L’Église eut la paix sous Commode ; on se l’accorde à le reconnaître. Mais cette paix fut alors [mot manquant] moins un droit qu’un fait. Nulle constitution impériale, nul édit officiellement promulgué ne la consacra. Elle eut sa source dans l’indifférence effective d’un prince, exclusivement occupé de ses [mots manquants] dans les influences domestiques qu’il [subit], [dans le] laisser-aller l’administration, et non [dans les] principes d’une politique raisonnée. Si l’amnistie accordée aux chrétiens déportés en Sardaigne fut généralisée ou put passer pour une indication des idées qui régnaient à la cour, et servir de règle de conduite, ce ne fut que dans les dernières années du règne. Jusque-là les gouverneurs de province, ignorant ce que pensait et ce que voulait Commode, et même si sur ce point il pensait et voulait quelque chose, se conduisirent avec les chrétiens chacun suivant son caractère, ses instincts, les inspirations du moment ou de l’entourage et les circonstances locales. Le rôle de persécuteur est toujours odieux. Une foi ardente ou une claire raison d’État seule l’explique sans le justifier. Or, la chaleur de la foi masquait en général au sein du paganisme, et la politique la plus sensée pour les grands fonctionnaires de l’empire était à ce moment de vivre à petit brait, sans prétendre a une sagesse, a une prévoyance, à une longueur de vue dont le maître ne songeait guère à se targuer. La sécurité des chrétiens dépendit surtout alors du bon plaisir des présidents et des chefs des administrations locales. Les proconsuls étaient armés contre les chrétiens, mais non pas obligés de se servir de leurs armes. Le coquirendi non sunt était moins une prescription légale qu’un conseil de politique et d’humanité tout à la fois. Le christianisme, bien que hors la loi, pouvait être réputé inoffensif, sans péril apparent pour le présent ni pour l’avenir. On vivait avec lui faute de pouvoir faire autrement, comme on vit avec toutes les sortes de préjugés, de superstitions et de charlatanisme qui grouillent parmi les masses. Le bourreau n’apprend la sagesse et la piété à personne. Très exceptionnellement les chrétiens étaient frappés à mort. Ils avaient de l’argent, ou en savaient trouver dans les ressources de l’association. S’ils étaient arrêtés, ils se rachetaient. En 182 ou 183, Æmilius Frontinus, proconsul d’Asie, jugea à Ephèse un personnage du nom d’Alexandre et le fît mettre en prison. Parmi les chrétiens d’Asie et de Phrygie, fort divisés à ce moment par les prédications montanistes, les uns disaient qu’il était puni comme voleur et escroc, les autres qu’il souffrait pour sa foi[1]. Il paraît que des fidèles qui avaient l’oreille du gouverneur intercédèrent pour cet Alexandre et obtinrent sa liberté, et Alexandre se para de l’auréole de confesseur, qu’il n’avait pas payée trop cher. Ce fut en plusieurs lieux l’histoire de beaucoup d’autres. Les chrétiens de la tradition raillaient les prétendus martyrs montanistes, et les fidèles de Montan savaient répondre sans doute[2]. Mais la clémence ou la facilité d’un proconsul n’engageait pas son successeur. Avant l’arrivée d’Æmilius Frontinus en Asie, dans les premiers temps de Commode, les chrétiens avaient subi çà et là nombre de vexations populaires ou de condamnations juridiques[3]. Le successeur de Frontinus fut dur pour eux. Lorsque Arrius Antoninus, dit Tertullien, persécutait avec rigueur en Asie, tous les chrétiens de la cité vinrent s’offrir en masse a son tribunal, et lui, après en avoir fait conduire quelques-uns au supplice, dit aux autres : Malheureux, si vous voulez mourir, n’avez-vous point des cordes ou des précipices ?[4] On ignore de quelle cité de la province d’Asie Tertullien veut parler ; mais son témoignage est clair et irrécusable, et l’exclamation du proconsul, rapportée en grec par le docteur africain, est un de ces mots qu’on n’invente point. Le fait dut se passer dans une de ces villes où l’exaltation de Montan et de ses prophétesses embrasait les âmes et poussait au martyre volontaire nombre de fidèles enivrés des brûlantes visions de la vie éternelle. Le temps coïncide fort bien avec la période florissante du montanisme. C’est en effet en 184 ou 185 que Caïus Arrius Antoninus gouverna la province d’Asie. Ce personnage nous est connu par plusieurs monuments épigraphiques, et surtout par la grande inscription de Concordia dont Borghesi a fait l’objet d’un important mémoire[5]. Presque toute la carrière d’Arrius Antoninus s’était faite sous Marc-Aurèle ; d’abord quatuorvir viarum curandarum, puis tribun laticlave de la