Revenu des terres, le cens et le fermage. — Produit des droits féodaux ; il est assez mince. — Valeur des immeubles nobles ; elle est très-grande. — Ces immeubles sont peu près inaliénables. — Biens mobiliers. — Autres revenus nobles ; commerces et industries privilégiés par brevets spéciaux. — Dons et pensions du Roi. — Autres biens ; charges civiles et militaires ; gouvernements de villes et de provinces. — Les dots. — Détail de quelques grandes fortunes. — Fortune de Richelieu.La stabilité des biens et le droit d'aînesse ne procuraient pas aux familles nobles une fortune en rapport avec leur situation. Les sources de la richesse se déplaçaient lentement depuis un siècle ; la terre n'était plus la seule propriété, on commençait à s'en apercevoir : la fortune mobilière venait de naître. La terre noble, d'ailleurs, avec tous ses droits et privilèges nominaux, était moins productive de revenu que toute autre, et son mince rapport tenait à la forme même de sa location. Les biens féodaux avaient été affermés à perpétuité par les anciens propriétaires, moyennant une rente invariable nommée cens. Le seigneur censier s'était réservé et possédait le domaine direct de l'héritage donné. à cens ; néanmoins il ne pouvait user de son droit de possesseur. Il était vis-à-vis de son tenancier dans la situation d'un nu propriétaire vis-à-vis d'un éternel usufruitier. A l'origine, le cens était le fermage effectif de la terre, les hommes du moyen âge ne donnaient pas leur bien pour rien ; les sous et les deniers avaient alors une valeur sérieuse. Avec l'abaissement incessant du pouvoir de l'argent, les cens finirent par ne plus constituer qu'un revenu insignifiant. On écrivait en 1789 : Les censives affermées, il y a deux cents ans, au temps que quinze ou dix-huit sols valaient l'écu d'or, se trouvent réduites au quart. Celui qui devait recevoir cent écus, et qui avait donné sa terre à cette condition, n'en reçoit plus que vingt-cinq[2]. La différence est bien plus forte encore entre le treizième et le dix-septième siècle, qu'elle ne l'est entre le seizième et le dix-huitième. Un gramme d'argent, au temps de saint Louis, était une somme importante ; au temps de François Ier, c'était une somme fort mince ; au temps de Louis XIII, ce n'était presque plus rien. Le capital immobilier, ayant une valeur réelle, augmentait sans cesse. Un arpent de terre acquérait de siècle en siècle un prix plus élevé, mais l'intérêt restait stationnaire, et comme toutes les marchandises se vendaient plus cher, le noble allait s'appauvrissant de plus en plus. On voit des arpents valant cent écus en 1640, et ne payant qu'un denier de cens ; autant dire qu'ils ne payaient rien, puisqu'ils rapportaient un intérêt de 0,1/56e % environ. Il était encore une autre cause de diminution des cens que l'abaissement du pouvoir de l'argent, c'était le changement de la valeur monétaire. Quand les contrats primitifs stipulaient des cens en sous et en deniers, les sous étaient une monnaie d'or, les deniers étaient une monnaie d'argent ; au quinzième siècle, les sous étaient devenus une monnaie l'argent ; au dix-septième, ils n'étaient plus qu'une monnaie de cuivre. En perdant sa valeur, la monnaie avait gardé son nom. Le débiteur se libérait donc avec du cuivre d'une créance qui, en bonne justice, eût dû se régler avec de l'or ou de l'argent. Si le changement de valeur s'était opéré brusquement, le créancier eût certainement réclamé contre ce marché de dupe ; mais comme l'affaiblissement de la livre était l'œuvre de plusieurs siècles, la substitution d'un métal à l'autre s'était exécutée peu à peu et sans recours possible. Le gentilhomme n'avait pas la ressource de vendre ses terres, la loi de sa province ou les substitutions de ses aïeux ne lui en laissaient pas le droit ; les eût-il pu vendre, il n'aurait pas su faire emploi de son argent. Il n'aliène ses immeubles que pour en dissiper le produit. D'ailleurs, vendre ses biens, c'eût été s'amoindrir ; la terre noble n'était pas seulement une propriété, c'était une dignité. Dans quelques fiefs, le cens, au lieu de se payer en
argent, se payait en nature. Avec cette combinaison, aucune dépréciation
n'était possible ; mais le nombre de ces fiefs était fort restreint, et il
diminuait chaque jour. Beaucoup de redevances en nature se convertissaient en
rentes pécuniaires, tandis que jamais on ne voyait une rente pécuniaire
devenir une redevance en nature. Les seigneurs se pré-(aient parfois à cette
transformation, sans souci de l'avenir, pour réaliser un bénéfice immédiat.
