Foi religieuse de Louis XIII. — Les pratiques qu'impose au roi le cérémonial traditionnel ; Louis XIII, au dehors, froid et contenu ; ses sentiments intimes, sa vive piété ; il veut imiter saint Louis ; il protège les ordres religieux, surtout les Jésuites. — Mais, comme saint Louis, il entend, dans les affaires politiques, conserver son indépendance. — Témoignage de cette préoccupation : son altitude vis à vis des protestants : il a adopté à leur égard le principe de la liberté de conscience ; il réprime leurs rébellions, mais les laisse libres de croire ce qu'ils veulent. Il les protège même, subventionne leurs pasteurs et leurs écoles. — Puis, préoccupé de concilier cette politique avec ces propres devoirs religieux, il tente secrètement une entreprise de conversion des réformés au moyen de promesses de titres et d'argent. — Organisation de cette entreprise ; région où elle est essayée : Cévennes, Vivarais, Dauphiné ; les agents. — On cherche surtout les conversions des pasteurs ou de la noblesse. — Pourquoi la noblesse a suivi. — Importance relative des conversions obtenues : elles ne paraissent pas avoir été durables.Interrogé par le gouverneur de Louis XIII, M. de Souvré, sur ce qu'il convenait d'apprendre au prince en matière religieuse, Héroard répondait : il faut lui enseigner que la première sagesse de l'homme c'est de cognoistre, aimer et craindre Dieu, pour le servir, après, selon sa volonté ; et il faut de bonne heure imprimer cette doctrine en l'esprit de ce prince comme la seule qui produise les vertus, règle nos mœurs et nos actions et engendre la paix et la tranquillité de l'âme ; mais il ajoutait : ayant à prendre soigneuse garde de ne point faire un superstitieux au lieu d'un homme pie et vraiment religieux[1]. Elevé pour être le roi très chrétien, au milieu d'une société par elle-même croyante[2], Louis XIII ne pouvait être qu'un prince religieux. Il fut un roi pieux, mais, par certains côtés, d'esprit indépendant. Publiquement, il n'en faisait pas plus que ce que le
cérémonial imposait au roi de France, la messe basse tous les matins, même en
voyage, même pendant les campagnes et les sièges ; la grand'messe chantée
tous les dimanches, la confession une fois par mois, la communion à quatre ou
cinq grandes fêtes de l'année, et des processions du Saint Sacrement à suivre
à pied, tête nue[3].
Il remplissait ces devoirs ponctuellement, avec dignité. Dans l'intimité, et
pour ceux qui l'approchaient, comme ses aumôniers et confesseurs, il était un
objet d'édification. Je puis en parler avec vérité,
écrivait son aumônier servant, Guillaume du Peyrat, étant
entré en quartier auprès de Sa Majesté dès le lendemain du déplorable décès
du roi son père par le commandement de feu Monseigneur le cardinal du Perron
: le matin, au sortir de lit, Sa Majesté prioit Dieu en son oratoire avec une
telle dévotion qu'il ravissoit ceux qui le voyoient, prenant toujours de
l'eau bénite à l'entrée et à la fin de ses prières ; le soir, étant dans son
lit, avant que de s'abandonner au sommeil, il appeloit son aumônier servant,
lequel, étant à genoux près du lit de Sa Majesté, le voyoit incontinent prier
Dieu avec une dévotion incroyable, et, les prières finies, prendre un
goupillon d'argent du bénitier, s'en arroser lui-même et le lit, quant et
quant, en divers endroits[4]. Le confesseur,
le père Arnoux, avouait au nonce avec quel esprit pénétré Louis XIII
s'approchait des sacrements, comment il pleurait même de componction[5]. Tout le monde
trouvera le prince soumis à la volonté de Dieu[6]. Plus tard
Mesdames de Il ne se contentait pas d'assister à la messe tous les matins ; il disait des heures canoniales, ce que Héroard appelait son bréviaire, un bréviaire fait pour lui, nommé les petites heures du roi, avec des oraisons composées par le P. Cotton, et les fériés consacrées à des dévotions préférées par le prince : le Saint Esprit, saint Louis, le Saint Sacrement, la sainte Croix. Il disait les heures avec son aumônier ou son confesseur. Le P. Cotton relevait son exactitude, la connaissance exacte qu'il avait des rubriques[8]. Autour de lui, dans sa cour le jeune roi tenait à ce que les pratiques religieuses fussent observées. Si un courtisan riait pendant l'office, il l'envoyait prier de se taire[9]. Faisant ses pâques, il désirait que tous les chevaliers du Saint-Esprit, à ce moment près de lui, l'imitassent. En campagne, au moment d'une affaire, il communiait et presque toute la noblesse et les seigneurs de la suite communioient en la même église[10]. En 1622, à Toulouse, il recommandera aux officiers de son armée de mettre ordre à leur conscience en prévision des combats prochains : 600 d'entre eux communieront en un seul jour, s'affilieront à la confrérie des pénitents bleus de saint Jérôme et iront processionner à l'Église du Taur[11]. Au siège de Saint-Jean-d'Angély il prescrivait qu'en toutes les tranchées on fit des oraisons publiques à l'entrée en garde[12]. Il renouvela les vieilles ordonnances contrôles blasphémateurs[13]. Préoccupé des agissements de ceux du cachot athéiste, comme on disait et que le père Garasse dénonçait avec véhémence[14] : — poètes, accusés de ne pas plus croire en Dieu que Vanini et de dépenser tout leur argent au cabaret[15], romanciers à l'imagination licencieuse[16], — il prenait des mesures, chassait Théophile de Viau de sa cour en 1623 comme impie, et faisait condamner le Parnasse satyrique par le Parlement[17]. En vérité depuis saint Louis, on n'avoit jamais vu roi si pieux, si dévotieux et qui abhorrât tant le vice et estimât la vertu ![18] De l'avis de tous il était un modèle. Le roi n'a aucun vice, disait Fontenay-Mareuil, non pas même ceux auxquels les jeunes gens sont les plus
sujets. Les mouvements et les secousses des
choses vicieuses, appuyait Héroard, n'auront
jamais assez de force pour le faire branler[19]. A en croire ses
familiers, sa piété ne pouvait être plus parfaite. Le
roi vivoit en la vie unitive : il avoit acquis cet état glorieux de
communication entière avec la divinité auquel les religieux les plus purs ne
peuvent parvenir qu'après être longtemps demeurés en la voie purgative et
illuminative[20]. Nous avons un prince selon le cœur de Dieu,
s'écriait Jean-Pierre Camus[21] ! Et nombre de
gens disaient que Louis XIII était un saint[22]. On le comparait
à saint Louis : On voit renaître en la personne de
votre Majesté, lui écrivait le duc de Ventadour le 19 janvier 1619, les grandes, les saintes et généreuses actions de ce bon
roi saint Louis, lequel, par ses prières, fera prospérer, un siècle entier,
la personne et le règne de votre Majesté ![23] Comme saint
Louis, assurait une prophétie, il irait délivrer les lieux saints[24]. Et de fait, parmi tous les saints, celui que Louis XIII préférait
était le saint roi du Moyen-âge, son prédécesseur, son patron. Chaque jour il
disait une oraison en son honneur[25]. Il avait
demandé et obtenu du pape que saint Louis fut honoré d'un office double en
France, semi double au dehors[26] et le 25 août
1618, il avait célébré solennellement la première fête du bienheureux à
l'église Saint Louis des Jésuites par une grand'messe chantée, avec
procession, illumination le soir et feu d'artifice sur la Seine[27]. Il voulait
imiter son ancêtre. Comme lui il faisait des vœux de pèlerinage, sinon en
Terre Sainte, au moins à Rome, ou à Lorette, puis, il est vrai, ne pouvant
quitter le royaume, chargeait le P. Cotton de les exécuter à sa place[28]. Comme lui
encore, il était plein de bienveillance à l'égard du clergé, maintenant et
confirmant les immunités, franchises, exemptions des
ecclésiastiques séculiers et réguliers[29] ; il
s'intéressait aux réformes des monastères, aux prêtres et écoliers irlandais
réfugiés à Paris[30]. A défaut des
Cisterciens, l'ordre blanche, pour lesquels
le roi du XIIIe siècle avait eu une prédilection si marquée, il avait accordé
ses préférences aux Jésuites ; il les aimait[31] ; il
recommandait au pape la canonisation de saint Ignace en lui disant tout ce
qu'il devait aux pères de la compagnie : les premières
instructions que j'ai reçues en la foi et bonnes mœurs, écrivait-il, ont été
des pères Jésuites ; ils ont eu jusqu'à présent la direction de ma conscience
dont je demeure très satisfait[32]. Il entendit les
réinstaller à Paris, caressa, à cet effet, Mais comme saint Louis, aussi, il entendait, vis-à-vis des ecclésiastiques, conserver son indépendance de roi. Il n'admettait pas que, sous couleur de religion, on lui imposât une idée ou un acte qu'il pouvait croire contraire au bien du royaume. Un contemporain écrivait de lui : il a un zèle religieux sans superstition[35]. Cette absence de superstition se manifestait par une grande liberté d'esprit et de caractère. Nous l'avons vu refusant de demander l'absolution à Rome pour avoir fait arrêter légitimement un cardinal. Lorsque le pape permettait à des religieux ou des religieuses de fonder un couvent dans une ville de France, Louis XIII mandait au gouverneur de la province de tenir la main à ce que l'on n'entreprît rien en l'affaire sans le consentement du corps de ville, auquel, ajoutait-il, vous ferez entendre mes intentions sur ce sujet, et ces intentions étaient défavorables[36]. Jaloux de ses prérogatives, il ne voulait pas qu'un ecclésiastique, confesseur ou prélat, pesât sur ses déterminations politiques[37]. Il ne se laissait pas toucher par les considérations théologiques. L'exemple le plus remarquable de cette attitude de Louis XIII a été sa conduite vis-à-vis des protestants. Il a adopté à leur égard le principe de la liberté de conscience : mot et chose ont été invoqués par lui et compris par lui dans un sens moderne : il est demeuré fidèle à sa pensée malgré toutes les prières et les objections. La fermeté et la fixité de ses idées, dans cette question, ont été remarquables ; les conséquences pratiques qu'a eue l'action personnelle du prince sur ce point, lorsqu'il a environ vingt ans, sont demeurées jusqu'ici peu connues. Au milieu des luttes religieuses, qui ont été vives en France de 1618 à 1624[38], les réformés reprochaient au gouvernement de ne pas faire observer l'Edit de Nantes. Par l'organe de leurs assemblées, ils se plaignaient qu'on leur enlevât des places de sûreté ; qu'on leur défendit de se réunir ; qu'on brûlât leurs temples et massacrât leurs coreligionnaires : qu'on prît des mesures militaires contre eux[39]. Les ministres du roi répondaient que l'Edit de Nantes n'accordait aux réformés aucune place de sûreté ; qu'il tolérait leurs assemblées et leurs unions à condition que celles-ci fussent autorisées par le roi — autorisation dont se passaient les protestants ; — que les excès signalés étaient des crimes individuels lesquels seraient punis, mais dont on ne pouvait rendre le roi responsable ; que quant aux mesures militaires, elles devenaient nécessaires devant l'altitude menaçante des réformés[40]. Les protestants déclaraient alors qu'en fait ce qu'on voulait, c'était détruire leur religion. Il existait, affirmaient-ils, une conspiration universelle contre eux. Dans les provinces on les persécutait ; des magistrats écrivaient des livres sur les moyens de les détruire ; moines et religieux, surtout les Jésuites, crioient en chaire pour les rendre odieux et afin d'émouvoir à la persécution contre eux ; à la cour les violents dominaient dans les conseils ; le roi était contraint par le pape et le roi d'Espagne ta entreprendre de les faire disparaître[41]. Et par précaution ils s'armaient. Les gentilshommes réformés levoient des gens de pied et dressoient des compagnies ; les villes protestantes fermaient leurs portes, donnaient des mousquets à leurs bourgeois, lesquels couraient les champs, tuaient les papistes, attaquaient les bourgs, traînant après eux des canons qu'ils appelaient des chasse-messes[42]. Ils assuraient demeurer fidèles au roi ; ils n'entendaient pas se départir de l'obéissance et service très fidèles dus à Sa Majesté à quoi ils se confessoient obligés par les liens de conscience et de religion[43]. Mais le populaire des petites villes huguenotes, plus franc, ne cachait pas les sentiments réels qu'il éprouvait : il se moquait de Louis XIII, l'appelant dans le midi : Louiset lou charmant, Louiset lou cassayre ; l'injuriant, le traitant en prince étranger : travaillant à remparer leurs murs ils jetoient des mots de gueule parmi leurs travaux contre Sa Majesté, qu'ils appeloient par sobriquet Louis et déchargeant la hotte sur les fossés disoient : voilà pour Louis ! avec plusieurs blasphèmes proférés contre l'oint de Dieu, que je n'ose mettre sur le papier, dit un témoin[44]. A la suite des affaires du Béarn, ils allèrent jusqu'à
