HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME DEUXIÈME

LIVRE PREMIER

 

CHAPITRE V. — APPARITION DU DÉFICIT.

 

 

Calonne, son portrait et ses plans. — Caractère singulier et systématique de ses folies. — Pourquoi il se fait le complice des courtisans. — Étranges illusions de la cour. — Largesses calculées de Calonne, ses opérations ; refonte des monnaies d'or. — Les notables sont subitement convoqués. — Apparition du déficit. — Attitude des notables et leurs manœuvres. — Calonne attaqué de toutes parts, après avoir crié guerre aux abus. — Ce qu'il y eut de grand dans cette inconséquence apparente de l'opinion. — Chute et départ de Calonne. — Exil de Necker.

 

Pendant que l'affaire du collier éclatait en scandales, un autre coup de théâtre, non moins fatal à la monarchie, se préparait : l'apparition du déficit.

La diplomatie d'une maîtresse avait poussé aux finances M. de Calonne, personnage aimable et dangereux, qui sous les apparences de la frivolité cachait la pénétration d'un ministre d'État. Trompé sans doute par les dehors, les historiens de son temps et ceux du nôtre n'ont vu en M. de Calonne qu'un hardi joueur, qu'un étourdi capable de traiter les finances comme les marquis d'alors traitaient les femmes et la vertu, avec la légèreté d'un homme à bonnes fortunes, la courtoisie d'un gentilhomme et l'incrédulité d'un esprit fort[1]. Ils n'ont point paru se douter que, loin d'avoir été dictée par le hasard, sa conduite fut le résultat d'un calcul vif et prompt. Il leur a échappé que ses folies furent systématiques et s'enchaînèrent dans l'ordre qu'il voulut.

Calonne avait bien aperçu que la monarchie était atteinte mortellement ; qu'elle se soutenait par une espèce d'artifice[2] ; que, pour la sauver, si le salut était encore possible, un seul moyen s'offrait : tout réformer, tout refaire, et, suivant ses propres expressions, reprendre en sous-œuvre l'édifice entier[3].

Mais comment y parvenir ? C'est ici que Calonne montra un esprit original et du coup d'œil. Son plan fut étrange et caractérise la situation.

La réforme de la monarchie étant nécessaire, il fallait amener les grands corps à y consentir, presque à la vouloir, et, pour cela, se rendre leur complice, leur partager magnifiquement et avec grâce les restes du trésor, les séduire, les gorger et les conduire ainsi en riant jusqu'au bord d'un abîme qu'on leur montrerait tout à coup si effrayant, si profond, que roi, noblesse et clergé en seraient réduits à appeler eux-mêmes de leurs cris les nouveautés libératrices.

Lorsqu'un austère roturier, un bourgeois de Genève, M. Necker, était venu parler à tant de gentilshommes hautains de descendre au niveau du tiers, de se résigne à l'égalité de l'impôt, à des retranchements de pensions, à des restitutions de domaines engagés, évidemment il avait dû s'aliéner la noblesse, et irriter le privilège en le menaçant au nom du droit commun. Mais que lui, M. de Calonne, ami des fêtes et du plaisir, homme de cour, élégant, sans rigidité, sans morgue, et aussi vicieux qu'un autre, vînt un jour demander le remaniement complet de l'État, il ne serait certes pas suspect, et il pourrait dire aux privilégiés, après leur avoir procuré un rêve heureux : maintenant, les finances sont à bout ; le festin est dévoré : il faut payer ou périr.

Telles furent les combinaisons de Calonne. Semblable à ces médecins qui, pour guérir une maladie, la font passer de l'état chronique à l'état aigu, Calonne, au lieu de combattre l'égoïsme des hautes classes, voulut l'encourager, le pousser jusqu'au délire, bien sûr qu'un moment viendrait où ces mêmes classes subiraient le droit commun par nécessité, par intérêt, par frayeur.

Ce n'est pas que les principes lui fussent chers, et qu'il eût le patriotisme d'un Colbert ou la moralité d'un Sully. Tant de vertu n'entrait point dans cette âme légère. Il était intelligent : voilà tout. Il faut même ajouter que son caractère s'adaptait merveilleusement à la nature de ses projets. Emprunter, avoir des millions, les prodiguer, éblouir, rien n'était plus en harmonie avec le tempérament d'un agréable débauché. Calonne se mit donc à l'œuvre, et il alla droit à son but, qui n'était pas, comme on l'a pensé, de ménager aux grands un moment de bonheur, mais de les enivrer pour les soumettre[4].

Et quelle autre marche pouvait-il suivre ? économiser ? En ouvrant ce trésor royal où il ne trouva, dit-il, que deux sacs de douze cents livres[5], il ne put se méprendre sur les artifices du Compte rendu. Non-seulement Necker n'avait pu convertir le déficit laissé par Clugny en un excédant de revenu de dix millions, mais il était même impossible qu'il eût fait disparaître l'ancien vide, ayant eu à supporter l'énorme fardeau de la guerre d'Amérique. Quant aux successeurs de Necker, Fleury et d'Ormesson, ils avaient ajouté des emprunts nouveaux aux cinq cent trente millions[6] empruntés par Necker. Fleury n'avait tiré que vingt-cinq millions de l'impôt des nouveaux sous pour livre, et le troisième vingtième n'avait fourni à d'Ormesson que vingt et un millions.