Parfois le gouvernement la décrétait à leur détriment, par mesure d'utilité
publique. Depuis 1570 environ, on demandait en Dauphiné le rachapt et la réduction des rentes en grains, parce que
la modicité du prix de leur constitution, comparée à la valeur excessive des
grains ès années de cherté, rendait nos pères criminels de cruauté et usure. Le conseil
d'État ordonna que toutes rentes en grains et autre
espèces, assignées sur héritage, seront racbeptables à perpétuité, en payant la
somme pour laquelle elles ont été créées, s'il en appert ; sinon à raison
de La propriété affectait en quelques provinces d'autres formes que le bail à cens ; tel était en Bretagne le convenant-Franch et le domaine congéable. Pour être moins absolue, la dépossession du seigneur n'était pas moins à peu près irrévocable dans la pratique. Par le convenant-franch, le propriétaire avait livré le fonds au travailleur, pour en disposer à son gré, ne se réservant qu'une redevance annuelle, non sujette à augmentation[4]. Le cultivateur devenait auteur et propriétaire de tout ce qu'il créait à la surface, comme clôtures, édifices et cultures elles-mêmes avec leur ensouchement. Les redevances, très-faibles, et calculées sur l'état primitif du sol, plutôt que sur sa production après culture, devenaient peu à peu la seule propriété du foncier, à qui son bien échappait chaque jour davantage, pour passer entre les mains du superficiaire[5]. Ce dernier, ainsi que sa famille, s'attachait au fond par la possession et le travail, de manière à n'en être jamais séparé. Quand les propriétaires voulurent reprendre leur bien par voie de congément, on vit des communes profondément troublées se mettre en état de révolte ouverte. Le foncier n'avait qu'une chance de reconquérir sa terre, c'est que le détenteur vint à mourir sans hoir légitime et de corps ; dans ce cas la tenure lui revenait en entier, à l'exclusion de tous les collatéraux[6]. Le domaine congéable était plus favorable au propriétaire, en ce que le droit de congédier le fermier, dont il pouvait user à certaines époques, et sous de certaines conditions, lui permettait, sinon de ressaisir son fonds, du moins d'élever le chiffre du fermage. Aussi voit-on à Lamballe et à Guingamp les terres affermées de cette manière, à raison d'une livre par journal (48 ares), dès le milieu du dix-septième siècle[7]. Les droits féodaux, dont la pompeuse énumération pourrait
faire croire à des revenus nombreux et variés, ne sont pas, à les examiner de
près, aussi lucratifs qu'ils le paraissent. Ces droits variaient infiniment
selon les provinces, et surtout selon les fiefs. Tel fief en avait beaucoup
plus qu'un autre. Le champart était le seul vraiment profitable,
niais à la condition que le gentilhomme résidât sur sa terre. Les droits de
mutation sur les biens nobles (quints et requints)
et sur les biens roturiers (lods et ventes),
dont jouissait le seigneur dominant, se réduisaient à peu de chose dans les
campagnes[8]. Le quint
était censé le cinquième du prix de la vente, et le requint le cinquième du cinquième
; ces droits, en se cumulant, auraient donc formé un prélèvement exorbitant
de 24 % ; en réalité, ils ne montaient guère qu'au treizième, au douzième, et
seulement quelquefois au huitième du prix total. Sur les biens non
nobles il était de 8,33 %[9]. Il n'est pas
possible d'évaluer le produit de ces droits pour l'ensemble des fiefs. On ne
peut pas non plus donner le chiffre approximatif de ce que les corvées
seigneuriales pouvaient rapporter. En 1776, époque où la statistique
commençait pourtant à se développer, on ne parvient même pas à fixer la
valeur des corvées générales, dont profitait l'État. — L'Encyclopédie les évalue à quatorze millions, Necker à vingt
millions, et l'auteur du mémoire sur la vie de Turgot à quarante. Il est donc
tout à fait oiseux d'essayer d'en déterminer le montant un siècle plus tôt.
Tout porte à croire qu'il était peu élevé. D'autres prérogatives ne procuraient qu'un semblant de
revenu. En faisant le bilan du droit de justice, le seigneur pouvait
constater qu'il ne rentrait pas dans ses frais. Il profitait des amendes
infligées par ses magistrats, mais il devait faire face aux dépenses des
procès. Ces dépenses étaient énormes en matière criminelle ; en cas de
condamnation à mort, elles étaient ruineuses. Le haut justicier y regardait
donc à deux fois avant de poursuivre un malfaiteur. Sollicité d'agir par la
vindicte publique, poussé à fermer les yeux par le soin de ses finances
particulières, il préférait souvent laisser à Une preuve du médiocre bénéfice que l'on tirait de l'ensemble des droits féodaux, c'est le chiffre auquel ils sont aliénés à perpétuité. Haute justice, censive, lods et ventes, amendes, champarts au village de Junquières[11], sont vendus deux mille huit cent deux livres à Anne de Dampierre en 1620. En 1611, les droits du domaine de Dreux, — tout un bailliage, — sont acquis par le comte de Soissons pour 16.906 écus[12]. Quelques fiefs joignaient aux profits ordinaires des droits de travers (passage) par terre et par eau, forage de vin, poids du Roy, barrages, pêcheries sur les rivières, mesurage des grains, etc. Peu de terres particulières avaient tous ces droits à la fois ; nous en voyons cependant vendre une qui les possède tous : la capitainerie du Pont-Saint-Maixence, située dans le comté de Senlis, cédée pour dix-neuf mille cent vingt-six livres à J. de Madaillan[13]. Les droits aristocratiques doivent donc être assez minces
comme rapport, puisqu'ils se négocient à si bas prix. Les terres nobles sont
