L'ARMÉE D’AFRIQUE

DE 1830 À 1852

 

CHAPITRE V. — L’ARMÉE D’AFRIQUE PLACÉE SOUS UN GOUVERNEUR GÉNÉRAL (1834-1835).

 

 

Le lieutenant-général Drouët d’Erlon, désigné le 27 juillet 1834 pour remplir les fonctions de gouverneur général, créées par l’ordonnance du 22 juillet, avait 70 ans ; il était d’un âge à éviter les entraînements que le Gouvernement paraissait redouter. D’après ses instructions, il n’avait à envisager aucun accroissement des « possessions françaises dans le Nord de l’Afrique », et devait chercher à organiser les établissements existants.

Ses attributions, déterminées par un arrêté ministériel du 1er septembre 1834, lui confiaient la défense intérieure et extérieure des possessions françaises, et mettaient entre ses mains les pouvoirs civils, militaires, politiques, administratifs. Sa correspondance militaire était centralisée par les soins d’un chef d’état-major général et sa correspondance administrative par les soins d’un secrétaire du gouvernement.

Il fallait définir le statut de l’armée d’Afrique dans cette nouvelle organisation, déterminer les attributions des généraux des possessions françaises dans leurs commandements respectifs, et définir leurs relations avec le Gouverneur général.

Drouët d'Erlon, débarqué le 26 septembre 1834[1], écrivit au Ministre de la Guerre le 1er octobre que la totalité des troupes devait être considérée comme un corps d’armée dont le siège était à Alger, avec un chef d’état-major général qui était Trézel.

Les troupes stationnées à Alger et aux environs, à l’exclusion des directions de l’artillerie et du génie, constitueraient une division ; celles stationnées à Oran, Mostaganem et Arzew, une brigade aux ordres du général Desmichels ; celles de Bône, une brigade aux ordres du général Monk d’Uzer, et celles de Bougie, un détachement, commandé par le lieutenant-colonel Duvivier. Les brigades de Bône et d’Oran, ainsi que le détachement de Bougie, correspondraient directement avec le Gouverneur, et non avec le chef d’état-major général[2].

Le lieutenant-général Voirol, après avoir exercé si longtemps le commandement en chef, se trouvait relégué au second rang. Il reçut le titre de commandant des troupes, exerçant en fait le commandement de la division d’Alger. Il subit cette diminution avec beaucoup de dignité, d’esprit de discipline et de dévouement ; mais il demanda à rentrer en France pour raison de santé. Il consentit cependant à rester jusqu’à ce que le Gouverneur eût pu inspecter les troupes d’Oran, Bône et Bougie. Drouët d’Erlon demanda au Ministre le général Rapatel pour remplacer Voirol[3].

L’autorité directe du Gouverneur général sur les possessions de l’Ouest et de l’Est fut symbolisée par les voyages que firent à Alger les deux maréchaux de camp : le général Desmichels se présenta à Drouët d’Erlon dans les premiers jours d’octobre, accompagné d’un représentant d’Abd el Kader, et le général d’Uzer vint lui confier ses inquiétudes au sujet de l’attitude du bey Ahmed à Constantine.

Le corps d’occupation des possessions françaises dans le Nord de l’Afrique comptait, au moment où Drouët d’Erlon venait prendre les fonctions de gouverneur général, 31.500 hommes, tandis que l’effectif fixé par le budget était de 23.300 hommes environ[4]. Il s’agissait donc de réaliser une réduction de presque un tiers des troupes employées. C’était un problème difficile.

Le maréchal Gérard, ministre de la Guerre depuis le 18 juillet 1834, s’était préoccupé de cette question avant même le départ de Drouët d’Erlon pour Alger. Le Comité d’infanterie et de cavalerie avait étudié un projet d’organisation des « troupes indigènes en Afrique », dans le but d’obtenir, grâce à ces troupes, une réduction sensible des « forces nationales ». Gérard avait demandé à Drouët d’Erlon d’examiner ce projet, surtout au point de vue des dépenses, et de lui donner son avis[5].

Après l’installation de Drouët d’Erlon à Alger, le Ministre appelait à nouveau son attention sur la nécessité de ramener l’effectif du corps d’occupation au chiffre budgétaire. Or le Gouverneur général déclarait parvenir avec peine à assurer le service dans certains postes comme Bougie avec les effectifs existants, en raison du nombre élevé des indisponibles.

Gérard écrivait à Drouët d’Erlon qu’il espérait pouvoir arriver à cette réduction grâce à deux moyens : le développement des « relations amicales » avec les Indigènes ; « la formation et l’accroissement progressif de corps indigènes[6]. »

 

L’accroissement de la cavalerie indigène avait été préconisé par la « Commission d’Afrique », qui, sous la présidence du lieutenant-général comte Bonet, était venue de septembre à décembre 1833 effectuer une enquête en Afrique, et avait provoqué l’organisation du Gouvernement général. Cet accroissement fut réalisé par l’ordonnance du 10 septembre 1834[7], qui décida la formation à Alger d’un corps de spahis réguliers. Ce corps, composé de quatre escadrons, devait être commandé par un lieutenant-colonel. Il fut placé sous les ordres du lieutenant-colonel Marey, l’organisateur et le chef des « chasseurs algériens ». Marey était très qualifié pour ce commandement, car il s’était toujours passionnément intéressé à ses cavaliers indigènes, s’occupant de tous les détails relatifs à leur armement, à leur habillement, à leurs vivres, à leurs chevaux et à leur solde[8].

Pour faciliter dans toute la mesure du possible la formation des spahis, une ordonnance du 16 octobre 1834 réduisit de six à cinq le nombre d’escadrons des régiments de chasseurs d’Afrique, et en exclut les Indigènes[9]. En exécution de cette ordonnance, les spahis incorporés au 1er régiment de chasseurs d’Afrique furent retirés de ce corps et constituèrent un escadron. Le lieutenant-colonel Marey s’occupa de l’organisation des autres escadrons du corps indigène dont il avait le commandement[10].

Drouët d'Erlon comptait d’autre part employer à Alger le système institué à Bône pour recruter des spahis irréguliers, c’est-à-dire solder dans chaque tribu un certain nombre d’hommes, qui pourraient être réunis. Il n’était possible, pensait-il, d’exercer une action sur les tribus que par des éléments pris en elles-mêmes ; il fallait par suite donner, aux chefs indigènes désignés par la France, une force militaire capable de les aider à asseoir leur autorité[11]. L’emploi de ces procédés amenait à développer, par tous les moyens, les relations avec les Indigènes.

 

La politique qu’avait suivie Voirol à l’égard des Indigènes allait-elle être continuée ? Elle devenait d’autant plus utile que grandissait à l’Ouest la puissance d’Abd el Kader.

Drouët d’Erlon voulut dès le début, tout en promettant sa bienveillance aux Indigènes, leur affirmer que la France était décidée à occuper définitivement la Régence d’Alger. Dans une proclamation publiée le 28 septembre, le surlendemain de son arrivée, il leur disait : « Ne perdez pas de vue surtout que jamais les Français n’abandonneront le sol africain, et que tous les peuples de la terre savent qu’il vaut mieux les avoir pour amis que pour ennemis[12]. »

Pour étudier les « affaires arabes », le Gouverneur général avait besoin de collaborateurs qualifiés. Il demanda le 1er octobre au Ministre d’affecter à l’état-major général le capitaine Pellissier, aide de camp du général Voirol : « Cet officier, écrivait-il, désire beaucoup rester en Afrique, et il peut y être fort utile par la connaissance qu’il a du pays, de la langue et des mœurs des habitants[13]. » C’était un bon choix ; mais la mutation ne fut pas prononcée de suite.

