Le
lieutenant-général Drouët d’Erlon, désigné le 27 juillet 1834 pour remplir
les fonctions de gouverneur général, créées par l’ordonnance du 22 juillet,
avait 70 ans ; il était d’un âge à éviter les entraînements que le
Gouvernement paraissait redouter. D’après ses instructions, il n’avait à
envisager aucun accroissement des « possessions françaises dans le Nord de
l’Afrique », et devait chercher à organiser les établissements existants. Ses
attributions, déterminées par un arrêté ministériel du 1er septembre 1834,
lui confiaient la défense intérieure et extérieure des possessions
françaises, et mettaient entre ses mains les pouvoirs civils, militaires,
politiques, administratifs. Sa correspondance militaire était centralisée par
les soins d’un chef d’état-major général et sa correspondance administrative
par les soins d’un secrétaire du gouvernement. Il
fallait définir le statut de l’armée d’Afrique dans cette nouvelle
organisation, déterminer les attributions des généraux des possessions
françaises dans leurs commandements respectifs, et définir leurs relations
avec le Gouverneur général. Drouët
d'Erlon, débarqué le 26 septembre 1834[1], écrivit au Ministre de la
Guerre le 1er octobre que la totalité des troupes devait être considérée
comme un corps d’armée dont le siège était à Alger, avec un chef d’état-major
général qui était Trézel. Les
troupes stationnées à Alger et aux environs, à l’exclusion des directions de
l’artillerie et du génie, constitueraient une division ; celles stationnées à
Oran, Mostaganem et Arzew, une brigade aux ordres du général Desmichels ;
celles de Bône, une brigade aux ordres du général Monk d’Uzer, et celles de
Bougie, un détachement, commandé par le lieutenant-colonel Duvivier. Les
brigades de Bône et d’Oran, ainsi que le détachement de Bougie,
correspondraient directement avec le Gouverneur, et non avec le chef
d’état-major général[2]. Le
lieutenant-général Voirol, après avoir exercé si longtemps le commandement en
chef, se trouvait relégué au second rang. Il reçut le titre de commandant des
troupes, exerçant en fait le commandement de la division d’Alger. Il subit
cette diminution avec beaucoup de dignité, d’esprit de discipline et de
dévouement ; mais il demanda à rentrer en France pour raison de santé. Il
consentit cependant à rester jusqu’à ce que le Gouverneur eût pu inspecter
les troupes d’Oran, Bône et Bougie. Drouët d’Erlon demanda au Ministre le
général Rapatel pour remplacer Voirol[3]. L’autorité
directe du Gouverneur général sur les possessions de l’Ouest et de l’Est fut
symbolisée par les voyages que firent à Alger les deux maréchaux de camp : le
général Desmichels se présenta à Drouët d’Erlon dans les premiers jours
d’octobre, accompagné d’un représentant d’Abd el Kader, et le général d’Uzer
vint lui confier ses inquiétudes au sujet de l’attitude du bey Ahmed à
Constantine. Le
corps d’occupation des possessions françaises dans le Nord de l’Afrique
comptait, au moment où Drouët d’Erlon venait prendre les fonctions de
gouverneur général, 31.500 hommes, tandis que l’effectif fixé par le budget
était de 23.300 hommes environ[4]. Il s’agissait donc de réaliser
une réduction de presque un tiers des troupes employées. C’était un problème
difficile. Le
maréchal Gérard, ministre de la Guerre depuis le 18 juillet 1834, s’était
préoccupé de cette question avant même le départ de Drouët d’Erlon pour
Alger. Le Comité d’infanterie et de cavalerie avait étudié un projet
d’organisation des « troupes indigènes en Afrique », dans le but
d’obtenir, grâce à ces troupes, une réduction sensible des « forces
nationales ». Gérard avait demandé à Drouët d’Erlon d’examiner ce projet,
surtout au point de vue des dépenses, et de lui donner son avis[5]. Après
l’installation de Drouët d’Erlon à Alger, le Ministre appelait à nouveau son
attention sur la nécessité de ramener l’effectif du corps d’occupation au
chiffre budgétaire. Or le Gouverneur général déclarait parvenir avec peine à
assurer le service dans certains postes comme Bougie avec les effectifs
existants, en raison du nombre élevé des indisponibles. Gérard
écrivait à Drouët d’Erlon qu’il espérait pouvoir arriver à cette réduction
grâce à deux moyens : le développement des « relations amicales » avec les
Indigènes ; « la formation et l’accroissement progressif de corps indigènes[6]. » L’accroissement
de la cavalerie indigène avait été préconisé par la « Commission d’Afrique »,
qui, sous la présidence du lieutenant-général comte Bonet, était venue de
septembre à décembre 1833 effectuer une enquête en Afrique, et avait provoqué
l’organisation du Gouvernement général. Cet accroissement fut réalisé par
l’ordonnance du 10 septembre 1834[7], qui décida la formation à
Alger d’un corps de spahis réguliers. Ce corps, composé de quatre escadrons,
devait être commandé par un lieutenant-colonel. Il fut placé sous les ordres
du lieutenant-colonel Marey, l’organisateur et le chef des « chasseurs
algériens ». Marey était très qualifié pour ce commandement, car il s’était
toujours passionnément intéressé à ses cavaliers indigènes, s’occupant de
tous les détails relatifs à leur armement, à leur habillement, à leurs
vivres, à leurs chevaux et à leur solde[8]. Pour
faciliter dans toute la mesure du possible la formation des spahis, une
ordonnance du 16 octobre 1834 réduisit de six à cinq le nombre d’escadrons
des régiments de chasseurs d’Afrique, et en exclut les Indigènes[9]. En exécution de cette
ordonnance, les spahis incorporés au 1er régiment de chasseurs d’Afrique
furent retirés de ce corps et constituèrent un escadron. Le
lieutenant-colonel Marey s’occupa de l’organisation des autres escadrons du
corps indigène dont il avait le commandement[10]. Drouët
d'Erlon comptait d’autre part employer à Alger le système institué à Bône
pour recruter des spahis irréguliers, c’est-à-dire solder dans chaque tribu
un certain nombre d’hommes, qui pourraient être réunis. Il n’était possible,
pensait-il, d’exercer une action sur les tribus que par des éléments pris en
elles-mêmes ; il fallait par suite donner, aux chefs indigènes désignés par
la France, une force militaire capable de les aider à asseoir leur autorité[11]. L’emploi de ces procédés
amenait à développer, par tous les moyens, les relations avec les Indigènes. La
politique qu’avait suivie Voirol à l’égard des Indigènes allait-elle être
continuée ? Elle devenait d’autant plus utile que grandissait à l’Ouest la
puissance d’Abd el Kader. Drouët
d’Erlon voulut dès le début, tout en promettant sa bienveillance aux
Indigènes, leur affirmer que la France était décidée à occuper définitivement
la Régence d’Alger. Dans une proclamation publiée le 28 septembre, le
surlendemain de son arrivée, il leur disait : « Ne perdez pas de vue surtout
que jamais les Français n’abandonneront le sol africain, et que tous les
peuples de la terre savent qu’il vaut mieux les avoir pour amis que pour
ennemis[12]. » Pour
étudier les « affaires arabes », le Gouverneur général avait besoin de
collaborateurs qualifiés. Il demanda le 1er octobre au Ministre d’affecter à
l’état-major général le capitaine Pellissier, aide de camp du général Voirol
: « Cet officier, écrivait-il, désire beaucoup rester en Afrique, et il peut
