I GRANDS OFFICIERS DE
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[1] BODIN, dans sa République (p. 437), donne au mot connétable cette origine : Capitaine d'une compagnie establie et connestablie, comme nous lisons bien souvent dans Froissard. Mais il est dans l'erreur ; il y avait des connétables bien avant qu'il y eût des compagnies de gens de guerre.
[2] Sous Louis VII, en 1223. (Comte DE BOULAINVILLIERS, Ancien Gouvernement, t. III, p. 129.)
[3] On peut voir le
détail de
[4] Le nombre des subordonnés était prodigieux, et il augmenta sans cesse, jusqu'à la fin de la monarchie. Déjà en 1648, il y avait cent soixante-dix maîtres d'hôtel ordinaires, tous appointés. (Archives nationales, KK. 199, fol. 31.) Le grand écuyer Bellegarde avait jusqu'à douze pages du Roi attachés à sa personne.
[5] Au bas des arrêts, il écrit : Cancellarius scripsit, et signe.
[6] FAUVELET DU TOC, Histoire des secrétaires d'État, p. 11.
[7] BRIENNE, Mémoires, p. 15, édit. Michaud. — Richelieu dit, de son côté, dans un mémoire en faveur des cardinaux : Ceux qui savent l'histoire ne peuvent ignorer que les chanceliers n'ont eu entrée au conseil que depuis un certain temps. Tous les chanceliers, jusques à M. de Sillery, n'ont jamais été du conseil des affaires secrètes, ni de la direction des finances, sinon pour quelques occasions extraordinaires, où le feu Roi les y faisait appeler. (Lettres, instructions, et papiers d'État, t. II, p. 11.)
[8] Il servait aussi d'intermédiaire entre le Roi et les compagnies souveraines, et jouait le rôle de conciliateur entre les deux.
[9] Chancelier de France, fils du premier président du parlement de Grenoble. Son père, dit G. PATIN (Lettres, t. II, p. 291), y avait été conseiller, et venait d'un notaire de Lyon, qui avait épousé la fille d'un médecin. Le frère du chancelier fut aussi premier président à Grenoble. Son fils, Nicolas de Bellièvre, fournit une brillante carrière au Parlement de Paris, où il fut président à mortier.
[10] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 45. — Ailleurs, Bassompierre raconte (ibid., p. 136) que le duc de Bouillon le loue de se tenir toujours au gros de l'arbre, de suivre le parti où la personne du Roi était, où il y a le sceau et la cire.
[11] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 133. — D'Épernon soutient (1619) que le garde des sceaux doit être assis dans le conseil au-dessous du chancelier, et non pas vis-à-vis de lui. Brienne (Mémoires, p. 15) : Les présidents du Parlement refusaient de se lever quand le garde des sceaux allait prendre sa place, prétendant ne devoir rendre cet honneur qu'au chancelier. Le Roi leur donna l'ordre formel de le faire, puisqu'ils se rendaient cet honneur entre eux, et même an dernier des présidents. (RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 455.) Voyez à l'Appendice : la préséance.
[12] Nicolas Brulart de Sillery, chancelier de France, né 1544, † 1624, conseiller au Parlement sous Charles IX, maitre des requêtes sous Henri III. On lui reprit les sceaux en 1616, on les lui rendit en 1623, pour les lui reprendre en 1624. Richelieu dit qu'il avait le cœur de cire, et blâme sans cesse sa lâcheté. Il avait épousé Claude Prud'homme. De ses filles, l'une épousa (1601) Gaspard Dauvet, seigneur des Marets ; l'autre, le fils de Pomponne de Bellièvre, chancelier de France. Celle-ci était, dit Tallemant, une demoiselle fort galante et tout à fait dans les visions de la cour. Son fils fut le marquis de Puisieux. Le chancelier bâtit le château de Berny. Les Brulart (Dictionnaire des anoblis, p. 6) prétendaient remonter au treizième siècle.
Étienne d'Aligre (ou d'Haligre), né 1539, † 1633, relégué dans ses terres- Président au parlement de Bretagne sous Henri IV, qui l'appréciait ; conseiller d'État et intendant de Marie de Médicis ; garde des sceaux en 1623 ; chancelier 1624, disgracié 1626. Il fut, dit Tallemant (t. II, p. 151), du conseil de M. le comte de Soissons, le père. C'était un homme fort laborieux, un vrai cul-de-plomb, et un esprit assez doux et assez timide. En effet, le manque de fermeté qu'il montra vis-à-vis de Monsieur causa son renvoi.
Pour Marillac, 1626-1630, Châteauneuf, 1630-1633, et Séguier, 1633 à la fin du règne, voir plus loin.
