I. — Les martyrs de Rome.Au mois d’avril 304, Hercule était à Rome, où la popularité dont il jouissait près d’une foule oisive et fanatique lui faisait oublier les malédictions des provinciaux[1]. Le 17 avril[2], avant-dernier jour des jeux annuels en l’honneur de Cérès[3], une course de chars eut lieu devant lui au Grand Cirque. Après la coursé, où la faction des Bleus, contre laquelle pariait l’empereur[4], venait d’être vaincue, la joie populaire se traduisit par les acclamations rythmées dont parlent souvent les historiens antiques[5]. Ces acclamations durent plaire au maître, car la plus grande partie des assistants (le narrateur ne dit pas l’unanimité) répéta douze fois : Supprime les chrétiens, nous serons heureux ! par la tête d’Auguste, qu’il n’y ait plus de chrétiens ! puis, apercevant le préfet de Rome dans la loge impériale, le peuple reprit en chœur, dix fois de suite : Sois victorieux, Auguste ! et demande au préfet quels sont nos désirs ! Ce qu’ils désiraient, ils l’avaient dit assez haut ; Hercule n’avait pas besoin d’un grand effort pour le bien entendre[6]. Une réunion du sénat eut lieu le 22 avril au Capitole[7]. L’empereur, s’adressant aux Pères conscrits comme, en 258, l’avait fait par lettre Valérien absent, soumit à leur ratification l’ordonnance suivante : Je permets que, dans tous les lieux où seront trouvés des chrétiens, ils soient arrêtés par notre préfet de la ville ou par ses officiers, et obligés de sacrifier aux dieux[8]. Les sénateurs se séparèrent, en répétant : Sois victorieux, Auguste ! Auguste, puisses-tu vivre avec les dieux ![9] Acclamations que la foule, assemblée au dehors, reprit avec enthousiasme. Ainsi fut promulgué, à Rome, par l’autorité de l’Auguste qui régnait en Occident, l’édit imposé en Orient par Galère à la faiblesse de Dioclétien. Des rescrits le firent connaître immédiatement aux gouverneurs des provinces. On a conservé celui que reçut Vénustien, correcteur d’Étrurie et d’Ombrie[10] : Nous commandons que, dans tous les lieux où est prononcé le nom chrétien, ceux qui professent cette superstition soient contraints de sacrifier aux dieux ou soient mis d mort : on les dépouillera de leurs biens, qui seront, avec les revenus, attribués au fisc[11]. L’exécution de l’édit commença aussitôt à Rome. De cruelles ruses[12] mettaient les chrétiens dans l’alternative d’apostasier ou de se trahir. Ces inventions perfides sont fréquentes dans la dernière persécution. Déjà l’on a vu, à Nicomédie, des autels placés dans tous les prétoires ; et les plaideurs invités à sacrifier avant d’exposer leur cause. En Galatie, les denrées alimentaires n’étaient mises en vente qu’après avoir été consacrées aux idoles. A Rome, des statues, devant lesquelles on devra offrir de l’encens avant d’acheter ou de vendre, furent posées de même dans tous les marchés : il y eut des gardes postés près des innombrables fontaines publiques, avec défense d’y laisser puiser ceux qui refuseraient de rendre hommage aux dieux[13]. Dans cette crise violente périrent plusieurs des martyrs
que nomme Ce cimetière, où reposèrent entre autres martyrs Goronius, Genuinus, un groupe de trente soldats[23], reçut bientôt le nom des saints Pierre et Marcellin, en souvenir de deux des plus célèbres victimes de la persécution[24]. Le premier était prêtre, le second exorciste. Décapités dans la forêt Blanche[25], sur la voie Cornelia, ils furent transportés dans la catacombe de la voie Labicane[26] par une sainte femme nommée Lucille, parente de Tiburtius[27]. Le pape Damase a composé pour leur tombeau[28] une inscription en vers, dans laquelle il rapporte, d’après la confession du bourreau lui-même, les circonstances de leur martyre. Marcellin, Pierre, écoutez le récit de votre triomphe. Quand j’étais enfant, le bourreau m’a raconté, à moi Damase, que le persécuteur furieux avait ordonné de vous trancher la tête au milieu des broussailles, afin que personne ne pût retrouver votre sépulture. Joyeux, vous avez préparé celle-ci de vos propres mains. Après que vous eûtes pendant quelque temps reposé dans une blanche tombe[29] ; vous fîtes savoir ensuite à Lucille[30] qu’il vous plairait d’avoir vos très saints corps enterrés ici[31]. Quelques jours avant les saints Marcellin et Pierre, avaient péri trois membres d’une famille convertie par eux, Artemius, qui fut, dit-on, leur geôlier, l’épouse et la fille de celui-ci, Candide et Pauline. Arrêtés comme ils sortaient d’une crypte de la voie Aurelia[32], où Marcellin avait célébré la messe, Artemius fut frappé du glaive, Candide et Pauline précipitées par le luminaire et accablées sous les pierres[33]. Cette exécution, aussi barbare dans son genre que celle de Castulus, convient ù un moment où l’entrée des cimetières était défendue, et où ceux qui s’y aventuraient couraient risque de la vie. Mais la manière dont moururent les deux martyres, jetées de dehors dans les profondeurs de la catacombe par le puits qui y faisait pénétrer l’air et le jour, montre que, dans les temps qui précédèrent la persécution, les chrétiens avaient possédé en paix leurs cimetières, et n’avaient pas craint d’y faire des travaux extérieurs et apparents[34]. Candide et Pauline étaient de condition médiocre ; mais la persécution n’épargnait pas les plus illustres Romaines. Saint Ambroise a célébré le martyre de sa parente Sotère, descendant comme lui de la gens Aurelia[35]. C’était une belle et noble vierge : à l’illustration des aïeux, aux consulats et aux préfectures gérés par les ancêtres, elle préféra la foi : quand on la somma de sacrifier, elle répondit par un refus. Le persécuteur ordonna de souffleter la jeune fille, espérant qu’elle céderait, sinon à la douleur, au moins à la honte. Mais elle, à ces paroles, découvrit son front, et parut voilée de son seul martyre : elle alla au-devant de l’outrage, présenta ses joues, pressée de sanctifier par la souffrance des attraits qui eussent pu causer sa ruine. Elle se réjouissait de perdre une beauté périssable, afin de mettre sa pudeur à l’abri du péril. On put meurtrir son visage : la beauté intérieure demeura intacte[36]. Quelle lumière jettent ces paroles sur les dangers que la jeunesse et la beauté faisaient courir aux femmes chrétiennes, en ces jours où ni l’innocence ni la noblesse ne pouvaient plus les protéger contre de honteux caprices ! Elles en étaient réduites à bénir la main brutale qui, s’abattant sur leur visage, le défigurait jusqu’à lui faire perdre toute forme humaine. Ainsi, continue saint Ambroise, à travers les injurieux traitements réservés aux esclaves, elle atteignit le faite de sa passion, si courageuse et si douce que le bourreau se fatigua de frapper ses joues avant que la martyre fût fatiguée de souffrir ses outrages. On ne la vit ni baisser la tête, ni détourner le front ; elle ne poussa pas un gémissement, ne versa pas une larme. Enfin, après avoir épuisé tous les tourments, elle reçut du glaive le coup désiré[37]. On enterra Sotère dans la région cémétériale qui porte son nom, contiguë au cimetière de Calliste, et creusée en toute liberté pendant les premières années du règne de Dioclétien. Cette area parait avoir échappé à la confiscation, probablement parce qu’elle était restée de droit privé, n’ayant pas encore été donnée à l’Église quand la persécution éclata, bien que de longue main préparée pour l’usage de la communauté chrétienne[38]. En Occident comme en Orient le caractère dominant de la
dernière persécution est l’extrême brutalité. Aux supplices légaux on
substitue des expédients barbares, qui tiennent du massacre plutôt que
d’exécutions régulières. La noyade, réservée par le droit pénal aux
parricides, devient d’un usage fréquent : elle est considérée comme le mode
le plus expéditif de se débarrasser des condamnés, sans bruit, sans exciter
chez les spectateurs ces mouvements de pitié qui commencent à paraître plus
souvent que ne voudraient les bourreaux. A Nicomédie, sous les yeux de
Dioclétien, les noyades ont eu lieu dès 303 : nous les avons vu continuer en
province. A Rome, en 304, on fait usage aussi de ce sauvage et hypocrite
supplice, que renouvellera chez nous C’est ainsi que du pont de
pierre, pons lapideus, au-dessous
de l’île du Tibre[39], Simplicius et
Faustinus furent jetés dans le fleuve. Le courant les entraîna ; sainte
Viatrix[40],
sœur des martyrs, assistée des prêtres Crispus et Jean, put, le 29 juillet,
repêcher leurs cadavres au lieu dit Sextum
Philippi[41]. L’emplacement
appelé de ce nom était un très vaste latifond, qui paraît s’être étendu sur
la rive droite du Tibre, entre le sixième et le dixième mille, et avoir
appartenu à l’administration des jeux du cirque, dépendant de la préfecture
urbaine[42].
Son extrémité la plus rapprochée de Rome touchait presque au bois sacré des
Arvales. Les eaux étaient basses et le courant peu rapide à cette époque de
l’été : Viatrix et ses compagnons retrouvèrent aisément les restes des
martyrs vers l’endroit où le fleuve, un peu avant d’arriver au Sextum Philippi, fait un demi cercle autour de
la colline couverte par le bois sacré[43]. On ne pouvait
songer à porter les corps dans quelqu’un des grands cimetières, tous
confisqués à ce moment, et d’ailleurs trop éloignés ; mais, prenant le chemin
antique qui de la voie Campanienne ou de la voie de Porto gravissait la
colline le long du bois (les
fouilles récentes en ont révélé la trace), le courageux groupe arriva
au champ de la chrétienne Generosa, voisin du domaine arvalique[44]. Ces lieux,
autrefois si animés, étaient maintenant déserts et infestés de brigands[45]. Depuis le
milieu du troisième siècle, le collège des Arvales avait cessé de se réunir
et d’offrir à A son tour Viatrix, étranglée par les païens quelques mois après la mort de ses frères, fut enterrée dans le même arénaire par les soins de la matrone Lucine[49]. Un autre martyr eut sa sépulture dans ce cimetière improvisé, Rufus ou Rufinianus[50], qui avait appartenu à la milice palatine et rempli la charge de vicaire d’un des préfets[51] : la peinture de basse époque qui lui fut plus tard consacrée lui en donne l’uniforme, une chlamyde fixée à l’épaule par une riche agrafe[52]. C’est probablement le Rufus dont parlent les Actes de saint Chrysogone qui, ayant, en vertu de sa charge, la garde de ce prisonnier chrétien, fut converti par lui avec toute sa famille et donna sa vie pour sa nouvelle foi[53]. D’autres martyrs immolés a Rome en ces jours sanglants
eurent leur tombeau plus loin encore de Le 22 septembre eut lieu l’inhumation d’une chrétienne dont on tonnait seulement le nom et la sépulture. La liste des Dépositions des martyrs contient cette mention : Le 10 des calendes d’octobre, (mémoire) de Basilla, sur l’ancienne voie Salaria, Dioclétien étant consul pour la neuvième fois et Maximien pour la huitième[63]. On sait la valeur de cette liste, qui énumère les plus solennelles fêtes de martyrs célébrées à Rome et dans les principaux sièges suburbicaires (Ostie, Porto et Albano) avant le milieu du quatrième siècle[64]. C’est la tradition toute vivante, au sortir de la dernière persécution. Par une exception presque unique dans le catalogue des Dépositions[65], la date consulaire de la sépulture, et probablement du martyre, est marquée ici[66]. Le cimetière de la voie Salaria auquel s’attache le souvenir de Basilla est bien connu : c’est celui où reposèrent Hermès, Protus, et Hyacinthe, et dont nous avons plusieurs fois parlé au cours de ces études : de touchantes preuves s’y rencontrent de la dévotion des fidèles pour la sainte, à laquelle ils recommandent l’innocence de leurs enfants[67]. En calculant d’après les chiffres d’un antre document du
même temps, le catalogue des papes compris dans la collection philocalienne,
on fixe au Après la mort de Marcellin, la persécution continua de désoler l’Église de Rome, destinée à demeurer pendant quatre ans sans pasteur. Aux derniers mois de 304 et aux premiers de 305 doivent probablement être rapportés les martyres de Cyriaque, Saturninus, Sisinnius, Apronianus, Smaragdus, Largus, Crescentianus, Papias, Maurus et plusieurs autres. Malheureusement les récits dont ils sont l’objet[81] sont mêlés d’anachronismes et de fables[82] : on leur peut demander cependant quelques circonstances générales, d’une suffisante vraisemblance, et surtout des indications topographiques, signe de ces vigoureuses traditions locales qui, à Rome, ont souvent survécu ou suppléé aux documents écrits. Maximien Hercule avait, dit-on, condamné des fidèles à travailler à la construction des thermes immenses que Dioclétien faisait bâtir sur le Viminal, présent dédaigneux du vieil Auguste à la populace frondeuse de Rome[83]. Par l’intermédiaire du diacre Cyriaque et de Sisinnius, Smaragdus et Largus, le chrétien Thrason leur envoyait des secours et des vivres[84]. Arrêtés dans l’exercice de leur charitable mission, le diacre et ses auxiliaires furent eux-mêmes obligés à porter du sable pour les maçons des thermes. Tout en travaillant, ils trouvaient moyen d’assister encore leurs compagnons d’infortune. Parmi ceux qu’ils aidaient ainsi était un vieillard nommé Saturninus, d’origine carthaginoise[85]. On les jeta avec lui en prison[86], où Sisinnius, se faisant apôtre, put gagner à la foi le geôlier Apronianus[87]. Le procès de Sisinnius et Saturninus eut lieu, à part de celui des autres, devant le préfet de Rome siégeant à Tellus[88], c’est-à-dire au forum de Nerva. Un document étranger aux Actes que nous résumons, et d’origine meilleure, raconte que, mis à la torture, Sisinnius montra une telle fermeté, qu’il contraignit Gratien (soit le bourreau, soit un assesseur du préfet) à reconnaître la divinité de Jésus-Christ[89]. Ces conversions subites sont racontées si souvent pour le temps qui nous occupe, qu’on ne peut toutes les mettre en doute : il faut vraisemblablement reconnaître en d’aussi soudaines victoires de la grâce un indice et un résultat du travail intérieur chaque jour plus puissant qui alors se faisait dans les âmes. Condamnés par le préfet à .