y être fort utile par la connaissance qu’il a du pays, de la langue et des
mœurs des habitants[13]. » C’était un bon choix ; mais
la mutation ne fut pas prononcée de suite. Comme
tous les officiers ou fonctionnaires qui arrivent en pays musulman et qui
agissent suivant les habitudes de leur pays d’origine, Drouët d’Erlon
commença par commettre des erreurs. Abd el
Kader lui ayant écrit, dans sa lettre de bienvenue, qu'il le considérait «
comme un étranger dans son territoire et un convive dans la terre de son
district[14] », Drouët d’Erlon lui
répondit le 9 octobre : « Nous remercions l’émir des Croyants, Sidi el Hadj
Abd el Kader, de l’hospitalité qu’il nous offre, à nous qui venons de
débarquer sur le sol glorieux de l’Afrique, et nous serons heureux de pouvoir
un jour la lui rendre, avec les honneurs qui lui sont dus[15]. » Qui avait pu suggérer ces
termes, par lesquels le Gouverneur général reconnaissait être l’hôte de
l’Emir des Croyants ?... Le bureau arabe, toujours en fonctions, n’avait sans
doute pas été consulté. Les formules devaient être de Drouët d’Erlon lui-même
; elles étaient très regrettables. Dans
cette même lettre, Drouët d’Erlon assurait Abd el Kader de son vif désir de
faire le bonheur des populations indigènes, de les enrichir grâce au commerce
et à l’agriculture, de respecter leur religion, et de les traiter avec
justice et équité. Il aurait dû se borner là. Le
Gouverneur général présentait cette correspondance au Ministre sous un jour
inexact. D’après lui, Abd el Kader « se donnait des titres fastueux et visait
à jouer le rôle de souverain » ; mais, ajoutait-il à tort, « ses prétentions
et les épithètes dont il se servait, assez usuelles chez les Orientaux,
n’entraînaient pas les mêmes conséquences qu’en Europe » ; dans sa réponse,
il avait « évité de reconnaître la prétendue souveraineté » de l'Emir[16]. En réalité, Drouët d’Erlon
avait reconnu cette souveraineté par des termes qu’Abd el Kader ne devait pas
manquer d’exploiter auprès de ses coreligionnaires. Le
Ministre remarqua fort bien ces nuances et écrivit le 24 octobre à Drouët
d’Erlon : « Vous ne devez pas perdre de vue que derrière le luxe des titres
qu’Abd el Kader s’arroge, se trouveront aussi des phrases dont la portée
révèle ses véritables desseins », et il lui signalait certaines « expressions
significatives » de la lettre d’Abd el Kader[17]. Le jour
même où le Ministre lui écrivait cette lettre, Drouët d’Erlon était obligé
d’envoyer aux tribus une proclamation désavouant Abd el Kader[18]. Son intention était,
écrivait-il au Ministre, « d’établir dans le pays des centres de
pouvoirs indigènes assez forts pour maintenir l’ordre et la paix dans les
tribus sous notre influence, mais pas assez pour aspirer à se rendre
indépendants[19]. » Il comprit rapidement les
visées de l’Emir, désireux de dominer toute la Régence ; il sut repousser
comme il devait une demande, présentée au nom d’Abd el Kader par le Juif Ren
Duran, son chargé d’affaires à Alger, d’obtenir les coins de l’ancienne Régence
afin de battre monnaie[20] ! Pour ne
pas augmenter le nombre des partisans d’Abd el Kader, il fallait ménager les
susceptibilités religieuses des populations musulmanes. Le
prosélytisme chrétien avait été jusqu’alors inexistant en Afrique, lorsque la
prétendue conversion à la religion catholique d’une Mauresque d’Alger
répudiée par son mari était venue occasionner des conflits et des discussions
hors de proportion avec ce mince événement. L’affaire avait été examinée au
Ministère de la Guerre. Le Ministre désapprouva Voirol qui avait pris parti
pour la Mauresque désireuse d’échapper à ses juges musulmans, et envoya le 13
octobre à Drouët d’Erlon des instructions ainsi conçues : « La
conversion d’un Musulman à la foi chrétienne est et sera longtemps encore,
dans nos possessions du nord de l’Afrique, un événement très grave et qui
tendra toujours plus ou moins à compromettre nos rapports avec la population
indigène. Le Gouvernement a si bien senti cela, qu’il n’a, jusqu’ici, voulu
permettre en Afrique aucune espèce de mission, soit catholique, soit
protestante, quoique plusieurs demandes lui aient été adressées dans ce but
». Non
seulement le Ministre ne voulait favoriser aucun prosélytisme, mais il
entendait l’interdire : « Dans un pays récemment conquis, ajoutait-il, où les
questions de religion sont en même temps des questions de nationalité et de
fanatisme, l’Administration ne doit pas simplement rester indifférente au
sujet des conversions ; elle a un intérêt puissant à s’y opposer[21]. » Il examinait ensuite
l’affaire de la Mauresque, et demandait « une enquête sévère » sur des faits
propres à compromettre l’attitude de l’autorité française vis-à-vis des
Indigènes. L’enquête
très complète faite par Drouët d’Erlon montra combien la néophyte était peu
digne d’intérêt[22]. Une
autre Mauresque, qui en janvier 1835 manifesta aussi l’intention d’embrasser
le christianisme, fut reconnue comme appartenant à « l’une des dernières
catégories des filles publiques » ; elle reçut de l’intendant civil
Lepasquier le conseil de se rendre en France et un passeport pour Marseille[23]. Ces
prétendues conversions étaient manifestement inspirées par le désir
d’échapper aux lois musulmanes, et furent traitées par Drouët d’Erlon avec
l’indifférence qu’elles méritaient. Si une
partie de la politique à suivre vis-à-vis des Indigènes était pour ainsi dire
négative, et consistait à ne pas les blesser dans leurs sentiments les plus
chers, une autre partie était positive, active, et devait tendre à développer
des relations amicales avec eux. Ce n’était pas toujours facile. Les
tentatives commencées par Voirol de faire fréquenter par les Européens le
marché de Boufarik le lundi furent reprises avec l’aide du capitaine
Pellissier, du sous-lieutenant Allegro et de quelques escadrons : « Mon
intention, écrivait Drouët d’Erlon, est d’amener les Indigènes à voir et même
à désirer dans leur propre intérêt nos marchands fréquenter leur marché (sic), car je suis persuadé que le
plus puissant moyen de vaincre la répugnance et les préjugés nourris contre
nous se trouvera dans les relations commerciales qui s’établiront entre eux
et les Européens[24]. » Il regrettait seulement de
constater que nombre de ces Européens étaient « peu recommandables et fort
avides. » Les commerçants furent cependant peu à peu mieux accueillis au
marché de Boufarik, et y effectuèrent des ventes ou des achats, tandis que des
officiers de santé, tel « le docteur Baudens, jeune chirurgien d’une grande
habileté », donnaient des consultations et des soins aux Indigènes[25]. Le Ministre recommandait
d’ailleurs à Drouët d’Erlon, comme il l’avait fait à Voirol, de « ne pas
établir de relations commerciales sous la protection des baïonnettes[26]. » Une
petite équipe d’officiers connaissant bien les populations essayait de faire
auprès d’elles une utile propagande. Le capitaine Pellissier, le sous-lieutenant
Vergé et le sous-lieutenant Habaïly parcoururent dans la première quinzaine
de novembre 1834 les tribus de la plaine et reçurent partout le meilleur
accueil[27]. L’organe
destiné à diriger cette politique indigène allait changer une fois de plus,
tant il est vrai qu’un chef peut rarement se décider à continuer l’œuvre de
son prédécesseur. L’agha
