Puissance de l'opinion, la monarchie repose sur elle. — Respect et amour du peuple pour le Roi. — Soin du Roi pour se concilier l'esprit public. — La presse politique sous le règne de Louis XIII. — Idées de Richelieu à ce sujet. — Officieux et pamphlétaires. — Législation et peines.Le pouvoir royal, avons-nous dit, n'est pas défini par une charte, mais il est déterminé par des traditions ; or la tradition procède en pareil cas de l'opinion publique. La monarchie traditionnelle repose donc, comme tout autre gouvernement, sur l'opinion. A ce titre, l'ancienne royauté n'est pas, comme on l'a dit parfois, un privilège plus grand que les autres, mais bien un droit aussi sérieux, aussi respectable, que tout autre droit a été, et sera jamais en ce monde. Elle avait polir elle un plébiscite muet, mais perpétuel : l'amour du peuple qu'elle gouvernait. Montesquieu dit avec quelque naïveté : Le gouvernement est comme toutes les choses du monde, pour
le conserver il faut l'aimer. On n'a jamais ouï dire que les rois n'aimassent
pas la monarchie, et que les despotes haïssent le despotisme[1]. Il ne suffit pas
que les rois aiment la monarchie pour la conserver, il faut que la nation
l'aime aussi : les monarchies, pas plus que les républiques, ne peuvent se
passer de l'assentiment populaire. En aucun temps, en aucun pays, un
gouvernement n'a pu se maintenir sans être soutenu, tout au moins accepté,
par la majorité des gouvernés ; c'est dire que toujours et partout il y a une
opinion publique, mobile ou stable, intelligente ou sotte, mais toute-puissante[2]. Si la dynastie
capétienne a subsisté durant tant de siècles, a accompli tant de choses, a
survécu à tant de vicissitudes, c'est qu'elle était appuyée par le sentiment
national. C'est là le secret de sa force, et Richelieu a pu donner plus de force matérielle, plus de développement
extérieur au pouvoir du Roi, il ne lui a pas acquis plus d'autorité morale.
Avant lui, La royauté française, de son côté, avait pour l'opinion
publique des ménagements, nous pourrions dire des flatteries, qui seraient à
peine déplacées dans la bouche des tribuns modernes : Nous désirons témoigner, dit Louis XIII, par de notables effets, la volonté constante et déterminée que nous
avons, non-seulement de soulager (le
peuple) de ses misères, mais de le faire
jouir, moyennant la grâce de Dieu, d'une entière félicité[15]. Une autre fois,
voulant rappeler le chêne de saint Louis, il écrivait : Nous voulons, à l'imitation du grand saint dont nous
portons le nom, donner nous-même audience à nos sujets, les fêtes et
dimanches, à l'issue de notre messe, dans notre salle, où estans assistés
d'aucuns de notre conseil, tous nos sujets pourront nous faire leurs plaintes
par écrit, et présenter telles requêtes qu'ils voudront[16]. Ces beaux
projets demeuraient sur le papier ; mais ils marquent le désir de faire ce
qu'on nommerait aujourd'hui de la popularité. Ces déclarations que le
souverain publiait sans cesse, soit sur ses affaires de famille, soit sur les
affaires d'État, prouvent le besoin qu'il avait de l'opinion. Il fallait éviter, dit Richelieu, après un fait considérable, que cette nouvelle ne surprit
les peuples, les grands et les compagnies du royaume, et que la vérité et la
sincérité des intentions du Roi ne leur fût déguisée[17]. Ces documents
dont la couronne se servait pour répondre aux mécontents, n'avaient d'autre
but que d'en appeler au pays, de le prendre pour juge. Ils discutaient les
griefs et prétendaient les réfuter, donc ils en tenaient compte. Ils ne
disaient pas : On se révolte, donc on est criminel
; mais on se révolte à tort, sans motif sérieux,
et c'est là qu'était le crime. Quand le Roi se brouillait, ou se raccommodait
avec son frère ou avec son cousin le comte de Soissons, il faisait une
déclaration pour expliquer en détail les fautes qu'ils avaient commises, ou
au, contraire les assurances de fidélité qu'ils lui avaient données. En 1626,