IVe légion scythique, séviz d’un des six escadrons de cavalerie, puis successivement secrétaire des actes du sénat, édile curule, investi de la juridiction pupillaire, préteur, membre du collège des arvales, premier juridicus de la Transpadane, il fut, au sortir de cette charge, nommé préfet du trésor de Saturne, puis consul suffect vers 170. Il gouverna ensuite la Bithynie et la Cappadoce, et, quatorze ou quinze ans après son consulat, obtînt par le tirage au sort le gouvernement de la province d’Asie[6]. Ce n’était pas, comme on voit, un homme nouveau, mais un de ces Romains de vieille roche, tels qu’Aufidius Victorinus et Sejus Puscianus, condisciples et amis de Marc-Aurèle[7]. Il était comme eux de famille sénatoriale, comme eux conservateur et attaché aux anciennes traditions. Nous avons quelques fragments de lettres de Cornélius Fronton à Arrius Antoninus, pendant qu’il était juridicus de la Transpadane. Ces lettres, malheureusement mutilées, où l’illustre rhéteur appelle Arrius son très cher fils, témoignent de l’extrême sévérité qui présidait a son administration et combien peu pesait devant sa justice inflexible l’honneur d’une nombreuse famille qu’une de ses décisions atteignait[8]. Il est à croire que le rigide juridicus de la Transpadane de l’an 162 ou 163 porta vingt-deux ans plus tard la même exactitude rigoureuse dans ses fonctions de proconsul d’Asie, et que, si dans cette province des chrétiens furent déférés à son tribunal, il fit exécuter la loi. Nous n’avons sur cet épisode de son gouvernement aucun détail ; mais le passage de Tertullien suffit pour permettre, sinon d’apprécier les condamnations prononcées, au moins de les constater. Peut-être cette invasion du tribunal proconsulaire, cette espèce d’émeute de gens venant d’eux-mêmes et tumultuairement confesser leur foi et offrir leurs têtes, eut-elle lieu après quelques exécutions sommaires ordonnées pour l’exemple ; peut-être seulement après quelque proclamation menaçante où les chrétiens étaient particulièrement visés. Nous voilà ; frappez-nous tous, tous, disaient-ils, et le proconsul en prit quelques-uns, les plus agités sans doute, et renvoya le reste avec le mot que Tertullien a recueilli et cité vingt-cinq ans plus tard, et qui, on l’avouera, ne laissait pas d’être en situation. A peu près à la même époque, vers 184 ou 185, aurait eu lieu à Rome même, avec une mise en scène spéciale et un appareil extraordinaire, la condamnation et l’exécution d’un chrétien de l’ordre sénatorial nommé Apollonius. Saint Jérôme, dans son catalogue des écrivains illustres de l’Église, écrit a ce nom : Apollonius, sénateur romain sous le règne de Commode, fut dénoncé par son esclave Severus comme chrétien. Ayant obtenu l’autorisation d’expliquer sa croyance, il lut devant le sénat une remarquable apologie. Mais il n’en fut pas moins condamné à avoir la tête tranchée en vertu d’une ancienne loi qui défendait que les chrétiens traduits devant le juge fussent renvoyés sans avoir renoncé à leur religion[9]. Saint Jérôme, dans ces quelques lignes, n’a fait autre chose que traduire Eusèbe en l’abrégeant. C’est donc un témoignage de seconde main, et peut-être de fidélité douteuse. Voyons donc le passage même d’Eusèbe sur lequel saint Jérôme a composé son article. Sous le règne de Commode, et grâce à la tranquillité dont jouissait l’Église, le Verbe sauveur, dit Eusèbe, attirait à la vraie religion des personnes de toutes les classes ; et beaucoup des plus considérables de Rome, soit par la naissance, soit par les richesses, embrassaient chaque jour la doctrine du salut avec toute leur famille et toute leur maison. C’est ce que le démon, jaloux de sa nature et ennemi irréconciliable de tous les hommes de bien, ne put souffrir. Il s’ingénia donc à inventer et a dresser contre nous diverses machines. C’est lui qui fit dénoncer à la justice Apollonius, un des plus renommés parmi les fidèles pour la culture de son esprit et sa science philosophique, lui suscitant pour accusateur un des hommes les mieux faits pour l’aider en cette besogne. Mais ce misérable délateur n’y trouva pas son compte, car, d’après un édit impérial, la peine capitale était prononcée contre quiconque portait de telles accusations. Celui-ci fut donc condamné, et sur la sentence de Perennis eut les jambes rompues. Quant à Apollonius, le martyr très cher à Dieu, inflexible devant les prières du juge, et invité à la fin à rendre raison de sa croyance en présence du sénat, il prononça devant cette assemblée une très brillante apologie de sa foi et fut condamne à mort par le sénat. Au