des Arabes fut rétabli, et le bureau arabe cessa d’exister. Les fonctions
d’agha furent données le 18 novembre 1834 au lieutenant-colonel Marey,
l’ancien organisateur et chef des « chasseurs algériens » ; une circulaire du
29 novembre annonça cette nouvelle aux habitants de Blida, Médéa, Koléa,
Cherchell, Miliana, à Ben Zamoun, etc.[28] Comme
Drouët d’Erlon utilisait néanmoins les officiers de l’ancien bureau arabe, et
les envoyait dans les tribus pour régler diverses questions, les Indigènes
crurent qu’il y avait dualité dans le commandement à Alger, et désaccord
entre les chefs s’occupant des « affaires arabes ». D’après Pellissier,
certains d’entre eux demandèrent aux sous-lieutenants Vergé et Allegro «
quels avantages ils leur feraient pour les avoir dans leur parti contre
l’agha ![29] » Marey
eut bientôt l’occasion d’exercer activement ses nouvelles fonctions. Un vol
de troupeaux ayant été commis en décembre, il se porta pendant la nuit, avec
ses spahis réguliers, les cavaliers de Ben Zecri et 200 fantassins à la
poursuite des voleurs, et reprit le bétail dérobé[30]. Des
procédés de ce genre risquaient de réveiller l’ardeur guerrière des
Hadjoutes, à peine assoupie. C’est ce qui se produisit. La lutte reprit entre
eux et les détachements français, lutte de détail consistant surtout en
embuscades, massacre d’isolés, dans laquelle les troupes de l’armée d’Afrique
éprouvaient des pertes supérieures à celles de leurs adversaires. Cependant
les rapports faisaient valoir ces engagements, au sujet desquels Pellissier
écrivait ironiquement : « Les Hadjoutes sont la matière ordinaire des
Bulletins. Le Moniteur algérien en a tué dix-huit de plus qu’il n’en existe[31]. » Les
moyens employés, aussi bien pour établir des relations avec les tribus que
pour punir les fractions dissidentes, n’étaient pas toujours les meilleurs,
parce qu’il manquait à la politique indigène de Drouët d’Erlon une direction
d’ensemble. Cette
politique avait moins d’unité et de sûreté que celle pratiquée par Voirol.
Colons et Indigènes ralliés le sentaient mieux que tous autres, et surent le
montrer à Voirol lorsqu’il s’embarqua à Alger pour la France en décembre 1834
: « Son départ fut un triomphe véritable, écrivait Pellissier. Tous les caïds
des tribus s’étaient réunis pour lui faire leurs adieux et lui offrir, au nom
de leurs administrés, des armes du pays. La population presque entière
l’accompagna jusqu'au port, en exprimant hautement ses regrets de le voir
s’éloigner ; enfin une médaille d’or lui fut offerte, comme témoignage de la
reconnaissance d’une colonie où son nom et son souvenir seront toujours chers
et respectés[32]. » Les
idées jetées par Voirol devaient d’ailleurs germer et porter leurs fruits,
pour le plus grand bien des Français comme des Indigènes. Le
gouverneur général Drouët d’Erlon était décidé à affirmer son autorité sur «
les possessions françaises » des trois provinces. A cet effet, il résolut
d’aller les inspecter personnellement, et de se rendre compte de la situation
matérielle des troupes, de leur situation tactique et des travaux qu’elles
exécutaient. Il
commença par Alger et ses environs. Les travaux de toute sorte se
poursuivaient. A la fin d’octobre 1834, les camps de Birkadem, Tixeraïn,
Dely-Ibrahim, Kouba, pouvaient chacun contenir un bataillon d’infanterie. Des
maisons respectivement situées près des camps de Birkadem, Kouba et
Dely-Ibrahim pouvaient loger chacune un escadron du 1er chasseurs d’Afrique.
Le camp de Douèra, le plus important, n’était pas achevé, mais pourrait
abriter un bataillon d’infanterie avant la saison des pluies. Ces camps étaient
entourés soit d’un mur crénelé comme celui de Birkadem, soit d’un
retranchement en terre comme ceux de Tixeraïn ou Dely-Ibrahim. Les soldats
campés couchaient dans des hamacs ; ils y étaient si exposés au froid que
Drouët d’Erlon demandait pour chacun d’eux un petit matelas[33]. Trois
routes principales avaient été construites par les soldats : une d’Alger à
Birkadem ; une seconde d’Alger au Fort l’Empereur, Dely-Ibrahim, Douèra et au-delà
jusqu’à la plaine ; une troisième, dite du Tagarin, faisant communiquer les
portes Bab-Azoun et Bab-el-Oued avec la route précédente. En outre, une route
de ceinture, simple chemin de terre, reliait entre eux les camps de
Dely-Ibrahim, Tixeraïn, Birkadem et Kouba[34]. Drouët
d’Erlon alla, au début de novembre, visiter Bougie et Bône. A Bougie, il
éprouva des impressions déplorables : mauvaise rade exposée aux vents ; ville
difficile à défendre contre les Indigènes ; relations commerciales avec les
tribus, inexistantes ; lieu insalubre, avec un hôpital insuffisant et des
troupes démoralisées[35]. Sur
Bône, il avait reçu à son arrivée des renseignements médiocres, envoyés par
le général Monk d’Uzer qui y commandait le corps expéditionnaire. Après
défalcation de 700 hommes à l’hôpital et de 400 malades, l’effectif de la
garnison, d’environ 2.800 hommes, était réduit à 1.700 disponibles ; encore
ce chiffre comprenait-il l’administration, le train des équipages,
l’artillerie, le génie, les gardes-côtes et le 3e régiment de chasseurs
d’Afrique, plus tous les employés, musiciens, sapeurs, tambours, ordonnances,
infirmiers provisoires. Au 3e chasseurs d’Afrique, en raison des maladies,
chaque homme était obligé de panser 4 ou 5 chevaux. Le service roulait ainsi
sur 300 hommes ! Monk d’Uzer avait été obligé de confier les avant-postes aux
Indigènes[36]. L’impression
de Drouët d'Erlon à Bône fut cependant bien meilleure qu’à Bougie : il trouva
la ville mieux située, plus saine, munie d’hôpitaux et de marchés, capable de
se développer dans l’avenir[37]. La
visite du Gouverneur général à Oran dut être remise, en raison de l’épidémie
de choléra qui sévissait dans cette ville. Drouët d’Erlon émit cependant
l’avis que l’occupation de Mostaganem était aussi regrettable que celle de
Bougie[38]. Le
choléra avait éclaté à Oran à la fin de septembre et avait fait en octobre
des ravages dans la garnison, surtout dans l’atelier des condamnés, et parmi
les hommes affaiblis par les maladies ou les excès. Les officiers du service
de santé firent preuve d'un dévouement admirable : Cristiani, chargé de
l’ambulance, fut frappé du fléau, ainsi que les pharmaciens Marc et
Sommerfogel ; le docteur François Broussais, qui remplaça Cristiani, mérita
les plus grands éloges pour son zèle et son dévouement, ainsi que les
chirurgiens Vignes et Collin. Il fallut cesser les travaux de route, et
demander des secours en personnel médical et en matériel d’hôpital[39]. Du 24 septembre au 26 octobre,
538 militaires furent atteints : 134 succombèrent, 160 guérirent, et le 26
octobre il y en avait encore 144 aux hôpitaux[40]. L’épidémie s’atténua
rapidement, puisqu’aucun cas nouveau ne fut constaté après le 15 novembre,
mais non sans avoir fait encore des victimes parmi les malades, dont le
général de Fitz-James décédé le 30 novembre[41]. L’indiscipline
du 2e chasseurs d’Afrique, qui s’était manifestée, sous le commandement du
général Voirol, par un mouvement insurrectionnel le 7 juillet 1834, faisant
suite à un autre du 24 août 1833, avait dû être sévèrement réprimée. Le
successeur de Létang, qui n’avait pas su empêcher ces mouvements, était le
