Un auteur évalue la force de l'armée française en 1558 à quarante et un mille hommes, levés chez l'étranger en grande partie. Elle diminua sans doute encore sous François II, au moins au début du règne, avant que les troubles civils n'eussent éclaté, et antérieurement aux guerres d'Écosse. Les deux ambassadeurs vénitiens qui ont visité la France en 1561, et rapportent par conséquent son état de 1560, ne fixent pas de chiffre positif. Le premier, Jean Michiel, évalue la gendarmerie à soixante-dix compagnies, soit trois mille hommes et plus, chaque homme d'armes ayant un archer ½ pour l'accompagner[1], deux chevaux pour lui et un par archer : quant à l'infanterie, il existe, suivant lui, un corps de cinquante mille légionnaires, sur lequel on ne peut compter, et les Gascons, restant alors à peu près les seuls, en dehors de ces légionnaires, pour fournir le pays de fantassins, le Roi lève des Suisses et des Allemands ; en un mot, le pays de France fournit, assure-t-il, un grand nombre d'excellents capitaines, mais peu de bons soldats. Suriano, le second ambassadeur vénitien dont nous parlons, partage ce dernier avis[2]. Il explique comment la milice de terre consiste plutôt en France dans la cavalerie que dans l'infanterie, insistant sur le peu d'envie (du gouvernement) de voir le menu peuple et les paysans armés. D'après lui, cette cavalerie consiste dans les hommes d'armes et les archers soldés, qui sont ordinairement de braves gens bien armés et bien équipés ; les premiers doivent entretenir deux chevaux en temps de paix et quatre en temps de guerre, dont un pour les fourrages, sans quoi ils mourraient de faim, ou bien ils seraient forcés de piller ; la plupart de ces chevaux viennent de l'étranger, la France, prétend-il, ne fournissant pas une bonne race de chevaux de guerre. Outre les gens d'armes, il cite les chevau-légers, qui portent une arquebuse à l'arçon, plus nombreux d'un tiers que les hommes d'armes, c'est-à-dire qu'ils sont quatre mille environ et les autres trois mille, mais les gentilshommes de la maison du Roi égalisent à peu près les deux nombres. La cavalerie étrangère, d'après son dire, est peu nombreuse. L'infanterie comprend six à sept mille Gascons et un nombre de légionnaires indéterminé ; on a renoncé, fait-il observer, aux quarante mille légionnaires de François Ier, par la crainte d'armer les plébéiens, qui aussitôt armés se soulèveraient, car dès qu'un homme du peuple est soldat, il devient insolent. Voilà donc un étranger, examinant notre constitution sans préjugé, qui indique par où elle pèche : ce sont les États, par conséquent surtout la noblesse et le clergé, c'est-à-dire les privilégiés, qui s'opposent à l'armement des plébéiens ; la royauté y recourrait ; elle l'a fait chaque fois que la main royale a été ferme et non tenue en tutelle, et elle ne sera sauvegardée définitivement des guerres de religion ou des Frondes, que quand elle adoptera franchement le recensement général, par un tirage au sort, c'est-à-dire deux siècles plus tard, sous Louis XV[3] ; on le voit, les progrès des sociétés s'accomplissent avec lenteur. Parmi les créations militaires de François II, nous pouvons citer : 1° Une nouvelle compagnie d'arquebusiers, instituée en 1560, aussitôt après la conjuration d'Amboise, pour la garde de sa personne, et, suivant quelques-uns, pour veiller à la sûreté des princes Lorrains. Commandée par Antoine du Plessis-Richelieu, surnommé le Moine, parce qu'il en avait