Donc, sous la déduction des quarante-cinq millions mentionnés ici, le déficit, durant les deux ministères d'Ormesson et Fleury, s'était inévitablement accru. –

Calonne dut considérer- l'économie comme une ressource insuffisante, comme un expédient usé.. Il ne lui restait plus qu'à agrandir en quelque sorte le danger pour imposer à ceux qui l'entouraient la loi des résolutions extrêmes.

Dès le début, il ouvre un emprunt de cent millions[7]. Et voilà que faveurs, grâces, largesses commencent à pleuvoir sur les gens de cour émerveillés. On rétablit les croupes, les intérêts dans les fermes et dans les régies. On donne des pensions viagères à qui n'en avait pas et des pensions perpétuelles à qui en possédait de viagères. Le contrôleur général des finances recevait les solliciteurs à bras ouverts, il les renvoyait les mains pleines ; et quelques-uns mêmes se virent devancés en leurs désirs. Tout Paris sut qu'un jour Calonne avait envoyé à certaines dames des pistaches enveloppées dans des billets de la caisse d'escompte[8]. La complaisance était érigée en système, et le dernier moyen de gouvernement à l'usage de la monarchie française fut la folie.

Du reste, les séductions de la personne se joignaient chez Calonne à la puissance de l'homme en place. Sa taille haute, son maintien dégagé, sa bonne grâce, la mobilité de sa figure agréable et fine[9] contribuaient à lui gagner le grand monde. Les courtisans répétaient ses bons mots, lui trouvant d'autant plus d'esprit qu'il se moquait de l'économie et raillait les créanciers de l'État, presque à l'égal des siens. Il eut cependant l'art et le soin de faire payer ses dettes par Louis XVI, auquel il avoua négligemment, le premier jour, un passif personnel de deux cent vingt mille livres. Le roi, sans rien dire, prit cette somme dans son secrétaire en billets de l'entreprise des eaux, et la remit au nouveau ministre : image fidèle de la manière dont on allait administrer les finances.

Un trait qui peint l'esprit de la cour, c'est que la réputation équivoque de M. de Calonne le servit presque mieux que n'auraient pu faire ses riantes promesses et l'étendue de ses talents présumés. Fleury et d'Ormesson étaient sortis du ministère, le dernier notamment, avec une renommée d'insuffisance et d'intégrité tout ensemble. Or, en voyant l'incapacité unie à la droiture, on s'était habitué à les confondre ; on affectait de les croire inséparables[10], du moins parmi les courtisans ; et aux yeux de ceux qui disaient, le sourire à la bouche : Dieu nous préserve des gens honnêtes ! un administrateur léger de scrupules parut aisément supérieur.

La vérité est que les prodigalités de Calonne et sa sérénité imperturbable en imposèrent aux capitalistes qu'alléchaient d'ailleurs des primes usuraires ; et la confiance que Necker avait méritée par ses économies, Calonne l'obtint par ses dépenses. Les suites ? il ne s'en inquiétait point, les ayant prévues. Aussi usa-t-il des emprunts sans ménagement, sans prévoyance, et comme si cette ressource n'eût rien coûté. Necker avait emprunté durant la guerre : il emprunta, lui, malgré la paix. Entré au ministère en novembre 1783, il avait ouvert, en décembre, on l'a vu, un premier emprunt de 100.000.000 liv.

L'année suivante, il emprunta 125.000.000 liv.

Et l'année d'après 80.000.000 liv.

Mais tandis qu'il recevait lui-même le montant de ces emprunts, il faisait emprunter en outre, pour le compte du roi, par les états de Languedoc, de la Flandre maritime, et parla ville de Paris 49.000.000 liv.

Au moyen d'une extension furtive des anciens emprunts ouverts en 1781, 1782 et même en 1770, il se procura 122 900.000 liv.

Il augmenta les cautionnements des fermes en régies de 14 600.000 liv.

Il créa de nouvelles charges pour 10.000.000 liv.

Il força secrètement la caisse d'escompte à proposer elle-même un cautionnement de 80 millions, qu'il eut ensuite publiquement la modération de réduire à 70.000.000 liv.

Il accrut les anticipations de 79.000.000 liv.

Montant des emprunts et ressources extraordinaires : 650 500.000 liv.

Qui devaient coûter un intérêt annuel de[11] 145.420.000 liv.

Avec ces ressources, Galonné acquitta les dettes pressantes et donna cours à son projet de rassurer d'abord la nation. Chaque nouvel édit prenait la forme d'une promesse. Les embarras du trésor touchaient à leur terme, disaient les préambules ; la lumière et l'ordre allaient se faire dans nos finances[12]. Et comment n'y pas croire ? c'était Louis XVI qui semblait en donner sa royale parole ; c'était lui qui montrait à la France les perspectives heureuses. Après tout, ce trésor tant calomnié n'opérait-il pas des merveilles ? cent trente-six millions d'acquits de comptant furent dépensés en la seule année 1785[13]. A peine eut-on acheté Rambouillet pour le roi, moyennant quatorze millions, qu'on s'empressa d'acheter au prix de quinze millions Saint-Cloud pour la reine[14]. Calonne employa de la sorte soixante-dix millions, ardent à satisfaire les fantaisies et à dorer la misère publique. La maison de Beaujon, la forêt de Grésigne, Chanteloup, le duché d'Amboise, la seigneurie de l'île de Ré, l'Isle-Dieu, l'hôtel de Boulainvilliers, celui de l'intendance de Paris, celui de la régie générale…, telles étaient les acquisitions inutiles, onéreuses, par où Calonne entretenait l'illusion. Quand il ne savait plus comment dissiper la fortune publique, il échangeait des domaines ; et, en beau joueur, il semblait tenir à ce que l'État perdît noblement. L'abbé d'Espagnac, ami de Calonne, reçut en échange du comté de Sancerre, une foule de domaines dont celui d'Hatton-Chatel faisait partie. Ce domaine avoisinait la terre d'Hanonville, appartenant au ministre, et s'y trouva, bientôt après, annexé. De là le soupçon bien naturel d'une connivence ; de là les clameurs de l'opinion, portée à croire que M. de Calonne, à force de donner aux autres, s'était souvenu de lui-même. Il n'y avait qu'imprudence, peut-être ; mais la probité d'un ministre est comme la femme de César : il ne suffit pas qu'elle soit sans reproche, il faut encore qu'elle le paraisse.