Comme tous les officiers ou fonctionnaires qui arrivent en pays musulman et qui agissent suivant les habitudes de leur pays d’origine, Drouët d’Erlon commença par commettre des erreurs.

Abd el Kader lui ayant écrit, dans sa lettre de bienvenue, qu'il le considérait « comme un étranger dans son territoire et un convive dans la terre de son district[14] », Drouët d’Erlon lui répondit le 9 octobre : « Nous remercions l’émir des Croyants, Sidi el Hadj Abd el Kader, de l’hospitalité qu’il nous offre, à nous qui venons de débarquer sur le sol glorieux de l’Afrique, et nous serons heureux de pouvoir un jour la lui rendre, avec les honneurs qui lui sont dus[15]. » Qui avait pu suggérer ces termes, par lesquels le Gouverneur général reconnaissait être l’hôte de l’Emir des Croyants ?... Le bureau arabe, toujours en fonctions, n’avait sans doute pas été consulté. Les formules devaient être de Drouët d’Erlon lui-même ; elles étaient très regrettables.

Dans cette même lettre, Drouët d’Erlon assurait Abd el Kader de son vif désir de faire le bonheur des populations indigènes, de les enrichir grâce au commerce et à l’agriculture, de respecter leur religion, et de les traiter avec justice et équité. Il aurait dû se borner là.

Le Gouverneur général présentait cette correspondance au Ministre sous un jour inexact. D’après lui, Abd el Kader « se donnait des titres fastueux et visait à jouer le rôle de souverain » ; mais, ajoutait-il à tort, « ses prétentions et les épithètes dont il se servait, assez usuelles chez les Orientaux, n’entraînaient pas les mêmes conséquences qu’en Europe » ; dans sa réponse, il avait « évité de reconnaître la prétendue souveraineté » de l'Emir[16]. En réalité, Drouët d’Erlon avait reconnu cette souveraineté par des termes qu’Abd el Kader ne devait pas manquer d’exploiter auprès de ses coreligionnaires.

Le Ministre remarqua fort bien ces nuances et écrivit le 24 octobre à Drouët d’Erlon : « Vous ne devez pas perdre de vue que derrière le luxe des titres qu’Abd el Kader s’arroge, se trouveront aussi des phrases dont la portée révèle ses véritables desseins », et il lui signalait certaines « expressions significatives » de la lettre d’Abd el Kader[17].

Le jour même où le Ministre lui écrivait cette lettre, Drouët d’Erlon était obligé d’envoyer aux tribus une proclamation désavouant Abd el Kader[18]. Son intention était, écrivait-il au Ministre, « d’établir dans le pays des centres de pouvoirs indigènes assez forts pour maintenir l’ordre et la paix dans les tribus sous notre influence, mais pas assez pour aspirer à se rendre indépendants[19]. » Il comprit rapidement les visées de l’Emir, désireux de dominer toute la Régence ; il sut repousser comme il devait une demande, présentée au nom d’Abd el Kader par le Juif Ren Duran, son chargé d’affaires à Alger, d’obtenir les coins de l’ancienne Régence afin de battre monnaie[20] !

Pour ne pas augmenter le nombre des partisans d’Abd el Kader, il fallait ménager les susceptibilités religieuses des populations musulmanes.

Le prosélytisme chrétien avait été jusqu’alors inexistant en Afrique, lorsque la prétendue conversion à la religion catholique d’une Mauresque d’Alger répudiée par son mari était venue occasionner des conflits et des discussions hors de proportion avec ce mince événement. L’affaire avait été examinée au Ministère de la Guerre. Le Ministre désapprouva Voirol qui avait pris parti pour la Mauresque désireuse d’échapper à ses juges musulmans, et envoya le 13 octobre à Drouët d’Erlon des instructions ainsi conçues :

« La conversion d’un Musulman à la foi chrétienne est et sera longtemps encore, dans nos possessions du nord de l’Afrique, un événement très grave et qui tendra toujours plus ou moins à compromettre nos rapports avec la population indigène. Le Gouvernement a si bien senti cela, qu’il n’a, jusqu’ici, voulu permettre en Afrique aucune espèce de mission, soit catholique, soit protestante, quoique plusieurs demandes lui aient été adressées dans ce but ».

Non seulement le Ministre ne voulait favoriser aucun prosélytisme, mais il entendait l’interdire : « Dans un pays récemment conquis, ajoutait-il, où les questions de religion sont en même temps des questions de nationalité et de fanatisme, l’Administration ne doit pas simplement rester indifférente au sujet des conversions ; elle a un intérêt puissant à s’y opposer[21]. » Il examinait ensuite l’affaire de la Mauresque, et demandait « une enquête sévère » sur des faits propres à compromettre l’attitude de l’autorité française vis-à-vis des Indigènes.

L’enquête très complète faite par Drouët d’Erlon montra combien la néophyte était peu digne d’intérêt[22].

Une autre Mauresque, qui en janvier 1835 manifesta aussi l’intention d’embrasser le christianisme, fut reconnue comme appartenant à « l’une des dernières catégories des filles publiques » ; elle reçut de l’intendant civil Lepasquier le conseil de se rendre en France et un passeport pour Marseille[23].

Ces prétendues conversions étaient manifestement inspirées par le désir d’échapper aux lois musulmanes, et furent traitées par Drouët d’Erlon avec l’indifférence qu’elles méritaient.

Si une partie de la politique à suivre vis-à-vis des Indigènes était pour ainsi dire négative, et consistait à ne pas les blesser dans leurs sentiments les plus chers, une autre partie était positive, active, et devait tendre à développer des relations amicales avec eux. Ce n’était pas toujours facile.

Les tentatives commencées par Voirol de faire fréquenter par les Européens le marché de Boufarik le lundi furent reprises avec l’aide du capitaine Pellissier, du sous-lieutenant Allegro et de quelques escadrons : « Mon intention, écrivait Drouët d’Erlon, est d’amener les Indigènes à voir et même à désirer dans leur propre intérêt nos marchands fréquenter leur marché (sic), car je suis persuadé que le plus puissant moyen de vaincre la répugnance et les préjugés nourris contre nous se trouvera dans les relations commerciales qui s’établiront entre eux et les Européens[24]. » Il regrettait seulement de constater que nombre de ces Européens étaient « peu recommandables et fort avides. » Les commerçants furent cependant peu à peu mieux accueillis au marché de Boufarik, et y effectuèrent des ventes ou des achats, tandis que des officiers de santé, tel « le docteur Baudens, jeune chirurgien d’une grande habileté », donnaient des consultations et des soins aux Indigènes[25]. Le Ministre recommandait d’ailleurs à Drouët d’Erlon, comme il l’avait fait à Voirol, de « ne pas établir de relations commerciales sous la protection des baïonnettes[26]. »

 

Une petite équipe d’officiers connaissant bien les populations essayait de faire auprès d’elles une utile propagande. Le capitaine Pellissier, le sous-lieutenant Vergé et le sous-lieutenant Habaïly parcoururent dans la première quinzaine de novembre 1834 les tribus de la plaine et reçurent partout le meilleur accueil[27].

