Ce que les nobles désirent, ce qu'ils redoutent. — L'honneur, la bravoure, la témérité. — La puissance brutale, son règne. — L'esprit d'aventure, barbarie des mœurs. — Cruauté de la guerre et sa courtoisie. — Jeux souvent sanglants. — Énergie extrême. — Coups de bâton ; ils sont usuels et admis. — L'esprit guerrier qui utilise ces qualités ; il est général, les femmes mêmes le possèdent. — La morale de la noblesse. — Idées de l'époque sur le vol et l'assassinat. — Le patriotisme et la nationalité. — Les superstitions.Mais ce qui subsistait encore, c'était l'esprit féodal. Les historiens ont raison de fixer à 1648 le commencement des temps modernes. Jusque-là, bien qu'une transformation immense se fût opérée dans les Faits, on sent encore dans les idées l'influence du moyen âge, comme on éprouve sur les côtes de Bretagne les effets affaiblis du gulf-stream. L'empreinte semi-barbare n'est pas encore effacée. Sous les dehors d'une politesse poussée parfois jusqu'au raffinement, on retrouve les mœurs naïvement féroces de jadis. Le gentilhomme sous Louis XIII ressemble plus, à le bien disséquer, au seigneur du temps de Philippe le Bel, qu'au noble du règne de Louis XIV. Souiller l'honneur de sa maison en ce monde, être damné dans l'autre, voilà les seuls dangers qu'il connaisse, les seules choses qu'il évitera. Ce qu'il ambitionne, c'est avant tout le renom de brave, ensuite celui de galant et de magnifique. Quant au reste, liberté entière. Une existence qui se meut entre des termes aussi larges est nécessairement exempte de préjugés. Un homme de qualité va au combat sans autre intention souvent que celle de montrer son courage, son audace, l'adresse de son bras. Il cherche simplement la gloire. S'il y a quelques guerres entre deux peuples, il y court, non pas comme spectateur, mais comme acteur ; il prend parti sans préférence ni antipathie, seulement pour prendre parti. Quelquefois il en revient riche et honoré, souvent il y meurt. Grands seigneurs et soldats de fortune sont également aventureux ; et ce que les Français font à l'étranger, les étrangers le font en France ; de là un senti-tuent assez faible de la nationalité et du patriotisme. Ce que la noblesse avait du abandonner en matière de guerre privée, de droit de se faire justice soi-même et d'indépendance personnelle outrée, avait laissé des traces profondes dans les esprits. Certains actes qualifiés depuis longtemps de crimes par la loi, ne l'étaient pas encore par l'opinion du monde, au moins du monde aristocratique. Il faut se souvenir qu'au moyen âge la ligne de démarcation entre les souverains et les particuliers n'est pas nettement arrêtée comme aujourd'hui, que ce que les Dois font les uns vis-à-vis des autres, les seigneurs grands et petits le faisaient aussi. Il faut donc les juger non selon les régies du droit civil, mais selon celles du droit international. De nos jours, un prince attaque son adversaire après l'avoir prévenu, c'est une guerre ; un particulier fait de même, c'est un duel ; un souverain s'empare d'une province qui appartient à un de ses voisins, c'est un conquérant, on l'appelle Grand ; un particulier s'installe dans le château de son ennemi, et l'en chasse, c'est un voleur ; s'il le tue, c'est un assassin. Au début du dix-septième siècle, nous sortons d'un temps où l'emploi de la force était jugé presque aussi légitime dans un cas que dans l'autre. L'occupation guerrière, violente, des biens d'autrui n'avait donc pas le caractère qu'elle a maintenant. On n'oserait déjà plus soutenir qu'elle est raisonnable, mais elle ne parait pas encore tout à fait exorbitante. On voit sans cesse des cadets se battre pour obtenir leur légitime ; des seigneurs en venir aux mains pour une succession privée, comme les souverains en appellent aux armes, pour la succession de Clèves et Juliers (1610), ou de Mantoue (1627). De là une morale toute différente de la nôtre. Dans une société semblable, la bravoure, l'excès même de
la bravoure, l'audace la plus folle, devient estimée autant qu'elle est
nécessaire. Les Rois la possédaient tous à un haut degré, c'était la qualité
obligatoire. Les plus médiocres en politique comme François Ier, les plus
légers comme Henri II, les plus dépravés comme Henri III, étaient aussi
valeureux que les sages comme Louis XII, ou les hommes de génie comme Henri
IV. Louis XIII ne le cédait en rien à cet égard à ses prédécesseurs[1]. La noblesse
suivait son exemple, c'était son amour-propre, c'était sa gloire. Elle
acceptait les postes les plus périlleux, descendait dans les fossés d'une
ville assiégée, mettait pied à terre sous le feu de l'ennemi. En un grand embarras, elle y allait tout autrement que les
soldats ordinaires[2] Jamais elle n'eût
osé dire qu'une entreprise était impossible ; l'honneur
était en trop haut point entre les gens de guerre, pour quand ils ont reçu
commandement de donner, oser représenter la moindre difficulté qui fasse
croire qu'ils ont peur[3]. Le cardinal fait
un procès à Manicamp, parce qu'étant malade il n'a pas été au combat, et lui
demande s'il ne sait pas que la vie d'un
gentilhomme, et particulièrement d'un homme de condition, consiste plus en l'honneur qu'en autre
chose, et partant qu'il lui valait mieux mourir avec ses compagnons que
vivre ailleurs[4]. Gramont, empêché
par le maréchal de Châtillon d'aller à l'ennemi, s'écrie : Monsieur c'est une jalousie, vous me faites un affront de
m'arrêter en cette occasion, je m'en plaindrai au Roi[5]. Le Roi, durant
le siège de A de pareils caractères, la témérité était naturelle, elle avait nom ambition[8]. Les Bayards se comptent par centaines ; des individus que la postérité connaît à peine, accomplissent tous les jours des actions héroïques. On voit couramment des maréchaux mettre pied à terre, une hallebarde à la main, et marcher à la tête d'un gros de troupes, se trouvant ainsi en plus beau lieu pour donner[9]. Ce que nous nommons imprudence était appelé courage. En Lorraine, MM. de Mouy et de Cœusac, qui commandaient les compagnies de Richelieu, avaient tant de jalousie l'un pour l'autre, que disputant à qui serait le dernier à se retirer, ils se firent tuer tous deux fort mal à propos[10]. La mode du temps étant d'aller partout sans armes défensives dans les sièges, on voit des gentilshommes qui dans un danger évident préfèrent la mort à la honte de revêtir seuls leurs armures, au milieu de camarades qu'ils auraient scandalisés[11]. Le mépris de la vie est poussé à ses plus extrêmes limites