prononcer, le 10 mai 1621, dans une assemblée générale tenue à L'opinion catholique s'exalta. Ils appellent persécution, écrivait Malingre, la demande qu'on leur fait d'obéir, comme si l'obéissance répugnoit à la liberté de leur vie religieuse ! L'effervescence gagna de proche en proche. Il y eut des incidents[46]. A Tours, à l'occasion de l'enterrement d'un religionnaire, une miliace de menue canaille se jeta sur le convoi qui fut dispersé, envahit le temple, l'incendia et manqua massacrer les protestants de la ville. A Poitiers, le cimetière réformé fut défoncé[47]. A Paris, lorsqu'arriva la nouvelle, en 1621, de la mort du duc de Mayenne, tué sous Montauban, ce fut une excitation générale. Quelques jours après devait avoir lieu un prêche solennel au temple de Charenton ; la foule se porta sur le passage des réformés ; les autorités mobilisèrent les forces disponibles, archers montés et sergents, afin de maintenir l'ordre ; il y eut des bagarres, nombre de blessés, trois ou quatre tués ; à la fin la foule se porta sur Charenton et brûla le temple où heureusement il n'y avait plus personne. Le lendemain, au faubourg Saint-Marcel, un protestant était massacré et sa maison pillée[48]. De tous côtés, alors, les catholiques se levèrent. Les gentilshommes, formant des compagnies, couraient aux huguenots, appelaient les bourgeois à leur aide et opposaient les violences aux violences : c'était la guerre civile[49]. Au milieu de ces passions déchaînées, Louis XIII gardait son sang-froid. Certes, il ne pouvait pas admettre, que son royaume fut en proie à l'anarchie, qu'on méprisât son autorité, qu'un pouvoir, rival du sien, érigeât un gouvernement en face de celui du souverain. Au mépris de mes déclarations, disait-il, ceux de la religion prétendue réformée n'ont pas délaissé de tenir des assemblées en plusieurs endroits de mon royaume sous divers titres et prétextes, dans lesquelles ils ont fait des décrets comme d'autorité souveraine, publié des ordonnances pour tenir la campagne en armes, courir sus et prendre, comme par représailles, mes sujets ; élu et nommé des chefs tant pour la campagne que pour la ville ; et y ont pris, pour leur conduite, d'autres résolutions si pernicieuses qu'il s'en est ensuivi des licences, excès et désordres très grands, toutes contraires et préjudiciables à mon autorité et à l'obéissance qui m'est due[50]. Cela, il ne pouvait pas le tolérer. Il prendrait donc les armes afin de châtier les rebelles et de les faire rentrer dans l'ordre. Mais, par ailleurs, il demeurait fermement décidé à laisser les réformés libres de croire et pratiquer la religion de leur choix. Solennellement, il protestoit devant Dieu et devant les hommes n'être porté à cette résolution d'armes que pour punir la révolte de ses mauvais sujets et maintenir son autorité dans son royaume[51]. On invoquait l'Edit de Nantes : nul n'était plus décidé que lui à le respecter ; et c'était précisément parce que les protestants le violaient qu'il marchait contre eux. L'article 82 de l'Edit interdisait les unions des églises entre elles, les levées d'hommes de guerre, les assemblées ; Louis XIII avait maintes fois renouvelé la défense à ses sujets de la religion prétendue réformée de s'assembler sans sa permission. On n'en avait pas tenu compte : c'était cette désobéissance qu'il punissait par la force. Pour la liberté de conscience il n'y porterait aucune atteinte[52]. L'auteur anonyme de l’Apologie en faveur du roi résumait la question lorsqu'il écrivait : Le roi ne fait pas la guerre contre les religionnaires de France, mais se porte à la conservation de son autorité royale, entretenant toujours les édits de pacification, et ne troublant en rien les religionnaires en l'exercice de leur religion et paisible possession de leurs biens[53]. Et, le comprenant bien, les protestants étaient loin d'être unanimes dans la révolte : une grande partie blâmaient la conduite de leurs coreligionnaires, se prononçaient ostensiblement pour le roi, s'enrôlaient dans les armées de Sa Majesté afin d'aider à la répression des soulèvements[54]. De ces réformés, loyaux sujets, Louis XIII en avait partout autour de lui, à la cour, dans les troupes. Il les traitait avec la même bonne grâce que les catholiques. Vous ne sauriez distinguer par ses caresses, disait un témoin, ceux qui sont de diverses religions, mais comme une heure après que son père Henry le Grand avait gagné quelque victoire signalée, on voyait en sa cour les vaincus avec les vainqueurs, on voit semblablement près de son fils les catholiques et les huguenots traités avec égale faveur[55]. Le jeune roi avait des huguenots jusque dans son intimité la plus proche. Il conservait des valets de chambre protestants ; son médecin, le fidèle Héroard, si estimé, et qui ne le quittait jamais, appartenait à une famille de réformés, membres de consistoires, zélés religionnaires[56]. Grands seigneurs, gentilshommes, courtisans, gardes suisses ou gardes françaises, domestiques de tout ordre et de tous degrés, on ne comptait pas ceux de la religion qui entouraient le roi. Il était même tel protestant illustre que la cour entière s'accordait à suspecter que Louis XIII, mieux informé, appréciait et auquel il maintenait sa faveur : par exemple, le duc de Lesdiguières, invariablement fidèle au roi, type accompli de ce qu'on appelait alors le huguenot d'Etat, mais, qui, en même temps, soucieux de défendre un peu ses coreligionnaires, prenant leur défense auprès des catholiques de la cour, se voyait qualifié de faux frère par les premiers et de traître par les seconds[57]. On tâchait de le rendre odieux au roi : Lesdiguières voulait quitter la cour, se retirer dans son Dauphiné ; et c'était le roi qui, prévenu par un confident, le faisait rester : Je ne suis pas en peine de ce que je lui ai commis, répétait-il, car je sais qu'il aime ma personne et mon Etat ![58] Louis XIII entendait non seulement laisser libre les huguenots de pratiquer leur religion, mais même défendre cette liberté. Il le disait publiquement. A ceux qui lui invoquaient la formule du sacre dans laquelle il avait promis d'exterminer les hérétiques, il rappelait la déclaration rendue le lendemain de la cérémonie, le 20 juillet 1616, par laquelle il affirmait que les protestants n'étaient pas compris dans cette formule[59]. Il répétait que le premier document qu'il avait signé au moment de sa majorité avait été un acte solennel de confirmation de l'Edit de Nantes[60]. Vingt fois n'avait-il pas déclaré qu'il ne fallait pas forcer les consciences accoutumées à une longue tolérance ; que ce qui avait été bon il y avait soixante ans pour empêcher l'introduction de l'hérésie pendant que la liberté de conscience était encore inconnue, était dangereux maintenant, après qu'on l'avait si longtemps goûtée[61] ? et il écrivait cette belle lettre au duc de Lesdiguières : Je vous laisse en votre liberté, sachant que rien ne doit être plus libre que les consciences que Dieu sait mouvoir quand il lui plaît ; c'est aussi à sa sainte Providence que je remets le secret de votre vocation et celle d'un chacun de mes sujets de la religion prétendue réformée : je ne souffrirai pas que nul d'entre eux soit oppressé ni violenté en sa foi. Il est bien vrai que si sous un voile de religion aucuns veulent entreprendre des choses illicites et contraires à mes édits, je saurai séparer la vérité du prétexte, punir ceux-ci et protéger ceux qui demeureront en leur devoir, à quoi je m'assure que vous ne contribuerez pas seulement de vos bons conseils, mais que vous emploierez votre sang et votre vie à l'exécution d'une justice tant nécessaire au repos de l'État[62]. Et il faisait prêcher par son confesseur jésuite, le P.
Arnoux, que le roi doit sa protection à tous ses sujets et même à ceux qui sont
d'autre créance que la sienne ; que la seule
voie agréable à Dieu pour extirper les hérésies étoit d'avoir de bons
pasteurs et que jamais les remèdes violents n'avoient prospéré[63]. M. de Panissaud
expliquait au duc de Et c'est pourquoi, quelque animé qu'il fût contre les huguenots rebelles, ceux-ci vaincus ou se soumettant, Louis XIII ne portait pas la moindre restriction à leur liberté religieuse[68]. Il se disait même leur protecteur : Ceux de nos sujets de la religion prétendue réformée, déclarait-il, qui sont et demeurent en leur devoir, ensemble, leurs familles et biens, nous avons pris et mis, prenons et mettons en notre protection et sauvegarde spéciale. Couramment les protestants reconnaissaient que Louis XIII les protégeait. Ils avouaient que le roi leur était favorable[69]. Louis XIII allait jusqu'à assurer aux protestants le
service matériel de leur culte, en subventionnant leurs pasteurs, leurs
écoles, leurs académies. Le synode national protestant, qui s'assemblait tous
les trois ans, se faisant envoyer de chaque province la liste des églises du
royaume — il y en avait près de 800 : 116 dans le Bas-Languedoc, 96 dans le
Haut-Languedoc, 94 dans le Dauphiné et Les catholiques étaient indignés : c'était soutenir l'hérésie, disaient-ils. Ils suppliaient le roi de cesser de fournir des subsides à ses adversaires ; ils lui disaient : Cette subvention n'est point de l'Edit (de Nantes) ; Sa Majesté la peut ôter sans l'ébrécher (l'Edit). Quelle raison y avait-il, que le roi payât aux huguenots, comme huguenots, leurs ministres et collèges, leur fournît des lieux de temples et de cimetières, leur permît des assemblées, des cercles, des députés, finalement leur donnât des villes, et qu'il n'octroyât nulle de ces choses aux catholiques comme catholiques ?[72] Des conseillers adressaient des mémoires au prince lui expliquant combien l'ordre adopté était pernicieux. Quelle insigne imprudence de donner au synode national une telle autorité sur les provinces en le laissant maître des cordons d'une bourse, c'est-à-dire maître de récompenser ou de punir ! Un simple ministre pouvait-il parler et agir librement pour le service du roi s'il était menacé de voir supprimer son traitement ? Le synode subventionnant toute espèce de gens et d'entreprises, payant des écrivains qui attaquaient la religion catholique, le roi pouvait-il permettre qu'on fit un tel usage de ses deniers ? Il fallait au moins que le prince fit distribuer ces crédits directement, étant l'ordinaire des hommes de dépendre de qui les nourrit[73] ! Louis XIII ne changea rien à ces résolutions. Il défendit même la liberté de croyance des protestants contre les décisions dogmatiques de leurs propres synodes. Un synode ayant décrété que tous les religionnaires devaient prêter serment sur un canon porté par une assemblée de Dordrecht fixant un point de foi et contenant une condamnation de la doctrine arminienne, le roi fit défense d'imposer pareille contrainte. Il dit aux députés des protestants qu'il ne voulait pas se mêler de ces questions, qu'il laissoit à ceux de la religion prétendue réformée le jugement de leurs doctrines, mais qu'il n'entendait pas qu'on ôtât à chacun la liberté de croire ce qu'il voudroit. Un peu surpris, le sévère huguenot Elie Benoît ajoute : on donnoit alors une grande étendue à la liberté de conscience ![74] Or cette conduite libérale de Louis XIII à l'égard des religionnaires n'a pas été seulement chez lui une attitude politique conseillée peut-être par des ministres prudents, elle a été délibérément voulue par lui. De 1617 à 1624 Louis XIII a été soumis, dans son conseil, à des influences nombreuses, diverses. Il s'est trouvé pris entre des secrétaires d'État de l'ancienne école, circonspects, prudents, et tels, comme le prince de Condé, qui eussent souhaité une politique violente contre les huguenots. Entre les deux partis, le jeune roi a gardé ses idées. Les suivait-il sans scrupule ? Plus d'une fois ses sentiments religieux ne lui reprochaient-ils pas sa bienveillance excessive à l'égard des hérétiques ? Dans le secret de leurs conseils les confesseurs appelant discrètement son attention sur ses devoirs de fils aîné de l'Eglise ne parvenaient-ils pas, tout de même, à troubler cette âme, jeune encore et que le peu d'expérience, l'humilité native rendaient défiante[75] ? Il y a des raisons de le croire. Il en est une surtout : c'est que mis en présence d'intérêts essentiels, contradictoires, dans l'impossibilité où il se trouvait de sacrifier les uns aux autres, Louis XIII a eu l'idée inattendue de les concilier, mais secrètement, par une entreprise difficile, au cours de laquelle il fut amené à user de moyens bizarres que justifiait pour lui la fin tendante au bien. Respecter la liberté de conscience des protestants, empêcher les rebellions dans le royaume et maintenir l'ordre public en assurant la fidélité de chacun au service du roi, cependant, faire œuvre agréable de Dieu, et acquérir des mérites célestes, étaient les termes du problème à résoudre. Il crut trouver la solution en sollicitant les réformés à se convertir, moyennant des témoignages immédiats de sa satisfaction, c'est-à-dire en les achetant. Il réussit, au moins pour un temps. Cette entreprise est demeurée inconnue aux contemporains. Les ministres n'en ont rien su. Aucun écrivain du moment n'y fait allusion : ce fut le secret du roi ! Le personnage auquel Louis XIII confia le soin de
