Deuxième partie
Dès le printemps prochain, poursuit Skylitzès en son bref récit d'une si désespérante monotonie, c'est-à-dire dès les premiers beaux jours de l'an 1017, le basileus et ses fidèles soldais, quittant une fois encore les cantonnements de Mosynopolis, rentrèrent en campagne. C'était véritablement merveille de voir ce rude souverain, ce parfait homme de guerre, âgé déjà de plus de soixante ans, insensible aux douceurs du repos, reprendre chaque année le harnais de combat comme, aux beaux jours de sa vaillante jeunesse et parcourir à la tête de ses vieux légionnaires ces contrées âpres et inhospitalières entre toutes, tantôt brûlantes, tantôt glacées, toujours fourmillant d'adversaires acharnés. » Le premier objectif des impériaux était, cette fois, le kastron de Longos dont la garnison, elle aussi, refusait de faire sa soumission. Je ne suis pas parvenu à identifier cette localité. En même temps, un corps détaché sous le commandement de David Arianites et de Constantin Diogène, dont le nom paraît ici pour la seconde fois, avait mission de razzier une fois encore cette malheureuse plaine de Pélagonie déjà si souvent dévastée par les Byzantins, surtout d'y étouffer les derniers germes de résistance en achevant de détruire quelques groupes d'entêtés partisans qui tenaient encore la campagne. Les deux chefs revinrent de leur expédition avec de très nombreux prisonniers et un grand butin, d'immenses troupeaux surtout, ressource suprême des malheureux paysans bulgares. Sur ces entrefaites, l'énigmatique kastron de Longos
s'était rendu à Basile. Skylitzès, qui ne donne aucun détail sur ce siège,
raconte seulement que le basileus ordonna de détruire cette forteresse par le
feu, et qu'il fit trois parts des prisonniers. C'était probablement sa
coutume de procéder ainsi après chacune de ces prises si fréquentes de villes
et de châteaux bulgares. Une part, dit le chroniqueur, fut réservée au
basileus, Une autre aux troupes impériales byzantines proprement dites, « aux
Romains », suivant l'expression de Skylitzès, une troisième enfin aux
auxiliaires russes. Ce dernier détail fort intéressant nous est une preuve
que la fameuse troupe de six mille guerriers envoyée pour la première fois en
l'an 988 par Vladimir au secours de ses beaux-frères les basileis, troupe qui
se maintenait à ce chiffre en se recrutant incessamment, continuait à rendre
à l'empire grec les plus signalés services. Non seulement les guerriers du
grand-duc de Kiev devenus les fidèles mercenaires du basileus faisaient campagne
au fond de l'Asie à côté des légionnaires purement byzantins, mais ils
combattaient encore à leurs côtés dans ces sauvages vallées perdues de Poursuivant sa marche en avant, continue le chroniqueur,
—expression qui, par parenthèse, indique bien que cette forteresse de Longos
devait se trouver quelque part sur la route entre la frontière et la ville
que je vais nommer, — le basileus arriva ensuite devant Castoria. Les soldats
de Basile n'avaient jamais encore paru dans cette région méridionale de Castoria, une des principales cités bulgares, se trouvait à l'entrecroisement de quatre routes fort importantes, celle de Larissa à Berat. Dyrrachion et Scutari, celle de Larissa à Achrida, Pritzrend, Uskub et Pristin, celle de Salonique à l'Adriatique par Vodhéna qui était la fameuse Via Egnatia, celle de Monastir enfin et de la plaine de Pélagonie au littoral de l'Epire. C'était une position très forte, si forte même que cette fois encore le glorieux Basile et ses troupes aguerries éprouvèrent un sérieux échec. Castoria offrit une résistance désespérée aux plus acharnées attaques des impériaux et finalement demeura inexpugnable. Il fallut s'en retourner d'autant plus rapidement que l'empereur apprit à ce moment même les plus graves nouvelles qui nécessitaient son départ immédiat. Skylitzès raconte que Basile avait reçu des lettres de son lieutenant le gouverneur de Dorystolon sur le Danube, Tzitzikios, fils du patrice Theudatès l'Ibère, c'est-à-dire le Géorgien, quelque officier de cette nation passé à son service, lui mandant une tentative suprême de la part des Bulgares agonisants. Un chef nommé Krakras, sur lequel les chroniqueurs byzantins ne donnent aucun autre détail, à la tête de bandes très nombreuses, avait réussi à faire sa jonction avec d'autres forces encore réunies sous le commandement de l'usurpateur Jean