momentanément revêtu l'habit, elle comprenait cent vingt cavaliers, gens semblables en tout à leur capitaine, nous apprend de Thou, c'est-à-dire vêtus, équipés et armés comme lui. L'amiral de Coligny s'éleva fortement, dans l'assemblée de Fontainebleau, contre la création d'une garde spéciale pour le monarque : chose périlleuse, disait-il, comme nourrissant le Roy en cette opinion d'avoir crainte de ses subjects et excitant la jalousie de ses peuples ; ce à quoi le duc de Guise répliqua qu'il n'avait jamais été d'avis de cette création, sinon depuis que les subjects avoient prins les armes contre le Roy. Et peu après, en effet, il réunit les bandes revenues d'Écosse à celles retirées du Piémont, de Metz et de la Picardie, pour constituer alors, en les joignant à douze cents hommes d'armes, une véritable garde[4]. 2° Deux compagnies de cinquante arquebusiers à cheval chacune, levées en octobre 1560, dans là Bourgogne, par les sieurs de Trehan et Venton, suivant commissions royales expédiées à eux particulièrement[5], alors que le gouvernement groupait le plus de forces possible autour d'Orléans, pour réprimer les tentatives des séditieux. 3° Dix enseignes de gens de pied, levées en Dauphiné, d'après une commission royale du 17 novembre 1560, dans le but de s'opposer aux tentatives des habitants de la vallée de Pragela — Savoie —, en faveur des réformés français leurs voisins. Dans le discours prononcé devant le parlement de Paris, le 5 juillet 1560, à son installation Comme chancelier, Michel de l'Hospital insiste sur ce fait que, pour soulager la misère du peuple, on vient de diminuer plusieurs impôts, et notamment de supprimer la taxe que payaient les villes pour l'entretien de cinquante mille hommes de pied. Cette taxe existait depuis plusieurs années, car Vincent Carloix[6] en parle à la date de 1557 ; tous les roturiers y étaient sujets, et elle servait à la levée et à l'entretien de troupes plus aguerries que les anciens légionnaires. La gendarmerie française comprenait alors : 4 compagnies à cent lances chacune — celles du roi de Navarre, du connétable, du duc de Guise, du duc de Savoie — ; 4 compagnies à quatre-vingts lances chacune — celles du duc de Nevers, du duc d'Aumale, du maréchal de Saint-André, du maréchal de Brissac — ; 3 compagnies de soixante lances chacune — celles du comte d'Harran, de l'amiral, de Monsieur de Lorraine — ; 2 compagnies de cinquante lances — celles du marquis d'Elbeuf et du maréchal de Montmorency — ; 3 compagnies de quarante lances — celles de Monseigneur d'Orléans, du prince de Navarre, de Monsieur de la Brosse — ; 49 compagnies de trente lances chacune ; 1 compagnie de vingt lances — celle de Monsieur de Beyne —. Soit 66 compagnies de gendarmerie et deux mille cinq cent soixante-dix lances au total[7]. Vingt commissaires et contrôleurs ordinaires des guerres
suffisaient pour faire la monstre ou revue trimestrielle de cette troupe
d'élite, augmentée des deux cinquièmes de ce qu'elle était à sa création[8] : déjà dans ces
revues, la plupart des hommes d'armes parvenaient à signer. Quant aux
emplacements, ils se trouvent répartis sur le territoire entier de la France,
pour soixante et une compagnies, sans qu'aucune séjourne à Paris, la plus
rapprochée de la capitale occupant Pontoise ; les cinq autres sont employées
: l'une, celle du duc de Savoie, à Chambéry, et les quatre autres, celles du
maréchal de Brissac, de MM. d'Aussun, de Terride et de Beyne, en Piémont.
