HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

ORIGINES ET CAUSES DE LA RÉVOLUTION

LIVRE DEUXIÈME. — BOURGEOISIE

 

CHAPITRE VI. — PROGRÈS DE LA BOURGEOISIE. - MONARCHIE SOUS LOUIS XIV.

 

 

Comment Louis XIV mit la royauté sous la dépendance de la bourgeoisie. — Louis XIV en rendant le travail hostile à la religion mine la puissance du clergé. — Louis XIV, véritable destructeur de la monarchie absolue en France : portée révolutionnaire de la déclaration de 1682. — La bulle Unigenitus, son origine, son introduction en France, ses suites. — Résultats du gouvernement personnel de Louis XIV contraires à son but.

 

C'est le propre et la punition du despotisme de prétendre toujours à se suffire et d'y être toujours impuissant. Louis XIV absorba si bien en lui toute chose, qu'il fit la monarchie sujette aux accidents et aux misères dont se compose la vie d'un homme ; il sut pratiquer, avec une majesté souveraine et une profondeur qu'on n'égalera point, l'art difficile, l'art funeste de la royauté ; mais par là il le rendit plus funeste encore et l'épuisa ; il fut égoïste dans des proportions telles qu'il écrasa tout ; son orgueil, pour ne pas toucher à la folie, aurait eu besoin de contrepoids ; et il n'en trouva, malheureusement, qu'au dehors : dans les désastres de la guerre de succession et l'insolence du vainqueur. Aussi Louis XIV déploya-t-il, à l'égard des ennemis de la France, qui furent les siens, une magnanimité véritable et presque du génie. Mais cette hauteur d'âme, dont il resta le maître et qu'il régla devant les rois ses égaux, il la laissa, devant ceux qu'il appelait ses sujets, s'exalter jusqu'au délire ; il se plut, dans les derniers temps, à rabaisser outre mesure ceux qui l'entouraient, afin de se mieux rehausser par le contraste. Les supériorités, qu'il avait encouragées d'abord, finirent par lui porter ombrage, bien qu'employées à son service ; et, comme il en était venu à ne souffrir rien de grand qui n'émanât de lui, il s'entoura de ministres et de généraux incapables, les aimant pour leur incapacité même. Il lui fallut donc peu d'années pour dévorer les ressources de plusieurs règnes ; de sorte que, vers la fin, quand son autorité fut devenue immense comme son orgueil, il n'y eut plus rien au-dessous d'elle pour l'étayer, ni vigoureux esprits, ni fiers caractères, ni capitaines et ministres d'élite, ni trésors ni armées ; c'est à peine s'il restait un peuple. Le pouvoir était sans bornes et complètement vain ; il lui manquait des supports, des instruments et jusqu'à des victimes.

Le règne de Louis XIV est trop connu pour nous arrêter longtemps. Nous dirons seulement ce qu'il vint ajouter aux causes si anciennes, si nombreuses et si diverses de la Révolution.

Et d'abord, la noblesse n'eut pas de plus fatal ennemi que Louis XIV.

A Richelieu demandant six millions au clergé, l'archevêque de Sens répondait, en 1641 : L'usage ancien de l'Église, pendant sa vigueur, était que le peuple contribuait ses biens, la noblesse son sang, le clergé ses prières aux nécessités de l'État. Ces mots définissent très-bien la fonction historique de chacun des trois ordres.

La prépondérance devait donc appartenir au clergé, sous des chefs superstitieux ; à la noblesse, sous des rois guerriers ; et, sous une royauté dépensière, à la bourgeoisie.

La royauté avait été superstitieuse pendant la période barbare, et guerrière pendant la période féodale. Louis XIV ayant attiré les nobles à la cour, il ne put les y retenir sans se ruiner en fêtes, en festins, en parades, en pensions ; il épuisa de la sorte le trésor public et mit le royaume sous la dépendance de celui des trois ordres dont la fonction historique était de payer.

Oui, malgré les batailles qui remplissent le dix-septième siècle, le règne de Louis XIV eut pour caractère dominant, moins le goût de la guerre que celui du faste. La guerre elle-même n'était-elle pas alors une fête ? Le roi n'y conduisait-il pas ses maîtresses en carrosse ? Inutile de rappeler les trésors que ce règne dévora. Sire, disait un jour au roi le sage Colbert, Votre Majesté a tellement mêlé ses divertissements avec la guerre de terre, qu'il est bien difficile de les diviser. Et si Votre Majesté veut bien examiner en détail combien de dépenses inutiles elle a faites, elle verra que, si ces dépenses étaient toutes retranchées, elle ne serait pas réduite à la nécessité où elle est. Louis XIV laissa, en effet, une dette de deux milliards quatre cent douze millions ; et comme le tiers état avait seul charge de la payer, il devenait le maître.

Voilà donc la Révolution expliquée en partie et d'avance ; et Louis XIV aurait pu la prévoir lorsqu'il se vit réduit, lui qui avait compté parmi ses flatteurs tant de princes et tant d'hommes de génie, à descendre du haut de son orgueil, pour se faire le flatteur d'un banquier. Samuel Bernard fut invité à visiter Marly. Le roi et l'homme de finances s'y trouvèrent face à face ; et de ces deux puissances ce fut la première qui courtisa l'autre.