être décapités sur la voie Nomentane, Sisinnius et Saturninus furent ensevelis le 28 novembre par le prêtre Jean et le chrétien Thrason dans le domaine que ce dernier possédait sur la voie Salaria[90]. Pendant la comparution de ces martyrs devant le préfet, deux soldats, Papias et Maurus (ou Mauroleo) s’étaient spontanément déclarés chrétiens[91]. Ils furent, dit-on, jugés au cirque de Flaminius, puis assommés à coups de plumbatæ. Le prêtre Jean, qu’un grand nombre de Passions nous montrent voué à l’ensevelissement des martyrs, et que nous avons déjà rencontré plusieurs fois accomplissant cet acte de miséricorde, enleva de nuit leurs corps : il les transporta, le 29 janvier, au nymphée de saint Pierre, là où l’apôtre baptisait, c’est-à-dire au cimetière Ostrien, sur la voie Nomentane[92]. Trois jours après, le greffier Apronianus était décapité sur la voie Salaria. Au milieu de ces sanglantes scènes, le procès de Cyriaque, de ses compagnons et de vingt et un fidèles était instruit par un vicaire du préfet, en ce lieu de Tellus[93] qui vit passer tant de martyrs. Lors d’une première audience, Crescentianus mourut pendant la torture[94]. Son cadavre fut jeté au pied de la montée de l’Ours, sur la place, devant le temple de Pallas[95]. Le prêtre Jean put lui donner la sépulture, le 24 novembre, au cimetière de Priscille[96]. Le, procès semble avoir été interrompu pour ne reprendre qu’au commencement de 305. Après une seconde audience, sur laquelle le vicaire fit, dit-on, un rapport à Maximien Hercule, celui-ci commanda de décapiter Cyriaque et les autres accusés. L’exécution eut lieu le 16 mars, sur la voie Salaria, dans une dépendance des immenses jardins de Salluste[97], où résidaient pendant l’été les empereurs[98], et où plus d’une fois coula le sang des martyrs[99]. Les condamnés paraissent avoir reçu sur cette voie une sépulture provisoire[100] ; mais plus tard la matrone Lucine transporta leurs corps entre le septième et le huitième mille de la voie d’Ostie[101], au lieu qui prit depuis le nom de cimetière de Cyriaque[102]. C’est encore sur la voie d’Ostie, dans un jardin peu éloigné de la sépulture de saint Paul, que fut enterrée une autre victime de la persécution, le chrétien Timothée, originaire, dit-on, d’Antioche, dont l’anniversaire est marqué au 22 août par le férial philocalien[103]. L’opinion commune attribue à l’hiver de 304-305 (21 janvier) la mort de sainte Agnès. Agnès[104] est une des plus gracieuses et des plus populaires figures du martyrologe chrétien. Mais c’est une de celles sur lesquelles on possède le moins de documents certains. Cependant, même en négligeant tout à fait ses Actes, qui sont postérieurs au quatrième siècle[105], et en combinant seulement les renseignements puisés dans la tradition orale[106] par saint Ambroise, par saint. Damase et par Prudence, on arrive à se faire, croyons-nous, une idée assez nette de son histoire. Agnès était toute jeune, presque une enfant, quand elle fut arrêtée. Elle avait douze[107] ou treize ans[108], ce qui faisait déjà, à Rome, l’âge nubile[109] : comme les jeunes filles romaines, elle vivait encore sous la garde de sa nourrice[110], qui ne quittait point avant le mariage l’enfant élevée par ses soins[111]. Le dépit d’un prétendant évincé contribua-t-il à son arrestation[112] ? On peut l’induire du récit de saint Ambroise. Quelles douceurs employa le persécuteur pour la séduire ! que de vœux pour obtenir qu’elle se donnât en mariage ! Mais elle : Espérer me fléchir serait faire injure à mon divin époux. Celui qui le premier m’a choisie recevra ma foi. Bourreau, pourquoi tardes-tu ? Périsse ce corps qui peut, malgré moi, être aimé par des yeux charnels ![113] Le juge irrité changea de ton. A quelles menaces il eut recours pour la faire trembler ![114] Il parla de la condamner au bûcher. Mais elle foula aux pieds spontanément les menaces et la rage du tyran, lorsqu’il voulut livrer aux flammes son noble corps, et surpassa avec de faibles forces une immense terreur (Saint Damase). En vain essaya-t-on de la torture : Elle se tenait debout, intrépide dans son fier courage, et offrait volontairement ses membres aux durs tourments, ne refusant pas de mourir[115]. Alors un supplice plus horrible lui fut proposé. S’il est facile, dit le juge, de vaincre la douleur et de mépriser la vie comme une chose de peu de prix, la pudeur au moins est chère à une vierge. J’exposerai celle-ci dans un lupanar public, si elle ne se réfugié près de l’autel et ne demande protection à Minerve[116], cette vierge qu’elle, vierge aussi, persiste à mépriser. Toute la jeunesse va accourir, et réclamer la nouvelle esclave de ses caprices[117]. Agnès ne se troubla point : Le Christ, dit-elle, n’est pas tellement oublieux des siens, qu’il perde notre précieuse pudeur et nous laisse sans secours : il est avec celles qui sont pures, et ne souffre pas que le trésor de leur sainte intégrité soit profané. Tu plongeras dans mon sein un fer impie, si tu le veux ; mais tu ne souilleras pas mes membres par le péché[118]. Dieu fit le miracle attendu par l’ardente foi de sa servante. On l’avait conduite dans la courbe de la place, flexu in plateæ[119], c’est-à-dire, selon la tradition locale, dans l’un des mauvais lieux situés sous les arcades du stade d’Alexandre Sévère, là où s’élève aujourd’hui son église de la place Navone[120]. Saint Damase rapporte que ses cheveux répandus autour d’elle couvrirent comme un manteau les membres nus de la vierge[121]. Prudence raconte le fait suivant : Un seul osa arrêter ses regards sur la jeune fille, et ne craignit pas de porter un œil impur sur son corps sacré. Voici qu’un oiseau de feu fond sur lui comme la foudre et lui crève les yeux ; aveuglé par l’éclatante lumière, il tombe palpitant dans la poussière, et ses compagnons l’enlèvent demi-mort[122]. » Le poète ajoute : Il y en a qui disent (sunt qui rettulerint) qu’Agnès voulut bien prier le Christ de rendre la lumière à celui qui gisait terrassé : alors le souffle de la vie revint au jeune homme, et ses yeux reprirent leur vigueur première[123]. Le merveilleux qui éclate dans cette histoire n’était pas pour étonner les païens. Eux-mêmes avaient eu quelquefois le pressentiment de ces miraculeuses délivrances accordées par le ciel à la faiblesse et à la pureté. Sénèque a résumé une controverse d’école sur le cas imaginaire d’une jeune fille enlevée par des pirates, vendue à un entrepreneur de débauche publique, exposée dans un mauvais lieu, et sauvant sa vertu par le meurtre d’un gladiateur qui essayait de lui faire violence[124]. Jusque-là, tous ceux qui s’étaient approchés d’elle comme d’une prostituée s’étaient retirés avec le respect qu’inspire une prêtresse[125]. Un seul avait persisté dans son mauvais dessein ; alors s’était montré le pouvoir des immortels. J’ai vu, faisait-on dire à la jeune fille, j’ai vu planer au-dessus de ma tête une colossale figure ; mes faibles membres ont senti tout à coup une force surhumaine : qui que vous soyez, ô dieux qui avez voulu tirer par un miracle l’innocence de ce lieu infâme, vous n’aurez point secouru une ingrate : je voue à votre service la virginité que vous avez sauvée[126]. Ce touchant rêve de l’imagination païenne se réalisait maintenant sous les yeux des persécuteurs. Mais, chez les anciens, l’attendrissement et la surprise duraient peu. Les rhéteurs qui prirent part à la controverse résumée par Sénèque persistent à déclarer infâme la jeune fille dont ils ont raconté la miraculeuse délivrance. De même les juges du quatrième siècle ne font pas grâce à la vierge sortie intacte d’une aussi terrible épreuve[127]. Agnès fut condamnée à la décapitation[128]. Elle se tient debout, elle prie, elle baisse la tête. La main du bourreau tremble, son visage pâlit, tandis que la vierge demeure intrépide[129]. Enfin il frappe : un seul coup suffit à détacher la tête, et la mort vint avant la douleur[130]. Ainsi finit cette jeune fille, dont on sait au moins deus choses certaines : elle vécut pure et mourut martyre. Elle avait sans cloute ravi ses contemporains par l’élan de son sacrifice, une généreuse protestation en faveur du Christ et de l’Église, une parole pleine d’énergie et de grâce, un cri, un geste, découvrant une âme exquise. L’admiration populaire s’est attachée à son nom, et lui a créé une poétique légende, dans laquelle l’histoire peut démêler aujourd’hui encore quelques traits vraisemblables. D’ailleurs, que l’on réduise tant que l’on voudra dans les traditions dont elle est l’objet la part de l’histoire, Agnès est une de ces personnes saintes dont l’importance et la grandeur se révèlent surtout à l’auréole dont elles paraissent entourées. N’en est-il pas ainsi de Marie elle-même, que toutes les générations proclament bienheureuse, et sur laquelle l’Évangile est si sobre de détails ? Les chrétiens du quatrième siècle aimaient à rapprocher de la sainte Vierge la figure virginale de la jeune Romaine. Dans un brillant tableau, Prudence la montre montant au ciel, entourée d’anges : on croirait voir une Assomption de Murillo[131]. Il va jusqu’à représenter Agnès écrasant la tête du serpent, qui se roule, vaincu, sous le talon d’une vierge[132]. L’enthousiasme excessif du poète transporte à la jeune martyre le rôle même prédit depuis le commencement du monde à Marie[133]. Agnès est quelquefois dessinée sur les verres chrétiens[134] à côté de la sainte Vierge. Le patriotisme des Romains semble avoir voulu faire de ce rapprochement un nouveau titre de gloire pour la jeune fille qui porte le double diadème de la virginité et du martyre[135]. Je ne veux me servir de ses Actes que pour leur demander un renseignement topographique, dont l’exactitude est attestée par les monuments. Les parents d’Agnès[136], disent-ils, enlevèrent son corps avec une sainte joie et le déposèrent dans un petit domaine (prædiolum) qu’ils possédaient à peu de distance de la ville, sur la voie Nomentane[137]. Des cimetières chrétiens existaient déjà sur cette voie : le cimetière Ostrien, appelé aussi le grand cimetière, cœmeterium majus, à cause des souvenirs que saint Pierre y laissa[138] ; une petite nécropole, voisine mais distincte, et fort ancienne[139]. A ce second hypogée touchait le prædiolum des parents d’Agnès, qui, soit avant, soit après la sépulture de la martyre, s’y trouva annexé, et sur lequel, à l’époque constantinienne, s’éleva la gracieuse basilique semi-souterraine qui semble encore toute parfumée de son souvenir[140]. Les Actes ajoutent qu’à l’occasion des funérailles d’Agnès il y eut une émeute des païens et que sa sœur de lait Émérentienne, encore catéchumène, y périt. Les parents d’Agnès veillèrent à la sépulture de l’amie de leur fille, et la déposèrent à la limite du petit champ de celle-ci, in confinio agelli beatissimæ virginis Agnetis[141]. La tombe d’Émérentienne sera, en effet, vénérée dans le cimetière Ostrien, contigu à celui qui prit le nom de sainte Agnès, dont il n’est séparé que par un arénaire à travers lequel on pouvait passer de l’un à l’autre[142]. Dans les galeries souterraines qui se développèrent promptement autour du tombeau de sainte Agnès, comme dans celles du cimetière Ostrien, a été rencontré le souvenir d’une femme chrétienne célèbre par son dévouement pendant la persécution. Le sceau de Turrania Lucina s’y reconnaît encore imprimé sur le mortier de deux tombes[143]. Lucine parait souvent dans les récits de cette sanglante époque. Elle joue un rôle dans les Actes de saint Sébastien, dans ceux de sainte Viatrix, de saint Anthime[144], de saint Cyriaque, de saint Marcel, dans la notice de ce pape au Liber Pontificalis. Si confus que soient ces divers documents, il en ressort au moins l’importance du personnage, qui ne peut être imaginaire. Lucine se montre à nous comme une grande clame, qui mettrait ses richesses, son zèle, son influence, au service de l’Église affligée. On la dit petite-fille par sa mère de l’empereur Gallien, fille de Sergius Terentianus, préfet de Rome, et veuve d’un ancien proconsul d’Asie, Faltonius Pinianus, converti à la foi chrétienne[145] ; à elle-même un martyrologe donne le nom d’Anicia Lutina[146]. Les Piniani sont bien connus au quatrième siècle[147], et, à cette époque, existent entre les Anicii, les Faltonii, les Turranii des rapports de parenté ou d’alliance[148]. Le sceau imprimé dans le cimetière de sainte Agnès appartient donc, vraisemblablement, à une chrétienne qui joignait au cognomen (baptismal) Lucina le gentilitium Turrania, et, par elle comme par son mari, tenait aux plus grandes maisons de Rome. Cette situation de famille explique l’impunité dont elle put jouir et la liberté relative de ses mouvements au milieu de la terreur universelle. Pendant qu’ils immolaient les prêtres Crispus et Jean, souvent associés à Lucine dans l’œuvre de miséricorde envers les martyrs, et ensevelis à la hâte dans le cimetière improvisé sous le bois des Arvales[149], les magistrats, n’osant ou ne voulant toucher à une personne apparentée à ce que le sénat comptait de plus illustre, préféraient fermer les yeux sur ses actions. Cependant, si l’on en croit une tradition curieuse, Lucine commençait à s’inquiéter pour elle-même et songeait à prendre la fuite, quand une des martyres qu’elle avait ensevelies, Viatrix, lui apparut, l’exhorta à demeurer, et lui annonça que, ce mois-là même, Dieu allait rendre la paixà l’Église[150]. Cette légende a au moins le mérite d’expliquer poétiquement que Lucine survécut à la période sanglante de la persécution en Occident ; ce que montrent, d’ailleurs, les sceaux appliqués par elle ou par son ordre sur des tombes probablement postérieures à cette époque. Le moment où la persécution, destinée à continuer pendant plusieurs années encore en Orient, commença de s’amortir à Rome, coïncide avec le printemps e 305. Avant de raconter les événements politiques qui amenèrent l’accomplissement de la prédiction attribuée à Viatrix, il nous reste à montrer hors de Rome, en Italie, en Espagne, en Afrique, la, répétition des tragiques épisodes auxquels on vient d’assister dans la ville éternelle. II. — Les martyrs de l’Italie et de
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[1] Tillemont, Histoire des Empereurs, t. IV, p. 47.