reste, toute cette procédure, l’interrogatoire et les réponses d’Apollonius a Perennis, et la harangue qu’il prononça au sénat pour la défense de tout cela, je l’ai consigné dans les actes martyrs que j’ai recueillis, et où les curieux pourront se satisfaire[10]. Tel est le récit d’Eusèbe qui a servi de matière à la note composée par saint Jérôme. Certaines différences entre les deux récits sautent tout d’abord aux yeux. Saint Jérôme attribue à Apollonius la qualité de sénateur romain. Eusèbe ne dit rien de semblable. Saint Jérôme rapporte qu’Apollonius fut dénoncé par son propre esclave, nommé Severus. Eusèbe ne donne pas le nom de l’accusateur d’Apollonius et ne dit pas que cet accusateur fût son esclave. Saint Jérôme raconte qu’Apollonius lut devant le sénat une apologie de la foi chrétienne qu’il avait composée, et c’est comme auteur de cet écrit qu’il lui donne place parmi les écrivains ecclésiastiques. Eusèbe dit seulement qu’invité à rendre raison de sa foi devant le sénat, Apollonius prononça un discours dans lequel il défendait sa croyance. Ces différences ne sont pas petites : elles ne prouvent pas pourtant que saint Jérôme ait connu d’autres documents que le passage d’Eusèbe tel que nous le possédons aujourd’hui. C’est d’Eusèbe même qu’il parait tirer tout ce qu’il ajoute à son récit, et des additions ne sont que de libres interprétations. En effet, si saint Jérôme dit qu’Apollonius était sénateur, c’est qu’Eusèbe, sans le rapporter précisément, semble l’indiquer ou le sous-entendre, quand il nous marque que Pérennis lui demanda de s’expliquer devant le sénat sur l’accusation qui lui était intentée, et qu’il ajoute qu’Apollonius prononça effectivement sa défense en présence des sénateurs qui, après l’avoir entendu, le condamnèrent. A quel titre, s’il n’eût pas été sénateur, Apollonius eût-il été appelé à comparaître devant le sénat, admis à s’expliquer et a se défendre devant cette auguste assemblée ? Est-ce que le sénat était un corps judiciaire prononçant dans les procès criminels ? Au contraire, s’il était sénateur, il est naturel, il est possible au moins qu’Apollonius ait été jugé par ses pairs. Saint Jérôme rapporte qu’Apollonius fut dénoncé comme chrétien par un de ses esclaves. Il semble qu’Eusèbe, ayant dit que l’accusateur fut en cette circonstance le ministre et le serviteur du démon, saint Jérôme ait entendu le serviteur d’Apollonius, et que dans une lecture un peu rapide des mots ένα γέ τινα αύτοΰ διακόνων il ait rapporté αύτοΰ, qui tient la place de δαίμονος, à Apollonius[11]. Que s’il paraît un peu dur d’attribuer un pareil contresens à saint Jérôme, on s’expliquera qu’il ait considéré l’accusateur d’Apollonius comme son propre esclave à cause de ce qu’on lit un peu plus loin dans le texte d’Eusèbe, que l’accusateur fut puni en vertu d’une loi qui, sous peine de mort, interdisait la délation. Saint Jérôme, dans cette loi rappelée, n’a pas vu l’article du prétendu rescrit d’Antonin aux cités d’Asie, lequel décrétait la peine de mort pour l’accusateur des chrétiens et la mise en liberté pour l’accusé. Eusèbe ne s’y réfère pas très précisément[12]. Et comment eût-il pu croire que cet article fût visé, puisque l’accusé, au lieu d’être renvoyé libre, comme il était prescrit, était puni de mort ? Le supplice du délateur indiquait plus naturellement, ce semble, que le délateur était le propre esclave de celui qu’il avait dénoncé, et l’ancienne loi rappelée était celle qui défendait aux esclaves et aux affranchis d’accuser leurs maîtres[13]. Donc si, comme le rapporte Eusèbe, l’accusateur d’Apollonius fut puni de mort, c’est que cet accusateur était l’esclave d’Apollonius. Nous ignorons et ne trouvons pas dans le texte d’Eusèbe où saint Jérôme a pu prendre le nom de Sévère qu’il donne à l’esclave prétendu d’Apollonius, à moins qu’il n’y ait eu quelque embarras de lecture dans le mot έπιτηδείων, qui se lit avant les mots αύτοΰ διακόνων, bien que έπιτηδείων ne ressemble guère au mot Σεουήρον[14]. Saint Jérôme dit qu’Apollonius lut devant le sénat une remarquable apologie ; c’est qu’Eusèbe rapporte qu’il prononça la défense de la foi qu’il confessait. Eusèbe sans doute entend une défense faite de bouche, et non la lecture d’un écrit impersonnel, composé à loisir ; mais la différence ici est sans grande importance. Nous estimons donc que ces deux témoignages d’Eusèbe et de saint Jérôme, a propos de la condamnation et de l’exécution d’Apollonius à Rome, n’en font qu’un, et que la notice de l’auteur du Catalogue des écrivains ecclésiastiques n’est qu’un résumé ou une libre interprétation du