; on s'expose sans cesse à se faire tuer
ridiculement ; on court brutalement et comme
les yeux bandés, partout où la mort est la plus visible. Ne savez-vous
pas, disaient les Italiens, que les Français vont à la mort comme s'ils
devaient ressusciter le lendemain[12] ? Bassompierre
se fait sans nécessité passer par les armes des ennemis, en marchant cent-vingt pas à découvert, tout près de leur
feu, sans s'éloigner jamais, dit-il fièrement. Une balle porte dans le
pommeau de sa selle, l'autre dans son manteau, mais il n'en persiste pas
moins ; aussi avoue-t-il que jamais il n'a mieux cru
mourir que cette fois-là[13]. Des traits
analogues ne sont certes pas rares dans les campagnes modernes ; mais ce qui
les rend sublimes, c'est leur utilité ; inutiles, nous les jugerions
fanfarons ou insensés. Il n'en était pas de même alors. En 1641, un Espagnol au travers d'une grêle de mousquetades met son épée nue
sous son bras, avec une contenance hardie, et regardant le côté où étaient
les Français, il étendit ses deux mains devant le feu, et les chauffa en se
les frottant, disant tout haut que ce feu était venu bien à propos parce
qu'il avait grand froid ; et après avoir essuyé mille coups de mousquet, il se
retira au petit pas dans la contrescarpe[14]. Montglat, qui
raconte le fait, traite de remarquable cette action qui nous semblerait
aujourd'hui celle d'un fou. Cette bravoure était partagée par tous ceux qui portaient
l'épée ; des gens de peu étaient aussi délicats sur ce chapitre que des
seigneurs qualifiés. Binau, attaché au maréchal de Saint-Luc, se bat avec un
nommé Les femmes françaises, disait un Anglais, à propos d'un duelliste qui avait tué sept de ses adversaires, affectionnent par-dessus tout les braves, et pensent qu'elles ne peuvent pas en aimer d'autres sans compromettre leur réputation[16]. A force de se montrer difficile et de raffiner la vaillance, on finissait d'ailleurs par ne considérer comme braves que les spadassins. Tallemant dit de Louis XIII qu'il n'était pas brave, il dit la même chose de beaucoup d'autres, et notamment de M. de Rohan, reconnaissant cependant qu'il a fait la guerre toute sa vie, et qu'il y est mort[17]. Mais aller à la guerre, ce n'était rien, tout le monde y allait ; s'y bien comporter, c'était la moindre chose. Le beau, le distingué, c'était de tirer l'épée à tout propos, de se battre sans cesse, et avec des gens mieux armés, ou plus nombreux, de faire rengainer et baisser la tête à tout le monde. Voilà la bravoure, voilà le vaillant homme[18]. Celui-là affectionne les excentricités périlleuses ; il est de bon ton de jouer avec la mort. Le point d'honneur fit chef une nation nerveuse et ardente ce que le fatalisme fait à peine chez des peuples dégradés par l'inaction et abrutis par l'opium. Le comte de Grandpré buvait à la santé de sa maîtresse dans un pistolet chargé, bandé et amorcé dont il tenait la détente, et après avoir achevé, il le tirait en l'air. D'autres buvaient deux à la fois, chacun dans un pistolet, tenant chacun la détente du pistolet de l'autre[19]. Les femmes aussi se donnent cet âcre frisson d'un danger mortel, froidement encouru pour leur plaire. Une dame force Bussy à aller requérir son gant, qu'elle a laissé tomber dans la loge d'un lion aux Tuileries. Il y va, l'épée à la main, le reprend, et se borne à dire en le rendant : Tenez, et une autre fois, n'engagez point des gens de cœur mal à propos[20]. La société qui tend un semblable culte aux vertus physiques est exposée à en voir les débordements. La force brutale s'impose et règne. Quiconque a au côté trois pieds de fer est roi et fait ce qu'il veut. Un bon cavalier sur un bon cheval est aussi supérieur à lui-même et aux autres qu'on peut l'être en ce monde[21]. Un gentilhomme, enfermé dans son château avec des arquebuses à croc et quelques fauconneaux, tient tête à n'importe qui. Rien n'est impossible à un hardi soldat. Toiras dit à Casal avoir eu de grands desseins de se faire souverain[22]. L'esprit aventureux est partagé par des favoris sans conséquence comme Luynes, qui rêve la principauté d'Orange ou un chimérique royaume d'Austrasie, et par des hommes d'État comme Richelieu, qui fait faire des démarches diplomatiques pour devenir électeur de Trèves[23]. Des faits que nous nommerions meurtres, assassinats,
séquestrations, sont relatés par les contemporains avec quelque blâme, mais
surtout comme l'indice d'une humeur fâcheuse ou incompatible. Pontis dit d'un
jeune gentilhomme qu'il avait cette inclination
malheureuse, et tout à fait indigne de sa naissance, d'aller le soir au coin
d'une rue attendre quelqu'un qui passât, prenant un singulier plaisir à lui
allonger un coup d'épée et à le blesser par pure malice[24]. Créqui met sa
belle-mère en prison et l'y laisse plusieurs années. M. de Castelmoron, qui
soupçonne sa femme, l'enferme dans un vieux château, et pour s'en débarrasser
fait sauter, au moyen d'une mine, tous les planchers
du corps de logis où elle était[25]. Les entreprises
les plus hardies étaient tentées en plein Paris. En 1620, on avait résolu
d'enlever Madame, sœur du Roi ; il y avait dans ce but cinquante chevaux dans
la capitale, on devait la surprendre aux Tuileries... Aussi, écrivait Anne d'Autriche au Roi, je
ne mène Madame que dans les rues de la ville, et quand je sors du Louvre, je
laisse en sa chambre quatre des gardes que vous m'avez donnés ; mais ce
nombre ne serait pas assez grand si l'on se résolvait de l'enlever au Louvre[26]. M. d'Oradour, amoureux de mademoiselle Ferrier, assemble
cent cavaliers, entre par force avec vingt-cinq hommes dans la maison de sa mère,
rue du Temple, enlève la fille malgré ses cris, et la conduit dans un
carrosse jusqu'à Beauvais, pendant que madame Ferrier, rouée de coups, n'a d'autre
ressource que de se plaindre au cardinal[27]. La violence est
tellement dans les mœurs, qu'on l'emploie pour les motifs les plus futiles.
