Deuxième partie
Nous ne savons malheureusement presque rien des deux dernières années de la vie de notre grand basileus depuis son retour de l'expédition de Géorgie en 1023, rien en vérité, sauf ce que j'ai raconté des choses d'Italie. En Egypte la disparition du terrible Hakem, le Khalife insensé du Caire, avait amené de telles complications intérieures que la paix s'était forcément maintenue entre chrétiens et Arabes sur la mouvante frontière de Haute Syrie entre les deux empires. De même le Khalifat de Bagdad, de plus en plus affaibli par une longue anarchie, ne causait plus guère d'inquiétudes aux « stratigoi » des thèmes byzantins frontières pas plus qu'aux gouverneurs militaires des territoires d'Arménie ou de Géorgie récemment incorporés à l'empire à la suite de l'expédition de l'an 1022.[1] Lorsque le Khalife Hakem, âgé de trente et un ans, après un règne plein d'affreuses cruautés, avait disparu le 13 février 1021,[2] tué probablement par ordre de sa sœur, il avait eu pour successeur son fils, Al-Zahir, âgé de seize ans. Celui-ci avait été proclamé sous la tutelle de sa tante qui avait dû se défaire à ce moment du véritable héritier du trône. Voici comment Yahia rapporte cette circonstance: « Dès que la sœur de Hakem, dit-il, désespéra de la vie de son frère et fut assurée qu'il allait mourir, elle envoya en hâte Ali Ibn Dawoud, un des émirs khétamiens, à Damas avec des cadeaux pour les émirs, chefs et généraux de cette ville, ordonnant de saisir l'héritier légitime du trône Abd Al-Rakym Ibn Aïaz, arrière-petit-fils du Khalife fatimide Al-Mahdi, qui avait été proclamé héritier du trône en septembre 1013. Depuis (à une date que ne précise pas Yahia) ce prince avait été nommé gouverneur de Damas. » A la suite de démêlés dont le récit n'importe point ici,[3] il avait fini par s'attirer la haine de tous les partis dans cette ville, surtout celle de la garnison égyptienne. On s'empressa donc d'exécuter les ordres de la régente et on expédia, le malheureux enchaîné avec sa famille et ses parents, d'abord à Damiette où il fut emprisonné pour quelque temps, puis au Caire où on le sépara de ses frères. On l'écroua d'abord avec honneur et respect au Palais et on lui ôta ses fers, mais bientôt Zahir lui envoya un fruit empoisonné dont il mourut. On annonça au peuple qu'il s'était suicidé. Lorsqu'on l'avait saisi à Damas, son fils aîné Abd Al Azis et son neveu Ahmed Ibn Al-Tagib Ibn Aïaz avaient réussi à se réfugier sous la tente de Saleh Ibn Mirdâs. Après qu'ils furent restés dix mois auprès de ce dernier, malgré les bonnes paroles du Khalife Zahir qui s'efforçait de les décider au retour pour les faire périr, ils s’enfuirent plus loin encore jusqu'au pays des Grecs chez le basileus Basile qui leur fit bon accueil. Ce fait de mince importance montre cependant avec quelle persistance la politique byzantine n'hésitait jamais à donner asile à tous les prétendants, à tous les réfugiés du monde arabe dont il espérait bien un jour se faire un instrument de trouble et d'affaiblissement pour les puissances sarrasines. Au Caire le nouveau gouvernement de la régente avait apporté quelque adoucissement aux maux subis sous le règne précédent. Les chrétiens qu'on avait aussitôt cessé de persécuter, commençaient à revenir, même à reprendre quelque influence à la cour. La persécution de Druzes avait par contre repris de plus belle. On rentrait dans l'ordre de choses qui avait précédé les mesures insensées prises par Hakem. A Alep aussi des événements importants s'étaient passés. El-Malek Azis Eddaulèh, descendant des Hamdanides,[4] au dire de Kémal ed-din, brouillé après l'an 408 de l'Hégire avec le Khalife Hakem, s'était, on se le rappelle, déclaré indépendant dans cette ville. Il avait frappé monnaie à son nom et exercé les autres actes de souveraineté. Menacé dans le courant de l'année 411[5] d'une attaque des troupes égyptiennes, il avait désespérément appelé à son secours le basileus Basile, mais on se rappelle aussi que presque aussitôt après, rassuré par la nouvelle de la disparition du Khalife, il avait expédié au basileus arrivé déjà à Merdj Al-Dibâdja des lettres pour retirer ses récents engagements. Au cas où Basile persisterait à s'avancer dans la direction d'Alep, l'impudent principicule le menaçait follement de l'attaquer avec toutes ses forces unies aux contingents kilâbiens. Le basileus, à cette nouvelle, aurait brusquement pris la route de l'est dans la direction de Manaskerd. Nous savons par Yahia que ce ne fut pas par peur des soldats d'Azis Eddaulèh et des bandes de Saleh Ibn-Mirdâs que Basile alla en Arménie et en Géorgie au lieu de continuer sa route sur Alep. Il ne faut voir dans ces paroles de l'historien musulman qu'une explication habile d'Azis Eddaulèh. Voici le récit de Yahia: « Aussitôt après la mort de Hakem, Azis Eddaulèh s'était réconcilié avec le gouvernement des Fatimides, mais lui-même avait péri au mois de rebia de l'an 413 de l'Hégire,[6] assassiné par un esclave, probablement par ordre de Bedr, commandant de la citadelle d'Alep. Celui-ci avait cherché à s'emparer à son profit du gouvernement de la principauté, mais, encore dans le cours de cette même année, une armée égyptienne, commandée par Ali Ibn Ahmed Al Daïf, était venue occuper Alep. Bedr avait été arrêté. Des chefs égyptiens et khétamiens avaient été nommés au commandement de la ville et de la forteresse.[7] Ainsi, Alep était retombée sous le gouvernement du nouveau Khalife qui avait choisi pour vizir Nadjib Eddaulèh. » Dans Cette même année 1015 des hostilités avaient aussi éclaté dans Alep entre les troupes égyptiennes et Soleïman, fils de Taouk, allié au Mirdâside Saleh. Elles se prolongèrent toute l'année suivante sans que le gouvernement du basileus parut s'en inquiéter. Le conflit entre les Égyptiens et le fils d'Al-Mouffaridj,
Hassan Ibn Al-Djarrah, intéresse d'un peu plus près l'histoire de l'empire
grec. Yahia nous fournit quelques détails sur ce personnage. Brouillé avec le
gouvernement de la régente au Caire, pour des motifs que notre chroniqueur a
longuement racontés,[10] il avait fait alliance
avec Sinân Ibn Ilàn, son gendre, et Saleh Ibn-Mirdâs, le fameux chef des
Beni-Kilâb, pour se partager Saleh, ainsi contraint d'aller rejoindre le chef des rebelles, s'adressa, raconte Yahia, au « catépano » ou duc d'Antioche qui était alors Constantin Dalassénos. Celui-là était un autre fils de l'infortuné duc Damien tué jadis au combat d'Apamée. Plus tard, nous le verrons, il faillit devenir basileus et joua, au moment de la malheureuse campagne en Asie de Romain Argyros, un rôle peu honorable.[13] Saleh, poursuit notre chroniqueur, pria le duc d'Antioche de lui envoyer des tireurs d'arc de choix pour l'aider à triompher plus vite des défenseurs de la citadelle d'Alep. Dalassénos lui en expédia trois cents qui vinrent camper sous les murs de cette ville. Mais le duc d'Antioche ayant averti le basileus de ce qu'il avait cru devoir faire, le basileus le blâma hautement et lui commanda de rappeler aussitôt ses hommes. Saleh eut ordre de les faire repartir sur l'heure. Evidemment, Basile trouvait son intérêt à ce que la lutte se prolongeât entre les deux partis qui se disputaient le pouvoir à Alep. Saleh n'en fut pas moins forcé de se mettre en marche pour