Quand une compagnie était choisie pour faire le service auprès de la personne
du Roi, on en prévenait à l'avance son capitaine. Ainsi, le 6 mai 1560, M. de
Damville reçoit cette lettre royale : Mon cousin,
pour ce que vostre compaignye est du nombre de celles que j'ay choisies pour
demeurer près ma personne durant le quartier de juillet, aoust et septembre
prochain, encores que j'aye bien deliberé de le faire ainsi entendre par les
commissaires et controlleur à vostre dite compaignye, à la monstre qui s'en
fera le xxe dudit moys de juillet, si ay-je bien voulu vous en donner
cependant ce mot d'advis, affin que vous advertissez dés à présent les
membres de vostre compaignye, et eulx mandent aux hommes d'armes et archiers
quelle est en cela mon intention, et qu'ils ne faillent à se trouver tous
avec leurs armes et chevaulx à ladite monstre, à laquelle ils se peuvent bien
asseurer qu'il n'y aura personne excusé. Si l'infanterie avait été constituée d'une manière permanente, nous trouverions pour elle un état de répartition semblable, car évidemment ses revues eussent eu lieu, sinon aux mêmes époques, au moins aussi fréquemment : on parvient donc, de la sorte, à constater indirectement l'absence d'une organisation pour nos troupes à pied, et cela concorde avec l'ensemble des documents de l'époque, il n'y a plus de francs archers, il y a encore des légionnaires, mais point de constitution fixe, on donne ce dernier nom à des troupes levées à la hâte. Essayons de le prouvei par un fait. Le 12 avril 1559, dans une lettre adressée à Gaspard de Tavannes pour lui donner pouvoir illimité contre les séditieux du Dauphiné, le Roi, après lui avoir recommandé d'assembler les compagnies de gendarmerie qui sont en Bourgogne, ajoute : Touttefois, Monsieur de Tavannes, s'il vous sembloit ces forces là n'estre suffisantes, vous pourrez aider des légionnaires du Daulphiné ; j'ay donné charge au baron des Adrets, qui est party depuis deux ou trois jours, pour les faire tenir pretz. Ainsi ces légionnaires ne se trouvaient pas toujours sur pied, comme le voulait l'ordonnance de création. Quant au service du ban et de l'arrière-ban, lequel fournissait une cavalerie organisée féodalement et tirée du pays au moment de la guerre et pour sa durée seulement, il se trouvait déjà converti pour plusieurs provinces en un impôt. Celui de la Bourgogne, par exemple, avait été fixé à vingt-quatre mille livres de contribution annuelle, puis réduit, en 1558, à dix mille livres, à la requête des gens y intéressés ; encore cette dernière somme ne se payait-elle pas fort régulièrement, comme nous l'apprend une lettre royale écrite de Blois le 19 janvier 1560, et adressée au même chef Gaspard de Tavannes, depuis maréchal de France. Cette transformation du service du ban et de l'arrière-ban en un impôt, après celle déjà signalée du service des légionnaires, indique déjà une grave altération dans les mœurs guerrières ; la société, enrichie par le commerce, se civilise, s'amollit, et déjà les armes lui tombent des mains ; elle les reprendra bientôt, mais momentanément, poussée par la passion politique ou religieuse. Remarquons comment, après l'assemblée de Fontainebleau, on distribue la cavalerie par tout le royaume et en différents gouvernements ; en sorte que ceux qui étoient suspects furent détachés de leurs corps et servirent avec d'autres troupes bien intentionnées et plus fortes en nombre[9]. Par exemple, la compagnie du prince de Condé fut envoyée à Troyes, sous le commandement du duc de Nevers, gouverneur de la Champagne et de la Brie ; celle du prince de Navarre à Loches, sous de Thermes ; celle de Coligny à Rouen, sous Vieilleville. Après les suspects, citons Montluc, qui exerçait un commandement dans le Midi, et dont la compagnie fut dirigée sur Moulins, aux ordres du maréchal de Saint-André. Cette mesure mérite d'autant plus l'attention, qu'un mois auparavant autorisation avait été donnée de ne laisser à la garnison de Chaque compagnie d'ordonnance que la moitié de cette compagnie avec deux chefs[10]. Cette répartition prudente ne suffit pas dans l'esprit des gouvernants, et des troupes furent rappelées d'Italie ; c'est ainsi qu'au moment des troubles du Dauphiné, dix-sept enseignes de vieux soldats y rentrent venant du Piémont. La discipline était loin d'être parfaite[11]. Le 22 juillet
1560, le Roi écrit au duc d'Aumale : Mon oncle, je
suys adverti par infinies plaintes que ma gendarmerye s'est tellement
dereiglée, que la plupart des hommes d'armes et archiers ahans et venans par
les champs font infinies maux et pilleryes à mon pauvre peuple et vivent sans
rien payer, chose qui m'a tant despleu qu'il n'est possible de plus.....