Vladistlav. Les deux chefs avaient fait alliance avec les Petchenègues et tous ensemble se préparaient à attaquer Tzitzikios. Il est difficile de dire, en l'absence absolue de renseignements, dans quelle région précisément s'était assemblée cette dernière armée bulgare alliée aux éternels ennemis de Byzance, les Petchenègues; quelque part dans le Nord, certainement, pas très loin du Danube, puisque ces barbares en étaient tout proches. Quoi qu'il en soit, Basile estima que cet effort suprême nécessitait son intervention immédiate. « Fort troublé par ces nouvelles, dit Skylitzès, le basileus, abandonnant le siège de l'invincible Castoria, reprit brusquement le chemin du retour pour courir à la rencontre de ces nouveaux agresseurs. » Sur la route il prit et brûla la forteresse de Bosograd,[1] que M. de Muralt place aux sources mêmes de l'Indjè-Karasou ou Vrystitza,[2] par conséquent tout auprès de Castoria. Descendant probablement le val de cette rivière, le basileus parut ensuite devant Verria dont il ordonna de relever immédiatement les murailles en ruines, puis dans les régions voisines d'Ostrovo et de Molyskos où il prit et démantela tous les châteaux bulgares qui tenaient encore. Ostrovo est sise sur la rive nord du lac du même nom. Molyskos, ville rarement mentionnée par les Byzantins, devait se trouver tout auprès.[3] Là, une bonne nouvelle parvint au basileus. Tzitzikios lui mandait que Krakras et Jean Vladistlav avaient dû renoncer à leur attaque projetée parce que les Petchenègues, peu soucieux probablement d'attirer sur eux les foudres du tout-puissant basileus, avaient définitivement refusé de s'associer à leur entreprise désespérée. Rebroussant chemin aussitôt, l'infatigable basileus alla
mettre le siège devant une ville que Skylitzès appelle Setaena, dans laquelle
se trouvaient, au dire de ce chroniqueur, outre un palais ou aoul du tsar
Samuel, d'immenses approvisionnements de blé. Je n'ai pu identifier cette
ville royale bulgare. M. de Muralt pense que c'était peut-être Zeitoun sur la
frontière de Thessalie et de Grèce, mais c'est beaucoup trop loin vers le
sud. Il y avait beau temps que toute cette région méridionale de Cependant l'usurpateur Jean Vladistlav, après l'échec de son alliance avec les Petchenègues, n'avait point perdu courage. Il accourait à marches forcées avec toutes les bandes éparses qu'il avait pu rassembler. Basile détacha à sa rencontre le corps de la garde dit des Scholes d'Occident et celui des contingents du thème de Salonique sous le commandement du stratigos de ce thème, Constantin Diogène. Tel est le titre que donne Skylitzès à ce haut fonctionnaire. Mais sur un précieux sceau de plomb de lui que j'ai acquis à Constantinople et qui appartient certainement à cette époque de sa vie, Diogène figure avec celui, non de stratigos, mais bien de « catépano » de cette grande cité, preuve qu’en ces temps troublés le commandement de la place de Salonique si voisine du théâtre des opérations militaires avait été provisoirement transformé en un catépanat, sorte de capitainerie générale. Jean Vladistlav, averti de l'approche de ce corps ennemi, fidèle à la tactique nationale, réussit à attirer Diogène dans une embuscade où ce capitaine aurait certainement succombé avec tous les siens, si les espions impériaux n'avaient eu le temps d'aviser le basileus. Vivement inquiet sur le sort de son lieutenant, Basile, montant précipitamment il cheval, en vue de tout le camp assemblé, ne prit que le temps de crier derrière lui: « Que tous ceux qui veulent se battre me suivent » et partit au galop à la rescousse de ses soldats, suivi de tous les hommes de bonne volonté. Songez que ce parfait guerrier avait alors plus de soixante armées! Les éclaireurs du Bulgare n'eurent pas plutôt aperçu cette troupe de cavaliers bondissant à une allure désordonnée que, pris de terreur, ils revinrent en hâte auprès des leurs où ils eurent tôt fait de semer la panique. « Affolés, dit Skylitzès, hors d'haleine, ils ne pouvaient crier que ces mots: « Fuyez, fuyez, voici l'empereur! » Les Bulgares épouvantés, abandonnant la proie qu'ils croyaient tenir, s'enfuient, dans un immense désordre. Les soldais de Constantin Diogène, un instant accablés, ranimés soudain par ce secours miraculeux, se jettent sur leurs pas l'épée haute. Ils en massacrent, une foule, en prennent quelques-uns, parmi lesquels « deux cents cavaliers tout cuirassés avec leurs chevaux ». « Tous les bagages de Jean et, de son cousin germain, dit Skylitzès, —-il s'agit peut-être bien là de Krakras, tombèrent aux mains des impériaux. » « A la suite de cette grande et fructueuse victoire,