pourtant fort chères, et d'autant plus chères, que leur dignité est plus
élevée. Alors que l'intérêt des immeubles roturiers n'est pas de beaucoup
inférieur à 5 %, les fiefs d'importance ne rapportent pas plus de 2 ou 2 ½ %,
et les fiefs souverains descendent souvent jusqu'à 1 ½. Il en résulte qu'un
grand seigneur n'est pas si riche qu'il parait l'être, à qui connait
seulement le capital
de son bien, parce que le revenu dont il jouit n'est pas plus élevé que
celui du bourgeois ou du financier qui possède une fortune moitié moindre
de la sienne. En Italie, les souverainetés s'acquéraient souvent à ½ %, —
témoin le duché de Guastalla[14] — Pour avoir
1.000 écus de rente dans ces conditions, il fallait en débourser deux cent
mille. Le duc de Savoie ne demandait que quinze mille écus de rente pour
toutes les prétentions qu'il pouvait avoir sur le duché de Montferrat[15]. Le Roi de
France acheta au duc de Lorraine le comté de Clermont, à raison du denier 50 (2 %)[16]. Souvent même le
revenu réel, déduction faite des charges, n'atteignait pas ce taux[17]. Le duché de
Nemours avait été évalué sous Louis XII à neuf cent cinquante mille livres,
qui faisaient, sous Louis XIII, plus de quatre millions[18]. Le vidamé de Et cependant toutes ces grandes terres ne sont pas d'un
rendement considérable. Pour un domaine comme celui d'Uzès, qui rapporte à
son propriétaire plus de quatre-vingt mille livres de rente, on voit d'autres
duchés, également étendus, qui ne valent pas le produit d'une riche abbaye, ou
d'une grosse charge de cour[21]. Les duchés
d'Orléans et de Chartres, unis au comté de Blois, ne rapportaient pas tous
ensemble cent mille livres par an au frère du Roi. Le duché d'Angoulême et le
comté de Ponthieu ne produisaient pas plus de quarante à cinquante mille livres
au bâtard de Charles IX[22]. Mademoiselle de
Montpensier avec sa souveraineté de Dombes, le dauphiné d'Auvergne, la
principauté de Presque toute la fortune noble consistait ainsi en fiefs magnifiques, mais d'un petit rapport ; en droits superbes, mais d'un profit douteux. De fortune mobilière, les gentilshommes en avaient peu ou point. Quelques-uns possédaient uniquement des biens roturiers ou des rentes d'Etat, mais ils faisaient exception[26]. Les rentes sur l'Hôtel de ville, origine de la rente française actuelle, étaient aux mains de la bourgeoisie. Aussi le gouvernement put-il plusieurs fois, sous Louis XIII, et durant la minorité de Louis XIV, faire une banqueroute partielle, sans que la noblesse s'en émût. Les réductions des rentes nationales provoquèrent des séditions exclusivement populaires. En Italie, existaient depuis le siècle précédent les monts-de-piété, sortes de banques publiques, où l'on plaçait son argent à gros intérêt[27]. Le maréchal d'Ancre avait acheté durant sa faveur pour quatre ou cinq cent mille francs de lieux di Monti. Fontenay-Mareuil parle de cent mille écus à mettre en lieux de Monts[28]. On nommait ainsi les actions de ces premiers établissements de crédit. Mais les lieux di Monti étaient encore un placement aventureux. Les Montistes risquaient fort de voir s'évanouir leurs capitaux dans ces entreprises, qui ressemblaient un peu à certaines compagnies financières ou à certains fonds d'États exotiques de nos jours. La noblesse préférait employer son argent à l'acquisition de quelques-unes de ces nombreuses charges que le besoin d'argent faisait créer au gouvernement. Certains seigneurs les achetaient en bloc, à bas prix, et les revendaient ensuite en détail avec bénéfice, à moins qu'ils ne préférassent se faire payer les gages attribués à ces fonctions fantaisistes, ce qui n'était pas une mauvaise spéculation. Le duc de Longueville était ainsi propriétaire des offices de regratiers du grenier à sel de Paris[29]. La veuve du maréchal d'Effiat avait une douzaine d'offices d'intendants des deniers communs[30]. Richelieu se faisait payer une somme de cent cinquante-quatre mille sept cent quatre-vingt-deux livres, qu'il avait déboursées pour trente offices de vendeurs de cuirs aux halles de Paris[31]. Souvent, au lieu d'être achetés par les gentilshommes comme placement, ces offices leur sont donnés par le Roi à titre gracieux. Pour combler les vides de leur caisse, les nobles vont
avoir besoin des largesses du souverain. Le chef de l'État tiendra ainsi le
premier corps de l'État par la bourse. Donations, pensions, gratifications en
argent ou en nature, offices et gouvernements, c'est lui qui pourra tout
donner, c'est de lui qu'on s'habituera à tout attendre. Malheur aux
patriciens indociles, le monarque sera en mesure de leur couper les vivres,
comme un père de famille mécontent peut le faire à un fils indiscipliné. Mais
aussi les bienfaits sont variés, et revêtent toutes les formes, jusqu'aux
plus bizarres. Le droit de tenture pur les funérailles des bourgeois en la
ville de Paris appartient à Françoise de Souvré, veuve d'Arthur de Lusignan,
seigneur de Lausac[32]. Le chancelier
Séguier tire six ou huit écus en moyenne de chaque jeu de boule, qu'il
autorise en vertu d'un privilège spécial. La duchesse d'Aiguillon avait le
monopole des coches ; madame de Cavoye, femme du capitaine des gardes de
Richelieu, avait celui des chaises à porteurs[33]. Tous ces monopoles
étaient très-appréciés. C'était pourtant de véritables commerces, fort
précaires, puisqu'ils dépendaient de la seule volonté du Roi. On s'étonne que
les gentilshommes qui les exercent, et en tirent profit, ne se livrent pas à