[2] XV kalendas maii. Passio S. Savini episcopi et martyris, 1, dans Baluze, Miscellanea, t. I, p. 12.
[3] Les ludi ceriales duraient du 12 au 19 avril ; Marquardt, Römische Staatsverwaltung, t. III, p. 357, 551 ; Mommsen, Römische Staatsrecht, 2e éd., t. I, p. 471.
[4] Misso sexto Venetos vincente. Passio S. Savini, 1 ; mot à mot (Maximien) battant les Bleus à la sixième borne. La faction contre laquelle se déclarait Maximien avait été au contraire favorisée par Vitellius, qui fit mettre à mort un citoyen pour avoir médit des Bleus ; Suétone, Vitellius, 14 ; Dion Cassius, LXV, 5. Caligula, au contraire, était un ardent partisan des Verts ; Suétone, Caligula, 55 ; Dion Cassius, LIX, 15.
[5] Voir les Dernières Persécutions du troisième siècle, 2e éd. Cf. Edmond Le Blant, les Actes des martyrs, p. 137 ; Saglio, art. Acclamatio, dans le Dictionnaire des antiquités, t. I, p. 18-20.
[6] Passio S. Savini, 1.
[7] Conventus factus est in Capitolio, decimo kalendas maii.
Passio S. Savini, 1. — Les réunions du sénat avaient lieu ordinairement
à la curie Julia, près des comices, sur le côté nord du forum ; mais
quelquefois aussi il s’assemblait ailleurs. Le sénat, siégeant dans le temple
de
[8] Passio S. Savini, 1.
[9] Passio S. Savini, 1.
[10] Augustalis Tusciæ, dit
[11] Passio S.
Savini, 2. — Sur la valeur de
[12] Cf. saint Optat, De schism. donat., III, 8 : artificiosa crudelitas.
[13] Acta S. Sebastiani, 65, dans Acta SS., janvier, t. II, p. 275. — Actes des martyrs grecs, dans De Rossi, Roma sotterranea, t. II, p. 208. — Cf. Tillemont, Mémoires, t. V, art. sur la persécution de Dioclétien ; De Rossi, l. c., p. 212 ; Bullettino di arch. crist., p. 166.
[14] J’ai déjà dit que les nombreux épisodes rapportés dans ces Actes sont rattachés les uns aux autres par un lien probablement très artificiel. Baronius (Anal., ad ann. 286, § 8) reconnaît de même que ce qui est rapporté dans les Actes de saint Sébastien peut avoir été fait en des temps fort éloignés l’un de l’autre.
[15] De Rossi, Roma sotterranea, t. I, p. 180-181 ; Armellini, Antichi cimiteri cristiani di Roma, p. 437-440.
[16] Acta S. Sebastiani, p. 5.
[17] Acta S. Sebastiani, 83.
[18] Cf. De Rossi, Roma sotterranea, t. I, p. 201.202, et 2e partie, p. 15, 37.
[19] De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1865, p. 9-10 ; Armellini, Antichi cimiteri cristiani di Roma, p. 284-287.
[20] Représenté par une
petite basilique encore visible, que mentionne
[21] De Rossi, Roma sotterranea, t. I, p. 178.179. Voir l’inscription mise sur le tombeau par le pape Damase, Inscriptiones christianæ urbis Romæ, t. II, p. 64, n° 12 ; p. 96, n° 48. Un graffito : TIBVRTIVS IN Ж CVM SVIS ARIEN est peut-être une allusion au martyr. Armellini, Antichi cimiteri cristiani di Roma, p. 291.
[22] Sur ce cimetière, voir Bullettino di archeologia cristiana, 1864, p. 10, 82 ; 1873, p. 147 ; 1877, p. 21 ; 1878, p. 46, 69-71, 149 ; 1879, p. 75-87 ; 1881, p. 164, 165 ; 1882, p. 111, 130 ; Nuovo Bullettino, 1898, p. 137-t83. Les caractères archéologiques du cimetière paraissent à M. de Rossi convenir à la période qui précéda la paix constantinienne plutôt qu’à la période suivante. Bull., 1882, p. 120.
[23] Roma sotterranea, t. I, p. 178.179. Inscription damasienne du tombeau de Gorgonius, Inscr. christ. urbis Romæ, t. II, p. 64, n° 13 ; p. 107, n-52 ; p. 437, n° 120. Je ne reproduis pas cette inscription, non plus que celle de Tiburtius, parce qu’elles ne contiennent aucun renseignement historique. Selon le martyrologe romain, Gorgonius serait un martyr de Nicomédie, dont le corps aurait été transporté à Rome. Mais ce martyrologe le dit enterré sur la voie Latine, ce qui est faux. Le martyrologe hiéronymien porte : Romæ via Labicana inter duas lauros in cimiterio ejusdem natale sci Gorgoni. Tous les itinéraires du septième siècle désignent également le cimetière de la voie Labicane. La chambre funéraire de Gorgonius est probablement celle. où se voit au fond, à gauche, un siège taillé dans le tuf, et dont la voûte, décorée de peintures du cinquième ou sixième siècle, porte l’image de Jésus-Christ entre les apôtres saint Pierre et saint Paul, avec, au-dessous, l’Agneau divin entre quatre saints désignés ainsi : PETRVS MARCELLINVS TIBVRTIVS GORGONIVS. Comme Tiburtius fut enterré au-dessus du cimetière, et que la chambre funéraire de Pierre et Marcellin est distincte de celle que nous venons de décrire, celle-ci parait bien avoir servi à Gorgonius. Voir Nuovo Bullettino di archeologia cristiana, 1898, p. 184.
[24] Pierre et Marcellin sont parmi le petit nombre de martyrs nommés au canon de la messe.
[25] Là avaient été également décapitées, sous Valérien, les saintes Rufine et Seconde ; voir les Dernières Persécutions du troisième siècle, 2e éd.
[26] Le 2 juin. Martyrologe hiéronymien.
[27] Acta SS. Marcellini et Petri, dans Acta SS., juin, t. II, p. 171. Voir sur ces saints, Brüder, Die heiligen martyrer Marcellinus und Petrus, ihre Verehrung und ihre Reliquien, izach gedruckten und ungedrukten Quellen, Mayence, 1878.
[28] La crypte des saints Pierre et Marcellin a été découverte par M. Stevenson, lors des travaux faits dans la catacombe de 1895 à 1897. Un escalier y conduisait. Près de la chambre, un antique pèlerin avait tracé un graffito en leur honneur. La chambre est vaste, et a été taillée de manière à recevoir de nombreux visiteurs. Au centre, devant l’abside, subsiste, isolé, un bloc de muraille, contenant deux loculi. Il est évident que ce pan de mur a été conservé à dessein, quand tout autour on démolissait une galerie et l’on abattait les parois pour créer le sanctuaire souterrain. Les deux tombes qui y restent ont contenu les corps des martyrs que, par un sentiment de respect, on n’avait pas voulu transporter dans une sépulture plus monumentale : on s’est contenté de décorer sur place les humbles loculi de pilastres et de marbres. Voir Nuovo Bullettino di archeologia cristiana, 1897, p. 117-125 ; 1898, p. 148-178 et pl. I-II, XII, XIII. Constantin avait élevé au-dessus du cimetière une vaste basilique en l’honneur des saints Pierre et Marcellin (Liber Pontificalis, Silvester, éd. Duchesne, t. I, p. 182), mais toute trace en a disparu. La petite basilique existante encore, et d’où part l’escalier qui descend dans le cimetière, est celle de Gorgonius, dont il a été question plus haut.
[29] Allusion à leur
tombeau primitif dans
[30] Cf. Acta SS. Marcellini et Petri, 6.
[31] Cette inscription est rapportée dans les Acta SS. Marcellini et Petri, 8 ; voir à ce sujet les observations de M. de Rossi, Inscript. christ. urbis Romæ, t. II, p. 45.
[32] Au cimetière de saint Calepode ; cf. De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1881, p. 104-106 ; Roma sotterranea, t. I, p. 165, 182.
[33] Sanctam vero Candidam atque virginem Paulinam per præcipitium, id est per luminare cryptæ, jactantes, lapidibus obruerunt. Acta SS. Marcellini et Petri, 7. La vraie leçon donnée par plusieurs manuscrits de Rome (Bosio, Roma sotterranea, p. 116) et par le plus ancien des manuscrits de Paris contenant ces Actes (Le Blant, les Actes des martyrs, p. 275) est luminare et non, comme d’autres le portent, liminare. Cf. l’inscription du diacre Severus (295-303) :
CVBICVLVM
DVPLEX CVM LVMINARE
(De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 46 et pl. V, n° 3). Voir d’autres inscriptions faisant allusion au luminare dans Le Blant, l. c.
[34] De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 422-423.
[35] Sur la famille et la noblesse de sainte Sotère, De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 23-29.
[36] Saint Ambroise, De exhortatione virginitatis, 12.
[37] Saint Ambroise, De Virginibus, III, 6.
[38] Roma
sotterranea, t. III, p. 36. — Les anciens documents citent plusieurs
martyres du nom de Sotère ; la clairvoyante critique de M. de Rossi a pu les
distinguer, renvoyer à la persécution de Valérien
[39] Corpora eorum ligato saxo in colla eorum miltebantur per pontem, qui dicitur lapideus, in Tiberis rheumatibus. Acta SS. Beatricis, Simplicii, Faustin, dans les Acta SS., juillet, t. VII, p. 47. — Le cosmographe Ethique (sixième siècle) place ce pont en aval de l’île : Post iterum, ubi unes effectus (Tiberis), per pontera Lepidi, qui nunc abusive a plebe lapideus dicitur, juxta Forum boarium, quem locum Cacum dicunt, transiens adunatur gratissimo sono, depictus verticibus suorum turbinum, etc. ; cité par De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1869, p. 11. Ce pont est nommé aussi par les Actes de saint Pigmenius : Pontera lapideum, quem omnes pontera majorem appellant ; Acta SS., mars, t. III, p. 479. C’est le Ponte Rotto d’aujourd’hui. Voir cependant, sur la controverse relative à l’identification du Pons lapideus ou Lepidi, soit avec le Ponte Rotto, soit avec le Pont Fabricius (aujourd’hui Quattro Capi) qui relie l’île à la rive romaine, Mommsen, Monatsbericht der K. Akad. der Wissenschaften zu Berlin, 1867, p. 535-536 ; Preller, Die Regionen der Stadt Rom, p. 153 ; Canina, Indic. topogr. delle reg. di Roma, 4e éd., p. 560-561 ; Jordan, Topographie der Stadt Rom in Alterthum, t. II, p. 200-202.
[40] Les fragments conservés de l’inscription damasienne en l’honneur des martyrs et de leur sœur portent : FAVSTINO VIATRICI. Viatrix est la forme féminine du cognomen Viator, fréquent chez les premiers chrétiens, et non, comme on l’a cru, une corruption de Beatrix. Les plus anciens documents désignent la sainte dont il est question ici par le nom de Viatrix : plus tard on le corrigea maladroitement en Beatrix. De Rossi, Rome sotterranea, t. III, p. 652-653 ; cf. Bullettino di archeologia cristiana, 1883, p. 144.