colonel Oudinot, deuxième fils du Maréchal, ancien page de l’Empereur en
1813, devenu en juillet 1833 colonel à 34 ans. Il avait trouvé le régiment en
ébullition, encadré par un corps d'officiers divisé : « trop timide, trop
jeune pour tenir en bride ces mauvaises têtes », selon du Barail[42], il n’avait pas pu se rendre
maître de sa troupe, et était assez durement critiqué. Le Conseil de guerre
s’était montré sévère : deux des coupables avaient été condamnés à la peine
capitale ; l’un d’eux avait été exécuté. Le
Ministre de la Guerre envisageait de licencier le régiment, et de le reformer
à Oran sous un autre numéro, mesure sévère pour une unité ! En tous cas, il
désirait des sanctions immédiates : le capitaine instructeur Fourrier
d’Hincourt, le capitaine adjudant-major Cousin de Montauban, les capitaines
Douée et Tremblay et le sous-lieutenant Albertini devaient être immédiatement
changés de corps ; le chef d’escadrons de Thorigny et le colonel du régiment
lui semblaient eux aussi devoir être l’objet d’une mutation[43]. Les officiers coupables
avaient évidemment cédé à un entraînement irréfléchi, car plusieurs d’entre
eux devaient acquérir rapidement une brillante réputation dans l’armée
d’Afrique. La
conclusion générale tirée par Drouët d’Erlon de ses premières visites était
la nécessité de modifier le système politique et militaire employé
jusqu’alors, avec « trois commandements pour ainsi dire indépendants » à
Alger, Oran et Bône, et l’occupation de trop de points[44]. Sa
conception de la domination du pays consistait à pouvoir manifester sa force
aux yeux de populations habituées à ne respecter qu’elle, et à avoir pour
cela un effectif disponible de 5.000 à 6.000 hommes capable de se porter à
deux ou trois journées de marche[45]. Les
troupes indigènes étaient de plus en plus employées, qu'il s’agît des spahis
réguliers dont l’organisation progressait peu à peu, ou de formations
irrégulières mises sur pied par suite d’initiatives locales. A Bône, les
contingents du bey de Constantine, Ahmed, s’étant avancés vers la ville, le
20 novembre 1834, Monk d’Uzer lança contre eux 380 chevaux du 3e régiment de
chasseurs d’Afrique, les spahis réguliers sous les ordres du commandant Yusuf
et les Arabes auxiliaires commandés par le capitaine d’état-major Delcambe ;
il obtint avec ces troupes un succès complet[46]. D’Uzer
projetait, pour assurer la garde des postes extérieurs pendant l’été, de
former deux compagnies d’infanterie composées de Turcs et d’habitants de la
ville ; il proposait à cet effet de démonter environ 70 Turcs appartenant aux
deux escadrons du commandant Yusuf, médiocres cavaliers qui faisaient panser
leurs chevaux par des valets d’écurie, et d’affecter leurs chevaux aux spahis
réguliers. Il estimait pouvoir réunir, grâce aux demandes multipliées des
Indigènes des tribus, 400 cavaliers de spahis réguliers et 800 auxiliaires[47]. Ce projet cadrait tout à fait
avec les intentions de Drouët d’Erlon et du Ministre de développer les
troupes indigènes destinées à permettre la réduction des forces nationales. A
Bougie, le lieutenant-colonel Duvivier désirait vivement former une compagnie
de 50 spahis réguliers, afin de « s’éclairer et entretenir des relations avec
l’intérieur[48]. » L’avis de Drouët d’Erlon
était que ce corps serait certainement utile, mais sans doute difficile à
recruter. A Alger, les deux escadrons de spahis réguliers étaient encore
faibles à la fin de 1834 et leur recrutement fort lent. Les cavaliers
auxiliaires allaient être organisés, grâce à des conventions avec les tribus. « Ces
deux troupes indigènes, écrivait Drouët d’Erlon au Ministre, augmenteront
sans doute nos forces en cavalerie : mais la nature de leur composition et la
spécialité du service auquel elles seront appelées à concourir les rend peu
propres à suppléer la cavalerie française[49]. » Les cavaliers indigènes,
ajoutait-il, « excellents pour éclairer et marcher en avant-garde », ne se
battent bien que soutenus par des escadrons français. Le
lieutenant-colonel Marey et ses spahis avaient accompagné une colonne
répressive dirigée contre les Hadjoutes au début de janvier 1835 par le
lieutenant général Rapatel. La colonne n’avait pas obtenu grand résultat, les
Hadjoutes ayant mis à l’abri familles et troupeaux ; mais les spahis avaient
rayonné largement, et Marey avait été blessé[50]. Une telle expédition faisait
plus de mal que de bien au point de vue de la situation générale ; elle avait
du moins l’avantage d’entraîner les troupes. Si la
cavalerie française trouvait un appoint assez important dans les spahis
réguliers et les cavaliers auxiliaires, l’infanterie recrutait par contre peu
d’éléments indigènes, et devait être demandée à la Métropole. Le 63e de ligne
vint en mars relever à Alger le 67e, qui avait détaché un bataillon à Bougie.
Comme le 63e était réduit à deux bataillons, dans lesquels les hommes
disponibles du troisième avaient été versés, la garnison d’Alger dut envoyer
un bataillon à Bougie pour libérer le bataillon du 67e, et se trouva ainsi
diminuée[51]. Partout
les troupes continuaient à travailler, surtout aux environs d’Alger. Le
dessèchement de la Mitidja progressait, quoique n’étant pas mené, de l’avis
même de Drouët d’Erlon, d’après un plan d’ensemble et avec assez de méthode[52]. Un effectif de 400 condamnés
travaillait à la Ferme Modèle. Pour
protéger contre les incursions des dissidents les populations de la banlieue
d’Alger, Drouët d’Erlon créa le camp de Boufarik[53]. Les troupes le nommèrent « camp
d’Erlon ». En une vingtaine de jours, à la fin de mars et au début d’avril,
deux bataillons du 10e léger et une compagnie de sapeurs du génie
construisirent ce camp, pouvant contenir deux bataillons[54]. Le Gouverneur général décida
aussi la création du camp de Mahelma, et confia cette tâche au bataillon de
zouaves aidé d’un détachement du génie et des spahis réguliers. La
place des spahis réguliers semblait être, écrivait le Gouverneur, « dans la
plaine et aux avant-postes », afin qu’ils fissent sentir leur influence aux
Indigènes[55]. Le 2e escadron de spahis
réguliers fut envoyé au camp de Douèra, tandis que le 3e était encore en
formation à Alger. Ces
dispositions devaient permettre d’établir dans la Mitidja une sécurité
relative. Cependant les vols et les agressions se multipliaient. Les
gens de Médéa qui envoyaient vendre à Alger bestiaux et chevaux étaient
détroussés par les Hadjoutes et s’en plaignaient amèrement : « Quand vous
avez nommé le commandant Marey agha, écrivaient-ils à Drouët d'Erlon, vous
nous avez écrit en nous disant que vous l’aviez chargé d’assurer la liberté
des routes... » ; et cependant, une trentaine de Hadjoutes suffisaient à
intercepter les communications ! Ils ajoutaient que les Hadjoutes et les
habitants de Blida disaient entre eux, à la suite des sorties de Marey agha
dans la Mitidja : « Si le commandant Marey agha sort encore une fois, nous
l’attaquerons et il ne rentrera plus à Alger[56]. » L’autorité sur les Indigènes
de l’Afrique du Nord ne dépend pas du titre dont est paré son détenteur, mais
de l’efficacité de la force matérielle dont il dispose. Les
isolés qui, malgré toutes les recommandations faites aux troupes depuis 1830,
continuaient à circuler, étaient de temps à autre impitoyablement massacrés.