Parmi tant de dépenses accumulées, il s'en trouva d'utiles, comme celles du port de Cherbourg ; il y en eut de ridicules ; il y en eut d'irritantes. Le peuple vit avec colère s'élever le mur d'enceinte qui, naguère encore, embrassait Paris, et ces fastueuses barrières construites par Calonne pour loger les trop nombreux commis d'un octroi détesté[15]. Une brochure attribuée au comte de Mirabeau[16] dénonça l'indécence de telles murailles, monuments d'esclavage, dont le luxe était une insulte[17]. L'auteur conclut par ce mot du maréchal de Noailles : Je suis d'avis que l'auteur du projet soit pendu.

Mais ce qui excita contre Calonne les plus vives clameurs, ce fut la refonte des monnaies d'or, opération inattaquable cependant et qui fut très-bien conduite, mars qui servit de prétexte à la haine[18], et que des historiens de nos jours, faute de l'avoir étudiée, ont déclarée déshonorante pour la mémoire de Calonne. Il faut éclaircir ce point historique de nos annales financières.

Depuis la découverte des mines de l'Amérique, la valeur relative de l'or tendait graduellement à dépasser celle de l'argent. Avant 1726, un marc d'or valait dix marcs d'argent. En 1726, époque de la dernière refonte en France, la valeur du marc d'or s'éleva à quatorze marcs cinq onces d'argent. Cette hausse dans la valeur comparative des monnaies d'or fut plus considérable en Portugal, en Angleterre, et surtout en Espagne, où l'on porta, en 1779, la valeur d'un marc d'or à quinze marcs sept onces d'argent.

La rectification que l'Espagne venait de faire préjudiciait à la France en y encourageant outre mesure l'exportation des matières d'or. Et en effet, un marc d'or qui ne valait en France que quatorze marcs cinq onces d'argent, transporté en Espagne y procurait à l'exportateur quinze marcs sept onces. Pour arrêter l'exportation, et en même temps faire profiter l'État de la hausse commerciale de l'or en Europe, Calonne résolut de porter la valeur de notre marc d'or à quinze marcs quatre onces, c'est-à-dire de l'élever d'un quinzième. En conséquence, un édit d'octobre 1785 ordonna une refonte ; tous les louis furent appelés à l'hôtel des monnaies pour y être refondus, et dans le marc d'or, où l'on n'avait précédemment taillé que trente louis, on en tailla trente-deux. C'était gagner deux louis sur trente ou un quinzième[19]. On se trouvait donc avoir fait sur chacun des anciens louis de vingt-quatre livres un bénéfice d'une livre douze sols.

Lors des refontes précédentes, le roi s'était approprié le bénéfice tout entier : cette fois, le public fut admis au partage. On reçut les louis au change pour vingt-cinq livres, et l'on ne réserva au roi que douze sols par louis, sur lesquels devaient être prélevés les frais de la fabrication et les déchets qu'elle rend inévitables. Mais tandis qu'on faisait un profit considérable sur le poids, on fut amené à subir une petite perte sur le titre, qui est le degré de pureté des monnaies. Et voici comment :

Le titre légal de notre monnaie avait été fixé à vingt-deux carats. Mais l'or, parfaitement affiné, étant à vingt-quatre carats, la loi autorisait donc le mélange de deux carats d'alliage ; en d'autres termes, elle ne permettait que deux parties de cuivre sur vingt-deux parties d'or pur. Toutefois, comme ce mélange est très-difficile à opérer avec une exacte précision, on avait admis, sous le nom de remèdes, des tolérances qui avaient été fixées en moyenne à onze trente-deuxièmes, c'est-à-dire que la fabrication était estimée bonne quand le titre des louis ne différait que de onze trente-deuxièmes, du degré de fin prescrit par les règlements[20]. Le louis devait être conséquemment à vingt et un carats vingt et un trente-deuxièmes.

Conformément aux usages, on voulut, on dut reconnaître le véritable titre des espèces qui allaient être refondues. On réunit, à cet effet, une certaine quantité de monnaies, frappées dans tous les hôtels du royaume, et l'on en forma des lingots dont le titre fut soigneusement constaté[21]. Il fut reconnu que le titre des anciens louis était trop faible, qu'il y manquait quatre trente-deuxièmes de fin, et l'on ordonna d'ajouter ces quatre trente-deuxièmes à chaque refonte, de manière à ramener toute la monnaie nouvelle au taux général et uniforme de vingt et un carats vingt et un trente-deuxièmes.