L’organe destiné à diriger cette politique indigène allait changer une fois de plus, tant il est vrai qu’un chef peut rarement se décider à continuer l’œuvre de son prédécesseur.

L’agha des Arabes fut rétabli, et le bureau arabe cessa d’exister. Les fonctions d’agha furent données le 18 novembre 1834 au lieutenant-colonel Marey, l’ancien organisateur et chef des « chasseurs algériens » ; une circulaire du 29 novembre annonça cette nouvelle aux habitants de Blida, Médéa, Koléa, Cherchell, Miliana, à Ben Zamoun, etc.[28]

Comme Drouët d’Erlon utilisait néanmoins les officiers de l’ancien bureau arabe, et les envoyait dans les tribus pour régler diverses questions, les Indigènes crurent qu’il y avait dualité dans le commandement à Alger, et désaccord entre les chefs s’occupant des « affaires arabes ». D’après Pellissier, certains d’entre eux demandèrent aux sous-lieutenants Vergé et Allegro « quels avantages ils leur feraient pour les avoir dans leur parti contre l’agha ![29] »

Marey eut bientôt l’occasion d’exercer activement ses nouvelles fonctions. Un vol de troupeaux ayant été commis en décembre, il se porta pendant la nuit, avec ses spahis réguliers, les cavaliers de Ben Zecri et 200 fantassins à la poursuite des voleurs, et reprit le bétail dérobé[30].

Des procédés de ce genre risquaient de réveiller l’ardeur guerrière des Hadjoutes, à peine assoupie. C’est ce qui se produisit. La lutte reprit entre eux et les détachements français, lutte de détail consistant surtout en embuscades, massacre d’isolés, dans laquelle les troupes de l’armée d’Afrique éprouvaient des pertes supérieures à celles de leurs adversaires. Cependant les rapports faisaient valoir ces engagements, au sujet desquels Pellissier écrivait ironiquement : « Les Hadjoutes sont la matière ordinaire des Bulletins. Le Moniteur algérien en a tué dix-huit de plus qu’il n’en existe[31]. »

Les moyens employés, aussi bien pour établir des relations avec les tribus que pour punir les fractions dissidentes, n’étaient pas toujours les meilleurs, parce qu’il manquait à la politique indigène de Drouët d’Erlon une direction d’ensemble.

Cette politique avait moins d’unité et de sûreté que celle pratiquée par Voirol. Colons et Indigènes ralliés le sentaient mieux que tous autres, et surent le montrer à Voirol lorsqu’il s’embarqua à Alger pour la France en décembre 1834 : « Son départ fut un triomphe véritable, écrivait Pellissier. Tous les caïds des tribus s’étaient réunis pour lui faire leurs adieux et lui offrir, au nom de leurs administrés, des armes du pays. La population presque entière l’accompagna jusqu'au port, en exprimant hautement ses regrets de le voir s’éloigner ; enfin une médaille d’or lui fut offerte, comme témoignage de la reconnaissance d’une colonie où son nom et son souvenir seront toujours chers et respectés[32]. »

Les idées jetées par Voirol devaient d’ailleurs germer et porter leurs fruits, pour le plus grand bien des Français comme des Indigènes.

 

Le gouverneur général Drouët d’Erlon était décidé à affirmer son autorité sur « les possessions françaises » des trois provinces. A cet effet, il résolut d’aller les inspecter personnellement, et de se rendre compte de la situation matérielle des troupes, de leur situation tactique et des travaux qu’elles exécutaient.

Il commença par Alger et ses environs. Les travaux de toute sorte se poursuivaient. A la fin d’octobre 1834, les camps de Birkadem, Tixeraïn, Dely-Ibrahim, Kouba, pouvaient chacun contenir un bataillon d’infanterie. Des maisons respectivement situées près des camps de Birkadem, Kouba et Dely-Ibrahim pouvaient loger chacune un escadron du 1er chasseurs d’Afrique. Le camp de Douèra, le plus important, n’était pas achevé, mais pourrait abriter un bataillon d’infanterie avant la saison des pluies. Ces camps étaient entourés soit d’un mur crénelé comme celui de Birkadem, soit d’un retranchement en terre comme ceux de Tixeraïn ou Dely-Ibrahim. Les soldats campés couchaient dans des hamacs ; ils y étaient si exposés au froid que Drouët d’Erlon demandait pour chacun d’eux un petit matelas[33].

Trois routes principales avaient été construites par les soldats : une d’Alger à Birkadem ; une seconde d’Alger au Fort l’Empereur, Dely-Ibrahim, Douèra et au-delà jusqu’à la plaine ; une troisième, dite du Tagarin, faisant communiquer les portes Bab-Azoun et Bab-el-Oued avec la route précédente. En outre, une route de ceinture, simple chemin de terre, reliait entre eux les camps de Dely-Ibrahim, Tixeraïn, Birkadem et Kouba[34].

Drouët d’Erlon alla, au début de novembre, visiter Bougie et Bône. A Bougie, il éprouva des impressions déplorables : mauvaise rade exposée aux vents ; ville difficile à défendre contre les Indigènes ; relations commerciales avec les tribus, inexistantes ; lieu insalubre, avec un hôpital insuffisant et des troupes démoralisées[35].

Sur Bône, il avait reçu à son arrivée des renseignements médiocres, envoyés par le général Monk d’Uzer qui y commandait le corps expéditionnaire. Après défalcation de 700 hommes à l’hôpital et de 400 malades, l’effectif de la garnison, d’environ 2.800 hommes, était réduit à 1.700 disponibles ; encore ce chiffre comprenait-il l’administration, le train des équipages, l’artillerie, le génie, les gardes-côtes et le 3e régiment de chasseurs d’Afrique, plus tous les employés, musiciens, sapeurs, tambours, ordonnances, infirmiers provisoires. Au 3e chasseurs d’Afrique, en raison des maladies, chaque homme était obligé de panser 4 ou 5 chevaux. Le service roulait ainsi sur 300 hommes ! Monk d’Uzer avait été obligé de confier les avant-postes aux Indigènes[36].

L’impression de Drouët d'Erlon à Bône fut cependant bien meilleure qu’à Bougie : il trouva la ville mieux située, plus saine, munie d’hôpitaux et de marchés, capable de se développer dans l’avenir[37].

La visite du Gouverneur général à Oran dut être remise, en raison de l’épidémie de choléra qui sévissait dans cette ville. Drouët d’Erlon émit cependant l’avis que l’occupation de Mostaganem était aussi regrettable que celle de Bougie[38].

Le choléra avait éclaté à Oran à la fin de septembre et avait fait en octobre des ravages dans la garnison, surtout dans l’atelier des condamnés, et parmi les hommes affaiblis par les maladies ou les excès. Les officiers du service de santé firent preuve d'un dévouement admirable : Cristiani, chargé de l’ambulance, fut frappé du fléau, ainsi que les pharmaciens Marc et Sommerfogel ; le docteur François Broussais, qui remplaça Cristiani, mérita les plus grands éloges pour son zèle et son dévouement, ainsi que les chirurgiens Vignes et Collin. Il fallut cesser les travaux de route, et demander des secours en personnel médical et en matériel d’hôpital[39]. Du 24 septembre au 26 octobre, 538 militaires furent atteints : 134 succombèrent, 160 guérirent, et le 26 octobre il y en avait encore 144 aux hôpitaux[40]. L’épidémie s’atténua rapidement, puisqu’aucun cas nouveau ne fut constaté après le 15 novembre, mais non sans avoir fait encore des victimes parmi les malades, dont le général de Fitz-James décédé le 30 novembre[41].