il dit au Parlement, dans une lettre officielle. Je
reviens en pleine santé, Dans les circonstances graves, le pouvoir central envoyait
des circulaires aux gouverneurs de province, aux parlements, aux lieutenants
généraux, les invitant à en porter le contenu à la connaissance des habitants
de chaque province[21]. Ces
invitations, adressées à toutes sortes de personnes,
de proposer des moyens efficaces pour le relèvement des finances, avec
promesse de les examiner et recevoir, pour en cas
qu'ils soient justes et raisonnables, étaient de véritables appels au
conseil de la nation. Le souverain n'avait pas contracté encore l'habitude de
s'en passer. Quand Louis XIII renvoya le surintendant Le pouvoir croyait toujours essentiel d'avoir pour lui l'approbation publique. A l'ouverture de la guerre contre l'Espagne[23], le Roi reprenait de haut l'histoire des différends de ce pays avec le nôtre, exhalait ses plaintes, articulait ses griefs, et donnait à son peuple les raisons de sa conduite. A toute occasion il entrait en rapport avec ses sujets. Il veut se réjouir avec eux de la naissance de son fils, il leur fait part de ses espérances de paix, pour laquelle il présente journellement ses vœux au ciel, avec tous les plus vifs sentiments de compassion qui se peuvent concevoir, des misères que la guerre lui fait souffrir[24]. La royauté cherchait ainsi à se concilier l'opinion par les égards et par la persuasion. Elle tenait à convaincre le peuple, non à le faire taire. Avant l'invention de l'imprimerie, il n'y avait qu'un moyen d'agir sur l'opinion : la parole. L'orateur seul pouvait se mettre en communication avec la foule, l'écrivain ne le pouvait pas. Pour devenir populaire, il fallait que le manuscrit, appris par cœur, parvint, par la bouche de plusieurs hommes, jusqu'aux oreilles de toute une nation. La création de la presse produisit rapidement une révolution immense. Plus retentissante qu'aucune voix humaine, elle s'entendit par les yeux. Son influence sur la pensée la fit souveraine du monde intellectuel ; elle fut le principal organe de l'opinion. Dans le domaine politique, les peuples s'en servirent pour être écoutés de leurs gouvernements ; les gouvernements, pour conquérir l'esprit des peuples. Il en fut ainsi en France jusqu'à Richelieu, qui, ennemi par principe de la discussion, jugea les manifestations de l'esprit public dangereuses, et confisqua la presse à son profit. D'un libre agent des idées générales il fit un instrument de son pouvoir particulier[25]. Il ne toléra que des journaux officiels et des livres officieux. Plus tard, ses successeurs, estimant que l'opinion n'existait plus parce qu'elle était silencieuse, ne chercheront même pas à la diriger. Louis XIV aurait cru s'abaisser en justifiant sa conduite devant elle ; il ne s'attendrit avec ses sujets qu'une fois en son règne, quand il vit son trône prêt à s'effondrer. Nous ne prétendons pas, bien entendu, que la liberté de la
presse, telle que les uns la souhaitent et que les autres la craignent
aujourd'hui, existât avant Louis XIII. Il n'y avait pas, à proprement parler,
de législation sur ce sujet. Mais il suffit de se rappeler les immortels
écrits du seizième siècle et la situation de leurs auteurs, la hardiesse des
idées, l'indépendance de langage dont ils font preuve, pour se rendre compte
que si la liberté n'était pas inscrite dans les lois, elle était admise dans
les mœurs. Rabelais, Montaigne, A ce point de vue même, d'énormes progrès avaient été faits dans les premières années du dix-septième siècle. En 1611, les protestants jouissaient pour la composition, l'impression, la vente et la distribution des ouvrages de leur doctrine, d'une latitude assez grande, bien que non illimitée[28]. En France, dit le Mercure,
parlant du règne de Henri IV, on ne fit la guerre
qu'en papier... telle était la liberté
d'écrire en ce temps-là, les curieux s'en amusaient[29]. Chaque année
amenait une polémique nouvelle, relative aux événements politiques du moment.