[41] Quoniam corpora Dei nutu inventa sunt juxta locum, qui appellatur Sextum Philippi via Portuensi. Acta SS. Beatricis, etc. Le cosmographe Éthique décrit ainsi ce lieu : Circa Sextum Philippi, quod prædium missale appellatur, geminatur (Tiberis) et in duobus ex uno effectus insulam facit inter portum Urbis et Ostiam civitatem. Bullettino di archeologia cristiana, 1869, p. 11.
[42] Bullettino di archeologia cristiana, 1869, p. 10-11, et Roma sotterranea, t. III, p. 649.
[43] Aussi l’inscription (apparemment du septième siècle) relative à Simplicius et Faustinus qui passi sunt in flumen Tiberis ne les dit pas enterrés au Sextum Philippi, mais en amont, super (Sextum) Philippi. Bullettino di archeologia cristiana, 1866, p. 44-45 ; 1869, p. 2.
[44] Roma sotterranea, t. III, p. 665.
[45] Inscription païenne du troisième siècle ; Roma sotterranea, t. III, p. 683.
[46] De Rossi, Ann.
Bell’ Instit. di corresp. archeol., 1858, p. 54-79 ; Bull. di arch.
crist., 1869, p. 14 ; C. de
[47] Roma sotterranea, t. III, p. 690 ; Bull. di arch. crist., 1869,. p. 14. L’inscription du septième siècle dit : cœmeterium Generosæ super Philippi ; Bull. di arch. crist., 1866, p. 44.
[48] Roma sotterranea, t. III, p. 670.
[49] Quam etiam sancta et venerabilis Lucina una cum suis sanctissimis fratribus ibi in Sexto Philippi sepelivit IV Kal. Aug. Acta SS. Beatricis, Simplicii, Faustini, dans Acta SS., juillet, t. VII, p. 36. — Quam sancta Lucina cum suis fratribus ibidem in Sexto Philippi sepelivit. Acta S. Anthimii, 13, dans Acta SS., mai, t. VII, p. 617.
[50] Les Romains donnaient indifféremment au même personnage le nom ou son diminutif, Rufus ou Rufinianus, Faustus, Faustinus ou Faustinianus, Clementinus ou Clementianus. Voir les exemples cités par De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1869, p. 7 ; Roma sotterranea, t. III, p. 657-658.
[51] Cf. Lactance, De mort. pers., 7.
[52] Roma sotterranea, t. III, p. 11 ; cf. p. 659-660, et Bull. di arch. crist., 1869, p. 5, 7-8. — Sur la chlamyde comme insigne distinctif des vicaires, voir Notitia dignit., Occid., Bœcking, p. 428 ; Cassiodore, Var., VI, 15.
[53] Erat autem in vinculis jussu Diocletiani... Chrysogonus... Hic erat apud Rufum quemdam vicarium, quem dominus Jesus Christus cum omni domo sua per Chrysogonum lucratus est. Martyrium SS. Anastasiæ et Chrysogoini, dans Surius, Vitæ SS., t. XII, p. 313. — Natalis S. Rufi martyris, quem dominus noster Jesus Christus cum omni domo sua per Chrysogonum martyrem lucratus est ; quem cum omni domo sua Diocletianus punitum, Christo martyrem dedit. Adon, Martyrol., 28 nov. Les Actes de saint Chrysogone, personnage romain martyrisé le 22 novembre à Aquilée, et de sainte Anastasie, martyrisée le 25 décembre à Sirmium, sont mêlés de trop d’inventions légendaires pour qu’il soit aisé d’en extraire, avec quelque certitude, ‘ce qu’ils peuvent contenir d’éléments traditionnels. Je nie bornerai à rappeler la célébrité acquise de bonne heure à Rome par saint Chrysogone dont le titulus primitif, sur l’emplacement duquel fut édifiée l’église moderne, parait remonter à l’époque de Constantin, et l’importance que le culte de sainte Anastasie obtint à Rome vers le sixième siècle, au point qu’une des trois messes de Noël lui était propre. Voir Tillemont, Mémoires, t. V, art. sur sainte Anastasie, veuve et martyre ; Duchesne, Notes sur la topographie de Rome au moyen âge, III ; Bickersteth Birks, art. Chrysogonus, dans le Dictionary of christian biography, t. I, p. 516 ; Armellini, le Chiese di Roma, p. 202.
[54] Acta SS., septembre, t. V, p. 300.
[55] In domo Theodoræ, in vicum qui dicitur Canarius. Acta SS., septembre, t. V, p. 300. Le vicus Canarius n’est-il pas une corruption du vicus Caprarius nommé dans d’anciens documents ? Voir Jordan, Topogr. der Stadt Rom in Alterthum, t. II, p. 102.
[56] In crypta in clivo Cucumeris. Acta.
[57] Le cimetière
portait anciennement le nom Ad septem columbas,
comme d’autres s’appelaient également, de désignations locales, Ad duas lauros, Ad
insalsatos, Ad ursum pileatum
; De Rossi, Roma sotterranea, t. I, p. 132. Après la paix de l’Église il
fut connu sous le nom de Ad caput S. Joannis,
parce que la tête d’un martyr Jean, par une exception presque unique à cette
époque, avait été mise séparément du corps sous l’autel de la petite basilique
érigée au-dessus du cimetière. Parmi les martyrs qui reposèrent dans celui-ci
était le consul Liberalis, dont deux inscriptions en vers célébraient la mort
pour le Christ, sans qu’aucun document ait gardé son souvenir, et par
conséquent sans qu’on puisse savoir dans quelle persécution il périt. Voir Inscriptiones
christianæ Urbis Romæ, t. II, p. 101, n° 23, et 102, n° 38 ; Bull. di
arch. crist.,
[58] Præsentati in Tellude in fora ante templum. Acta.
Le temple de Tellus, élevé en 484 de Rome, dans le quartier des Carines, est
souvent nommé dans les Passions des martyrs (cf. Jordan, Topogr. der Stadt
Rom in Alterthum, t. I, p. 71 ; t. II, p. 381, 488-492). Ce lieu est
quelquefois désigné, comme dans
[59] Acta ; cf. Bull. di arch. crist., 1883, p. 136. Rubræ est nommé par Martial, IV, 64.
[60] Bull. di arch. crist., 1883, p. 159. Ce détail est jugé invraisemblable par l’auteur de l’article sur l’Amphithéâtre Flavien et ses environs dans les textes hagiographiques, Analecta Bollandiana, 1897, p. 245.
[61] In loculo plumbeo. Sur l’usage des cercueils de
plomb chez les Romains, voir Cochet, Mémoire sur les cercueils de plomb dans
l’antiquité et au moyen âge, Rouen, 1870, p.
[62] Sur le territoire de Rignano. Bull. di arch. crist., 1883, p. 134 et suiv. ; Stevenson, dans Kraus, Real-Encyklopädie der christlichen Alterthümer, t. II, p. 125. L’épitaphe suivante, aujourd’hui au musée de Latran :
ABVNDIO
PBR
MARTYRI
SANCT
DEP.
VII IDVS DEC.
doit provenir de ce cimetière, et avoir été gravée, après la paix de l’Église, lors de la translation solennelle du martyr Abundius (Bull., 1883, p. 152, 158). Un fragment de verre, gravé en creux, et portant près de la représentation d’un personnage les lettres ABV... fait probablement allusion à ce martyr (ibid., 1880, p. 86).
[63] Depositio martyrum, dans Ruinart, p. 692.
[64] Cf. Roma sotterranea, t. I, p. 116.
[65] Outre la date consulaire de l’année 258 indiquée pour saint Pierre et saint Paul et se rapportant à leur translation temporaire ad catacumbas sur la voie Appienne, celle de 304 est marquée pour Partenius et Calocerus ; mais elle s’applique, comme l’a montré M. de Rossi, à une translation faite alors des reliques de ces saints, de leur tombeau primitif à une chambre plus obscure de la catacombe de Calliste, afin de les dérober aux profanations qui suivirent la confiscation des cimetières ; voir Roma sotterranea, t. II, p. 211 et suivantes.
[66] La probabilité de la translation de Partenius et Calocerus, dont il est question à la note précédente, résulte de l’examen des lieux mêmes et de leurs inscriptions ; mais, à défaut de tels indices, qui n’ont pas été relevés pour Basilla, je pense qu’il y a lieu de considérer la date consulaire jointe à son nom comme étant celle, non d’une translation hypothétique, mais de sa première inhumation.
[67] Domina Basilla, commendamus libi Crescentinus (Crescentinum) et Micina(m) filia(m) nostra(m) Crescen(tinam). — Commendo Basi(l)la innocentiam Gemelli. — Bullettino di archeologia cristiana, 1876, p. 28.
[68] Duchesne, le Liber Pontificalis, t. I, p. CCXLIX.
[69] Duchesne, le Liber Pontificalis, t. I, p. 6.
[70] Eusèbe, Hist. Ecclés., VII, 32, 1.
[71] Théodoret, Hist. Ecclés., I, 2.
[72] Voir la notice de saint Marcellin au Liber Pontificalis, empruntée vraisemblablement d’une Passio Marcellini perdue (cf. Duchesne, t. I, p. LXXIV, XCIX), et les Actes du faux concile de Sinuesse (Mansi, Concil., t. I, p. 1250 ; Héfélé, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. I., p. 126).
[73] Ipse Marcellinus ad sacrificium ductus est ut thurificaret, quod et fecit, dit le Liber Pontificalis. Cf. ut thurificarem, dans les Actes du concile de Cirta ; saint Augustin, Contra Cresconium, III, 27 ; et IN DIEBVS TVRIFICATIONIS, dans une inscription de Numidie, Bull. di arch. crist., 1875, p. 162 ; 1876, p. 59.
[74] Voir par exemple la biographie du successeur de Marcellin, le pape Marcel, dont le récit est en contradiction formelle avec les faits relatés de source sûre par saint Damase ; Duchesne, t. I, p. 166.
[75] Duchesne, t. I, p. LXXI-LXXII. Voir cependant l’explication différente que donnent de cette omission les Bollandistes (Acta SS., juin, t. VII, p. 185), Mommsen (Chronogr. von Jahre 354), De Smedt (Introductio ad hist. eccl., p. 512, note).
[76] De Rossi, Roma sotterranea, t. I, p. 116. — Le pape
saint Télesphore, que l’on sait par Eusèbe (Hist. Ecclés., IV, 19) avoir
été martyrisé sous Antonin, n’est pas nommé dans
[77] Voir sa notice au Liber Pontificalis : les travaux faits dans le cimetière de Priscille pendant le règne de Dioclétien semblent confirmer sur ce point l’assertion du biographe.
[78] In cubiculum qui palet usque in hodiernum diem... Liber Pontificalis, Marcellinus (Duchesne, t. I, p. 16). Un des manuscrits dit cubiculum clarum.
[79] In crypta juxta corpus sancti Crescentionis. Liber
Pontificalis, Marcellinus (Duchesne, t. I, p. 16). La crypte du martyr
Crescentio a été découverte, mais on n’y a trouvé aucun indice épigraphique ou
monumental de la sépulture de Marcellin (Bull. di arch. crist.,
[80] Epitome de locis sanctorum martyrum ; Roma sotterranea, t. I, p. 176.
[81] Acta S. Marcelli, dans les Acta SS., janvier, t. II, p. 5 ; Acta S. Cyriaci, ibid., août, t. II, p. 327.
[82] La guérison et la conversion d’une fille de Dioclétien, le voyage de Cyriaque en Perse pour guérir une fille du roi Nabor, le don à Cyriaque par Dioclétien d’une maison près de ses thermes, le testament de Dioclétien en faveur de son fils Maximien, etc.
[83] Acta S. Marcelli, 1.
[84] Acta S. Marcelli, 2.
[85] Inscription du
pape saint Damase sur la tombe de Saturninus ; De Rossi, Inscriptiones
christianæ Urbis Romæ, t. II, p. 103, n°
[86] Acta S. Marcelli, 3.
[87] Acta S. Marcelli, 4.
[88] In Tellude ; Acta S. Marcelli, 4.
[89] Suite de l’inscription damasienne ; De Rossi, l. c.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MIRA
FIDES RERVM DOCVIT POST EXITVS INGENS
(martyre
in invicto posset quid gloria Christi).
DVM
LACERAT PIA MEMBRA FREMIT GRATIANVS VT HOSTIS
POSTEAQVAM
FELLIS VOMVIT CONCEPTA VENENA
COCERE
NON POTVIT CHRISTVM TE SANCTE NEGARE
IPSE
TVIS PRECIBVS MERVIT CONFESSVS ABIRE
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Gratien, dit en note M. de Rossi, est peut-être le préfet de 290. Il faudrait, dans ce cas, avancer de quatorze ans le martyre de Saturninus. Étant données les imperfections des Actes où il est raconté, ce parti ne serait pas pour nous inquiéter ; nous avons montré, à propos de ceux de saint Sébastien, comment des martyrs appartenant à différentes époques d’une même persécution ont été souvent réunis arbitrairement dans un seul récit. Mais l’année 290 parait avoir été, à Rome, relativement paisible pour les chrétiens, et l’on aurait besoin, croyons-nous, d’un document très précis pour y placer le supplice d’un martyr. L’inscription damasienne ne dit nullement que le Gratianus qui tortura Saturnin ait été préfet de Rome : il nous parait plus vraisemblable d’y reconnaître soit un assesseur, soit même un bourreau.
