Quel qu’ait été le sens de la loi promulguée par Septime Sévère en Palestine, en 202 ; quel que fût le dessein ou l’intention politique qui l’eût dictée, on ne voit pas qu’elle ait, en fait, produit à Rome, en Italie, en Gaule et dans les provinces d’Asie aucune secousse violente, ébranlé l’opinion, réveillé fortement les haines assoupies, ni déchaîné contre les chrétiens une guerre qui, à ce moment et vu leur nombre, eût répandu partout des flots de sang. Que dans ces diverses provinces il n’y ait eu, sous le règne de Sévère, aucun chrétien tumultuairement maltraité, traduit devant les autorités, condamné judiciairement, mis en prison, envoyé aux mines ou exécuté à mort, il serait absurde de le prétendre ; mais les actes de violence populaire ou les condamnations légales, impossibles a compter, paraissent avoir été rares en somme, et constitueraient fort malaisément une persécution, si une tradition moins douteuse et des documents plus explicites ne nous montraient l’Église souffrant aux deux extrémités de l’Afrique, du côté de l’Orient en Égypte, du côté de l’Occident dans la province proconsulaire. Nous n’avons guère de données sur les origines et les premiers progrès de l’Église en Égypte. Il semble qu’Alexandrie offrait aux porteurs de l’Évangile un terrain particulièrement propice et beaucoup plus qu’Athènes. Dans cette ville, la prédication de saint Paul, malgré son air philosophique, s’était bientôt heurtée aux mortels sourires du bel esprit sceptique[1]. L’exotique en matière religieuse n’y était plus suspect sans doute comme aux beaux temps ; mais l’esprit fin des Athéniens perçait vite à jour les nouveautés dont ils étaient si friands, et ils raillaient aisément ce qui choquait leur bon sens un peu court. Alexandrie n’avait rien d’une petite ville provinciale. C’était la seconde capitale de l’empire, le plus vaste entrepôt commercial du monde, une immense ruche industrielle en même temps qu’un abondant foyer de culture littéraire. Dans cette cité cosmopolite se pressaient des hommes de toutes races ; on y parlait toutes les langues ; tous les produits s’y échangeaient avec toutes les idées. C’était une exhibition permanente et universelle’ de toutes les mœurs, de toutes les doctrines et de tous les cultes. Nulle part l’autorité n’était plus libérale et moins tracassière. Le laisser-faire et le laisser-dire, dans cet incessant mouvement du travail et des échanges, étaient la loi commune. De plus, les juifs, si pleins de raideur et si enfermés en eux-mêmes en Palestine et dans la plupart des villes de l’empire, étaient a Alexandrie généralement d’esprit plus ouvert et plus large. Un frottement plusieurs fois séculaire avec les Grecs et des relations quotidiennes avec les étrangers leur avaient ôté nombre de préventions. Les plus éclairés d’entre eux avaient fait, au second siècle avant notre ère, la découverte des lettres et de la philosophie grecque, et ils s’étaient étonnés de trouver tant de sages et pures pensées chez ceux que leurs ancêtres et eux-mêmes considéraient comme les maîtres de l’idolâtrie. L’orgueil et un certain goût de prosélytisme mirent alors la plume aux mains de plusieurs juifs alexandrins, et on vit naître nombre d’écrits où, sous les noms d’Orphée, de Musée, de Linus, de Pythagore, de Sophocle et d’autres encore, les maîtres de l’hellénisme judaïsaient ouvertement. Ces écrits étaient comme une avance faite a la sagesse profane par les juifs éclairés, et la première pierre du monument rêvé par quelques-uns d’entre eux, l’établissement du judaïsme universel. Commencé au IIe siècle avant notre ère, le rapprochement du judaïsme et de l’hellénisme s’était continué dans les premières années de l’ère chrétienne par les travaux de Philon. Depuis longues années les écritures hébraïques mises en grec étaient par ce seul fait sorties de l’étroite obscurité du sanctuaire, et, sinon beaucoup lues au dehors, au moins accessibles à tous les esprits cultivés. Philon, en appliquant la méthode allégorique aux récits qu’on y pouvait taxer de puérilité, les rendait plus acceptables à la raison commune. Ses spéculations étaient une source un peu trouble peut-être, mais où, sans se contraindre à l’excès ni faire de trop violents sacrifices, pouvaient puiser les esprits philosophiques qui ne répudiaient pas toute religion, et les âmes religieuses qui ne condamnaient pas toute philosophie. D’autre part, cette haute exégèse ne descendait guère dans les masses populaires, et n’y avait pas étouffé les espérances et la foi dans les destinées d’Israël. N’était-ce pas un juif égyptien qui, un peu avant l’arrestation de