[13] CHÉRUEL, Administration monarchique, t. Ier, p.226. — Jusqu'alors cette assemblée avait porté les noms de conseil du Roi, grand conseil, conseil étroit. Il est impossible d'admettre que le conseil royal ait porté, jusqu'à Henri III, le nom de grand conseil, puisque ce dernier formait, depuis sa création (1498), une compagnie distincte et indépendante.
[14] VILLEROY, Mémoires. Sous Henri IV, le conseil d'État, ainsi composé, tenait deux séances par jour pendant trois jours de chaque semaine. Les autres jours se tenaient des conseils spéciaux.
[15] En 1614, le plus ancien cardinal, le plus ancien maréchal, le plus ancien duc on officier de la couronne, assistent encore de droit aux séances. (PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 337.)
[16] Ordonnance d'institution, art. 8. — On sait qu'au début, les chevaliers se recrutaient eux-mêmes et nommaient leurs confrères, à la pluralité des voix, dans les chapitres généraux.
[17] BOULAINVILLIERS, Ancien Gouvernement, t. II, p. 237.
[18] SEYSSEL, Grant Monarchie de France, p. 27 et 28. — Il en recommandait encore deux autres : le conseil ordinaire et le conseil secret, composés de même, parce que la chose principale et plus requise que nulle autre en tout régime monarchique, c'est que le monarque ne fasse aucune chose par volonté désordonnée, ni soudaine, ains en toutes ses actions, mêmement concernant l'État, use de conseil.
[19] BODIN, République, p. 343. — En effet, dit-il, si le prince choisit lui-même son conseil, comment le prince hébété serait-il pourvu de bon conseil, puisque le premier point de la sagesse gît à savoir bien connaître les hommes sages ?
[20] Les états généraux de 1614 demandèrent que, outre les princes, Sa Majesté composât son conseil de quatre prélats, quatre gentilshommes, quatre officiers, par chacun des quartiers de l'année.
[21] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p.54. — Il y en a d'État, de guerre, des finances et des ordres. Personne n'y doit entrer sans avoir auparavant passé par d'autres emplois. Il ne se fait rien de semblable en France, ajoute-t-il, car n'y ayant point de conseil réglé, ni qui soit stable, on ne change point de Roi ou de favori, qu'on ne change aussi de dessein.
[22] Il avait proposé en 1620 la création de quatre conseils : le premier, composé des cardinaux, chancelier, garde des sceaux, archevêques, évêques et prélats choisis par le Roi pour traiter l'état et police de l'ordre ecclésiastique ; le deuxième, des chancelier, maréchaux, colonels de l'infanterie et de la cavalerie, secrétaires d'État et mestres de camp, pour les affaires de la guerre ; le troisième, des chancelier, surintendant et intendants des finances, pour les affaires financières ; le quatrième, des maitres des requêtes, assistés de quatre députés du clergé, quatre de la noblesse, quatre du tiers état, pour les affaires contentieuses. (Archives nationales, KK. 1355, fol. 71.)
En 1625, il fit rédiger un projet de règlement dans ce sens, puis on n'en parla plus. (Voyez Lettres et papiers d'État, t. II, p. 169.)
[23] Richelieu, dit M. CHÉRUEL (Administration monarchique, t.
Ier, p. 986), fit du conseil d'État la pépinière des
administrateurs qui devaient porter jusqu'aux extrémités de
[24] RICHELIEU, Mémoires, t. Ier, p. 211.
[25] Ce sont les règlements du 1er juin 1624, du 11 mars 1626, du 18 janvier 1630. Ce dernier établit trois sections, sans compter le conseil privé 1° le conseil d'État et des finances (séant le jeudi) ; 2° le conseil des affaires et dépêches (le mardi) ; 3° le conseil de la direction des finances (le mercredi).
Le premier a les affaires générales, les cultes et quelques attributions de finances et de travaux publics. Le second a également la politique et l'administration en général, et quelques attributions militaires. Le troisième a des attributions de finances, et généralement celles des affaires administratives de notre conseil d'État actuel.
Sous Louis XIV, en 1661, on en compte cinq (voyez M. DE LUÇAY, les Origines du pouvoir ministériel) : conseils secret, d'en haut, de la guerre, des dépêches, d'État ou des finances.
[26] Souveraineté du Roi, p. 157 (publiée en 1632). — Cardin Le Bret, seigneur de Flacourt, né 1558, avocat général au Parlement 1617, conseiller d'État. En 1629, intendant de justice à Metz, se montra très-ardent contre le duc de Lorraine. Fut plusieurs fois commissaire dans les procès politiques intentés par Richelieu. Gui Patin annonce ainsi sa mort en 1653 (Lettres, t. III, p. 46) : Hier mourut un homme très-vieux et considérable en sa qualité, M. Le Bret, doyen des conseils, âgé de quatre-vingt-quatorze ans. Ce fût lui qui donna le coup de mort au maréchal de Marillac, pour remerciement du brevet de premier président du parlement de Metz, que d'ailleurs on lui ôta peu après, et qui fut vendu à un autre. On voit en 1620 Charles Le Bret receveur des deniers communs de la ville de Paris, et en 1625, Jacques Le Bret, trésorier des menus.