L’indiscipline du 2e chasseurs d’Afrique, qui s’était manifestée, sous le commandement du général Voirol, par un mouvement insurrectionnel le 7 juillet 1834, faisant suite à un autre du 24 août 1833, avait dû être sévèrement réprimée. Le successeur de Létang, qui n’avait pas su empêcher ces mouvements, était le colonel Oudinot, deuxième fils du Maréchal, ancien page de l’Empereur en 1813, devenu en juillet 1833 colonel à 34 ans. Il avait trouvé le régiment en ébullition, encadré par un corps d'officiers divisé : « trop timide, trop jeune pour tenir en bride ces mauvaises têtes », selon du Barail[42], il n’avait pas pu se rendre maître de sa troupe, et était assez durement critiqué. Le Conseil de guerre s’était montré sévère : deux des coupables avaient été condamnés à la peine capitale ; l’un d’eux avait été exécuté.

Le Ministre de la Guerre envisageait de licencier le régiment, et de le reformer à Oran sous un autre numéro, mesure sévère pour une unité ! En tous cas, il désirait des sanctions immédiates : le capitaine instructeur Fourrier d’Hincourt, le capitaine adjudant-major Cousin de Montauban, les capitaines Douée et Tremblay et le sous-lieutenant Albertini devaient être immédiatement changés de corps ; le chef d’escadrons de Thorigny et le colonel du régiment lui semblaient eux aussi devoir être l’objet d’une mutation[43]. Les officiers coupables avaient évidemment cédé à un entraînement irréfléchi, car plusieurs d’entre eux devaient acquérir rapidement une brillante réputation dans l’armée d’Afrique.

La conclusion générale tirée par Drouët d’Erlon de ses premières visites était la nécessité de modifier le système politique et militaire employé jusqu’alors, avec « trois commandements pour ainsi dire indépendants » à Alger, Oran et Bône, et l’occupation de trop de points[44].

Sa conception de la domination du pays consistait à pouvoir manifester sa force aux yeux de populations habituées à ne respecter qu’elle, et à avoir pour cela un effectif disponible de 5.000 à 6.000 hommes capable de se porter à deux ou trois journées de marche[45].

 

Les troupes indigènes étaient de plus en plus employées, qu'il s’agît des spahis réguliers dont l’organisation progressait peu à peu, ou de formations irrégulières mises sur pied par suite d’initiatives locales. A Bône, les contingents du bey de Constantine, Ahmed, s’étant avancés vers la ville, le 20 novembre 1834, Monk d’Uzer lança contre eux 380 chevaux du 3e régiment de chasseurs d’Afrique, les spahis réguliers sous les ordres du commandant Yusuf et les Arabes auxiliaires commandés par le capitaine d’état-major Delcambe ; il obtint avec ces troupes un succès complet[46].

D’Uzer projetait, pour assurer la garde des postes extérieurs pendant l’été, de former deux compagnies d’infanterie composées de Turcs et d’habitants de la ville ; il proposait à cet effet de démonter environ 70 Turcs appartenant aux deux escadrons du commandant Yusuf, médiocres cavaliers qui faisaient panser leurs chevaux par des valets d’écurie, et d’affecter leurs chevaux aux spahis réguliers. Il estimait pouvoir réunir, grâce aux demandes multipliées des Indigènes des tribus, 400 cavaliers de spahis réguliers et 800 auxiliaires[47]. Ce projet cadrait tout à fait avec les intentions de Drouët d’Erlon et du Ministre de développer les troupes indigènes destinées à permettre la réduction des forces nationales.

A Bougie, le lieutenant-colonel Duvivier désirait vivement former une compagnie de 50 spahis réguliers, afin de « s’éclairer et entretenir des relations avec l’intérieur[48]. » L’avis de Drouët d’Erlon était que ce corps serait certainement utile, mais sans doute difficile à recruter. A Alger, les deux escadrons de spahis réguliers étaient encore faibles à la fin de 1834 et leur recrutement fort lent. Les cavaliers auxiliaires allaient être organisés, grâce à des conventions avec les tribus.

« Ces deux troupes indigènes, écrivait Drouët d’Erlon au Ministre, augmenteront sans doute nos forces en cavalerie : mais la nature de leur composition et la spécialité du service auquel elles seront appelées à concourir les rend peu propres à suppléer la cavalerie française[49]. » Les cavaliers indigènes, ajoutait-il, « excellents pour éclairer et marcher en avant-garde », ne se battent bien que soutenus par des escadrons français.

Le lieutenant-colonel Marey et ses spahis avaient accompagné une colonne répressive dirigée contre les Hadjoutes au début de janvier 1835 par le lieutenant général Rapatel. La colonne n’avait pas obtenu grand résultat, les Hadjoutes ayant mis à l’abri familles et troupeaux ; mais les spahis avaient rayonné largement, et Marey avait été blessé[50]. Une telle expédition faisait plus de mal que de bien au point de vue de la situation générale ; elle avait du moins l’avantage d’entraîner les troupes.

Si la cavalerie française trouvait un appoint assez important dans les spahis réguliers et les cavaliers auxiliaires, l’infanterie recrutait par contre peu d’éléments indigènes, et devait être demandée à la Métropole. Le 63e de ligne vint en mars relever à Alger le 67e, qui avait détaché un bataillon à Bougie. Comme le 63e était réduit à deux bataillons, dans lesquels les hommes disponibles du troisième avaient été versés, la garnison d’Alger dut envoyer un bataillon à Bougie pour libérer le bataillon du 67e, et se trouva ainsi diminuée[51].

Partout les troupes continuaient à travailler, surtout aux environs d’Alger.

Le dessèchement de la Mitidja progressait, quoique n’étant pas mené, de l’avis même de Drouët d’Erlon, d’après un plan d’ensemble et avec assez de méthode[52]. Un effectif de 400 condamnés travaillait à la Ferme Modèle.

Pour protéger contre les incursions des dissidents les populations de la banlieue d’Alger, Drouët d’Erlon créa le camp de Boufarik[53]. Les troupes le nommèrent « camp d’Erlon ». En une vingtaine de jours, à la fin de mars et au début d’avril, deux bataillons du 10e léger et une compagnie de sapeurs du génie construisirent ce camp, pouvant contenir deux bataillons[54]. Le Gouverneur général décida aussi la création du camp de Mahelma, et confia cette tâche au bataillon de zouaves aidé d’un détachement du génie et des spahis réguliers.

La place des spahis réguliers semblait être, écrivait le Gouverneur, « dans la plaine et aux avant-postes », afin qu’ils fissent sentir leur influence aux Indigènes[55]. Le 2e escadron de spahis réguliers fut envoyé au camp de Douèra, tandis que le 3e était encore en formation à Alger.