D'un bout à l'autre du pays, les pamphlétaires se répondaient ; on faisait
assaut de libelles, les esprits se passionnaient, chacun prenait partie. Un Gascon fait imprimer, en 1608, sur les bords de Grâce à ces arguments ad hominem, plus décisifs qu'aucuns
autres, il parvint sinon à réduire le nombre de ses contradicteurs, du moins
à les obliger à se cacher. Comme il arrive toujours en pareil cas, la
discussion céda la place à la satire. En tuant la critique haute et modérée,
le pouvoir créa sans le vouloir les pamphlets mordants et parfois injustes[32]. Bodin, dans la
préface de sa République, s'exprimait ainsi : Pendant
que le maitre de notre république avait le vent en poupe, on ne pensait qu'à
jouir du repos ; mais depuis que l'orage impétueux a tourmenté le vaisseau
avec telle violence, que le patron même et le pilote sont comme las d'un
travail continuel, il faut bien que les passagers
y prêtent la main[33]. Cette
appréciation sage et raisonnée des penseurs, cette vox populi, qui est l'opinion, on
ne sait où la prendre sous Louis XIII, entre la flatterie et l'injure, entre
l'admiration gagée et le dénigrement systématique, entre Peu de libelles parurent pourtant sous ce ministère. Loin de s'étonner du petit nombre des écrivains qui se firent remarquer par des essais de résistance, il faut s'étonner plutôt que ces essais aient pu se produire. Braver le martyre est toujours chose rare, quand on n'espère pas donner un fructueux exemple, jeter une semence d'imitateurs. Qui donc se fût avisé de risquer sa tête, ses biens, ou tout au moins sa liberté, pour dire ce qu'il pensait des affaires publiques ? Les adversaires du premier ministre avaient pour objectif des réalités saisissables ; ils ne cherchaient pas à le remplacer pour l'amour du bien public, mais dans leur intérêt privé. Or le libelliste passait aisément pour criminel, sous un homme qui relevait comme un délit l'accusation d'inconstance et de légèreté portée contre le Roi, à propos de la politique extérieure[35]. Au fond, le cardinal haïssait la manifestation d'une opinion quelconque ; il châtiait sévèrement la critique, mais l'approbation même ne lui plaisait pas. Le silence respectueux que le fidèle garde dans l'église, à l'audition d'un sermon, ou le soldat dans les rangs, à la lecture d'un ordre du jour, voilà ce qui lui plaisait[36]. Il l'écrivait en 1626 : Il serait à désirer que chacun se mêlât de ses affaires, et ceux qui sçavent s'ayder d'une plume comme les faiseurs de livres, serviraient grandement le Roi, et obligeraient bien fort ceux qui sont auprès de lui, s'ils ne se meslaient point de parler de leurs actions, ni en bien ni en mal, veu que souvent leurs louanges blessent autant que leurs médisances. Que tout autant de personnes que j'ay peu sçavoir qui voulaient faire des livres en faveur du gouvernement, je les ai priées de s'en abstenir[37]... Richelieu se réservait le soin de se louer lui-même,
pensant que personne n'en était plus capable que lui[38]. C'est dans ce
but qu'il s'appropria le Mercure français, et qu'il encouragea la publication
de Il est étrange que l'opinion ait été réduite au silence,
précisément sous le règne qui vit naître la presse périodique ; que les
journaux, naturelle expression de l'esprit public, aient été fondés au moment
même où il était interdit à l'esprit public de s'exprimer. II en est ainsi
cependant. Le Mercure fut
publié pour la première fois en 1611, sous ce titre : le Mercure François, ou Suite
de l'histoire de la paix à Paris, par Jean Bicher[39]. C'était un gros
in-douze, trapu, de plus de cinq cents pages, qui comprend le récit de sept
années (de 1604 à 1611). Il faisait
lui-même suite au Septennaire de
Cayet. Un numéro tous les sept ans, ce n'était pas une périodicité exagérée.
Bicher, dans une préface au lecteur, s'exprime ainsi : Je te donne toutes les choses les plus remarquables advenues
depuis l'an 1604, lesquelles mon messager (que j'appelle Mercure françois) m'a apportées des quatre parties du monde, en diverses
langues, et que j'ay faites françoises à ma mode, le plus succinctement que
j'ay peu. Je ne te donne point un panégvre éloquent au lieu d'une histoire,
ny de grands discours philosophiques, enrichis aux bordages de tout ce que
les autheurs grecs et latins ont écrit de, plus beau, ains seulement une
simple narration... Bien ne faisait encore présager le journal.