[90] Eorum corpora collegit Thrason, cum Joanne presbytero, et sepelivit in prædio suo via Salaria. Acta S. Marcelli, 2. — Sur le cimetière de Thrason, voir Bullettino di archeologia cristiana, 1865, p. 41 ; 1867, p. 76 ; 1868, p. 88 ; 1872, p. 59 ; 1873, p. 5-21, 43-76 ; 1877, p. 50 ; 1878, p. 46 ; 1881, p. 79. — L’inscription damasienne du tombeau de saint Saturnin se termine ainsi :
SVPPLICIS
HÆC DAMASI VOX EST VENERARE SEPVLCHRVM
SOLVERE
VOTA L1CET CASTASQVE EFFVNDERE PRECES
SANCTI
SATVRNINI TVMVLVS QVIA MARTYRIS HIC EST.
[91] Acta S. Marcelli, 7.
[92] Quorum corpora collegit noctu Joannes presbyter et sepelivit in via Numentana sub die IV Kal. Febr. ad Nymphas S. Petri ubi baptizabat. Acta S. Marcelli, 9. Voir sur le cimetière Ostrien et les souvenirs de saint Pierre qui s’y rattachent, De Rossi, Del luogo appellato ad Capream presso la via Nomentana, extrait du Bullettino della commissione archeologica comunale di Roma, 1883, p. 244-258 ; Roma sotterranea, t. I, p. 179, 190 ; Armellini, Antichi cimiteri cristiani di Roma, p. 195. Papias et Maurus sont nommés dans le martyrologe hiéronymien, au 16 septembre, jour de la commémoration des martyrs de ce cimetière ; voir De Rossi, Del luogo appellato ad Capream, p. 6-8 du tirage à part. Ils étaient probablement nommés aussi dans la partie manquante de la pierre commémorative des martyrs du même cimetière publiée et commentée par M. de Rossi, ibid., et dont il sera question plus loin. Le lien qui unit leur histoire à celle des martyrs des thermes de Dioclétien parait confirmé par ce fait, qu’une inscription votive en leur honneur avait été placée dans un oratoire élevé près de ces thermes dans le courant du quatrième siècle ou au commencement du cinquième ; voici cette inscription, aujourd’hui au musée de Latran :
SANCTIS
MARTVRIBVS
PAPRO
ET MAVROLEONI
DOMNIS
VOTVM REDD.
CANASIVS
QVI ET ASCLEPIVS ET VICTORIN (a)
NAT(ale)
H(abent) DIE XII (XIV ?) KAL. OCT.
PVERI
QVI VOT(um) R(eddiderunt) VITALIS MARANVS
ARVNDANTIVS
TELESPOR
Voir le fac-simile de cette inscription, Bull. di arch. crist., 1877, pl. III-IV, n° 12, et son commentaire, p. 10. Cf. Le Bourgeois, les Martyrs de Rome, t. I, 1897, p. 135-151.
[93] In Tellude. Acta S.
[94] Acta S. Marcelli, 19.
[95] Ante clivum Ursi, in platea,ante templum Palatii (Palladis). Acta S. Marcelli, 19.
[96] In cimiterio Priscillæ, in arenario, via Salaria. Acta S. Marcelli, 19. L’expression in arenario est ici exacte ; il suffit de parcourir la catacombe de Priscille pour y reconnaître un arénaire transformé par les chrétiens en catacombe ; cf. Roma sotterranea, t. I, 2e partie, p. 16, 26, 32-34 ; Rome souterraine, p. 468, 472-473.
[97] Decollati sunt in via Salaria infra thermas Sallustii, foras muros. Acta S. Marcelli, 20.
[98] Jordan, Topographie der Stadt Rom in Alterthum, t. II, p. 124. Sur l’étendue des jardins de Salluste, qui allaient vraisemblablement de la porte Salaria à la porte Pinciana, et, bien que renfermés, depuis Aurélien, dans l’enceinte de la ville, pouvaient avoir des dépendances en dehors des nouveaux remparts, voir Jordan, l. c., p. 123-125.
[99] Voir les Actes de saint Laurent, de saint Crescent, de sainte Suzanne, des quarante soldats martyrisés sous Claude le Gothique, Jordan, Topographie der Stadt Rom in Alterthum, t. II, p. 124-125.
[100] Quorum corpora collegit nocte Joannes presbyter, et sepelivit eos in eadem via. Acta S. Marcelli, 20.
[101] Sanctorum vero corpora, hoc est Syriaci, Largi, Smaragdi, Crescentiani, Mammiæ et Juliana, sepulta sunt in via Ostiensi, milliario ab Urbe plus minus octavo. Acta S. Marcelli, 24 ; cf. 21.
[102] Situé hors de la
zone des cimetières romains, le cœmeterium Cyriaci
n’est pas nommé dans les itinéraires du septième siècle ; mais on le trouve
indiqué, au douzième, dans le livre de Pierre Mallius sur la basilique de
Saint-Pierre ; De Rossi, Roma sotterranea, t. I, p. 184. Les plus
anciens calendriers romains,
[103] XI Kal. sept. Timothei Ostense. Depositio
martyrum. Les Annales romaines, ajoutées plus tard au recueil de
354, mentionnent son martyre, à la suite de la date consulaire de 306 : Bis consulibus passus est Thimotheus, Romæ X Kl. Jul.
; peut-être devrait-il être plutôt rapporté à l’une des années précédentes. Les
Actes légendaires de saint Silvestre parlent beaucoup de Timothée ; mais on
voit que son existence résulte de documents d’une tout autre valeur : son
insertion au catalogue de
[104] Le cognomen Agnes
vient du grec άγνή,
pure. Il n’est pas d’origine exclusivement chrétienne, car on le rencontre dans
quelques épitaphes païennes (citées par Bartolini, Actes du martyre de la
très noble vierge romaine sainte Agnès, trad. française, 1864, p. 7-9).
Dans les inscriptions chrétiennes, particulièrement dans celles qui
accompagnent l’image de sainte Agnès sur les verres dorés, son nom est écrit
Actes, ANNE, ANONE,
ACNA, HACNE
(Carrucci, Vetri ornati di figure in oro, p. 137). Les écrivains du
quatrième siècle, saint Ambroise, saint Damase, saint Jérôme, Prudence, disent Agnes, mais avec des différences encore ;
Ambroise et Prudence en font un mot indéclinable : Agnes
sepulcrum est Romulea in domo,... Natalis
est sanctæ Agnes ; saint Jérôme le décline : Agnetis vita ; ainsi fait le catalogue de
[105] Acta SS., janvier, t. II, p. 350 et suiv. Ces Actes sont l’œuvre d’un Ambroise qui n’a que le nom de commun avec l’évêque de Milan : ils paraissent antérieurs à saint Maxime de Turin (mort vers 466) qui les résume dans son homélie LI.
[106] Traditur, dit saint Ambroise ; fama refert, dit saint Damase ; aiunt, écrit Prudence.
[107] Hæc duodecim annorum martyrium fecisse traditur. Saint Ambroise, De Virginibus, I, 2.
[108] Tredecim annorum. Saint Augustin, Sermo CCLXXIII.
[109] Aiunt jugali vix habilem toro. Prudence, Peri
Stephanôn, XIV, 10. Cf. Digeste, XXIII, 41, 4. Exemples de jeunes
filles mariées peu après douze ans. Friedlænder, Settengeschichte Roms,
t. I, p. 324 ; Fröhner, Inscriptions grecques du Louvre, n° 177, p. 263.
Chrétienne mariée avant quatorze ans : De Rossi, Inscriptiones christianæ
urbis Romæ, t. I, n° 37, p. 36. Inscriptions chrétiennes mentionnant la
virginité de jeunes filles de quatorze ou quinze ans ; ibid., n°
20, p. 25 ; Roma sotterranea, t. III, pl. XXX, n°
[110] Saint Damase, dans Inscript. christ. urbis Romæ, t. II, p. 45.
FANA
REFERT SANCTOS DVDVM RETVLISSE PARENTES
AGNELA
CVM LVGVBRES CANTVS TVBA CONCREPVISSET
NVTRICIS
GREMIVM SVBITO LIQVISSE PVELLAM...
[111] Saint Jérôme, Ep. 47, 97 ; Code Théodosien, IX, XXIV, 1.
[112] C’est le fond du récit des Actes latins, qui attribuent le martyre d’Agnès à l’amour dédaigné du fils du préfet de Rome ; mais ni les Menées grecques, ni les Actes syriaques publiés par Assemani, ne mentionnent cette circonstance.
[113] Saint Ambroise, De Virginibus, I, 2.
[114] Saint Ambroise, De Virginibus, I, 2.
[115] Prudence, Peri Stephanôn, XIV, 18-20.
[116] L’allusion à l’autel de Minerve semble montrer que l’interrogatoire eut lieu dans le voisinage d’un temple de cette déesse. On serait porté à le placer, comme tant d’autres procès de chrétiens de cette époque, dans le quartier de Tellus, au forum de Nerva, voisin du temple de Pallas ; cependant les traditions romaines, avec lesquelles il y a toujours lieu de compter, mettent le procès d’Agnès dans une toute autre région, celle où se trouve aujourd’hui la place Navone. Dans ce quartier de Rome s’élevait aussi un temple de Minerve, dont le souvenir est conservé par la place de ce nom.
[117] Peri Stephanôn, XIV, 21-30.
[118] Peri Stephanôn, XIV, 31-37.
[119] Peri Stephanôn, XIV, 39.
[120] Armellini, le Chiese di Roma, p. 106.
[121] Le même détail est rapporté, probablement d’après Damase, dans les Actes latins, mais ne figure pas dans les pièces grecques et syriaques.
[122] Peri Stephanôn, XIV, 43-51.
[123] Peri Stephanôn, XIV, 57.60. Ce récit est reproduit par les hagiographes postérieurs ; mais les Actes latins seuls, suivis par saint Maxime, font du jeune homme ainsi frappé le fils du préfet.
[124] Sénèque, Controversiæ, I, 2 ; éd. Lemaire, p. 88 et suiv. L’ espèce discutée dans l’école était celle-ci : La jeune fille qui a eu cette tragique aventure peut-elle être admise à un sacerdoce ?
[125] Sénèque, Controversiæ, I, 2 ; éd. Lemaire, p. 99.
[126] Sénèque, Controversiæ, p. 101.
[127] Saint Ambroise, De officiis, I, 41, fait aussi allusion aux pièges tendus à la chasteté d’Agnès.
[128] Les Actes latins racontent que le préfet (auquel ils donnent le nom inconnu de Symphronius), voyant son fils miraculeusement guéri, ne voulut pas continuer le procès, et en chargea son vicaire Aspasius. De la ressemblance entre le nom de ce magistrat et celui du proconsul d’Afrique qui exila saint Cyprien en 257, Bartolini (Actes de sainte Agnès, p. 74 et suiv.), Armellini (Il cimitero di S. Agnese, p. 41), Le Bourgeois (les Martyrs de Rome, t. I, p. 28-32), ont conclu, après Mazocchi (Kat. eccl. Neap., p. 920), à l’identité de ces deux personnages et ont supposé qu’immédiatement avant de gouverner la province d’Afrique Aspasius Paternus avait été vicaire du préfet de Rome. Pour cette raison ils fixent à 257 et au commencement de la persécution de Valérien le martyre de sainte Agnès. Cette hypothèse soulève de grosses objections. Du vicariat de la préfecture urbaine on ne passait pas sans transition au proconsulat d’Afrique ; d’ailleurs, le titre de vicaire n’apparaît pas avant Dioclétien. L’édit de 257 visait seulement les chefs de la communauté chrétienne et ne prononçait pas contre eux la peine de mort, qui ne fut ajoutée qu’en 258 : comment admettre que des magistrats aient voulu, à une époque où ils se bornaient à frapper d’exil des évêques tels que Cyprien et Denys d’Alexandrie, instruire minutieusement et terminer par une condamnation capitale le procès d’une petite fille de douze ans ? J’accorde volontiers que l’auteur des Actes ait voulu identifier le juge de sainte Agnès avec l’Aspasius Paternus qui ordonna en 257 la déportation de saint Cyprien ; en cela, il aura commis une confusion fréquente chez les hagiographes postérieurs à la paix de l’Église, qui ne se faisaient pas scrupule de donner à des magistrats dont le nom leur était inconnu celui de quelque personnage célèbre dans l’histoire des persécutions (voir Edmond Le Blant, les Actes des martyrs, p. 27). On peut admettre aussi que le vicaire Aspasius ait été un descendant du proconsul de 257 ; voir De Rossi, Bull. di arch. crist., 1877, p. 111. La condamnation d’une enfant au déshonneur, puis à la mort, convient surtout à une époque de guerre à outrance, de tuerie en masse, comme fut quelquefois la persécution de Dioclétien, à laquelle le paragraphe 15 des Actes rattache leur récit. L’expression employée par Damase : Fama refert sanctos dudum retulisse parentes, ne va pas contre cette conclusion, car Damase, qui écrit entre 366 et 380, peut considérer comme fait il y a longtemps un récit attribué à des contemporains de 304.
[129] Saint Ambroise, De Virginibus, I, 2.
[130] Peri Stephanôn, XIV, 89, 90.
Une hymne attribuée à saint Ambroise montre la victime occupée, comme Perpétue, de tomber avec décence (cf. Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, 2e éd.) :
Nam
veste se totam tegens
Curam
pudoris præstitit
Ne
quis retectam cerneret.
In
morte vivebat pudor
Vultumque
texerat manu ;
Terram
genuflexo petit
Lapsu
verecunda cadens.
Cette version, cependant, n’est pas tout à fait conforme à celle de Prudence, car elle suppose la vierge déjà blessée, percussa, et non décapitée d’un seul coup.