[27] Où l'on délibère sur les déclarations que l'on fait contre ceux qui brassent des menées secrètes contre sa personne et contre l'État ; où l'on reçoit les avis de tout ce qui se passe, soit dans les pays étrangers, soit dans les provinces du royaume ; où on lit les dépêches des ambassadeurs et où on leur donne l'adresse comme ils se doivent conduire en leurs ambassades ; où l'on donne conseil au Roi d'établir de bonnes et saintes ordonnances et de révoquer les mauvaises. (LE BRET.)
[28] C'était un piège tendu à Richelieu, mais celui-ci repoussa cette combinaison bâtarde, qui l'éloignait de la direction supérieure des affaires. Comment prendre, dit-il, dans ce conseil d'en bas, les résolutions généreuses et prudentes qu'on ne peut attendre que du Roi et de son conseil ? Du reste, pendant qu'on prendrait une résolution au conseil des dépêches, on en pourrait prendre une autre au conseil, en la présence du Roi. (RICHELIEU, Mémoires, t. Ier, p. 286.)
[29] Le règlement du 18 janvier 1630, dû à Marillac, ordonnait : Afin que l'on tire éclaircissement des affaires semblables, sera tenu registre par chacun des secrétaires et greffiers du conseil. Mais il resta lettre morte, comme presque tout ce que fit Marillac. M. Chéruel, dans son Administration monarchique (t. Ier, p. 291), parle du conseil d'État en homme qui n'a jamais vu les arrêts originaux et le fonctionnement de ce rouage gouvernemental. Il le décrit théoriquement, d'après des ordonnances qu'il suppose avoir été exécutées. Il a vu dans l'ordonnance : On fera ceci et cela, et il dit, parlant du conseil : On faisait ceci et cela. C'est une erreur ; on faisait tout autre chose et tout autrement. C'est le danger d'écrire d'après les lois, sans s'occuper de leur mise en pratique.
[30] Ils sont déposés aujourd'hui aux Archives nationales, où l'administration a commencé â les faire relier. Chaque carton fournit à peu près la matière de deux volumes in-folio pour cette époque. De 1624 à 1643, il y avait, pour le conseil des finances, quatre-vingts cartons (de E 78 à E 158), soit cent soixante volumes contenant une moyenne de trois cents arrêts, ce qui donne pour cette période environ quarante-huit mille arrêts du conseil des finances. Il n'existe aux Archives que deux volumes du conseil des dépêches à cette époque (E 1685 — E 1686). Le conseil privé est le plus abondant (V 6, 34 à 153).
[31] Ou bien : Entre N... et N...
[32] E
[33] Voyez arrêts des 24 et 25 janvier 1624. (Loc. cit.)
[34] Les expéditions des arrêts du conseil d'État étaient délivrées et signées par le secrétaire d'État de la maison du Roi.
[35] Samuel Spifame, seigneur de Bisseaux ou Buisseaux. Sa sœur épousa Jacques Rivière, chevalier, vicomte de Comnène et de Quincy. Sa famille est fort connue au seizième siècle. Son grand-oncle, Jacques-Paul Spi-faine, président au Parlement, évêque de Nevers, abjura le catholicisme, se maria, fut fait pasteur, et finit par être décapité à Genève, sur l'ordre de Calvin. Le frère de Jacques, avocat au Parlement, enfermé dans un château royal, composa trois cents arrêts de fantaisie, dont plusieurs ont été attribués à Henri III.
Charles Brulart, prieur de Léon, en Bretagne, cousin du chancelier, ambassadeur à Venise, 1617, puis en Suisse et à Ratisbonne (1630) avec le P. Joseph, † 1649, doyen des conseillers d'État. A laissé une relation manuscrite de ses ambassades.
Jean-Jacques de Mesmes, seigneur de Roissy, né 1559,
conseiller au Parlement (1583), maitre des requêtes (1594), conseiller d'État
(1600), fut chargé en 1617 d'espionner
[36] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 111.
[37] Dans ce cas, on remplaçait la formule : Le Roi en son conseil, par celle-ci : Le Roi étant en son conseil.
[38] Omer TALON, Mémoires, p. 152.