Un gentilhomme, réduit en si pitoyable état qu'il ne peut payer un valet,
appelle chaque soir l'oublieur qui passe dans la rue, pour se faire
débotter, et l'oblige, le pistolet à la main, à lui rendre ce service[28]. La moindre
querelle entre particuliers devient une bataille. En Béarn, toute la noblesse
monta à cheval et pensa se couper la gorge pour trois oisons qu'un gentilhomme
avait enlevés à un autre. A Aix, un conseiller au Parlement ayant tué le paon
d'un de ses collègues dans son jardin, toute la ville prend parti ; le
propriétaire le l'animal, avec cinquante de ses amis, enfonce une porte du
jardin de l'agresseur. et le saccage de fond en comble. Vingt appels se font
de part et d'autre. Le beau-frère d'un des conseillers, habitant du Dauphiné,
se met en chemin avec si grand nombre de noblesse
que le comte d'Alais, gouverneur de Provence, est obligé, pour l'empêcher de venir,
de faire garder tous les passages de Le même mépris du droit apparaît en pleine paix dans les
relations internationales. La tête de notre ambassadeur en Allemagne fut mise
à prix pour 40.000 rixdales par les Espagnols, parce
qu'il leur était devenu odieux[30]. Des hommes si
peu scrupuleux sur le choix des moyens sont terribles en pleine guerre, alors
que le droit des représailles autorise toutes les cruautés. On voit
fréquemment les vaincus passés par les armes. Bassompierre parle de huit
cents hommes qui, après s'être rendus de leur plein gré, sont tués de
sang-froid par le vainqueur, parce qu'ils
embarrassent l'armée[31]. Richelieu
plaisante agréablement à propos de deux cents soldats que le marquis de
Sourdis a fait pendre, après les avoir reçus à capitulation : Votre cher frère (l'archevêque),
écrit-il au marquis, est extrêmement fasché de ne
s'estre pas trouvé là, pour confesser ceux que vous avez contraints d'aspirer
au ciel, lorsqu'ils étoffent plus attachés à la terre[32]. Par contre, les
habitants de Nègrepelisse, après avoir juré de demeurer dans l'obéissance,
n'hésitent pas à couper la gorge en une seule nuit à quatre cents hommes du
régiment de Vaillac, qu'on avait envoyés en garnison chez eux[33]. Avec cela des courtoisies étranges : le général français s'efforçant, dans un bombardement, de préserver un lavoir public, par égard pour les femmes de la ville, qui l'ont prié de ne pas incommoder leur blanchissage ; les assiégés faisant dire aux assiégeants qu'ils baisent les mains au chef de l'armée ennemie, et causant ensemble en toute privauté[34] ; ou bien des ironies narquoises et délicates t Buckingham envoyant une douzaine de melons à Toiras, qu'il croit affamé par un long blocus, et Toiras, pour prouver qu'il n'était pas réduit encore à cette extrémité, ripostant par l'offre de six bouteilles d'eau de fleur d'oranger et d'une douzaine de vases de poudre de Chypre[35]. Les jeux mêmes se terminent souvent par l'effusion du sang
: une troupe de seigneurs, au carnaval, fait partie
d'en attaquer une autre ; la lutte de ces deux troupes masquées
devient une mêlée sanglante, le tout dans le but de se divertir[36] ; comme en ces
tournois du siècle précédent où l'on rompait des lances pour se distraire, et
où l'on finissait par se tuer sans mauvais vouloir. Les
mains démangent si fort à notre jeunesse, dit Il fallait aux personnages de ce temps des qualités physiques en rapport avec l'existence qu'ils étaient appelés à mener. Ils ne négligeaient rien pour les acquérir. Pour faire de l'exercice, le marquis de Sourdéac se faisait courre par ses paysans, comme on court un cerf[38]. Marches forcées, longues étapes à cheval, maladies, infirmités, rien ne les arrête, rien ne peut vaincre leur énergie[39]. Quand Voltaire, au dix-huitième siècle, reçut des coups de bâton de la part du chevalier de Rohan, l'affaire fit un tapage immense ; une voie de fait semblable passionna l'opinion ; elle choqua prodigieusement une société policée. Ces coups de bâton semblèrent le défi insultant de la force à l'intelligence, ils devinrent historiques. Cent ans plus tôt, on en eût à peine fait mention ; Voltaire eût riposté par une satire, peut-être eût-il rendu avec usure au grand seigneur la bastonnade qu'il en avait reçue, et tout serait tombé en oubli. De pareils changements dans l'appréciation d'une même chose marquent la différence des mœurs aux deux époques. Sous Louis XIII, chacun se venge à sa manière, un auteur par des vers, un noble à coups de main, un praticien en faisant coûter de l'argent[40]. On est dans l'usage de fouetter pour des fautes légères les laquais et les pages. Le fouet est employé dans l'armée, il figure parmi les peines criminelles légalement appliquées par les tribunaux. Le châtiment corporel était loin de soulever alors