Basile, poursuit Skylitzès, concentra ses troupes pendant quelque temps à
Vodhéna, d'où il procéda, à l'organisation des territoires nouvellement pacifiés
dans cette région. Il regagna ensuite sa capitale où il fit son entrée dans
la journée du Cependant, Jean Vladistlav, demeuré plein d'énergie, malgré ce cruel désastre, infatigable à l'égal de Basile, s'était hâtes, de profiter de ce répit, pour porter la guerre sur un autre point de cet immense territoire. Dyrrachion demeurait toujours dans une position difficile, enclave byzantine entourée de territoires non encore pacifiés, trop éloignée de la capitale par la voie de la mer pour qu'elle put être facilement ravitaillée de ce côté. L'usurpateur bulgare que tant d'échecs n'avaient pas découragé, alla, attaquer cette forteresse avec toutes les forces qui lui restaient. Mais le sort l'abandonnait décidément. Le siège venait à peine de commencer lorsque lui, qui avait assassiné son souverain, subit enfin la peine du talion qu'il avait méritée. Lui qui avait égorgé son roi mourut également par l'épée, « Il périt, dit Skylitzès, dans un combat sous les murs de la forteresse byzantine, sans qu'on pût découvrir quel était celui qui lui avait porté le coup mortel. » Cette phrase ambiguë semble indiquer qu'on soupçonna quelque Bulgare d'avoir profité du désordre du combat pour supprimer l'usurpateur, vengeant ainsi la mort du bis du grand Samuel. Du reste, Yahia qui fait allusion à cet événement,[4] mais qui confond Jean Vladistlav avec son père Aaron, dit que ce prince fut tué après un an de règne[5] par un de ses subordonnés.[6] Bien que souillé du meurtre que l'on sait, Jean Vladistlav, si prématurément disparu, avait su se montrer, durant son court règne de moins de deux ans et demi, le digne successeur du grand tsar Samuel dans la lutte désespérée soutenue par les derniers Bulgares indépendants contre leur vainqueur. Cette mort, qui dut survenir dans les derniers jours de
l'an 1017 ou les premiers de l'an 1018, était une vraie bonne fortune pour le
basileus. Le patrice Nicétas Pégonite, stratigos impérial à Dyrrachion, lui
avait mandé incontinent cette grave nouvelle. Quittant de suite la capitale,
ardent à profiter de la panique qu'un tel événement allait répandre dans
toutes les régions éparses de La mort de l'intrépide Jean Vladistlav[7] avait découragé,
les derniers espoirs. Les soumissions affluaient de toutes parts. A peine
installé à Mosynopolis, Basile vit arriver de nouveaux messagers bulgares.
Ceux-ci accouraient de Il ramenait avec lui un patrice byzantin nommé Jean, l'ancien stratigos du thème asiatique de Chaldée qui, fait prisonnier par Samuel dans les dernières années du siècle précédent, était demeuré vingt-deux ans captif chez les Bulgares! De cette forte position de Sérès, certainement par la
vallée du Karasou, le défilé de Biélasitzi et la vallée de De Stroumnitza, le basileus, franchissant Tournant brusquement a droite dans la direction du
sud-ouest, l’empereur, de Prosakon, se dirigea enfin sur Achrida, la ville
royale bulgare, C'était certes la station la plus importante de cette vaste
promenade militaire. Basile dut se rendre dans cette auguste cité par
Keupruli, Prilep, Bitolia, la plaine de Pélagonie et le col qui sépare
celle-ci du lac d'Ochrida. Il tardait à l'autocrator de mettre enfin le pied
dans cette lointaine capitale de son mortel ennemi, cette métropole politique
et religieuse de Le basileus, ici comme toujours, établit son camp aux portes de la ville et y fit installer un immense, pavillon d'or et de soie. Ici aussi, toute la population, clergé en tête, était sortie à sa rencontre, poussant des acclamations, entonnant en choeur les cantiques de circonstance. Hélas! nous n'avons aucun autre détail. C'est en vain que nous cherchons à nous représenter ce que devaient être à cette époque cette ville étrange, ce palais au luxe demi-barbare. Skylitzès dit, et nous n'avons pas de peine à le croire, que Basile trouva dans cette vaste demeure royale, dans le trésor de la monarchie bulgare qu'il se fit ouvrir, « des richesses immenses, diadèmes entièrement cousus de perles et de gemmes, vêtements