L'infusion de cette partie d'or fin dans la monnaie refondue n'ayant pas coûté moins de trois millions, on les prit sur les douze sols réservés au roi ; et cela était juste, puisque ce déficit n'existait que par la faute des manipulateurs précédemment employés à la fabrication. De même, on préleva sur les vingt sols alloués aux porteurs de louis la perte de poids que les pièces avaient éprouvée, tant par le frottement, que par les altérations de la fraude ; ce qui réduisait à quinze sols en moyenne le bénéfice du porteur.

Il fut rapporté aux hôtels des monnaies environ neuf cent mille marcs. Ce n'était que la moitié de ce qui avait été frappé depuis 1726 ; d'où l'on put voir que l'autre moitié avait disparu de la circulation, par l'avantage qu'il y avait eu à l'en retirer.

Telle fut l'opération. Elle procura aux particuliers un profit de vingt millions ; elle valut sept millions au fisc ; elle rectifia le titre des monnaies et mit la France à l'abri des lésions que nous subissions dans nos échanges.

Et pourtant, les ennemis de Calonne trouvèrent là matière à scandale. Ils commencèrent par nier que les anciennes monnaies d'or fussent d'un titre inférieur, ce qui faisait disparaître la nécessité d'ajouter du fin dans les fontes ; et ils accusèrent le ministre de s'être frauduleusement approprié le prix d'un affinage qui n'avait pas eu lieu. L'accusation était difficile à soutenir ; car il fallait pour cela, ou nier des actes authentiques, ou étendre la complicité du mensonge et du vol au procureur général de la cour des monnaies, à l'inspecteur général des essais, enfin à tous les essayeurs particuliers. Une circonstance fortuite vint, malheureusement, accréditer les soupçons. M. de Bajerlé, directeur de la Monnaie de Strasbourg, était vieux et depuis longtemps infirme. Son commis ne fit pas l'addition prescrite, en passa néanmoins la valeur dans les comptes ; et la fraude fut découverte. Sur ces entrefaites, M. de Bajerlé meurt, et le bruit se répand que le vol du commis a été autorisé par une lettre confidentielle du ministre. En vain Calonne déploya-t-il contre l'essayeur infidèle la plus grande sévérité, en vain somma-t-il ses accusateurs de produire leurs preuves en leur opposant le témoignage du fils de M. de Bajerlé, conseiller au parlement de Nancy et homme d'un caractère respectable[22], l'opinion ne fut pas désarmée : Calonne portait la peine de sa mauvaise réputation.

Cependant, il était arrivé, ce jour que le ministre avait prévu, ce jour décisif où la monarchie absolument ruinée, à bout d'expédients et de déraison, devait s'estimer presque heureuse de trouver pour dernière chance de salut son propre ouvrage à détruire.

Dans un mémoire qu'il remit à Louis XVI vers la fin de 1785, Calonne déroula ses plans. Et quel dut être l'étonnement du roi ! L'effronté dissipateur de la veille parlait tout à coup la langue de Turgot, il dépassait la rigidité de Necker. Le fou charmant qui avait jeté l'or à pleines mains s'était subitement amendé et proposait non plus les moyens termes mais les grands partis[23]. Il présentait à Louis XVI l'imposant tableau de son royaume à refaire. Où était la division, il fallait introduire l'unité. Les provinces suivaient des lois différentes : il fallait les ramener à un principe uniforme. Elles étaient séparées par des douanes : il fallait heurter hardiment ces barrières intérieures et les reculer jusqu'aux frontières. Les pays d'état possédaient le privilège de la représentation : il fallait renverser ce privilège et appliquer à la France entière une forme de délibérations nationales[24]. L'impôt territorial ne frappait que les biens en roture : il fallait l'étendre sans exception aucune à toutes les terres du roi, des nobles, des prêtres, et substituer le payement en nature au payement en argent. Le peuple était écrasé de contributions : il fallait réduire la taille, diminuer le prix du sel, abolir à jamais la corvée… En un mot, plus de privilèges, plus de distinctions ni de morcellement, partout la justice, partout l'unité. C'était comme un résumé des idées de Vauban, des vues de Turgot et des projets de Necker.

Un tel remaniement de la monarchie ne pouvait être soumis à l'approbation du parlement. Au seul mot de répartition égale des charges publiques, les nobles de robe eussent frémi de colère. Calonne, d'ailleurs, avait échangé avec le premier président des procédés si hostiles, de si injurieux propos, que les relations du ministre et de la magistrature se trouvaient irréparablement rompues, un démêlé personnel étant devenu affaire de gouvernement[25]. Ainsi reparaissait l'ardente, l'inévitable question des étals généraux. En attendant, on eut recours à une assemblée de notables.

La liste fut dressée en silence et composée habilement. Noblesse, parlement, clergé, tiers état devaient concourir à la formation de l'assemblée. Mais les nombres étaient combinés de façon à ce que chacune des résistances prévues fût condamnée, prise séparément, à la faiblesse numérique. Et par exemple, on ne donna pour représentants au clergé, dont on allait menacer les privilèges, que quatorze évêques et quatre ecclésiastiques, alors qu'on donnait pour représentants au tiers état les maires des vingt-cinq principales villes du royaume : Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, Toulouse, Strasbourg, Lille, Nantes, Metz, Nancy, Reims, Bourges, Limoges, Orléans, Tours, Montpellier, Montauban, Caen, Amiens, Bayonne, Châlons, Valenciennes, Clermont. On y ajouta Troyes qui avait réclamé.