la réprobation qu'il soulève aujourd'hui ; par conséquent la vengeance brutale d'un particulier paraissait moins odieuse. On fait volontiers attaquer son ennemi par deux ou trois hommes, qui lui cherchent une querelle dont il a peu de chances de sortir sain et sauf. Le comte de Montsoreau a vingt satellites qui rançonnent tout le voisinage[41]. Le duc d'Épernon a ses donneurs d'étrivières attitrés, que l'on nomme les Simons[42]. Boissat, l'académicien, reçut des coups de canne, et fut blessé à la tête par des gens de la comtesse de Saulx, pour s'être moqué d'elle au carnaval dans les rues de Grenoble[43]. Bouchard de Fontenay en reçut du maréchal d'Estrées, pour s'être mêlé de dire quelque chose contre lui, durant sa brouillerie avec le Pape Urbain[44]. Le prince de Conti en donnait à M. de Sarrazin, quand il se repentait d'avoir épousé la nièce de Mazarin, parce que c'était lui qui avait fait ce mariage[45]. Mais si les hommes de lettres étaient souvent bâtonnés par les gentilshommes, ils n'hésitaient pas à employer à leur tour les mêmes armes contre eus. Dulot, l'inventeur des bouts-rimés, donna des coups de bâton au marquis de Fosseux, l'aîné de la maison de Montmorency, et s'en vanta publiquement[46]. Balzac en donna à un cavalier nommé Saverzac, qui avait écrit contre lui et critiqué ses ouvrages[47]. Les coups d'ailleurs étaient ordinaires entre gentilshommes, voire même entre grands seigneurs. Le duc de Nevers et le cardinal de Guise plaident pour la collation d'un prieuré auquel ils prétendent nommer tous deux une de leurs créatures ; se rencontrant chez le rapporteur de leur procès, ils se frappent sans se marchander, et l'enquête prouva que c'était le cardinal qui avait commencé[48]. D'autres prélats figurent dans des scènes pareilles, non comme agresseurs, mais comme victimes. Le duc d'Épernon, un peu haut à la main, selon le mot de Richelieu, bailla trois coups de poing dans la poitrine et le visage de l'archevêque de Bordeaux, et lui donnant plusieurs fois du bout de son bâton dans l'estomac, lui dit que sans le respect de son caractère, il le renverserait sur le carreau[49]. Le même archevêque reçut en plein conseil de guerre un coup de canne du maréchal de Vitry, sans qu'il se fût dit aucune parole entre eux[50]. Le marquis de Rouillac bâtonna l'abbé Ruccelaï ; Beauregard, capitaine des gardes du comte de Soissons, bâtonne le baron de Coppet pour le compte de son maître[51]. Pontac, maitre des requêtes, fut contraint de descendre de son carrosse et outrageusement battu par les soins de M. de Termes, son rival en amour[52]. L'opinion quelquefois s'indignait de ces violences, mais le plus souvent celui qui avait reçu des bastonnades devenait la fable de la cour, parce qu'après un tel affront, un homme ne peut éviter d'être ridicule et méprisé[53]. Un État où la force intervenait si souvent dans les rapports sociaux, où les ressentiments engendraient si aisément des coups de canne et des coups d'épée, était un État fait pour la guerre. L'esprit querelleur engendrait l'esprit guerrier ; de son côté, l'esprit guerrier utilisait l'esprit querelleur. Ils étaient la conséquence l'un de l'autre. Aussi ne comprenait-on pas la guerre de la même façon que de nos jours. Ceux qui la faisaient ne la considéraient pas comme une triste et passagère nécessité, mais comme un plaisir et un état normal. Quand la paix se prolongeait trop longtemps, les gentilshommes s'ennuyaient de ce qu'on ne faisait rien[54]. Un prince de cœur, disait Montluc, ne doit jamais être content... faut pousser sa fortune, la terre est grande, il y a prou à conquérir. Et il demandait naïvement qu'on supprimât tous les emplois civils, pour contraindre les bons cœurs, nobles et généreux, à porter le mousquet. Pour les uns, la guerre, c'était le pain ; pour les autres, c'était la gloire. Bassompierre à dix-neuf ans va s'offrir au Pape contre don César d'Est, qui retenait injustement Ferrare, guerre aussi juste et sainte que possible. Le légat lui ayant fait peu d'accueil, il passe sans hésitation à l'adversaire, se disant qu'il doit aller s'offrir à ce pauvre prince, — don César d'Este, — que l'on voulait injustement spolier d'un État possédé par une si longue suite d'ancêtres[55]. Il raconte cette volte-face en quelques lignes avec une bonhomie qui déroute la critique. Peu lui importait le drapeau, pourvu qu'il prit part à la bataille. Des généraux animés de ces sentiments conduisent les opérations en dilettanti ; ils vont bride en main, pour voir les événements, redoutant une victoire trop décisive presque autant qu'une défaite, comme des chasseurs qui craindraient, en abattant trop de gibier, de dépeupler la foret qui leur procure un agréable délassement[56]. Cet esprit guerrier est général. Brienne, quoique secrétaire d'État, fait campagne en volontaire ; les magistrats font souvent de même, ils allongent et accourcissent leur robe quand ils veulent ; les conseillers au Parlement, en Provence, font deux ou trois voyages sur les galères avant de prendre une charge. Il en est dont la soutane ne tient qu'à un bouton, et qui ne laissent pas de se battre[57]. Les femmes aussi, contre l'ordinaire de leur sexe, possèdent