Ce fut le sort, le 16 mars près d’Alger, du vaguemestre et du maître
cordonnier du 10e léger, d’un tambour de zouaves et d’un boulanger[57]. Une
nouvelle colonne répressive, dirigée le 28 mars contre les Hadjoutes par le
général Rapatel, n’eut pas plus de résultats que celle de janvier, les
Indigènes s’étant dérobés devant elle, en la harcelant. Au retour à Alger,
elle fut couverte à l’arrière-garde par 50 chasseurs d’Afrique et 50 spahis
aux ordres du commandant Korte, et par les zouaves du commandant de la
Moricière. L’effet produit était défavorable au prestige français. La
sécurité dans la Mitidja était beaucoup moins grande qu’avec Voirol, et les
colons européens étaient effrayés. Les petites expéditions des troupes françaises
molestaient presque autant les Indigènes ralliés ou indifférents que les
coupeurs de route contre lesquels elles étaient dirigées ; il arrivait même
que les coupables se dérobaient tandis que les innocents restaient en place
et étaient châtiés. La
politique de Drouët d’Erlon aux environs d’Alger n’était peut-être pas
mauvaise dans ses principes ; mais elle n’avait pas trouvé, pour son
application, les procédés diplomatiques ou militaires aptes à obtenir de bons
résultats. Drouët
d’Erlon entendait diriger la politique non seulement dans la province
d’Alger, mais dans toute l’étendue de la Régence. Il ne
pouvait cependant pas faire adopter ses vues à Oran. Le général Desmichels se
laissait duper par Abd el Kader, et se permettait d’envoyer auprès de l’Emir,
puis à Paris, le capitaine Walewski, afin de discuter des plans de
pacification. Le Gouverneur écrivit le 24 novembre à Desmichels pour lui
faire des observations : « J’ai été on ne peut plus surpris, lui disait-il,
de la mission que vous avez confiée au capitaine Walewski sans m’en avoir
demandé préalablement l’autorisation. Je l’ai été encore plus, s’il est
possible, du contenu de la lettre adressée par vous au Ministre. J’ai seul,
dans la colonie, la haute direction de la politique à suivre envers les
Indigènes, et seul j’encours la responsabilité des ordres que je donne à son
sujet[58]. » Ces
observations n’ayant pas eu grand effet, Drouët d’Erlon écrivit au Ministre
que Desmichels donnait aux affaires une direction différente de celle tracée
par ses soins[59] ; puis il dressa contre lui un
véritable réquisitoire et demanda son remplacement par le général Trézel[60]. Nommé le 15 janvier 1835 au
commandement de la ville et du territoire d’Oran[61], Trézel arriva le 6 février à
Mers-el-Kebir et prit le surlendemain ses fonctions[62]. Le
commandant Abdallah Dasbonne était auprès de l’Emir à Mascara ; lorsque le
départ de Desmichels fut décidé, Drouët d’Erlon estima qu’Abdallah devait
être rappelé[63] ; cependant cet officier
supérieur resta en fonctions. Le
Gouverneur général pensait que, en plaçant à Oran son ancien chef
d’état-major et en rappelant l’agent de Desmichels auprès d’Abd el Kader, il
serait maître de mener dans l’Ouest la politique de son choix. Les
relations de Drouët d’Erlon avec ses subordonnés des possessions de l’Est,
Bône et Bougie, étaient en même temps obscurcies par des intrigues locales. Le
général Monk d’Uzer était signalé par Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre
comme se livrant à des spéculations sur des immeubles et des terrains qu’il
avait achetés à Bône, et comme engageant ses subordonnés dans la même voie[64]. C’était le substitut du
procureur général, avec qui il était en mauvais termes, qui le desservait
auprès du Gouverneur, même au sujet de sa manière de commander ! D’Uzer fut
obligé de se défendre et de réfuter les accusations dont il était l’objet[65]. Le
lieutenant-colonel Duvivier à Bougie était de même l’objet d’intrigues menées
par le commissaire du Roi, nommé Lowasy, qui correspondait avec l’intendant
civil à Alger, Lepasquier. Ce jeune homme, ambitieux et vaniteux, entama avec
un notable dissident, à l’insu de Duvivier, des négociations auxquelles
Drouët d’Erlon eut le tort de se prêter[66]. Le colonel du génie Lemercier
fut même envoyé d’Alger pour négocier un traité, si bien que Duvivier,
froissé et humilié, fut amené à demander son rappel[67] ; il remit son commandement et
partit pour la France avec un congé de convalescence ; il fut remplacé
provisoirement par le colonel Lemercier, qui ne put terminer les négociations
commencées, puis par le lieutenant-colonel Girot[68]. Drouët
d’Erlon voulait conserver Oran et Bône, mais abandonner Mostaganem à une
époque indéterminée et Bougie immédiatement. Il était d’avis de concentrer
tous les moyens d’action sur Alger et d’occuper Blida et Koléa. Sur ces
bases générales, et en tenant compte de la situation, il développait le 1er
avril 1835, dans une longue lettre au Ministre, son plan d’occupation ; il
restait fidèle à la conception politique qu’il avait déjà exposée : « former
des pouvoirs indigènes assez forts pour rétablir l’ordre dans l’intérieur et
l’y maintenir, mais non pas pour se rendre tout à fait indépendants de nous[69] ». Cette politique était
d’ailleurs difficile à réaliser, comme il le reconnaissait, en face de deux
puissances bien établies : le bey Ahmed de Constantine à l’Est, l’émir Abd el
Kader à l’Ouest. Le
Gouverneur général multipliait ses efforts pour gagner la confiance des
populations. Il faisait édifier à Boufarik une ambulance indigène au moyen
d’une souscription recueillie par le docteur Pouzin[70]. Après
avoir reproché à Desmichels de se laisser duper par Abd el Kader, il
entretenait des relations avec l’Emir par l’intermédiaire de Ben Duran ; il
laissait même participer aux démarches de ce Juif le capitaine Saint-Hypo-lite,
qui s’occupait depuis son arrivée en Afrique de recueillir des documents
destinés à dresser une carte générale de la Régence, et qui avait remplacé le
31 décembre 1834 le capitaine d’état-major Gougeon comme chef du bureau
topographique d’Alger[71]. Saint-Hypolite
avait été autorisé en janvier à accompagner à Mascara Ben Duran, chargé d’y
obtenir des renseignements sur les traités passés par Desmichels avec Abd el
Kader[72]. Le Gouverneur général
envisageait la conclusion avec l’Emir d’un nouveau traité pour lequel le
Ministre de la Guerre lui donnait des instructions[73]. Par une inconcevable
méconnaissance des préjugés indigènes, le capitaine français paraissait, au
cours des missions de Ben Duran, jouer en quelque sorte le rôle de second