Le secret fut bien gardé ; la reine elle-même eut l'humiliation d'être exclue de la confidence. L'annonce de la convocation des notables éclata donc à l'improviste et surprit tout le monde. Calonne avait pensé que l'étonnement ici était une chance de succès, parce qu'il donnait à une mesure inattendue l'importance d'un coup décisif, d'un coup d'État. Le moment était venu d'éprouver si la monarchie voulait être sauvée et pouvait l'être.

Arrivés à Versailles avant le 29 janvier 1787, les notables ne furent point réunis au jour indiqué par les lettres de cachet. Sans motif avoué, sans excuse, on les laissa errer dans la ville, en plein hiver, et ce fut la voix publique qui leur apprit les ajournements successifs, d'abord au 7 février, puis au 14, enfin au 22. On sut vaguement que les ministres étaient malades, que M. de Vergennes se mourait, et que, menant sa vie comme il administrait les finances, Calonne avait prodigué et perdu sa santé dans les plaisirs. Ces bruits étaient fondés. Calonne, aussi épuisé que le trésor, ne fut prêt ni le 29 janvier, ni le 7 février, ni le 14, n'ayant pu achever les nombreux mémoires où, sous le nom de réformes, il allait dérouler le plan d'une révolution à mettre aux voix.

Dans la nuit du 12, Vergennes mourut, et la mort de ce ministre aussi fidèle que capable contrista singulièrement l'âme de Louis XVI, qui, à peine assez fort pour suffire à une royauté paisible, ne voyait pas sans frayeur la royauté devenir un combat. Étant allé visiter le cimetière où l'on venait de déposer Vergennes, il fut pris d'attendrissement, et on l'entendit murmurer ces mots : Que je serais heureux de reposer à côté de vous ![26]

Ce fut dans la salle des Menus, consacrée deux ans plus tard aux états généraux, que Louis XVI ouvrit, par un discours sans portée et sans grandeur, l'assemblée des notables Quant à Calonne, il fut incisif, spirituel, audacieux et dégagé. Il fit à l'assemblée comme une confession générale de la situation ; il avoua, dans un discours plein de grâce, qu'en arrivant aux affaires il avait trouvé les caisses vides, la confiance disparue, six cent quatre millions de déficit annuel[27]. Il ne se ménageait point les éloges et convenait qu'il avait tout réparé : l'argent abondait, le crédit était revenu, les dettes de la guerre avaient été acquittées, les dépenses étaient au courant, et, chose nouvelle, on avait ramené le payement des rentes, si longtemps en retard, au jour même des échéances. A l'éclat de ces contrastes, Calonne fit succéder de hardis paradoxes, et, sous le tissu transparent de l'allusion, il établit entre lui et Necker un parallèle où la prétention de l'administrateur n'était, du reste, que l'insolence du gentilhomme. Il distinguait deux sortes d'économie : l'une minutieuse, repoussante, écartant les solliciteurs par des dehors sévères et d'une dureté stérile ; l'autre, — dont il paraissait s'attribuer l'invention, — noble et grande, aimable jusqu'elles rigueurs, laissant compter ses refus plutôt que ses grâces, et se calomniant elle-même par des apparences de facilité que l'envie de nuire transformait en profusion. Les circonstances, d'ailleurs, lui avaient défendu de prendre l'attitude de la pénurie. Sur le chiffre exact du déficit et sur l'importante question de savoir si aux quatre-vingts millions déjà constatés il fallait joindre l'intérêt des emprunts énormes contractés durant les ministères de Necker, de Fleury, de d'Ormesson et durant le sien propre, Calonne évita de s'expliquer. Le déficit ? il existait depuis des siècles ; il s'était accru d'année en année : la seule administration de Necker l'avait augmenté de quarante millions ; et lui, Calonne, avait eu un vide effrayant à combler. Et, après avoir ainsi tracé la généalogie du déficit, il ajouta, pour éclairer tout d'un mot, que depuis 1776 jusqu'à la fin de 1786, en dix ans, il avait été emprunté un milliard deux cent cinquante millions.

Le voile était levé ; l'illusion qu'avait produite en Europe le Compte rendu s'évanouissait tout à coup ; le ministre qui avait signé ce compte fameux, le prince qui en avait permis l'impression, le garde des sceaux Miromesnil et le comte de Vergennes, qui en avaient certifié l'exactitude, se trouvaient atteints du soupçon d'ignorance ou de tromperie. Le scandale d'un pareil démenti fut moins grand néanmoins que la stupeur causée par l'apparition d'un déficit dont on osait à peine sonder la profondeur ; et les alarmes de l'assemblée redoublèrent lorsque, passant aux moyens d'arrêter ce mal non défini, Calonne déclara l'insuffisance absolue de l'économie et qu'il serait impossible d'emprunter toujours, d'imposer plus, d'anticiper encore. Quel était donc le remède souverain ? Pour combler l'abîme, pour rétablir les finances, pour ranimer la monarchie, pour continuer à vivre, enfin, que-restait-il ?… LES ABUS. Oui, les abus ; et, relevant aussitôt par la dignité du discours une pensée vraie revêtue des formes d'une saillie, Calonne s'écria, comme l'aurait pu faire un tribun du peuple[28] :

Les abus ont pour défenseurs l'intérêt, le crédit, la fortune et d'antiques préjugés que le temps semble avoir respectés ; mais que peut leur vaine considération contre le bien public et la nécessité de l'État ?... Les abus qu'il s'agit aujourd'hui d'anéantir, pour le salut public, ce sont les plus considérables, les plus protégés ; ceux dont l'existence pèse sur la classe productive et laborieuse ; lès abus des privilèges pécuniaires, les exceptions à la loi commune, et tant d'exemptions injustes qui ne peuvent affranchir une partie des contribuables qu'en aggravant le sort des autres.