s'occuper de l'affaire se trouva être un de ses quatre secrétaires intimes —
dits secrétaires du cabinet — Louis Tronson[76]. Les
correspondants durent s'adresser à celui-ci, n'accepter d'indications que de
lui ; Tronson transmettait les volontés du roi ; on lui envoyait les mémoires
; la principale recommandation était faite à tous de garder le secret : tiendra ledit X cette négociation la plus secrète qui se
pourra, sans que les uns sachent les traités des autres qu'autant qu'ils y
pourroient aider, ni qu'il en soit rien divulgué dans les provinces[77]. M. Tronson
recevait les émissaires au Louvre, rédigeait ses instructions sur les avis de
Louis XIII : Le roi m'a commandé,
écrivait-il, de signer la présente instruction et la
bailler au dit sieur V., aujourd'hui, 9e septembre, Sa Majesté étant à Saint-Germain-en-Laye[78]. C'était Tronson
qui désignait ceux dont il jugeait utile d'employer les services : J'attends de votre volonté, monsieur, lui écrivait,
avec les circonlocutions nécessaires, un correspondant nouvellement désigné
dans le Rouergue, M. Desbros, à me donner ordre plus
particulier pour la grande affaire dont il fut parlé la dernière fois que j'eus
l'honneur de vous voir quand vous m'avez jugé digne de la communication des
intelligences. Ne doutez nullement de ma discrétion et fidélité et pour
l'exécution, si elle est faisable, j'y mourrai ou je la ferai ![79] Après avoir pris connaissance des mémoires et dépêches que
lui envoyaient ses correspondants, Tronson les classait, les résumait par
écrit afin d'en mettre l'essentiel sous les yeux de Louis XIII, puis sollicitait
l'avis du prince : savoir ce que j'aurai à répondre[80]. Le roi lisait
les notes et, en marge, donnait son opinion : accordé,
approuvé : ou bien : y
sera avisé ; tantôt : il se rencontre de la
difficulté ; quelqu'un demandant une pension de Tronson indiquait avec soin aux intermédiaires les sentiments qui faisaient agir le roi : zèle religieux, raisons politiques, puis souci de n'employer que des procédés conciliants afin de ménager la liberté de conscience des réformés : Sa Majesté désire de tout son pouvoir aider à la conversion de ses sujets dévoyés du chemin de la vraie Église catholique, apostolique et romaine, les inciter, par des bienfaits et témoignages de sa bienveillance, de s'unir plus étroitement à son service en s'unissant à une même foi et croyance[82]. Sur les moyens mêmes à employer pour convertir les
protestants, Louis XIII avait demandé leurs avis aux agents, insistant bien
qu'il ne pouvait être question que de voies douces
et insensibles. Les agents s'étaient montrés à peu près unanimes : il
fallait ramener les petits par des prédications, des missions, l'enseignement
; les grands par des promesses : Pour retirer du
schisme les grands et les petits, mandait M. Boucaut, il y a les ouvertures suivantes : les unes qui regarderont
à leurs honneurs et biens temporels, les autres la cognoissance de la vraie
religion et moyen de les instruire. Pour le populaire : rétablir le
culte catholique partout, même là où l'hérésie était la
plus numéreuse ; placer dans les églises des ecclésiastiques vertueux,
doctes, bien disans, prudents, de bonne vie et douce
conversation : fonder des collèges ; surtout surveiller ce que
prêcheraient les curés ; leur recommander d'appuyer sur l'antiquité de
l'Eglise romaine, la succession des évêques, des conciles, articles au sujet
desquels on avait des aveux des hérétiques ; faire
voir le bel ordre de la hiérarchie catholique en conformité avec ce
qu'elle était aux quatre ou cinq premiers siècles plus
proches de l'ascension de Jésus-Christ ; expliquer
en langue vulgaire et intelligible le service divin et les cérémonies
d'icelui ; insister sur les points communs aux deux religions, Credo,
Pater, Sainte-Écriture, commandements de Dieu ; éviter les sujets
difficiles tels que la question du pape ; enfin répandre quelques bons livres
anciens et modernes ; par là on arriverait à adoucir
cette grande contrariété et aversion de l'Eglise romaine[83]. Un autre
correspondant insistait sur les prédicateurs : qu'il y en eût en permanence
dans les principales villes, d'ambulants durant
toute l'année, allant de cotés et d'autres faire
résoudre ceux qui avoient de bons sentiments et qui étoient déjà ébranlés[84]. Louis XIII recommanda aux agents qui solliciteraient des prédicateurs, de n'employer que personnes de douce conversation, éloignées de toute violente procédure[85] ; il faisait dire à un de ces prédicateurs, le P. Véron : Veut et entend Sa Majesté que le Père ait à se comporter tant ès conversations particulières qu'actions publiques, avec toute la douceur et modestie bienséante à un homme de sa profession ; il évitera toutes disputes superflues et tumultueuses qui ne servent qu'à aigrir les esprits et endurcir les cœurs ; il s'efforcera de réduire par bonnes raisons, doctrine, mœurs et bon exemple. Il était inutile de dire qu'on venait de la part du roi, il suffisait de déclarer que le seul zèle avait fait entreprendre ce voyage par une vraie et ardente charité[86]. Les principes posés, Louis XIII chercha à préparer le terrain. Une chaire avait été créée en Sorbonne afin de faire discuter les matières controversées par ceux de la religion prétendue réformée, chaire à laquelle avait été nommé le docteur en théologie Nicolas Isambert[87]. Le roi essaya de frapper les esprits par des conversions retentissantes. Il chercha à convertir le vieux Sully. Il lui écrivait : Mon cousin, le désir que j'ai de vous voir uni à la vraie
créance aussi parfaitement que je vous tiens affectionné à mon service, me
fait employer les moyens qui peuvent y apporter de l'avancement ; à cette fin
vous aurez encore près de vous le P. Athanase lequel vous trouvant, comme je
l'espère, en la même disposition qu'il vous a laissé, achèvera ce que, par
l'assistance divine, il a commencé pour votre conversion. Ne soumettez point
au temps, je vous prie, ce qui dépend d'un moment de la grâce, mais donnez à
Dieu et à votre roi ce qu'ils demandent de vous pour rendre vos œuvres et vos
services plus dignes de récompense. Ce sera le repos de votre esprit et
affirmer la confiance que je veux avoir en vous, de laquelle vous recevrez
des témoignages aussi favorables que de ma protection en toutes les choses
que je vous ai promises par mes précédentes lettres[88]. Le bruit courut
même un instant de l'abjuration de l'ancien ministre, mais Sully ne céda pas[89]. A défaut du
père, ce fut le fils qui se convertit, le marquis de Rosny. Louis XIII dut
annoncer la nouvelle au duc afin d'amortir le coup
: Mon cousin, disait le roi, j'envoie Ferrier pour vous faire savoir la résolution qu'à
prise mon cousin, le marquis de Rosny, votre fils, de professer dorénavant la
foi catholique romaine. Ses intentions étant bonnes, il ne sera point éloigné
de vos bonnes grâces ; je vous prie de l'aimer toujours également[90]. Une autre
conversion, en 1622, eut un retentissement considérable : celle du duc de
Lesdiguières qui gagna à l'affaire l'épée de connétable[91]. D'autres eurent
lieu çà et là, par groupes, en nombre variable, et plus ou moins sincères :
on eut soin de les faire connaître dans des libelles imprimés. Plus de quatre
mille témoins assistèrent à Ne pouvant pas songer à convertir tous les hérétiques de
son royaume, Louis XIII décida, au lieu de disperser ses efforts, de les
concentrer sur le point qui, politiquement, était un des plus dangereux et
où, religieusement, les habitants passaient pour être particulièrement
attachés à Le territoire étant ainsi circonscrit, il fallait trouver un agent particulièrement actif et adroit qui put se charger de recruter les autres : on le rencontra dans la personne de M. Jean-François Visconti. D'origine italienne, successivement dominicain, soldat,
protestant, ministre, professeur, Visconti était un huguenot subtil[102], aiguisé, de
caractère emporté et querelleur, qui, ayant été admis dans l'Académie
protestante de Die, en 1607, en qualité de professeur de philosophie, avait
indisposé ses collègues par ses façons agressives, les avait attaqués dans
des libelles diffamatoires, discutant leur enseignement, et s'était aventuré
sur des programmes ainsi que certains problèmes fort
scandaleux en traitant publiquement ses contradicteurs d'ânes bâtés. Le synode d'Embrun l'avait censuré ;
celui de Die, en A l'époque où il était soldat, ayant été emprisonné par la
duchesse de Savoie dans une place du Piémont, et Lesdiguières, au cours d'une
de ses campagnes, l'ayant délivré, il s'était attaché à son sauveur.
Celui-ci, qui ne visait qu'à conserver le calme dans sa province, lui avait
recommandé d'employer ses bons offices à prêcher à ses coreligionnaires
protestants la patience. Depuis l'année 1613,
jusqu'à l'année 1620, écrivait Visconti à Louis XIII, j'ai toujours combattu contre les factions sous la protection
de M. le connétable dedans toutes les assemblées huguenotes où j'ai été
député[104]. De ce rôle
d'agent de modération à celui d'informateur, il n'y avait qu'un pas ;
Visconti l'avait franchi ; de celui d'informateur à celui de convertisseur,
il y avait moins encore, du moment que le roi le désirait et qu'il était
question d'une pension : M. Visconti ne s'était pas fait prier. Ses
convictions étaient légères et ses intérêts, compliqués de la satisfaction
vaniteuse de jouer le rôle d'un personnage mystérieux en relation avec le
roi, beaucoup plus sérieux. On lui promit Il se donna tout entier à l'œuvre entreprise par Louis XIII. Il vint à Paris ; le roi le reçut dans son cabinet[106]. Il affirma ses espérances avec une exubérance méridionale : Je m'assure, disait-il, que, faisant un voyage aux dits pays, j'apporterai un rôle de plus de cinq cents personnes converties avec attestations du clergé et du magistrat !... Il est certain, insistait-il, que je rangerai à l'obéissance de l'Église et du roi une caterve innombrable de huguenots et laisserai le parti si faible qu'il n'aura de quoi lever la tête, ce, à fort petits frais, au prix de ce que les autres font, ou à l'égard d'une guerre civile. Et se doutant que Louis XIII devait sourire : Je supplie très humblement le roi de croire que je ne crois point légèrement, que je parle avec fondement et qu'on verra par la suite le mérite de ce que j'ai proposé[107]. En même temps que ces exagérations, ce qui était pénible
chez Visconti étaient ses demandes d'argent ; elles étaient perpétuelles : il
mendiait : Souvenez-vous s'il vous plaît et de moi
et de mes enfants ; vous savez comme j'ai servi et voyez comme je continue !
Il disait à M. Tronson : Vous êtes très humblement
supplié, Monsieur, au nom de Jésus, de vouloir me procurer, par effet du roi,
quelque secours ![108] Il est vrai
qu'on le payait mal ; il avait nombre de frais de voyage ; il faisait des
avances et sa pension du clergé était irrégulièrement comptée. En marge d'une
de ses réclamations Louis XIII finira par écrire : Lui
sera baillé comptant la somme de En réalité il rendit de grands services. Ne comptant ni
ses pas ni ses démarches, il sut procurer les autres intermédiaires : Il faudrait avoir quelques personnages, disait-il, en
toutes les villes d'importance et de passage qui prissent soin de savoir tout.
Il en trouva et de titrés, bien apparentés : J'ai en
Vivarais le sieur de Ravignan, neveu du sieur de C'étaient des magistrats, présidents de tribunaux, M. Faure, M. Boucaut, le premier président du parlement de Dauphiné, M. Frère ; des nobles, MM. de Saint-Dizier, de Camprieu, de Berjac, de Marcillac ; des religieux, le prieur de Paix ; des marchands ou simples bourgeois, MM. Porthmann, Desbros, Arnaud. Stimulés par Visconti, ils étaient pleins de zèle : Tout pour le service de Dieu et du roi ! s'écriait l'un d'eux, en terminant un de ses mémoires[111]. A les entendre, ils étaient capables de convertir des provinces entières : le sieur de Fresque offrait d'attirer à lui seul douze gentilshommes de ses voisins et deux cents familles ![112] Le plus éminent par le rang, en dehors du premier
président de Grenoble, a été M. de Valençay, un conseiller du roi, chevalier
de ses ordres, maréchal de camp, commandant les troupes royales en Languedoc.