Peut-être bien les frondeurs grecs n'étaient-ils pas encore repartis et leur présence était-elle cause de ces espérances éveillées au coeur des assiégés. La suite du récit de Yahia montre à quel point les infortunés avaient perdu la tête. On les vit d'abord, retirer les croix qu'ils avaient placées sur les murailles, tout en continuant, d'ailleurs à acclamer le basileus jusqu'au mercredi matin. A ce moment, ils rassortirent une fois de plus les emblèmes chrétiens, bénissant à haute voix le nom du basileus Basile, couvrant de malédictions et d'imprécations celui du Khalife Al-Zahir. Les croix demeurèrent ainsi exposées au plus haut des murs trois jours durant jusqu'au vendredi. Chaque jour les assiégés en ajoutaient de nouvelles en grand nombre. Certainement ils espéraient que cette manifestation extraordinaire serait aperçue du dehors et que la nouvelle en parviendrait rapidement, sinon aux oreilles du basileus, du moins jusqu'à celles de son lieutenant, le duc Constantin Dalassénos, à Antioche. Les gouvernants d'Alep estimèrent qu'il était temps d'en finir. Après la prière du soir, tout ce qui pouvait porter les armes dans la grande ville, se rua une fois de plus à l'assaut des remparts de la citadelle contre les Egyptiens détestés. Trois jours, durant, la lutte se prolongea, terrible, sanglante, sans répit. Les assiégeants, en guise de protestation contre les manifestations impies des défenseurs de la forteresse, exposaient à leur tour les plus vénérés manuscrits du Coran à la pointe de leurs lances. Dans tous les marchés, dans tous les carrefours, on proclamait la guerre sainte, le nafir, pour bien persuader aux assiégés qu'ils n'avaient aucun secours à espérer des Grecs et que le prestige du grand empereur Basile était impuissant à les protéger. Enfin les défections commencèrent. On vit de nombreux guerriers maugrebins s'évader le long des pentes de la forteresse pour se rendre. Aussitôt on les promena en triomphe par la ville, revêtus de riches costumes d'apparat. On entassait en même temps aux yeux de ceux qui s'acharnaient à prolonger la résistance les plus beaux vêtements, les étoffes précieuses de brocart et de soie, les turbans éclatants, les schalls somptueux, les sacs d'argent monnayé. On offrait de loin ces trésors à la cupidité de ceux qui se rendraient. Après de longs pourparlers, une convention fut enfin
signée et les serments échangés. Ce même jour, le jeudi Sinân, le troisième allié, assiégea sans succès Hisn Ibn Akkara, château des environs de Tripoli. Il tenait déjà Rabbah, Membedge, Bâli et Rakkah. Il envoya son secrétaire, Abou, Mansour Soleïman Ibn Taouk, auprès du Khalife Al-Zahir qui le reçut à merveille et lui donna pour son maître des vêtements précieux et des colliers d'or pour lui et ses fils. Je ne connais aucun autre fait pouvant intéresser l'histoire byzantine en Syrie durant les dernières années du règne du basileus Basile. Dans le courant de cette année Les Russes n'avaient guère fait parler d'eux, semble-t-il,
à Byzance, depuis la mort de saint Vladimir, celui qu'on a appelé le Clovis
de A l'issue de tant de luttes Iaroslav allait demeurer seul
maître de toute Son cercueil de pierre est encore actuellement un des plus précieux ornements de l'antique temple de Sainte-Sophie de Kiev, si merveilleusement restauré dans ces dernières années. C'est probablement dans le courant de l'an 1024 durant les guerres de Iaroslav contre Mstislav qu'eut lieu l'expédition du chef russe Chrysochir.[22] Voici le très court récit de Skylitzès: « Après la mort d'Anne, Vladimir étant déjà défunt,[23] un certain Chrysochir— ce qui signifie l'Homme à la main d'or — parent de Vladimir, ayant réuni huit cents hommes sur vingt bateaux, partit pour Constantinople comme pour aller y prendre du service à la solde de l'empire. Le basileus lui ayant intimé l'ordre, dès son arrivée, de livrer avant tout ses armes conformément aux traités et de ne présenter qu'après cela sa demande, il s'y refusa nettement. Poursuivant impunément sa route, il força insolemment le passage devant Constantinople, traversa la mer de Marmara et força encore l'entrée des Dardanelles. Dans le détroit devant Abydos il battit facilement le « stratigos du Littoral », fonctionnaire militaire préposé à la garde du passage, qui cherchait à lui barrer la route. Précipitant plus loin encore sa course furieuse il cingla à travers l'Archipel jusqu'à l'île de Lemnos. Là ces terribles aventuriers, trompés par de fallacieuses promesses, attaqués ensuite par la flotte du thème des Cibyrrhéotes sous le commandement de David d'Achrida, stratigos du thème de Samos, certainement un officier d'origine bulgare, et de Nicéphore Kabasilas, duc de Salonique, furent enfin battus. On les massacra jusqu'au dernier. » On estime aujourd'hui que sous ce nom grécisé de
Chrysochir il est possible de retrouver un certain chef northmann dont le nom
Gullhland ou Gullmund, présente une signification identique.[24] En tous cas, ce
chef hardi de cette folle expédition d'une audace inouïe, était certainement
un Russe de lignée princière, proche parent de saint Vladimir. Son passage à
travers les détroits sous les murs de Au fur et à mesure que je racontais l'histoire de ce règne si long, j'ai dit les relations du basileus Basile avec les souverains ses voisins d'Occident et d'Orient, grands et petits: l'empereur d'Allemagne, le doge de Venise, le pape, les princes longobards de l'Italie centrale, l'émir de Sicile, le tsar de Bulgarie, le roi de Croatie, les magistrats des villes dalmates, les chefs des nations des Petchenègues et des Khazars, le grand prince des Russes, les nombreux petits souverains de Géorgie et d'Arménie, le Khalife de Bagdad et son maire du Palais, le Bouiide, l'émir d'Alep, les émirs voisins de la frontière méridionale de l'empire, le Khalife du Caire, bien d'autres encore. Des relations de la cour byzantine avec les cours les plus éloignées d'Europe ou d'Asie durant ce règne d'un demi-siècle nous ne savons rien, tant nos indications sur cette longue série d'années sont, je l'ai dit tant de fois, désespérément clairsemées. Nous ne savons rien entre autres des relations de Basile et de son frère avec la cour de France, en dehors de deux uniques faits. J'ai déjà parlé du premier: l'arrivée au Palais Sacré de ce prince franc dont nous ne savons que ceci qu'il s'appelait Pierre et qu'il entra au service du basileus en qualité de fonctionnaire provincial en Grèce.