 

Jamais de telles paroles n'avaient retenti aux oreilles d'un roi de France, et ici Galonne ne les prononçait qu'après avoir déclaré que ces vues étaient devenues entièrement personnelles au roi[29].

On devine quelle fut l'attitude des notables quand ils virent se dresser devant eux ces deux images également importunes : le déficit d'un côte, de l'autre les réformes. Le déficit, il était inconnu ; car on l'avouait de quatre-vingts millions, et l'on ne disait pas le dernier mot. Les réformes, elles étaient effrayantes ; car c'était l'antique parchemin des privilèges qu'il s'agissait de déchirer dans ce remaniement de la monarchie, où allaient être subitement confondus les plébéiens avec les gentilshommes, les laïques avec les clercs. Galonne s'était abrité, derrière la volonté du roi ; mais cela même blessa au vif les notables, et surtout le clergé, que menaçait la principale attaque. N'est-ce pas se moquer de la nation, s'écria rudement l'archevêque de Narbonne[30], n'est-ce pas prendre ses représentants pour des moutons et des bêtes que de les rassembler afin d'avoir leur sanction à une besogne toute digérée ?

C'était le prélude des orages qui allaient éclater contre Calonne. Dans une assemblée où les nobles n'avaient apporté que l'expérience des armes et les parlementaires que la science de la procédure, l'influence que donne le maniement de la parole appartint naturellement aux Cicé, aux Boisgelin, aux Loménie de Brienne, prélats diserts qui s'étaient formés, en enseignant les choses de Dieu, à conduire la discussion de leurs propres affaires.

Le premier mémoire, touchant les assemblées provinciales, fut bien accueilli ; mais, dès qu'on en vint au second mémoire, le ministre put s'apercevoir que le fer avait touché la blessure. Appliquer l'impôt territorial à tous les propriétaires sans distinction ! Les notables prirent l'alarme, et, prompts à déplacer la question, ils se hâtèrent de la transporter sur le terrain du déficit, en demandant à connaître, avant de délibérer, les états de recette et de dépense.

Calonne fut surpris d'une démarche si hautaine. Toutefois, dissimulant son humeur, il consentit à communiquer les états de finances à une commission de quarante-deux membres. La réticence parut offensante ; les propos s'aigrirent, la querelle s'échauffa. En vain Calonne y déploya-t-il beaucoup de sang-froid et de subtile éloquence, il fallut arriver aux chiffres, il fallut reconnaître que le déficit était, non pas de quatre-vingts millions, mais de cent douze[31].

Ainsi, par une manœuvre plus habile que loyale, les notables rejetaient dans l'ombre la question des réformes, et ils occupaient les regards avec le fantôme du déficit.

Il est juste d'ajouter que si les notables craignirent l'avènement de la liberté, ils en parlèrent du moins le langage ; que si, d'une main soigneuse, ils écartèrent les problèmes inquiétants, ils reconnurent du moins et saluèrent, dans ce qu'il avait d'indéfini et de vague, le principe de l'égalité. N'était-il pas, d'ailleurs, bien naturel qu'avant de livrer des ressources nouvelles à une administration dévorante, on lui demandât son bilan ?

Voilà ce qui parut frapper l'opinion publique, et, loin de maudire le mauvais vouloir des notables, elle s'étudia à l'encourager. Pour mieux irriter leur amour-propre et les animer à la résistance, on les appela les notés[32], ironique allusion au rôle passif que leur destinait le ministre ; le nom de grenadiers des notables fut donné aux membres du bureau que présidait le prince de Conti[33], à cause de leur vigoureuse opposition aux plans de Calonne ; et ceux qui faiblissaient, on les comparait à ces pagodes chinoises dont l'unique fonction est de remuer la tête en signe d'assentiment[34].

Pour ce qui est de Galonne, en dépit du tour audacieux et populaire de son initiative, il fut poursuivi, persiflé, chansonné de toutes parts. On avait dit, et le public parisien, toujours prompt à rire, même de ses misères, aimait à répéter : Le roi est au beau fixe, le ministère au variable, Calonne à la tempête et la nation au très-sec[35]. La reine, qu'on supposait avoir eu sa part des prodigalités connues, fut à son tour exposée à de cruels sarcasmes : quand elle allait à l'Opéra, le peuple disait à voix haute : Voilà madame Déficit qui passe[36].

Mais ce n'était là qu'un des aspects de l'agitation. Tout en faisant jaillir par myriades les étincelles de la gaieté française, l'assemblée des notables fournissait un aliment à de plus sérieuses pensées. L'esprit d'opposition s'aguerrissait à ces débats dont l'écho des salons prolongeait le bruit en l'agrandissant. Les livres de Necker, conçus et rédigés avec la clarté du savoir et animés d'une couleur sobre, avaient tellement mis en vogue les préoccupations graves, que parler finances était alors une manière d'avoir de l'esprit. L'occasion s'offrait admirable, tentante ; et le jardin du Palais-Royal retentit de plus de harangues que n'en entendit jamais la Cité de Londres.