M. de Valençay était sympathique aux catholiques et aux protestants, lesquels
vantaient sa libéralité, sa modération et sa fermeté. Il était le beau-frère
du secrétaire d'État, M. de Puisieux, qui le soutenait, et bien vu de Louis
XIII[113].
Lui aussi avait grande confiance dans ses moyens : il rédigeait des mémoires
sur la situation du pays ; il offrait à connaître tous les secrets des réformés
: Si l'on me veut donner un fonds extraordinaire,
disait il, pour savoir tout ce qui se passe parmi
les huguenots, je le puis faire, depuis Montauban jusqu'à Lyon, dans toutes
les villes, [c'est-à-dire] savoir tout ce qui se passe aux consistoires, colloques,
synodes ; mais je n'ai quasi possible de le faire à moins de dix ou douze
mille francs par an ![114] De l'argent ! C'était le sujet sur lequel ils revenaient
tous ! Il leur en fallait beaucoup, toujours : frais de voyage, avances,
justes gratifications : il n'était prétexte qu'ils n'invoquassent.
Transmettant les plans d'action de quelqu'un de ses correspondants, Visconti
ne manquait pas d'ajouter : Pour avoir moyen de
travailler au présent dessein et faire les voyages nécessaires, sera bon lui
accorder quelque somme de deniers[115]. Tel venait en
Cour et déclarait qu'il ne s'en irait pas si on ne le réglait. Un autre, qui
ne disait point son nom et voulait qu'on l'appelât l'homme,
avait un procédé pour convertir tout le midi de En somme on allait acheter les consciences ! Si Louis XIII
eut eu des scrupules, un de ses agents, un religieux, le prieur de Paix, en
Dauphiné, l'eut rassuré par de pieuses raisons : La
réduction au service de Dieu et du roi, disait-il à M. Tronson, des personnes dont il s'agit est très importante. Comme la
divine Majesté se sert de divers moyens à convertir ses créatures, de même,
s'il vous plaît, représentez à D'après les instructions détaillées données aux correspondants, voici qu'elle était la procédure à suivre afin d'entreprendre une conversion[118]. L'intermédiaire devait commencer par tâter le terrain. Il lui était permis de voir les gens de la part du roi, mais à condition d'user de prudence et ménage en toute la négociation. Il faisait entendre le gré que saurait Sa Majesté à ceux qui seraient fidèles à l'étroite obéissance que tout sujet doit à son prince, la confiance plus grande que le roi prendroit en eux aux occasions qui s'offriroient de les employer ; puis, il expliquerait que l'erreur dans laquelle l'interlocuteur était tombée le séparoit de la fidélité en question due au prince. Si ces premières avances étaient écoutées, l'agent revenait à la charge, devenait explicite sur ce qu'il entendait par le gré du roi et sa confiance. Au bon moment il exhibait une lettre du souverain à l'intéressé, lettre de créance et lui disait que Sa Majesté avoit voulu lui écrire de sa main afin qu'il put avoir plus de confiance et que la négociation fut plus secrète ; que Sa Majesté avoit été informée de ses bonnes intentions, du désir qu'il avoit de lui complaire et s'attacher plus étroitement à son service que par le passé, ce à quoi elle vouloit correspondre par toutes sortes de témoignages de bonne volonté tant envers lui qu'envers les siens, dont il pouvoit tirer des preuves en faisant cognoistre ce qu'il désiroit[119]. Ici commençait la discussion. Recommandation était faite à l'agent de laisser venir les demandes avant d'avouer ce qu'il pouvait offrir. Si les demandes se rapprochaient de ce que le roi avait l'intention d'accorder, on pouvait traiter tout de suite : des brevets signés d'avance étaient remis à l'agent ; il les montrait, mais ne devait les donner qu'après l'abjuration. Si les réclamations s'élevaient trop haut, il fallait tâcher de les réduire, puis en référer à M. Tronson. On devait tenir M. Tronson au courant. Ainsi chaque agent emportait en mission un paquet de lettres et un paquet de brevets[120]. Quand il y avait à donner de l'argent comptant, circonstance plus délicate, l'opération devait se faire avec des garanties, chez un personnage tel que le premier président de Grenoble, devant témoins et en présence d'un notaire qui dressait quittance[121]. L'argent servit principalement à acheter les ministres
protestants. Les abjurations de pasteurs étaient particulièrement précieuses.
Le retour à l'Eglise catholique de ces âmes de choix, produisait de l'effet ;
puis beaucoup de ces ministres, dissimulant leur changement de religion,
demeuraient au milieu de leurs coreligionnaires et servaient activement le
roi de plusieurs façons. Les intermédiaires se promettaient merveille de
diverses combinaisons. En gagnant, disaient-ils, cinq ministres par synode,
on aurait pour les dix-sept synodes du royaume un chiffre considérable[122]. Ces ministres
prêcheraient à leurs coreligionnaires l'obéissance au roi ; répéteraient que Mais Louis XIII et M. Tronson ne partageaient pas des espérances aussi hardies. Plus circonspects, ou plus pratiques, ils s'en tenaient à leur double but : la conversion des âmes, la préoccupation du bien de l'Etat. Ils étaient enchantés d'avoir des intelligences dans les assemblées et ils s'en servaient[124]. Ils ne demandaient pas mieux que de voir les ministres appointés, comme on appelait ceux qui étaient gagés, exercer autour d'eux l'action préconisée par les intermédiaires ; mais ils n'y comptaient pas trop, et se trouvaient suffisamment satisfaits des conversions obtenues. Il y en eut bon nombre. Le tarif des conversions de
ministres était assez uniforme : Quelques-uns de ces ministres, convertis ont joué un rôle dans l'histoire du protestantisme de leur temps : M. Bragard, par exemple. Une fois gagné au roi, M. Bragard s'employa avec ses trois enfants. Ils servent utilement, écrivait Visconti, comme le roi sait très bien. M. Bragard s'informait, transmettait ce qu'il apprenait, communiquait les lettres confidentielles que le duc de Rohan envoyait du Languedoc ; allait assister aux colloques, écoutait, rapportait les moindres bruits. Un de ses fils, placé par lui dans ce que nous appellerions l'état-major de M. de Rohan, avait mission de lui fournir des renseignements : J'ai baillé un gentilhomme catholique au sieur Bragard, mandait Visconti, pour se tenir au Saint-Esprit, ou autre lieu du Languedoc, afin de recevoir les avis que le fils aîné dudit sieur Bragard, qui est avec le marquis de Montbrun près de M. de Rohan, lui enverra[129]. Jean Dragon, sieur de Choméane, ancien professeur
d'éloquence et de philologie à l'académie de Die, nommé pasteur à Crest en
1611 et à Saint-Paul-Trois-Châteaux en 1613, érudit, lettré, qui faisait des
vers grecs et latins était un aussi notable personnage[130]. Il y eut
discussion avec lui sur le prix de son abjuration. Il eût voulu 400 écus et
la pension du clergé ; on lui offrit M. David Durand fut plus consciencieux. Ancien proposant et dogmatisant, c'est-à-dire professeur
aussi au collège de Die, puis nommé régent au collège de Nyons, il accepta de
se convertir pour Les protestants ne furent pas sans se douter qu'il y avait des trahisons dans les rangs de leurs pasteurs. Lorsqu'aux assemblées des voix de ministres s'élevaient blâmant la résistance à l'oppression, le soupçon venait à l'esprit des assistants qu'ils étaient en présence de quelques corrompus gagnés par pensions[133]. Les agents de M. Tronson signalaient à celui-ci que les huguenots s'inquiétaient de voir de-ci, de-là, le zèle de leurs ministres fléchir ; qu'ils faisoient des voyages, des allées et venues pour ébranler les refroidis ; mais ils se moquaient de ces efforts, assurant que les réformés finiraient par ne tenir, comme territoire, que l'étendue de la carrelure de leurs bottes[134] ! Le nombre des conversions de ministres a été assez
considérable ; les états des pensions accordées aux
ministres convertis, que nous avons conservés, en font foi[135]. Les assemblées
du clergé eurent souvent à délibérer sur les pensions qu'elles unifièrent à La noblesse fut convertie au moyen de dignités et d'honneurs. On la visa particulièrement. L'effet des conversions de gentilshommes était extraordinairement efficace. Telle conversion, mandait un correspondant donnoit grand coup et rapportoit grand service : X, continuait-il, a autorité sur ses parents et amis, sur tout le pays à douze, quinze lieues à la ronde : on le suivra. Un personnage, comme l'important marquis delà Charce, entraînait avec lui ses deux frères, ces cinq fils, son beau-frère, cinquante gentilshommes, sans parler des quatre places fortes des Cévennes qu'il occupait. Un seigneur avait derrière lui une clientèle nombreuse que son exemple entraînait[139], officiers, soldats, domestiques, paysans, vassaux de tous genres. On donna principalement sur les gentilshommes. On réussit. La facilité qu'a eue la noblesse protestante à se convertir s'explique par plusieurs raisons. Le duc de Rohan remarquait avec mélancolie que ce qui
perdait la cause réformée en France, était que presque
toujours les intérêts particuliers ruinoient les affaires générales[140]. L'appât des brevets
d'officiers, de pensions, de gouvernements, fut pour beaucoup dans le succès
des agents de Louis XIII. Ensuite, la conversion retentissante du duc de
Lesdiguières, avait démoralisé les gentilshommes[141]. Lesdiguières
s'était-il décidé en toute rondeur de conscience,
suivant un mot du temps ? Ce n'était pas sûr. Faiblesse, ambition sénile,
écœurement à l'égard de ses coreligionnaires, besoin de céder aux avances de Les meilleurs noms de la noblesse des Cévennes, du Dauphiné, du Bas-Languedoc, se retrouvent dans les dossiers de conversion de M. Tronson. Tous écoutèrent les propositions qui leur furent faites, beaucoup vinrent au devant ; même les plus fougueux, ceux qui passaient pour les pires adversaires des catholiques, discutèrent le prix de leur abjuration et figurent dans les états envoyés à Paris des seigneurs avec lesquels on a traité pour changer de religion. Ils appelaient ce qu'il faisaient : suivre les commandements de Sa Majesté ![150] Le plus considérable a été le marquis de Montbrun,
descendant d'une illustre famille, devenu lui-même, après Rohan, le
personnage protestant le plus en vue du midi. Son autorité sur la province,
rivale de celle de Lesdiguières, était prépondérante. La noblesse entière lui
obéissait. Les assemblées réformées l'avaient nommé lieutenant-général des
églises en Dauphiné ; il avait été le chef du soulèvement de 1621 : c'était
un soldat vigoureux, meneur de bandes redouté, qui avait manqué enlever
Grenoble d'un coup de main et avait guerroyé jusqu'à Montauban[151]. La discussion
fut très difficile avec lui en raison de l'exagération de ses demandes. Il
promettait de recevoir instruction, de quitter son
parti et de servir fidèlement le roi aux multiples conditions
suivantes : lui continuer son titre de capitaine de cinquante hommes d'armes
ainsi que les pensions qu'il avait eues autrefois et qu'on lui avait
supprimées à cause de ses révoltes ; lui payer même les arrérages de ces
pensions non réglées s'élevant à un total de Le marquis de M. de Montauban-Gouvernet fut entrepris par Visconti avec
la lettre suivante d'introduction du roi : Monsieur
de Montauban, vous saurez par le sieur Visconti l'estime que je fais de vous
: il vous en porte des preuves telles que vous ne serez point en doute de ma
bonne volonté. Je m'attends aussi de les recevoir de votre affection à mon
service[157]. M. de Montauban
réclamait le gouvernement de Montélimar, — comme M. de Le baron des Adrets, au nom rendu terrible dans le midi de
M. de Champoléon, le chef du
parti aux montagnes[163], réclama, lui,
une compagnie aux gardes françaises, les frais d'entretien d'une garnison de
trente hommes dans une de ses places, les arrérages de ses pensions
supprimées pour ses rébellions, et que des procès qu'il avait en cours
fussent évoqués par le roi au Conseil, à Paris, — avec espérance implicite sans doute, d'une solution favorable à ses
intérêts, — tout au moins qu'on lui accordât une surséance pour quatre mois.