d'apparat tout brodés d'or, bien d'autres joyaux encore, plus de cent « kentinaria » d'or monnayé, somme énorme qui fut, par l'ordre du basileus, distribuée tout entière en guise de congiaire aux troupes qui le suivaient. » C'est un deuil véritable pour l'historien de ne pouvoir dire rien de plus sur ce séjour si dramatique du grand empereur dans la capitale de son sauvage adversaire. Le patrice Eustathios Daphnomélès, à la tête d'une forte garnison, fut préposé à la garde de la ville d'Achrida. Basile distribuait à ses meilleurs lieutenants les principaux gouvernements des vastes territoires qui venaient après un temps si long de rentrer en son pouvoir. Ce fut aux portes d'Achrida que se passa une des scènes les plus émouvantes de cette prise de possession triomphale. Le basileus reçut là dans son camp la tsarine Marie de Bulgarie, la veuve de Jean Vladistlav, qu'on lui présenta pompeusement avec tout un cortège de petits princes et de princesses attachés aux pans de la robe de cette mère tragique. Outre trois fils et six filles à elle, outre un fils naturel de Samuel nommé Trajanos, on distinguait parmi ces jeunes suppliants deux filles de Gabriel Romain ou Radomir, ce fils et successeur de Samuel jadis assassiné par Jean Vladistlav, plus cinq fils du même dont l'un avait eu les yeux crevés par Jean lorsqu'il avait massacré leur père et leur mère, en tout, dix-sept petits infortunés. Il existait bien encore trois autres fils de Jean Vladistlav et de Marie, certainement plus âgés, dont l'un, l'aîné très probablement, avait nom Prusianos. Mais ceux-ci n'avaient point voulu suivre leur mère dans sa soumission au basileus. On les disait réfugiés avec quelques partisans déterminés sur le sombre Tmoros ou Tmor, au dire de Skylitzès, le sommet le plus élevé, le plus inaccessible de la chaîne des monts Cérauniens, cime énorme qui se dressait au sud-est de Bérat, montagne aux flancs âpres semblant d'une hauteur prodigieuse, aux escarpements sauvages. Le basileus, disent à l'envi les chroniqueurs byzantins, fit le plus doux accueil à la triste veuve de son adversaire, à cette dernière reine de la seconde monarchie bulgare. Il l'autorisa à demeurer auprès de lui sous sa sauvegarde avec son rustique troupeau de petits princes et de petites princesses. Une foule d'autres hauts hommes de Bulgarie, boliades, chefs et châtelains de villes et de forteresses, accoururent encore en ce lieu, ardents à faire leur soumission à l'invincible empereur qui les reçut avec sa bienveillance accoutumée. Parmi eux, Skylitzès énumère Nestoritzès, Zaritzès et Dobromir le Jeune, chacun à la tête de ses contingents. Bientôt une autre bonne nouvelle parvint au camp d'Achrida. Prusianos et ses deux frères, ces fils de Jean Vladistlav qui n'avaient pas voulu suivre leur mère en suppliants au pavillon du basileus et qui avaient préféré continuer cette guerre de partisans sans espoir en se jetant dans les solitudes du mont Tmoros, traqués et cernés de toutes parts par les troupes envoyées à leur poursuite, brisés par les angoisses et les fatigues inexprimables de ce long blocus de toutes les issues de leurs montagnes, avaient fait, eux aussi, porter leur soumission à Basile, ne demandant que la vie sauve. L'autocrator, dit Skylitzès, leur fit la réponse la plus humaine. Maintenant que la fortune lui souriait si complètement, il estimait de bonne politique d'en finir au plus vite avec ces dernières convulsions de la résistance. Poursuivant ce lent voyage triomphal à travers cette Haute Macédoine qui avait si longtemps, si obstinément résisté à ses armes, Basile, franchissant la région élevée qui sépare les deux lacs, avait, sur ces entrefaites, transporté son camp sur les rives du lac de Prespa. Celui-ci, qui s'appelle encore aujourd'hui lac de Presna, est situé à l'orient de celui d'Ochrida, dans une vaste concavité d'environ dix lieues de longueur sur deux à trois de largeur, dirigée du nord-ouest au sud-est entre la chaîne qui hume la plaine de Monastir ou de Pélagonie et celle qui longe la côte orientale de la plaine de Pojani et du lac d’Ochrida. Dans la ville même de Prespa, cité aujourd'hui disparue, sise très probablement dans une île du lac, Samuel, avait jadis fait construire une demeure royale dans laquelle il avait résidé vers 995, avant d'aller définitivement fixer à Achrida sa cour errante. Le lac de Prespa, sans écoulement