auprès du Juif[74], vis-à-vis duquel Abd el Kader
conservait naturellement une dédaigneuse hauteur. Pourquoi
Drouët d'Erlon avait-il évolué ainsi ? Il était manifestement circonvenu dans
une certaine mesure par Ben Duran ; il lui témoignait des égards, il le
désignait dans ses lettres non plus toujours sous le nom de « Juif Duran »,
suivant l’usage, mais fréquemment sous celui de « sieur Duran ». Il n’avait
plus comme chef d'état-major Trézel pour maintenir son orientation. Il était
aussi impressionné par l’insuccès de sa politique de vigueur maladroite aux
environs d’Alger, et était porté à céder dans les autres possessions : «
C’est ainsi, écrivait à ce sujet le capitaine Pellissier, que chez les hommes
faibles, l’aveu intérieur d’une faute ne sert qu’à leur en faire commettre
une nouvelle, dans un autre sens[75]. » En tous cas, il avait comme
excuse de sa nouvelle attitude ses préoccupations relatives à l’effectif de
l’armée d’Afrique, trop faible à son avis, et qu’il devait cependant, d’après
ses instructions, ramener à l’effectif budgétaire[76]. Le
corps d’occupation n’avait cessé de s’accroître numériquement depuis quatre
ans. Réduit, au 1er février 1831, à 9.300 hommes, il avait été porté
progressivement, au 15 janvier 1832, à 16.900, au 15 janvier 1833, à 24.300,
au 1er janvier 1834 à 30.000, et s’élevait, le 1er avril 1835, à 32.000. Cet
effectif comprenait des non combattants : administration, vétérans,
gardes-côtes, compagnies de discipline et gendarmerie, mais dans une
proportion restreinte ; ces non combattants jouaient d’ailleurs un rôle utile
qu’il eût fallu, faute de leur présence, confier à des combattants[77] ! La nécessité de réduire le
total d’environ un tiers, toujours présente à l’esprit de Drouët d’Erlon,
était sans doute pour une bonne part dans l’évolution de sa politique. L’administration
de l’Armée se trouvait aux prises avec de sérieuses difficultés. L’intendant
en chef, le baron Bondurand, malade depuis quelques semaines, étant mort le 4
mars 1835, ne fut pas immédiatement remplacé[78]. Le ravitaillement en vivres
était compromis par de terribles tempêtes survenues au mois de février. Le
retard des fourrages attendus d’Italie obligea à substituer, pour la
nourriture des chevaux, un kilogramme d’orge ou d’avoine à deux kilogrammes
de foin. Le bois faillit manquer ; pour le vin, il fallut recourir à des
marchands. La qualité de la viande faisait l’objet de plaintes nombreuses et
justifiées. Aussi l’administration était-elle accusée d’incurie[79]. La 14e compagnie du train des
équipages à Alger pouvait difficilement suffire aux transports,
particulièrement en raison de la formation de nouveaux camps à Boufarik et
Mahelma ; elle avait un besoin urgent de renforts, surtout en chevaux[80]. Le
ravitaillement sur le pays continuait cependant à se faire dans toute la
mesure du possible. Les fourrages récoltés au mois de mai 1835 dans la
Mitidja, sous la direction du colonel de Schauenbourg, s’élevèrent à 20.000
quintaux de foin excellent ; ce sont les voitures qui manquaient pour le
transporter. La légion étrangère, aux ordres du colonel Bernelle, fournit
tous les travailleurs : les faucheurs reçurent un franc par jour et les
faneurs 0 fr. 50. Cette dépense fut couverte par l’économie faite sur les
rations de fourrage du 1er régiment de chasseurs, dont les chevaux avaient
été mis au vert sur les lieux[81]. A Oran,
la tranquillité régnait. Drouët d’Erlon s’y rendit au début de juin 1835 ; il
se montra satisfait de la tenue et de la santé des troupes, ainsi que des
travaux accomplis ; il recommanda au général Trézel de se maintenir en paix
avec Abd el Kader, « autant que l’honneur et l’intérêt de la France le
permettraient[82]. » Dès sa rentrée à Alger, les
rapports déjà tendus entre Abd el Kader et Trézel s’envenimèrent, à propos
des Douairs et Smela, désireux de rester les alliés des Français[83], et qu’Abd el Kader voulait
soumettre à son autorité[84]. Trézel s’apprêta à imposer son
point de vue à l’Emir par la force, en rendit compte à Drouët d’Erlon, et le
pria de lui envoyer le caïd Ibrahim, ancien Turc de Mostaganem, et Allegro[85]. Drouët
d’Erlon, sentant le danger d’un conflit, fit tout pour l’empêcher ; il envoya
le commandant de la Moricière à Mascara négocier avec Abd el Kader, mais il
le fit accompagner par Ben Duran, l’agent commercial de l’Emir à Alger[86]. Il était trop tard. Trézel,
battu le 28 juin à la Macta par les contingents de l’Emir, embarquait à Arzew
pour Oran ses troupes décimées et démoralisées[87]. Il avait perdu 262 tués, dont
10 officiers parmi lesquels le colonel Oudinot, 308 blessés, un obusier de
montagne, 20 prolonges chargées de vivres et de munitions, 150 tentes,
beaucoup de fusils, et environ 150 chevaux. Il fut aussitôt, sur sa demande,
relevé de son commandement par Drouët d’Erlon ; son remplaçant, le général
d’Arlanges[88], reçut du Gouverneur l’ordre de
se tenir sur la défensive[89]. La
malheureuse expédition du général Trézel contre Abd el Kader, terminée par le
désastre, surtout moral, de la Macta, avait mis en lumière les qualités et
les faiblesses des troupes qui y avaient pris part[90]. Elle
avait été occasionnée par la volonté de Trézel de ne pas abandonner deux
tribus, les Douairs et les Smela, qui souhaitaient devenir Maghzen (police de
gouvernement) des
Français, comme elles l’avaient été au temps des Turcs. La convention du 16
juin 1835, passée par Trézel avec elles, amenait à l’armée d’Afrique un
supplément important de forces indigènes. Ces deux tribus devaient
reconnaître la souveraineté de la France, obéir à des chefs musulmans nommés
par le Gouverneur général, payer un tribut annuel et fournir des contingents
lors des expéditions. Pendant la durée des expéditions, les cavaliers armés
de fusils et de yatagans touchaient deux francs par jour et les fantassins un
franc. La convention passée par Trézel était ainsi un acte de sage politique,
comme devait le prouver la fidélité des Douairs et des Smela dans l’avenir,
et répondait parfaitement aux instructions générales du Ministre. Les
négociations menées par Drouët d’Erlon avec Abd el Kader, en dehors de
Trézel, étaient regrettables à tous points de vue. Le commandant de la
Moricière, envoyé auprès de l’Emir au moment même où l’expédition était déjà
commencée, était peut-être le seul officier capable de dénouer la question ;
et cependant que pouvait-il avec un diplomate aussi rusé qu’Abd el Kader ?