A la compagnie aux gardes près, c'était peu de chose[164]. Louis XIII écrivit au personnage
une lettre aimable, l'assurant de toute sa
reconnaissance en raison des dispositions qu'il marquait de se séparer de tout ce qui pourroit le distraire de lui
rendre service[165] et M. de
Champoléon traitait en août 1624 en même temps que M. de On eut l'abjuration de M. Antoine de Montmorin pour une pension à son profit et une compagnie entretenue au compte de son fils. Ce devait être un assez tiède huguenot ; il avait toujours refusé de prendre les armes contre la cour ; il avait laissé un de ses fils se faire catholique, avait marié ses deux filles à deux catholiques et avouait avoir été facilement convaincu par quelques conversations avec Visconti, ce qui était peu[166]. Il abjura le 3 novembre 1624 dans l'église de Bruis, une de ses terres, par devant Jean Arnaud, vicaire général du diocèse de Gap, le P. Marc-Antoine, gardien des capucins, délégués de l'évêque, et Pierre Léotaud, lieutenant du juge du lieu qui dressa l'acte. Il y avait foule. Les chantres entonnèrent le Veni Creator ; M. de Montmorin lut l'acte d'abjuration à genoux, à l'entrée du chœur, d'une voix haute ; le vicaire général prononça la formule d'absolution ; puis le père capucin menant le nouveau converti dans un confessionnal lui fit faire sa confession générale ; après quoi messire Arnaud chanta la messe à laquelle M. de Montmorin communia. Au milieu de l'office le P. Marc-Antoine montait en chaire où il déduisait les enseignements qui se dégageaient de la cérémonie du jour : la messe finie, tout le monde se rendit au château : les félicitations s'échangèrent : Visconti, glissa dans la main de M. de Montmorin les brevets de sa pension et d'une compagnie au régiment d'Estissac, plus, cent livres pour bâtir une chapelle au château ; après quoi on alla déjeuner[167]. M. de Gerjaye, nom bien connu des historiens protestants du pays, se contenta d'une compagnie dans un vieux régiment ; son frère, M. Jean de Houx, seigneur de Sicotières, d'un brevet de capitaine ; M. de Pontis, l'aîné de celui qui est aux gardes, fut nommé maître de camp et fit abjurer sa femme[168]. Il y eut une extrême variété dans les demandes faites au
roi comme témoignages de sa bienveillance. M.
de Saint-Sauveur eut La majorité des demandes concernèrent des charges militaires. On voulait être maître de camp, capitaine, surtout capitaine dans un vieux régiment, les vieux régiments étant permanents et les autres risquant d'être licenciés à la fin de l'été. On voulait être gouverneur de place, ou, si on l'était, en voir augmenter la garnison. M. de Saint-Estève postula un commandement maritime ; il demandait un vaisseau sur mer et, comme il n'entendait rien au métier, il bailleroit la conduite du dit vaisseau au sieur de Pontis, le cadet, écuyer de Malte qui était bien versé[170]. Quelques-uns, mal assurés, sans doute, de leur gentilhommerie, désiraient des lettres de noblesse[171]. Tous demandaient de l'argent. M. de Camprieu, venu des Cévennes, écrivait Tronson, dit avoir parlé aux gentilshommes contenus en la liste qu'il a baillée ; que ceux de la religion se feront catholiques, pourvu qu'il plaise à Sa Majesté les faire ressentir de ses grâces et libéralités qui consistent en quelques pensions dont il demande que les brevets soient envoyés à tel qu'il plaira au roi. M. de Saint-Estève, celui qui voulait un vaisseau, arrivé depuis quelques jours en cour, notait Tronson, s'est fait catholique : il lui faut rien à présent que son voyage : payer les frais de déplacements[172]. Apprenant, par quelque indiscrétion, que le roi donnait,
nombre de nobles protestants gênés accoururent. Tous
les jours s'en présente, mandait Visconti, comme
les sieurs de Brison et de Chabrille, son frère, qui m'ont assuré et fait
assurer par madame de Montbrun et de bouche et par lettres ; et autres du
Vivarais et des Cévennes ![173] Cet
empressement était bien suspect : Plusieurs
gentilshommes, écrivait Visconti, tendent la
main pour leur conversion, qui n'ont église ni instruction ! S'il plaisoit au
roi leur donner un peu d'argent pour ce faire et les assister du commencement
et quelques places de capitaines entretenus aux plus fameux qui ont des
charges, et mortes paies aux autres, on verroit un fruit incroyable ! Visconti
avait une triste idée de ces malheureux : il y a
quantité de pauvre noblesse en Provence et au Briançonnais,
affirmait-il, que pour peu de chose on attireroit ![174] Louis XIII n'était pas dupe des raisons qui faisaient revenir à l'Eglise trop de protestants si subitement touchés de la grâce. Il savait bien que l'intérêt était le mobile de ces conversions : M. du Fargis, écrivait-il à un agent, celui qui vous rendra la présente vous dira ce qu'il m'a fait savoir touchant le secrétaire de Saint-André de Vélasque qui offre de me servir ; si vous reconnaissez qu'il en ait la volonté et le moyen, comme il semble sur les propositions écrites de sa part, il ne faut négliger cette occasion ; ne faites difficulté de l'assurer d'une pension telle que vous le jugerez le pouvoir mériter et lui donnez par avance quelque argent pour l'engager. Mandez-moi ce que vous en avez appris et adressez à Tronson votre dépêche[175]. Il discutait. Assez facile pour les dignités et les honneurs, il l'était moins pour l'assistance de deniers, en raison de son esprit d'économie. Il avait des mouvements d'impatience quand on lui réclamait des sommes élevées et presque toujours il baissait les chiffres. Les intermédiaires, sentant cette disposition, appuyaient sur la précarité des bonnes dispositions des candidats et insistaient pour que Sa Majesté cédât : Payez, ou vous n'aurez personne, disaient-il, M. de Valençay assurait qu'il n'y avait rien à faire si on ne mettoit la main à la bourse ; il ajoutait hardiment : il faut jeter de l'argent ![176] Alors Louis XIII cédait, mais il insistait sur la nécessité qu'il y avait au moins à s'assurer que les conversions étaient réelles, — dans la mesure ou des changements de religion obtenus de telle manière pouvaient l'être, — en tous cas authentiques. Il prescrivait qu'on envoyât au personnage disposé à se convertir un religieux, jésuite ou capucin, pour l'instruire des principes de la religion[177] ; parfois il était d'avis d'organiser des conférences contradictoires entre prêtres catholiques et ministres protestants, par devant le néophyte, avec un ministre choisi à dessein, d'avance stylé, l'exercice se trouvant ainsi avoir d'excellents résultats. En tous cas, il ne consentait à délivrer argent ou brevet que contre attestation que l'intéressé avait abjuré. C'était devant l’évêque du diocèse qu'il fallait procéder, ou devant les délégués de celui-ci, régulièrement autorisés par lui. L'évêque, — ainsi M. Pierre Scarron, évêque et prince de Grenoble, — dressait un acte en latin, contresigné de son secrétaire, où il indiquait le nom du religieux qui avait procédé à l'instruction du converti et le fait de l'abjuration[178]. A défaut de l'évêque, un vicaire général accompagné de deux ecclésiastiques servant de témoins établissait le document. Un acte notarié constatait l'abjuration[179]. Si pour une cause quelconque il fallait se contenter d'un acte écrit seulement par la personne qui avait converti le protestant, cette personne, — prêtre séculier ou religieux, — devait faire certifier authentique sa signature par un magistrat[180]. Il n'est pas possible de fixer, le chiffre des conversions qu'a ainsi obtenues Louis XIII[181]. Elles furent moins importantes par le nombre que par les personnalités des convertis. Elles ne semblent pas avoir été durables[182]. Nous l'avons dit, on retrouve la plupart des gentilshommes, soi-disant revenus au catholicisme, dans les rangs des huguenots peu d'années après, au cours des guerres religieuses qui suivirent. |
[1] Jean Héroard, De l'Institution du prince, Paris, 1609, in-8°, p. 31 et 88 ; Héroard insiste sur ce qu'il entend par superstition : Elle transforme l'homme, dit-il, en une beste brute, pleine de félonie, de cruauté, de lâcheté.
[2] Voir le livre de F. Strowski, Histoire du sentiment religieux en France au XVIIe siècle : Pascal et son temps ; 1re partie, de Montaigne à Pascal, Paris, 1907, in-8°.
[3]
Cf. la lettre du P. Cotton au duc de Bavière, Bibl. nat., ms. Moreau 1278, fol.
140 v°. Héroard fournit dans son Journal d'amples renseignements sur les
pratiques religieuses du roi. Pour la description d'une procession de
[4]
Guillaume du Peyrat, Histoire ecclésiastique de la cour, Paris, H. Sara,
1645, in-fol., p. 478. Voir aussi : J. Danès, Toutes les actions du règne de
Louis XIII, p. 298 ;
[5] Lettres du nonce du 13 septembre 1617 : Lettere, t. I, p. 492 ; t. II. p. 65.
[6] Louis XIII écrivant à ceux de sa cour qui venaient de perdra un des leurs leur disait : Les événements étant à la disposition de Dieu, il les faut prendre comme il lui plaît les envoyer (lettre au comte de Soissons de janvier 1624, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 73 v°). On lui avait fait écrire cette pensée dans ses exercices scolaires (Quædam ex lectionibus christianissimi francorum regis Ludovici XIII ex gallicis latina facta, Lutetiæ, 1612, in-12°, p. 13).
[7] Madame de Motteville, éd. Michaud, p. 43. Cf. Héroard, Journal, Bibl. nat., ms. fr. 4020, fol. 52 v°.
[8] Ibid., fol. 230 v° ; lettre du P. Cotton au duc de Bavière (Bibl. nat., Moreau 1278, fol. 141 v°) ; Archon, Histoire ecclésiastique de la chapelle des rois de France, in-4°, t. II, p. 706. Ces heures de Louis XIII furent plus tard imprimées sous le titre de : Parva christianæ pietatis officia, per christianissimum regem Ludovicum XIII ordinata, Paris, S. Chappelet, 1640, 1 vol. in-16°.
[9] Lettre du P. Cotton, op. et loc. cit., fol. 141 r°.
[10] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. III, p. 1 ; Récit véritable du siège de Saint-Jean-d'Angély, Paris, 1621, in-12°, p. 4.
[11] Mercure français, t. VIII, p. 654.
[12] J. Danès, op. cit., p. 302. Louis XIII en campagne allait assister aux offices dans les églises du pays qu'il traversait et chantait au lutrin. Danès ajoute que Louis XIII composait des motets qu'il faisait exécuter par les musiciens qu'il rencontrait ; il attribue au roi la prose rythmée Veni Sancte Spiritus (p. 303).
[13] Ordonnance du roi portant défenses très expresses à tous ses sujets et autres estant en ce royaume de ne blasphémer ni jurer le nom de Dieu, Orléans, 1617, in-8°.
[14]
Le P. Garasse,
[15] C. Sorel, Histoire comique de Francion, 1641, p. 344.
[16] Comme roman du temps très libre, voir : Sorel, l'Orphize de Chrysante, Paris, 1626, in-12°.
[17] Nous ne pouvons que faire allusion à cette affaire de Théophile de Viau et du Parnasse : on trouvera les documents dans le livre de P. Lachèvre, le Procès du poète Théophile de Viau, Paris, Champion, 1908 2 vol. gr. in-8°.
[18] Bibl. nat.. ms. fr. 20742, fol. 59 v. dans une lettre de 1619.
[19] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 120 ; Héroard, De l'Institution du prince, p. 61.
[20] J. Danès, op. cit., p. 298.
[21] J.-P. Camus, Premières homélies diverses, Rouen, in-8°, p. 9.
[22] J. Danès, op. cit., p. 319 ; Balzac, le Prince, dans Œuvres, éd. L. Moreau, Paris, 1854, t. I, p. 37 ; le Manifeste de la reine mère, Blois, 1618, in-12°, p. 21.
[23] Bibl. nat., ms. Clairambault 375, fol. 182 r°.
[24]
D'après une prophétie trouvée à Rome en l'an 500
(Livre de raison de Bertrand Lespervier, dans Bull. de
[25] Le mercredi l'office tout entier (Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 395).
[26] Le bref du pape est du 5 juillet 1618 (Mercure français, t. V, p. 271).
[27] Bentivoglio, Lettere, t. II,
p. 565 : Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 305 r°. La fête fut
célébrée dans toute
[28] Le P. Cotton envoyait le P. Arviset (Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 107 r° et 110 v°), avant d'y aller lui-même (sa lettre au roi du 25 novembre 1619, publiée par E. Griselle dans Revue du monde catholique, 1er septembre 1909, p. 549). Louis XIII donnait de l'argent pour réparer les lieux saints et faisait cadeau au Saint-Sépulcre de riches ornements (lettre du roi à M. de Césy, ambassadeur à Constantinople, du 26 mai 1620, Bibl. nat., ms. fr. 16156, fol. 76 r°).