Encore si, pour remplir ses coffres, le roi eût pu recourir impunément à la violence ! Mais non ; la bourgeoisie était en possession du droit de voter les subsides. L'institution des états généraux n'était pas morte ; elle attendait seulement l'heure d'agir. Donc, quand le protecteur des manufacturiers écrivait à Louis XIV : Un repas inutile de mille écus me fait une peine incroyable, il ne faisait qu'ouvrir une série de formidables contrôles. Colbert paraissant au milieu des fêtes de Louis XIV avec un visage sévère et sombre, c'était comme le fantôme de la bourgeoisie venant écrire, sur les murs de la salle du festin, l'arrêt de mort de la noblesse absorbée par la monarchie.

Louis XIV ne contribua pas moins, sans le vouloir et le savoir, à miner la puissance du clergé.

Par le protestantisme, la France était devenue industrielle. Repoussés des emplois, les protestants avaient pris le travail pour moyen, et pour but la richesse ; si bien qu'avant la révocation de l'édit de Nantes, on disait : Riche comme un protestant. De là une transformation sourde du vieux génie de la France et de sa vie sociale. De pays agricole, elle devenait pays de manufacture. La domination des guerriers s'effaçait devant celle des marchands. Et ce fut au plus fort de ce mouvement, quand il n'était déjà plus temps ni de l'arrêter ni de le détruire, que Louis XIV donna le signal d'une persécution atroce et folle entre toutes celles qui ont souillé l'histoire. Des milliers de citoyens paisibles foulés aux pieds des chevaux ou massacrés, le pillage d'un quart du royaume, l'héritage des pères promis à l'apostasie des enfants, la guerre au foyer des familles, une lamentable émigration de travailleurs emportant avec eux la richesse et allant bâtir sur le sol étranger des villes neuves, la faveur du prince assurée aux délateurs, aux faux convertis, aux hypocrites, à des fanfarons de zèle, à des apôtres du meurtre, tels furent les effets de la révocation de l'édit de Nantes. Et quelles suites ! On en vint jusqu'à outrager dans les religionnaires la sainteté de l'éternel repos ; cette terre natale qu'on leur avait refusée pour vivre, on la leur refusa pour mourir ; des cadavres furent jugés, ils furent condamnés pour crime d'hérésie ; il y eut à Paris des exemples de défunts enterrés pendant la nuit sous une borne, au détour des rues désertes ; et les enfants de Duquesne s'enfuirent avec les ossements de leur père.

L'autorité morale du clergé pouvait-elle résister à de semblables horreurs, lorsqu'on en rejetait sur lui l'odieux ? Que les excès de la tyrannie se tolèrent dans un pays agricole, on le conçoit : l'homme y est enchaîné au sol, et la terre ne voyage pas. Mais l'industrie voyage ; les manufactures suivent le manufacturier, et vont, quand la tyrannie se montre, où la liberté les appelle, laissant dans les lieux qu'elles ont une fois animés le goût du mouvement, l'ardeur des besoins éveillés, une misère devenue remuante, l'indestructible désir enfin de renaître à la vie par l'indépendance. C'est ce qui arriva justement après la révocation de l'édit de Nantes. Par ce terrible exemple, la France nouvelle et dominante, la France des manufacturiers apprit ce que vaut, pour le développement des richesses, la liberté de conscience. Le travail devint hostile à la religion. D'un côté se trouvèrent les industriels, de l'autre les prêtres.

En absorbant la noblesse, en traînant le clergé à sa suite dans les voies de la persécution et du fanatisme, Louis XIV servait puissamment les intérêts de la bourgeoisie : il les servit bien mieux encore par les rudes, par les mortelles atteintes qu'à son insu il porta au principe monarchique. Car le véritable destructeur de la monarchie absolue en France, dans le monde des idées, c'est Louis XIV ; assertion si étrange en apparence et qui ressemble si fort à un paradoxe que, pour la justifier, quelques développements sont nécessaires.

Nous avons laissé les jansénistes sous le coup des premières rigueurs de-Louis XIV. Depuis, la persécution s'étant calmée, leurs forces s'étaient accrues au point que la papauté ne dédaigna pas de traiter avec eux : au lieu de la signature pure et simple, jusqu'alors exigée par le formulaire, Clément IX se contenta de la signature sincère ; et cette ridicule transaction, source intarissable d'équivoques et de subtilités, fut pompeusement appelée la paix de l'Église. Les jansénistes en devaient le bénéfice à la protection de Lyonne, chargé des affaires étrangères, à l'amitié de la princesse de Conti, et surtout à celle de la duchesse de Longueville, rendue à la dévotion par la lassitude des amours.