quelque libre entreprise industrielle, à quelque trafic indépendant de tout privilège
; mais c'était justement le privilège, et la faveur de la cour dont on le
tenait, qui faisait l'honneur de ce commerce. Dès lors tout le monde désirait
le faire, nul ne le trouvait au-dessous de soi. Ceux mêmes qui n'eussent point voulu
l'exercer librement, en sollicitaient ardemment la concession. Un
particulier haut placé imaginait un impôt nouveau, en faisait l'objet d'un
petit avis au cabinet, et s'adressait à la générosité du Roi pour obtenir ide
le percevoir à son profit. Madame la princesse ayant
fait quelques dettes, et étant recherchée, trouve un petit avis de chose sans
importance qui lui suffirait pour les acquitter[34]. Un gentilhomme
de la chambre, une dame qualifiée, recevaient avec plaisir quelques brevets
d'étaux de boucherie ou de rôtisserie, en blanc, à établir dans des quartiers
fréquentés, comme aux abords des halles ou dans l’île du palais[35]. La nourrice de
Louis XIV en reçut deux au carrefour Saint-Paul à titre de gratification[36]. Le droit de
chauffage et de pâturage dans les forêts royales était demandé par les grands
seigneurs qui avaient des terres à proximité. Des chanceliers de France
eux-mêmes le sollicitaient[37]. Gabriel de
Rochechouart, marquis de Mortemart, eut dix-sept arpents de terre près du
Cours-la-Reine, hors la porte de Les pensions étaient, du reste, la grande ressource de la haute noblesse ; les courtisans appelaient bon temps le temps où elles étaient bien payées. La première chose que demande M. le prince, avant de se réconcilier avec la cour en 1623, c'est d'être éclairci comment il sera payé de ses gratifications et pensions[42]. En 1613, le chapitre Pensions figurait au budget pour quatre millions six cent quatorze mille livres. S'il paraissait réduit à trois millions en 1640, c'est que les dépenses de ce genre étaient le plus souvent englobées dans les acquits au comptant, ces fonds secrets de l'ancien régime[43]. En six ans, de 1611 à 1617, neuf seigneurs reçurent à eux seuls près de quatorze millions de libéralités extraordinaires, sans compter leurs appointements et les gages de leurs compagnies de gens d'armes[44]. La pension normale du prince de Condé était de cent cinquante mille livres, du comte de Soissons cent vingt mille livres des ducs[45], de Beaufort et de Mercœur chacun quinze mille livres[46]. Mais ces pensions étaient peu de chose auprès des allocations spéciales que l'on ne ménageait pas aux personnes en faveur. En 1622, le duc de Vendôme et madame de Mercœur reçoivent cent cinquante mille livres pour payer leurs dettes ; le duc de Nemours et le duc de Guise obtiennent pour le même motif, l'un quatre-vingt-dix mille livres, l'autre cent mille livres. Joyeuse, Schomberg et Bassompierre sont inscrits chacun pour cent mille livres, n au lieu des domaines dont ils ont été dépossédés[47]. Petits et grands avaient part aux largesses royales. Jean d'Armaignac, l'un des premiers valets de chambre du Roy, avait en pur don vingt mille livres, pendant que le duc de Rohan en avait cent mille. Les registres de la chambre des comptes accusent, pour l'année 1621, le chiffre de deux millions deux cent mille livres de dons vérifiés, c'est-à-dire avoués, sans parler de ceux qu'on négligeait de faire connaître, et qui ne laissaient pas de trace[48]. Quelques pensions, il faut le dire, tenaient lieu de gages ou de supplément de gages, pour des fonctionnaires importants, dont les appointements réguliers n'étaient pas en rapport avec leur emploi : conseillers d'État, maréchaux de camp, chevaliers de l'Ordre[49]. D'autres étaient attachées par l'usage à certaines charges civiles et militaires, et indemnisaient les titulaires du prix exorbitant qu'il leur Fallait mettre à les acquérir. Les offices de cour, d'épée, de robe, attiraient, en
vérité, la meilleure partie du capital noble. Une charge de premier
gentilhomme était estimée deux cent soixante-dix mille francs[50]. Richelieu
vendit à l'évêque d'Alep la grande aumônerie de Les offices de judicature, les emplois administratifs depuis les plus vils jusqu'aux plus illustres, étaient des biens transmissibles à l'égal d'une pièce de terre ou d'un titre de rente. Le Coigneux reçut une charge de président à mortier au Parlement de Paris, que beaucoup estimaient cinq cent mille livres[61]. Dans la première période du règne de Louis XIV, le même office se vendit près de deux millions ; à la même époque, Fouquet cédait pour un million cinq cent mille livres sa charge de procureur général, et Colbert offrait sept cent mille livres de celle de président des comptes[62]. L'office de secrétaire d'État allait jusqu'à cinq cent mille livres, chiffre payé par M. d'Ocquerre. A sa mort, le vieux Blancmesnil, son père, demanda au cardinal la conservation de sa charge, qui était la seule fortune de sa famille, afin que par ce moyen la veuve et sept petits enfants puissent éviter leur totale ruine[63]. Ces placements d'argent en acquisition de charges avaient de quoi tenter ; ils rapportaient de gros intérêts, ils illustraient la famille ; honneur et profit, — sans parler des perspectives qu'ils ouvraient à l'ambition. Mais aussi rien n'était plus précaire que ce genre de valeurs, qui éprouvaient, sous des influences multiples, de brusques mouvements de hausse et de baisse, dont l'intérêt, représenté par des appointements variables, était sans cesse en danger, que la disgrâce ou la mort du possesseur pouvait souvent anéantir. Beaucoup de ces charges étaient viagères ; plusieurs, comme celles des secrétaires d'État, n'étaient en réalité que de simples commissions ; la vénalité aurait dû en être exempte, et ne s'y était introduite que par corruption. Celui qui les avait acquises à prix d'or courait le risque d'en être très-justement dépouillé sans compensation, et de perdre ainsi sans retour les sommes immenses qu'il y avait englouties. D'autres fonctions avaient les mêmes inconvénients : les gouvernements de provinces, de villes et de citadelles étaient aussi devenus de véritables propriétés. L'État permettait aux titulaires de les vendre, et indemnisait pécuniairement ceux qu'il révoquait. C'est ce qu'on nommait être récompensé, tirer récompense de sa charge. Henri III fut le premier Roi avec