[29] Lettres patentes dans ce sens : Paris, 1624, in-8°. En février 1623, Louis XIII fit ériger Paris en archevêché (L'Erection de l'évêchê de Paris en archevêché à la réquisition du roi avec les lettres patentes de Sa Majesté et l'arrêt de la cour du Parlement (du 8 août 1623), Paris, 1623, in-8°).
[30] Lettres patentes du roi pour l'exécution des règlements faits pour les ordres S. Benoît, S. Augustin, Citeaux et Cluny, Paris, 1623, in-8° ; Lettres patentes accordées aux prêtres et écoliers irlandais réfugiés à Paris, (16 sept. 1623), in-4°.
[31] Societatem nostram diligit : amat eos qui de Jesuitis bene dicunt (lettre du P. Cotton, Bibl. nat., Moreau, 1278, fol. 141 v°).
[32] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 7 r°. Cf. Revue du monde catholique, du 1er septembre 1909, p. 553 et suiv.
[33]
Voir sur cette affaire : Bibl. Mazarine, ms. 2427 ; les lettres du nonce
(Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 256, 267) ; le Mercure français
(t. V, 1618, p. 12) ; Arch. des Aff. Étrang., France 772, fol. 3 r° et suiv. ;
Malingre (Hist. du règne de Louis XIII, Paris, 1646, in-12°, p. 242) qui
donne le détail de la rentrée du collège de Clermont le 20 février 1618. Cf. le
P. Prat, Recherches historiques sur la compagnie de Jésus en France au temps
du P. Cotton, 5 vol. in-8°,
[34]
Arrêts du Conseil du 28 avril 1618, (Arch. nat. E. 1685, fol. 23 r°), du 30
décembre 1619 (E.
[35] Récit véritable de ce qui s'est fait et passé à la ville de Metz, Paris, 1619, in-12°, p. 6.
[36] Lettre de Louis XIII au maréchal de Souvré à propos de l'édification d'un couvent de Capucines à Tours (Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 205 r°).
[37] Le nonce s'en plaignait assez : voir sa dépêche du 14 octobre 1622, dans Zeller, Richelieu et les ministres, p. 139. Le P. Arnoux sera disgracié parce qu'il s'occupera de politique et son successeur, le P. Séguiran, sera prié de demeurer circonspect.
[38] Nous rappelons sur la question, les ouvrages de A. Anquez : Un nouveau chapitre de l'histoire politique des réformés de France (1621-1626), Paris, 1865, in-8° et Histoire des Assemblées politiques des réformés de France (1375-1622), Paris, 1859, in-8°. Pour l'état des protestants en France au début du XVIIe siècle, voir : Arch. des Aff. Étrang., France 243 ; Bibl. Mazarine, mss. 2598, 2616, 2618 ; Bibl. nat., ms. fr. 7605, fol. 85 ; nouv. acq. fr. 4026, 7189 : Dupuy 187, fol. 8 et suiv. ; et spécialement pour les synodes : Bibl. nat., ms. fr. 17815-18 ; Bibl. Mazarine, ms. 2601, 2608-2614 : Bibl. de l'Arsenal, ms. 5411, p. 325 et Recueil Conrart, ms. 4108, p. 995 à 1551. Consulter aussi : Breve relatione degli Ugonotti di Francia (1619), dans Relationi del cardinal Bentivoglio, Cologne, 1646, in-8°, p. 244.
[39]
Nous résumons des textes nombreux : Mémoire envoyé au roi pur le duc de
Rohan, 1623 (Bibl. nat., ms. fr. 4102, fol. 70) ; Lettre de ceux de
l'Assemblée de
[40] Louis XIII avait commis et député des commissaires ès provinces de notre royaume, pour l'exécution de l'Édit de Nantes (Bibl. nat., ms. fr. 18192, fol. 164 r° ; Arch. nat., X1A 8650, fol. 114 r°).
[41]
[42]
Daniel Manceau, Mém., dans Arch. hist. de
[43] Les Antipodes pour et contre rassemblée tenue à Loudun, 1620, in-12°, p. 18 ; Résolution de l'Assemblée générale de ceux de la religion réformée, 1620, in-12°, p. 5. Rohan écrivant au roi d'Angleterre en 1622, lui expliquait qu'il demeurait fidèle à son souverain (Bibl. nat., Moreau 724, fol. 223 r°). Levant des troupes contre le roi en 1621, les protestants disent dans leurs commissions qu'ils lui restent inviolablement obéissants (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 7798, fol. 346 r°).
[44] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 259 ; G. Malingre, Deuxième tome de la rébellion excitée en France, 1623, in-8°, t. II, p. 11 ; texte des archives de Milhau, cité par A. de Cazenove, Campagnes de Rohan en Languedoc, Toulouse, 1903, in-8°, p. 28 ; narration d'A. Rulman, citée par Anquez, Un nouveau chapitre de l'histoire politique des réformés, p. 13.
[45]
Les documents abondent sur cette affaire : voir actes de l'assemblée, Bibl.
nat., ms. fr. 23488, 23490, Dupuy, 100, fol. 14-27, 141-2 ; Bibl. de l'Arsenal,
ms. 5411, p. 44 ; A. de Barthélemy, Actes de l'Assemblée générale des
églises réformées de France, 1620-1622, dans Arch. hist. du Poitou,
t. V, p. 1-473, t. VIII, p. 161-369 ; Règlement général fait en l'Assemblée
de
[46]
C. Malingre, op. cit., p. 166 ; Cf. du même, Deuxième tome de la
rébellion, 1623, p. 18. Sur le ton violent des catholiques contre les
protestants à ce moment, voir : Auvray, Satyres sérieux sur les affaires de
ce temps, 1622. in-12°. p. 20 ; le Revers du faux masque de la
prosopopée des frères Frelots, 1620, in-12° ;
[47] Les auteurs contemporains sont pleins de détails sur ces incidents. Le roi fit faire une enquête à propos de l'affaire de Tours, Lettre de Sa Majesté escrite à M. le premier président de Verdun touchant le désordre arrivé en la ville et faubourg de Tours, Paris, 1621, in-12°.
[48]
Pour l'affaire de Charenton, voir Priuli (dépêche du 28 septembre 1621, Bibl.
nat., ms. ital. 1777, p. 41) qui, de ses fenêtres de la place Royale,
apercevait les fumées du temple en feu ; la lettre du marquis de Mirabel du 30
septembre (Arch. nat., K. 1478, n° 146) ;
[49]
Lettres de M. de Noailles à Pontchartrain de septembre 1621, Bibl. nat., ms.
Clairambault 378, fol. 40 r°, 42 r°. Les villes s'imposaient pour lever des
gens de guerre (Bibl. nat., ms. fr. 18191, fol. 190 r°, 205 v°, 209 v°). Cf.
Mila de Cabarieu, Charges imposées aux habitants de Castillon pendant les
guerres de religion sous Louis XIII, dans Bullet. périodique de
[50] Déclaration du roi en faveur de ses sujets de la religion prétendue réformée, Paris, 1621, in-12°, p. 5.
[51] Cf. C. Malingre, Histoire de la rébellion, Paris, 1622, in-8°, p. 137.
[52] Lettres patentes du roi portant très expresses inhibitions et défenses à tous ses sujets de la religion prétendue réformée de faire aucunes assemblées illicites (21 mai 1618), Paris, 1618, in-8° : Déclaration du roi par laquelle il défend à ses sujets de la religion prétendue réformée de s'assembler (22 octobre 1620), Paris, 1620, in-8° : Voir sur cette question les développements de V. Cousin dans le Journal des Savants, 1861, p. 443.
[53] Apologie en faveur du roi, Paris, 1622, in-8°, p. 127.
[54]
Voir entre autres, Les Antipodes pour et contre en l'assemblée tenue à
Loudun (1620, in-12°, p. 30), dont l'auteur, protestant, se plaint vivement
(p. 38) qu'on engage tous les religionnaires de France dans la guerre pour une
affaire de deniers en Béarn ; Lettre d'un gentilhomme de la religion à un
sien ami, 1619, in-12° ; Copie de la lettre d'un pasteur aux fidèles des
églises réformées de Béarn, 1618, in-12° ;
[55] Lettre de Cléophon à Polémandre, 1618, in-4° p. 9 ; Le Congé donné par le roi à ses serviteurs et domestiques de la religion prétendue réformée (s. l.), 1622, in-8°, p. 4. Marillac écrivait à Richelieu le 29 avril 1622 (Arch. des Aff. Étrang., France 775, fol. 140 r°) : Si tous les huguenots qui suivent le roi voulaient se retirer d'eux-mêmes ils feraient plaisir à la compagnie.
[56]
Sur les attaches protestantes de la famille d'Héroard, voir le Bullet. de
[57] Bentivoglio, Lettres, 1680, in-12°, p. 321. Sur l'importance de Lesdiguières à cette date voir les lettres que lui écrivent les plus grands seigneurs : Bibl. nat., nouv. acq. fr. 7797 fol. 2 et suiv. Il est un des sept grands chefs des protestants (Bentivoglio, Relations, Paris, 1642, in-4°, p. 308). Pour les instances qu'il fait auprès de ses coreligionnaires afin de les empêcher de s'engager dans la guerre, cf. ses lettres (Arch. des Aff. Étrang., France 773, fol. 265 r° ; 776, fol. 154 r° ; Lettre de M. le maréchal de Lesdiguières envoyée le 9e décembre 1620 aux rebelles du pays de Béarn, Paris, 1620, in-12° ; Lettre et dernier avis de M. le maréchal Dédiguières aux rebelles et partialistes de Mautauban, Languedoc..., Paris, 1622, in-12°, et en général tout le tome II des Actes et correspondance du connétable de Lesdiguières, éd. J. Roman, Grenoble, 1881, in-4°). Pour la défense que prend Lesdiguières de ses coreligionnaires, cf. Actes et correspondance, t. II, p. 247 ; Lettre et avis envoyé au roi par M. le maréchal de Lesdiguières, 1619, in-12°. Sur les attaques des protestants contre lui, voir Dufayard, le Connétable de Lesdiguières, p. 466.
[58] L. Videl, Hist. de la vie du connétable de Lesdiguières, 1666, in-12°, t. II, p. 198 ; Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 285. Lesdiguières aimait beaucoup Louis XIII (Déageant, Mém., p. 286) qui le lui rendait (lettre du roi au connétable, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 160 r°).
[59] Mercure français, 1616, p. 134. Les catholiques traitaient Louis XIII de parjure, d'homme manquant à sa parole (Bibl. nat., ms. ital. 1770, p. 235) : les protestants continuèrent à lui reprocher son serment (Prosopopée de l'assemblée de Loudun, 1620, in-12°, p. 14).
[60] Mercure français, 1614, p. 580. Il rassura encore les protestants le lendemain de la mort de Concini (Réponse du roi aux lettres de M. du Plessis Mornay, Rouen 1617, in-12°, p. 4).
[61] Dans les déclarations royales publiées au début des campagnes militaires, cf. E. Benoît, Hist. de l'Edit de Nantes, t. II, p. 340.
[62]
Lettre du 19 janvier 1621, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 125 r°, publiée dans Actes
et correspondance, t. II, p.
[63] Lettre de Cléophon, 1618, p. 10 ; E. Benoît, op. cit., t. II, p. 351.
[64] J. B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, t. II, p. 153.
[65] Apologie en faveur du roi, Paris, 1622, in-12°, p. 23.
[66] Petit avis d'un ferme catholique, loyal français, Paris, 1622, in-12°.
[67] Actes et correspondance, t. II, p. 321-2. Voir aussi : Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 585 ; Agrippa d'Aubigné, Libre discours sur l'état présent des églises réformées, 1619, in-12°, p. 78 ; le Pèlerin huguenot, 1622, in-12° p. 1. Dupiney dit à Louis XIII : (Panégyrique présenté au roi, p. 67). Il y a bien de la peine à juger si vous êtes plus saint que libéral.
[68] Il insistait n'en vouloir qu'aux rebelles et non aux religionnaires (mots du chancelier Sillery à un ambassadeur, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 310 ; de Puisieux à L'ambassadeur d'Angleterre, Arch. nat., L. 397, fol. 2 v°) ; Lesdiguières s'en portait caution (de Frauville, Le fidèle historien des affaires de France, 1623, p. 297). Après la reddition de Saint-Jean-d'Angély, S. M. entend, comme elle a toujours fait, qu'ils (les protestants) jouissent de la liberté de conscience suivant les édits (Hist. journalière de tout ce qui s'est fait et passé en France depuis le départ du roi de Fontainebleau, Rouen, 1621, p. 46).