L’unité d’action nécessaire entre le Gouverneur général et Trézel n’aurait
jamais dû être rompue. Les combats de Moulay-Ismaël et de la Macta,
démontraient que les troupes d'Oran, trop longtemps inactives dans leurs
murs, n’avaient pas assez d’entraînement ni de discipline, et n’avaient pas
une organisation assez légère pour une expédition de ce genre. Elles
avaient certes fourni des exemples de leur vaillance. A l’affaire de
Moulay-Ismaël, le 1er bataillon d’Afrique s’était distingué : c’est une
compagnie de ce bataillon, entraînée par un lieutenant avec sa casquette au
bout de son sabre, qui avait enlevé le défilé alors que la ligne fléchissait
par suite d’une sonnerie intempestive de retraite ; ce sont aussi des
compagnies de ce bataillon qui avaient à l’arrière-garde, avec le détachement
d’Indigènes, repoussé de violentes attaques contre le convoi et l’artillerie.
Cependant, le même jour, pendant la halte de midi, des désordres s’étaient
produits : des soldats, qui n’avaient pas d’eau, avaient défoncé les tonneaux
des cantiniers, bu du vin et des liqueurs et avaient dû être chargés sur les
voitures, déjà encombrées de blessés. La nuit suivante, les hommes ne
s’étaient pas reposés, par suite des alertes, du chargement des voitures et
du départ à 3 heures. Au
combat même de la Macta, le commandement des chefs avait été à peu près
impossible à exercer, par suite du désordre qui s’était mis dans la colonne
dès le début. Les deux compagnies du bataillon d’Afrique, qui étaient à
l’avant-garde, puis le bataillon italien, flanc garde de gauche, avaient
attaqué avec bravoure, mais sans assez de cohésion, et avaient été refoulés. A
partir de ce moment, les unités avaient pour ainsi dire agi isolément,
abandonnant d’elles-mêmes ou sur l’ordre de chefs subalternes les missions
qui leur avaient été confiées par Trézel. Les compagnies polonaises de la
légion, aux ordres du commandant Horain, chargées de la garde du convoi de
blessés, reçurent, paraît-il, l’ordre du lieutenant-colonel Conrad,
commandant l’ensemble des unités de la légion, d’aller aider au ralliement du
bataillon italien[91] ; le bataillon du 66e, formant
arrière-garde, se dispersa en plusieurs fractions. La plus grande partie du
2e chasseurs d’Afrique partit vers l’avant avec son chef. Ainsi les voitures
de blessés et du convoi restèrent sans protection. Les hommes du train, pris
de panique, coupèrent les traits de leurs chevaux, et ramenèrent une seule
voiture de blessés grâce à l’énergie d’un maréchal-des-logis. Les canonniers
d’artillerie sauvèrent leurs pièces, sauf une, et constituèrent le pivot de
la résistance. Ce fut
un groupe constitué par les plus braves qui protégea la colonne : une
quarantaine de chasseurs d’Afrique, des pièces d’artillerie, et une
cinquantaine de soldats de toutes unités. Le reste tourbillonnait, divaguait,
fuyait dans un désordre lamentable vers Arzew. Triste
journée pour l’armée d'Afrique. Le commandant de la Moricière, qui relâchait
à Arzew, arrivant remplir sa mission auprès d’Abd el Kader, avait poussé par
mer jusqu’à Oran, et était audacieusement revenu par terre d’Oran avec les
capitaines Cavaignac, de Montauban et 300 cavaliers Douairs et Smela. Il
ramena par terre à Oran le 2e chasseurs d’Afrique, qui déjà s’embarquait pour
rentrer par mer. Trézel,
consterné mais non abattu, jugeait sévèrement une partie des cadres sous ses
ordres : « En général, écrivait-il, notre armée est bien affaiblie
moralement. Il faut absolument la débarrasser d’une foule de vieux officiers
qui ne veulent plus qu’atteindre le plus doucement possible, soit leurs
trente années de services, soit leurs douze années de grade de capitaine. Il
nous faut ici des hommes d’une trempe ferme pour maintenir le soldat devant
les têtes coupées et les corps tronçonnés par le yatagan. » Il
disait du 2e régiment de chasseurs d’Afrique : « Il est très bien composé en
soldats, sous-officiers et sous-lieutenants. Au-dessus de ce grade, les
braves n’y dominent plus en nombre ni en autorité. » Du moins son chef, le
jeune colonel Oudinot, critiqué au moment des désordres de l’année
précédente, avait été glorieusement tué d’une balle au front, en abordant le
bois-taillis de Moulay-Ismaël à la tête de l’avant-garde. L’opinion
publique avait été profondément remuée, en France comme dans la Régence
d’Alger, par l’échec de la Macta. Elle souhaitait vivement que cet affront
fût rapidement vengé. A
Alger, la Garde nationale de la ville, dont les compagnies s’étaient peu à
peu désagrégées depuis 1831, par suite de la négligence des habitants à
s’inscrire à la Mairie, exprima le vœu d’être réorganisée. Drouët d’Erlon
prit le 21 juillet 1835 un arrêté obligeant tous les hommes d’Alger et des
communes rurales âgés de 18 à 50 ans à se faire inscrire à leur Mairie sous
peine d’emprisonnement et d’amende. L’intendant civil fut chargé de veiller à
cette réorganisation[92]. La Garde nationale pouvait, en
remplissant certains devoirs incombant habituellement à des troupes
régulières, permettre à ces troupes d’augmenter l’effectif d’une colonne
expéditionnaire. Le vœu
général était que Trézel pût prendre sa revanche. Le Ministre de la Guerre et
l’Armée d’Afrique étaient d’ailleurs aussi favorables à Trézel que
défavorables à Drouët d’Erlon. Un
narrateur de ces événements, de Mont Rond, écrivait quelques années plus tard
ces lignes reflétant bien le sentiment général : « Le rapport du général
Trézel au Ministre se terminait ainsi : « Les jours de désastre font
connaître les hommes fermes et je ne signalerai que ceux-là aux bontés du
Roi. » A ces nobles accents, toute l’armée d’Afrique reconnut le général
Trézel ; chaque officier ressentit cet échec comme s’il l’eût éprouvé lui-même,
tant il était aimé et respecté. Cinq ans de séjour en Afrique lui avaient
inspiré une trop grande idée de la supériorité de ses troupes sur l’ennemi :
noble erreur qu’il paya trop chèrement[93]. » Lorsque
Drouët d’Erlon prononça précipitamment le remplacement de Trézel par
d’Arlanges, il n’était déjà plus gouverneur général. Son départ avait en
effet été décidé à Paris le 8 juillet, avant l’arrivée de la nouvelle de la
Macta. Dans
des cas de ce genre, un chef est souvent jugé et condamné dans la Métropole
sur les simples récits de ses subordonnés. Des officiers comme le
lieutenant-colonel Duvivier, en congé, ne devaient pas laisser ignorer leurs
sentiments à l’égard du Gouverneur général ; de nombreuses lettres d’Afrique
passaient de mains en mains : « Amenez-nous donc le maréchal Clauzel,
écrivait le capitaine Saint-Hypolite à Duvivier, et venez avec lui[94]. » Drouët
d’Erlon apprit son rappel par une lettre du maréchal Clauzel, son remplaçant.