passage de l’auteur de l’Histoire ecclésiastique. Nous avons une preuve de l’intelligente liberté avec laquelle saint Jérôme a interprété Eusèbe dans ce fait qu’en rapportant le supplice du délateur d’Apollonius a la loi qui punissait de mort l’esclave dénonciateur de son maître, et non au rescrit d’Antonin, saint Jérôme a effacé une contradiction qui se trouve dans le récit d’Eusèbe. Si ce fut, en effet, en vertu du rescrit d’Antonin que l’accusateur fut mis à mort, il suivait de ce même rescrit qu’Apollonius devait être absous, et la vieille loi de Trajan, rappelée plus loin, ne pouvait prévaloir contre une prescription plus récente, qui de fait l’abrogeait. De deux choses l’une : ou le rescrit d’Antonin fixait la jurisprudence, et fut suivi dans l’espèce, et, dans ce cas, l’accusateur dut être mis à mort et l’accusé mis en liberté ; ou ce rescrit ne fut pas appliqué, et la mort des deux personnages, l’accusateur et l’accusé, a pour cause, la première la loi qui punissait de mort l’esclave dénonciateur de son maître, la seconde la loi de Trajan non abrogée, demeurant toujours dans l’arsenal législatif, sous la main en cas de besoin, laquelle disposait que le chrétien déféré au juge et refusant d’abjurer sa foi et de sacrifier devait être condamné. En choisissant cette dernière alternative, qui peut à la rigueur être tirée du texte d’Eusèbe, saint Jérôme échappait à la contradiction où l’on fait tomber Eusèbe, et ou il parait tomber en effet, en alléguant la première disposition du rescrit d’Antonin et la loi de Trajan abrogée par la seconde disposition du même rescrit. En somme, l’interprétation que donne saint Jérôme au texte d’Eusèbe est très ingénieuse ; mais elle est plus libre encore qu’elle n’est habile. Maintenant, le fait d’un personnage de l’ordre sénatorial imbu des idées chrétiennes vers l’an 184, dénoncé à ce sujet par un de ses esclaves, interrogé par le juge compétent, renvoyé au sénat pour s’expliquer, se défendant dans la haute assemblée, non par quelque négation honteuse et embarrassée, mais par une confession hautaine et une claire profession de foi, puis délaissé et condamné par ses collègues scandalisés, et enfin exécuté, ce fait n’est pas impossible et invraisemblable a priori. Cependant il est assez remarquable pour avoir frappé les contemporains. N’y a-t-il pas lieu de s’étonner qu’aucun des historiens du temps ne l’ait relaté, ni Dion, ni Hérodien, ni plus tard les chroniqueurs de l’Histoire Auguste, si friands en général d’anecdotes et de scandales, si attentifs à tenir tablettes d’insignifiants détails, et à marquer les condamnations des personnages marquants ? Comment Tertullien, qui mentionne ça et la dans ses ouvrages des faits de moindre importance et plus lointains, ne dit-il rien sur celui-ci ? Ce silence absolu dans une affaire si digne de piquer la curiosité publique étonne, et met en défiance sur l’unique témoignage d’Eusèbe, consigné près d’un siècle et demi après l’événement. Eusèbe nous renvoie aux actes mêmes de cette procédure qu’il a recueillis dans son livre des anciens martyrs. Par malheur, cet ouvrage n’est pas venu jusqu’à nous, et l’abrégé qu’on en trouve dans l’Histoire ecclésiastique n’est point exempt d’embarras. Il est difficile de croire, par exemple, que ce soit Perennis qui ait conduit l’interrogatoire. Les affaires de cette sorte ne relevaient pas de la juridiction du préfet du prétoire : elles étaient du ressort du préfet de Rome, et surtout si l’accusé faisait partie du sénat. Peut-être est-ce pour cette raison que saint Jérôme, dans sa notice sur Apollonius, a effacé le nom de Pérennis. La double condamnation du dénonciateur et de l’accusé sont contradictoires, surtout si on invoque le rescrit d’Antonin, lequel, avec le supplice de l’accusateur, ordonnait le renvoi de l’accusé. Enfin, dès l’année 183, Marcia, la protectrice des chrétiens, était à la cour, et pouvait déjà étendre sa bienfaisante influence sur ses amis connus et inconnus. Sans intervenir même directement, elle les couvrait par la seule connaissance qu’on avait de ses attaches secrètes et de son crédit sur Commode. Le sénat, qui se savait suspect depuis le complot avorté de Lucilla, eût-il voulu se compromettre par un zèle intempestif ? Le préfet du prétoire ou le préfet de la ville eût-il risqué volontiers, dans une affaire où il était si facile de fermer les yeux, de braver la toute-puissante favorite ou de lui déplaire ? Ces diverses difficultés jettent au moins quelque ombre de doute sur l’histoire racontée par Eusèbe. S’il fallait ajouter foi a une pièce qu’on trouve dans