saint Paul à Jérusalem, avait soulevé et conduit aux montagnes quatre mille Palestiniens enflammés par ses ardentes prophéties[2] ? N’était-ce pas un Alexandrin, encore ignorant de la personne de Jésus, attaché, nous dit-on, au baptême de Jean, et vraisemblablement formé à la dialectique de Philon, qui, à Ephèse, s’était fait le libre collaborateur de Paul, et, grâce à son éloquence très personnelle, avait rangé autour de lui à Corinthe un groupe de fidèles qui juraient sur son nom[3] ? Plus tard, pendant que Trajan, aux extrêmes frontières orientales de l’empire, voyait sa fortune et les armes romaines arrêtées devant Hatra, les juifs de la Cyrénaïque et de l’Égypte s’étaient soulevés en masse. Il avait fallu, pour venir à bout de cette insurrection, les meilleurs généraux de Trajan. Des flots de sang avaient coulé. A Cypre, à Alexandrie, les juifs avaient été massacrés par milliers. Ces tueries effroyables des années 116 et 117, et celles qui eurent lieu près de vingt ans plus tard, sous Hadrien, appauvrirent pour jamais le sang juif. On peut croire qu’elles ne nuisirent pas au développement de la société chrétienne. On ne rapporte la fondation de l’Église- d’Alexandrie à aucun des quatre grands apôtres. C’est Marc l’évangéliste, le disciple de Pierre, qu’on nomme comme l’initiateur de la foi à Alexandrie[4]. Eusèbe est le plus ancien rapporteur de cette tradition, qu’il donne comme telle, et qu’on n’a nul moyen de confirmer ni d’infirmer. Le besoin partout éprouvé de se rattacher a des personnages de lignée apostolique a pu faire attribuer ici à Marc un titre de fondateur qui appartient peut-être à quelque frère obscur venu de Palestine, d’Antioche ou de Rome. On ne sait, en somme, de façon certaine, ni en quelle année précise, ni par quelle bouche le nom de Jésus fut prononce pour la première fois sur la vieille terre d’Égypte[5]. Quoi qu’il en soit de ses obscures origines, le christianisme à Alexandrie dut recevoir l’empreinte du milieu où il s’établit. La ville était depuis longues années un centre important de culture, et si l’on peut dire, un grand marché d’idées. Toutes les doctrines trouvaient dans une population très mêlée des auditeurs sympathiques ou curieux. A côté de l’enseignement en quelque sorte officiel du Musée, quelques juifs interprétaient avec liberté les livres mosaïques et les écrits des philosophes. Des sophistes voyageurs, amoureux de gloire ou d’argent, donnaient des séances. L’esprit courait les rues. La lice n’était pas fermée aux chrétiens ; mais il importait qu’ils fussent aussi munis d’éloquence et bien armés de dialectique. La contradiction venait de tous les côtés et sous toutes les formes. La propagande chrétienne, à Alexandrie plus qu’ailleurs, dut ressembler a une lutte. Le simple récit des miracles et l’exposition de la tradition nue, qui suffisaient aux intelligences docilement passives de Palestine et de Rome, ne pouvaient toujours satisfaire les esprits plus éveillés et plus subtils des Alexandrins. Il fallut que les prédicants chrétiens fussent préparés pour la défense et pour l’attaque. Tout missionnaire dut être doublé d’un polémiste et d’un savant. En fait, c’est à Alexandrie que naquit la science chrétienne, et que la foi nouvelle s’essaya à mériter le nom de philosophie. C’est là que s’éleva et s’organisa la première école théologique. On l’appelle l’école ou le didascalée[6]. Les seuls maîtres de cette école dont les noms soient venus jusqu’à nous sont Pantène, sorti, dit-on, de l’école stoïcienne, Clément d’Alexandrie, explorateur très diligent des philosophies et des religions profanes, et Origène, le plus vaste et le plus libre génie de l’antiquité chrétienne. Tous trois sont contemporains et purent enseigner à peu près en même temps. Avec eux, la théologie chrétienne tâtonne et se cherche. Avant eux et autour d’eux, on avait essayé, on essayait encore, entre les philosophies et les traditions religieuses auxquelles on superposait la tradition chrétienne, de périlleux accommodements et d’aventureuses synthèses. On sait qu’au second siècle Alexandrie fut le plus actif laboratoire des hérésies qui rayonnèrent en Orient et en Occident. Nous n’avons nulle donnée sur l’enseignement de saint Pantène. Eusèbe dit qu’il a écrit, mais ne mentionne pas les titres de ses ouvrages[7]. Saint Jérôme cite de lui, comme existant encore de son temps, des commentaires abondants sur l’Écriture. Il marque cependant qu’il servit plus l’Église par la parole[8]. En tout cas, cette sobriété de plume ne lui a pas nui : seul des trois, en effet, bien qu’il n’ait à aucun degré fait partie de la hiérarchie