Il écrivit le 15 juillet à un ami : « J’ai la conviction d’avoir fait le
bien, et d’en avoir préparé beaucoup. Nous verrons si mon successeur fera
mieux. On me permettra d’en douter, jusqu’à ce que les faits viennent le
prouver[95]. » Clauzel
ayant prescrit au lieutenant général baron Rapatel diverses dispositions à
prendre en attendant son arrivée, Drouët d’Erlon estima superflu de conserver
ses fonctions, et les remit le 4 août à Rapatel[96]. Il s’embarqua le 8 août pour
la France, croisant en mer son successeur, qui arriva le 10 août à Alger. Drouët d’Erlon avait montré au cours de son gouvernement bien des incertitudes. Il n’avait fait preuve de décision qu’en abandonnant sans hésiter et même en frappant le premier son ancien chef d’état-major Trézel après son échec ; pareil procédé réussit rarement à sauver un chef et pèse sur sa mémoire. Drouët d’Erlon avait du moins une grande excuse à sa conduite incertaine : c’était l’incompréhension du Parlement, qui en ne lui accordant pas les effectifs nécessaires, rendait l’exécution de sa tâche impossible. |
[1]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 27
septembre 1834.
[2]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er
octobre 1834.
[3]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er
octobre 1834.
[4]
Le Ministre de la Guerre au gouverneur général Drouët d’Erlon, de Paris, 17
septembre 1834.
[5]
Le Ministre de la Guerre au gouverneur général Drouët d’Erlon, de Paris, 19
août 1834.
[6]
Le Ministre de la Guerre au gouverneur général Drouët d’Erlon, de Paris, 15
octobre 1834.
[7]
Ordonnance du Roi qui prescrit la formation, à Alger, d’un corps de cavalerie
indigène, sous la dénomination de Spahis réguliers. Journal militaire
officiel, 2e semestre 1834, p. 133.
[8]
Voir par exemple la lettre du chef d’escadrons Marey au général de Brossard,
commandant la 3e brigade, d’Alger, 20 juillet 1831 (original) ; la note du
même, d’Alger, 21 août 1831 (original). Etc.
[9]
Journal militaire officiel, 2e semestre 1834, p. 133.
[10]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 29
octobre 1834.
[11]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14
novembre 1834.
[12]
Proclamation du Gouverneur général, Alger, 28 septembre 1834.
[13]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er octobre 1834.
[14]
L’émir Abd el Kader au Gouverneur général, reçue le 8 octobre 1834.
[15]
Le Gouverneur général à l’émir Abd el Kader, d’Alger, 9 octobre 1834.
[16]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 10 octobre 1834.
[17]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 24 octobre 1834.
[18]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 1re
lettre.
[19]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 2e
lettre.
[20]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26 novembre 1834.
[21]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, le 13 octobre 1834.
[22]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 21 novembre 1834.
[23]
L’intendant civil Lepasquier au Gouverneur général, d’Alger, 1er février 1835
(copie)
[24]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, le 17
octobre 1834 (original).
[25]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, le 24
octobre 1834, 2e lettre (original).
[26]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, 28 octobre 1834.
[27]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 19
novembre 1834.
[28]
Le Gouverneur général aux habitants de Blida, Médéa, Koléa, Cherchell, Miliana,
à Ben Zamoun, etc., d’Alger, 29 novembre 1834.
[29]
Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, pages
238-239.
[30]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26 décembre 1834.
[31]
Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, pages
240-241.
[32]
Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, pages 205-206.
[33]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 3e
lettre.
[34]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 3e
lettre.
[35]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14
novembre 1834.
[36]
Le général Monk d’Uzer au Gouverneur général, de Bône, 27 septembre 1834.
[37]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14
novembre 1834.
[38]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14
novembre 1834.
[39]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 17
novembre 1834.
[40]
Le général Voirol (faisant fonctions de gouverneur général pendant le voyage de
Drouët d’Erlon) au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er novembre 1834.
[41]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 5
décembre 1834.
[42]
Général du Barail, Mes souvenirs, tome Ier, page 23.
[43]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 28 septembre 1834.
[44]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14
novembre 1834.
[45]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14 novembre 1834.
[46]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 27 novembre 1834 et 5
décembre 1834.
[47]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 2 janvier 1835.
[48]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 16 janvier 1835.
[49]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26 décembre 1834.
[50]
Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, page 240.
[51]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 8 mars 1835.
[52]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 13 mars 1835.
[53]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 20 mars 1835.
[54]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 3 avril 1835.
[55]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 23 mars 1835.
[56]
Les habitants de Médéa au Gouverneur général, reçue le 9 mars 1835.
[57]
Le Gouverneur général au général Trézel, d’Alger, 18 mars 1835. — Le même au
Ministre de la Guerre, d’Alger, 20 mars 1835.
[58]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au général Desmichels, d’Alger, 24
novembre 1834.
[59]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 12
décembre 1834.
[60]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26
décembre 1834.
[61]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 20 janvier 1835.
[62]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 13
février 1835.
[63]
Le Gouverneur général au général Trézel, d’Alger, 24 février 1835.
[64]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 5
février 1835.
[65]
Le général Monk d’Uzer au Gouverneur général, de Bône, 17 février 1835.
[66]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 10 avril 1835.
[67]
Le Gouverneur général au lieutenant-colonel Duvivier, d’Alger, 10 avril 1835.
[68]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 27 juin 1835.
[69]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er
août 1835.
[70]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 23 mai
1835.
[71]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 5 février 1835.
[72]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 16 janvier 1835.
[73]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 11 avril 1835.
[74]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au général Trézel, d’Alger, 5 mai 1835.
[75]
Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, page 242.
[76]
Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 2 mai
1835.
[77]
Le lieutenant-général marquis Maison, ministre de la Guerre, au Gouverneur
général, de Paris, le 9 mai 1835 (original).
[78]
Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 21 mars 1835.
[79]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 13 mars 1835.
[80]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er avril 1835.
[81]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 3 juin 1835.
[82]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 10 juin 1835.
[83]
Le général Trézel au Gouverneur général, du camp du Figuier, 16 juin 1835.
[84]
Abd el Kader au Gouverneur général, 17 juin 1835.
[85]
Le général Trézel au Gouverneur général, camp de Tlélat, 21 juin 1835. — Le
même au même, 23 juin 1835.
[86]
Le Gouverneur général au général Trézel, d’Alger, 27 juin 1835.
[87]
Le général Trézel au général Drouët d’Erlon, d’Arzew, 29 juin 1835.
[88]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 12 juillet 1835.
[89]
Instructions au général d'Arlanges, Alger, 13 juillet 1835.
[90]
Voir le récit détaillé de cette expédition dans : Général Paul Azan, Conquête
et Pacification de l'Algérie, pages 106 à 117.
[91]
Bernelle et Colleville, Histoire de l'ancienne légion étrangère, Paris,
1850, pages 78-79.
[92]
Arrêté du 21 juillet 1835, Moniteur algérien, 25 juillet 1835, n° 185.
[93]
De Mont Rond, Histoire de la conquête de l'Algérie de 1830 à 1847,
Paris, 1847, tome I, page 232.
[94]
Le capitaine Saint-Hypolite au lieutenant-colonel Duvivier, d’Alger, 11 juillet
1835 (original).
[95]
Le Gouverneur général à M. Jacquinot, d’Alger, 15 juillet 1835
[96]
Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er août 1835.