[26] Le second fait, plus curieux, surtout plus important, serait la preuve qu'il y eut à un moment sous ce règne un très sérieux projet de mariage entre les maisons de France et de Constantinople. Nous en pouvons conclure encore ce dont nous nous doutions bien, que les relations entre les deux monarchies furent bien plus intimes, la connaissance réciproque qu'elles avaient l'une de l'autre bien plus parfaite que ne le laisserait supposer l'absence si complète de documents. La curieuse mention de ce projet de mariage se trouve rapportée dans une lettre du fameux Gerbert dont l'original est aujourd'hui encore existant. C'est plutôt un projet de lettre, un brouillon, qu'une missive véritable adressée par cet illustre personnage au nom du roi Hugues de France aux très pieux empereurs Basile et Constantin pour leur demander pour son fils et héritier présomptif Robert la main d'une princesse de sang impérial. Voici le texte de ce précieux document tel qu'il a été établi dans une publication récente[27] par le regretté Julien Havet: « A Basile et Constantin, empereurs orthodoxes, Hugues par la grâce de Dieu roi des Francs. « L'illustration de votre race, la gloire de vos grandes actions nous excitent à vous aimer. Vous êtes de ceux dont l'amitié est le plus précieux des dons. Nous demandons votre très sainte amitié et votre très précieuse alliance, non pas que nous en voulions à vos royaumes, à vos richesses. Mais l'union que nous vous proposons, aurait cet avantage de nous créer des intérêts absolument communs. Cette alliance entre nous, si vous l'acceptez, nous sera des plus avantageuses et produira les plus précieux fruits. En effet, si nous nous y opposons, il n'y aura ni Gaulois ni Germain qui osera attaquer les frontières de votre empire romain.[28] En conséquence, pour que cette excellente alliance demeure perpétuelle comme nous avons un fils unique déjà roi[29] et ne pouvons lui trouver un royaume convenable dans les royaumes voisins à cause des liens de parenté, nous vous demandons avec instance une fille de votre saint empire[30] (quaerimus filiam sancti imperii). Si cette proposition est bien accueillie par vos sérénissimes oreilles, faites-nous le savoir par lettres revêtues de votre signature sacrée ou par de fidèles envoyés, afin que par l'intermédiaire de vos ambassades fidèles, dignes de vos majestés, ce qui a été formulé par lettres soit accompli en fait. » « Cette lettre, dit M. Havet, manque dans le manuscrit de Leyde; elle était donc de celles dont Gerbert avait voulu tenir la minute secrète. S'il l'avait composée par ordre de Hugues Capet, pourquoi cette précaution? Peut-être avait-il formé ce projet de son chef, pour le jeune roi son élève, et, dans l'espoir de le faire goûter au roi Hugues, avait-il composé d'avance le texte de la lettre qu'il lui proposerait, le cas échéant, d'envoyer en son nom. Il est donc douteux que cette lettre ait jamais été expédiée à Constantinople. Il n'est même pas certain que Hugues en ait eu connaissance. Ce n'en est pas moins un document du plus haut intérêt. » Je rappelle que l'empereur Othon d'Allemagne, en 1001, avait envoyé en hâte à Constantinople l'archevêque Arnolfe de Milan avec un superbe cortège, de chevaliers et de prélats pour demander la main de cette même princesse pour son fils. Le mariage était arrêté et la fiancée déjà arrivée en Italie lorsque la mort inattendue d'Othon vint brusquement tout modifier. La malheureuse Porphyrogénète retourna tristement à Constantinople. « Quant à sa sœur aînée, dit Lebeau, les tristes impressions de la petite vérole l'avaient défigurée à tel point qu'elle s'était dès longtemps renfermée dans un cloître où elle passa le reste de ses jours.[31] » Elle y mourut avant 1042 au dire de Psellos.[32] « Alors, disent en substance et Skylitzès et les chroniques italiennes,[33] Basile, vainqueur des Musulmans, des Russes et des Bulgares en Orient, songea, à l'âge de soixante-huit ans, à aller en personne porter la guerre en Sicile. Il commença par envoyer devant lui le protospathaire et kitonite eunuque Oreste, un de ses plus fidèles et aimés chambellans et lieutenants, qui débarqua à Bari avec beaucoup de troupes provinciales et de nombreux auxiliaires turcs, macédoniens, valaques, bulgares, russes, lesquels avaient tous depuis longtemps coutume de combattre sous les enseignes impériales.[34] » Anonyme de Bari ajoute au nombre de ces mercenaires des Guandali (Vandales? ou Vendes?), probablement des Varangiens russes, peut-être bien plutôt des Alains, les mêmes que les énigmatiques Gualanes, Goulanes ou Guaranes de Léon d'Ostie. « Ceux-ci donc, poursuivent ces chroniqueurs, chassèrent les Arabes de Sicile de tous les points à nouveau occupés par eux sur les rivages de Calabre. » Reggio aussi à ce moment fut relevée par le « catépano » Bojoannès et servit de quartier d'hiver à cette première armée qui, pour franchir le détroit, attendait d'autres forces avec la flotte impériale sous le commandement direct du basileus. Celui-ci comptait rejoindre incessamment Oreste.[35] Ibn el Athir dit qu'on construisit dans cette ville de grands baraquements pour les troupes. L'entreprise, commencée par l'occupation de Messine, échoua, je l'ai dit, par la mort de Basile survenue presque subitement. A la nouvelle de cette catastrophe cette armée d'avant-garde, composée des meilleures troupes mercenaires de l'empire, rentra dans ses cantonnements sans avoir rien fait. Basile, pris d'un mal subit sur lequel nous n'avons aucun
détail, mourut, au dire des chroniqueurs byzantins,[36] le 15 décembre
de l'an 1025.[37] Il était âgé de
soixante-huit ans.[38] Il en avait
régné seul, « autocratiquement », suivant l'expression de Yahia, presque cinquante,
exactement quarante-neuf ans et onze mois, depuis l'âge de dix-huit ans qu'il
était demeuré sur le trône avec son frère, à la mort de Jean Tzimiscès le Quelques jours avant lui avait expiré également, après
cinq ans et huit mois de sacerdoce, le patriarche Eustathios.[39] Le vieux
basileus déjà très malade l'avait aussitôt remplacé par le moine Alexis, le
vénérable cathigoumène du grand et fameux monastère de Stoudion qui était
venu le visiter peu auparavant, lui apportant, en guise de consolation et
d'édification dernière, peut-être bien aussi dans l'espoir de le guérir
encore, le très saint chef du Précurseur qu'on conservait pieusement dans
l'église de Saint Jean Baptiste de l'Hebdomon. C'est certainement la même
précieuse relique qui, transportée, à Amiens après Ce même jour Basile qui mourait, très probablement sans
alliance, du moins sans postérité, désigna, pour son successeur son frère et collègue
Constantin qui avait si longtemps régné à ses côtés dans un complet effacement.