qui les gouverneurs de places capitulèrent,
— demandèrent de l'argent pour en sortir, — de
celles même qui lui avaient toujours été fidèles[64]. Depuis lors,
malgré les réclamations très-vives du tiers état[65], les
gouvernements se résignèrent et s'achetèrent comme des offices ordinaires. Le
duc d'Épernon eut cent cinquante mille livres de sou gouvernement de Boulogne
quand il fut contraint de s'en démettre[66], Sully eut trois
cent mille livres de la capitainerie de la Bastille[67]. Le gouvernement
du Havre fut vendu au Cardinal, par le duc de Villars, trois cent
quarante-cinq mille livres, et le petit-neveu du Cardinal le revendit plus
tard cent mille écus[68]. M. de Blérancourt
acheta le gouvernement de Péronne, et M. de Les gouvernements, les lieutenances générales de province
étaient l'objet de semblables marchés. Le duc de Chaulnes donne cinquante
mille écus à M. le Prince pour avoir de lui le gouvernement de Picardie[74]. Le baron de Si les gouvernements se vendaient si chers, c'est que
leurs titulaires y trouvaient, indépendamment des gages, l'occasion de
nombreux bénéfices[78]. Richelieu
rapporte que le gouvernement de l’île de Ré valait à Toiras 200.000 francs (par an) ; car il
prenait un écu de tous les tonneaux de vin qui se vendaient en l’île, et
autant de chaque muid de sel ; et dès que la récolte des grains était faite
en Ré, il les achetait de tous ceux qui voulaient vendre, les gardait six
mois, jusques au temps que la cherté vint, puis les vendait bien cher, les
ayant payés à bon prix[79]. En faisant la
part de l'exagération que le Cardinal met toujours dans le récit des fautes
commises par ses adversaires, il demeure constant que les gouverneurs ne
dédaignaient pas les occasions de lucre illégal qui s'offraient à eux. Leurs
appointements réguliers étaient déjà fort raisonnables ; Vauban, qui en parle
pertinemment, dit que les états-majors de 290 gouvernements de place montent
à Ainsi la fortune nobiliaire se décomposait de la manière
suivante : en capital, des biens fonciers, solides et d'une grande valeur,
mais moralement inaliénables ; des biens mobiliers (aisément cessibles, mais peu assurés) ; en intérêt, des
rentes patrimoniales peu élevées, avec des rentes viagères (pensions et gages) fort avantageuses, mais
qui occasionnaient autant de dépenses qu'elles procuraient de revenu. Tout
cela ne dormait pas aux gentilshommes beaucoup d'argent comptant. On le voit
aux modestes dots que les plus riches assurent à leurs filles. Le maréchal de
Thémines donne Dans les grandes fortunes de l'époque, le produit des
terres ne constitue pas la moitié du revenu, souvent même il n'en ferme pas
le quart ou le cinquième. Le reste vient des charges, des dons, des bénéfices
ecclésiastiques, de tout ce que l'État paye sous divers titres aux
personnages d'un certain rang. Monsieur, qui avait plus d'un million à
dépenser par an, ne tirait pas la dixième partie de cette somme de ses
biens-fonds[84].
Le maréchal d'Ancre avait 7.100.000 francs de fortune, dont un million
seulement d'immeubles[85]. Le duc
d'Épernon, qui jouissait d'un revenu de La fortune personnelle de Richelieu fournit un exemple de
cette proportion ; le revenu foncier n'y entre que pour un chiffre
insignifiant, auprès des autres branches de recettes. Elle offre aussi le
type de la colossale richesse à laquelle pouvait parvenir par la faveur
royale un simple particulier. Le Cardinal se défend beaucoup dans ses
Mémoires d'avoir reçu des preuves monnayées de la munificence de Louis XIII :
On n'en trouverait pas, dit-il, la moindre trace à la chambre des comptes[87]. Or, quand il
fut relégué à Avignon, après la chute du maréchal d'Ancre en Mais ce budget prenait fin avec sa vie. Richelieu n'était
pas thésauriseur comme son successeur Mazarin, qui laissa, dit-on, soixante
millions. Après avoir fait bâtir le Palais-Cardinal, où il engloutit des
sommes folles, il en fit cadeau au Roi, à la
condition qu'il ne servirait que pour
le logement de Sa Majesté, quand elle l'aurait agréable, ou pour celui de
l'héritier de la couronne[92]. Il dota sa
nièce Clémence de Maillé, mariée au duc d'Enghien, d'environ La grande ressource du Cardinal furent ces bénéfices
ecclésiastiques, prieurés, doyennés, abbayes innombrables dont il porta les
titres, s'abstint de faire les fonctions, mais ne manqua pas de toucher les
revenus[96].
Plusieurs de ces monastères étaient chefs-d'ordre — par eux le Cardinal se trouvait
placé à la tête de congrégations nombreuses et puissantes, — beaucoup étaient
unis à des bénéfices secondaires, mais lucratifs ; si bien que les FIN DU TOME PREMIER |
[1] On peut consulter pour la fortune et les revenus de la noblesse les chap. des finances : Pouvoir de l'argent, — Domaines et droits domaniaux, et Recettes extraordinaires, Ventes de charges. Voyez plus loin.