Cependant les années suivantes parurent séparément, sous le même titre,
rédigées d'abord par Étienne Bicher, puis par Olivier de Varennes, jusqu'à ce
qu’en 1638 le cardinal en confia le soin à Renaudot, qui depuis sept ans
faisait paraitre la Gazette[40]. Théophraste Renaudot[41], grâce à ses
consultations gratuites, à son Mont-de-piété, à son bureau d'adresses, où se
faisaient des conférences, avait acquis une certaine notoriété. Avec la
collaboration de d'Hozier, il fonda en 1631 On avait édicté au seizième siècle, sous le règne de
Charles IX, cinq lois terribles sur la presse ; et le fait en lui-même n'a
rien d'étonnant de la part d'un prince qui fit Richelieu inaugure un état de choses nouveau en deux points : le premier, en exécutant à la lettre des lois oubliées, en les renouvelant et les aggravant ; le second, en les étendant à toute espèce d'écrits politiques. Il en est des lois de presse comme des lois sur le duel. Bien avant le Cardinal, notamment par un édit de Henri IV, le duel était puni de mort. Richelieu innova non en droit, mais en fait. Cependant l'histoire met au nombre de ses titres de gloire l'honneur d'avoir aboli le duel ; elle peut y mettre également l'honneur d'avoir aboli la liberté de la pensée : Il fit arrêter, par exemple, il nous l'apprend lui-même,
un nommé Fancan pour lui faire expier une partie des
crimes qu'il avait commis. De tout
temps il s'était déclaré, plus
ouvertement que ne pouvait un homme sage, ennemi du temps présent ; rien
ne le contentait que des espérances imaginaires d'une république qu'il
formait selon le dérèglement de ses imaginations. Il décriait le
gouvernement, rendait la personne du prince contemptible, les conseils
odieux, et cherchait de beaux prétextes pour troubler le repos de l'État[50]. Richelieu se
vante d'avoir usé de modération en se contentant, à l'égard d'un pareil
misérable, de l'emprisonnement perpétuel. Or, d'après le résumé qu'il en
donne, l'ouvrage ne devait être qu'une critique assez modérée. A propos d'une
Admonition par laquelle on démontre que C'était, selon lui, crime de lèse-majesté, et digne de mort, que de publier un livre, même sans en être l'auteur[52], si le livre pouvait être qualifié de libelle. C'en était un aussi qu'un discours imprimé ou à la main, concernant les affaires d'État, ou la personne du Roy, gouverneurs, magistrats, officiers, sans permission du grand sceau[53]. Avant 1630, la répression de la presse était abandonnée au
Parlement et à Cette dernière seulement convenait à Richelieu. De
répressive, il la fit préventive. Aucun livre, depuis 1630, ne put être
publié sans permission préalable, délivrée après avis de censeurs royaux[55]. L'Université, Quant aux libelles véritablement dignes de ce nom, |
[1] Esprit des lois, édit. Didot, p. 207.
[2] Au dix-septième siècle, dit M. Guizot, c'est Louis XIV et sa cour ; au dix-huitième, c'est
[3] Servitude volontaire, ou Contr'un. (p. 63, édition de 1835.)
[4] Servitude volontaire, ou Contr'un, p. 76. Il parle de l'amour de la liberté : Les bestes, dit-il, crient aux hommes : Vive liberté ; de l'égalité et des droits de nature, qui nous fait sujets è la raison et serfs de personne. Il dit au peuple : Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous que par vous-même ? Comment oserait-il vous courir sus s'il n'était d'intelligence avec vous ?
[5] Libre et excellent discours, p. 75.
[6] Libre et excellent discours, p. 12.
[7] TALLEMANT, Historiettes, t. II, p. 192.
[8] Antoine de Gramont, comte de Guiche et de Gramont, souverain de Bidache (créé duc en 1648), fils de Philibert de Gramont, marié en 1567 à Diane d'Andouins, surnommée la belle Corisandre, maîtresse de Henri IV. Il passait pour le fils de ce Roi, mais ne voulut jamais être reconnu. Il était bien fait, adroit, et d'une conversation fort agréable, dit Tallemant. — Gouverneur de Bayonne, vice-roi de Navarre, lieutenant général dans le Montferrat (1627) et en Normandie 1638 ; maréchal en 1641. Il avait épousé mademoiselle de Roquelaure. Ce fut lui qui alla demander Marie-Thérèse pour le Roi Louis XIV.
[9] Il voulut prendre Poitiers, mais ceux de la ville lui envoyèrent défendre d'approcher de la part de dix mille habitants armés et résolus, au péril de leur vie, de conserver la place en l'obéissance de Leurs Majestés. (PONCHARTRAIN, Mémoires, p. 332.)
[10] En 1632, quoique nous eussions traversé plus des deux tiers du royaume, nous n'avions encore vu ni ville, ni communauté, ni même aucun gentilhomme se déclarer pour Monsieur, ainsi que l'on s'était promis, dès lors qu'il serait entré, vu le grand nombre de mécontents qu'il y avait en France... Monsieur s'en plaignait hautement. (Mémoires du duc d'Orléans, attrib. à Algay de Martignac, p. 594.)