[39] On les placardait
à la grande porte du château du Louvre, à la porte du garde des sceaux, à
l'entrée de la cour du Palais, à la muraille du grand degré de
[40] Construction faite par Gabrielle d'Estrées, dans le style du temps. (TALLEMANT, Historiettes, t. III, p. 144.)
[41] Plumitif de
[42] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires,
p. 35. — Cet usage de faire entrer des étrangers au conseil subsista longtemps.
Les officiers de
[43] Les avocats avaient dans les principales résidences du Roi des maisons exemptées de la craie, où ils logeaient leurs clients. (Lettres patentes, septembre 1641.)
[44] Au dix-huitième siècle, les cardinaux passèrent avant les princes.
[45] Règlement du 18 janvier 1630.
[46] TALON, Mémoires, p. 65 et 67. — Dans les cours souveraines, on se couvrait après les premiers mots de son avis. Sous Louis XIV, on était assis au conseil des finances, parce qu'il faut être à son aise pour écrire et compter. Mais au conseil des dépêches, tout le inonde était debout, sauf le chancelier et le chef du conseil des finances. (Abbé DE CHOISY, Mémoires, p. 579.)
[47] On peut observer que les pays où le prince accepte le moins de conseils sont justement ceux où il a le plus de conseillers. C'est ce que nous voyons aujourd'hui encore en Russie.
[48] Ce dernier l'obtint pour ses pièces. (TALLEMANT, t. VIII, p. 134.) Le nonce l'eut en 1616, mais à la fin de sa nonciature. C'était un moyen de lui donner une pension. (Lettres et papiers d'État de RICHELIEU, t. Ier p, 198.)
[49] Richelieu accuse Châteauneuf de ce trafic, notamment pour le sieur Godart. (Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 459.)
[50] En 1621. (BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 162.)
[51] Flor. RAPINE, Rel. des états généraux, p. 216. — D'Ormesson en compte quarante en 1616, mais ce chiffre était doublé par les maîtres des requêtes et les officiers de finances.
[52] En 1630. (Voyez à l'Appendice.)
[53] Mémoires, p. 4.
[54] TALON, Mémoires, p. 95.
[55] Le conseil privé, dit LE BLET (Souveraineté du Roi, p. 157), est établi pour recevoir les plaintes des oppressions et des tyrannies que l'on exerce sur le peuple, dans les provinces, à quoi ni les juges ordinaires ni les parlements ne peuvent ou négligent de donner ordre, pour juger des différends qui arrivent entre les cours souveraines, pour conserver les droits et l'autorité de la couronne, pour connaitre des évocations en d'autres parlements, pour ordonner sur les règlements de juges, pour avoir l'œil sur les baux à terme des revenus du royaume. Ses archives devaient être réunies au Louvre. Édit de mars 1631.
[56] Ou à certains corps, comme à l'Ordre de Malte, à celui de Cîteaux, aux Jésuites, aux Pères de l'Oratoire, en 1629, et à plusieurs autres, avec ces termes : circonstances et dépendances (O. TALON, Mémoires, p. 135.)
[57] Elles en effrayaient aussi leurs adversaires, qui aimaient mieux se racheter, que de courir le hasard devant des juges qu'ils ne connaissaient pas et qui étaient choisis par leurs parties. (O. TALON, Mémoires, p. 135.)
[58] O. TALON, Mémoires, p. 135. Et quelle vexation aux parties, même si elles gagnaient, de soutenir une instance au conseil, où la juridiction était ambulatoire, où personne n'était condamné quand il ne voulait pas comparoir ! La quatrième espèce d'évocations consistait dans le renvoi de l'affaire aux requêtes de l'hôtel, où les juges changeaient de trois en trois mois.
[59] DU HAILLAN, État des affaires de France, liv. III.
[60] Quinze sous.
[61] Remontrance citée
dans
[62] Lettres et papiers d'État de RICHELIEU, t. II, p. 169.
[63] Au Parlement, le
contentieux civil ; à
[64] Archives nationales, KK. 624. — Le grand conseil, institué par édit du 13 juillet 1498, se composait du chancelier, des maîtres des requêtes, de vingt conseillers, d'un procureur général et de deux secrétaires. Il eut ensuite un premier président et des présidents particuliers. Par édit de décembre 1635, on créa deux présidents et dix conseillers nouveaux.
[65] On a vu qu'au conseil d'État, en tête de l'arrêt, on inscrivait cette formule : Le Roi en son conseil... Il n'en était pas de même au grand conseil, où l'on se contentait de mettre : Le conseil...
[66] Le Tonnelier devint en 1620 procureur général à la cour des aides.
Pierre Dreux, conseiller au grand conseil, y devint en 1627 avocat général. La maison de Brézé s'était fondue dans celle de Maillé, qui devait en porter le titre. La branche des Maillé-Brézé s'étant éteinte par le décès du duc de Fronsac, neveu de Richelieu, la famille parlementaire de Dreux acheta à la fin du dix-septième siècle le marquisat de Brézé, dont elle prit le nom.