[2]
[3] Arrêt du conseil d'État du 23 juin 1636. — Un autre arrêt du conseil d'État fixa en 1642 le prix du rachat par setier à cinquante livres.
[4] A. DU CHATELLIER, le Convenant-franch et le domaine congéable en Bretagne. (Lecture faite à l'Académie des sciences morales et politiques.)
[5] Ainsi nommait-on le seigneur et le tenancier.
[6] Le tenancier était aussi obligé d'ensemencer et de labourer, chaque année, le tiers au moins des terres arables de sa tenure, pour assurer la redevance due au seigneur. Il ne pouvait dans aucun cas prendre l'exploitation de deux tenures, sous peine d'être débouté de l'une et de l'autre, en les voyant faire retour au seigneur sans aucune indemnité. Il avait rang de vassal lige, et faisait aveu de sa propriété à ce titre.
[7] Cette redevance était indépendante de l'hommage an hénor, consistant en un ou deux écus, souvent quelques sous, que le domainier devait au propriétaire, et qu'il lui donnait encore il y a quelques années, dans les tenures qui n'avaient point été remaniées.
[8] Quand les gens de mainmorte acquéraient des héritages dans une seigneurie, ils payaient à titre d'impôt un tiers du prix d'acquisition.
[9]
BAILLY (Histoire financière de
[10] L'office d'un bailli pouvait valoir en moyenne quatre mille livres ; d'un lieutenant, quinze cents ; d'un procureur fiscal, deux mille ; d'un greffier, deux cents ; d'un notaire et tabellion, cent cinquante livres. Ils étaient aliénés à vie. (Mss. Godefroy, CXXXV, fol. 204.)
[11] Châtellenie de Compiègne.
[12] Mss. Godefroy, CXXXIII, fol 188.
[13] Mss. Godefroy, CXXXIII, fol 188. — Jean de Madaillan, sieur de Montataire, capitaine calviniste, mort vers 5624 Son fils s'attacha à M. de Liancourt. Tallemant en parle (t. II, p. 174). On voit eu 1641 un Madaillan, gentilhomme de Guyenne, perdu de crimes, accuser le duc d'Épernon d'avoir voulu assassiner Richelieu. De la maison de Madaillan sont issus les seigneurs de Lesparre.
[14] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 289.
[15] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 155.
[16] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 388. — Le Clermontois, qui appartenait au prince de Condé en 1789, contenait quarante mille habitants.
[17]
Le domaine de Château-Regnault, payé
[18] Mss. Godefroy, CXXXIII, fol. 5. — Il avait été donné à Gaston de Foix en échange de la vicomté de Narbonne.
[19] SULLY, Mémoires. En 1608.
[20] PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 304.
[21] Le duc d'Uzès avait en 1577 plus de quarante mille livres de rente environ dans son duché. (A DE BOISLISLE, Chambre des comptes, pièces justificatives, 134.) Cette somme équivaut au double vers 1640, et représenterait aujourd'hui près de cinq cent mille francs.
[22] Créance de la chambre des comptes, P. 2049 ter (non paginé). Il avait pourtant une sénéchaussée, une élection et un grenier à sel, qui étaient d'un bon revenu.
[23] DUC D'ORLÉANS, Mémoires, p. 570. — Le marquis d'Hamilton se trouvait suffisamment indemnisé du duché de Châtellerault par une pension de douze mille livres. (FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 288.)
[24] Mss. Godefroy, CXXX, fol. 2.
[25] Mss. Godefroy, CXXX, fol. 2. — Il en était de même à l'étranger, puisque le duché de Mecklembourg, un petit État, constituait seulement quarante mille rixdales de revenu (soixante-quinze mille livres). (RICHELIEU, t. II, p. 543.) Le rixdale était le reisch thaler.
[26] Règlement du 30 juillet 1635.
[27] Voyez Finances. La valeur monétaire et le pouvoir de l'argent.
[28] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 122, 269, 281.
[29] Plumitif, P. 2764, fol. 92. Le regrattier était le détaillant du sel.
[30] Un à Moulins, un à Châteauroux, un à Joigny, un à Rozoy, et sept ou huit autres. (Plumitif, P. 2762, fol. 106.)
[31] Plumitif, P. 2763, fol. 51.
[32] Arrêt du conseil privé du 5 décembre 1634.
[33]
Édit de mai 1635. Mademoiselle de Sérignan, veuve d'un gentilhomme nommé
[34]
Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 869. — Si
madame
[35] Plumitif, P. 2762, fol. 57.
[36] Conseil secret du Parlement, Archives nationales, X1 a, 8387.
[37] Plumitif, P. 2756, fol. 345. — Il est fait don à un secrétaire d'État, Phélipeaux de Pontchartrain, de quinze pieds d'arbres chênes, à prendre en la forêt de Montfort, pour bâtir en sa maison de Pontchartrain. (Ibid., P. 2757. fol. 91.)
[38] En 1639. — Plumitif, P. 2763, fol. 14. — La chambre des comptes essaya de s'opposer à ce don.
[39] Plumitif, P. 2763, fol. 14. — A la charge de payer chaque année un écu d'or de cens (trois livres). — Charles de Lorme, trésorier de France à Bordeaux, reçut neuf cent toises carrées (trois mille neuf cent vingt mètres) hors du fossé de Paris, entre les portes Saint-Denis et Saint-Martin (sur l'emplacement du boulevard de Strasbourg), à la charge de payer par an six livres de cens.