ecclésiastique, il porte communément le nom de saint, tandis qu’on le dispute à Clément, et que la mémoire d’Origène, au sein de l’Église, demeure équivoque et suspecte. Saint Jérôme, qui ne pouvait s’empêcher d’admirer la science du grand docteur alexandrin, était pour cela mal noté de plusieurs. Avant Pantène, on ne cite aucun maître du didascalée chrétien. En rapporter l’institution à saint Marc, c’est appuyer une hypothèse sur une autre. On ne sait pas, de science certaine, si Marc a jamais mis le pied à Alexandrie ; et assurément si, parmi les personnages apostoliques, il en est un auquel manqua l’ouverture d’esprit nécessaire pour être écouté dans une ville savante, y établir quelque chose qui ressemblât à un enseignement méthodique, et y fonder l’union de la science et de la foi, c’est le rédacteur du second Évangile. Nul d’ailleurs, à ce moment, ne pouvait songer à la philosophie chrétienne. En outre, ne serait-il pas étrange que Marc eût fondé l’école chrétienne d’Alexandrie entre les années 60 et 70, et que le premier maître de cette école dont il soit fait mention expressément y ait enseigné seulement sous le règne de Commode, c’est-à-dire plus d’un siècle après ? Eusèbe cependant semble marquer que le didascalée existait avant Pantène. On peut se l’expliquer aisément. Si la foi nouvelle, à la fin du premier siècle ou au commencement du second, gagna quelque esprit éclairé, disciple de Philon ou des philosophes grecs, il dut h son tour faire servir ses lumières et son esprit à justifier et à propager ses opinions. Le christianisme à Alexandrie eut autant de chaires, si l’on peut dire, qu’il avait conquis de philosophes. On n’avait sans doute nul besoin, pour faire de la propagande et enseigner, de demander à l’évêque des lettres d’investiture. On peut donc supposer avec grande vraisemblance qu’avant Pantène il y eut a Alexandrie plusieurs centres d’enseignement chrétien, jouissant d’une certaine indépendance entre eux et relativement à l’autorité encore mal définie de l’évêque. Il est possible maintenant qu’à la fin du second siècle l’organisation, qui avait manqué jusqu’alors à ces écoles libres et dispersées, ait été établie, et qu’au lien de large confraternité religieuse, qui avait suffi dans les premiers temps, on ait, avec le progrès de la hiérarchie, substitué un lien de subordination plus étroit entre les docteurs et le chef élu de l’Église d’Alexandrie. L’enseignement chrétien — lequel comprenait parfois aussi les lettres profanes — resta distinct de l’administration ecclésiastique, sans en être séparé. L’évêque désigna les docteurs du didascalée. C’est peut-être ce qu’il faut entendre quand on dit que Pantène fut le premier maître du didascalée. Il y eut avant lui des docteurs et des polémistes chrétiens à Alexandrie. Il s’en trouva d’autres aussi sans doute dans le même temps[9], parlant avec plus ou moins de liberté. Pantène, sous Commode, fut le docteur autorisé de la grande Église qui, avec le plus d’éclat et d’éloquence, représenta la tradition et les idées du plus grand nombre, et fut le mieux selon le cœur de l’évêque Julianus, qui gouverna la communauté de l’an 180 à l’an 190. A Alexandrie plus qu’ailleurs, le christianisme se divisait en sectes rivales et parfois hostiles les unes aux autres ; mais si l’on peut considérer Clément et Origène, contemporains et successeurs de Pantène au didascalée, comme les interprètes de la grande Église, on peut dire que dans cette ville aussi plus qu’ailleurs le christianisme fut ouvert à la haute spéculation, sympathique en général à l’ancienne philosophie, tolérant pour le libre examen, plus soucieux de l’esprit que de la lettre, plus empressé a éclairer les esprits et à les convaincre qu’à les soumettre et a les lier des chaînes de la foi. A un observateur superficiel, jugeant les choses du haut de son dédain et en courant, Grecs, Égyptiens, juifs et chrétiens d’Alexandrie, semblaient s’entendre dans un monothéisme confus, vague et compatible avec les plus puériles superstitions[10]. Cette constatation d’entente signifie au moins qu’à Alexandrie régnait la pleine tolérance des cultes. On ne voit pas que jusqu’au règne de Sévère l’autorité romaine ait pensé à l’entraver. C’eût été aller contre les plus vieilles règles de sa politique. Rome ne songea jamais, comme on sait, à imposer l’unité de croyances et de cérémonies religieuses. Si à Alexandrie, au milieu de la diversité, l’entente était apparente, a quel titre intervenir et dans quel but ? Eusèbe nous donne la série complète des chefs de l’Église d’Alexandrie qui se sont succédé depuis Annianus, la