Le roi, cependant, s'étonnait de tant d'obstacles et donnait cours à la brutalité de sa colère ou aux gémissements de sa faiblesse. Tantôt le bruit courait qu'il avait versé des larmes, tantôt qu'il avait signé en blanc trente-trois lettres de cachet pour se débarrasser des membres les plus turbulents de l'assemblée[37]. Ce qui est certain, c'est que, passant de l'irritation à la mollesse, il s'emportait et fléchissait, sauf à s'emporter et à fléchir encore. Quand les notables vinrent lui apprendre le chiffre du déficit vérifié par eux, il entra dans un accès de fureur, saisit une chaise et la brisa en s'écriant : Ce coquin de Calonne ! il mériterait que je le fisse pendre[38]. Et pourtant, ce Calonne, le roi l'aimait au fond, et sa violence ne servait ici qu'à masquer l'indignation dont le pénétrait la résistance des notables. Il les avait convoqués comme étant, pour ainsi dire, le conseil de famille de la monarchie : devait-il s'attendre à trouver des formes impérieuses et presque des menaces de censure là où il avait espéré les pures adhésions du respect ?

Calonne fit alors un calcul qui, en d'autres temps, eût été juste. Sentant bien qu'aux yeux du peuple il personnifiait les millions perdus, il essaya de ramener à la question des réformes l'attention publique égarée à la poursuite du déficit ; il donna à l'impression tous les mémoires qu'il avait remis aux notables, et y joignit un préambule où il disait : Des privilèges sont sacrifiés ?oui ; la justice le veut, le besoin l'exige. On payera plus sans doute ; mais qui ? Ceux qui ne payaient pas assez. Cet écrit fut lancé à profusion ; Calonne en inonda Paris et la province. Afin de le mieux répandre, il l'adressa aux curés[39], et, détournant ainsi contre les abus la tempête qui le menaçait lui-même, il sembla dénoncer au public une résistance qui empêchait le roi de faire le bien du royaume. C'était un véritable appel au peuple.

Mais, par une de ces inconséquences de l'opinion, dont la singularité n'est qu'apparente et se rapporte à des causes profondes, il arriva que Calonne eut contre lui ceux-là surtout dont il plaidait la cause. En se livrant à des prodigalités odieuses au peuple, il s'était rendu moins impopulaire qu'il ne le devint en poussant à des réformes que le peuple désirait avec passion. Éclatant et glorieux indice de la grandeur des événements qui se préparaient ! Preuve frappante que, dans les esprits, le côté moral des améliorations demandées en dominait le côté matériel et vulgaire ! Oh ! certes, que la Révolution se levât au signal donné par un sceptique, un dissipateur, par le caissier trop facile du comte d'Artois, par le cynique tributaire des boudoirs de Trianon, c'eût été déjà chose étrange ; mais que la régénération de la France fût réduite à n'être plus qu'une affaire d'intendant ; que l'hommage dû à l'idée de justice se présentât sous la forme d'un procédé d'administration, c'était un scandale historique. Et c'est à quoi la nation refusa noblement de souscrire. Elle ne voulut ni de l'initiative de Calonne, ni de son estampille, ni du mélange adultère qui, dans ses plans, faisait disparaître la majesté des principes invoqués. En un mot, elle s'indigna de ce qu'on osait venir battre monnaie avec son droit.

Que restait-il donc au ministre pour se soutenir ? De lassitude, Louis XVI l'abandonnait ; les notables lui portaient une haine que la récente dénonciation dirigée contre eux avait changée en fureur ; l'opinion enfin appelait à grands cris un ministère nouveau.

Le 8 avril, jour de Pâques, le Club des politiques reçut un paquet cacheté qui ne devait s'ouvrir qu'à onze heures du soir[40]. L'heure sonnée, on ouvrit le paquet et l'on y trouva un ouvrage sans titre, servant de réponse aux assertions de Galonne sur l'inexactitude du Compte rendu. Sachant qu'à dix heures Calonne devait donner sa démission, et craignant qu'on ne le soupçonnât d'avoir contribué à la chute d'un rival, Necker avait voulu assigner une date certaine à l'apparition de son livre.

Le lendemain, on apprit, dans Paris, que Calonne était renversé, et l'on se jeta avidement sur l'ouvrage de Necker. Quelque habile que fût la défense de l'ancien ministre genevois, elle ne pouvait être concluante et ne le fut point. Mais la dignité de son langage, la clarté artificielle de ses calculs, où les millions semblaient obéir à sa volonté et se ranger en colonnes persuasives suivant les besoins de la cause, tout cela éblouit les Parisiens, et ils s'empressèrent de donner raison à Necker, impatients qu'ils étaient de donner tort à Calonne. Louis XVI, importuné du bruit que faisait jusque dans Versailles la popularité de Necker, lui envoya une lettre de cachet qui l'exilait à quarante lieues de la capital[41], mais il éprouva l'humiliation de voir tout Paris entourer d'honneurs l'auteur du Compte rendu ; si bien que, parmi les visiteurs qui allèrent complimenter l'exilé, on remarqua le plus influent des notables, un candidat pour le ministère vacant, Loménie de Brienne[42].