[40] Arrêt du conseil d'Etat, 21 août 1630.
[41] En 1620. (Plumitif, P. 2757, Fol. 373.)
[42] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 275.
[43] Voy. Finances. — Dépenses extraordinaires.
[44]
Extrait du mémoire de Richelieu pour le comte de Schomberg, ambassadeur en
Allemagne en 1617. Le prince de Condé reçut
[45]
RICHELIEU, Mémoires,
t. II, p. 290. — En 1609, Henri IV ne donnait à son cousin que
[46] Plumitif, P. 2762, fol. 334.
[47]
Archives nationales. Comptes de l'Épargne, KK. 202 (non paginé). — Le
duc et la duchesse d'Elbeuf reçoivent
[48]
Plumitif, P. 2757, passim. — En voici le détail : Au sieur de Bassompierre (en deux fois),
[49] Les premiers, deux mille ; les autres, trois mille livres. (Voy. Dépenses ordinaires, aux Finances.)
[50] BRIENNE, Mémoires, p. 27. — On désirait en limiter le prix à deux cent quarante mille livres en 1642 ; elle ne valait que cinquante mille écus en 1609. (Lettres et papiers d'Etat, t. VII, p. 93.)
[51]
Lettres et papiers d'Etat, t. VII, p. 530. — En 1623. — Plusieurs
compétiteurs proposent à Barbin de lui acheter cent mille livres sa charge de
surintendant de la maison de
[52] ABBÉ DE CHOISY, Mémoires, p. 579. — Richelieu (1636) désire que la charge de greffier de l'Ordre ne dépasse pas vingt-cinq mille écus, et ne monte pas à des prix démesurés. (Lettres et papiers d'État, t. V, p. 632.)
[53] ABBÉ DE CHOISY, Mémoires, p. 579. — Choisy était fils d'un partisan nommé Jean de Choisy, dont le marquis d'O, surintendant, avait fait la fortune, l'employant dans les plus grandes affaires, sans que son nom parût jamais dans aucun traité .Il fut déchargé par la chambre de justice, en 1624. Choisy, que Bassompierre appelle Choisy de Caen, était admis au grand jeu de Henri IV, avec les seigneurs les plus qualifiés de la cour. Son fils fut intendant de l'armée d'Allemagne (1639). Ses petits-fils furent l'abbé de Choisy, auteur des Mémoires, et le sieur de Caumartin, conseiller d'État.
[54] Celle de contrôleur général de la maison de ce prince valait soixante mille livres ; celle de secrétaire de ses commandements, cent trente-cinq mille livres. (DUC D'ORLÉANS, Mémoires, p. 564 et suiv.)
[55] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 183.
[56]
[57]
BASSOMPIERRE, Mémoires,
p. 125 et 329. Il en demanda 650.000, et finit par la céder contre son gré à M.
de Coislin pour
[58] CHOISY, Mémoires, p. 555.
[59] PONTIS, Mémoires, p. 490. (En 1622.)
[60]
Une enseigne s'y vendait de 10.000 à
[61] Jacques Le Coigneux (on prononçait Le Cogneux), fils d'Ant. Le Coigneux de Lierville, maître des comptes ; fut d'abord abbé de Saint-Eusèbe à Orléans, devint président à la chambre des comptes et chancelier de Gaston ; joua un rôle dans toutes ses intrigues. Se réconcilia sur la promesse d'un chapeau de cardinal, que le Roi demanda pour lui à Rome, ce qui fit dire : Voilà une jolie tête pour remplir un bonnet de cardinal. Il fut en même temps créé président au mortier (1630). Il épousa plus tard Geneviève de Montholon. — Tallemant et Richelieu l'accusent d'avoir fait assassiner la tille d'un sergent qu'il avait épousée secrètement. Sa fille épousa le baron de Semur ; son fils, le marquis de Morfontaine (dit le président de Thoré), épousa mademoiselle Cerisier, fille d'un maitre des comptes. Son autre fils fut le célèbre Bachaumont, connu pour son voyage avec Chapelle.
[62]
CHOISY, Mémoires,
p. 579, 585, 586. — Le contrôle général des finances valait
[63]
Lettres et papiers d'État, t. III, p. 65. — Nicolas Potier, sieur
d'Ocquerre, fils de Potier de Blancménil, fut père du célèbre Potier, sieur de
Blancménil cousine son grand-père, qui, avec Broussel, donna le signal de
[64] HURAUT, Excellent et libre discours (en 1588), p. 34.
[65] RAPINE, États généraux de 1614, p. 278.
[66] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 197.
[67] Le sieur de Boësse en reçut autant pour la ville de Bourg. (PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 311, 317. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p.42.) — Autant le marquis d'Aubeterre pour sa démission du Gouvernement de Blaye, et de plus la dignité de maréchal de France. (BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 144. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 230.) — Pareille somme fut donnée à Toiras, quand on lui enleva la citadelle de Saint-Martin de Ré. (RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 553.)
[68] CHOISY, Mémoires, p. 585.
[69] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 105, 112. — Bernard Potier, sieur de Blérancourt, maréchal de camp, lieutenant général de la cavalerie légère (1625), cadet de M. de Tresmes, trempa dans le complot de Montrésor, et mourut en 1662, à Rome. Il avait épousé, en 1600, Charlotte de Vieuxpont, dame d'Annebault, qui n'avait que neuf ans.
Gilbert Filhet, seigneur de
[70] Plumitif, P. 2762, fol. 60. — On songea à récompenser la ville de Concarneau à son gouverneur M. de Lizonnet, alors même que celui-ci était poursuivi criminellement devant le Parlement. (PONTCHARTRAIN, p. 408.)