huitième année du règne de Néron (64), jusqu’à Démétrius, qui fut élu évêque la dixième année du règne de Commode et gouverna la communauté chrétienne de cette ville pendant quarante-trois ans, jusqu’à la dixième année du règne d’Alexandre Sévère[11]. De ces personnages obscurs et sans histoire on ne nous dit pas qu’un seul ait été poursuivi ou inquiété par le pouvoir. Il n’est pas possible cependant que, dans le même temps où ils étaient si cruellement condamnés en Gaule et maltraités en Asie, les chrétiens ne fussent au moins suspects en Égypte et à Alexandrie. Le fâcheux renom que donne toujours la proscription légale pesait partout sur la doctrine, sinon sur les personnes, et celles-ci en tout lieu étaient à la merci du mauvais vouloir des autorités locales et des simples particuliers. Si pourtant il y avait eu à Alexandrie, sous les Antonins, quelque exécution analogue à celle de Poly-carpe et des Philadelphiens de Smyrne, ou quelque scène semblable a celle qui s’était passée à Lyon en 177, Eusèbe n’eût pas manqué de la consigner dans son histoire. Pourquoi cet état de choses changea-t-il sous Sévère ? On n’a que des hypothèses pour répondre à cette question. Quant au fait même, le témoignage d’Eusèbe est très explicite. Sévère, dit-il, ayant excité une persécution contre les Églises, dans toutes les villes on vit des athlètes combattre pour la religion, et d’illustres martyrs succomber partout. Leur nombre fut grand surtout à Alexandrie. De toute l’Égypte et de la Thébaïde, on amena dans cette ville, comme dans un stade divin, les plus généreux combattants qui, après avoir d’une âme invincible supporté jusqu’à la mort des tourments de toute espèce, reçurent de Dieu d’immortelles couronnes[12]. Le même historien marque au chapitre suivant la date de cette persécution : Sévère, dit-il, était dans la dixième année de son règne ; Lætus gouvernait Alexandrie et toute l’Égypte en qualité de préfet, et Démétrius, successeur de Julianus depuis peu, administrait les Églises de ce pays[13]. La plupart se cachaient ; d’autres quittaient la ville. La où les accusateurs manquaient, l’autorité ne se mettait pas en mouvement. On laissait vraisemblablement partir ceux qui, bien que connus pour chrétiens, n’étaient dénoncés et traduits en justice par personne. C’est ainsi que Clément, le maître du didascalée, put se retirer, passer la mer, gagner l’Asie-Mineure, mettre ses jours a l’abri, attendre la fin de la tourmente. D’autres, plus fiers ou plus zélés, demeuraient sans fléchir à la terreur régnante, excités au contraire et comme exaltés par le péril. Le jeune Origène, alors âgé de dix-sept ans, était de ceux-là. Il voulait afficher ses sentiments, braver les persécuteurs, donner sa vie pour sa foi. On arrêta son père Léonide, qu’on mit en prison. Origène brûlait du désir de se joindre à lui. Il fallut que sa mère, dont les prières et les larmes restaient vaines, cachât ses vêtements pour l’empêcher de sortir de la maison. Il écrivit alors a son père pour l’encourager et soutenir sa fermeté contre toute défaillance. Léonide eut la tête tranchée, et les biens qu’il laissait furent confisqués. Le jeune homme, aîné de cinq enfants, fut recueilli par une riche matrone qui donnait aussi asile à un chrétien d’une secte dissidente, homme fort éloquent, dit Eusèbe, que les fidèles ne se faisaient nul scrupule d’aller entendre. Vivant sous le même toit, sans doute a la même table hospitalière, ils priaient tous deux séparément, et la communauté du danger ne leur faisait pas oublier leurs dissentiments[14]. Pendant que l’Eglise d’Alexandrie était en proie à ces tribulations, le jeune Origène tint école, d’abord de lettres profanes, puis, sur la prière de quelques païens, commença a instruire les catéchumènes et a développer les enseignements de la foi. Plusieurs de ses disciples, enflammés par sa parole, couronnèrent ses leçons par le martyre, soit qu’ils l’eussent volontairement cherché ou qu’une chaleur imprudente les eût désignés aux rigueurs, soit que la jalousie on la haine les eût fait accuser publiquement. On mentionne Plutarque, Sérénus, Héraclide, Héron et un autre personnage du nom de Sérénus[15]. Aquila avait succédé à Lætus dans le gouvernement de l’Égypte. Il semble que l’école du jeune docteur fût pour quelques-uns une préparation au martyre. Parmi les fidèles de sens plus rassis, beaucoup trouvaient immodéré le zèle du maître, et l’accusaient de troubler et d’égarer l’esprit de ses disciples. A propos de Plutarque, Eusèbe rapporte qu’Origène faillit être assommé par les amis de ce saint martyr, qui lui reprochaient d’être la cause