apparent,[9] les pâturages, les cultures environnantes et les grandes montagnes boisées enserrant ce haut bassin, formaient alors connue aujourd'hui le plus pittoresque tableau. Basile fit ici, dit Skylitzès, élever deux kastra. Le premier commanda le col qui sépare les deux lacs et l'empereur lui donna le nom de « Basilida », « la forteresse impériale ». Le second s'éleva au milieu même, du lac, bien probablement dans la petite île qui porte encore aujourd'hui le nom de « Grad » c’est-à-dire de « Ville ». On y aperçoit quelques ruine d’une forteresse qui est peut-être bien celle, élevée jadis par Basile, celles aussi d'une grande église et de trois plus petites, de nombreux autres édifices, d'un couvent enfin dans la région méridionale. Tous ces débris attestent que Prespa, cette capitale de Samuel dont le souvenir même s'est évanoui parmi les populations actuelles des bords du lac, s'élevait, non comme on l'a dit, souvent, sur la rive de cette vaste nappe d'eau, mais bien dans cette position si sûre, sur cette île peu éloignée du rivage. Aujourd'hui, une cinquantaine de paysans serbes habitent ces ruines. Une autre île, plus petite située plus au sud porte le nom de Mali-Grad, la « Petite Ville.[10] » De Prespa, Basile, marchant dans la direction du sud, fit arrêt à Deabolis,[11] vers les sources de la rivière de ce nom, aujourd'hui le Dévol, qui vient grossir un émissaire du lac Ventrok et va se jeter dans le petit lac de Svirina. La ville bulgare, fréquemment mentionnée par les chroniqueurs, s'élevait probablement au défilé de la rivière entre le Souho Gora et le mont Morova. Le camp impérial à Deabolis fut le théâtre de nouvelles scènes dramatiques. On y amena à l'autocrator les fils de Jean Vladistlav, Prusianos et ses deux frères, descendus en suppliants de leur haute retraite du Tmoros. Assis sur une estrade élevée, un « tribunal » dressé en face du camp, environné de toute l'armée, l'auguste vieillard couronné fit à l'infortuné héritier de cette monarchie brisée un accueil plein d'humanité, s'efforçant de le consoler lui et ses frères par des paroles de sympathie. Il nomma Prusianos magistros, les deux autres patrices. Plus tard nous verrons que Prusianos fut créé stratigos du grand thème des Buccellariens. Tous ces glorieux vaincus s'honoraient de recevoir ces vains titres, tant était encore immense à cette époque le prestige de l'Empire gardé de Dieu. On amena en ce lieu à l'empereur un autre grand chef de l'Albanie bulgare. C'était le fameux Ibatzès, qui jadis avait détruit un corps byzantin dans la plaine de Bitolia. Le malheureux avait les yeux crevés. Skylitzès qui, dans son inégal récit de la guerre bulgare, néglige de nous dire tant de choses importantes, a raconté fort en détail la curieuse histoire de la capture par les impériaux de ce boliade, capture émouvante qui paraît avoir intéressé au plus haut point les esprits à Byzance. « Après la mort de Jean Vladistlav, — dit ce chroniqueur,
— après la soumission de sa veuve Marie avec ses enfants et tous les autres princes
bulgares de toute « Le rusé Bulgare, cherchant à gagner du temps, fit aux lettres impériales une réponse si évasive que le basileus, espérant toujours avoir gain de cause sans en arriver à une nouvelle effusion de sang, se laissa entraîner fort contre son gré à demeurer près de deux mois, cinquante-cinq jours exactement, dans cette lointaine et misérable localité de Deabolis. « C'est alors qu'Eustathios Daphnomélès, celui-là même que le basileus venait de créer gouverneur d'Achrida, voyant combien ce retard exaspérait Basile et combien l'autocrator avait à cœur avant de s'en aller de s'emparer de la personne de ce dernier agitateur, résolut d'accomplir de son chef cette mission difficile. Après s'être concerté secrètement avec deux de ses familiers, il procéda de la manière que voici: « Ibatzès, fort dévot, surtout très pieux adorateur de « Ibatzès, à l'ouïe de ce message, n'en put croire ses oreilles, stupéfait de voir que l'infortuné venait ainsi de gaieté de cœur se jeter en sa main. Toutefois, lui ayant fait répondre de venir au plus vite, il lui fit grand accueil, lui donnant l'accolade. Aussitôt que le service religieux de la matinée eut pris fin, tous les invités s'étant retirés dans leurs logis improvisés, le rusé byzantin demanda une entrevue secrète à Ibatzès, sous prétexte de confidences graves. Le Bulgare, sans