Ces dispositions devaient permettre d’établir dans la Mitidja une sécurité relative. Cependant les vols et les agressions se multipliaient.

Les gens de Médéa qui envoyaient vendre à Alger bestiaux et chevaux étaient détroussés par les Hadjoutes et s’en plaignaient amèrement : « Quand vous avez nommé le commandant Marey agha, écrivaient-ils à Drouët d'Erlon, vous nous avez écrit en nous disant que vous l’aviez chargé d’assurer la liberté des routes... » ; et cependant, une trentaine de Hadjoutes suffisaient à intercepter les communications ! Ils ajoutaient que les Hadjoutes et les habitants de Blida disaient entre eux, à la suite des sorties de Marey agha dans la Mitidja : « Si le commandant Marey agha sort encore une fois, nous l’attaquerons et il ne rentrera plus à Alger[56]. » L’autorité sur les Indigènes de l’Afrique du Nord ne dépend pas du titre dont est paré son détenteur, mais de l’efficacité de la force matérielle dont il dispose.

Les isolés qui, malgré toutes les recommandations faites aux troupes depuis 1830, continuaient à circuler, étaient de temps à autre impitoyablement massacrés. Ce fut le sort, le 16 mars près d’Alger, du vaguemestre et du maître cordonnier du 10e léger, d’un tambour de zouaves et d’un boulanger[57].

Une nouvelle colonne répressive, dirigée le 28 mars contre les Hadjoutes par le général Rapatel, n’eut pas plus de résultats que celle de janvier, les Indigènes s’étant dérobés devant elle, en la harcelant. Au retour à Alger, elle fut couverte à l’arrière-garde par 50 chasseurs d’Afrique et 50 spahis aux ordres du commandant Korte, et par les zouaves du commandant de la Moricière. L’effet produit était défavorable au prestige français.

La sécurité dans la Mitidja était beaucoup moins grande qu’avec Voirol, et les colons européens étaient effrayés. Les petites expéditions des troupes françaises molestaient presque autant les Indigènes ralliés ou indifférents que les coupeurs de route contre lesquels elles étaient dirigées ; il arrivait même que les coupables se dérobaient tandis que les innocents restaient en place et étaient châtiés.

La politique de Drouët d’Erlon aux environs d’Alger n’était peut-être pas mauvaise dans ses principes ; mais elle n’avait pas trouvé, pour son application, les procédés diplomatiques ou militaires aptes à obtenir de bons résultats.

 

Drouët d’Erlon entendait diriger la politique non seulement dans la province d’Alger, mais dans toute l’étendue de la Régence.

Il ne pouvait cependant pas faire adopter ses vues à Oran. Le général Desmichels se laissait duper par Abd el Kader, et se permettait d’envoyer auprès de l’Emir, puis à Paris, le capitaine Walewski, afin de discuter des plans de pacification. Le Gouverneur écrivit le 24 novembre à Desmichels pour lui faire des observations : « J’ai été on ne peut plus surpris, lui disait-il, de la mission que vous avez confiée au capitaine Walewski sans m’en avoir demandé préalablement l’autorisation. Je l’ai été encore plus, s’il est possible, du contenu de la lettre adressée par vous au Ministre. J’ai seul, dans la colonie, la haute direction de la politique à suivre envers les Indigènes, et seul j’encours la responsabilité des ordres que je donne à son sujet[58]. »

Ces observations n’ayant pas eu grand effet, Drouët d’Erlon écrivit au Ministre que Desmichels donnait aux affaires une direction différente de celle tracée par ses soins[59] ; puis il dressa contre lui un véritable réquisitoire et demanda son remplacement par le général Trézel[60]. Nommé le 15 janvier 1835 au commandement de la ville et du territoire d’Oran[61], Trézel arriva le 6 février à Mers-el-Kebir et prit le surlendemain ses fonctions[62].

Le commandant Abdallah Dasbonne était auprès de l’Emir à Mascara ; lorsque le départ de Desmichels fut décidé, Drouët d’Erlon estima qu’Abdallah devait être rappelé[63] ; cependant cet officier supérieur resta en fonctions.

Le Gouverneur général pensait que, en plaçant à Oran son ancien chef d’état-major et en rappelant l’agent de Desmichels auprès d’Abd el Kader, il serait maître de mener dans l’Ouest la politique de son choix.

Les relations de Drouët d’Erlon avec ses subordonnés des possessions de l’Est, Bône et Bougie, étaient en même temps obscurcies par des intrigues locales.

Le général Monk d’Uzer était signalé par Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre comme se livrant à des spéculations sur des immeubles et des terrains qu’il avait achetés à Bône, et comme engageant ses subordonnés dans la même voie[64]. C’était le substitut du procureur général, avec qui il était en mauvais termes, qui le desservait auprès du Gouverneur, même au sujet de sa manière de commander ! D’Uzer fut obligé de se défendre et de réfuter les accusations dont il était l’objet[65].

Le lieutenant-colonel Duvivier à Bougie était de même l’objet d’intrigues menées par le commissaire du Roi, nommé Lowasy, qui correspondait avec l’intendant civil à Alger, Lepasquier. Ce jeune homme, ambitieux et vaniteux, entama avec un notable dissident, à l’insu de Duvivier, des négociations auxquelles Drouët d’Erlon eut le tort de se prêter[66]. Le colonel du génie Lemercier fut même envoyé d’Alger pour négocier un traité, si bien que Duvivier, froissé et humilié, fut amené à demander son rappel[67] ; il remit son commandement et partit pour la France avec un congé de convalescence ; il fut remplacé provisoirement par le colonel Lemercier, qui ne put terminer les négociations commencées, puis par le lieutenant-colonel Girot[68].

 

Drouët d’Erlon voulait conserver Oran et Bône, mais abandonner Mostaganem à une époque indéterminée et Bougie immédiatement. Il était d’avis de concentrer tous les moyens d’action sur Alger et d’occuper Blida et Koléa.

Sur ces bases générales, et en tenant compte de la situation, il développait le 1er avril 1835, dans une longue lettre au Ministre, son plan d’occupation ; il restait fidèle à la conception politique qu’il avait déjà exposée : « former des pouvoirs indigènes assez forts pour rétablir l’ordre dans l’intérieur et l’y maintenir, mais non pas pour se rendre tout à fait indépendants de nous[69] ». Cette politique était d’ailleurs difficile à réaliser, comme il le reconnaissait, en face de deux puissances bien établies : le bey Ahmed de Constantine à l’Est, l’émir Abd el Kader à l’Ouest.

Le Gouverneur général multipliait ses efforts pour gagner la confiance des populations. Il faisait édifier à Boufarik une ambulance indigène au moyen d’une souscription recueillie par le docteur Pouzin[70].

Après avoir reproché à Desmichels de se laisser duper par Abd el Kader, il entretenait des relations avec l’Emir par l’intermédiaire de Ben Duran ; il laissait même participer aux démarches de ce Juif le capitaine Saint-Hypo-lite, qui s’occupait depuis son arrivée en Afrique de recueillir des documents destinés à dresser une carte générale de la Régence, et qui avait remplacé le 31 décembre 1834 le capitaine d’état-major Gougeon comme chef du bureau topographique d’Alger[71].