de sa mort. Que veulent dire ces derniers mots, si ce n’est qu’à ce moment Origène enseignait moins à vivre qu’à mourir ; qu’au lieu d’exhorter à céder a la rigueur des temps, a éviter tout éclat, et à attendre la fortune sans la provoquer, le jeune maître, impatient de tout ce qui ressemblait aux voies étroites et tortueuses de la prudence mondaine, poussait ses auditeurs au combat ? On doit ajouter que lui-même ne s’épargnait pas, s’exposait hardiment, se faisait connaître à tous, dans l’Église et hors de l’Église, par les secours que sa charité rendait aux confesseurs sortis ou non de son école. Eusèbe raconte qu’il les visitait dans les prisons, les suivait devant les tribunaux où ils étaient interrogés et jusqu’au lieu du supplice. Le même historien ajoute que les païens, irrités du succès merveilleux de son enseignement et de sa propagande, et de la généreuse liberté avec laquelle il encourageait et assistait les martyrs, tentèrent a plusieurs reprises de lui faire un mauvais parti, investirent sa maison a main armée, l’obligèrent de changer plusieurs fois de demeure, et faillirent même un jour le lapider[16]. Ce passage d’Eusèbe suscite plusieurs questions qu’on ne peut s’empêcher de poser, encore qu’on n’y trouve point de fort bonnes réponses. La persécution sévit partout, dit-on, mais plus cruellement qu’ailleurs à Alexandrie et en Égypte. Sévère a réveillé et aggravé les vieilles ordonnances de proscription. La terreur règne dans la communauté. Clément, le chef du didascalée, et beaucoup d’autres ont pris la fuite ; d’autres se cachent. Quantité d’inconnus amenés de diverses parties de l’Égypte et de la Thébaïde sont mis a mort. Comment et pourquoi Démétrius, évêque d’Alexandrie depuis douze ou treize ans et plus en vue que tous les autres, est-il épargné ? Pourquoi Origène, qui prend alors la parole dans le didascalée muet et vide de maîtres, professe et enseigne alors la foi proscrite, scandalise et exaspère les païens par les succès de sa prédication étonne les fidèles mêmes par son audace, pourquoi, disons-nous. Origène, qui ne se cache point, et que les haines populaires désignent aux rigueurs officielles, n’est-il pas inquiété ? Si l’on dit que la loi de Sévère interdisait seulement la propagande, comme il paraît par les termes de Spartien, et défendait non d’être, mais de se taire chrétien, pourquoi donc alors Léonide, le père d’Origène, chrétien avant son fils, a-t-il été condamné et exécuté ? Pourquoi Origène, qui fait métier de convertir et de former les âmes à la foi nouvelle, et contrevient si directement a l’ordonnance impériale, n’est-il pas poursuivi, quand on frappé si durement ses disciples ? Il y a là une anomalie si étrange, qu’elle saute aux yeux et qu’on ne peut s’empêcher de la signaler. Dans certains temps de crise, les petits et les obscurs paient souvent pour les grands. Peut-être, comme tant d’autres à ce moment, Démétrius avait-il acheté l’impunité. Peut-être la mort de Léonide, récemment’ exécuté, faisait-elle sacrée la tête d’Origène. Peut-être le supplice du chef de la famille suffisait-il à l’autorité, et laissait-on le fils parler et agir à sa guise, et se livrer librement à ses effusions juvéniles. Peut-être ceux qu’on condamnait avaient-ils plus directement encore, par d’injurieuses paroles ou des actes sacrilèges, attaqué la majesté des empereurs ou des dieux. Les innocentes catéchèses d’Origène étaient peu de chose aux yeux de l’autorité, auprès d’un mot mal sonnant contre les Augustes. Parmi les malheureuses victimes de la persécution d’Alexandrie, on mentionne aussi plusieurs femmes : Héraïde, et une jeune esclave d’une grande beauté, nommée Potamienne, avec sa mère Marcella[17]. L’histoire de Potamienne a l’air d’un roman. Son maître l’aimait : elle ne voulut pas se donner à lui. Il se vengea en l’accusant d’être chrétienne. L’invraisemblable commence quand on nous montre la justice romaine complaisante à l’impudicité de ce maître débauché, entrant dans les intérêts de sa passion, plaçant la jeune fille dans l’alternative de se livrer à lui ou de périr, et s’évertuant à vaincre, par la force des tourments, cette chasteté indomptable. Le rôle qu’on fait jouer ici à Aquila, gouverneur d’Égypte, sous un gouvernement régulier, est vraiment trop odieux. Un détail donné est plus acceptable[18]. Potamienne est accusée auprès d’Aquila d’avoir maudit le gouvernement et proféré des imprécations contre les empereurs (Sévère et Caracalla) à cause de la guerre violente qu’on faisait alors aux chrétiens. Ces malédictions, apparemment, étaient alors dans toutes les âmes des fidèles, et parmi