défiance, persuadé qu'Eustathios, traître au basileus, accourait s'associera ses projets, ordonna à ses gardés de s'écarter. Conduisant son hôte par la main, il l'emmena dans un bosquet si touffu qu'on ne pouvait ni les voir, ni les entendre. Ils n'étaient pas plus tôt seuls qu'avec une folle audace, Eustathios Daphnomélès, cet homme d'une vigueur, d'une promptitude de décision inouïes, se ruant d'un bond furieux sur Ibatzès, le terrassa. Le tenant contre terre, de son genou écrasant sa poitrine, il étouffa ses cris, de ses deux mains couvrant sa bouche. En même temps, par un signal convenu d'avance, il hélait ses deux affidés dissimulés tout auprès qui accoururent aussitôt. En un clin d'œil le vêtement du malheureux Ibatzès est ramené sur son visage. Il ne peut proférer un son. Les misérables lui crèvent les yeux, le lient et l'emportent en courant jusque dans les bâtiments de la villa. Ils escaladent en hâte l'étage supérieur avec leur proie et, l'épée au poing, attendent les assaillants. « En un clin d'œil l'horrible nouvelle s'est répandue parmi la foule des invités bulgares. Une multitude furieuse accourt armée d'épées, de lances, d'arcs, de bâtons, de pierres, de torches enflammées. D'autres apportent du bois, de la paille, tous criant, vociférant: « Tuez-les, brûlez-les, coupez en morceaux ces misérables. Lapidez-les. Pas de quartier pour eux, pas de pardon! » « Eustathios Daphnomélès, en face de cette foule hurlante qu'il ne pensait pas voir accourir si vite, bien que désespérant du salut, demeure impassible. Il encourage ses deux compagnons à ne point demander grâce, ce qui serait la mort certaine, mais bien à se défendre jusqu'à la dernière extrémité. D'une fenêtre, dédaigneux des projectiles dont on l'accable, il fait signe qu'il veut parler. « Je ne nourris, dit-il, aucune animosité personnelle contre votre maître. Vous le savez tous. Vous savez qu'il est Bulgare et que moi je suis sujet de l'Empire romain, non point un Romain de Thrace ou de Macédoine, mais bien de la lointaine Anatolie. Tous ceux parmi vous qui sont dans leur bon sens estimeront que je n'ai agi comme je l'ai fait que contraint et forcé. Autrement pourquoi me serais-je jeté volontairement comme un insensé dans un tel péril? Sachez que j'ai agi sur l'ordre exprès du basileus et pour son service. Si vous voulez me tuer cela ne vous sera point difficile. Je suis certes en votre pouvoir. Mais vous ne nous aurez pas facilement ni sans sang versé. N'espérez point que nous nous rendions à merci. Nous vous ferons payer cher jusqu'au dernier souffle de notre vie. Si nous succombons, ce qui paraît certain, nous mourrons contents du devoir accompli, assurés d'être effroyablement vengés. » Tel est le discours étrange autant qu'audacieux que Skylitzès met dans la bouche de son héros. Cette harangue intrépide en un tel moment eut un effet foudroyant, frappant de stupeur ces auditeurs furieux. Comme par enchantement, pris de terreur à l'ouïe des vengeances qu'exercerait le basileus si redouté, pour punir le meurtre de ses serviteurs, tous s'éclipsèrent subitement. Les plus vieux, les plus raisonnables même, désertant sans pudeur la cause de leur chef infortuné, jurèrent obéissance au basileus. Chose qui eût semblé follement impossible quelques instants auparavant, l'audacieux officier byzantin put emmener son prisonnier sans que personne se souciât de l'arrêter. Bientôt il parut avec son misérable mutilé devant Basile, qui, plein de gratitude pour un tel dévouement, le nomma sur-le-champ stratigos du thème de Dyrrachion et lui attribua tous les biens confisqués d'Ibatzès. Quant au malheureux aveugle, il paya de la prison son obstination à ne pas se soumettre. L'histoire ne nous dit pas ce que fut la fin de sa lamentable vie. Il me faut parler encore ici d'un autre personnage qui lui
aussi avait joué un rôle considérable dans cette interminable guerre, je veux
parler de ce Nikolitzès, traître à son basileus, si souvent pris, si souvent
évadé. Depuis, la fin de la résistance, il errait lui aussi caché dans les