La paix une fois conclue, le parti en usa et en profita comme d'une victoire. Saci, qu'on avait mis à la Bastille, en sortit aussitôt et triomphalement. Antoine Arnauld put se montrer dans Paris, où il devint l'objet d'une curiosité qu'ennoblissait l'enthousiasme. Desmares parut en chaire et tint la capitale attentive. De Lyonne étant mort, on appela au ministère des affaires étrangères Pomponne, fils d'Arnauld d'Andilly. Arnauld d'Andilly lui-même fut présenté à la cour, et reçu avec une grâce si encourageante par Louis XIV qu'il osa lui dire : Sire, j'ai une chose à souhaiter : c'est que Votre Majesté daigne m'aimer un peu. A quoi Louis XIV répondit en embrassant le spirituel et beau vieillard[1]. Sans compter que la réputation littéraire de Port-Royal prit, vers ce temps, un vol prodigieux, grâce au premier volume des Essais de morale, par Nicole, et au livre de la Perpétuité de la foi, dans lequel Nicole se joignit à Arnauld pour accabler les protestants. Bientôt on ne parla que du savoir de messieurs de Port-Royal, de leurs vertus, de leur éloquence et de ce tour d'esprit mâle, vigoureux, animé, qui faisait le caractère de leurs livres et de leurs entretiens[2]. Madame de Sévigné les admirait et ne s'en cachait pas. Boileau, sans se donner à leur doctrine, prodiguait à leur talent, les témoignages d'une estime dont on le savait avare. Racine, leur élève, un moment éloigné d'eux par l'anathème dont Nicole avait frappé le théâtre, l'illustre Racine ne tarda pas à céder aux reproches de son cœur et courut se jeter aux pieds d'Antoine Arnauld, lui faisant hommage de sa gloire. Un seul nuage était passé sur tant d'éclat : les religieuses de Port-Royal de Paris avaient été soumises à une direction anti-jansénienne, et séparées, par arrêt du conseil, de leurs sœurs de Port-Royal des Champs[3], qui, plus tard, se déclarèrent leurs ennemies.

Telle était donc la situation du parti, lorsque des complications inattendues vinrent le pousser au rôle qui lui était réservé dans le prologue de la Révolution française.

Louis XIV était entouré, à cette époque, d'un prestige auquel il n'y eut d'égal que son orgueil. Au dehors, il s'était imposé par les guerres de Flandre et par le grand ton de sa diplomatie. Au dedans, il avait imprimé à la royauté un caractère si auguste, que sa cour, composée d'hommes de génie et de héros, ressemblait à celle d'un demi-dieu. L'Europe fut couverte de confusion, elle trembla. Menacée du joug de ce monarque et fatiguée de ses hauteurs, il ne lui suffit point de former contre lui des ligues armées qui l'enveloppèrent ; elle lui chercha, elle lui suscita dans l'intérieur de son propre royaume des ennemis ténébreux. Pour ébranler un trône dans l'ombre duquel tout semblait disparaître, elle eut recours à la turbulence fanatique des théologiens ; et, pendant que l'Empire, l'Espagne, l'électeur de Brandebourg unissaient contre Louis XIV leurs ressentiments et leurs soldats, l'Autriche allemande et l'Autriche espagnole circonvenaient le pape et s'étudiaient à l'aigrir contre le fils aîné de l'Église. Louis XIV en est informé, et sa vengeance éclate. Des confiscations arbitraires atteignent les biens ecclésiastiques ; les bénéfices de l'Église sont grevés de pensions militaires ; une surveillance menaçante pèse sur les porteurs de rentes romaines ; et enfin, deux déclarations du conseil, l'une de 1673, l'autre de 1675, étendent à des provinces qui en avaient été jusqu'alors affranchies, l'exercice de la régale. Or, la régale, on le sait, donnait au roi le droit de jouir des revenus d'un évêché pendant sa vacance, et de conférer les bénéfices qui en dépendaient. C'était se mettre en guerre ouverte avec le Saint-Siège.

Si les jansénistes n'avaient pas craint de perdre dans le repos leur importance acquise dans les troubles, auraient-ils pris parti, en cette occasion, pour la cour de Rome, qui les avait poursuivis de ses exigences avec tant de rigueur ? Et les aurait-on vus, réveillant la colère endormie de Louis XIV, courir au-devant de sa haine ? Ce qui est certain, pourtant, c'est que de leur côté vint l'opposition à l'exercice du droit de régale. Ce furent deux prélats jansénistes, les évêques d'Alet et de Pamiers, qui figurèrent au premier plan de la révolte, animés, encouragés par le pape, dont ils avaient sollicité l'appui, et bien résolus à pousser les choses jusqu'au bout. Ils se tinrent parole à eux-mêmes : Le vieux Pavillon, évêque d'Alet, fit tête au monarque le plus absolu de l'univers, de manière à lasser la persécution. On le réduisit à vivre d'aumônes[4], mais on ne le put vaincre ; et il mourut debout, pour ainsi dire, dans sa résistance, laissant à son collègue de Pamiers l'héritage de son pieux délire. Pendant ce temps, Clément X mourait, lui aussi, et un adversaire digne de Louis XIV montait sur le trône de Saint-Pierre. C'était Odescalchi de Côme. Il était venu à Rome, à l'âge de vingt-cinq ans, l'épée au côté, le pistolet à la ceinture[5] ; il aimait l'Autriche ; il haïssait le roi de France ; et dans l'humilité du prêtre il conservait l'ancienne vigueur du soldat. Son avènement ne fit qu'enflammer la lutte.