Il ne lui avait laissé que les honneurs de la couronne, et cependant ce frère
avait partagé avec lui toutes les vicissitudes de ces cinquante années
d'agitations et de guerres et porté à ses cotés le diadème des basileis
depuis que lui aussi encore tout enfant avait été couronné le Depuis longtemps, le vieil empereur s'était fait préparer dans l'église des Saints Apôtres, ce Saint-Denis des basileis, à côté des tombeaux de ses prédécesseurs un monument splendide, admirablement dessiné, construit en marbres de nuances diverses. Poussé par le même sentiment d'humilité il modifia ses intentions à la dernière heure et ordonna à son frère de le faire enterrer non avec les anciens basileis aux Saints Apôtres mais dans la petite église de l'humble monastère de Saint-Jean Théologue ou l'Evangéliste, hors les murs, non loin de l'Hebdomon[43] « où il reposerait avec les pèlerins.[44] » Il en fut fait ainsi que le désirait Basile. Le beau monument des Saints Apôtres demeura vide trois années encore jusqu'à ce que le basileus Constantin étant venu lui aussi à mourir fût allé y prendre sa place solitaire à côté de celle demeurée vide de son aîné, et ce fut dans la pauvre église du Théologue que fut ensevelie la dépouille du grand basileus qui un demi-siècle durant avait fait trembler les Arabes et les Bulgares, tous les peuples de l'Orient. Le jour même où il avait reçu les visites du nouveau patriarche et de son frère, le 15 décembre, vers le soir, au dire de Skylitzès, le vieux basileus expira.[45] Sa famille l'entourait vraisemblablement, son frère qui avait passé toute sa longue vie à ses côtés et qui allait lui succéder, l'impératrice Hélène, cette femme si effacée qui n'est mentionnée qu'une seule fois dans les sources,[46] ses trois nièces enfin dont deux devaient bientôt lui succéder sur le trône impérial. Près de deux siècles et demi plus tard, en l'an 1260, aux
derniers temps lamentables de l'empire latin de Constantinople, on découvrit
par un hasard étrange le tombeau du grand empereur dont il semble qu'on eût
perdu jusqu'au souvenir. C'est Pachymère[47] qui nous
rapporte ce fait dramatique. C'était au temps des grandes angoisses pour les
Francs d'Orient, Michel Paléologue de victoire en victoire avait fini par
mettre le siège devant Constantinople. Son armée campait sur les hauteurs de
Galata enserrant Les monnaies frappées au nom du Bulgaroctone et de son
frère Constantin durant leur règne de plus de cinquante années ont été
certainement émises en quantité très considérable, car elles se retrouvent
encore très communément dans toutes les contrées de l'Orient. Il fallut des
émissions extrêmement nombreuses et fréquentes pour suffire aux dépenses
colossales de ces guerres incessantes durant un demi-siècle et plus. La
monnaie d'or paraît surtout avoir été très abondante. Jusqu'à ce long règne
les sous d'or des basileis avaient d'ordinaire été frappés sur des flans d'un
modèle uniforme, du diamètre d'environ vingt millimètres. Ce module
s'agrandit sous le règne de Basile II et de son frère où nous trouvons pour
la première fois des sous d'or à flan mince dont le diamètre s'étend jusqu'à
vingt-sept millimètres. Au revers de ces belles monnaies, figure le buste
superbe du Christ Pantocrator au vaste nimbe crucigère, aux cheveux longs, à
la barbe courte, avec la vieille devise latine: Jhesus Christus rex
regnantium. Sur l'autre face sont représentées les effigies des deux autocrators
ceints du diadème à pendeloques, vêtus de la robe à grands carreaux. Basile,
placé à la gauche du spectateur, porte la barbe. Constantin est imberbe. Les
basileis tiennent entre eux chacun d'une main la croix à double traverse
portant dans une cavité ad hoc le fragment vénéré de Les monnaies d'argent, grandes, minces, très plates, infiniment moins répandues, sont d'une belle apparence. La représentation du droit est à peu près identique à celle des sous d'or avec la légende célèbre: En touto Nika. Au revers par contre une longue légende en cinq lignes occupant tout le champ de la pièce est ainsi conçue: Basile et Constantin Porphyrogénètes et basileis fidèles des Romains. La monnaie de cuivre très abondante était anonyme et
complètement identique à celle des règnes précédents avec l'image du Christ
et la légende pieuse du revers en langue latine signifiant: Jésus-Christ, roi
des rois. Par une exception curieuse commune au règne de Jean Tzimiscès on
connaît de Basile et de Constantin de très petites et grossières monnaies de
cuivre frappées spécialement pour le thème criméen de Cherson, certainement
dans l'atelier monétaire de ce grand comptoir byzantin de la rive septentrionale
de Je traiterai rapidement à la fin du volume suivant de la
littérature, de l'art et aussi de l'industrie à Byzance sous Basile II et les
derniers souverains de la dynastie macédonienne ses successeurs. Je
rappellerai seulement ici très succinctement certains faits qui concernent
plus spécialement le règne de Basile II. Ce basileus dirigea la grande
entreprise du Menologion ou Recueil de la vie des saints.[50] Le fameux
exemplaire qui lui fut dédié, connu sous le nom de Menologium Graecorum,
merveille d'art, compte aujourd'hui encore parmi les plus beaux ornements de Basile II fit faire certaines réparations à la muraille de
Constantinople, ainsi qu'en témoignent diverses inscriptions encore en place
aujourd'hui, célébrant son nom et celui de son frère Constantin. Une
première, placée au-dessus d'une porte, est ainsi conçue: cette tour fut
élevée par Basile et Constantin, les porphyrogénètes, philochrists, sébastes,
despotes, en l’an du monde 6521, qui correspond à l'an 1013 de notre Ere.[53] Une seconde,
placée sur la lourde la grande muraille la plus rapprochée de la Propontide,[54] tour qui termine
de ce côté le mur anthémien, dit que: C'est ici la tour de Basile et
Constantin, autocrators fidèles en Christ, très pieux rois des Romains. La
date a malheureusement disparu.[55] Une troisième
enfin, gravée en relief sur la tour la plus septentrionale de la porte de Citons encore[56] une inscription d'une des tours de la muraille maritime non loin du vieux Sérail,[57] inscription en vers rappelant en termes poétiques que cette tour renversée par le long effort des vagues furieuses fut entièrement reconstruite par le pieux basileus Basile en l’an 1024. Basile II passe encore pour avoir fait démolir et reconstruire luxueusement à nouveau le célèbre Bain des Blachernes où il prodigua les ornements d'or et d'argent.[58] La grande fabrique d'étoffes de soie établie sur Les belles étoffes byzantines arrivaient en Italie, à Rome surtout, par Amalfi. A Rome elles étaient achetées par les évêques et les prélats. Ceux d'Allemagne venus au tombeau de saint Pierre les rapportaient dans les trésors des églises de Germanie où on en retrouve encore quelques vestiges. Quant aux grandes pièces plus somptueuses ornées d'inscriptions, elles étaient destinées probablement à être données par les empereurs aux églises de la capitale et des principales villes de province. La manufacture impériale de Thèbes de Béotie en fabriquait aussi des quantités innombrables probablement pour l'usage exclusif du Palais. « Ce trafic, dit M. Heyd,[61] enrichissait Amalfi, et ses trafiquants entassaient dans leurs magasins les marchandises les plus rares et les plus précieuses. La soie y abondait plus particulièrement. Un jour, Desiderius, abbé du Mont Cassin, attendant la visite du roi des Romains Henri IV, acheta à Amalfi, pour en faire hommage à ce prince, vingt de ces pièces de soie dites triblattia[62] (pourpre tricolore): ce nom grec indiquait déjà le pays où elles avaient été fabriquées. Ce détail nous donne à penser que le monastère du Mont Cassin tirait habituellement d'Amalfi les articles du Levant dont il avait besoin, et il est permis de supposer que ce furent des marchands amalfitains qui fournirent l'étoffe des nappes d'autel en soie de Byzance et d'Afrique et les cierges du Caire (Babylonia) qu'un autre abbé plus ancien du Mont Cassin, Théobald, précisément le successeur de l'infortuné Aténulfe, donna dans les premières années du xie siècle[63] au monastère de San Liberatore, près Chieti, succursale de la grande abbaye des monts des Marses. Dans une des poésies les plus remarquables de Jean Géomètre que j'ai citée plus haut, celle qui est intitulée Les Bulgares, figure une allusion sarcastique à ce fait que les Bulgares ayant refusé de travailler au diadème et aux étoffes de pourpre, et ayant au contraire voulu s'en parer, ont été battus, fouettés, enchaînés, mis sous le joug. Cela signifie certainement que les captifs de guerre de cette nation étaient employés dans ces fameuses fabriques impériales de tissus pour l'usage des empereurs. Dans la biographie du patriarche saint Antoine mort en 801, se trouve mentionné le fonctionnaire qui dirige les tissages impériaux tant pour la soie que pour la laine.