Saint-Hypolite avait été autorisé en janvier à accompagner à Mascara Ben Duran, chargé d’y obtenir des renseignements sur les traités passés par Desmichels avec Abd el Kader[72]. Le Gouverneur général envisageait la conclusion avec l’Emir d’un nouveau traité pour lequel le Ministre de la Guerre lui donnait des instructions[73]. Par une inconcevable méconnaissance des préjugés indigènes, le capitaine français paraissait, au cours des missions de Ben Duran, jouer en quelque sorte le rôle de second auprès du Juif[74], vis-à-vis duquel Abd el Kader conservait naturellement une dédaigneuse hauteur.

Pourquoi Drouët d'Erlon avait-il évolué ainsi ? Il était manifestement circonvenu dans une certaine mesure par Ben Duran ; il lui témoignait des égards, il le désignait dans ses lettres non plus toujours sous le nom de « Juif Duran », suivant l’usage, mais fréquemment sous celui de « sieur Duran ». Il n’avait plus comme chef d'état-major Trézel pour maintenir son orientation. Il était aussi impressionné par l’insuccès de sa politique de vigueur maladroite aux environs d’Alger, et était porté à céder dans les autres possessions : « C’est ainsi, écrivait à ce sujet le capitaine Pellissier, que chez les hommes faibles, l’aveu intérieur d’une faute ne sert qu’à leur en faire commettre une nouvelle, dans un autre sens[75]. » En tous cas, il avait comme excuse de sa nouvelle attitude ses préoccupations relatives à l’effectif de l’armée d’Afrique, trop faible à son avis, et qu’il devait cependant, d’après ses instructions, ramener à l’effectif budgétaire[76].

Le corps d’occupation n’avait cessé de s’accroître numériquement depuis quatre ans. Réduit, au 1er février 1831, à 9.300 hommes, il avait été porté progressivement, au 15 janvier 1832, à 16.900, au 15 janvier 1833, à 24.300, au 1er janvier 1834 à 30.000, et s’élevait, le 1er avril 1835, à 32.000. Cet effectif comprenait des non combattants : administration, vétérans, gardes-côtes, compagnies de discipline et gendarmerie, mais dans une proportion restreinte ; ces non combattants jouaient d’ailleurs un rôle utile qu’il eût fallu, faute de leur présence, confier à des combattants[77] ! La nécessité de réduire le total d’environ un tiers, toujours présente à l’esprit de Drouët d’Erlon, était sans doute pour une bonne part dans l’évolution de sa politique.

 

L’administration de l’Armée se trouvait aux prises avec de sérieuses difficultés. L’intendant en chef, le baron Bondurand, malade depuis quelques semaines, étant mort le 4 mars 1835, ne fut pas immédiatement remplacé[78]. Le ravitaillement en vivres était compromis par de terribles tempêtes survenues au mois de février. Le retard des fourrages attendus d’Italie obligea à substituer, pour la nourriture des chevaux, un kilogramme d’orge ou d’avoine à deux kilogrammes de foin. Le bois faillit manquer ; pour le vin, il fallut recourir à des marchands. La qualité de la viande faisait l’objet de plaintes nombreuses et justifiées. Aussi l’administration était-elle accusée d’incurie[79]. La 14e compagnie du train des équipages à Alger pouvait difficilement suffire aux transports, particulièrement en raison de la formation de nouveaux camps à Boufarik et Mahelma ; elle avait un besoin urgent de renforts, surtout en chevaux[80].

Le ravitaillement sur le pays continuait cependant à se faire dans toute la mesure du possible. Les fourrages récoltés au mois de mai 1835 dans la Mitidja, sous la direction du colonel de Schauenbourg, s’élevèrent à 20.000 quintaux de foin excellent ; ce sont les voitures qui manquaient pour le transporter. La légion étrangère, aux ordres du colonel Bernelle, fournit tous les travailleurs : les faucheurs reçurent un franc par jour et les faneurs 0 fr. 50. Cette dépense fut couverte par l’économie faite sur les rations de fourrage du 1er régiment de chasseurs, dont les chevaux avaient été mis au vert sur les lieux[81].

 

A Oran, la tranquillité régnait. Drouët d’Erlon s’y rendit au début de juin 1835 ; il se montra satisfait de la tenue et de la santé des troupes, ainsi que des travaux accomplis ; il recommanda au général Trézel de se maintenir en paix avec Abd el Kader, « autant que l’honneur et l’intérêt de la France le permettraient[82]. » Dès sa rentrée à Alger, les rapports déjà tendus entre Abd el Kader et Trézel s’envenimèrent, à propos des Douairs et Smela, désireux de rester les alliés des Français[83], et qu’Abd el Kader voulait soumettre à son autorité[84]. Trézel s’apprêta à imposer son point de vue à l’Emir par la force, en rendit compte à Drouët d’Erlon, et le pria de lui envoyer le caïd Ibrahim, ancien Turc de Mostaganem, et Allegro[85].

Drouët d’Erlon, sentant le danger d’un conflit, fit tout pour l’empêcher ; il envoya le commandant de la Moricière à Mascara négocier avec Abd el Kader, mais il le fit accompagner par Ben Duran, l’agent commercial de l’Emir à Alger[86]. Il était trop tard. Trézel, battu le 28 juin à la Macta par les contingents de l’Emir, embarquait à Arzew pour Oran ses troupes décimées et démoralisées[87]. Il avait perdu 262 tués, dont 10 officiers parmi lesquels le colonel Oudinot, 308 blessés, un obusier de montagne, 20 prolonges chargées de vivres et de munitions, 150 tentes, beaucoup de fusils, et environ 150 chevaux. Il fut aussitôt, sur sa demande, relevé de son commandement par Drouët d’Erlon ; son remplaçant, le général d’Arlanges[88], reçut du Gouverneur l’ordre de se tenir sur la défensive[89].

La malheureuse expédition du général Trézel contre Abd el Kader, terminée par le désastre, surtout moral, de la Macta, avait mis en lumière les qualités et les faiblesses des troupes qui y avaient pris part[90].

Elle avait été occasionnée par la volonté de Trézel de ne pas abandonner deux tribus, les Douairs et les Smela, qui souhaitaient devenir Maghzen (police de gouvernement) des Français, comme elles l’avaient été au temps des Turcs. La convention du 16 juin 1835, passée par Trézel avec elles, amenait à l’armée d’Afrique un supplément important de forces indigènes. Ces deux tribus devaient reconnaître la souveraineté de la France, obéir à des chefs musulmans nommés par le Gouverneur général, payer un tribut annuel et fournir des contingents lors des expéditions. Pendant la durée des expéditions, les cavaliers armés de fusils et de yatagans touchaient deux francs par jour et les fantassins un franc. La convention passée par Trézel était ainsi un acte de sage politique, comme devait le prouver la fidélité des Douairs et des Smela dans l’avenir, et répondait parfaitement aux instructions générales du Ministre.

Les négociations menées par Drouët d’Erlon avec Abd el Kader, en dehors de Trézel, étaient regrettables à tous points de vue. Le commandant de la Moricière, envoyé auprès de l’Emir au moment même où l’expédition était déjà commencée, était peut-être le seul officier capable de dénouer la question ; et cependant que pouvait-il avec un diplomate aussi rusé qu’Abd el Kader ? L’unité d’action nécessaire entre le Gouverneur général et Trézel n’aurait jamais dû être rompue. Les combats de Moulay-Ismaël et de la Macta, démontraient que les troupes d'Oran, trop longtemps inactives dans leurs murs, n’avaient pas assez d’entraînement ni de discipline, et n’avaient pas une organisation assez légère pour une expédition de ce genre.