Alors commença pour les jansénistes une période de misère et de terreur. La mort leur enlevant la duchesse de Longueville et la disgrâce Pomponne, ils se trouvèrent sans défense sous la main d'un prince irrité. Leur sort devint lamentable. Saci et l'auteur des Mémoires, Fontaine, coururent se cacher dans le château du ministre abattu. Les solitaires du vallon de Chevreuse furent dispersés, les religieuses privées de leurs confesseurs. Antoine Arnauld, Sainte-Marthe, Tillemont, Nicole, s'enfuirent vers les Pays-Bas, où ils tombèrent dans tous les maux de l'exil, à charge aux uns, décriés par les autres, forcés de changer continuellement de demeure, et quelquefois couchant sur la paille[6]. C'est à la suite de ces cruelles épreuves, que l'indomptable Arnauld dit à Nicole, qui faiblissait : Vous voulez vous reposer ? Eh ! n'avez-vous pas pour vous reposer l'éternité tout entière ?[7]

Jeux singuliers de l'histoire ! il arriva que de la ruine apparente des jansénistes sortit le plus fécond de leurs succès.

L'affaire de la régale avait mis le parlement en éveil. Impatient d'étendre sa juridiction aux dépens de la juridiction ecclésiastique et d'arracher à l'Église la tutelle de la royauté, il encourageait les ressentiments du prince et apportait une ardeur systématique à envenimer la querelle. De quel droit le pape osait-il porter la main sur la couronne de France ? Convenait-il de laisser les destins du royaume à la merci d'une puissance étrangère ?

Il était temps de secouer celte lointaine dictature, qu'on cessât de payer à Rome le honteux tribut des annates ; qu'on ne fît plus aux évêques français l'injure de les appeler évêques en vertu d'une permission venue de Rome[8]. De tels discours charmaient Louis XIV. Pourquoi, d'ailleurs, aurait-il hésité ? Il était à ce point maître de son clergé, que le prince de Condé disait : S'il prenait fantaisie au roi d'embrasser le protestantisme, le clergé serait le premier à l'imiter[9]. Une assemblée générale du clergé eut donc lieu à Paris, et elle reçut ordre de se prononcer sur les prétentions de la papauté. Surpris et l'âme en proie au tourment d'une vague inquiétude, Bossuet voulut d'abord se jeter en médiateur entre le roi et le pape. Mais si Bossuet était prêtre, il était aussi courtisan ; et Louis XIV entendait qu'on lui obéît sans réserve : la déclaration de 1682 parut, composée de quatre articles que Bossuet lui-même avait rédigés :

Le pape n'a aucune autorité sur le temporel des rois ;

Le concile général est au-dessus du pape ;

Les libertés de l'Église gallicane sont inviolables ;

Les décisions du pape en matière de foi ne sont irréformables qu'après que l'Église les a acceptées[10].

La portée politique d'un pareil acte était immense. En élevant les rois au-dessus de toute juridiction ecclésiastique, en dérobant aux peuples la garantie que leur promettait le droit accordé au souverain pontife de surveiller les maîtres temporels de la terre, de les contenir, de les suspendre, de délier leurs sujets du serment de fidélité, la déclaration de 1682 semblait placer les trônes dans une région inaccessible aux orages. Louis XIV y fut trompé ; il crut avoir donné à la monarchie absolue des bases éternelles, en la dégageant du plus respecté des contrôles. Mais en cela son erreur fut profonde et fait pitié. Le pouvoir absolu, dans le vrai sens du mot, est chimérique, il est impossible. Il n'y a jamais eu, grâce au ciel ! et il n'y aura jamais de despotisme irresponsable. A quelque degré de violence que la tyrannie s'emporte, le droit de contrôle existe toujours contre elle, ici sous une forme, là sous une autre, mais réel partout, partout impérissable, et tôt ou tard agissant. Dans l'effroi que vous inspire la force de ce tyran qui a plus de bourreaux que d'esclaves, gardez-vous de nier d'avance sa chute : s'il n'y a pas de bill qui l'arrête, une insurrection le menace ; et quand la révolte populaire vient d'impuissance mourir à ses pieds, la pointe cachée d'un poignard touche peut-être à son cœur. La déclaration de 1682 ne changeait rien à la nécessité du droit de contrôle. Donc, elle ne faisait que le déplacer, en l'enlevant au pape ; et elle le déplaçait pour le transporter au parlement d'abord, puis à la multitude.