[64] J'ai publié dans ma Sigillographie byzantine le sceau commun à deux fonctionnaires impériaux qui s'intitulent commerciaires impériaux et archontes du Blattopolion ou Bazar des étoffes de soie ! J'ai, au cours de ces deux volumes, mentionné toutes les Novelles de Basile II venues jusqu'à nous. Je rappelle que Skylitzès et Cédrénus[65] en citent une sans en donner ni le texte ni la date qui était également destinée à mettre des bornes au développement exagéré de la grande propriété;[66] Freher[67] en a publié une autre relative aux meurtriers,[68] prescrivant de les punir quel que fût leur rang. Parmi les plus célèbres jurisconsultes de ce long règne nous ne pouvons guère nommer que l'illustre Eustathios Romaios,[69] Syméon magistros et logothète[70] et G. Phorbenos.[71] Les grands dépôts d'Archives de l'Italie méridionale possèdent encore de nombreux documents, datés des diverses années du long règne de Basile II, délivrés au nom de ce prince et de son frère, documents très précieux et très intéressants ayant presque tous rapport à des questions d'intérêts privés, donations surtout à des églises et des couvents. J'en ai déjà cité plusieurs dans ces deux volumes de l’Épopée byzantine.[72] La littérature ne fleurit guère sous ce règne essentiellement guerrier. Psellos, le grand polygraphe du onzième siècle, né en 1018, n'avait que sept ans à la mort de Basile. Saint Christodule, le célèbre réformateur de la règle basilienne, né vers 1020, n'en avait que cinq. Michel Attaliote aussi, un des plus estimés chroniqueurs de l'époque, n'avait vu le jour que tout à la fin de ce règne. Basile mourant laissait l'empire dans un état de
puissance, de force et de prospérité qui n'avait peut-être jamais été atteint
depuis Constantin. Cette date fatale de l'an 1025 est bien celle du point
culminant de la grandeur byzantine. Partout les frontières les plus
lointaines avaient été reculées et renforcées. Tous les adversaires, les plus
puissants comme les plus audacieux et les plus tenaces, avaient été vaincus
et subjugués, Même en Italie la situation s'était depuis peu notablement
améliorée et le valeureux « catépano » Bojoannès était le véritable maître
dans le « L'indomptable valeur de Basile, a dit Finlay, ses cruautés effrayantes,[76] sa totale indifférence pour l'art et la littérature, sa religion étroite et superstitieuse, tout conspire pour faire de lui le type vraiment caractéristique de son empire et de son époque. Le but principal, pour ainsi dire exclusif, de sa politique fut, de consolider l'unité administrative de l'empire en Europe par la complète soumission des Bulgares et, des autres races slaves que la similitude du langage avait presque confondus en une seule nation et unis dans une commune hostilité contre le gouvernement impérial.[77] » « Durant tout son long règne, s'écrie Yahia, Basile ne cessa de vivre avec la plus extrême sobriété, n'usant que du strict nécessaire. Constamment, durant toute sa vie, il se distingua par son zèle pour la religion. Constamment il dirigea lui-même toutes les affaires de l'Etat, les grandes comme les petites. » Le jugement porté par Psellos sur Basile est marqué au coin de la précision particulière à ce grand historien du xie siècle. « Lorsque ce prince, dit-il, eut achevé de détruire ou de réduire à l'obéissance les divers voisins barbares de l'empire, il ne distribua pas les honneurs et les dignités suivant les errements accoutumés, car il prit pour familiers, pour conseillers et pour collaborateurs des hommes qui ne se distinguaient ni par leur culture, ni par leur noble extraction, ni par leur connaissance des lettres. Ses secrétaires étaient des hommes obscurs, de mince éducation, mais sa correspondance fut toujours des plus brèves, si simple et tout à fait sans apprêt qu'elle n'exigeait pas de grandes capacités. Toujours il se refusa à parler et à écrire avec recherche ou à user d'un style fleuri. Il dictait lui-même toutes, ses lettres, s'abstenant de tout mot superflu, ne disant pas un mot de plus qu'il n'était nécessaire. Lorsqu'il eut arraché le pouvoir à la fortune contraire et à la jalousie de ses concurrents, non seulement il rétablit le calme dans l'empire, mais, supprimant toute dépense inutile, il ne songea qu'à augmenter la richesse nationale. Ne dépensant rien de trop, économisant de toutes parts, il finit par constituer un trésor de deux cent mille talents. Qui pourra exprimer par des paroles ce qu'il parvint à réaliser dans ce sens! Toutes les richesses arrachées à tant de peuples conquis depuis les Géorgiens jusqu'aux Arabes, jusqu'aux barbares habitants de la terre de Scythie, tous ces trésors, dépouilles opimes de tant de peuples soulevés, allaient s'accumuler dans les coffres impériaux. Et non content d'édifier des édifices ad hoc, il organisait encore pour ces immenses réserves de vastes demeures souterraines à l'instar des chambres sépulcrales d'Egypte. Au lieu de se parer des perles, des pierres précieuses qu'il avait amassées, de les porter en bracelets ou colliers, il les conservait de même par monceaux dans ses caves. Son vêtement de pourpre était non point éclatant, mais de couleur sombre, à peine orné de quelques gemmes. C'est sous ce costume qu'il se montrait en public et donnait audience. Tout son temps à peu près était consacré à la guerre, à la défense des frontières contre l'incessant effort des barbares, et pourtant, loin de dépenser tant de trésors accumulés, il ne fit jusqu'à la fin qu'en augmenter la masse. » Voici enfin le jugement de Zonaras:[78] « Basile, enflé d'orgueil par ses victoires, se montrait plein de mépris pour tous. Préférant être craint de ses sujets qu'aimé par eux, il entendait traiter citoyens et soldats non d'après les lois consacrées, mais suivant sa volonté et son libre arbitre à lui. Aussi ne se souciait-il nullement de rechercher des secrétaires distingués par leur origine ou leur culture et préférait-il dicter ses dépêches à des hommes du commun qui reproduisaient exactement son style rude et dépourvu de toute forme. Il s'attacha surtout à remplir les coffres de l'empire. On dit qu'il y accumula jusqu'à deux cent mille talents d'or pour lesquels il fit creuser des labyrinthes secrets où s'accumulaient également dans une foule de vases des pierres précieuses et des perles en quantités innombrables. Il dédaignait d'user de ces dernières pour orner ses costumes d'apparat toujours simples et presque dépourvus d'ornement. A la guerre son esprit se révélait contre l'ennemi plein de ressources aussi variées que nombreuses. En temps de paix il était constamment violent. Il savait dissimuler sa colère mais, l'occasion venue, il savait de même lui donner libre cours et se venger de ceux qui l'avaient offensé. Comme il était fort entêté, il ne modifiait que bien difficilement ce qu'il avait résolu de faire. De même lorsqu'on avait excité son ressentiment, il ne pardonnait guère. » |
[1] L'émir al-oméra Cheref Eddaulèh, mort en
septembre 989, avait eu pour successeur à Bagdad au milieu des luttes
sanglantes d'une croissante anarchie son frère Abou. Nasser Behâ Eddaulèh. Les
dissensions incessantes avaient continué entre tous ces Bouiides, avec Samsam
surtout qui avait recouvré sa liberté. Diarbekir était tombée aux mains de Bad
(Weil, . op. cit., III, p. 36) et
Mossoul dans celles des Beni-Okeil après la fin lamentable de la dynastie
hamdanide locale. En chaban de l'an 382 de l'Hégire, c'est-à-dire en octobre
992 (ibid., p.44), Behâ Eddaulèh avait déposé le Khalife Altaï après que
celui-ci eut régné dix-sept ans et neuf mois et lui avait donné pour successeur
son fils Abou’l Abbas Ahmend proclamé Khalife sous le nom d'Al-Kadir. Ce prince
n'avait dû son règne prolongé qu'à sa parfaite impuissance, à sa complète
soumission aux émirs al oméra qui se succédaient à Bagdad. Ceux-ci même
perdaient rapidement de leur puissance de jadis. Des seigneuries indépendantes
s'établissaient aux portes de Bagdad (ibid., p.