Charles Malon, sieur de Bercy et de Conflans, premier président du grand conseil (1613), avait été conseiller à la cour des aides (1595), puis au Parlement (1598), maitre des requêtes (1608) et conseiller d'État. † 1638, à soixante-dix ans. Il fut le seul des présidents que Luynes ne parvint pas à gagner. Bois-Robert et Molière ont pris pour type le président de Bercy, l'un dans sa Belle Plaideuse, l'autre dans l'Avare, dans la scène où le père fait métier d'usurier envers le fils. Charles Malon était beau-frère de Matignon.
Le Gras, secrétaire des commandements de
Trois conseillers au grand conseil, J. de Bretinières, Pierre de Bernières, Henri de Maton, eurent à cette époque des procès pour rapt et enlèvement. Un autre, le sieur de Mézières-Le Normand, assassina sa femme et fut condamné à avoir la tête tranchée.
[67] Le Roi renvoyait un secrétaire d'État, et en prenait un autre, à l'insu de ceux qui étaient en fonction avec lui, qui généralement n'étaient pas consultés. Richelieu nous fait lui-même connaître cette situation. (Mémoires, t. Ier, p. 302.)
[68] Le Règlement de
1589 leur attribue un clerc et six commis à chacun. C'est le point de départ
des bureaux actuels. On voit s'ils ont prospéré ! L'un portait le titre de
premier commis et le conserva jusqu'à
[69] Philippe VI de
Valois en avait sept, et soixante-quatorze secrétaires notaires ; le roi Jean,
cinquante-neuf ; Charles V, huit ordinaires et trois extraordinaires en tout.
Charles VI les porta à douze. Dans ses voyages, Louis XI se servait du notaire
de chaque localité, qu'il mandait, faisait écrire sous sa dictée, et par lequel
il faisait même contresigner ses lettres. Henri II les réduisit à quatre, et
porta en 1547 leurs gages de
[70] Ce qui constitua d'abord la différence des secrétaires ordinaires et privilégiés avec les autres secrétaires du Roi, ce fut l'autorisation, donnée aux premiers par lettres patentes, de signer en finances. Au dix-septième siècle, les secrétaires d'État méprisèrent cette qualité de secrétaire des finances, ambition de leurs prédécesseurs, et l'abandonnèrent aux simples notaires-secrétaires.
[71] En 1624,
[72] FAUVELET DU TOC, id., ibid.
[73] La fonction de
secrétaire du Roi fut, du reste, sous Louis XIII, avilie par le nombre. Au
commencement, ils étaient vingt-six. On en créa d'abord dix nouveaux ; puis,
par édit de décembre 1635, on porta leur nombre à cent vingt, par la création
de quatre-vingt-quatre charges nouvelles. Leurs gages fixes étaient de
[74] Le Règlement de 1588 portait : Lorsqu'ils se trouveront au conseil, ils se tiendront debout, si le Roi y est, et assis auprès d'une petite table à part, si le Roi n'y est pas, séparés de la séance des conseillers, à moins que l'un d'eux n'ait séance. Dans ce cas, ils avaient voix consultative et délibérative ; dans le cas contraire, ils avaient seulement voix délibérative, et seulement pour les affaires qui les concernaient.
[75] BRIENNE, Mémoires, p. 4.
[76] Archives nationales, KK. 201, Comptes de l'épargne, fol. 2.
[77] Extrait des
offices commensaux chez Rocollet. — Henri-Auguste de Loménie, seigneur de
Louis-Henri de Loménie, fils de précédent, lui succède dans sa charge, épouse Henriette Bouthillier, fille du comte de Chavigny, très-belle personne ; fut enfermé à Saint-Lazare de 1674 à 1692, pour une affaire assez obscure. Il avait dupé le duc de Mecklembourg, mais il y eut aussi beaucoup de dureté de la part de ses parents. † 1698 à l'abbaye de Saint-Severin de Château-Landon.
[78] Voyez État de
[79] D'après le Règlement
de 1588, ils ne devaient hanter, ni fréquenter, ni
manger, chez quelques princes, seigneurs ou autres quels qu'ils fussent, que
chez Sa Majesté, ou entre eux, ne rien prendre que de Sa Majesté. Ils
étaient toujours révocables. Leur devoir les attachait exclusivement à la
personne du Roi ; ils s'en faisaient aussi un titre de gloire. Beauclerc, l'un
d'eux, refusa en 1628 de rester auprès de Richelieu, à
[80] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 128. Ensuite de quoi, tous les autres secrétaires d'État firent de même.