Que les papes n'aient pas fait tourner, bien souvent, à l'avantage des peuples le haut patronage qu'immortalisa le génie de Grégoire VII, c'est trop certain ; et sous ce rapport, il y a beaucoup à reprendre aux arguments dirigés contre le gallicanisme par deux illustres écrivains de nos jours, MM. de Lamennais et Joseph de Maistre. Mais c'est précisément la folie de Louis XIV et de ses ministres de n'avoir pas compris que la compétence des papes en matière de souveraineté protégeait les rois, loin de leur être contraire, puisqu'elle offrait aux peuples une garantie presque toujours illusoire, et qui les pouvait rassurer, sans les servir. La suite le prouva bien.

Le moment vint, en France, où la nation s'aperçut que l'indépendance des rois, c'était la servitude des peuples.

La nation alors se leva indignée, à bout de souffrances, demandant justice. Mais les juges de la royauté manquant, la nation se fit justice elle-même, et l'excommunication fut remplacée par un arrêt de mort.

Le second article de la déclaration n'était pas moins révolutionnaire que le premier. Car, affirmer la supériorité des conciles sur les papes, c'était conduire à celle des assemblées sur les rois. Quel motif pour qu'une monarchie temporelle fût plus absolue qu'une monarchie spirituelle ? Une couronne était-elle donc plus sacrée qu'une tiare ? Voilà vers quel rapprochement redoutable la déclaration de 1682 précipitait les esprits. L'exemple des Anglais était là, d'ailleurs. On avait vu Pym et Cromwell, des meneurs d'assemblées, frapper des coups dont le retentissement durait encore ; et quand Louis XIV le hasardait imprudemment, ce tumultueux principe des souverainetés multiples, quarante ans ne s'étaient pas écoulés depuis que l'Angleterre, par ses communes, avait tué son roi.

Et pourtant, cette doctrine où le régicide germait, Louis XIV l'établit avec une satisfaction hautaine ; que dis-je ? pour qu'elle grandît en quelque sorte dans la génération naissante, il en fit l'objet d'un enseignement public et forcé. Il n'en fallait pas tant ; car les jours de la bourgeoisie approchaient. Les quatre articles furent donc salués par une longue acclamation. Arnauld, que Rome sollicitait à les attaquer, par l'appât du chapeau de cardinal, n'entra en lice que pour les défendre[11]. Les parlementaires tressaillirent d'espoir. Un même élan réunit les disciples de Calvin, ceux de Jansénius, tous les partis déclassés, toutes les opinions grondantes. De telles manifestations n'auraient-elles pas dû avertir Louis XIV de la faute commise ? Mais non : elles irritèrent son orgueil, sans parler à son intelligence. Il lui déplut que des partis abhorrés par lui triomphassent d'une déclaration, œuvre de sa volonté souveraine, et dont il avait espéré pour lui seul tout le bénéfice et toute la joie. Des applaudissements qu'il ne commandait point l'offensèrent comme une usurpation de son droit. Et c'est alors que, pour montrer aux calvinistes que la vigueur de son bras ne s'était point perdue à frapper Rome, il éclata par cette effroyable révocation de l'édit de Nantes, dont nous avons dit les effets.

Ainsi, après avoir, dans la déclaration de 1682, fourni aux adversaires du principe d'autorité une arme terrible, il les poussait par la persécution à l'agiter et à s'en servir. C'était entrer dans une carrière de folies qu'il parcourut jusqu'au bout.

Toutefois, les violences que sa colère gardait aux jansénistes se trouvèrent comme suspendues, tant que le père de La Chaise fut son confesseur. Mais lorsque, abaissé sous le double joug du farouche Tellier et de madame de Maintenon, il eut contre lui les artifices combinés du mauvais prêtre et de là femme sans cœur, tout se précipita. On persuada aisément à ce prodigieux égoïste que c'était à ses sujets à payer la rançon de son âme. Des milliers d'hommes avaient péri, pour sa gloire, sur les champs de bataille, quand il était jeune et guerrier : dans sa vieillesse dévote, il lui sembla naturel de proscrire, pour son salut, le quart de son royaume. La destruction de Port-Royal fut résolue.

Les détails nous en ont été conservés dans le chapitre placé en tête des Mémoires de Fontaine : ils sont odieux.

On vit une bande d'archers insolents fondre sur une maison qu'habitaient des filles d'une piété sombre mais sincère. Interdites, épouvantées, on les rassemble, on les compte ainsi qu'on fait d'un vil troupeau, et, au milieu des propos licencieux, au bruit du rire moqueur des soldats, on les chasse[12]. Puis, pour couronner le scandale et ôter à la crédulité populaire tout prétexte aux pèlerinages pieux, vient l'arrêt du 22 janvier 1710, en vertu duquel les murs du cloître sont démolis, leurs ruines jetées au vent, les sépulcres ouverts et les ossements dispersés[13].

C'était peu : il fallait au confesseur, il fallait à la favorite une espèce de pierre de touche au moyen de laquelle ils pussent reconnaître leurs ennemis cachés et les perdre auprès du roi. De là l'idée de demander au pape, sous couleur de bulle, un code ecclésiastique de proscription.