ces allures belliqueuses. Je vous avise que si on
veut mettre garnison céans, écrit la marquise de Les nobles, dit Richelieu, ne reconnaissaient liberté qu'en la licence de commettre impunément toutes sortes de mauvaises actions ; il leur semblait qu'on les gênait, de les retenir dans les équitables bornes de la justice[64]. Pour ne pas s'exagérer la portée de cette accusation, il faut se souvenir que la morale de l'époque autorisait bien des actes que la nôtre défend. La morale religieuse est immuable, mais la morale humaine change, quoi qu'on dise, selon les temps, selon les lieux ; l'étude de l'histoire offre le spectacle de ses variations incessantes. Elle change même selon les individus. Si la morale des seigneurs nous révolte, la morale personnelle du Cardinal nous indigne. L'une et l'autre ont trop de respect pour la force, trop d'égards pour le fait accompli. D'un principe faux on ne tire que des conséquences fausses. Sous le règne de la force, la vigueur, le courage et l'agilité sont des titres suffisants à l'acquisition des biens. De là cette légitimation du vol, au moins du vol apparent, audacieux, commis sur le grand chemin, et qui ressemble un peu à une bataille. De là cette situation particulière du brigand en Espagne, du bravo en Italie, du corsaire en tous pays ; cette sympathie voisine de l'estime, que le peuple éprouve pour le contrebandier, le braconnier, qui paraissent non pas voler, mais se battre, et pour qui les dangers de la lutte eu font oublier le mobile. Il n'y a pas loin, sous Louis XIII, du guerrier au brigand. L'homme de guerre est déjà un peu brigand, le brigand est encore un peu guerrier. Beaucoup cherchent plutôt du profit dans la guerre que le péril[65]. Ces grands seigneurs qui levaient des troupes, menaçaient
la cour et la rançonnaient pour obtenir, l'un une grosse somme, l'autre une
forte pension, le troisième la perception d'un impôt, ressemblent assez à ces
bandes de malfaiteurs superbes et bien posés qui arrêtaient jusqu'à ces
derniers temps les diligences en Sicile ou dans les Abruzzes. Les cadets n'ont que la guerre ou la filouterie pour se tirer de la
misère, et plus d'un se vante de n'avoir pas eu recours à cette
ressource de filouterie et escroquerie, sur
un ton qui attend et provoque pour cette belle conduite l'admiration de la
postérité[66].
Clinchant, gentilhomme de Champagne, après avoir volé sur les grands chemins,
se jeta dans le parti impérial, et eut la conduite d'un corps d'armée[67]. La paix
revenue, ces capitaines reprenaient leur ancienne occupation. Le Mercure raconte l'histoire de trois
frères Guillery, d'une maison noble de Bretagne, qui avaient suivi le parti
de Ces brigands faisaient des incursions jusqu'en Normandie,
Lyonnais et Guyenne, et affichaient sur les arbres, dans les grands chemins :
Paix aux gentilshommes, la mort aux prévosts et
archers, et la bource aux marchands. Personne n'osait plus trafiquer
en Bretagne ni au bas Poitou. Il fallut lever une armée pour les combattre.
Le gouverneur de Niort réunit une vingtaine de prévôts et leurs gens, on fit
une levée en masse des communes ; quatre mille cinq cents hommes assiégèrent
la forteresse de Guillery. Pris dans une sortie, ce dernier mourut à Xaintes sur la roue, suppliant les
assistants de ne pas bailler du blasme à la maison
dont il était sorti[68]. La légèreté avec laquelle on risquait sa personne, et la
morale eu faveur, enlevaient en quelque sorte au meurtre son caractère de
gravité. Un brave cavalier, cornette de la compagnie
du Dauphin, prit une querelle au Louvre, et devant les yeux de Sa Majesté qui
était aux fenêtres, tua un gentilhomme sur le bord du fossé[69]. Lorsque
Marsillac, gentilhomme de Ces seigneurs qui ne croient pas souiller leur blason en
se servant du poignard contre un rival politique, n'estiment pas non plus
forfaire à l'honneur en se liguant avec les ennemis de leur pays, et en
portant les armes contre Le noble ne professait pas le même genre de patriotisme
que le roturier. Il était sujet du Roi bien plus que sujet du royaume. Le dévouement à la
patrie était subordonné à la fidélité au monarque. On ne craignait pas de
servir contre son pays, on n'aurait osé porter les armes contre son prince.