[2]
Vers l'extrême fin du xe siècle un moine athénien,
Jean, passant par l'Egypte au retour d'un voyage à Jérusalem, vint au fameux couvent
du Sinaï et s'y fixa. Il en devint l'higoumène en 999 et périt le
[3] Voyez Rosen, op. cit., note 368.
[4] Rosen, op. cit., note 356.
[5]
[6]
[7]
Rosen, op.
cit., note 6 de la note 384. Weil, op. cit., III, p. 70, note 4.
[8]
[9]
En 404 de l'Hégire (
[10] Rosen, op. cit., note 384.
[11] L'Histoire des Khalifes Fatimides. éd. Wüstenfeld, p. 221, raconte ces faits un peu différemment.
[12] Mois de redjeb de l'an 415 de l'Hégire.
[13] Cédrénus, II, pp. 484 et 492.
[14] 3 rebia I de l'an 416 de l'Hégire.
[15] Voyez Rosen, op. cit., note 390.
[16] Ou « Djourna ».
[17] Cédrénus, II, 475.
[18] viii,
16.
[19] 1024 à 1026.
[20]
[21] Rambaud, op.
cit., p. 61.
[22] C'est du moins la date indiquée par Muralt,
uniquement d'ailleurs parce que Skylitzès fait figurer le récit de cette
expédition étrange immédiatement entre celui des événements de l'an 1023 et
celui de la mort de Basile.
[23] « Cependant, remarque M. Wassiliewsky (La droujina
vaeringo-russe, etc., p. 42),
[24] Voyez Wassiliewsky, La droujina vaeringo-russe,
p. 43. Peut-être cependant s'agit-il simplement d’un surnom purement grec et
nullement normand. Ou bien même ce nom grec de Chrysochir n'est-il que la
transformation par à peu près d'un nom russe tout à fait déformé?
[25] Compend. Chron., éd. Bonn, p. 253, v. 5967.
[26] Voyez Épopée,
t. I.
[27] J. Havet, Lettres de Gerbert (983-997),
Paris, 1889, p. 101, n° 111. La lettre doit avoir été écrite entre Noël 987,
date où Robert fut couronné roi à Orléans par son père, et 996, date de la mort
de Hugues Capet.
[28] « Romanum imperium », dit M. Havet, c'est l'empire byzantin, auquel
aucun autre « empire » ne pouvait à ce moment disputer ce nom, puisque Othon
III n'était encore que roi. Gallus, Germanus,
probablement les sujets d'Othon III, roi de Germanie et de Lorraine. Othon
était aussi roi d'Italie, et par ce dernier royaume, ses États confinaient aux
possessions byzantines de
[29] Robert, élève de l’école de
Gerbert à Reims, couronné roi le
[30] Probablement Zoé, seconde fille de Constantin VIII. — « Voir si on trouve ailleurs que le Roy Hugues ait voulu marier Robert avec une Grecque » (Baluze, ms. 129, folio 166); Gerbert seul nous fait connaître ce fait (Olleris). Mais ce « fait » même n'est pas certain.
[31] Zonaras, éd. Dindorf, XVII, x. Voyez cependant Mystakidis, op. cit., p. 70.
[32] IV, 95, 19.
[33] Cédrénus, II, 479. Zonaras, lib. XVII, chap. ix, fait également allusion à cette
intention de Basile d'aller en Sicile, intention qui fut arrêtée par la mort.
[34] Voyez Wassiliewsky, La droujina vaeringo-russe,
etc., art. I, pp. 131 sqq.
[35] Ibn el Athir dit que la flotte était sous le
commandement d'un parent du basileus « fils de sa sœur ». Certainement l'auteur
arabe fait confusion avec le patrice Etienne envoyé avec la flotte en 1038, ou
avec quelque fils de Jean Orseolo devenu commandant de la flotte de Venise.
Voyez Amari, op. cit., II, p. 366, note 1.
[36] Cédrénus, II, 479-480.
[37] Le dimanche 12 décembre, dit Yahia. Voyez Rosen, op. cit., p. 69; 12 kanoun, I, 1337, c'est-à-dire le 18 du mois de chewal de l'an 410 de l'Hégire, à la neuvième heure du Jour.
[38] Skylitzès dit soixante-dix. Zonaras et Psellos disent soixante-douze. Voyez Rosen, op. cit., note 403.
[39] Il avait été intronisé le 12
avril de l'an 1020. Voyez Rosen, op. cit.,
note 305. Le patriarche Gédéon dit qu'il régna 6 ans et 6 mois. Voyez Zonaras,
éd. Bonn, II, note 13 de la page 308. — M. C. de Boor (Nachträge
zu den Notitiae Episcopatuum dans
[40] Il est bien probable que la
présentation du saint chef du Précurseur au malade ne fut que le prétexte de la
visite du cathigoumène Alexis. Le vrai motif était la nomination de ce prêtre à
la tête de l’Eglise. La preuve en est l’intronisation si rapide du nouveau
patriarche, peut-être pour prévenir quelque résistance ou dénouer quelque
intrigue. En tous cas, cette nomination d'un patriarche à la fin suprême du
règne du vieil empereur semble s'être faite sans la moindre participation du
clergé, directement par la volonté du souverain.