ceux-ci beaucoup ne savaient point les retenir. Peut-être, comme après l’insurrection juive de Bar-Kôzêbâ, que l’empereur Hadrien avait si durement étouffée dans le sang, y avait-il çà et là à Alexandrie et dans ses alentours des inquisiteurs officieux, des agents provocateurs, des policiers déguisés, faisant adroitement parler les personnes, entrant dans leurs sentiments, jouant l’indignation pour capter la confiance, puis désignant, livrant et accusant les imprudents, dupes de leurs manœuvres[19]. Un riche amoureux et évincé pouvait aussi, dans une rage de dépit, se venger, comme on le raconte du maître de Potamienne, et celle-ci préférer la mort au déshonneur. L’ingénieuse cruauté de ce temps, chez des juges bravés sur leur siège et poussés à bout, ne reculait devant aucune des atrocités qui révoltent le plus les consciences modernes, surtout quand il s’agissait d’esclaves, c’est-à-dire, comme on pensait, d’âmes viles. Ainsi l’on nous dit que le gouverneur d’Alexandrie Aquila menaça Potamienne de l’exposer k la brutalité des gladiateurs. L’impitoyable fantaisie des juges en ces sortes d’affaire n’avait donc pas de limites ? Un sinistre jeu de mots de l’Apologétique, intraduisible en français, et quelques antithèses d’un goût aussi douteux du traité de la Monogamie du même Tertullien, peuvent servir de commentaire à ce passage. En condamnant récemment une chrétienne à être livrée au prostitueur plutôt qu’au lion, — ad lenonem potius quam ad leonem, — vous avez reconnu, dit Tertullien, que la perte de la chasteté est plus terrible à nos yeux que tout supplice et que toute mort[20]. On ne sait si l’expression de Tertullien doit être prise dans un sens rigoureusement littéral. On voit bien que les femmes peuvent être condamnées in ministerium metallicorum ; que quand elles sont de condition servile, et que leurs maîtres ne veulent plus les reprendre, elles peuvent être mises en vente, et de la sorte passer entre les mains du leno. Mais qu’un gouverneur de province pût directement et par sentence expresse les livrer au prostitueur, nul texte juridique ne nous l’apprend. On a supposé[21] que ces condamnations signifiaient la servitude dans certains grands ateliers impériaux ou établissements publics, comme les Thermes, dont la confusion des sexes faisait de véritables lieux de débauche. Apparemment, les jeunes esclaves qui s’y trouvaient étaient les jouets de la fantaisie du premier venu. Pour une vierge chrétienne, être condamnée à servir en pareil endroit, c’était être livrée à la prostitution. Ce qui est plus vraisemblable, c’est que, dans les procès criminels faits aux chrétiens, les règles légales et les garanties assez précaires qui protégeaient les accusés ordinaires contre les caprices de cruauté des juges étaient souvent mises en oubli, et que le bon plaisir des magistrats, statuant loin des yeux du prince, sans crainte de .réclamation ni d’appel, décidait seul de la fortune, de l’honneur et de la vie de malheureux et de malheureuses contre lesquels pesaient les accusations de sacrilège, de lèse-majesté, de faction et de sortilège, dont chacune entraînait le dernier supplice. Potamienne fut, dit-on, brûlée vive avec sa mère Marcella. On raconte que le juge, irrité d’une de ses réponses, ordonna que Potamienne fût dépouillée de ses vêtements et plongée dans une cuve pleine de poix bouillante, et la jeune fille, plus émue de la crainte de paraître nue à tous les yeux que de souffrir, pria le gouverneur de ne la point faire dépouiller et de commander qu’on la descendît lentement dans la poix ardente avec ses vêtements, ce à quoi celui-ci consentit. On ajoute un détail assez fréquent dans les scènes de ce genre. Pendant qu’on la conduisait au supplice, la populace ameutée la poursuivait de ses huées : plusieurs lui demandaient sans doute ironiquement k quoi pensait son Dieu de ne point venir la délivrer ; d’autres l’insultaient de mille manières. Un soldat qui la conduisait, Basilidès, touché de pitié, écartait cette tourbe de misérables, et Potamienne l’assura que sa charité ne serait point stérile pour lui-même. Trois jours après son supplice, la sainte lui apparut la nuit, lui mit une couronne sur la tête, lui annonçant que Dieu l’attendait. Peu après, Basilidès, invité à prêter serment, s’y refusa, déclarant qu’il était chrétien. On en rit d’abord ; puis, comme il persistait, on le mena au juge, qui le fît exécuter. Ces faits de conversion soudaine sur le champ de bataille, si l’on peut dire, sont souvent racontés et tout a fait vraisemblables. Les ivresses de foi sont contagieuses, et la nature humaine passe aisément