montagnes les plus inaccessibles de Le glorieux autocrator, poursuit Skylitzès, ayant réglé définitivement le nouvel état de choses dans toutes ces régions pacifiées et reconquises, en particulier dans les gouvernements de Dyrrachion, de Drynopolis[15] et de Kolonia,[16] c'est-à-dire dans toute l'ancienne province d'Epire, plaça à la tête du gouvernement de ces divers territoires des « stratigoi » avec de fortes garnisons. Il autorisa ceux de ses soldats, jadis faits prisonniers par les Bulgares, et internés dans ces régions lointaines, qui avaient recouvré leur liberté à la cessation des hostilités, à continuer à résider dans ces contrées qu'ils habitaient par force depuis, si longtemps, ou à rentrer à sa suite dans leurs anciens foyers. Quittant Deabolis, le basileus, poussant toujours plus
vers le sud, atteignit ensuite Castoria, mollement assise sur le bord de son
lac. Ce devait être dans l'automne de l'an 1018. Dans cette ville on amena
encore au basileus deux filles du roi Samuel. Lorsque ces femmes eurent
aperçu aux côtés de Basile la tsarine Marie, la veuve du meurtrier de leur
frère en vraies princesses barbares, elles se jetèrent sur elle comme des
fauves pour la déchirer. On eut grand peine à l'arracher vivante de leurs mains,
Il fallut que le basileus les calmât à force de bonnes paroles. Il leur
promit à sa cour des litres et des honneurs avec une pension convenable. Pour
éviter le retour de ces incidents, il envoya au-devant de lui la tsarine
Marie l'attendre à Constantinople avec sa nombreuse famille. Marie fut
nommée, dame du palais, plus exactement patricienne à ceinture.[17] Celle qui avait
régné aux côtés de son époux sur toute De Castoria, poursuit encore Skylitzès, Basile détacha un corps de troupes sous le commandement de Xiphias avec mission de raser tous les kastra et autres lieux fortifiés aux alentours des villes de Servia, aujourd'hui Selvidze, dans la vallée de l’Indjè-Karasou[18] et de Soskos laquelle devait se trouver quelque part dans cette même région, mais que je n'ai pas réussi à identifier. Servia était une place de guerre fort importante à l'entrée du fameux défile de Portaes. Puis Basile, s’enfonçant toujours plus avant vers le sud.
décidé à aller avec son armée, jusqu'au fond de Comme l'armée arrivait à Zitonion,[20] l'antique Lamia
dans Poursuivant sa route à travers ces contrées fameuses,
contrées classiques de Ce long voyage à travers « A partir des jours déjà si lointains du viiie siècle et
du commencement du ixe,
alors que deux vierges grandies en ces lieux, Irène et Théophano, étaient
venues successivement s'asseoir sur le tronc des basileis, c'est à peine si
nous connaissons quelques-uns des événements qui, durant tant d'années,
depuis cette époque jusqu'aux jours dont j'écris l'histoire, s'étaient passés
dans la cité de Minerve. En 910, nous savons qu'une révolte avait coûté la
vie à un haut fonctionnaire du nom de Chasé, fils de Juba, protospathaire,
sarrasin renégat. Réfugié dans le temple du Parthénon, il y avait été lapidé
par le peuple. Pour tout le dixième et tout le onzième siècle nous n'avons
que les récits de quelques voyageurs occidentaux venus à Athènes en
pèlerinage, récits témoignant par ce fait même de l'antique lustre qui,
jusqu'en ces temps d'obscurité profonde, mettait encore une auréole au front
de cette cité découronnée. Le Bourguignon Gui[24] célèbre dans
Athènes l'antique mère de toute philosophie et de toute éloquence et admire
le feu divin qui brûle sans cesse dans le temple de « Une dernière fois donc avant les jours agités de
l'occupation latine, puis ceux plus sombres encore de l'occupation turque,
l'antique Acropole, cette colline la plus illustre du monde, fut illuminée
des splendeurs de la cour impériale. Une dernière fois autour du basileus
d'Orient, couronné des lauriers de la victoire escorté des vétérans poudreux
de la guerre bulgare, on vit s'assembler aux sons des euphémies et des chants
des prêtres, les « stratigoi », les prélats vénérables, évêques et higoumènes
provinciaux, les juges et les notaires des thèmes, les archontes urbains, les
chefs des milices des thèmes, les envoyés des cités hellènes et des tribus du
Péloponnèse et de « De tous ces monuments antiques qui eussent pu attirer
l'attention du rude Bulgaroctone à son arrivée dans la ville de Pallas, le
seul Parthénon a mérité l'honneur d'une mention de la part des chroniqueurs
byzantins contemporains et cela uniquement parce que le merveilleux édifice,
alors encore à peine mutilé, se trouvait depuis le ve siècle transformé en une église
très vénérée, consacrée d'abord à « Les colonnades extérieures semblent avoir été reliées
entre elles par un mur bas. On y avait établi des chapelles latérales.