Elles avaient certes fourni des exemples de leur vaillance. A l’affaire de Moulay-Ismaël, le 1er bataillon d’Afrique s’était distingué : c’est une compagnie de ce bataillon, entraînée par un lieutenant avec sa casquette au bout de son sabre, qui avait enlevé le défilé alors que la ligne fléchissait par suite d’une sonnerie intempestive de retraite ; ce sont aussi des compagnies de ce bataillon qui avaient à l’arrière-garde, avec le détachement d’Indigènes, repoussé de violentes attaques contre le convoi et l’artillerie. Cependant, le même jour, pendant la halte de midi, des désordres s’étaient produits : des soldats, qui n’avaient pas d’eau, avaient défoncé les tonneaux des cantiniers, bu du vin et des liqueurs et avaient dû être chargés sur les voitures, déjà encombrées de blessés. La nuit suivante, les hommes ne s’étaient pas reposés, par suite des alertes, du chargement des voitures et du départ à 3 heures.

Au combat même de la Macta, le commandement des chefs avait été à peu près impossible à exercer, par suite du désordre qui s’était mis dans la colonne dès le début. Les deux compagnies du bataillon d’Afrique, qui étaient à l’avant-garde, puis le bataillon italien, flanc garde de gauche, avaient attaqué avec bravoure, mais sans assez de cohésion, et avaient été refoulés.

A partir de ce moment, les unités avaient pour ainsi dire agi isolément, abandonnant d’elles-mêmes ou sur l’ordre de chefs subalternes les missions qui leur avaient été confiées par Trézel. Les compagnies polonaises de la légion, aux ordres du commandant Horain, chargées de la garde du convoi de blessés, reçurent, paraît-il, l’ordre du lieutenant-colonel Conrad, commandant l’ensemble des unités de la légion, d’aller aider au ralliement du bataillon italien[91] ; le bataillon du 66e, formant arrière-garde, se dispersa en plusieurs fractions. La plus grande partie du 2e chasseurs d’Afrique partit vers l’avant avec son chef. Ainsi les voitures de blessés et du convoi restèrent sans protection. Les hommes du train, pris de panique, coupèrent les traits de leurs chevaux, et ramenèrent une seule voiture de blessés grâce à l’énergie d’un maréchal-des-logis. Les canonniers d’artillerie sauvèrent leurs pièces, sauf une, et constituèrent le pivot de la résistance.

Ce fut un groupe constitué par les plus braves qui protégea la colonne : une quarantaine de chasseurs d’Afrique, des pièces d’artillerie, et une cinquantaine de soldats de toutes unités. Le reste tourbillonnait, divaguait, fuyait dans un désordre lamentable vers Arzew.

Triste journée pour l’armée d'Afrique. Le commandant de la Moricière, qui relâchait à Arzew, arrivant remplir sa mission auprès d’Abd el Kader, avait poussé par mer jusqu’à Oran, et était audacieusement revenu par terre d’Oran avec les capitaines Cavaignac, de Montauban et 300 cavaliers Douairs et Smela. Il ramena par terre à Oran le 2e chasseurs d’Afrique, qui déjà s’embarquait pour rentrer par mer.

Trézel, consterné mais non abattu, jugeait sévèrement une partie des cadres sous ses ordres : « En général, écrivait-il, notre armée est bien affaiblie moralement. Il faut absolument la débarrasser d’une foule de vieux officiers qui ne veulent plus qu’atteindre le plus doucement possible, soit leurs trente années de services, soit leurs douze années de grade de capitaine. Il nous faut ici des hommes d’une trempe ferme pour maintenir le soldat devant les têtes coupées et les corps tronçonnés par le yatagan. »

Il disait du 2e régiment de chasseurs d’Afrique : « Il est très bien composé en soldats, sous-officiers et sous-lieutenants. Au-dessus de ce grade, les braves n’y dominent plus en nombre ni en autorité. » Du moins son chef, le jeune colonel Oudinot, critiqué au moment des désordres de l’année précédente, avait été glorieusement tué d’une balle au front, en abordant le bois-taillis de Moulay-Ismaël à la tête de l’avant-garde.

 

L’opinion publique avait été profondément remuée, en France comme dans la Régence d’Alger, par l’échec de la Macta. Elle souhaitait vivement que cet affront fût rapidement vengé.

A Alger, la Garde nationale de la ville, dont les compagnies s’étaient peu à peu désagrégées depuis 1831, par suite de la négligence des habitants à s’inscrire à la Mairie, exprima le vœu d’être réorganisée. Drouët d’Erlon prit le 21 juillet 1835 un arrêté obligeant tous les hommes d’Alger et des communes rurales âgés de 18 à 50 ans à se faire inscrire à leur Mairie sous peine d’emprisonnement et d’amende. L’intendant civil fut chargé de veiller à cette réorganisation[92]. La Garde nationale pouvait, en remplissant certains devoirs incombant habituellement à des troupes régulières, permettre à ces troupes d’augmenter l’effectif d’une colonne expéditionnaire.

Le vœu général était que Trézel pût prendre sa revanche. Le Ministre de la Guerre et l’Armée d’Afrique étaient d’ailleurs aussi favorables à Trézel que défavorables à Drouët d’Erlon.

Un narrateur de ces événements, de Mont Rond, écrivait quelques années plus tard ces lignes reflétant bien le sentiment général : « Le rapport du général Trézel au Ministre se terminait ainsi : « Les jours de désastre font connaître les hommes fermes et je ne signalerai que ceux-là aux bontés du Roi. » A ces nobles accents, toute l’armée d’Afrique reconnut le général Trézel ; chaque officier ressentit cet échec comme s’il l’eût éprouvé lui-même, tant il était aimé et respecté. Cinq ans de séjour en Afrique lui avaient inspiré une trop grande idée de la supériorité de ses troupes sur l’ennemi : noble erreur qu’il paya trop chèrement[93]. »

Lorsque Drouët d’Erlon prononça précipitamment le remplacement de Trézel par d’Arlanges, il n’était déjà plus gouverneur général. Son départ avait en effet été décidé à Paris le 8 juillet, avant l’arrivée de la nouvelle de la Macta.

Dans des cas de ce genre, un chef est souvent jugé et condamné dans la Métropole sur les simples récits de ses subordonnés. Des officiers comme le lieutenant-colonel Duvivier, en congé, ne devaient pas laisser ignorer leurs sentiments à l’égard du Gouverneur général ; de nombreuses lettres d’Afrique passaient de mains en mains : « Amenez-nous donc le maréchal Clauzel, écrivait le capitaine Saint-Hypolite à Duvivier, et venez avec lui[94]. »

Drouët d’Erlon apprit son rappel par une lettre du maréchal Clauzel, son remplaçant. Il écrivit le 15 juillet à un ami : « J’ai la conviction d’avoir fait le bien, et d’en avoir préparé beaucoup. Nous verrons si mon successeur fera mieux. On me permettra d’en douter, jusqu’à ce que les faits viennent le prouver[95]. »

Clauzel ayant prescrit au lieutenant général baron Rapatel diverses dispositions à prendre en attendant son arrivée, Drouët d’Erlon estima superflu de conserver ses fonctions, et les remit le 4 août à Rapatel[96]. Il s’embarqua le 8 août pour la France, croisant en mer son successeur, qui arriva le 10 août à Alger.