[69] Déclaration du roi en faveur de ses sujets de la religion prétendue réformée qui sont et demeurent en leur devoir et obéissance, Paris, 1621, in-8° ; lettre de Louis XIII à M. de Cossé, du 10 juillet 1621, dans Bullet. Acad. de Brest, 1884, p. 317. Sur le sentiment des protestants au sujet de la bonne volonté du roi, voir : Manifeste de M. de Chastillon contre les articles et procédés faits contre lui, 1622, in-12°. p. 8 et 10. Harangue des dépuités de la religion avec celle qui s'est faite par ceux de Montpellier au roi, 1622. in-12°, p. 3 : Lettre et avis envoyé au roi par M. le Maréchal de Lesdiguières, 1619, p. 4.
[70]
Le traitement de chaque pasteur était appelé portion
; en Normandie il y avait 54 portions : 44 pasteurs exerçant, 2 églises à
pourvoir, 6 ministres proposés, 2 surnuméraires ; plus 14 collèges qui
recevaient
[71]
Sur tous ces faits, voir un mémoire de vers 1621 : Bibl. Mazarine, ms. 2127,
fol. 71 r° ; surtout C. Malingre, Hist. de la rébellion exciter en France
par les rebelles de la religion prétendue réformée, 1622, in-8°, p. 155,
162 ; du même Troisième tome de l'histoire de notre temps, 1624, p. 505
et suiv. ; Bentivoglio, Relations, 1642, in-4°, p. 305. Le terme
officiel de ce budget était deniers ordonnés par S. M.
à ses sujets de la religion prétendue réformée (Arch. nat., E. 59A, fol. 576 r°) : les
protestants disaient l'État ecclésiastique et
sollicitaient son augmentation (Les Demandes des églises réformées du
royaume, 1618, p. 26). Il était interdit de poursuivre le trésorier, Isaac
du Candal, pour le maniement de ces deniers (Arch. nat., E. 57, fol. 139 r°).
M. du Candal était aidé d'un commis, M. Jean Pallot (Arch. nat. E. 58B, fol.
434 r°). Sur l'augmentation donnée par Louis XIII, cf. Exhortation à
l'assemblée de
[72] Bibl. Mazarine, ms. 2127, fol. 72 r° ; Petit avis d'un ferme catholique, 1622, in-12°, p. 7. Voir aussi : Remontrance salutaire à Messieurs de la religion prétendue réformée, 1618, p. 6, et Avis d'importance présenté nu roi touchant les affaires de son État, 1621, p. 7. Jamais argent ne fut plus mal employé ! dit l'auteur de ce dernier écrit.
[73]
Mémoire cité plus haut, Bibl. Mazarine,
ms. 2127, fol. 71 r°, 123 v°. Voir une lettre de Maillard à Duplessis-Mornay
sur l'utilité, pour les protestants, de ces subsides royaux (E. Charavay, Collection
de lettres autographes du règne de Louis XIII, Paris, 1873, p. 7). Les
catholiques s'élevaient surtout contre les soldes des garnisons protestantes (
[74] E. Benoît, Hist. de l'Édit de Nantes, t. II, p. 422. Les protestants présentèrent alors le canon comme émanant d'un synode d'Alais (Canon des Eglises réformées de France conclu et arrêté au synode national tenu à Alès ès Cévennes le 6 d'octobre 1620, avec le serment d'approbation, 1621, in-8°). Cf. Considérations sur le canon et serment des églises réformées, 1622, in-8°. II s'agissait de la querelle théologique entre Arminius et Gomar (Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 296). Les protestants tâchaient d'expliquer leurs doctrines à Louis XIII (Le Protestant français contre les faux titres qui sont imposés aux protestants de France par les ennemis de la vérité de leur religion, Paris, 1617, in-12°) ; mais Louis XIII refusait d'entrer dans leurs discussions religieuses (de Bellemaure, le Portrait du roi, 1618, p. 75.
[75] Dans ses lettres, le nonce écrit qu'il insiste auprès des confesseurs pour que ceux-ci remplissent sur ce point leurs devoirs auprès du roi.
[76]
Tronson a gardé tous les papiers de cette affaire : il a laissé le dossier à
son fils qui fut supérieur de Saint-Sulpice : des archives du séminaire de
Saint-Sulpice le dossier est passé à
[77] Instructions à Visconti, Maz. 2127, fol. 20 r°.
[78] Ibid. Avis qu'il importe de faire voir à M. Tronson et non à autre (fol. 125 r°). État de la dépense que j'ai faite pour le service du roi suivant l'ordre qu'il lui a plu de me faire donner par M. Tronson (fol. 108 r°). Pour servir de mémoire à M. Tronson (fol. 40 r°). Pour venir à la fin du dessein qui a été proposé à M. Tronson (fol. 23 r°, mémoire de M. de Sicotières).
[79] On se servait de M. Tronson pour se faire, le cas échéant, présenter aux ministres. Le président Faure lui demandait de lui ménager l'accès de M. de Pontchartrain (fol. 50 v°).
[80] Fol. 21 r°, 163 r°, 164 v°.
[81] Fol. 10 et suiv. Lorsque les réponses tardaient, les correspondants supplioient qu'il leur fut donné résolution sur les négociations qu'ils avoient commencées (fol. 24 v°).
[82] Instructions à Visconti, de 1624, Ibid., fol. 18 r°. Bentivoglio signale dans une de ses lettres le goût qu'avait Louis XIII à voir se convertir des huguenots (Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 133).
[83] Maz. 2127, fol. 94 r0, 95 r° et v°. Que les prédicateurs prêchent et enseignent la doctrine sacrée avec discrétion et modestie, se tenant sur la positive et confirmative, sans plus, sans réveiller les esprits des différends de la religion qui ne servent de rien à l'édification du salut. (Ouverture de l'Assemblée générale de ceux de la religion prétendue réformée, Paris, 1619, in-12°. p. 13).
[84] Maz. 2127, fol. 3 v°.
[85] Instructions à Visconti, Ibid., fol. 20 r°.
[86]
Instructions au P. Véron, Ibid., fol. 22 r°. Le P. Véron recevait
[87]
En 1617, aux appointements de
[88] La lettre est datée de Fontainebleau, 9 avril 1623, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 168 v°.
[89]
Lettre du maréchal de
[90] Lettre de Louis XIII à Sully, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 109 r°.
[91]
Nous ne pouvons que l'indiquer. Voir : le récit de Déageant, Mém., éd.
de 1668, p. 230 et suiv. ; une lettre de Puisieux du 24 juillet 1622 (Arch. des
Aff. Étrang., France 776, fol. 239 r°) ;
[92] En présence de plus de quatre mille assistants, le dimanche 17 novembre, Paris, 1619, in-8°.
[93] Le 22 mars 1620, Miracle nouvellement arrivé à la conversion de deux ministres et de vingt-deux personnes de qualité, Paris, 1620, in-8° ; Métayer, Conversions signalées, survenues depuis peu de jours par l'entremise des Pères capucins de la mission du Poitou, d'un des plus anciens ministres et autres notables personnes de la religion prétendue réformée, Paris, 1620, in-8°.
[94] Récit véritable des processions générales faites en la ville de Pons en Saintonge au mois d'août dernier, Paris, 1625, in-8°.
[95] Le P. Villate, L'Heureuse conversion de tous les prétendus religionnaires de la ville de Foix, Bordeaux, 1622, in-8°.
[96] Le Nouveau rétablissement de la ville de Saint-Jean-d'Angély, avec la conversion de plus de huit mille personnes, Paris, 1623, in-8°.
[97] Le P. Texier, Récit des miraculeux effets qui sont arrivés en l'armée du roi, en présence de S. M. avec la conversion de plusieurs seigneurs, chefs et soldats, Paris, 1621. in-8°. Voir aussi : Revue hist. du Tarn, 1878, p. 15.
[98] Maz. 2127. fol. 97 v°. En août 1621, dans une lettre au roi, le marquis de Saint-Chamond exposait la situation difficile de ces pays (Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 21). Sur l'importance du Vivarais dans les guerres religieuses, voir C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I. p. 190 ; la dépêche de Pesaro du 7 nov. 1622, Bibl. nat., ms. ital., 1777, p. 10. Les meilleurs soldats huguenots étaient ceux fournis par les Cévennes (Bentivoglio, Relations, Paris, 1642, in-4° p. 307).
[99] Mémoires envoyés au roi et à Tronson par M. de Berjac et un auteur qui signe D. A. C. (Maz. 2127, fol. 3 r° et 63 r°). Cf. : E. Arnauld, Histoire des protestants du Vivarais et du Velay, Paris, 1888, 2 vol., in-8° ; Brun-Durand, le Président Charles Ducros et la société protestante en Dauphiné au commencement du XVIIe siècle, Valence, 1906, in-8°.
[100] Maz. 2127, fol 85 r° et aussi, 39 r°, 66 v°.
[101] C'est M. de Sicotières, Maz. 2127, fol. 23 r°.
[102] Philosophe subtil, dit Videl, Vie de Lesdiguières, 1666, in-12°, t. II, p. 145.
[103]
Nous résumons sur ce personnage les notices que lui ont consacré : E. Arnaud, Histoire
de l'académie protestante de Die en Dauphiné au XVIIe siècle, Paris, 1872,
in-8°, p. 38 et suiv. ; M. Nicolas, l'Académie de Die et quelques-uns des
professeurs qui y ont enseigné, dans Bullet. de
[104] Lettre de Visconti à Louis XIII du 27 juin 1625, Maz., 2127, fol 151 v°.
[105] Maz. 2127, fol. 105 r°. Il fut mêlé à la conversion de Lesdiguières, D'après Videl (Hist. de Lesdiguières, 1666, in-12°, t. II, p. 145), Lesdiguières aurait demandé à Déageant, qui cherchait à le convertir, de discuter devant lui avec un ministre protestant. Déageant aurait amené Visconti que Lesdiguières aimoit beaucoup parce qu'il avoit pris autrefois sa défense contre les censures des synodes. La victoire de Déageant avait été facile. Lesdiguières ne connaissait donc pas la conversion secrète de Visconti.
[106] Maz.. 2127, fol. 36 r°.
[107] Maz. 2127, fol. 39 v°, 153 r°.
[108] Maz. 2127, fol. 102 r°, 7 v°.
[109] Maz. 2127, fol. 12 r°, 151 v°, 176
r°.
[110] Maz. 2127, fol. 3 v°, 152 v°. L'un deux s'offrant à Visconti se disait apparenté aux principales maisons de la province. (fol. 43 v°.)
[111] Le prieur de Paix en Dauphiné, Maz. 2127, fol. 8 r°.
[112] Maz. 2127, fol. 11 v°.
[113] Narration d'Anne Rulman, citée par Anquez, Un nouveau chapitre de l'histoire politique des réformés de France, p. 18 et 91 : Maz. 2127, fol. 100 et 107 ; Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I. p. 285 ; Lettre de Louis XIII à M. de Valençay du 30 novembre 1624, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 189 r°.
[114] Maz. 2127, fol. 113 r° et suiv., 122 v°. Pontis raconte dans ses Mémoires (éd. Michaud, p. 501), comment il fut chargé par M. de Valençay d'aller dans les petits bourgs et villages situés dans les montagnes (des Cévennes) et habités par les huguenots, afin de se pouvoir assurer s'ils ne pensoient point à de nouveaux troubles.
[115] Maz. 2127, fol. 12 r°.
[116] Maz. 2127, fol. 28 r°.
[117]
A propos des conversions de MM. de Montbrun et de
[118] Nous allons résumer les Instructions baillées au sieur Viconte sur le voyage qu'il va présentement faire es provinces de Dauphiné, Vivarais et Cévennes en conséquence des ouvertures tant par lui que par autres faites pour la conversion d'aucuns seigneurs, gentilshommes et autres des dites provinces. Septembre 1624. Maz. 2127, fol. 18 r° et suiv.
[119] Voir par exemple la lettre par laquelle Louis XIII envoie à M. de Marcillac le pli qu'il pourra présenter au baron d'Anduze (Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 214 r°).
[120]
Il en donnait reçu : Je reconnois que M. Tronson,
secrétaire du cabinet du Roi, m'a, ce jourd'hui, baillé la présente instruction
et mis en main tant de dépêches et de brevets, savoir, etc. Une fois,
Visconti emporta : cinq brevets de pension, de
[121] Maz. 2127, fol. 187 r° et suiv.
[122] L'auteur du mémoire que nous suivons (Maz. 2127, fol. 98 v°) dit : Il les faut retirer du schisme (les ministres) en leur procurant une condition meilleure et plus certaine pour eux et leur famille et y laisser les plus doctes et politiques appointés. Il estime à 300 le nombre des ministres protestants existant en France.