la collection de Surius, un autre sénateur dont on ne nous donne que le prénom, Julius, et un groupe de chrétiens, Eusébius, Vincentius, Pérégrinus, Potentianus, Antoninus, auraient aussi subi le martyre à Rome sous Commode. Voici le récit : Au temps de Commode, la persécution sévissait contre les chrétiens. Le jour de la fête du prince, une proclamation impériale invita tout le peuple de Rome à venir chanter solennellement les louanges d’Hercule et de Jupiter. Une foule immense se réunit donc, et l’empereur, la mitre en tête et bizarrement accoutré d’une peau de lion, monta sur son trône, après avoir le premier répandu l’encens devant la statue d’or de Jupiter. Et tout le peuple l’acclamait, disant : Honneur à Hercule, protecteur de la République et défenseur de la liberté romaine ! Or, en ce temps, dans un quartier appelé quartier de la Boucherie, habitaient des hommes qui faisaient profession de la foi chrétienne, parmi lesquels se trouvaient Eusébius, Vincentius, Pérégrinus et Potentianus, serviteurs de Dieu, adonnés à la prière et brûlant de mourir pour le Christ. Aussitôt qu’ils apprirent ce qu’avait fait Commode, indignés de cette ridicule superstition, ils parcoururent les quartiers de Rome et les lieux voisins, annonçant le Dieu unique et triple, et criant : Rompez, chers amis, avec le culte des démons ; rendez hommage au Dieu unique en ses trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit tout-puissant ; faites pénitence, et venez au baptême, si vous ne voulez périr avec Commode. Or un sénateur nommé Julius, ému de ces salutaires avertissements, les conduisit dans sa maison, ouvrit son cœur à leurs prédications et crut, et par leurs mains distribua ses biens aux pauvres, et ayant fait venir un prêtre nommé Rufin, reçut le baptême avec toute sa famille, et commença à professer publiquement la foi chrétienne et à désirer la mort. César apprit le fait : plein de colère, il se fit amener Julius et l’interpella en ces termes : Quelle folle idée t’a saisi, Julius, d’abandonner Jupiter et Hercule, pour embrasser je ne sais quelle vaine extravagance ? Julius lui répondit avec fermeté : Tu périras avec ces démons, qu’abusé toi-même d’une vaine erreur tu appelles à tort des dieux. Confondu par ces paroles, César fit appeler Vitellius, maître de l’infanterie (magistrum peditum), homme d’un cœur dur, sans pitié et enfoncé dans tous les vices, le chargea de faire une enquête exacte sur ce sacrilège et de le contraindre à sacrifier à l’invincible Hercule. S’il ne se rend pas, ajouta-t-il, ôte-le du nombre des vivants. Le vicaire Vitellius, se chargeant de cette mission, fit mettre Julius dans une étroite prison. Trois jours après, il monta sur son tribunal et ordonna que lé saint fût amené devant lui. Celui-ci, chargé de chaînes, était nu, mais couvert tout entier de la foi comme d’un vêtement et d’une cuirasse. Tu sais, lui dit Vitellius, ce que le prince a commandé. Laisse donc toute obstination, et adore les dieux qui sont les seuls appuis du monde romain. Si tu ne le fais pas, tu seras puni de divers supplices. Le saint répondit intrépidement : Homme malheureux et digne de pitié, c’est toi-même qui périras avec ton prince perfide. Vitellius répondit : Ô Julius, où mets-tu ta confiance, quand c’est toi qui seras condamné ? Le saint répondit : Ma confiance est la vie éternelle, et mon espoir est le Christ qui vous condamnera, toi et ton prince, à la mort éternelle. A ces paroles, Vitellius, brûlant de fureur, le fit déchirer à coups de verges, jusqu’à ce que, rendant l’esprit, il gagna le royaume du ciel. Vitellius ordonna alors de jeter son corps devant l’amphithéâtre. Or Eusébius, Vincentius, Pérégrinus et Potentianus recueillirent le corps du très saint martyr du Christ, et l’ensevelirent dans le cimetière de Calepodius, le 13 des calendes de septembre. Vitellius, informé de ce qu’ils avaient fait, les fit chercher, et quand ils furent en sa présence leur dit : C’est une chose que vous ne pouvez nier en aucune manière d’avoir dérobé les trésors de Julius, en recueillant son corps et en le livrant à la sépulture. Alors le glorieux Eusébius répondit : Ce que tu nous reproches, oui, sans doute, nous l’avons fait, et nous avons accompli ce que nous devions, sous l’inspiration du Christ. Le juge dit : Si vous avez ravi des trésors, il n’y aura pas pour vous de peine à les rendre, si vous ne vouiez pas mourir comme Julius est mort. Eusébius répondit : Cette mort, nous la demandons de tous nos vœux et la désirons de toute notre âme. Et comme ils ne fléchissaient pas, Vitellius, perdant le sang