Drouët d’Erlon avait montré au cours de son gouvernement bien des incertitudes. Il n’avait fait preuve de décision qu’en abandonnant sans hésiter et même en frappant le premier son ancien chef d’état-major Trézel après son échec ; pareil procédé réussit rarement à sauver un chef et pèse sur sa mémoire. Drouët d’Erlon avait du moins une grande excuse à sa conduite incertaine : c’était l’incompréhension du Parlement, qui en ne lui accordant pas les effectifs nécessaires, rendait l’exécution de sa tâche impossible.

 

 

 



[1] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 27 septembre 1834.

[2] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er octobre 1834.

[3] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er octobre 1834.

[4] Le Ministre de la Guerre au gouverneur général Drouët d’Erlon, de Paris, 17 septembre 1834.

[5] Le Ministre de la Guerre au gouverneur général Drouët d’Erlon, de Paris, 19 août 1834.

[6] Le Ministre de la Guerre au gouverneur général Drouët d’Erlon, de Paris, 15 octobre 1834.

[7] Ordonnance du Roi qui prescrit la formation, à Alger, d’un corps de cavalerie indigène, sous la dénomination de Spahis réguliers. Journal militaire officiel, 2e semestre 1834, p. 133.

[8] Voir par exemple la lettre du chef d’escadrons Marey au général de Brossard, commandant la 3e brigade, d’Alger, 20 juillet 1831 (original) ; la note du même, d’Alger, 21 août 1831 (original). Etc.

[9] Journal militaire officiel, 2e semestre 1834, p. 133.

[10] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 29 octobre 1834.

[11] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14 novembre 1834.

[12] Proclamation du Gouverneur général, Alger, 28 septembre 1834.

[13] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er octobre 1834.

[14] L’émir Abd el Kader au Gouverneur général, reçue le 8 octobre 1834.

[15] Le Gouverneur général à l’émir Abd el Kader, d’Alger, 9 octobre 1834.

[16] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 10 octobre 1834.

[17] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 24 octobre 1834.

[18] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 1re lettre.

[19] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 2e lettre.

[20] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26 novembre 1834.

[21] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, le 13 octobre 1834.

[22] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 21 novembre 1834.

[23] L’intendant civil Lepasquier au Gouverneur général, d’Alger, 1er février 1835 (copie)

[24] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, le 17 octobre 1834 (original).

[25] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, le 24 octobre 1834, 2e lettre (original).

[26] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, 28 octobre 1834.

[27] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 19 novembre 1834.

[28] Le Gouverneur général aux habitants de Blida, Médéa, Koléa, Cherchell, Miliana, à Ben Zamoun, etc., d’Alger, 29 novembre 1834.

[29] Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, pages 238-239.

[30] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26 décembre 1834.

[31] Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, pages 240-241.

[32] Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, pages 205-206.

[33] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 3e lettre.

[34] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 24 octobre 1834, 3e lettre.

[35] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14 novembre 1834.

[36] Le général Monk d’Uzer au Gouverneur général, de Bône, 27 septembre 1834.

[37] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14 novembre 1834.

[38] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14 novembre 1834.

[39] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 17 novembre 1834.

[40] Le général Voirol (faisant fonctions de gouverneur général pendant le voyage de Drouët d’Erlon) au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er novembre 1834.

[41] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 5 décembre 1834.

[42] Général du Barail, Mes souvenirs, tome Ier, page 23.

[43] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 28 septembre 1834.

[44] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14 novembre 1834.

[45] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 14 novembre 1834.

[46] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 27 novembre 1834 et 5 décembre 1834.

[47] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 2 janvier 1835.

[48] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 16 janvier 1835.

[49] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26 décembre 1834.

[50] Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, page 240.

[51] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 8 mars 1835.

[52] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 13 mars 1835.

[53] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 20 mars 1835.

[54] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 3 avril 1835.

[55] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 23 mars 1835.

[56] Les habitants de Médéa au Gouverneur général, reçue le 9 mars 1835.

[57] Le Gouverneur général au général Trézel, d’Alger, 18 mars 1835. — Le même au Ministre de la Guerre, d’Alger, 20 mars 1835.

[58] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au général Desmichels, d’Alger, 24 novembre 1834.

[59] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 12 décembre 1834.

[60] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 26 décembre 1834.

[61] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 20 janvier 1835.

[62] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 13 février 1835.

[63] Le Gouverneur général au général Trézel, d’Alger, 24 février 1835.

[64] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 5 février 1835.

[65] Le général Monk d’Uzer au Gouverneur général, de Bône, 17 février 1835.

[66] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 10 avril 1835.

[67] Le Gouverneur général au lieutenant-colonel Duvivier, d’Alger, 10 avril 1835.

[68] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 27 juin 1835.

[69] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er août 1835.

[70] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 23 mai 1835.

[71] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 5 février 1835.

[72] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 16 janvier 1835.

[73] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 11 avril 1835.

[74] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au général Trézel, d’Alger, 5 mai 1835.

[75] Capitaine E. Pellissier, Annales algériennes, tome II, 1836, page 242.

[76] Le gouverneur général Drouët d’Erlon au Ministre de la Guerre, d’Alger, 2 mai 1835.

[77] Le lieutenant-général marquis Maison, ministre de la Guerre, au Gouverneur général, de Paris, le 9 mai 1835 (original).

[78] Le Ministre de la Guerre au Gouverneur général, de Paris, 21 mars 1835.

[79] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 13 mars 1835.

[80] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er avril 1835.

[81] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 3 juin 1835.

[82] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 10 juin 1835.

[83] Le général Trézel au Gouverneur général, du camp du Figuier, 16 juin 1835.

[84] Abd el Kader au Gouverneur général, 17 juin 1835.

[85] Le général Trézel au Gouverneur général, camp de Tlélat, 21 juin 1835. — Le même au même, 23 juin 1835.

[86] Le Gouverneur général au général Trézel, d’Alger, 27 juin 1835.

[87] Le général Trézel au général Drouët d’Erlon, d’Arzew, 29 juin 1835.

[88] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 12 juillet 1835.

[89] Instructions au général d'Arlanges, Alger, 13 juillet 1835.

[90] Voir le récit détaillé de cette expédition dans : Général Paul Azan, Conquête et Pacification de l'Algérie, pages 106 à 117.

[91] Bernelle et Colleville, Histoire de l'ancienne légion étrangère, Paris, 1850, pages 78-79.

[92] Arrêté du 21 juillet 1835, Moniteur algérien, 25 juillet 1835, n° 185.

[93] De Mont Rond, Histoire de la conquête de l'Algérie de 1830 à 1847, Paris, 1847, tome I, page 232.

[94] Le capitaine Saint-Hypolite au lieutenant-colonel Duvivier, d’Alger, 11 juillet 1835 (original).

[95] Le Gouverneur général à M. Jacquinot, d’Alger, 15 juillet 1835

[96] Le Gouverneur général au Ministre de la Guerre, d’Alger, 1er août 1835.