[71] Il en était ainsi même pour les abbayes et les évêchés.
[72] ARNAUD D'ANDILLY, Mémoires, p. 152.
[73] Lettres et papiers d'État, t. I, p. 434.
[74] RICHELIEU, t. I, p. 353.
D'Albert, duc de Chaulnes, frère cadet de Luynes, s'appelait Cadenet, et grâce à la faveur de son frère, épousa la fille du vidame d'Amiens, héritière de Pecquignv, qui avait été refusée au duc de Fronsac, et que l'on destinait au comte de Canaples. Maréchal 1619, duc 1631, mort 1649.
[75] D'ESTRÉES, Mémoires, p. 411. — On conféra la même dignité à Saint-Luc, accompagnée de beaucoup d'argent pour qu'il rendit le gouvernement de Brouage. (FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 155.)
Timoléon d'Espinav Saint-Luc, 15S0-16à-4. D'une bonne
famille de Normandie, lieutenant général de Guyenne 1628, maréchal de France,
vice-amiral de la flotte, épousa Marie-Gabrielle de
[76] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 139.
[77] Gazette du 29 août 1631.
[78] Nous y reviendrons dans l'Administration provinciale.
[79] Mémoires, t. I, p. 538.
[80] Oisivetés, section VI. Les gages simples n'étaient que de six mille livres, mais il y avait des suppléments nombreux.
[81]
Arrêt du Parlement, 19 juillet 1642. — Voyez aussi Pouvoir de l'argent
et plus haut Mariages et Mœurs. — Pons de Lainières, marquis de
Thémines. Fut fait maréchal en 1616, pour avoir arrêté le prince de Condé. Reçut
pour cette même action plus de cent mille écus et la charge de capitaine des
gardes pour son fils 1627. Il avait épousé Marie de
[82] TALLEMANT, t. V, p. 210. (De la maison d'Hamilton.)
[83] GUY-PATIN, Lettres, t. I, p. 26 (édit. Réveille-Par). Cf. Lettres et papiers d'État, t. III, p. 127. — BASSOMPIERRE, p. 53, 88. — RICHELIEU, t. III, p. 302 ; t. II, p. 474. — La seconde duchesse d'Orléans eut 1.400.000 francs barrois de dot.
[84]
DUC D'ORLÉANS, Mémoires,
p. 570.
[85] Il détaillait ainsi sa fortune en 1617 1.000.000 de livres du marquisat d'Ancre, Lesigny, sa maison du faubourg Saint-Germain et celle du Louvre ; 900.000 à Florence, 600.000 à Rome ; 1.000.000 en meubles, argent comptant et pierreries ; 1.000.000 de charges, sans celle de gouverneur de Normandie, ni son office de maréchal ; 1.800.000 sur Feydeau, fermier des gabelles ; 800.000 d'autres affaires. — Il était venu en France sans un sou vaillant. (BASSOMPIERRE, p. 122. —Cf. aussi FONTENAY-MAREUIL, p. 43, et PONTCHARTRAIN, p. 301.)
[86]
Mss. Godefroy, CXXX, fol. 2. — État de ce que peut
monter le revenu de M. le duc d'Épernon (vers 1640) : Duché d'Épernon, duché de
[87] Mémoires, t. I, p. 150. Il a raison en ce qui concerne la chambre des comptes. Nous avons dépouillé ces registres, le ministre y figure rarement.
[88]
A un pauvre homme nommé Mulot, qu'il fit plus tard chanoine de
[89] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 585.
[90]
[91]
En 1624,
[92]
Il agit de même pour sa chapelle de diamants,
consistant en huit pièces d'orfèvrerie de la plus haute valeur, couvertes de pierres
précieuses, et pour un grand buffet d'argent ciselé
qui ne valait pas moins de quatre-vingt mille livres au poids du métal. (Mss.
Godefroy, CXXXII, fol. 57.) Voy. à l'Appendice. —
[93]
Lettres et papiers, t. VI, p. 751. — 300.000 en argent, et quatre terres
valant ensemble
[94] Guy-Patin, qui rapporte cette offre (le 8 mars 1644), ajoute que M. le Prince ne voulut pas boire à si petit gué.
[95] Mss. Godefroy, CXXX, fol. 384. — Voy. à l'Appendice.
[96]
En 1617, il était prieur de Coursay, près de Mirebeau, où il ne parut qu'une
fois en sa vie. (Mémoires, t. I, p. 172.) — En 1618, il y joignit
l'abbaye de Bedon, par la mort d'Arthur d'Épinay Saint-Luc. Il rte prêta
serment qu'en 1622. En 1623, il prit possession de l'abbaye de Pondevoy. Il la
résigna en faveur de Pierre de Bérulle, neveu du Cardinal, en 1629. (Lettres
et papiers d'État, t. I, p. 751.) Eu 1627, il eut celle de Ham, en 1629
celle de Vauleroy (près de Reims) ; en 1630 nous le voyons aussi abbé de Cluny,
Marmoutier, Saint-Benoît et
[97]
Cf. Lettres et papiers d'État, t. II,
p. 626 ; t. VI, p. 615. Il avait ainsi, de ce seul chef, un cinquième de plus de
revenu que le prince d'Orange, l'un des plus riches d'Europe, qui jouissait de
[98]
Relazioni dei ambasciatori veneti. — Francia, t. II, p. 355. Correr en 1641.
Les Mss. Godefroy (CXXX) donnent un état des terres appartenant à Mgr le
cardinal de Richelieu montant à