Pour cette cause, je vous prie, mon oncle, que sur
tant que vous m'aymez et désirez faire chose qui me soyt aggréable, vous
donniez ordre qu'il soyt faict telle punition de ceulx de ces hommes d'armes
et archiers qui se trouveront avoir tenu les champs et vescu sans payer, que
l'exemple contienne et garde les aultres de faire le semblable. L'administration des troupes était vérifiée par les
commissaires et contrôleurs ordinaires des guerres ; nous avons dit ci-dessus
que vingt de ces fonctionnaires étaient employés à faire la revue des
compagnies d'ordonnance ou gendarmerie[12] ; il devait y en
avoir d'autres, soit pour la cavalerie légère, soit pour l'infanterie. Quand
une compagnie avait trop perçu en nature ou en argent, on lui en retenait la
valeur au payement suivant ; cela résulte de ce passage d'une lettre du duc de
Guise à M. de Damville[13] : Suivant le contenu de vostre lettre du XXX du
moys passé, j'ai faict expédier l'ordonnance nécessaire au trésorier des
chevaulx-légiers, Payot, pour paier entièrement les bendes desdits
chevaulx-légiers du quartier qui leur a esté ordonné, sans leur rabattre
aucune chose des prets qui leur ont esté auparavant faicts, soit en deniers
ou en vivres, car il n'y avoit point de raison ou d'apparence de leur faire
ledit rabais pour les causes et raisons que vous remonstrez par vostre dite
lettre : n'ayant oublié par ladite ordonnance que je vous envoye le paiement
du prevost des bandes, suivant la requeste que vous m'en avez faicte.
Le prévôt, on le sait, était chargé dans une troupe des soins de police et de
discipline ; la fin de cette citation prouve qu'il en existait un chez les
chevau-légers. Voici un renseignement sur le tarif de solde alors en usage ;
il concerne la gendarmerie : Enseigne d'une compagnie de trente lances fournies[14].......... 100 livres tournois. Un autre renseignement relatif à la solde, c'est que Blaise de Vigenère évalue la dépense des deux mille hommes d'armes qu'il propose une vingtaine d'années plus tard pour la France — avec trois mille archers les suivant, c'est-à-dire un archer ; par homme d'armes —, évalue, disons-nous, cette dépense à quelques six cens mille escus, tout compris, disant : Il faudrait policer cela[15] en les bien payant et à poinct nommé, pour leur retrancher toutes occasions et pretextes d'ainsi malverser. On commençait à réfléchir sur l'art militaire et à l'étudier au point de vue historique dans les temps anciens comme dans les temps modernes ; en effet, à défaut d'ouvrages militaires portant le millésime de 1559 ou de 1560, et appartenant au règne propre de François II, nous pouvons citer deux livres nés en 1558, et qui certes furent lus par les officiers des troupes de ce monarque, savoir : César renouvelé par les observations de Saint-Gabriel Syméon, et la Prise de Thionville en 1555, par de la Chastre, maréchal de France, tous deux édités à Paris dans le format in-8°. Au résumé, François II laisse une armée aussi peu constituée, dans le sens moderne du mot, que celle de son père, et surtout beaucoup moins nombreuse que l'armée de 1557 ; il est vrai que, s'il entretint encore des troupes en Italie, ce fut pendant peu de mois, avant l'évacuation définitive prescrite par le traité de Gâteau-Cambrésis, et il ne fit d'expéditions ni dans ce pays, ni en Lorraine. En particularités militaires, nous citerons un détail relatif aux rançons : La rançon de Jacques de Maintenon, fait prisonnier à la bataille de Saint-Quentin par Francisco Orthus, fut, à la suite d'une discussion entre le prisonnier et son possesseur, fixée, par une ordonnance de Philippe II, datée de Gand le 24 juillet 1559, à la somme de trois mille écus, mais avec cette condition restrictive : Touttefois, s'il est trouvé que son père soit trepassé, en ce cas