[123] A la fin de son mémoire, le donneur d'avis désire être excusé de s'être tant avancé au discours d'un si grand poids, étant peu expert aux affaires d'État (fol. 99 r°). C'est M. Boucaut. Il y avait des gens qui attendaient de Louis XIII la réunion des églises romaine et protestante (de Bellemaure, le Portrait du roi, 1618, p. 68).
[124] Apprenant par exemple que des huguenots entraient en relation avec les pays étrangers, Tronson écrivait dans un de ses sommaires destinés au roi : faire querelle d'allemand aux assemblées, assurant que les religionnaires tirent d'Angleterre deux mille sterlings par mois : qu'un nommé Durand, de Languedoc, fait des voyages et que le ministre nommé Espagne fait les voyages des Pays-Bas. Maz. 2127, fol. 163 r°.
[125] Maz. 2127, fol. 11 v°. N'abjurant pas ostensiblement, les ministres convertis continuaient à bénéficier, par surcroît, de certains privilèges d'exemptions d'impôts et décharges spéciales dont jouissaient leurs confrères protestants. (Sur ces exemptions, voir l'arrêt du Conseil du 29 décembre 1617, Arch. nat., E. 57, fol. 489 r : Bibl. nat., ms. fr. 18192, fol. 253 r°).
[126] Maz. 2127, fol. 164 v°.
[127] C'est un homme de considération. Il peut encore en gagner beaucoup d'autres. Maz. 2127, fol. 11 v°.
[128] Maz. 2127, fol. 162 r°, 105 r°, 67 et suiv.
[129] Maz. 2127, fol. 105 r°, 163 r°, 152 v°.
[130]
Voir sur M. de Choméane la notice de B. Arnaud, Hist. de l'académie
protestante de Die, 1872, p. 50 ; celle de Haag,
[131] Maz. 2127, fol. 85 r°, 162 v°, 168 v°.
[132]
[133]
[134] Maz. 2127, fol. 9 r°.
[135]
Nous avons un état datant de 1619 (Bibl. de Sainte Geneviève, ms. 366, fol. 89
et suiv.) ; un autre de 1628 (Bibl. nat., ms. fr. 20602, fol. 52). Voir aussi :
B. Hauréau, Un pensionnaire de la cour de Louis XIII, quittance du ministre
apostat Jérémie Ferrier (1621), dans Bullet. de
[136] Procès verbal de l'assemblée du clergé de l’année 1625, Paris, 1625, in-4°, p. 632 et 654.
[137] Il y avait un receveur provincial du clergé par généralité (Édit portant création en hérédité de 17 offices de receveurs généraux provinciaux des décimes et subventions du clergé ès 17 anciennes généralités de ce royaume, vérifié en Parlement le 21 octobre 1594, Poitiers, 1628, in-8°). Louis XIII, pour accroître les ressources appliquées à ce chapitre des dépenses, eut même l'idée de demander au Saint-Siège l'autorisation de prendre sur les abbayes vacantes du royaume la moitié d'une annate, à cet effet ; Le Saint-Siège refusa, sous prétexte que ces deniers seraient administrés par des laïcs ; en réalité il pensait qu'on emploierait ensuite cet argent pour usages plus séculiers. Le roi proposa de faire administrer ces deniers par une commission d'ecclésiastiques ; l'affaire n'eut pas de suite. Bentivoglio, Lettere, t. III, p. 318 : Lettre du 15 septembre 1619.
[138]
Maz. 2127. fol.
[139] Maz. 2127, fol. 7 v°, 8 r°, 10 v°, 173 r°. Louis XIII expliquait à Bassompierre que moyennant ce (la conversion de Lesdiguières), il acquerroit sans coup férir toute la province du Dauphiné pour notre religion (Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. III, p. 88, juillet 1622).
[140] Rohan, Mém., éd. de 1756, t. I, p. 128.
[141] La duchesse de Rohan mandait à Duplessis-Mornay : Je prie Dieu de tout mon cœur de n'en voir jamais faire autant à aucun de ceux qui sont sortis de moi. (Actes et correspondance du connétable de Lesdiguières, t. III, p. 430).
[142] Voir les raisons que donne G. Dufayard pour expliquer cet acte (Le Connétable de Lesdiguières, p. 517). Rohan juge sévèrement le connétable (Rohan, Mém., éd. de 1756, t. II, p. 2).
[143]
Lettre de Cléophon à Polémandre, 1618, p. 24 et suiv. ; Bentivoglio, Relations,
1642, in-4°, p. 308. Lesdiguières écrivant à M. de
[144] Rohan, Mém., éd. du 1756. t. I, p. 267. Rohan est en général sévère sur ses coreligionnaires (Cf. ses Mém., éd. Michaud, p. 564, 606).
[145]
Voir : G. Schybergson, le Duc de Rohan et la bourgeoisie protestant de 1622
à 1625, dans Bullet. de
[146]
Rohan se plaint avec une douleur très digne : Mém., éd. Michaud, p. 539,
542, 604, 608 ; lettre de lui à Lesdiguières du 7 juin 1622 (Arch. des Aff.
Étrang., France 776, fol. 147 v°, 163 r° ; Bibl. de l'Institut, Collect.
Godefroy, t. 269, n° 42). Sur la situation difficile de Rohan dans son parti,
cf. Balzac, le Prince, dans Œuvres, 1854, t. I. p. 24 ; H. de
[147]
Narration d'Anne Rulman, citée par Anquez : Un nouveau chapitre de
l'histoire politique des réformés de France, p. 11. Partout la noblesse
était débordée. M. de Lacger, de Toulouse, écrivait à ses amis de Castres le 18
juin 1621 : C'est un malheur que vous n'ayez pu
retenir la mutinerie du peuple et en être les maîtres (dans Mém. de
l'Acad. des sciences de Toulouse, 1883, p. 145). M. Ch. Weiss explique
comment cette situation humiliante a entraîné les nobles à se convertir (Bullet.
de
[148]
Histoire d'une ville protestante, p. 175-185, citée par Anquez, op.
cit., p. 113. Ce Cameron était un écossais de Glasgow, il a écrit un Traité
auquel sont examinés les préjugés de l'Église romaine contre la religion
réformée,
[149] Rohan, Mém., éd. de 1756, t. I, p. 261 ; J.-P. Hugues, Hist. de l'église réformée d'Anduze, 1864, in-8°, p. 405. Les protestants se divisaient en zélés, pacifiques, moyens (C. Agrippa d'Aubigné, Libre discours sur l'état présent des églises réformées, 1619, in-12°, p. 261).
[150] Nous avons plusieurs listes avec les détails des gratifications, l'une de 23 gentilshommes (Maz. 2127, fol. 84 r°), l'autre de 35 (fol. 30 r°), une troisième d'une soixantaine (fol. 103 r°). Cf. Rôle des apostats et déposés protestants, Bibl. nat., ms. fr. 15822, fol. 112 r°.
[151]
Il avait été élevé avec Henri IV lequel avait voulu faire élever un fils de
Montbrun avec le futur Louis XIII (Lettre d'Henri IV à Montbrun publiée par
[152] Maz. 2127. fol. 8 r°, 104 r°, 151 r°, 164 v°. Madame de Montbrun était fille de Lesdiguières qui, par lettre du 16 août 1622, avait demandé à Puisieux de faire dissoudre le mariage de son gendre (Bibl. de l'Institut, collect. Godefroy, 269, n° 59).
[153] Lettre de Louis XIII à Montbrun du 22 septembre 1624, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 186 r°.
[154] Maz. 2127. fol. 101 r°. Dès la fin de 1622, Montbrun avait pour un de ses fils un précepteur catholique : le synode de Pont en Royans lui avait écrit pour le prier de congédier ce précepteur (Bibl. de Grenoble, ms. U. 893, fol. 39 ; Cf. Dufayard, le Connétable de Lesdiguières, p. 506.)
[155]
Maz. 2127, fol. 7 r°, 109 v. Sur l'importance du marquis de
[156]
Cependant je remettrai au dit prieur de Paix à vous
faire entendre le soin que je veux avoir de vous et des vôtres. Lettre
de Louis XIII au marquis de
[157] Bibl. nat., ms. fr. 3722,
fol. 186 v°.
[158] Maz. 2127. fol. 84 r°. Gouvernet avait pris part au soulèvement du Dauphiné de 1621 avec Montbrun (C. Dufayard, le Connétable de Lesdiguières, p. 479). Voir sur ce personnage. J. Chevalier, Essai historique sur l'église et la ville de Die, t. III, p. 375.
[159] Lettre de Louis XIII à M. de Montauban pour lui faire connaître sa décision, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 214 v°.
[160] Louis XIII le dit dans la lettre qu'il écrit au baron des Adrets le 11 septembre 1624, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 181 r°.
[161] Maz. 2127, fol. 102 v° et 19 v°.
[162] Maz. 2127, fol. 183 r°.
[163] On disait les gentilshommes des montagnes (Actes et correspondance du connétable de Lesdiguières, t, II, p. 257). Confident de Montbrun, Champoléon prit part aux soulèvements de 1621 et 1622 (Bibl. nat., ms. ital., 1777, p. 281 : C. Dufayard, op. cit., p. 479.).
[164] Maz. 2127, fol. 84 r°, 162 r°.
[165] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 184 r°.
[166] La lettre que lui écrit Louis XIII est datée du 22 septembre 1624, Ibid., fol. 184 r°. Voir aussi Maz. 2127, fol. 176 v°.
[167]
Procès-verbal de la cérémonie dressé par Pierre Léotaud, lieutenant du juge
ordinaire de Bruis, Ibid., fol. 170 r° et suiv. Visconti écrivait
ensuite, [unir Tronson, dans ses comptes : plus, le 3 novembre (1624) pour la dépense du grand vicaire de
Gap et deux pères capucins faits venir a
Bruis pour l'abjuration du sieur de Montmorin,
[168] Ibid., fol. 11 r°, 171 r°, 164 r°, 184 r°, 168 v°, 104 v°, 162 r°. Sur
l'abjuration de madame de Pontis, voir le Bullet. de
[169] Maz. 2127, fol. 103 r°, 162 r°, 11 r°, 12 r°, 104 v°, 114 v°.
[170] Maz. 2127, fol. 103 v°.
[171] Maz. 2127, fol. 11 v°.
[172] Maz. 2127, fol. 24 r° et suiv.
[173] Pour lesquels, ajoute-t-il, S. M. ordonnera la gratification convenable à leur qualité et capacité (fol. 152 r°). Sur le baron de Brison dont nous parlons, qui se rendit odieux à Nîmes dont il fut le gouverneur protestant, nommé par les assemblées, voir Ménard, Hist. de la ville de Nîmes, t. V, p. 423.
[174] Maz. 2127, fol. 162 r°, 164 v°. L'auteur de Manifeste anglais adressé aux reformés de France sur les troubles et divisions de ce temps (Paris, 1621, in-12°, p. 7), écrivait : Pour la noblesse, hélas ! ne savez-vous pas que depuis quinze ans il y en a plus de dix mille qui ont quitté notre créance... il y en a fort peu qu'une riche pension, qu'une charge et gouvernement ne fit aller à la messe plus vite que le pas. Enfin, messieurs, la religion de la plupart est aux enchères ! Voir aussi : Avis d'un vieil conseiller d'État, (s. l.), 1620, in-12°, p. 6.
[175] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 191 r°.
[176] Maz. 2127, fol. 114 r°. On ne peut rien faire sans argent, dit-il encore. Les correspondants voulaient qu'on leur donnât de l'argent en provision (fol. 3 r°). En réalité ils étaient obligés de faire des avances et passaient leur temps à réclamer le remboursement de ce qui leur était dû. Nous avons nombre de réclamations de M de Valençay (fol. 114 v°, 123 r° et v°) surtout de Visconti (fol. 24 v°, 39 v°, 85 r°, 103 r°, 151 v°, 168 r°).
[177] Maz. 2127, fol. 176 r°.
[178] Maz. 2127, fol. 192 r° et 193 r°.
[179]
Acte d'abjuration, daté du 26 octobre 1624, d'Aubert de
[180]
A Grenoble, le magistrat qui légalisait était M. Bon
de
[181] De Bellemaure écrit (le Portrait du roi, 1618, in-12°, p. 72). Je ne doute point que de la moitié des plus clairs deniers de son Épargne le roi ne voulut avoir acheté la réunion sincère des plus grosses têtes de Charenton à l'Église.
[182] Sur la confiance un peu naïve qu'on avait dans la solidité de ces conversions, voir une lettre du P. Arnoux à Richelieu du 18 octobre 1620, Arch. des Aff. Étrang., France 773, fol. 138 v°.