[131] Peri Stephanôn, XIV, 91-111. — Il convient d’ajouter que Prudence n’essaie pas de rapprocher le triomphe d’Agnès de l’Assomption de la sainte vierge : il représente seulement, avec toute la pompe du langage poétique, l’âme d’Agnès, spirites, montant au séjour des élus.
[132] Peri Stephanôn, XIV, 112-118.
[133] Genèse, III, 15.
[134] Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e éd., art. Agnès, p. 32 ; Kraus, Real-Encyklopädie der christl. Alterthümer, art. Agnes, t. I, p. 18.
[135] Habens igitur in una duplex martyrium, pudoris et religionis. Saint Ambroise, De Virginibus, I, 2.
Duplex
corons est præstita martyri :
Intactum
ab omni crimine virginal,
Mortis
deinde gloria liberiæ.
Peri Stephanôn, XIV, 7-9.
Verres dorés représentant Agnès entre deux colombes, qui lui présentent chacune une couronne ; Martigny, Kraus, l. c. ; Rome souterraine, pl. IX, n° 2.
[136] Bartolini a tenté de rattacher sainte Agnès à l’une des familles Flavia, Ulpia, Turrania, Claudia, Numitoria, Vettia, Lusia, Quintia (Actes de sainte Agnès, p. 7-11) ; Armellini (Il cimitero di S. Agnese, p. 49 et suiv.) essaie de la relier à la gens Clodia ; un autre archéologue (cité pas Bartolini, p. 98) voit dans ses parents des Calpurnii. Ce sont autant d’hypothèses absolument dénuées de preuves.
[137] Acta S. Agnelis, 13, dans Acta SS., janvier, t. II, p. 458.
[138] Voir De Rossi, Del luogo appellato ad Capream presso la via Nomentana.
[139] Armellini, Il cimitero di S. Agnese ; pl. XVII, area I.
[140] Sur la construction de la basilique de sainte Agnès, voir Liber Pontificalis, Silvester, 2e éd. Duchesne, t. I, p. 180, et les notes du savant éditeur, ibid., p. 196.
[141] Acta S. Agnetis, 13.
[142] Voir Armellini, Il cimitero di S. Agnese, p. 28-34. L’inscription en caractères du quatrième siècle si savamment commentée par M. de Rossi dans la description citée plus haut (Del luogo appellato ad Capream) nomme les principaux martyrs enterrés dans le cimetière Ostrien : Victor (évêque d’un siège inconnu), Félix, Alexandre (martyrs dont l’histoire est ignorée), Papias et Maurus, et Émérentienne :
XVI
KAL OCT MARTVRORO in
cimi
TERV
MAIORE VICTORIS FELIcis
EMERENTIANETIS
ET ALEXANdri
Papiæ, Mauri devait probablement être ajouté après Felicis : le marbre est brisé à cet endroit. Sur sainte Émérentienne, voir Le Bourgeois, les Martyrs de Rome, t. I, p. 97-134.
[143] De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1876, p. 151 ; Armellini, La cripta di S. Emerenziana, p. 76 ; Il cimiterio di S. Agnese, p. 175 et pl. XIII, n° 5.
[144]
[145] Acta S. Anthimii, dans Acta SS., mai, t. II, p. 617. La liste des préfets insérée dans le recueil philocalien ne contient pas Sergius Terentianus, et parmi les proconsuls d’Asie aujourd’hui connus on ne trouve aucun Faltonius Pinianus. Comme l’a fait remarquer, à propos de ce texte, M. Mowat (Bulletin de la société des Antiquaires de France, 1898, p. 270-272), il y a bien des lacunes dans notre connaissance du personnel administratif de l’Empire romain ; ainsi, la récente découverte d’inscriptions a donné les noms d’un préfet de Rome, Flavius Latronianus, du temps de Septime Sévère, dont ne parle pas le chronographe de 354, et de deux proconsuls d’Afrique, Flavius Antoninus et Pollenius Auspex, qui manquaient à la série des gouverneurs de cette province.
[146] VI idus maii,... Romæ Faltonis Piniani et Aniciæ Lucinæ conjugis ejus. Notker, Martyrol. ; cf. Acta SS., mai, t. II, p. 615.
[147] Palladius, Hist. Laus., 119, 121 ; saint Augustin, Ep. 125-128, 225, 227 ; saint Jérôme, Ep. 143.
[148] Orelli, Inscr., 1131. Cf. Armellini, Il cimitero di S. Agnese, p. 175, 177.
[149] Romæ in Sexto Philippi natale beatorum presbyterorum Joannis
et Crispi, qui persecutione Diocletiani et Maximiani multa sanctorum corpora
officiosissime sepelierunt. Adon, Martyrol., au 18 août ; cf.
De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 663. Il nie paraît difficile de
considérer la date du 18 août comme celle du martyre d’un au moins de ces
prêtres, que plusieurs Passions nous ont montré enterrant encore des fidèles
dans les premiers mois de 305. Peut-être Crispus, qui en effet ne figure plus d
cette date dans les récits, fut-il martyrisé seul le
[150] Acta S. Beatricis ; Acta S. Anthimii ; dans Acta SS., mai, t. II, p. 619 ; juillet, t. VII, p. 36.
[151] Voici l’inscription, avec les restitutions proposées par M. de Rossi :
JuliVS.
LVCRETIVS. ASInianus et
....
A. QVINTIANE. QVI. Fuerunt...
fdeles.
BONIS. MORIBVS. PII. SVBBentores et
hospitES.
PEREGRINORVM. ET. pauperum parentes.... RI. IVLI. ET. MONTANIANI SANctorum
haNC.
DOMVM. ATPETIvit eorum
orBITAS.
FESTINA ANTE. TVmulum et
ossA.
SANCTORVM. filiorum
.
. . . . . IX. AT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Bullettino di archeologia cristiana, 1878, p. 93.
[152] La ressemblance des noms peut faire croire à une parenté de Julius (?) Lucretius Asinianus avec Julia Asinia, descendante de sainte Mustiola de Chiusi, qui était elle-même parente de l’empereur Claude le Gothique. Voir Roma sotterranea, t. III, p. 27 ; Bullettino di archeologia cristiana, 1878, p. 90.
[153] Cf. Acta SS., janvier, t. II, p. 275, 276 ; mai, t. II, p. 617.
[154] Bullettino di archeologia cristiana, 1878, p. 96.
[155] Bullettino di archeologia cristiana, 1878, p. 95.
[156] Une descendante des Dasumii, riche famille qui construisit au second siècle les thermes de Tarquinies et posséda des biens à Viterbe (Orelli-Henzen, 5134, 6048, 6051, 6479, 6622, 6634), fut enterrée à Rome dans une crypte du cimetière de Calliste contemporaine de Dioclétien ; De Rossi, Roma sotterranea, t. II, p. 185 et suiv.
[157] Acta SS., mai, t. III, p. 459 ; cf. Assemani, De SS. Ferentinis in Tuscia Bonifacio et Redempto et martyre Eutychio, Rome, 1754, p. 169 ; Tillemont, Mémoires, t. V, art. I sur la persécution de Dioclétien ; De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1874, p. 110 ; le P. Germano di S. Stanislao, Memorie archeologiche e critiche sopra gli Atti e il cimitero di S. Eutizio di Ferento, Rome, 1886, p : 278-281.
[158] Le manuscrit du mont Cassin, celui de la bibliothèque Vallicelliana, à Rome, ne contient pas l’épisode d’Eutychius ; voir le P. Germano, l. c.
[159] EVTICIVS
CONFESSOR
DEPOSITVS
VIII
KAL
SEPTENRRIS
IN
PACE
Marbre encastré, avec beaucoup d’autres débris antiques, dans le pavage de l’église de S. Maria di Castello à Corneto ; De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1874, pl. VI et p. 101.
[160] Sur la rareté et la valeur du mot confessor dans une inscription funéraire du quatrième siècle, voir De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1874, p. 102-111. Dans les pages 111-118 du même Bullettino, le savant archéologue démontre que l’épitaphe d’Eutychius confesseur provient des hypogées chrétiens de Tarquinies. Voir cependant, à la même époque, un autre sens du mot confessor ; Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 405-406. — Il ne faut confondre aucun de ces Eutychius avec leur homonyme romain, enterré dans la catacombe de saint Sébastien, et célébré par saint Damase dans une épitaphe en vers, où il est raconté que ce martyr passa douze jours dans un cachot semé de poteries aiguës. Je n’ai point mentionné l’Eutychius romain parmi les martyrs immolés sous Maximien Hercule et rappelés dans la première partie de ce chapitre, car l’époque de sa mort n’est pas indiquée dans l’épitaphe damasienne, et la difficulté avec laquelle son tombeau fut retrouvé après la paix de l’Église semble indiquer que celui-ci avait été caché, comme tant d’autres, au commencement de la persécution.
[161] Acta SS., juin, t. I, p. 51 ; Surius, Vite SS., t. VI, p. 11.
[162] Surius, t. XI, p. 517.
[163] Acta SS., mai, t. IV, p. 167.
[164] Surius, t. XII, p. 307
[165] Acta SS., septembre, t. VII, p. 479.
[166] Voir Tillemont, Mémoires, t. V, art. LII sur la persécution de Dioclétien.
[167] Passio S. Savini episcopi et martyris, dans Baluze, Miscellanea, t. I, p. 12.
[168] Les Actes racontent qu’avant la conversion de Vénustien, saint Sabin, comparaissant devant ce gouverneur, avait brisé une statue rie Jupiter et pour ce fait avait eu les deux mains coupées ; puis qu’une matrone, nommée Serena, avait recueilli pieusement celles-ci et, les ayant embaumées, les avait déposées comme une précieuse relique dans un baril de verre, in dolio vitreo (Passio, 8, dans Baluze, p. 13). On n’admettra peut-être qu’avec hésitation le bris de la statue, peu conforme aux mœurs des premiers chrétiens ; mais le supplice des mains coupées n’est pas sans exemple. Suétone rapporte qu’un jour, au tribunal, quelqu’un s’étant écrié qu’il fallait couper les mains à un faussaire, l’empereur Claude fit aussitôt appeler le bourreau avec sa machæra et sa mensa lanionia (Claude, 15) ; une fresque de Pompéi montre cette mensa, billot massif porté sur trois pieds et de tous points semblable à ceux dont on se sert encore dans les boucherie (Edmond Le Blant, Revue archéologique, 1889, p. 150 et pl. III). La déposition des reliques in dolio vitreo offre aussi de la vraisemblance. Des dolia sont souvent représentés sur les marbres des catacombes (Martigny, Dictionnaire des ant. chrét., art. Dolium, p. 259 ; Kraus, Real-Encykl. der chrisit. Alterth., art. Fass, t. I, p. 480) ; on a trouvé dans leurs tombeaux des ampoules de verre en forme de barillet, a bariletto (De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 620) ; des dolia en terre cuite ou de petits barillets en verre se rencontrent fréquemment dans les cimetières gallo-romains. Un très ancien exemple de dolium vitreum est donné dans la double fresque de la crypte de Lucine, qui représente, porté sur le dos d’un poisson, un panier de pains au milieu duquel une ouverture laisse voir un baril de verre contenant du vin (Roma sotterranea, t. I, pl. VII ; cf. Rome souterraine, pl. VIII, n° 1).
[169] Acta SS., juin, t. I, p. 211.
[170] Sosius, d’après les Actes ; mais Sossius ou Sossus dans le calendrier de Carthage et le martyrologe hiéronymien, Σώσσος dans les Menées grecques.
[171] Acta SS., septembre, t. VI, p. 761. Les Actes de saint Janvier mettent son martyre sous Dioclétien, pendant le cinquième consulat de Constance et de Galère, c’est-à-dire en 305. Mais la commémoration de ce saint évêque et de ses compagnons est dans l’Église latine au 19 septembre. A cette date de 305 Dioclétien ne régnait plus, et la persécution avait cessé en Occident. Peut-être celle du 21 avril, où les Grecs font la fête de ces saints, correspond-elle plutôt au jour exact de leur martyre ; en avril, Dioclétien et Maximien n’avaient pas encore abdiqué, et la persécution durait en Italie. — Tillemont critique avec raison les Actes de saint Janvier, qui sont une pièce de basse époque. Mais il parait certain qu’un original plus ancien a existé. Le ms. 1668 du Vatican contient une traduction grecque, meilleure que le texte latin, et qui semble dépendre d’un document antérieur. M. de Rossi a publié, au tome II des Inscriptiones christianæ, p. 225, 246, 247, une pièce de vers gravée par l’ordre du pape Symmaque sur l’autel dédié à saint Sossius, diacre, l’un des compagnons de’ saint Janvier, dans l’église de Saint-André, près de la, basilique Vaticane. Ce poème renferme des détails relatifs au martyr Sossius qui manquent dans la rédaction latine que nous connaissons, et prouvent l’existence, à la fin du cinquième siècle, d’un texte des Actes, de saint Janvier et de ses compagnons, plus complet que celui qui nous est parvenu. Voir Bullettino di archeologia cristiana, 1887, p. 47, et surtout Inscriptiones christianæ, t. II, p. 246, note.
[172] Acta SS., juin, t. VI, p. 139.
[173] Voir Tillemont, Mémoires, t. V, art. et note II sur saint Euple.
[174] Pridie idus augusti. Les Actes grecs mettent ce premier interrogatoire le 29 avril, et le second le 12 août ; je préfère suivre ici les Actes latins, qui les mettent le même jour, car ils paraissent tout à fait la suite l’un de l’autre, et le contexte ne suppose pas entre eux un aussi long intervalle.