Le service en effet était dit au chef de Dans tous les cas, personne parmi les meilleurs citoyens
de ce temps ne comprenait le patriotisme avec l'excessive délicatesse de nos
jours. La nationalité n'avait pas encore ce caractère de susceptibilité
extrême, et d'exclusivisme rigoureux, qu'elle a pris dans la suite. M. de Un dernier détail achève de nous faire connaître l'âme de cette société : ces hommes d'une énergie outrée, si courts de principes et si calmes devant la mort, étaient profondément superstitieux. Les légendes les plus naïves, les inventions les plus bizarres et les plus folles ne sont pas au-dessous de leur crédulité. Bodin, dans un ouvrage de haute politique, parle sérieusement du nombre nuptial de Platon, du nombre parfait de 496, et de son influence sur le changement des républiques ; du nombre 63, dangereux aux vieillards, de la force des nombres septénaires, et de la proportion des planètes aux peuples[80]. Le maréchal de Biron, quand on vint le trouver pour lui apprendre sa condamnation, était occupé d'astrologie judiciaire. Il comparait quatre almanachs, étudiait la lune, les jours et les signes célestes. L'abbé Arnauld parait croire à la chiromancie et à l'astrologie[81]. La chambre de justice, en 1631, condamne aux galères perpétuelles, comme criminels de lèse-majesté, des particuliers qui avaient fait des jugements, pronostics et nativités sur la vie du Roi[82]. Anne d'Autriche voyant tomber un des mulets qui portaient sa litière, envoie immédiatement demander à un Italien nommé Serti, qui se mêlait de faire des horoscopes, ce que signifiait la chute de son mulet[83]. Puységur raconte l'histoire d'un soldat dans le corps duquel l'épée ni les balles de mousquet ne pénétraient point, parce qu'il avait un caractère. On finit par l'assommer d'un coup derrière la tête, et une fois mort, on lui trouva son caractère, et ses compagnons dirent qu'il avait été religieux[84]. Richelieu trouve fort naturel que la maréchale d’Ancre ait fait bénir des coqs et des pigeonneaux, pour les appliquer ensuite sur sa tête à titre de médicaments[85]. Le grand ministre prit au sérieux bien d'autres bourdes, et crut fermement, comme beaucoup de ses contemporains, à la pierre philosophale[86]. Il juge qu'il y a grande apparence que Luynes se servit de charmes (pour plaire à Louis XIII), par les relations qu'il eut avec deux renommés magiciens, qui lui donnèrent des herbes pour mettre dans les souliers du Roi, et de la poudre pour mettre dans ses habits[87]. Quelques années avant, Pontchartrain, secrétaire d'État, homme grave, consigne dans ses Mémoires le bruit que plusieurs personnes sont accusées de magie ou de sortilège, et de s'être voulu servir de moyens exécrables pour s'attirer l'amour et la bienveillance de quelques dames[88]. |
[1] J'ai vu plusieurs actions du Roi en plusieurs lieux périlleux, et dirai sans flatterie ni adulation que je n'ai jamais vu un homme, non un Roi, qui y fût plus assuré que lui. (BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 200.)
[2] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 169.
[3] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 244.
[4] Lettres et papiers d'Etat, t. VI, p. 102. — Manicamp était maréchal de camp. Sa sœur épousa le maréchal d'Estrées. Bussy-Rabutin, dans l'Histoire amoureuse des Gaules, attribue à un Manicamp, salis doute fils de celui ci, un fort triste rôle.
[5] PONTIS, Mémoires, p. 612. — Charles Gaspard de Colligny, seigneur de Châtillon (1584-1646), petit-fils de l'amiral, cousin du prince d'Orange, père de la duchesse de Wurtemberg, maréchal de France (1622), pour prix d'Aigues-Mortes qu'il rendit au Roi. Vendit à M. de Montmorency l'amirauté de Guyenne. Il épousa par amour (1615) une demoiselle de Polignac. Il était, dit Tallemant, incapable de direction.
[6] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 551.
[7] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 646.
[8] Voy. RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 233.
[9] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 141. Voy. RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 76.
[10] FONTENAY-MAREUIL, p. 147. — De Mouy, capitaine-lieutenant de la compagnie de gendarmes de Richelieu depuis 1631 ; avait été capitaine des gardes du corps de 1621 à 1626.
[11] FONTENAY-MAREUIL, p. 161.
[12] Abbé ARNAULD, Mémoires, p. 518.
[13] Mémoires, p. 185. — Fabert, plus tard maréchal de France, se vante dans ses Mémoires d'actes d'intrépidité du même genre.
[14] MONTGLAT, Mémoires, p. 105. — Le comte de Saint-Balmont, commandant d'une place assiégée, à chaque coup de canon des assiégeants, paraissait aux fenêtres avec des violons qui jouaient à ses côtés. Il fut pris, et on ne voulut pas lui faire de mal, par respect pour sa bravoure, quoique indiscrète. (Abbé ARNAULD, Mémoires, p. 494.)
[15] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p.479. — Un gentilhomme va offrir son service à l'un de ses voisins, connu par sa bravoure, le baron de Vitaux (en Vexin) : — Monsieur, lui dit-il, vous verrez dans l'occasion ce que je salirai faire. — Je le veux voir tout à l'heure, réplique le baron, défendez cette porte contre moi. L'autre fit ce qu'il put pour s'en dispenser, mais le baron mit l'épée à la main, et le menaça de le tuer. Il fut contraint de se battre ; tous deux se blessèrent et furent amis jusqu'à la mort. (TALLEMANT, t. IX, p. 205.)
[16] Mémoires de lord Her Cherbury, p. 67.
[17] Henri, duc de Rohan, 1579-1638, fils de René, vicomte de Rohan, et de Catherine de Parthenay-l'Archevêque (de la maison de Lusignan). Créé duc et pair en 1603, épousa, 1605, Marguerite de Béthune, fille du duc de Sully, dont les galanteries avant, pendant et après son mariage, sont demeurées célèbres. Arnauld du Fort, Sait-il-Luc, Caudale et Miossens eurent successivement ses bonnes grâces. Rohan fut colonel général des Suisses ; chef des huguenots de 1610 à 1629, prit part à toutes leurs batailles ; 1619, généralissime des Vénitiens ; 1635, commande un corps d'armée français en Lorraine, puis en Suisse. Sa sœur épousa le duc des Deux-Ponts. Les Boisas étaient alliés aux maisons de France, d'Écosse, de Savoie et de Lorraine.
[18]
Il n'était pas rare de voir au moment d'une bataille un gentilhomme sortir des
rangs à cheval, et envoyer demander par un trompette dans les rangs ennemis
s'il n'y avait personne qui voulût faire le coup de
pistolet pour l'amour des dames. Le duc de Bellegarde le fit à Arques,
[19] TALLEMANT, t. IX, p. 200.
[20]
TALLEMANT, t.
IX, p. 61. — Charles de Lameth, comte de Bussy, capitaine de chevau-légers du
Roi ; 1617, gouverneur de Mézières, défendit Flermanstein, se signala en Ré,
1627 ; maréchal de camp, 1631 ; commanda les renforts envoyés à
[21] Mémoires de lord Her Cherbury, p. 42.
[22] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 426.
[23] Voy. RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 250. — TALLEMANT, et Lettres et papiers d'État, t. VII, p. 724.