[81] Cependant, les Rois se servaient déjà de l'autorité des secrétaires quand ils la jugeaient utile à couvrir leur responsabilité. Charles VIII avait donné un sauf-conduit en temps de guerre à un prince italien, qui tomba pendant son voyage dans une embuscade française et fut fait prisonnier. Il fut décidé en plein conseil que cette prise était valable, parce qu'un sauf-conduit, quoique accordé et signé par le Roi, est imparfait jusqu'à ce qu'il soit contresigné d'un secrétaire d'État. — GUICHARDIN, Histoire d'Italie, t. II, p. 50.
[82] Règlement de 1588. — Villeroy s'en plaint amèrement dans ses Mémoires. Nous n'écrivions, dit-il, que ce que nous connaissions être de l'intention de Sa Majesté. Désormais toutes les dépêches furent portées le matin au Roi : elles étaient ouvertes en sa présence, et il les faisait lire à tour de rôle par les secrétaires d'État. Ceux-ci les lisaient même quelquefois à voix basse ; dans ce cas, leurs collègues ne devaient pas chercher à connaitre ce qu'elles contenaient.
[83] Lettres et papiers d'État de RICHELIEU, préface, p. XIV.
[84] Lettres et papiers d'État de RICHELIEU, t. I, p. 196.
[85] Louis de Marillac,
né 1572, frère cadet du garde des sceaux, fils d'un avocat dubiæ nobilitatis, dit Tallemant. Épousa une
Médicis, mais d'une branche si éloignée, que
[86] Lettres et
papiers d'État de RICHELIEU,
t. I, p. 352. Chaque secrétaire d'État emportait, en quittant son poste, les
documents qu'il avait eus entre les mains. Il les considérait comme sa
propriété personnelle ; les actes des affaires du Roi
se confondaient ainsi parmi les papiers des familles particulières, en sorte
que la mémoire s'en perdait. (RICHELIEU, Lettres et papiers d'État, t. III, p. 134.) On
fit à cet égard un règlement en 1628, on en fit un antre en 1630 (18 janvier) ;
ils ne furent pas mieux observés que celui de 1588, qui ordonnait de remettre
an Roi, tous les trois mois, les copies des dépêches et réponses écrites au long en un cahier de papier que Sa Majesté veut
garder devers elle. Quand
[87] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 420.
[88] Voyez
[89] SANDRAZ DE COURTILS, dans ses Mémoires de M. L. C. D. B. (comte de Rochefort), p. 37, en donne un exemple : Quelquefois un trait semblable signifiait vingt mots différents, et il n'y avait que ceux qui possédaient la clef qui pussent y connaître quelque chose. Pour bien expliquer ceci, il faut savoir qu'on était convenu qu'un trait signifierait un mot tout entier, d'une ligue de saint Augustin, et que pour savoir lequel c'était, on mettrait le chiffre de la page au-dessous du trait, et à côté celui de la ligne-et celui du rang où se trouverait le mot. Si c'était le mot J'aurais et qu'il fût à la dixième page de saint Augustin, à la dixième ligne, et le cinquième en rang dans la ligne, la figure était faite de cette manière : 10 1. 105.
[90] Les hommes et les
choses y ont leur surnom. Le Roi s'appelle Alexandre
ou le Chêne ;
[91] Il se couchait
ordinairement à onze heures, dormait quelques heures, puis écrivait, ou
dictait, et se rendormait sur les six heures, pour se lever entre sept et huit.
Son principal secrétaire, Charpentier, était avec lui en 1608, quand il alla
prendre possession de l'évêché de Luçon, et ne le quitta pas jusqu'à sa mort.
Il imitait assez bien l'écriture du Cardinal, lorsque l'étiquette exigeait
qu'il parût avoir écrit lui-même. C'était le secrétaire de la main, comme Lucas, près de Louis XIII, du
Fin, près de Henri IV, et Bose, puis de Louis XIV. Il n'a jamais voulu prendre
la moindre confiscation, dit Tallemant (t. II, p. 187), a refusé des dons, et
s'est contenté de peu de chose. Un antre secrétaire fut Pierre Cherré, qui
devint maitre des comptes en 1642. Il était de Nogent-le-Rotrou, et plut au
Cardinal, parce qu'il était secret et assidu.
Il fut chassé pour avoir entretenu un commerce de lettres avec un prisonnier à
[92] Voyez sur le
cabinet de Richelieu ses Lettres et papiers d'État, Préface, p. XIII.