Tandis que Necker s'éloignait lentement de la capitale, fier d'une persécution ; qui achevait sa renommée, Galonné, de son côté, traversait le royaume, poursuivi de ville en ville et par les huées de la multitude[43] et par les lettres de cachet, exilé d'abord à Berny, puis en Flandre, puis en Lorraine, mais bravant la mauvaise fortune, toujours le même, toujours railleur, et répétant tout bas qu'il consentait à être pendu, si les augustes complices devaient en être[44].

 

 

 



[1] Monthyon, Particularités sur les ministres des finances, p. 277 et suivantes.

[2] Mémoire remis au roi par M. de Calonne, dans Soulavie, t. VI, chap. II.

[3] Rapport de M. de Calonne au roi.

[4] On n'a qu'à méditer, pour s'en convaincre, le Mémoire de Calonne au roi.

[5] Mémoire de Calonne, déjà cité.

[6] Dans le livret sans titre en réponse à Calonne, Necker porte à cinq cent trente millions le total de ses emprunts, y compris quarante millions d'anticipations.

[7] Édit du mois de novembre.

[8] M. de Calonne tout entier, par M. C... (Carra). Bruxelles, 1788.

[9] Monthyon, Particularités sur les ministres des finances, p. 277.

[10] Fragment d'une lettre manuscrite sur l'assemblée des notables, dans la Correspondance de Grimm. Novembre, 1788.

[11] Éclaircissements et pièces justificatives pour servir de suite à la requête présentée au roi par M. de Calonne, p. 63.

[12] Édit d'août 1784 : Nous avons reconnu avec une grande satisfaction que cette dette s'éteindra facilement par des moyens sûrs, gradués, etc. Édit d'octobre 1785 : Nous avons la satisfaction d'être assurés qu'avec le secours du nouvel emprunt, nous pourrons effectuer cet épuisement total, etc.

[13] État au vrai de l'exercice de 1785. Bailly, Hist. financière, t. II, p. 292.

[14] Mémoires politiques et historiques, t. VI, p. 114. — Le prix de Saint-Cloud est dissimulé dans les pièces produites par Calonne, et porté seulement à six millions.

[15] Mémoires historiques et politiques, t. VI.

[16] Bachaumont, Mémoires secrets, t. XXXIV, p. 198.

[17] Réclamation d'un citoyen contre la nouvelle enceinte de Paris, élevée par les fermiers généraux. Voyez la préface.

[18] C'est dans une brochure imprimée en 1788, sous le titre de : M. de Calonne tout entier, qu'ont été puisées la plupart des accusations dirigées contre ce ministre. Or l'auteur de cette brochure, Carra, explique ainsi lui-même les motifs de la haine que Calonne lui inspirait : Le travail des grâces se fit le 31 juillet 1786, et je n'y fus point compris. Chap. II, p. 18.

[19] Carra dit un seizième, dans M. de Calonne tout entier ; et ce n'est pas la seule erreur que contienne ce pamphlet. Voyez chap. X, p. 219.

[20] Necker, Administration des finances, t. III, p. 45 et suiv. — Necker n'indique que la plus faible tolérance. Elle était de dix à douze trente-deuxièmes, soit, en moyenne, onze trente-deuxièmes.

[21] Requête au roi par M. de Calonne, p. 33.

[22] Voyez les Pièces Justificatives publiées à la suite de la Requête au roi.

[23] Voyez le Mémoire de M. de Calonne au roi sur la nécessité de convoquer les notables.

[24] Mémoire de M. de Calonne au roi, § 1.

[25] Monthyon, Particularités sur les ministres des finances.

[26] Mémoires historiques et politiques, t. VI, p. 132.

[27] Procès-verbal de l'assemblée des notables tenue à Versailles, en l'année 1787. Paris, de l'Imprimerie royale, in-4°.

[28] Discours de Calonne dans le Procès-verbal de l'assemblée des notables (1787), p. 72.

[29] Procès-verbal de l'assemblée des notables, p. 56.

[30] Mémoires secrets de Bachaumont, t. XXXIV, p. 196.

[31] Mémoires secrets de Bachaumont, t. XXXIV, p. 221. — Calonne, plus tard, porta ce déficit à cent quinze millions. Voyez sa réponse à l'écrit de Necker, p. 90.

[32] Mémoires de Fleury.

[33] L'assemblée avait été divisée en sept bureaux, présidés chacun par un prince du sang.

[34] Mémoires secrets de Bachaumont, t. XXXIV.

[35] Bachaumont, Mémoires secrets, t. XXXIV, p. 196.

[36] Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI, t. VI, p. 171.

[37] Bachaumont, Mémoires secrets, t. XXXV, p. 13.

[38] Mémoires historiques et politiques, t. VI, p. 169.

[39] Mémoires de Besenval, t. II, p. 218.

[40] Bachaumont, Mémoires secrets, t. XXXIV, p. 344.

[41] Madame de Staël, Considérations sur la Révolution française. — La fille de Necker s'est, du reste, trompée en donnant l'exil de son père comme antérieur à la chute de Calonne. Voyez t. I, p.116 et 117.

[42] Madame de Staël, Considérations sur la Révolution française.

[43] Bachaumont, Mémoires secrets, t. XXXV, p. 30.

[44] Mémoires historiques et politiques, t. VI, p. 169.