Qu'après les troubles excités par l'Augustinus, il ait été donné à un ouvrage du même genre de disputer l'attention des hommes aux événements les plus fameux, et que de cet ouvrage soient sortis, comme d'une source empestée, des maux sans nombre, des persécutions inouïes, l'emprisonnement pour les uns, pour les autres l'exil, le soulèvement de la magistrature par tout le royaume, des séditions, des scènes d'une bouffonnerie tragique au pied des autels ou au milieu des tombeaux, un affreux débordement enfin de haines, de scandales et de folies, qui n'en éprouverait un sentiment profond de surprise et une pitié mêlée d'horreur ? Telle fut pourtant la destinée du livre de Quesnel intitulé Réflexions morales sur le Nouveau Testament.

Ce livre qui commentait l'Évangile, en exhalait, dans mainte page, le parfum sacré. Il était devenu cher aux âmes pieuses, et longtemps il fut à l'abri de toute censure.

Attaqué en 1703 par un auteur qui ne se nommait pas, il avait eu cette fortune insigne d'être défendu par un évêque qui se nommait Bossuet[14] ; et le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, n'avait cessé de le couvrir d'une protection éclatante. Il est vrai qu'en 1708 un bref du pape le condamna comme sentant l'hérésie jansénienne ; mais le bref n'ayant pas été reçu en France, on ne s'en préoccupait plus quand Tellier conçut le projet de faire revivre l'acte de censure sous une forme solennelle. Humilier le cardinal de Noailles, son ennemi ; venger les jésuites de la haine sourde de ce prélat et de ses mépris austères ; réduire le jansénisme aux abois, et, suivant les triviales mais énergiques paroles de Saint-Simon, avoir un pot au noir pour barbouiller qui on voudrait et qui ne s'en pourrait douter[15], voilà ce que Tellier avait résolu.

Qui le croirait ? dans cette ténébreuse besogne, il eut pour auxiliaires, à côté de Bissy que tentait la pourpre romaine, le doux et tolérant archevêque de Cambrai. Oui, Fénelon lui-même ne craignit pas de se faire l'agent d'un système de persécution[16], soit qu'ayant encouru, pour son livre des Maximes des Saints, le blâme du Saint-Siège, il cédât au désir secret et coupable d'effacer sous le malheur d'autrui la trace de son propre malheur, soit qu'il n'y eût dans sa déclaration de guerre au jansénisme que la révolte d'une âme tendre contre un rigorisme sans élévation et des dogmes inhumains.

Les choses allèrent donc au gré du confesseur.

Louis XIV se crut sauvé s'il obtenait de Rome qu'elle accablât de sa colère, dans un livre qu'il n'avait pas lu, des thèses qu'il ne comprenait pas ; et le 12 décembre 1711, le cardinal de La Trimoille reçut l'ordre de demander au pape une Constitution qualifiant toutes les propositions hérétiques contenues dans le livre de Quesnel.

Prenez garde ! prenez garde ! criaient au Saint-Père quelques vieillards prudents, ce qu'on vous demande, c'est une torche qui peut embraser tout un royaume. Mais Tellier envoyait à l'ambassadeur français courriers sur courriers ; le cardinal Fabroni n'épargnait rien pour enflammer le zèle des qualificateurs du Saint-Office ; le jésuite Daubenton était là pressant l'affaire au nom de son impérieuse compagnie ; Louis XIV insistait, il promettait la soumission de la France ; et l'on distribuait autour du Vatican un mémoire contre le jansénisme, écrit de la main du Dauphin[17] et tiré de sa cassette : la bulle Unigenitus parut. Elle avait été signée par Clément XI le 8 septembre 1713, après dix-huit mois d'un laborieux examen ; et elle apportait en France un demi-siècle de discordes.

Le bruit qu'elle a fait dans notre pays serait inconcevable si toutes les propositions condamnées eussent été du genre de celles-ci : Il n'y a point de charmes qui ne cèdent à ceux de la Grâce, parce que rien ne résiste au Tout-Puissant. — C'est en vain qu'on crie à Dieu : Mon père, mon père, si ce n'est pas l'esprit de charité qui crie. — Le dimanche doit être sanctifié par des lectures de piété, etc., etc. Mais Quesnel avait dit dans son livre : La crainte d'une excommunication injuste ne nous doit point empêcher de faire notre devoir. Or, condamner cette proposition, comme le faisait la bulle Unigenitus, c'était proclamer de nouveau le droit des papes à dominer la conscience des rois, à gouverner les royaumes par la terreur des divins anathèmes ; c'était renverser de fond en comble la doctrine que la déclaration de 1682 avait consacrée. Là était le côté sérieux de la bulle, et Louis XIV ne la pouvait accepter sans se donner à lui-même un démenti scandaleux. Mais égaré alors au milieu des disputes théologiques, affaibli par l'âge, entouré d'images lugubres, il sacrifiait tout à l'horreur de cette nuit éternelle dans laquelle il se sentait à la veille d'entrer.