d’un extrême à l’autre, de l’ardente hostilité à la plus vive sympathie. Les apologistes attestent les merveilleux effets du courage indomptable des martyrs sur ceux qui en étaient témoins. Les indifférents étaient troublés d’abord, puis, retournés en quelque sorte, prenaient parti pour les faibles, se mettaient de cœur et passionnément avec eux, protestaient qu’ils étaient chrétiens, eux aussi, sans rien savoir de leurs croyances, si ce n’est qu’on souffrait et qu’on mourait résolument pour elles. Le mot souvent cité : J’en crois des témoins qui se font égorger, n’est pas d’un très grand poids, peut-être, auprès de la critique réfléchie, qui ne peut s’empêcher de remarquer qu’il n’y a guère de croyances relevant de la foi pure qui n’ait eu ou ne puisse avoir ses martyrs. Mais autre chose est le raisonnement du philosophe qui spécule froidement sur la valeur objective des idées prises en elles-mêmes et sait les dégager des sentiments qu’elles excitent, autre chose l’éclat d’indignation, de pitié, de sympathie, d’enthousiasme provoqué dans des âmes bonnes et simples par le vivant spectacle de la plus horrible injustice dont des créatures humaines puissent être les victimes. La force a son prestige qui s’impose assez et est universellement senti ; la faiblesse a aussi le sien, surtout la faiblesse innocente et opprimée. La conscience humaine, contre les brutalités de la violence, a des soulèvements soudains et qui n’attendent pas toujours la sécurité pour éclater. Il est des âmes qui, pour ne pas paraître complices des bourreaux, se font généreusement complices des victimes. Le fait du soldat Basilidès et d’autres, subitement convertis devant lé tribunal ou sur le lieu du supplice, est un trait trop profondément humain pour qu’on hésite à l’accepter comme historique. Cependant Septime Sévère était à Alexandrie dans les deux premiers mois de l’année 202. A grand peine avait-il pu être précédé par la nouvelle de l’ordonnance qu’il venait de promulguer en Syrie contre les chrétiens. Il parcourut l’Égypte, visita les monuments célèbres et les temples, remonta le Nil. Plusieurs années après, il se rappelait encore avec plaisir ses excursions d’Égypte et la religion de Sérapis dont le sanctuaire ou les cérémonies l’avaient frappé[22]. Dès le commencement du mois de mars de la même année, il était en route pour revenir à Rome par l’Asie-Mineure et la Thrace. Nous avons un rescrit impérial du 18 mars, daté de Sirmium. Nul historien ne marque que le gouverneur d’Alexandrie ait fêté la bienvenue de l’empereur dans cette ville en lui donnant le spectacle du supplice de plusieurs chrétiens. Il put y avoir des condamnations prononcées contre eux à ce moment. L’empressement d’un fonctionnaire docile à plaire au maître, stimulé par le récent édit, et en forçant les termes, expliquerait assez naturellement les exécutions dont parle Eusèbe. Il n’est pas sûr pourtant qu’elles eurent lieu pendant le séjour du prince en Égypte. En tout cas, si ces procès criminels, avec leurs odieuses conséquences, commencèrent à Alexandrie en 202, ils continuèrent ou plutôt reprirent un peu plus tard, puisqu’on signale la persécution sous deux gouverneurs consécutifs, Lætus et Aquila. A plusieurs reprises, la persécution avait frappé les chrétiens en Asie, en Italie et en Gaule. Ceux d’Alexandrie et d’Égypte, jusqu’alors épargnés, grâce a la facilité des mœurs, au libéralisme et aux tolérances de l’opinion, eurent leur tour au commencement du troisième siècle. L’ordonnance de Sévère les trouvait, la comme ailleurs, nombreux, organisés, ardents, joyeux de mourir. Elle fit sans doute beaucoup de victimes parmi les plus hardis et les plus fermes ; mais le résultat fut ce qu’il était partout : la loi qui ressemble a la violence se lasse et s’use vite, surtout quand nulle foi n’anime ceux qui la représentent ou l’appliquent. La politique impériale à l’égard des chrétiens, depuis Trajan, paraissait indécise, flottante, contradictoire. L’humanité personnelle des Antonins énervait la loi qui condamnait les chrétiens. Aucun d’eux ne voulait ressembler a Néron, procéder, comme il avait fait, par un massacre général, verser le sang par plaisir et cruauté gratuite. Us les laissèrent proscrire et frapper ça et la, tout en défendant les excès de zèle, l’acharnement des poursuites d’office, les exécutions tumultuaires et sur sommation des foules, et les dénonciations anonymes. Bien plus, ils semblaient favoriser ceux que les décrets condamnaient, avaient auprès d’eux des chrétiens libres et non sans crédit, dans leur domesticité et leur entourage, parmi les césariens. Marcia