[175] Diocletiano novies et Maximiano octies consulibus. Acta. S. Eupli, dans Ruinart, p. 438. Cette date consulaire de 301 se retrouve dans les Actes grecs publiés par Cotelier (Monumenta Ecclesiæ græcæ, Paris, 1686, p. 192). Plusieurs manuscrits portent Diocletiano novies et Maximiano septies cons. ; mais ces deux consulats ne concordent pas, Dioclétien ayant été consul pour la neuvième fois en 304 et Maximien pour la septième (avec Dioclétien encore pour collègue) en 303. Cependant on pourrait retenir l’indication du septième consulat de Maximien et considérer celle du neuvième de Dioclétien comme une faute de copiste, facile à commettre puisqu’il suffisait de mettre un I de trop dans la date écrite en chiffres romains. Les circonstances du martyre de saint Euplus se rapportent aussi bien à 303 qu’à 304. J’ai préféré néanmoins cette dernière date, parce qu’elle est donnée correctement par quelques manuscrits.
[176] C’est le titre
que lui donnent avec raison les Actes grecs de Cotelier.
[177] Cf. J. Rambaud, le Droit criminel romain dans les Actes des martyrs, p. 52.
[178] Les Actes latins disent seulement : Unus es amicis Calvisiani, nomine Maximus. Les Actes grecs lui donnent le titre de clarissime, ό λαμπρότατος.
[179] Sublatum est postea corpus ejus a christianis, et conditum aromatibus sepultum est. Acta, 3. — Sur saint Euplus, voir saint Grégoire le Grand, Ep., XII, 10, à Félix, évêque de Messine.
[180] Surius, Vitæ SS., t. XII, p. 247.
[181] Les Actes donnent à ce magistrat le titre de consularis et le nom de Paschasius. On peut admettre que, du mois d’août au mois de décembre, un autre correcteur ait remplacé Calvisianus, que nous venons de voir condamner à Catane saint Euplus. Mais Paschasius semble un nom de forme chrétienne (Kraus, Real-Encykl. der christl. Alterthümer, art. Namen, t. II, p. 481) et n’a point dû être porté par un magistrat païen. Voir cependant Cantarelli, dans Bull. della comm. arch. com., 1893, p. 45.
[182] Les Actes
racontent, § 8, qu’au moment de mourir Lucie dit : Je
vous annonce que la paix est rendue à l’Église, que Dioclétien est descendu du
trône et que Maximien a fini sa carrière. Il y a dans ces paroles un
double anachronisme : d’abord, la mort de Lucie paraissant être du
[183] Acta SS., août, t. II, p. 16.
[184] Acta SS., mai, t. III, p. 565.
[185] Acta SS., octobre, t. IV, p. 987.
[186] Saint Paulin, Pœm. XXIV.
Vitalem,
Agricolam, Proculum Bononia condit,
Quos
jurata fides pietatis in arma vocavit,
Parque
salutiferis texit victoria palmis,
Corpora
transfixos trabalibus inclita clavis.
Il parait résulter de ces vers que Proculus fut cloué, probablement crucifié, comme Agricola. Sur saint Proculus, voir Acta SS., juin, t. I, p. 50.
[187] Saint Ambroise, De exhortatione virginitatis, 1, 2 ; cf. saint Paulin, Vita S. Ambrosii, 4. On place généralement le martyre de ces saints pendant la persécution de Dioclétien. La lettre 55, attribuée à saint Ambroise, qui donne seule cette indication chronologique, est regardée comme apocryphe ; mais elle peut n’être pas de saint Ambroise et cependant reproduire une date exacte. L’inhumation probablement furtive des deux martyrs dans le cimetière des Juifs montre que celui des chrétiens était alors confisqué ; ce trait est caractéristique de la persécution de Dioclétien.
[188] Cf. Prudence, Peri Stephanôn, XI, 131-144.
[189] Voir Godefroy, Code Théodosien, t. IV, p. 13.
[190] Prudence, Peri Stephanôn, IX, 1, 2.
[191] Peri Stephanôn, 9-14.
[192] Peri Stephanôn, 17-20.
[193] Peri Stephanôn, 31-32.
On a conclu de ces paroles que le martyre de saint Cassien était arrivé sous Julien, qui interdit l’enseignement aux chrétiens. Le poète ne dit pas que Cassien fut poursuivi pour avoir professé, mais pour avoir refusé de sacrifier aux dieux. Il parle de ce martyre comme d’un fait arrivé au vieux temps, veram vetusti temporis monstrat fident ; cela peut s’entendre du commencement du quatrième siècle, mais non du règne de Julien, sous lequel vécut Prudence enfant.
[194] Tite-Live, V, 27.
[195] Peri Stephanôn, IX, 43-92.
Ce terrible supplice n’est pas sans précédent ; Suétone (Caligula, 28) parle d’un sénateur et Sénèque (De clementia, 1, 14) d’un chevalier ainsi tués à coups de styles. Sous Julien, quand le peuple païen d’Aréthuse massacra l’évêque Marc, les enfants qui fréquentaient les écoles (raconte Sozomène, Hist. Ecclés., V, 10) se firent de lui un jouet, se le rejetant de l’un à l’autre, et le piquant atrocement avec leurs styles. — Je ne crois pas avoir besoin de défendre la véracité de Prudence décrivant un tableau de la basilique d’Imola et rapportant le commentaire qui lui en est donné. On a pourtant, pour la peinture de saint Cassien comme pour celle de saint Hippolyte, insinué qu’elle pouvait être une invention du poète. J’ai répondu ailleurs pour saint Hippolypte ; la réponse est aussi facile en ce qui concerne saint Cassien. Il faudrait des preuves bien fortes pour accuser sinon d’imposture, au moins d’invention poétique un homme tel que Prudence, décrivant un monument public placé dans une église et disant : J’ai vu. L’hymne en l’honneur de saint Cassien est une des plus vivantes, des plus personnelles que Prudence ait écrites ; il s’y met naïvement en scène et laisse même échapper sur son voyage, sur sa famille, sur ses inquiétudes de fortune ou de carrière, une de ces confidences dont il se montre ordinairement si avare (Peri Stephanôn, IX, 99-106). Comment supposer qu’à ces accents sincères il aurait mêlé une froide et inutile fiction, et, après avoir confié à ses lecteurs qu’il embrassa le tombeau en versant des larmes et en priant avec angoisse (ibid., 99-100), décrit comme existant au-dessus de ce tombeau une peinture imaginaire ? L’auteur de la plus récente étude sur Prudence, M. Puech, admet comme moi que le poète a réellement vu les fresques ou les tableaux dont il parle (Prudence, étude sur la poésie latine chrétienne au quatrième siècle, 1888, p. 130, 309.)
[196] Acta SS., mai, t. II, p. 286.
[197] Acta SS., juillet, t. III, p. 280.
[198] Acta SS., août, t. II, p. 187 ; octobre, t. XII, p. 548.
[199] Acta SS., octobre, t. III, p. 824.
[200] Voir
[201] Tunc jussit Anulinus ut omnes gestæ christianorum adducerentur ante eum, et fecit cas comburi ante se, dicens : Quicumque legerit eas in errorem veniet, sicut et illi fuerunt ; et venerantur illorum sepulcra magis quam templa deorum, qui ab initio sunt. Et jussit ut nemo sepeliret corpora eorum, nisi bestiæ aut canes devorarent ea. Passio SS. Firmi et Rustici, 2.
[202] Voir en particulier la dévotion des Milanais du quatrième siècle pour les tombes de saint Victor, de saint Nabor et de saint Félix, appelés nostros martyres par saint Ambroise (In Lucæ evangelium, 7).
[203] Tillemont, Mémoires, t. V, art. LIV sur la persécution de Dioclétien.
[204] Cf. Edmond Le Blant, les Actes des martyrs, p. 25. Cependant le nom d’Anulinus peut avoir été porté par un magistrat distinct de celui-ci et attaché à l’administration du diocèse d’Italie, car les Anulinus sont nombreux à cette époque : un Annius Cornelius Anulinus, consul en 295 ; un Anulinus, préfet de Rome en 306 ; un autre Anulinus, proconsul d’Afrique en 313.
[205] Acta SS.,
janvier, L. I, p. 997. Cf. Tillemont, Mémoires, t. V, art. LVI sur la
persécution de Dioclétien. Un passage, cependant, parait à retenir.
[206] Tillemont, l. c.
[207] Acta SS., mai, t. III, p. 456.
[208] Acta SS.,
août, t. IV, p. 414. — Découverte de l’antique cimetière chrétien de Cagliari, cubicula
creusés dans le roc, sans être reliés par des galeries, analogues aux tombes
sémitiques et aux caveaux chrétiens de
[209] Acta SS., octobre, t. XI, p. 541.
[210] Acta SS., janvier, t. II, p. 770.
[211] A première vue, on croirait que ce nom est symbolique plutôt que réel. Ce fut, cependant, celui d’une grande famille romaine ; un des consuls de 157 s’appelait Barbarus ; un consulaire de Campanie, en 333, porte les noms de Barbarus Pompeianus (Corp. inscr. lat., t. XIV, 2919 ; Code Théodosien, I, II, 6) ; un autre Barbarus Pompeianus fut proconsul d’Afrique en 400 (Corp. inscr. lat., t. VIII, 969). Voir Bull. della comm. arch. com., 1892, p. 197 ; 1893, p. 211.
[212] Liste de Polemius Silvius (403-449), dans Mommsen, Mémoire sur les provinces romaines, trad. Picot, p. 47 ; Notitia Dignitatum, Occid., Bœcking, p. 6, 28 ; 11, 14 ; 805.
[213] Dans
[214] Passio S. Afræ
martyris, dans Ruinart, p. 501. Les Actes de sainte Afra contiennent
une première partie, non insérée dans Ruinart, où est racontée sa conversion,
et sur laquelle Tillemont fait de justes réserves (Mémoires, t. V, note XXIV sur la persécution
de Dioclétien). Ils ont ensuite une seconde partie, qui forme
[215] L’un de ses plus proches prédécesseurs avait été Valentius, vir perfectissimus, præses provinciæ Bætiæ en 290 ; Corpus inscr. lat., t. II, 5810.
[216] Accedens ad Capilolium, sacrifica. Passio,
1, Augsbourg, que Tacite (Germ., 41) appelle splendidissima
Rætiæ provinciæ colonia, avait probablement un Capitole, comme la
plupart des colonies romaines. Marquardt doute cependant qu’Augsbourg, bien que
portant le nom de colonie, ait, eu le jus coloniæ (Römische Staatsverwaltung,
t. I, p. 289, note 7). Mais elle était au moins un municipe (Corpus inscr.
lat., t. III, 5800), et, comme il n’y avait plus, sous l’Empire, de
différence entre les colonies et les municipes (Willems, le Droit public
romain, p. 528), elle put avoir un Capitole. Dans la nouvelle édition de
son étude sur les Capitoles provinciaux du monde romain (Mémoires de
[217] Une réponse
semblable se lit dans
[218] Ceci forme la troisième partie des Actes, insérée dans Ruinart, mais beaucoup moins sûre que la seconde. On remarquera que le martyrologe hiéronymien fait mention d’Afra seule, et ne nomme ni ses servantes ni sa mère. Voir les articles déjà cités du Bulletin critique (1897, p. 304) et des Analecta Bollandiana (1898, p. 433, 435).
[219] Passio, 4. Si l’on en croit la première partie des Actes, ce Narcisse aurait été un évêque de Girone, en Espagne, réfugié à Augsbourg pendant la persécution, qui revint plus tard dans sa ville épiscopale et y souffrit le martyre. Sur les difficultés de cette histoire, voir Tillemont, Mémoires, t. V, note XXIV sur la persécution de Dioclétien, et aussi les articles cités plus haut du Bulletin critique et des Analecta Bollandiana.
[220] Cet ordre est si cruel et si opposé à toutes les lois, qu’il n’est pas aisé de croire qu’il soit véritable, dit Tillemont, Mémoires, t. V, art. sur sainte Afre. Cependant ces exécutions tumultuaires et sans jugement se rencontrent durant la dernière persécution, où il est souvent question de fidèles enterrés vivants dans les catacombes où ils allaient prier : on en a même des exemples dès le temps de Valérien. Sous Dioclétien, la légalité est comme abolie quand les chrétiens sont en cause.
[221] Les tombeaux anciens étaient souvent des bâtiments assez spacieux, dit à ce sujet Tillemont, l. c. Voir Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, 2e éd., Appendice A.
[222] Saint Optat, De schism, donat., III, 8.
[223] Saint Optat, De schism, donat., III, 8.
[224] Actes du concile de Cirta, dans saint Augustin, Contra Cresconium, III, 30.
[225] Bullettino di archeologia cristiana, 1876, p. 59-61. Mastar, aujourd’hui Beni-Ziad ou le village alsacien de Rouffach, est à trente kilomètres de Milève (Milah) et de Cirta (Constantine).
[226] Bullettino di archeologia cristiana, 1876, pl. III, n° 2.
[227] Bullettino di archeologia cristiana, 1876, p. 62.
[228] A Aïn-Regada, à cent vingt kilomètres de Constantine, à quatre cents mètres de la voie romaine. Bullettino di archeologia cristiana, 1875, p. 168.
[229] Bullettino di archeologia cristiana, 1875, pl. XII.
[230] Bullettino di archeologia cristiana, 1875, pl. XII.
[231] Bullettino di archeologia cristiana, 1875, p. 171.
[232] Bull. di arch. crist., 1875, p. 172.