Une
variante d'un manuscrit de Cédrénus (t. II, p. 479, notes) raconte, par la
plume d'un continuateur anonyme, l'anecdote suivante: « Eustathios étant fort
âgé et fort infirme ne pouvait plus prendre de part active à l'exercice du
culte. La tradition rapporte que, dans une des grandes fêtes de l'Eglise, il se
passa ce qui suit: le diacre en fonction chanta plus lentement que de coutume
l'Introitus. Le patriarche ayant peine à demeurer debout demanda qu'on
lui apportât son trône, s'assit et s'endormit. Alors, le saint homme eut une
terrible vision qui semblait une réalité. Devant l'autel s'assemblèrent des
figures monstrueuses en grand costume ecclésiastique, ayant l'apparence d'êtres
humains, sauf que chacun avait une tête de bête sauvage. Comme le diacre
entonnait la suite du chant, le patriarche se réveilla et le tança vivement
sous prétexte qu'en le réveillant il l'avait empêché de voir la fin de ce rêve.
Il avait compté jusqu'à onze hauts dignitaires ainsi affublés, mais avait
remarqué que d'autres encore se dirigeaient vers l'autel. Les animaux, dont les
têtes ornaient ainsi les figurants de cette étrange procession étaient l'âne
sauvage, le lion, la hyène, le chat, le loup, l'ours et d'autres du même genre.
» Voyez l'explication de ce rêve imaginée par Gfroerer (op. cit., III, pp. 573-586).
Il
existe une vie manuscrite du patriarche Eustathios. Voyez Eustachi
patriarchae constantinopolitani Vita per Fabianum Cretensem e gr. in lat. traducta, in Flaminii
Cornelii Eccles.
Venet. antiqua monumenta. De cod. XI, part. 2, pp 154 sqq., Venet., 1749, 4,
Harles. — Je ne crois pas que cette Vie ait été publiée.
[41] Nous tenons de Yahia ce détail comme aussi la
plupart des suivants. Voyez Rosen, op. cit., p. 69.
[42] Mathieu d'Édesse, éd. Dulaurier, p. 43.
[43] Voyez sur la situation de cette église: Rosen, op.
cit., note 407.
[44] Mathieu d'Edesse fait un curieux
et fantastique récit de ces derniers jours de l'existence du vieux basileus: «
Son frère Constantin, dit-il, se trouvait à cette époque (1025) dans le thème
de l'Opsikion dont la capitale est Nicée. Basile malade ordonna d'envoyer des
courriers pour l'inviter à se rendre en hâte auprès de lui. Les ministres le
promirent, mais ils gardèrent par devers eux la lettre du basileus, parce
qu'ils ne voulaient pas que Constantin régnât sur eux. Après avoir, à plusieurs
reprises, renouvelé ses ordres, Basile, s'apercevant de leur fourberie,
commanda à ses serviteurs de lui amener un cheval. Il se leva de son lit, monta
à cheval, et sortit de son palais dans la ville, où il se montra à tous les
regards. Nombre de ceux qui le virent, s'allèrent, par peur, cacher jusque dans
les points les plus obscurs de leurs demeures. Les courriers partirent alors et
ramenèrent sur-le-champ Constantin dans la capitale. Aussitôt qu'il fut arrivé,
Basile lui posa sur la tête la couronne impériale, le déclara empereur, et lui
recommanda, comme autrefois David à Salomon, de mettre à mort tous perturbateurs
ou rebelles. Puis, ayant repris le lit, il perdit peu à peu ses forces et
mourut deux jours après. Il avait régné cinquante ans. Le jour de sa mort un
phénomène merveilleux parut dans le ciel. Le soir, vers l'heure à laquelle il
rendit le dernier soupir, un éclair étincelant, fendant tout à coup la voûte éthérée,
se précipita sur la terre. Tous ceux qui furent témoins du prodige déclarèrent
qu'il annonçait la mort de l'empereur. »
Un autre historien byzantin (Voyez Chahanzarian, Esquisse de l'Histoire d'Arménie, Paris, 1856) raconte encore un incident des derniers moments du vieux basileus: « Basile, dit-il, à son lit de mort, tourmenté par les remords, remit au prêtre arménien Cyriaque une lettre dans laquelle il retournait au roi Jean Sempad celle par laquelle ce prince lui avait fait cession de ses Etats à sa mort. L'infâme Cyriaque garda la missive impériale et la remit, après la mort de Basile, au nouveau basileus Constantin. »
[45] Je rappelle que Yahia fixe sa mort à la neuvième heure du jour trois jours auparavant. — Les historiens arméniens disent qu'il recommanda par son testament à son frère de traiter paternellement l'Arménie et appela sa sollicitude sur les fils de l'ex-roi du Vaspouraçan Sénékhérim mort cette même année, ainsi que sur tous les grands d'Arménie en général. Il lui prescrivit également, disent-ils, de témoigner la plus grande bienveillance aux fidèles du Christ. — Voyez entre autres Mathieu d'Edesse, éd. Dulaurier, p. 43, qui termine par ces mots son récit: « Basile, après avoir passé sa vie dans la sainteté et la virginité, s'endormit en Jésus-Christ. Il fut enterré à côté des saints monarques ses prédécesseurs avec les regrets dus au souvenir de ses vertus. »
[46]
Nous possédons cependant une pièce de sept
vers composée sur la mort de cette princesse par Jean Géomètre. Le poète y
célèbre
[47] Éd. Bonn, I, 125, 1.
[48] Un manuscrit de la bibliothèque de Turin (Cod. Taur. B, N, 4, S. catal. S. 314) contient fol. 291-301) une histoire inédite du règne de Basile que je n'ai pu consulter.
[49]
Fait étrange: on ne connaît pas de monnaie
des tsars bulgares contemporains de Basile II Il semble que
[50]
On penche maintenant d'après les nouveaux
documents publiés en 1880 et 1881 par M. Wassiliewsky dans le Journal du Ministère
de l’Instruction publique russe sous le titre: De la vie et des travaux de
Syméon Métaphrastes, à placer bien plus tard qu'on ne le faisait,
c'est-à-dire vers la fin du xe
siècle, ce fameux hagiographe si connu par sa collection des légendes ou actes
des saints et à en faire un même personnage avec le chroniqueur Syméon. Peu
d'ouvrages comptent un nombre aussi extraordinaire de copies manuscrites.
Cependant le Père Delehaye (Saint Paul de Latron, note de la page 119)
estime que la question est loin d'être résolue. (Voyez sur ce point si
important: Krumbacher, Gesch. der byzant. Litteratur, 2e éd., pp. 200 sqq., et Byzant. Zeitschrift, t. VI, 198 et t. VII, 473.)
Dans
[51] Voyez entre autres le chapitre vin (pp. 102-108) du tome II de l’Hist. de l'art byzantin consid. principalement dans les miniatures de N. Kondakov. Voyez surtout Labarte, op. cit., t. I, p. 5, et t. II, pp. 180 sqq. (pi. XXVIII et XXIX). — Une moindre portion de ce magnifique manuscrit, joyau de l'art byzantin, est conservée à Grottaferrata.
[52] Voyez K. W. Unger, Quellen der byzant. Kunstgeschichte, pp. 97 et 98, qui donne, par erreur la date de 986 et surtout le présent volume, pp. 35 sqq. — Sur les dégâts du tremblement de terre de l'an 1010, Voyez Unger, ibid., pp. 98 et 223.