François Le Clerc du Tremblay, né 1577 † 1638, surnommé l'Éminence grise. Fils
d'un président aux requêtes du Palais, se fit capucin avant vingt-deux ans, se
signala par ses missions et ses réformes claustrales. Le Cardinal lit
connaissance avec lui en Poitou, où il était envoyé par ses supérieurs. Jamais, dit Tallemant, il
n'y eut un homme plus intrigant, ni d'un esprit plus de feu. Un temps, il ne
faisait que prêcher la guerre sainte. Madame de Rohan, MM. de Mantoue, de
Brèves et lui, prenaient fort souvent tout l'Etat du Turc. Richelieu en
parle pour la première fois dans ses Mémoires en 1617, comme d'un homme qui lui donne de bons avis ; et deux ans plus tard, qui a grande passion au rétablissement de ses affaires.
Son frère fut gouverneur de
Il a le zèle séraphique,
Il travaille pose l'hérétique,
Il a sui.ant et secrétaire,
Il a carrosse, il a cautère,
Il a des laquais insolents
Qui jurent mieux que ceux des grands.
[93] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 171.
[94] FAUVELET DU TOC, Histoire des secrétaires d’État, p. 45. Il y eut ensuite un règlement en 1567, sous Charles IX, un autre sous Henri III, en 1589, et un dernier sous Louis XIII, en 1626.
[95] C'est donc à tort que M. d'Hauterive dit : Richelieu sentit le besoin de réunir ces sections éparses dans un seul ministère, et ce département fut le seul qui eut une circonscription déterminée. (Calculs et observations sur la dépense d'une grande administration, p. 28.) Cet état de choses existait bien avant lui.
[96] Voici la répartition des provinces entre eux, en 1626 :
Le premier a : Paris, Orléans, Bourges, Soissons et Navarre ;
Le deuxième : Poitou, Lyonnais, Dauphiné, Marche, Limousin, Angoumois, Saintonge ;
Le troisième : Bretagne, Brie, Champagne, Provence, et Trois-Évêchés ;
Le quatrième Guyenne, Bourgogne, Languedoc, Touraine, Maine, Anjou, Normandie, Bourbonnais, Picardie, Auvergne, Nivernais, Aunis.
Chacun avait en outre les Fortifications dans ses provinces. On remarquera que cette division intérieure est beaucoup moins logique que celle de 1547. Fauvelet du Toc, à qui nous l'empruntons, donne de 1547 à 1668 le chiffre de trente-huit secrétaires d'État, en tout, pendant cent vingt et un ans !
[97] Les grands
aumôniers furent, de 1624 à 1643, le cardinal de
[98] Dans le principe, le Roi se proposait même de changer chaque année le département des secrétaires d'Etat, afin qu'ils fussent mieux instruits de toutes sortes d'affaires. Et le règlement ne fut jamais abrogé, bien qu'il soit de bonne heure tombé en désuétude.
[99] Lettres et papiers d'Etat, t. V, p. 760. François Sublet, seigneur de Noyers, 1578-1645, trésorier de France à Rouen, appelé à Paris par Boschard de Champigny, son oncle, commis au contrôle, 1631 ; conseiller d'État, puis contrôleur général des finances, 1635 ; devint en 1636 secrétaire d'Etat de la guerre, après Servien. Il eut lui-même pour successeur Le Tellier en 1613. Il était en même temps surintendant des bâtiments, concierge de Fontainebleau. Il plut à Richelieu, et acquit un grand pouvoir sur l'armée. L'abbé Arnauld parle de sa rudesse et de son austérité. Tallemant dit qu'il avait une vraie âme de valet ; qu'il raccommodait même les cannes de Sots Éminence. Cinq-Mars lui disait en l'embrassant, pour se moquer de ce qu'il portait l'épée : Et à vous, mon brave. Monglat (p. 135) dit que le Roi s'enfermait tous les soirs avec lui, pour dire le bréviaire. Un de ses frères fut évêque de Mende ; un autre, trésorier de l'ordinaire des guerres, de 1626 à 1654. On voit un Sublet fermier des parties casuelles, un autre, Charles Sublet, gouverneur de Sisteron, et un troisième, Michel, sergent de bataille, en 1612. Ils avaient été anoblis en 1574.
[100] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 178.
[101] Essai sur l'histoire du tiers état, p. 140.
[102] Henri IV savait si Lien la facilité qu'il y avait de voler, dit Tallemant (t. I, p. 149), qu'il faisait état, pour relever cette charge, de la donner à M. de Vendôme, quand il aurait plus d'âge. Il faut convenir que le remède eût été médiocre.
[103] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 231.
[104] ARNAUD D'ANDILLY, Mémoires, p. 433.