[233] Bull. di arch.
crist., 1875, p. 171, 1876, pl. III, n° 1. — Dans le Bullettino de
1875 ; p.
[234] Voici que s’élèvent les hauts faites des toits sacrés, qu’une pieuse sollicitude a donnés pour église à la vénérable martyre Digna. Le n6ble pontife, celui qui est toujours notre père, le ministre de la loi du Christ, Navigius, les a construits. Que tous contemplent son religieux ouvrage. Bullettino di archeologia cristiana, 1886, p. 26.
[235] M. Edmond Le Blant a élevé quelques doutes au sujet de la martyre Digna. Je ne trouve — écrit-il dans le Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques, 1887, p. 370-371 — dans les catalogues de l’Église d’Afrique ni le nom de l’évêque Navigius ni celui de Digna. Étaient-ils catholiques ? étaient-ce de ces donatistes qui couvraient le sol africain des tombeaux de ceux d’entre eux qu’ils saluaient comme martyrs ? D’après la forme des lettres (fort mal gravées bien qu’il s’agisse ici d’un marbre de type officiel, ayant dû figurer sur la façade de l’église), l’inscription de Philippeville ne peut avoir été exécutée avant la fin du quatrième siècle. Si la mort de Digna n’est pas beaucoup antérieure, il est à croire que ni cette femme ni l’évêque Navigius, dont les noms manquent, je le répète, dans les catalogues africains, ne doivent être comptés au nombre des catholiques. A ces paroles de l’éminent épigraphiste M. de Rossi avait d’avance répondu dans une note du Bull. di arch. crist., de 1886, p. 28 . A Rusicade, les donatistes et les catholiques eurent chacun un évêque (cf. Morelli, Africa cristiana, t. I, p. 265). L’inscription de Navigius, qui invite tous, cunctos, à contempler son religionis opus, ne porte en soi aucune trace de conciliabule schismatique. Aucune allusion n’y est faite aux circonstances spéciales du martyre de Digna, qui semble une martyre antique, nomine venerando, d’un nom honoré par un culte solennel et incontesté. D’autres martyrs de la persécution de Dioclétien en Numidie, præside Floro, nous ont été révélés par les inscriptions, martyrs ignorés, comme Digna, des fastes martyrologiques. A cette classe devra probablement être jointe la martyre de Rusicade.
[236] J’ai demandé, continue M. de Rossi, que l’on vérifiât si l’emplacement du sépulcre correspondait à celui de l’autel dans l’abside de la basilique ; car, en ce cas, on y pourrait reconnaître la véritable tombe de la martyre. Malheureusement il n’a pas été possible de dessiner un plan exact et d’explorer l’aire de la basilique, aujourd’hui en grande partie occupée par des constructions modernes. Bull. di arch. crit., 1886, p. 28.
[237] Analecta Bollandiana, t. IX, 1890, p. 117-134.
[238] L’éditeur
bollandiste considère
[239] Tacite, Ann., I, 17, 26 ; cf. Marquardt, Römische Staatsverwaltung, t. II, p. 498.
[240] Cf. Tertullien, De corona militis, 1.
[241] Digeste, XLIX, XVI, 13, § 3. Cf. l’index du recueil de Wilmanns, t. II, p. 608.
[242] Voir Catinat, art. Evocati, dans Dictionnaire des antiquités, t. II, p. 866.
[243] Cf. Corpus
inscr. lat., t. VIII,
[244] Avant la
découverte récente de sa Passion, Fabius n’était pas inconnu. Le
martyrologe d’Adon, au 31 juillet, renfermait un résumé de celle-ci.
[245] Les deux derniers
paragraphes de
[246] Passio SS.
Maximæ, Secundæ et Donatillæ, dans Analecta Bollandiana, 1890, t.
IX, p. 110-116. Ces trois saintes n’étaient pas inconnues. Les Actes de sainte
Crispine, que nous analyserons plus loin, font allusion à leur martyre. Elles
sont nommées ou indiquées, au 30 juillet, dans le martyrologe hiéronymien et
dans le calendrier de Carthage. Le résumé de leur Passion se trouve dans le
martyrologe d’Adon. Les Bollandistes qui rédigèrent les Acta Sanctorum
de juillet n’avaient pu trouver le texte original de celle-ci. Leurs
successeurs l’ont découvert dans un manuscrit de
[247] Il y avait dans
la province proconsulaire deux villes de ce nom, Thuburbo
[248] Sur l’administration de ces grands domaines, voir Boissier, l’Afrique romaine, 1895, p. 162 et suiv.
[249] Le texte dit : Maximianus et Gallienus. Le second nom provient évidemment d’une erreur de copiste. La même erreur se trouve dans le martyrologe d’Adon.
[250] Sur le clergé et
même les évoques des lundi, des saltus,
trait particulier à l’Église d’Afrique, voir Ferrère,
[251] Campitana. Voir Analecta Bollandiana, t. IX, 1890, p. III, note 8.
[252] Cf. Edmond Le Blant, les Actes des martyrs, p. 59.
[253] Inscription de Bisica Lucana (aujourd’hui Testùr). Corpus inscr. lat., t. VIII, 1392.
SANCTÆ
TRES
MAXIMA
DONATILLA
ET
SECVNDA
BONA
PVELLA
[254] Ou plutôt de
Thagora, ville de la portion de
[255] Les Actes (Ruinart, p. 491) disent Diocletiano II et Maximiano consulibus. Le second consulat de Dioclétien est de 285, année fort éloignée de la persécution générale, et où il eut pour collègue non Maximien, mais Aristobule. Il faut supposer que l’original portait IX et qu’un copiste maladroit l’a remplacé par II. Les détails sur la famille, la fortune, l’éducation de Crispine ne sont pas dans les Actes, qui ne disent pas non plus qu’elle ait été présentée au tribunal les mains liées ; mais saint Augustin (Enarr. in ps. CXX, 13) l’appelle feminam divitem et delicatam et ajoute : Hanc enim, fratres, numquid est qui in Africa ignoret ? Clarissima enim fuit, nobilis genere, abundans deliciis. Dans l’Enarr. in ps. CXXXVII, 3, il ajoute : Caudebat cura tenebatur, cum ad judicem ducebatur, cum in carcerem mittebatur, cum ligata producebatur...
[256] Les Actes placent le procès de Crispine à Theveste, apud coloniant Thebestinam.
[257] L’omission du nom du César Galère est encore, sans doute, une faute de copiste.
[258] Saint Augustin ajoute (Enarr. in ps., CXXXVII, 3) qu’elle fut mise au chevalet, cum in catasta levabatur ; mais les Actes n’en parlent pas.
[259] Si thurificavero idolis.
[260] Gaudebat... cum damnabatur. Saint Augustin.
[261] Quæ alios fecerit martyres, alios confessores, nonnullos funesta prostravit in morte, latentes dimisit illæsos. Saint Optat, De schism. donat., I, 8.
[262] Adon, Usuard, au 9 décembre.
[263] Adon, Usuard, au 23 octobre.
[264] Adon, Usuard, au 22 janvier. Sur les Actes des saints Oronce et Victor (Acta SS., janvier, t. II, p. 389), voir Tillemont, t. V, note XXVI sur la persécution de Dioclétien.
[265] Peri Stephanôn, IV, 9-16.
[266] Peri Stephanôn, IV, 7-8.
[267] Peri Stephanôn, IV, 21-23.
[268] Peri Stephanôn, IV, 55-56.
[269] Peri Stephanôn, IV, 37-40.
[270] Peri Stephanôn, IV, 65-72.
[272] On a donné à ces martyrs, dont la fête se célèbre le 3 novembre, le nom de massa candida. Selon une tradition rapportée par des auteurs espagnols, mais dont ne parlent pas leurs Actes, leurs cendres, mêlées à d’autres, s’en distinguaient par la blancheur. Voir Ruinart, p. 518 ; et surtout Acta SS., novembre, t. I, p. 643 et suiv. Ce sont les seuls des martyrs de Saragosse dont la ville moderne ait gardé le souvenir : leurs reliques reposent, dit-on, dans les caveaux de l’église souterraine de Santas Masas.
[273] Peri Stephanôn, IX, 181-188.
Additis
Caio, nec enim silendi,
Tuque
Crementi : quibus incruentum
Ferre
provenit decus ex secundo
Laudis
agone.
Ambo
confessi Dominum steterunt
Acriter
contra fremitum latronum.
Ambo
gustarunt leviter saporem
Martyriorum.
[274] Peri Stephanôn, IX, 109-112.
Hic
et, Encrati, recubant tuarum
Ossa
virtutum, quibus efferati
Spiritum
mundi violenta virgo
Dedecorasti.
[275] Peri Stephanôn, IV, 121-132.
Barbarus
tortor latus omne carpsit,
Sanguis
impensus, lacerata membra.
Pectus
abscissa patuit papilla
Corde
sub ipso.
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cruda
te longum tenuit cicatrix,
Et
diu venis dolor hæsit ardens,
Dum
putrescentes tenuat medullas
Tabidus
humor.
[277] Peri Stephanôn, IV, 113-116.
Martyrum
nulli remanente vila
Contigit
terris habitare nostris :
Sola
tu morti propriæ superstes
Vivis
in orbe.
J’ai donné à ces vers le sens qui m’a paru le plus vraisemblable ; cependant, peut-être Prudence veut-il dire seulement qu’Encratis, en qui il salue une vraie martyre,
Plena
te, martyr, tamen ut peremptam
Pœna
coronat,
Ibid., 135-136, fut la seule qui, ayant mérité ce titre, supérieur à celui de confesseur, se soit en quelque sorte survécu à elle-même. Si telle est la pensée du poète, on peut admettre que les confesseurs Caius et Crementius ont continué aussi de vivre à Saragosse après la persécution. Mais ce détail a peu d’importance. — Une épigramme, attribuée à saint Eugène II, évêque de Saragosse (616-659), dit qu’Encratis fut enterrée dans la même église, mais non dans la même tombe, que les dix-huit martyrs :
Hic
etiam compar meritis Engratia martyr
Sorte
sepulchrali dissociata jacet.
Esp. Sagr., t. V, p. 273. On dit que les reliques de Lupercius et d’Encratis furent découvertes en 1369 dans les fondations de la cathédrale de Saragosse ; ibid., t. XXX, p. 289.
[278] Peri Stephanôn, IV, 137-140.
Vidimus
partem jecoris revulsam
Ungulis
longe jactasse pressis,
Mors
habet pallens aliquid tuorum
Te
quoque viva.
[279] Peri Stephanôn, IV, 29-30.
Parva
Felicis decus exhibebit
Artubus
sancti locuples Girunda.
L’exactitude de Prudence est ici remarquable :
rappelant l’épithète donnée par le poète à la petite Girone, Hübner (Corpus inscr.
lat., t. II, p. 614) fait observer que la ville ne s’est pas agrandie
depuis le quatrième siècle ; les trois seules inscriptions de l’époque romaine
trouvées sur son territoire (ibid.,
[280] Tillemont, Mémoires, t. V, art. XXII sur la persécution de Dioclétien.
[282] Peri Stephanôn, IV, 41-44.
Sanguinem
Justi, cui Pastor hæret.
Ferculum
duplex geminumque donum
Ferre
Complutum gremio juvabit
Membra
duorum.
Les Actes des saints Just et Pasteur (Acta SS., août, t. II, p. 153) disent qu’ils étaient deux frères encore enfants, et furent martyrisés par ordre de Datianus. Le martyrologe romain attribue également à Datianus la condamnation de Cucufas.
[284] Voir Bullettino
di archeologia cristiani, 1879, pp. 38, 41 ;
[285] Peri Stephanôn, IV, 41-44.
Lusitanorum
caput oppidorum
Urbis
adoratæ cineres puellæ
Obviam
Christo rapiens ad aram
Porriget
ipsam.
[286] Peri Stephanôn, III, 1.
Germine
nobilis Eulalia.
[288] Peri Stephanôn, III, 16-25.
[289] Peri Stephanôn, III, 26-35.
[290] Peri Stephanôn, III, 36-50.
[292] Peri Stephanôn, III, 66-130.
[293] Concil. Illiberis, canon 60.
[294] Tillemont, Mémoires, t. V, art. sur sainte Eulalie.
[295] Peri Stephanôn, III, 153-161.
Flamma
sed undique lampadibus
In
latera stomachumque furit.
.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Flamma
crepans volat in faciem
Perque
comas vegetata caput
Occupat,
exsuperatque apicem.
Sur un bas-relief de la colonne Trajane, on voit des femmes barbares briller ainsi avec des torches des soldats romains prisonniers : l’une approche la flamme des flancs d’un captif, l’autre renverse sa torche allumée sur l’épaule d’un soldat, une troisième promène le feu sur la chevelure de sa victime. M. Edmond Le Blant, qui a publié ce bas-relief, Revue archéologique, janvier-février 1889, p. 148, fait remarquer que dans les testes relatifs à ce supplice (cf. Virgile, Énéide, IX, 535) lampades et faces sont synonymes ; cf. du même auteur les Persécuteurs et les Martyrs, p. 281-282.
[297] Peri Stephanôn, III, 161-185.
[298] Peri Stephanôn, III, 186-200.
[299] Sainte Eulalie est honorée le 10 décembre.
[300] Peri Stephanôn, III, 201-215. — De cette poétique péroraison je rapprocherai cette note du martyrologe hiéronymien, au 14 des calendes de décembre, jour de la célébration à Cordoue de l’anniversaire d’Acisclus : Hac die rosæ ibidem colleguntur.