il sera tenu soy représenter et attendre nouvelle taxe, et sur ce, prester le serment ès mains de celluy que Sa Majesté à ce commetra. Jacques d'Angenes, seigneur de Rambouillet et de Maintenon, occupait une grande position, qui explique le chiffre de cette rançon ; il était chevalier de l'Ordre du Roi, capitaine de ses gardes du corps, gouverneur de Metz, gentilhomme ordinaire de la chambre, etc. Ordinairement, en guerre, les rançons étaient beaucoup moindres ; nous les voyons fixées, par exemple, en 1553, par un accord entre le maréchal de Brissac et le capitaine général de l'armée impériale, Ferdinand de Gonzague, à l'état et gages d'un quartier — ou trimestre —, tels qu'ils les recevaient de leur prince, quant au maximum, et le plus souvent aux gages d'un mois pour tout ce qui avait ce que nous appellerions aujourd'hui rang d'officier[16]. Rappelons, au sujet des prisonniers, qu'ils appartenaient à qui les avait pris, fussent-ils de petits chefs, témoin le capitaine de chevau-légers Bobigni, qui, possesseur du maréchal de Saint-André, dans une escarmouche après la bataille de Dreux, ne veut le céder au prince de Porcian, et finalement lui brise la tête d'un coup de pistolet pour qu'il ne lui échappe plus. Nous pouvons également remémorer que le gouvernement de
François II se vit obligé d'insister à plusieurs reprises pour obtenir du roi
d'Espagne la mise en liberté de nos nationaux capturés par ses navires sur
nos côtes, et dont la délivrance se trouvait une conséquence du traité de
Cateau-Cambrésis. Il existe à ce sujet diverses lettres officielles relatives
à un certain capitaine de Lisle et à sa famille ; le Roi, la Reine-mère,
François de Guise, le cardinal de Lorraine, écrivent en sa faveur. Voici la
lettre de ce dernier' : Monsieur de Lymoges, le
capitaine Lisle m'a fait entendre qu'en sa faveur la Royne-mère escript au
roy d'Espaigne pour la delivrance d'aulcuns siens parens et alliez, détenus
prisonniers en gallères dudict seigneur, soubs le cappitaine Labbé, il y a
six ans paséés ; et encore qu'il ne soit besoins d'aultre recommandation que
celle de ladicte dame, si vous en ay-je bien voulu faire ce mot, pour vous
prier d'y tenir la main, et faire que lesdicts pauvres prisonniers soient
relaschez et mis en liberté. Et oultre que vous ferez œuvre bien charitable
et service agréable à ladicte dame, ce me sera bien grand plaisir, que je
recognoistray où me vouldrez en autre chose employer d'aulsy bon cœur que je
prie Dieu. Monsieur de Lymoges, vous donner entierement ce que mieulx
desirez. De Fontainebleau, ce... jour de
juillet 1560. — Vostre bon frère, CHARLES,
cardinal de Lorraine. Pour terminer, relatons que, quand un personnage possédait à la fois un grade dans l'armée de terre et un grade dans la marine, il mentionnait toujours le grade de l'armée de terre le premier dans l'énumération de ses titres ; La Meilleraye, par exemple, s'intitule capitaine de cinquante hommes d'armes avant de se dire vice-amiral. Cette coutume signifie-t-elle que notre marine militaire se trouvait alors abandonnée, ou provient-elle plutôt de ce que les compagnies d'ordonnance étaient la création permanente la plus ancienne, et comme le commandement qui, après l'Ordre de Saint-Michel, plus récent, rapprochait le plus du Roi ? Tout titre, en effet, qui faisait tenir de près au souverain, primait les autres ; quand par exemple Montaigne écrit à M. de Lansac au sujet de la traduction de la Mesnagerie, c'est-à-dire de l'Économique de Xénophon, par La Boétie, il a soin d'adopter la suscription suivante : A Monsieur, Monsieur de Lansac, chevalier de l'Ordre du Roy, conseiller de son Conseil privé, surintendant de ses finances et capitaine de cent gentilshommes de sa maison. |
[1] Soit trois archers pour deux hommes d'armes.