[24] Mémoires, p. 511. — Le duc d'Angoulême, quand ses gens lui demandaient leurs gages, leur disait : C'est à vous à vous pourvoir ; quatre rues aboutissent à l'hôtel d'Angoulême, vous êtes en beau lieu, profitez-en si vous voulez.
[25]
TALLEMANT, t.
VIII, p. 66. — De Caumont, seigneur de Castelmoron, frère cadet du duc de
Charles de Créqui-Blanchefort, de la maison de Créqui par les femmes (son père se nommait Antoine de Blanchefort), né en 1567, épousa en 1611 Madeleine de Bonne, fille du connétable de Lesdiguières dont il eut le titre de duc, fut un des dix-sept seigneurs (1617). Devint mestre de camp du régiment des gardes ; 1621, maréchal de France ; mort en 1633 devant le fort de Brême, à l'entrée du Milanais. Servit de témoin à Richelieu quand celui-ci fut reçu conseiller honoraire au Parlement.
[26] Archives nationales, KK., 1355, fol. 3.
[27] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 39.
[28] TALLEMANT, t. VIII, p. 50. — Deux hommes jouent à la paume ; ils se querellent, l'un donne à l'autre un coup de bâton. L'offensé, beaucoup plus fort, va fermer la porte au verrou, prend son adversaire à bras le corps, le met dans le feu, — c'était pendant l'hiver, — et, le pied sur son ventre, l'eût tranquillement fait griller, si l'on n'eut enfoncé la porte aux cris de ce malheureux. Après cela, ajoute Tallemant, on les accommoda facilement. (t. X, p. 17.)
[29] Arrêt du conseil d'État du 29 juillet 1637.
[30]
RICHELIEU, Mémoires,
t. III, p. 9. Le cardinal agit de même à l'occasion Voir le chapitre de
[31] Mémoires, p. 32.
[32] Lettres et papiers d'Etat, t. V, p. 51. — François d'Escoubleau, marquis de Sourdis et d'Alluye, baron de Mondoubleau, chevalier des Ordres, épousa Jeanne de Montluc, qui le fit, après la mort du comte de Carmaing, baron de Montluc et prince de Chabanais. On avait songé pour lui à mademoiselle de Montmorency, qui devint princesse de Condé. Fut gouverneur d'Orléans et Amboise. Sa fille est en 1635 abbesse de Montmartre.
Henri d'Escoubleau de Sourdis, frère du précédent et du cardinal de Sourdis. connu d'abord sous le nom de comte des Chapelles, puis évêque de Maillezais, coadjuteur et ensuite archevêque de Bordeaux après son frère Intendant de la maison de Richelieu, fut chargé plusieurs fois de commander des armées navales et finit par être disgracié pour son incapacité. C'était, dit Tallemant, un homme de beaucoup d'esprit, l'air agréable, et qui disait bien les choses.
[33] PONTIS, Mémoires, p. 490.
[34] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 167, 177.
[35] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 464. (En 1627 à l'île de Ré.)
[36] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 43. — Une compagnie revient d'un bal dans l'île, légèrement ivre, rencontre un violon au terre-plein de Notre-Dame, et cherche à le noyer par manière de plaisanterie. Elle se bat avec lui, et le blesse si dangereusement, qu'il pense en mourir. (TALLEMANT, t. VIII, p. 229.)
[37] Gazette du 27 août 1633.
[38] TALLEMANT, t. IX, p. 193. — René de Rieux, marquis de Sourdéac et d'Ouessant, chevalier des Ordres, capitaine de cent hommes d'armes, membre de l'assemblée des notables, 1626. (Voy. BRIENNE, p. 58.)
[39] Voyez BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 316, et RICHELIEU, t. II, p. 135, sur la force extraordinaire de Gabriel Battori.
[40] FURETIÈRE, Roman bourgeois, t. II, p. 37.
[41] TALLEMANT, t. IX, p. 61. — René de Chambes, comte de Montsoreau, maitre de camp d'infanterie, dévoué à Marie de Médicis, épousa en 1619 Marie de Fortia, et mourut en 1649, en Angleterre. On l'accusa de fabriquer de la fausse monnaie.
[42] TALLEMANT, t. III, p. 101.
[43] TALLEMANT, t. III, p. 135. — Fille du connétable de Lesdiguières, mariée d'abord au marquis de Montbrun, puis au comte de Saur ; lieutenant général du Dauphiné, dont le père (le marquis de Créqui) avait épousé sa sœur. Le comte de Saulx devint ainsi le beau-frère de son père.
[44] TALLEMANT, t. X, p. 21. Louis-Annibal d'Estrées, marquis de Cœuvres, premier baron du Boulonnais (1573-1670), évêque de Noyon en 1594, se démet eu 1596. Gouverneur de Laon, maréchal de France, 1626 ; ambassadeur à Rouie, plus tard duc et pair. Il était frère de Gabrielle d'Estrées, oncle du duc de Vendôme et de la duchesse d'Elbeuf. Il épousa : 1° mademoiselle de Béthune ; 2° mademoiselle de Montmor, fille du trésorier de l'épargne et veuve du marquis de Thémines ; 3° à quatre-vingt-treize ans, mademoiselle de Manicamp.
[45] SEGRAIS, Mémoires, p. 71.
[46] TALLEMANT, t. IX, p. 91.
[47] TALLEMANT, t. V, p. 113. — Jean-Louis Guez, sieur de Balzac (1594-1665), fils d'un homme d'Angoulême qui avait du bien, célèbre par ses Lettres et par quelques traités (le Prince, Aristippe). Richelieu l'appelait l'élogiste général. Il fut conseiller d'État. Il était protégé au début par M. d'Épernon. Il bâtit un joli château à Balzac, et orna de curiosités sa maison d'Angoulême. Segrais dit qu'il mourut de dépit de la réputation des Lettres de Voiture.
