le déplore, qu'on en gémisse ; mais qu'on se souvienne qu'il y eut parti pris de la mettre hors d'elle-même, en lui enfonçant mille aiguillons dans le flanc. |
[1] Voyez le premier chapitre de ce volume.
[2] Mémoires tirés des papiers d'un homme d'État, t. I, p. 83.
[3] The Annual register, vol. XXXIII, chap. III, p. 47 et 48.
[4] The Annual register, vol. XXXIII, chap. III, p. 51.
[5] The Annual register, vol. XXXIII, chap. III, p. 51.
[6] The Annual register, vol. XXXIII, chap. III, p. 52.
[7] By what
motives of hope or of fear, or sudden impulse of passion of any kind, the
officers and army could be induced unanimously and most shamefully to abandon
their general, whom they themselves had so recently exalted to too dangerous a
point of proeminence, we are entirely ignorant. The
Annual register, vol. XXXIII, chap. III, p. 53.
[8] L'Orateur du Peuple, t. I, n° XXII.
[9] The Annual register, vol. XXXIII, chap. III, p. 57.
[10] L'Orateur du Peuple, t. I, n° XL.
[11] Procès complet de MM. Perrotin, dit de Barmond, Foucault et Bonne-Savardin, p. 59. Paris, chez Lejay fils.
[12] Voyez le procès-verbal extrait des minutes du greffe de la municipalité de Châlons-sur-Marne. Procès complet de MM. Perrotin, dit de Barmond, Foucault et Bonne-Savardin, p. 61 et 62.
[13] Procès complet de MM. Perrotin, dit de Barmond, Foucault et Bonne-Savardin, p. 57.
[14] Mémoires de Ferrières, t. II, liv. VII.
[15] Mémoires de Ferrières, t. II, liv. VII.
[16] L'Orateur du Peuple, t. I, n° XXII.
[17] Pour les détails, voyez Camille Desmoulins et Roch Mercandier, par Ed. Fleury, t. I, p. 155-158, 2e édition.
[18] L'Orateur du Peuple, t. I, n° XLVI.
[19] La brochure est citée in extenso, dans l'Histoire parlementaire de Buchez et Roux, t. VI, p. 441 et suivantes.
[20] Révolutions de France et de Brabant, n° 37.
[21] L'Ami du Peuple, n° CXCIII.
[22] Révolutions de France et de Brabant, n° 36.
[23] Révolutions de France et de Brabant, n° 36.
[24] Révolutions de France et de Brabant, n° 36.
[25] Voyez l'Ami du Peuple, n° CLXXVII, et les Révolutions de France et de Brabant, n° 36.
[26] Moniteur, séance du 31 juillet 1790.
[27] L'Ami du Peuple, n° CLXXX.
[28] Séance du 2 août au soir.
[29] Les paroles de Robespierre sont rapportées différemment dans l'Histoire parlementaire, t. VI, p. 460 ; et cette seconde version est beaucoup plus probable que celle que donne l'Orateur du Peuple : Devez-vous confondre l'imprudence et l'inconsidération avec le crime ? Il s'est entendu accuser d'un crime de lèse-nation. Il est difficile à un homme sensible de se taire. On ne peut supposer qu'il ait eu l'intention de manquer de respect au corps législatif. L'humanité, d'accord avec la justice, réclame en sa faveur. Je demande son élargissement, et qu'on passe à l'ordre du jour.
[30] L'Orateur du Peuple, n° LXI.
[31] L'Ami du Peuple, n° CLXXXII.
[32] Le Patriote français, n° 361.
[33] Révolutions de Paris, n° 56.
[34] Mémoires de Ferrières, t. II, liv. VII.
[35] Mémoires de Ferrières, t. II, liv. VII.
[36] L'Orateur du Peuple, t. II, n° II.
[37] L'Orateur du Peuple, t. II, n° II.
[38] L'Orateur du Peuple, t. II, n° II.
[39] Voyez tous les journaux révolutionnaires du temps : l'Orateur du Peuple, les Révolutions de Paris, les Révolutions de France et de Brabant, l'Ami du Peuple, etc.
[40] Mémoires de Ferrières, t. II, liv. VII.
[41] L'Ami du Peuple, n° CLXXXVII.
[42] Ce sont les propres expressions de Barnave, citées dans le Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[43] Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[44] Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[45] Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[46] Révolutions de Paris, n° 57.
[47] Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[48] Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[49] Voyez, pour tout ce qui concerne ces débats, le Procès complet de MM. Perrotin, dit de Barmond, Foucault et Bonne-Savardin, 1790. Paris, Lejay fils.
[50] Buchez et Roux, Histoire parlementaire, t. VII, p. 117.
[51] Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[52] Buchez et Roux, Histoire parlementaire, t. VII, p. 95.
[53] Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII. — Toute cette affaire y est racontée avec des détails caractéristiques, et qu'on ne trouve ni dans la très-pâle et très-incomplète narration de Buchez et Roux, ni dans le récit, violemment partial, de Bertrand de Molleville.
[54] Bertrand de Molleville, Annales de la Révolution française, t. III, chap. XXVIII.
[55] Bertrand de Molleville, Annales de la Révolution française, t. III, chap. XXVIII, et Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[56] Bertrand de Molleville, Annales de la Révolution française, t. III, chap. XXVIII, et Règne de Louis XVI, t. VI, § XXIII.
[58] Bertrand de Molleville, Annales de la Révolution française, t. III, chap. XVIII.
[59] Bertrand de Molleville, Annales de la Révolution française, t. III, chap. XVIII.