froid, ordonna qu’à l’instant même on les attachât sur le chevalet, visage contre visage, qu’on leur étendît les membres et qu’on les frappât de verges. Sur le chevalet, le héraut leur criait : Cessez de blasphémer les dieux et les princes. Après que les tourments eurent duré quelque temps, il y eut une pause, pendant laquelle le juge leur dit : Faites-vous grâce à vous-mêmes, et sacrifiez aux dieux. A quoi Eusébius : Malheureux, dit-il, va, achève ce que tu as commencé. Le temps te manquera pour nous tourmenter avant que notre ferme attachement au Christ ne nous abandonne. Ne crois pas pouvoir nous intimider, ni rompre jamais la communion qui nous unit à notre frère Julius. Vitellius, s’adressant aux assistants : C’est dans la magie, dit-il, qu’ils puisent la force de se réjouir dans les tourments. Vincentius répondit : Non, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous donne l’assurance et la joie. Le tyran ordonna alors que sur l’heure on leur appliquât aux flancs des flammes ardentes. Et eux, transportés d’allégresse, disaient : Gloire à toi, Seigneur, qui par ta présence nous fortifie. Et l’un des bourreaux, Antoninus, regardant, vit un jeune homme debout, brillant d’un éclat merveilleux, qui, avec une éponge, essuyait et rafraîchissait leurs côtés. Alors dans un soudain transport, il se mit a crier a pleine voix : Il est seul véritable, le Dieu des chrétiens, que ceux-ci annoncent avec tant de raison. Je vois un ange du Seigneur qui se tient auprès d’eux et les délivre de la morsure des flammes. Alors, grinçant des dents comme un lion, le juge s’écria : Ô pratiques de la magie, ô séducteurs, qui avez perdu l’esprit d’un des plus illustres et des plus renommés citoyens de l’État ! Ensuite Antoninus, touché par l’esprit de pénitence, se donna tout entier à la religion du Christ. Sans tarder, il alla trouver le prêtre Rufin et obtint humblement d’être baptisé de sa main. Cependant Vitellius fit détacher du chevalet les très saints martyrs et leur dit : Pourquoi êtes-vous si cruels pour vous-mêmes ? Pourquoi n’abandonnez-vous pas cette vaine folie et refusez-vous d’adorer et de glorifier les dieux, comme le prescrivent les princes, et de mériter d’être associés avec nous aux plus glorieux honneurs ? Le bienheureux Vincentius dit : Ô le plus malheureux et le plus cruel des hommes, que n’as-tu plutôt pitié de toi-même ! Nous, nous sommes déjà en possession de la gloire, et toi, avec ton prince, tu iras souffrir a jamais dans la géhenne. Alors Vitellius fit couper la langue du saint Eusébius, jugeant qu’il en souillait l’usage en ayant toujours le nom du Christ à la bouche. Or, Antoninus accourant criait : Ô malheureux Vitellius, qu’y a-t-il entre toi et ces justes, et pourquoi les fais-tu souffrir ? Alors Vitellius vomit le sang par la bouche, juste jugement de Dieu, qui le punissait par l’endroit même que dans sa fureur il avait frappé chez le juste. Cependant l’athlète du Seigneur, Eusébius, bien que sans langue, chantait néanmoins des louanges en l’honneur du Christ. A ce lamentable spectacle assistait un très illustre chrétien, nommé Faustus. Il recueillit la langue du saint martyr Eusébius, la mit sous sa tunique dans son sein, s’échappa et sut se tenir caché. Ensuite, par ordre de Vitellius, Antoninus fut conduit par les bourreaux sur la voie Aurélia, près du forum de Trajan, et là on lui trancha la tête. Cependant Eusébius et ses compagnons, après leurs longues tortures, sont ramenés en prison. Là, jour et nuit, ils ne cessaient de prier. Leur renommée se répandait au loin et faisait affluer autour d’eux une grande multitude de chrétiens. Ils les munissaient des enseignements de la vie éternelle, et la foi faisait des progrès. Trois jours après, le bienheureux Julius leur apparut, et devant eux prophétisant l’avenir, il leur dit : Sauvez le gardien de la prison. Puis il disparut de leurs yeux, et, par sa vertu, remplit leurs âmes d’une joie pure. Dieu avait tellement pénétré ses fidèles de sa grâce, que des foules de peuple venaient les trouver, leur demandant de les secourir dans leurs souffrances. Et ceux-ci, par la force de leurs prières, leur procuraient le soulagement. A eux vint entre autres un prêtre du capitole, nommé Lupulus, investi des vaines fonctions du sacerdoce, qui demanda d’être initié par les saints martyrs et de recevoir le baptême. Or il était aveugle. Ils lui dirent : Si tu crois de tout ton cœur, tu seras éclairé et jouiras avec nous de la vie éternelle. Lupulus répondit : Avec une pleine assurance, je crois en celui que vous croyez, et je ne veux pas me séparer