[2] Relations des ambassadeurs vénitiens, publiées par M. TOMMASEO, tome Ier, p. 399, 497.
[3] Par l'adoption de la milice sans racolage.
[4] De l'Estat de France sous François II, par REGNIER DE LA PLANCHE, édition du Panthéon littéraire, p. 373.
[5] Consultez la lettre du roi au duc d'Aumale, 9 octobre 1560.
[6] Mémoires de Vieilleville, VII, III.
[7] Ce dénombrement résulte d'un état de répartition destiné à la monstre du dernier trimestre de l'année 1559, dressé par le connétable, à la date du 6 avril 1559, et reproduit à la p. 346 des Négociations sous François II, publiées par M. Louis PARIS. La date du 6 avril 1559 assignée par l'honorable éditeur de ce recueil audit état me paraît arriérée, puisque le maréchal de Montmorency y figure comme possesseur d'une compagnie de cinquante lances tenant garnison à Chambly, et que le fils du connétable ne fut nommé maréchal de France que sous François II, c'est-à-dire après le 29 juin 1559 (Voyez à ce sujet une des premières notes de notre chapitre VII) ; tout au moins faudrait-il effacer l'appellation de maréchal devant le nom de M. de Montmorency. La signature apposée au-dessous de l'état en question est écrite Montmorency.
[8] La création de Charles VII comportait quinze compagnies de cent lances chacune.
[9] DE THOU, livre XXV.
[10] Le roi au duc d'Aumale, 9 août 1560.
[11] François II voulait aussi que la discipline et le respect pour les chefs militaires se maintint parmi les officiers et les seigneurs les plus considérables. On en a pour preuve le discours qu'il prononça en présence de Boyvin, un jour que le vidame de Chartres médisait à la cour du maréchal de Brissac. Le monarque dit en effet au duc de Guise : Vous êtes l'un de ceux qui pouvez, mieux que nul autre, témoigner de la probité et des grands et recommandables services de M. le maréchal ; si le vidame ou autre en a mal usé à son endroit, il l'en faut réellement corriger, afin qu'il serve d'exemple aux médisans ; si je scavois qu'il se fut ainsi oublié, je commanderois à vous même d'en faire le ressentiment en mon nom ; et à quoi je vous prie de prendre garde dorénavant que ces folies n'arrivent ; et au reste de dépêcher Boyvin le plus tort et le plus favorablement qu'on pourra, et vous, assurer de ma part le maréchal que je l'aime et honore autant et plus qu'aucun seigneur qui soit à mon service.
[12] L'histoire a conservé leurs noms. C'étaient : Vaudargent, Salmet, Laperye, Terron, Montanson, Lacouldre, de Marie, Dnbez, Le Bois d'Annebourg, Cazault, Fontaynes, Benn, Brion, Laplace, Achevilliers, Mailly, Villiers, Menisson, Forest, Vazatins.
[13] 6 septembre 1560.
[14] Quittance d'Antoine de Lopiat au trésorier des guerres François de Baroms, 20 novembre 1560, citée par Monteil.
[15] Porter remède à leur indiscipline.
[16] Mémoires de Boyvin du Villars sur les guerres du Piémont, 1606, livre IV, p. 264.