[11] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 70. Dans la campagne de Roussillon, en 1642, on fit des routes en Navarre, et on dépensa huit mille livres, mais on fit de l'ouvrage pour plus de cent mille livres, car les paysans, sachant que c'était pour le Roi, ne voulaient point prendre d'argent. (TALLEMANT, t. II, p. 213.) En Picardie, raconte Tallemant, le Roi vit pendant la guerre dey avoines fauchées en vert, et plusieurs paysans assemblés autour de ce dégât, mais qui, au lieu de se plaindre de ses chevau-légers qui venaient de faire ce bel exploit, se prosternaient devant lui, et le bénissaient. — Je suis bien fâché, leur dit-il, du dommage qu'on vous a fait là. — Cela n'est rien, Sire, lui dirent-ils, tout est à vous, pourvu que vous vous portiez bien, c'est assez. — Voilà un bon peuple, dit le Roi ; mais il ne leur fit rien donner, ni ne songea à les soulager des tailles. (Historiettes, t. III, p. 72.)
[12] RAPINE, Recueil, p. 407.
[13] MONGLAT, Mémoires, p. 30, et BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 62.
[14] MONGLAT, Mémoires, p. 40.
[15] Édit de janvier 1634.
[16] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 171. En 1625. Un des maîtres des requêtes devait les rendre le jour de l'audience suivante avec la réponse au pied d'icelles.
[17] Mémoires, t. II, p. 320.
[18] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 282.
[19] Déclaration du 12 août 1631.
[20] De 1610 à 1620, on en vit des exemples sans nombre. Le Roi déclarait certains princes ou seigneurs criminels de lèse-majesté, traitres à leur Roi, déserteurs de leur patrie, énumérait toutes les peines qui devaient leur être appliquées. Le mois suivant, une autre déclaration proclamait que jamais on n'avait douté de leur dévouement, que le Roi les tenait pour ses meilleurs et plus fidèles serviteurs, et que ceux qui lui en parleraient mal seraient eux-mêmes ses ennemis.
[21] Voyez Lettres et papiers d'État, t. II, p. 139.
[22] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 25. Lettre de cachet au Parlement.
[23] Déclaration du 6 juin 1635, enregistrée au Parlement.
[24] Lettre de cachet du 5 septembre 1638, adressée au prévôt des marchands et échevins de Paris.
[25] Le droit de plainte, de censure, de résistance morale, appartenait auparavant à quiconque savait écrire et voulait imprimer. (Ch. NODIER, De l'état réel de la presse avant Louis XIV.)
[26] L'Université se préoccupait surtout au moyen âge de surveiller l'exactitude des copies. Elle s'occupait de la forme extérieure du livre plus que du fond. Sans cette surveillance, nous aurions peut-être aujourd'hui bien peu de bons manuscrits, au point de vue de la correction des textes.
[27] Nodier émet à cet égard cette idée très-juste, que l'intolérance en matière religieuse venait plutôt des peuples que des Rois, de l'opinion que du pouvoir. Religieux, le peuple tue les hérétiques ; incrédule, il tue les prêtres.
[28] ROHAN, Mémoires, p. 494. On peut consulter : De l'état réel de la presse, par LEBER, 1834 ; De l'état de la presse avant Louis XIV, par Ch. NODIER ; Essai historique sur la liberté d'écrire, par Gabriel PEIGNOT.
[29] Mercure français, année 1605, p. 35.
[30] Mercure français, année 1608, p. 313.
[31] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 518.
[32] Entre un million de livres que nous voyons en toutes
sciences, à peine s'il s'en trouve trois ou quatre de
[33] A propos des libelles de son temps, Malherbe disait : Il ne faut point se mêler de la conduite d'un vaisseau où l'on n'est que passager. (SÉGRAIS, Mémoires, p. 239.)
[34]
[35] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 552.
[36] Temps déplorable, dit Richelieu parlant du ministère de Luynes, où il y a égal péril à parler et à se taire. On ne châtie pas seulement les actions, on examine les paroles, on devine les pensées, on suppose des desseins. (Mémoires, t. I, p. 185.) Le cardinal, une fois au pouvoir, n'agit pas autrement.
[37] Lettre au chevalier du Guet. (Lettres et papiers d'État, t. II, p. 256.)