[53] Corpus inscr. graecar., t. IV, n° 8700: « Supra
portam in muris Regiae mare versus. »
[54] Ibid., n° 8701, « Ad septem turres in extrema valli
urbani turre.» Voyez encore Byz. Zeitschr., VII, 334 et Unger, op. cit., p. 217, n° 552. —Voyez aussi Corpus inscr. graecar., t. IV,
l'inscription n° 8699 qui serait de l'an 1006.
[55] Sur la porte de l'église de Burgara entre Selymbria et Andrinople on lit cette inscription: Cette tour fut élevée sous le règne de Basile et Constantin despotes philochrists (C. i. gr., t. IV, n° 8702, p. 484). Sur la porte extérieure du kastron en ruines d'Halicarnasse une inscription incomplète datée de l'an du monde 6513 (1005 de l'ère chr.), indique que celui qui pénétrera dans cet édifice dans des intentions hostiles encourra une punition sévère (Ibid., n° 8698). On connaît un certain nombre d'autres inscriptions datées des années de ce règne, mais elles sont sans grand intérêt. Voyez une inscr. de 1006 dans le tome XI, p. 454 du Bulletin de Corresp. hellénique, une autre de l'an 981 (dédicace dans une église à Aezanis de Phrygie) dans le Corpus inscr. gr., n° 8697, de très nombreuses inscriptions funéraires enfin à Athènes, inscriptions d'évêques et autres (Ibid., p. 464).
[56] Hammer, op. cit., II, VIII, n° 17. — Voyez aussi A. V. Millingen, Byzantine Constantinople, p. 186.
[57] Première tour à l'ouest d'Ahour Kapoussi (Kontoskalion).
[58] Unger, op. cit., p. 273, n° 765.
[59] Le lion est l’emblème du Christ, le lion la race de Juda. C’est pour cela qu'il figure si souvent comme l'emblème religieux.
[60] Voyez mon Nicéphore Phocas.
[61] Op. cit., I, p. 107.
[62] Leo Ostiens, loc. cit., p. 711. Pour l'explication du mot triblattia, voyez Petr. Damian., Epist, IV, 7: « triblathon pallium vocutur, quod trium cernitur esse colorum. »
[63] Voyez l'état établi par lui en 1019, dans Muratori, Antiq. it., IV, pp. 707 sqq.
[64] Acta SS., Bolland., février, t. II, 621 (chap. 26).
[65] T. II, p. 448.
[66] Voyez au sujet de cette Novelle une note précédente.— Voyez Bonnefoi, op. cit., p. 33; Mortreuil, op. cit., Il, p. 359, n° III. — Psellos mentionne aussi cette Novelle dans ses vers 1377 à 1383.
[67] T. II, p. 179.
[68] Cette Novelle qui avait échappé à Bonnefoi est également rapportée
par Psellos dans ses vers 1397 à 1402. Mortreuil la mentionne: t. II, p. 339,
n° IV.
Enfin
Psellos, dans ses vers
Un document de
Basile II de l'an 976 (Ind. 4) est citée par Zachariae v. Lingenthal au tome IV
(Acta) du Jus graeco-romanum, Leipzig,
1865, p. 307. Une nouvelle édition de l’Epanogoge sous ce titre: Epanogoge aucta, datant de cette époque, est imprimée dans la
même collection (pars IV, pp. 56-84). Voyez encore un extrait des Basiliques
datant de cette époque, Zachariae v. L. Gesch. des gr.-rom. Rechts, p. 34, n° LIV.
Le ton
des Novelles de Basile II se distingue par une forme étrangement violente,
personnelle, autocratique. Voyez Neumann, op.
cit., pp. 57-58.
Un des derniers
fascicules parus de
[69] Ou Romanos. Sur ce personnage et ses œuvres Voyez Krumbacher, Gesch. der byz. Litteratur, 2e éd., p. 609, n° 7.
[70] Vers l'an 1000? Ibid., p. 607.
[71]
Sur ces divers personnages, Voyez Mortreuil,
op. cit., II, pp. S03 sqq. et Zachariae von Lingenthal, Gesch. des gr.-rom.
Rechts, 3e éd., 1892, p. 27. Syméon est cité
comme l'auteur d'une édition nouvelle de la vieille Epitome canonum.
On trouve dans l'ouvrage de M. F. Brandileone intitulé Il diritto bizantino nell Italia meridionale une foule de renseignements sur l'histoire du droit byzantin dans les thèmes italiens à l'époque de Basile II. Voyez encore sur ce droit byzantin italien au xe siècle, Byz. Zeitschr., t. VI, p. 212, une étude du même auteur et de M. V. Puntoni sur le Prochiron legum pubblicato secondo il codice vaticano greco 845, Rome, 1893.
[72]
On trouvera beaucoup de ces documents
publiés clans le Codex diplomaticus cavensis, Naples,
[73] Zonaras, XVIII, 8. Cet auteur attribue à Basile ce que Skylitzès (Cédrénus, II, 480) dit de son frère Constantin « qu'il n'employait point de personnages de la noblesse, mais bien seulement des parvenus, et ceux-ci uniquement comme ministres (c'est-à-dire comme exécuteurs de ses volontés), non plus comme conseillers, et qu'il avait accumulé dans ses coffres vingt mille talents d'or, nonobstant sa magnificence envers les étrangers et les dépenses énormes occasionnées par ses guerres incessantes. »
[74] Ce qui ferait, dit le baron V. de Rosen, op. cit., note 409, la somme, immense, certainement très exagérée, de quarante-trois millions deux cent mille besants hyperpères.
[75] « Cette mesure seule, a dit Finlay, témoignerait de la complète fausseté des accusations de rapacité portées contre Basile. Elle serait plutôt une preuve que la politique de protection envers les pauvres, si visible dans toutes les Novelles de cet empereur, le guidait de même dans l'administration des finances de l'empire. Très certainement il se montra pour les riches et les puissants d'une sévérité parfois extrême, mais il semble bien qu'il se soit montré beaucoup plus doux pour les pauvres. »
[76] « Constantin, dit Mathieu d'Édesse (éd. Dulaurier, p. 44), en montant sur le trône, ordonna de brûler la prison des condamnés que Basile avait fait construire, et qu'il avait remplie des grands de l'empire. Car Basile, craignant pour son trône, avait fait étrangler les personnages les plus considérables, et leurs corps étaient pendus là, recouverts de leurs vêtements et attachés par la gorge à des crochets en fer. Ce spectacle arracha des larmes des yeux de Constantin et il donna l'ordre de les ensevelir, en même temps qu'il fit détruire cette prison. Accusant la cruauté de son frère: « Eh quoi, s'écriait-il, la fin de l'homme est toujours imminente; pourquoi donc cette mort cruelle, dans le but de préserver une vie corporelle et passagère?» — Voyez encore, sur les cruautés peut-être faussement attribuées à Basile, Maedler, op. cit., pp. 17 et 18. — Les chroniqueurs arabes sont plutôt bienveillants pour le caractère de cet empereur. Ibn el Athir dit expressément qu’« il fut très bienfaisant à l'égard des Musulmans et leur témoigna de la sympathie. »
[77] Sur les résultats de ce grand et long règne, Voyez encore Paparrigopoulos, op. cit., pp. 252-255; Neumann, op. cit., pp. 11 et 70.
[78] Livre XVII, chap. viii.