[48] RICHELIEU, t. I, p. 240. Charles de Gonzague, duc de Nevers, pois duc de Mantoue (1627), fila de Louis de Gonzague, un des compagnons de Henri IV et petit-fils de Frédéric, duc de Mantoue. Il eut dessein, en 1620, de se faire empereur de Grèce et du Levant, en se servant de sa descendance présumée d'une fille de Paléologue.
Louis III de Lorraine-Guise, frère de Charles, duc de Guise (1575-1621), n'était que simple diacre, fut évêque de Rennes, archevêque de Reims et cardinal, fit la campagne et se conduisit bravement à Saint-Jean-d'Angély. Il prétendit épouser Charlotte des Essarts, comtesse de Romorantin, une des maîtresses de Henri IV, et en eut plusieurs enfants.
[49] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 571.
[50] RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 98.
[51] TALLEMANT, t. IX, p. 6, et t. IV, p. 105.
[52] De Saint-Lary de Bellegarde, seigneur de Termes, † 1621 ; frère du duc de Bellegarde. Sa fille épousa M. de Montespan ; sa veuve se remaria avec le président Viguier.
[53] RICHELIEU, t. I, p. 268.
[54] PONTIS, Mémoires, p. 456.
[55] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 17.
[56]
RICHELIEU, Mémoires,
t. I, p.
[57] BRIENNE, Mémoires, p. 20 ; ARNAUD D'ANDILLY, Mémoires, p. 406 ; TALLEMANT, t. VIII, p. 40.
[58]
Mémoires du duc DE
[59] PONTIS, Mémoires, p. 434.
[60] TALLEMANT, t. X, p. 205. — Philippe de Montault, baron de Benac, marquis de Navailles, conseiller d'État, sénéchal de Bigorre. Sa terre fut érigée en duché-pairie en 1650 ; il mourut en 1654. Il avait épousé (1612) Judith de Gontaut.
[61] TALLEMANT, t. VIII, p. 216, et ARNAUD, Mémoires, p. 494. — Madame de Vervins se prend de querelle avec madame de Brassac, fait armer tous ses gens, se met à leur tête la hallebarde à la main, et va à la porte de son ennemie pour montrer sa générosité. (TALLEMANT, t. VIII, p. 81.)
[62] TALLEMANT, t. V, p. 46.
[63] SEGRAIS, Mémoires, p. 9. — Le vitriol était en usage dès ce temps : Des cavaliers porteurs de fausses barbes et masqués jetèrent à madame la duchesse de Chaulnes une bouteille d'eau-forte au visage. 1639. (BASSOMPIERRE, p. 361.)
[64] Mémoires, t. I, p. 555.
[65] Voy. RICHELIEU, t. I, p. 221. Il faut se souvenir que le vol était jadis assez bien vu à Lacédémone ; mais malheur à qui était surpris.
[66] COLIGNY, Mémoires, p. 8.
[67] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 643.
[68] Le Mercure français, année 1608, p. 289.
[69] Le Mercure français, année 1609, p. 332.
[70] RAPINE, Recueil sur les états généraux de 1614, p. 397. — Edme de Rochefort, marquis de Pleuvant, capitaine de cinquante hommes d'armes, lieutenant général au gouvernement de Nivernais et Donziais en 1619.
[71] MONTRÉSOR, Mémoires, p. 202 ; RETZ, Mémoires, liv. I. — Claude de Bourdeilles, comte de Montrésor, mort en 1663, frère du marquis de Bourdeilles, d'une des plus vieilles familles de France ; la baronnie de Bourdeilles était une des premières du Périgord. Petit-neveu de Brantôme, dont il avait hérité, cousin germain de M. de Thou, fut favori du duc d'Orléans.
[72] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 199.
[73] Mss. Godefroy, CXXXV, fol. 217. (Bibliothèque de l'Institut.)
[74]
C'est une chose approuvée en cas de nécessité,
écrit madame de Rohan ; ils ne sont point Turcs, mais
les catholiques les nomment tels, parce qu'ils ne reconnaissent pas le Pape. On
ne vous propose pas de les aller trouver, mais de se trouver ensemble sur mer,
pour y chasser de compagnie. (RICHELIEU, t. I, p. 366.) — Benjamin de Rohan, seigneur de
Soubise (1583-1612), fila de René de Rohan et frère cadet du duc Henri de
Rohan, nommé en 1621 par les protestants commandant général de Poitou,
Bretagne, Anjou. En 1625, il s'empara de
[75] Abbé ARNAULD, Mémoires, p. 486.
[76] ARNAUD D'ANDELLY, p. 409.
[77] TALLEMANT, t. VII, p. 180. — Le sieur de Cérisante.
[78] BRIENNE, Mémoires, p. 34.
[79] Ces lettres étaient vérifiées à la chambre des comptes avec des formalités assez rigoureuses. Mazarin nous en fournit un exemple. Sur les lettres de naturalité accordées à Jules Mazarin, abbé de Saint-Avau, référendaire en cour de Rome en l'une et l'autre signature, la chambre des comptes a ordonné commission rogatoire être délivrée, pour informer des mœurs et religion, biens et facultés de l'impétrant. II lui fallut une dispense, et les lettres furent enregistrées à la charge qu'il ne pourrait être pourvu en France d'aucun archevêché, évêché, ni abbaye chef d'ordre (Plumitif, P. 2763, fol. 74.)
[80] République, p. 560 et suiv., et p. 690.
[81] Mémoires, p. 496.
[82] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 334.
[83]
[84] PUYSÉGUR, Mémoires, t. II, p. 21 (édit. de 1690).
[85] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 166.
[86] Voyez plus loin les Finances, le chapitre Valeur monétaire.
[87] Mémoires, t. I, p. 249. Il note aussi les prédictions de quelques charlatans.
[88]
PONTCHARTRAIN, Mémoires,
p. 321. Paul Phélipeaux de Pontchartrain, fils de Louis Phélipeaux, seigneur de