n’avait-elle pas fait amnistier plusieurs chrétiens régulièrement jugés et envoyés aux mines ? Les prœsides, ne sachant ce qu’on voulait au juste, fermaient les yeux ou n’agissaient contre les chrétiens qu’en cas de scandale et pour faire de temps en temps un exemple. L’ordonnance de Sévère, avec son ambiguïté, ne changea pas grand chose à cette situation équivoque que nul pouvoir, peut-être, n’était capable de modifier. Les condamnations prononcées à Alexandrie furent un coup de force, retentissant comme celui de Smyrne et de Lyon, mais aussi vain. Nulle part moins que dans cette ville, à ce qu’il semble, l’opinion ne réclamait au profit des institutions religieuses de l’empire cette sanglante satisfaction. La confusion des idées et des croyances y régnait pacifiquement depuis longues années, sans que le pouvoir central s’en fût inquiété, eût songé à intervenir et entrepris de soumettre les consciences a un même niveau. L’ordre s’accommodait de la diversité des cultes. Là, plus que nulle part ailleurs, la philosophie profane trouvait parmi les docteurs chrétiens des interprètes et des juges sympathiques. A ce moment même Clément d’Alexandrie essayait un rapprochement entre la science et la foi, entre la philosophie grecque et la philosophie barbare, comme il disait, et proclamait que toutes deux avaient pour source commune la doctrine du Verbe éternel. Origène, au fort de cette crise, enseignait en même temps les lettres profanes et les dogmes chrétiens, et dans son école se pressaient nombre de libres esprits nés au sein du paganisme, ne l’ayant point abjuré de fait, mais exempts de tout fanatisme et suivant sans passions hostiles les transformations et les progrès de la doctrine nouvelle. Clément et beaucoup d’autres, pris de peur, s’étaient, dès le commencement des poursuites, enfuis ou cachés. Il n’est pas sûr que le gouverneur romain eût fait mettre la main sur Clément. Un chef d’école, un homme d’esprit et de science, ne pouvait guère être traité comme un déclassé ou un factieux. Origène, qui ne se cachait pas, et dans son juvénile enthousiasme s’exposait et semblait braver la persécution, fut épargné. Est-ce faire une invraisemblable hypothèse que de supposer que son illustration naissante, son caractère de maître de grammaire, et le fait de son père Léonide frappé dès le début de la persécution, le mirent à l’abri de toute condamnation sous le règne de Sévère ? |
[1] Act. Apost., XVLI, 11, 12.
[2] Act. Apost., XXI, 38.
[3] Act. Apost., XVIII, 24 ; XIX, 1. S. Paul, I Corinth., I-III.
[4] Eusèbe, Hist. ecclés., II, 16. S. Jérôme, De vir. illust., art. Marc. Eusèbe, et saint Jérôme après lui, confondent les Thérapeutes d’Égypte avec les chrétiens.
[5] L’existence d’un évangile égyptien ou selon les Égyptiens, cité dans la 2e épître du pseudo-Clément Romain, et à la fin du second siècle par Clément d’Alexandrie (Stromates, III, 13), un peu plus tard par Origène (Homil. I in Luc), prouve en tout cas l’ancienneté de la foi chrétienne à Alexandrie.
[6] Τό κατ’ Αλεξανδρίαν διδασκαλεΐον. (Eusèbe, Hist. ecclés., V, 10.) Τό τής κατηχήσεως διδασκαλεΐον. (Id., VI, 6.)
[7] Eusèbe, Hist. ecclés., V, 10.
[8] S. Jérôme, De vir. illustr., art. Pantænus.
[9] Clément parait avoir enseigné à Alexandrie en même temps que Pantène. (Eusèbe, Hist. ecclés., V, 11.)
[10] Voir la curieuse lettre d’Hadrien dans Flav. Vopiscus, Saturninus, 8.
[11] Voici cette liste complète, telle qu’on peut la tirer de l’Hist. ecclés. d’Eusèbe : Annianus, 64-86 ; Avilius, 86-98 ; Cerdon, 98-110 ; Primus, 110-122 ; Justus, 122-131 ; Eumène, 131-144 ; Marcus, 144-154 ; Céladion, 154-168 ; Agrippinus, 168-180 ; Julianus, 180-190 ; Démétrius, 190-232. (Hist. ecclés., III, 21 ; IV, 1, 4, 11, 19 ; V, 9, 22.)
[12] Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 1.
[13] Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 2.
[14] Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 2.
[15] Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 4.
[16] Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 3.
[17] Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 5. Le martyrologe romain l’appelle Potamiœna, et signale son martyre avec ceux de Plutarque, Sérénus, Héraclide, Héron, un autre Sérénus et Rhaïde (alias Héraïde), au 28 juin.
[18] Eusèbe, Hist. ecclés., VI, 5.
[19] J. Derenbourg, Quelques notes sur la guerre de Bar-Kôzêbà et ses suites. (Extrait des Mélanges publiés par l’école des hautes études, p. 168 et suiv.)
[20] Tertullien, Apologétique, capit. ultim., De monogam., 15.
[21] Münter, Prim. Eccl. afric., p. 175.
[22] Spartien, Severus, 17 ; Dion, LI, 17.