de votre foi. Vers vous je suis venu pour partager vos chaînes et les porter comme vous, pour l’amour du Christ. Après cela, ils envoyèrent prier le vénérable prêtre Rufin de se rendre auprès d’eux. Et celui-ci catéchisa et baptisa Lupulus. Et aussitôt le brouillard qui voilait ses regards se dissipa, et la lumière du Christ brilla dans ses yeux. Alors le gardien de la prison, accourant et voyant éclairé de la lumière d’en haut un homme qui depuis quatre ans était aveugle, se jeta aux pieds des saints et demanda le baptême. Sur le champ Rufin le purifia par le baptême sacré et le munit des armes de la foi. Vitellius manda au roi tout ce qui s’était passé, comment ils avaient triomphé de tous les genres de supplice et refusé dédaigneusement de sacrifier, comment Eusébius parlait après avoir eu la langue coupée. Le roi lui dit : Mets-les à mort. Il fit donc préparer le tribunal, venir les saints et dit : Apportez un trépied afin qu’ils sacrifient. Mais eux s’y refusèrent avec mépris. Et Eusébius, admirant son impénitence obstinée, dit : Ô infortuné dont le cœur est le séjour de Satan ! Alors Vitellius, en plein amphithéâtre, les fit frapper de lanières plombées, jusqu’à ce qu’ils rendissent l’âme. Le bienheureux Rufin recueillit leurs corps et les ensevelit non loin de Rome, le 8 des kalendes de septembre[15]. Cette pièce ne peut guère être facilement reçue comme un document historique, si ce n’est pour ce qu’on appelle en rhétorique les mœurs, c’est-à-dire les caractères et les sentiments intimes des personnages mis en scène, juges et accusés, ou plutôt patients. Là, comme dans la plupart des morceaux de cette espèce, se rencontrent d’un côté la constance intrépide d’une foi qui s’exalte au feu de la lutte et s’échappe, en bravades, en provocations, en outrages et en menaces ; de l’autre l’étonnement piteux et le troublé des persécuteurs, qui taxent de folie une obstination qu’ils ne comprennent pas, conjurent les malheureux d’avoir pitié d’eux-mêmes, emploient la terreur après les adjurations, puis, poussés a bout et exaspérés, s’efforcent de vaincre leur entêtement par la rigueur des supplices. Ces traits sont communs à la plupart des Actes, et on peut les croire vraisemblables. Les auteurs, qui les ont écrits longtemps après les événements, pour grandir l’héroïsme des fidèles, ont peut-être exagéré la cruauté des juges ou leur ont prêté une défiance dans la vertu des lois qui ne fut peut-être pas si commune. Ces auteurs sont plutôt des peintres de la vie intérieure que des historiens proprement dits. De là la monotone uniformité de ces histoires, où nombre des traits sont peut-être inventés, d’autres copiés ou recueillis dans de vagues traditions et amplifiés a plaisir. De là des détails merveilleux, des relations de faits insaisissables aux témoins eux-mêmes, et qui, dans la préparation au martyre, servaient peut-être a fortifier le courage des lutteurs et a les aguerrir contre la crainte de la douleur. De ce genre est l’épisode du bourreau apercevant de ses yeux dans une lumineuse auréole un jeune homme, un ange du Seigneur, invisible pour tous, qui éponge les plaies saignantes des glorieuses victimes, les rafraîchit, soulage leur agonie et lestait sourire à la mort. Il n’y a pas lieu, et il n’y a nul moyen de déterminer la date des faits relatés ici. Leur réalité est douteuse, et l’on ne saurait, en tout cas, dans quel milieu historique les placer. Qu’est-ce que ce prétendu sénateur Julius ? Qu’est-ce que ce prêtre Rufin, qui n’intervient que pour conférer le baptême à ceux qui le demandent, et remplit si prudemment son ministère qu’il n’est point inquiété ; qui arme les autres pour le martyre, sans y courir lui-même, ni y être appelé ? Q’est-ce que cet autre clarissime Faustus, simple assistant, qui s’empare de la langue coupée d’un des confesseurs, se sauve en l’emportant et se met à l’abri ? Qu’est-ce que ces personnages, Eusébius, Vincentius, Pérégrinus et Potentianus ? A ces diverses questions, nous n’avons nulle réponse. Ces prénoms et ces noms ne disent rien. Ils ont pu aussi bien être portés à la fin du troisième ou au commencement du quatrième siècle qu’a la fin du second. Un nom propre n’est jamais qu’une très large indication chronologique, quand il n’est pas le nom d’un souverain ou d’un personnage historique. Commode, il est vrai, est ici nommé plusieurs fois, et le monde romain n’a connu que le fils et le successeur de Marc-Aurèle qui ait porté ce nom. Mais l’entête de ces Actes peut être une pièce de rapport et un début ajouté après, coup. Or, c’est au commencement de la pièce