[105] ARNAUD D'ANDILLY, Mémoires,
p. 432. — Robert Arnauld d'Andilly, 1589-1674, fils d'Antoine Arnauld, avocat
général. Son père avait eu vingt enfants ; il en laissa dix en mourant, dont le
célèbre docteur était le dernier. Un antre fut évêque d'Angers. Il y eut six
filles religieuses. Robert Arnauld donne sur sa famille de grands détails dans
ses Mémoires ; mais il faut se délier de lui è cet égard, parce qu'il admire
presque tous ses parents, et qu'il estime encore beaucoup ceux qu'il n'admire
pas. Il épousa mademoiselle de
[106] Gazette du 19 février 1633. On leur attribua à chacun vingt mille livres de gages. Richelieu, durant son double ministère de 1617, chargé de la guerre et des affaires étrangères, avait eu dix-sept mille livres. (Lettres et papiers d'État, t. I, p. 191.) Saint-Chaumont ayant annoncé sa nomination à Gordes, capitaine des gardes, celui-ci entra chez le Roi en riant à gorge déployée : Sire, Saint-Chaumont dit que Votre Majesté l'a fait ministre d'État ; quel sot croirait cela ? (TALLEMANT, t. II, p. 230.)
Melchior Mine de Chevrières, marquis de Saint-Chaumont, 1610, lieutenant de Roi à Lyon, 1627 ; envoyé en Piémont, 1635 ; en Allemagne, 1631 ; lieutenant du gouvernement de Provence. 1649. Il avait épousé la sœur du maréchal de Gramont. Il fut disgracié pour avoir laissé échapper de Nancy la princesse Marguerite de Lorraine, qui depuis épousa le duc d'Orléans.
Jean de Gallard de Béarn, comte de Brassac, seigneur de
[107] TALLEMANT, Historiettes, t. V, p. 51.
[108] On comprend dans ces conditions que Brienne s'étonne, en 1643, que les secrétaires d'État soient encore laissés debout au Conseil. (Mémoires, p. 81.) Le Roi ne voulait pas ouvrir le Conseil, si M. de Noyers n'y était pas. Non, non, disait-il, attendons le petit bonhomme. (TALLEMANT, t. III, p. 78.)
[109] G. PATIN, Lettres, t. I, p. 245. (M. Le Roy.)
[110] Mémoires, t. XIII, p. 56. (Éd. Chéruel.) On ne peut voir sans étonnement le fils du duc de Saint-Simon, dont le père avait, sans droit et sans motif, atteint d'un seul coup le premier degré de la noblesse, critiquer avec cette amertume des fonctionnaires dont les uns comptaient plusieurs générations d'ancêtres utiles, et dont les autres étaient eux-mêmes des ancêtres pour leur race, des hommes de génie, comme Colbert.
[111] Quelquefois le conseil d'État leur renvoyait certains procès, sur lesquels il leur attribuait, par arrêt spécial, juridiction souveraine.
[112] D'Ormesson, dans ses Mémoires, dit qu'en 1586 aucun maitre des requêtes n'entrait au Conseil pour y rapporter, mais que les seigneurs d'épée, d'Église, ou les personnages considérables, avaient seuls ce privilège.
[113] En ce temps-là, dit Tallemant, ils allaient plus sur des mules qu'en carrosse. (T. VIII, p. 138.)
[114] Lettres patentes du 21 novembre 1629. Archives nationales, AD1 a.
[115] Allusion à ce qu'ils jugeaient sans pièces.
[116] RÉGNIER, satire XVI.
[117] Ce rang leur
était pourtant disputé. Aux obsèques du cardinal de Retz, on présenta le
goupillon à quatre présidents du Parlement, à quatre présidents de
[118] Édits d'août et décembre 1635, décembre 1639, février 1630, janvier 1642. II faut remarquer que les maîtres des requêtes achetaient leurs offices, et en étaient propriétaires, tandis que les conseillers d'État n'exerçaient que par commission.
[119] Nous traiterons des intendants à l'Administration provinciale.
[120] Ces charges enchérirent rapidement. Quelqu'un, dit G. Patin en 1657, offrit hier de l'une cent douze mille écus. (Lettres, t. III, p. 80.)
[121] François de
Vertamont, conseiller au Parlement, puis maitre des requêtes, chargé d'une
mission à Oléron, en 1627 ; avait été commis de l'épargne, sous
Louis de Machaut, seigneur d'Arnouville, conseiller d'État, 1624 ; en mission en Bretagne, 1627 ; munitionnaire de l'armée, à Narbonne, 1630 ; intendant en Languedoc, 16'60. Un Machaut était président au grand conseil, et mourut en 1667 ; un autre était gentilhomme ordinaire de Monsieur en 1615.
Claude de Paris, intendant à Rouen, 1635-1643. Famille anoblie en 1395, en la personne de Jacques Paris,
De Lanson, employé par Richelieu aux affaires du commerce ; président au grand conseil, conseiller d'État et maitre des requêtes.