La bulle passa les monts. Mais aussitôt l'agitation commence. Le parlement s'alarme et cherche une issue à son mécontentement qu'on enchaîne. Espérant aigrir dans le cardinal de Noailles le sentiment de la défaite, les jansénistes se pressent avec ardeur au tour de lui ; et Quesnel, humble et soumis jusqu'alors, s'écrie, aux applaudissements des siens : La bulle vient de frapper d'un seul coup cent une vérités. L'accepter, ce serait réaliser la prophétie de Daniel lorsqu'il dit qu'une partie des forts est tombée comme les étoiles du ciel[18]. Pendant ce temps, les prélats qui se trouvaient à Paris s'assemblent, délibèrent, se mêlent ou se séparent dans le tumulte des plus haineux débats. Quarante se prononcèrent pour la constitution et pour une instruction pastorale qui en devait répandre l'esprit ; neuf, parmi lesquels M. de Noailles, demandèrent des explications. Irrité, Louis XIV interdit au cardinal Versailles et sa présence ; il intime aux huit prélats opposants l'ordre de regagner sous trois jours leurs diocèses, et, bien résolu à forcer par lettres patentes, enregistrées au parlement, l'acceptation de la bulle, il mande les gens du roi.

Il avait accoutumé le parlement à obéir en silence ; et cependant, il lui fut adressé, en cette occasion, des paroles au fond desquelles semblaient déjà gronder sourdement les futures révoltes. Le monarque entendait-il, par ses lettres patentes, se rendre juge entre des évêques et décider d'une question de foi ? Jamais assemblée pareille à celle qui venait d'être tenue sur la constitution n'avait été confirmée de la sorte. Aussi bien, les constitutions de Rome n'obligeaient point en France ; et la bulle Unigenitus émettait, au sujet de l'excommunication, des principes trop contraires aux maximes du royaume pour qu'on la pût accepter sans réserve. Voilà ce que le 'procureur général d'Aguesseau et Joly de Fleury représentèrent à l'altier monarque[19]. Et ils demandaient que, tout au moins, on remplaçât, dans les lettres patentes, le mot enjoignons par celui d'exhortons[20]. Louis XIV se montra disposé d'abord à souscrire à ce changement ; mais il se ravisa bien vite, et le 15 février 1714, les lettres patentes, rédigées dans le style du pouvoir absolu, furent portées au parlement. Les Grand'Chambre et Tournelle avaient été convoquées, suivant la coutume ; mais plusieurs présidents et conseillers s'absentèrent de parti pris[21], ou se tinrent collés à la muraille près la porte, comme simples spectateurs[22]. D'autres, plus courageux, s'étaient promis de tenter les hasards de la résistance. Dans le discours où il requérait l'enregistrement, l'avocat général, Joly de Fleury ne manqua pas de rappeler à quels abus les propositions sur le droit d'excommunier pouvaient ouvrir carrière, et il fit expressément réserve des droits et maximes du royaume[23]. Le mot enjoignons fut ensuite critiqué avec une fermeté mêlée de prudence par l'abbé Pucelle, auquel se joignirent plusieurs conseillers. Mais comme l'un d'eux prenait la parole, le président, pour couper court à une discussion pleine de périls, se tourna vers le greffier et lui dit : Qu'on écrive le nom de monsieur[24]. Il n'en fallut pas davantage pour faire rentrer dans le silence une assemblée que l'ombre seule de Louis XIV épouvantait. Toutefois, les lettres patentes et l'arrêt d'enregistrement ne furent point publiés dans la forme ordinaire. On défendit aux colporteurs de les crier par les rues : on se contentait de les présenter, sur la voie publique, à qui les voulait acheter[25].

Ainsi fut introduite en France cette fameuse bulle Unigenitus, par qui la doctrine des quatre articles était renversée. Mais il était trop tard. Le principe de la souveraineté des assemblées prévalait déjà dans les esprits.

Les protestants l'adoptèrent, en haine de Rome ; les jansénistes, par opposition à la cour, qui les persécutait ; les parlements, parce qu'ils brûlaient de mettre la royauté en sous-ordre ; les philosophes, parce qu'ils voulaient innover ; tous les mécontents, parce qu'ils voulaient détruire. Aussi la bulle Unigenitus ne fit-elle que fournir le champ de bataille où allaient se livrer, pendant cinquante ans, les combats de la pensée. La royauté y reçut des blessures mortelles. Louis XIV, en 1682, avait posé les prémisses du syllogisme dont les Conventionnels tirèrent, plus tard, la conclusion en frappant Louis XVI.

Tels sont les graves enseignements qui se peuvent tirer de la vie du grand roi ; ceux que donne sa mort ne sont pas de moindre importance : il convient de la rappeler, cette mort, pour l'éternelle satisfaction du peuple vengé.

Jeune, on avait vu Louis XIV étonner les hommes, les éblouir. Son bonheur semblait avoir dépassé les limites humaines. L'Europe qu'agitaient ses guerres et que l'éclat de ses fêtes humiliait, n'avait pu se défendre de l'admirer et de le subir. La France le contemplait à genoux. Suivi d'un cortège de grands hommes, il avait traversé son siècle en le remplissant de sa présence.