[38] Il n'y manque pas dans ses Mémoires : Ô Roi trois fois heureux, s'écrie-t-il, de se servir d'un si grand ministre ! Ô grand ministre digne d'un si grand Roi ! (t. I, p. 396.) Ces parenthèses admiratives de lui-même sont fréquentes dans l'ouvrage. Il est juste, dit-il, de s'arrêter un peu ici, à considérer la prudence et le courage que le Cardinal a apportés en la conduite de cette affaire. (t. I, p. 365.) Trois pages plus haut, il s'exprimait ainsi : Tout cela fait voir manifestement quelle force et fermeté de courage il a fallu avoir pour... Ailleurs, parlant d'une instruction rédigée par lui pour un de nos agents à l'étranger, il dit que ce serait ravir un trésor au public, que de ne la pas exposer à la vue de tout le monde. (t. I, p. 342.)
[39] Rue Saint-Jean de Latran, à l'Arbre verdoyant, et en
sa boutique, au Palais sur le perron Royal, vis-à-vis de
[40] Pour
[41] Médecin de Loudun,
établi à Paris en 1623, s'attira l'inimitié de
[42] Préface du premier
volume de
[43] On voit encore le
brouillon de plusieurs, dans le recueil des Mss. Béthune, que l'on retrouve
imprimés dans
[44] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 670. Il écrivait à Chavigny en 1630 : Mandez à Renaudot qu'il n'imprime rien de cette action jusqu'à ce que je lui envoie la relation. J'en ai vu une qui n'est pas bien.... (Ibid., t. VI, p. 176.)
[45] Lettres et
papiers d'État, t. V, p. 51. Sous Louis XIV,
[46] Avant 1631, le Cardinal faisait imprimer de temps à autre le récit des événements mémorables qu'il répandait dans le public, et où il est naturellement glorifié. (Voyez RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 557.)
[47] Tallemant parle
dans ses Historiettes d'un nommé Sauvage, qui rédigeait un journal à
Bruxelles, en 1631. Il n'en donne pas le titre, mais
[48] M. Leber, dans
l'ouvrage cité plus haut, reconnaît que jamais lois
n'ont été plus enfreintes par la force des choses, ou plus adoucies par le
pouvoir d'exécution. (p. 4.) Ord. de mai 1558 et de janvier 1561. Voyez
aussi le Dictionnaire critique des livres condamnés au feu, supprimés ou
censurés, par G. PEIGNOT,
ouvrage rare, que l'on trouve à la réserve de
[49] BRANTÔME, Mémoires, t. I, p. 91 (édit. Delahaye).
[50] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 452.
[51] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 360.
[52] Richelieu fait à cet égard un mémoire qui serait plaisant, si les conclusions n'en étaient sinistres, sur la législation des libelles, depuis la loi des Douze Tables, jusqu'à un arrêt du Parlement, afin de prouver que l'éditeur doit payer de sa vie la publication d'un pamphlet. (Lettres et papiers d'État, t. II, p. 552.)
[53] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 323.
[54] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 367.
[55] L'arrêt du conseil d'État du 2 novembre 1627 défendait déjà de composer, traiter, ni disputer des propositions concernant le pouvoir et l'autorité souveraine de Sa Majesté, et des autres rois et souverains, sans expresse permission du Roi, par ses lettres patentes, à peine d'être puni comme séditieux et perturbateur du repos public. (RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 434.)
[56] On laissa aux
agents généraux du clergé ou à
[57] Arrêt du conseil privé, 1633. Dans les Lettres et papiers d'État, t. VIII, p. 111.
[58] Déclaration du 20 janvier 1638 : Défense d'y mettre autre chose que les lunaisons, éclipses, et diverses disposition ; et tempérament de l'air.
[59] Nous citerons entre autres Rondin (Lettres et papiers d'État, t. II, p. 552) et le Venant (RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 408), qui eurent la tête tranchée. Les exécutions nocturnes et sommaires ordonnées par commissaires nous sont pour la plupart inconnues. Laffémas écrit au Cardinal, en 1626, découvre un grand nombre de libelles et de brocards : Je souhaiterais qu'il me fût permis de faire châtier ceux qui donnent cours à ces mauvais écrits. Il y a de bons remèdes pour cela... Je voudrais que Sa Majesté m'eût autorisé pour lui en faire raison, je les aurais bientôt mis en mauvaise posture. (Lettres et papiers d'État, t. II, p. 256.)