qu’à trois reprises on trouve le nom de Commode. Dans la suite et le corps du récit, il n’en est plus fait mention. On parle simplement du roi et du prince[16]. De la fête religieuse à laquelle préside Commode, coiffé d’une mitre et couvert d’une peau de lion, et qui est le début du récit, nous n’avons rien à dire. Mais la mention faite par deux fois dans les Actes de la prédication du Dieu un et triple indique au moins une rédaction très postérieure au règne de Commode. De même, la double qualité de maître de l’infanterie et de vicaire attribuée à Vitellius, chargé par l’empereur du soin de l’enquête et de la répression, ne peut en aucune manière se rapporter à la fin du second siècle. Ce ne fut guère qu’à partir de Constantin que les termes de magister peditum et de vicarius furent couramment eh usage. Enfin, en laissant de côté ces qualifications, qui sont des anachronismes, on connaît les préfets de Rome du temps de Commode, et aucun d’eux ne porte le nom de Vitellius. On trouve au contraire, dans des Actes rapportés au règne de Decius, les Actes apocryphes d’Abdon et Sennes, un Vitellius Annisius Vicarius, et dans les Actes, également apocryphes, appelés légende des Sept-Dormants d’Ephèse, un fidèle nommé Rufin. Ces deux personnages, légendaires ou historiques, nous l’ignorons, ne seraient-ils pas les principaux du récit qu’on vient de lire ? Ces diverses considérations sont suffisantes, croyons-nous, pour faire rejeter comme apocryphe la pièce que nous avons citée, ou tout au moins pour nous permettre de n’en tenir nul compte pour l’époque qui nous occupe. Nous pouvons donc conclure que, pendant les douze ans du règne de Commode, le christianisme ne fut pas persécuté. Nul ne parle d’édits nouveaux promulgués, ni de lois anciennes appliquées généralement contre les chrétiens. Au contraire, Eusèbe reconnaît la facilité de ce règne pour l’Église et les progrès considérables que la paix lui valut à cette époque. L’histoire profane, le plus souvent muette sur la question chrétienne, nous fournit ici, par la plume de son plus sérieux interprète, un témoignage qui concorde avec celui d’Eusèbe[17], et auquel le livre des Philosophumena apporte un très précieux commentaire. Qu’il y ait eu maintenant en Asie-Mineure et à Rome même, au début de ce règne, pour des causes et dans des circonstances que nous ignorons, quelques voies de fait individuelles contre des chrétiens, quelque emprisonnement prononcé, ou quelque condamnation plus sévère, cela est possible et même vraisemblable. Le fanatisme ou la rapacité chez les païens, une certaine impatience de la paix chez les chrétiens, peuvent expliquer des violences locales. En dépit de la grande masse des fidèles certainement prudente, il y eut alors, et longtemps encore, et jusqu’au triomphe définitif de l’Église, des fous sublimes ou des agités qui, dans l’ardeur d’un zèle immodéré, dans un appétit violent de l’éternité d’outre-tombe, aspiraient à mourir, et savaient forcer la main de magistrats qui n’eussent pas demandé mieux que de fermer les yeux. |
[1] Eusèbe, Hist. ecclés., V, 18.
[2] Eusèbe, Hist. ecclés., V, 16.
[3] Théophile d’Antioche, Ad autolycum, III, 30.
[4] Ad Scapulam, 5.
[5] Borghesi, Œuvres complètes, V, pp. 373-422. — Orelli-Henzen, n° 6488.
[6] Waddington, Fastes des provinces asiatiques, pp. 339-341.
[7] Capitolin, Marc Antoninus, 3.
[8] Marc Aurelii et Frontonis Epistolœ, edit. Arm. Cassan, t. II, pp. 279-281, 295.
[9] S. Jérôme, De vir. illustrib., art. Apollonius.
[10] Eusèbe, Hist. ecclés., V, 21.
[11] Voir la phrase entière, dont la construction est fort régulière et le sens peu douteux (Eusèbe, Hist. ecclés., V, 21).
[12] L’expression d’Eusèbe prête au moins à la confusion. (Eusèbe, Hist. ecclés., V, 21.)
[13] Cette loi était fort ancienne et fut souvent rappelée. Trajan même n’excepta pas le crime de majesté, d’ordinaire réservé. (Cod. Théod., IX, VI, 2, 3. — Cod. Just., VI, VI, 1 ; IX, I, 20.)
[14] Jean Leclerc (Hist. ecclés. duorum primorum a Christo nato seculorum, p. 788) conjecture qu’un copiste, dans la phrase de saint Jérôme : a servo proditum, aura par mégarde écrit deux fois le mot servo, et qu’on a changé le second en severo.
[15] Surius, De probatissimis Sanctorum Vitis, tom. III, p. 162, éd. de Cologne.
[16] Le premier de ces deux termes indiquerait que l’original de cette pièce fut écrit en grec. Le mot prince, quand il est mis au pluriel, se rapporte aux chefs de l’empire en général, gardiens des lois et de la religion. Il est mis au singulier quand il paraît désigner l’empereur régnant.
[17] Dion Cassius, XLXII, 4.