Maintenant, vieux, atteint de langueur, seul parmi les fantômes de son passé, et, quand la mort vint s'abattre sur toute sa maison, réduit à craindre un empoisonneur dans son neveu, il ne représentait plus, de la France monarchique, que son épuisement et son deuil. Pour qu'il ne cessât point de se croire un potentat, on lui avait donné Port-Royal à détruire, les consciences à violenter : c'était fournir à son despotisme un aliment nouveau et rajeunir son rôle. Mais cela même ne put suffire. Le monarque le plus absolu qui fut jamais succombait au sentiment de son impuissance. Du temps que j'étais roi, disait-il avec amertume ; et il se cherchait dans son palais vide.

On se souvient de ce prétendu ambassadeur de Perse reçu à Versailles en audience solennelle[26]. Ce jour-là, en présence de sa cour, Louis XIV parut, pâle déjà de sa mort prochaine, mais couvert de pierreries et souriant.

On eût dit que son siècle achevé revivait à ses yeux, qu'il en écoutait encore le bruit dans ses souvenirs. Et pourtant ce n'était qu'une mensongère parade imaginée par quelques courtisans pour tromper la mélancolie de leur vieux maître et raffermir son orgueil découragé.

Ce devaient être là les dernières joies de Louis XIV. Six mois après, il était étendu sur son lit de mort. Et ce fut alors un spectacle aussi instructif que terrible. Pas un visage ami, pas un consolateur suprême autour de ce roi qui s'était cru adoré. Tellier était à ses intrigues, et le cardinal de Rohan à ses plaisirs. Ennuyée de la compagnie d'un moribond duquel on n'avait plus rien à attendre, madame de Maintenon avait pris la route de son couvent[27]. A cent pas de son père, qui l'avait aimé jusqu'au scandale et qui agonisait, le duc du Maine faisait rire ses familiers en leur racontant une histoire plaisante[28]. Quant aux courtisans, ils affluaient chez le duc d'Orléans et prenaient date.

Ainsi Louis XIV mourut, cherchant en vain autour de lui un regard secourable, se frappant la poitrine, récitant le Confiteor, et n'ayant là pour le pleurer que quelques valets, dont c'était l'office.

Son cœur fut porté à l'église de Saint-Antoine, par six jésuites entassés dans un carrosse[29], et son corps à Saint-Denis. La multitude ne se divertissait pas depuis longtemps : les funérailles du roi la ranimèrent. Elle couvrit gaiement la plaine. On y apportait toute espèce de mets et de rafraîchissements[30]. On but, on chanta ; le trône fut insulté jusque dans un cercueil : évidemment une révolution approchait.

 

 

 



[1] Petitot, Notice sur Port-Royal, p. 208.

[2] Voltaire, Siècle de Louis XIV, chap. XXXVII.

[3] Mémoires de Fontaine, t. I, p. 59.

[4] Ranke, Hist. de la papauté, t. IV, p. 456.

[5] Ranke, Hist. de la papauté, t. IV, p. 454.

[6] Lettre de Nicole, citée par Petitot, p. 228.

[7] Lettre de Nicole, citée par Petitot, p. 227.

[8] Siècle de Louis XIV, t. III, chap. XXXV, p. 113.

[9] Ranke, Hist. de la papauté, t. IV, p. 458.

[10] Voyez le texte latin dans les Œuvres complètes de Bossuet, t. IX, p. 9 : Cleri gallicani de ecclesiastica potestate declaratio.

[11] Racine, Hist. de Port-Royal, p. 175.

[12] Mémoires de Fontaine, t. I, p. 93 et suiv.

[13] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII chap. X, p. 154. Édit. Sautelet, 1829.

[14] Hist. du livre des Réflexions morales sur le Nouveau Testament et de la constitution Unigenitus, t. I, p. 97. Amsterdam, MDCCXXIII.

[15] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, chap. X, p. 157.

[16] Hist. de la constitution Unigenitus, t. I, p. 101. — Journal de l'abbé Dorsanne, t. I, p. 5. MDCCLVI.

[17] Journal de l'abbé Dorsanne, t. I, p. 15.

[18] Picot, Mémoires ecclésiastiques, t. II, p. 90.

[19] Journal de l'abbé Dorsanne, t. I, p. 102 et 105.

[20] Journal de l'abbé Dorsanne, t. I, p. 102 et 105.

[21] Hist. de la constitution Unigenitus, t. II, p. 2.

[22] Journal de l'abbé Dorsanne, t. I, p. 107.

[23] Picot, Mémoires ecclésiastiques, t. I, p. 95.

[24] Journal de l'abbé Dorsanne, t. I, p. 108.

[25] Journal de l'abbé Dorsanne.

[26] Mémoires de Duclos, t. X de la Collection Michaud et Poujoulat, p. 477.

[27] Mémoires de Saint-Simon, t. XII, p. 492.

[28] Mémoires de Saint-Simon, t. XII, p. 492.

[29] Lemontey, Hist. de la Régence, t. I, p. 40.

[30] Mémoires de Duclos, t. X de la Collection Michaud, p. 498.