Certes, tout ce pauvre appareil moderne défigurait étrangement le monument
aux lignes divines, mais il était alors encore presque complet, et durant que
l'auguste vainqueur des Bulgares, prosterné devant l'autel tout éclatant des
mille feux de l'Iconostase, invoquait « Il semble bien que le basileus dévot et reconnaissant
ait donne ordre de repeindre à fresque les parois de l'étrange et splendide
église. Il est peu vraisemblable cependant qu'il ait fait figurer dans ces
compositions la représentation de ses pittoresques victoires sur les soldats
du tsar Samuel. Les restes intimes des belles peintures de cette époque qu'on
aperçoit encore sur les murailles de l'Opisthodome représentent tous des
sujets religieux. A l'abside du temple, on admirait dans ce même temps une
mosaïque alors célèbre représentant Je possède quelques-uns de ces précieux petits monuments
dans nies collections. Ces variantes de l'effigie de Ce n'étaient pas seulement les Athéniens qui honoraient
leur Patronne d'une piété ardente nouvelle. De toutes parts, à l'époque dont
j'écris l'histoire, même de l'Occident latin, même de la lointaine Thulé, de
pieux pèlerins accouraient en foule chaque année au sanctuaire de Le grand empereur Basile enrichit donc le trésor de la
métropole athénienne de nombreux joyaux de l'orfèvrerie et de l'art
byzantins, produits de l'inestimable butin recueilli dans le trésor royal
bulgare d'Achrida. Bien probablement ce fut là l'origine vraie des merveilles
qu'on admira plus tard dans ce temple. Les chroniqueurs citent parmi
celles-ci une colombe d'or qui se balançait sur l'autel, symbole du
Saint-Esprit, une lampe d'or dont le feu ne s'éteignait jamais et qu'on
considérait par toute « J'ai dit que nous ignorions les noms du stratigos du thème
de Hellade et de l'archôn ou premier magistrat municipal qui reçurent Basile
II lors de son entrée solennelle. Nous possédons quelques sceaux de fonctionnaires
athéniens de cette époque, mais ils ne portent pas de dates. On n'y lit que
des légendes monotones où le titulaire, après avoir énuméré ses noms et
fonctions, supplie Ceux qui ont visité Venise connaissent tous le beau lion colossal de marbre dressé devant la porte de l'Arsenal, qui fut rapporté du Pirée par François Morosini en l'an 1688. Sur la poitrine et le
flanc du monstre antique on déchiffre, chose étrange, gravées à la pointe,
des inscriptions en langue runique, inscriptions sur les origines desquelles
on a beaucoup disserté. Gregorovius pense que ce sont d'antiques graffites, œuvre
naïve de quelque soldat russe des hétairies, de quelque varangien de l'armée
impériale de Basile II lors de la visite de cet empereur à Athènes en 1018.[34] Rien ne s'oppose
à la vérité de cette curieuse autant qu'ingénieuse hypothèse qui fait figurer
si poétiquement les signatures des héros des sagas norraines sur le marbre
superbe jadis érigé aux rives du golfe de Salamine, maintenant captif aux
bords de Sa visite terminée à cette illustre cité, capitale
historique de la race grecque, le vieux basileus, après tant d'années passées
presque constamment dans les camps, après cette dernière lente tournée
triomphale qui avait duré plusieurs mois, après avoir assuré le gouvernement
des provinces bulgares reconquises ou pacifiées, reprit enfin le chemin de
Constantinople. Certainement, le voyage du retour dont nous ne savons rien,
dut pour l'armée se faire par la route accoutumée de Comme il n'était que juste après cet écrasement définitif
de Basile, dit seulement Skylitzès, fit son entrée dans la
cité de Une des filles de l'infortuné tsar Samuel, Catherine, qui avait suivi esclave et prisonnière le triomphe du maître, fut mariée à cet Isaac Comnène qui, plus tard, devait devenir empereur. Par un de ces dramatiques retours de fortune si fréquents dans l'histoire de Byzance, la pauvre captive du triomphe de l'an 1019 devait moins de quarante années plus tard s'asseoir aux côtés de son époux sur le trône des basileis successeurs de Constantin.[37] Au moment de l'avènement d'Isaac, Catherine se trouvait au kastron de Pimolissa d'où le nouvel empereur la fit venir à Constantinople. L'empire de Samuel le « Comitopoule » avait été détruit
par la puissante main du Bulgaroctone. La guerre de Bulgarie était terminée
après avoir fait périr des milliers et des milliers d'hommes. Des rivages de
l'Adriatique, des vertes campagnes de Croatie aux pentes arides ou ombreuses
du Rhodope et du Balkan, des monts de Thessalie aux rives du Danube les
bannières impériales flottaient maintenant victorieuses sur toutes ces fameuses
forteresses bulgares dont la prise avait coûté la vie à tant de légionnaires
byzantins, à tant de mercenaires barbares. Le vieux basileus aurait pu prendre le repos définitif
qu'il avait si bien gagné. Sa joie devait être profonde, en présence de cette
grande œuvre si patiemment, si résolument accomplie, si heureusement
terminée. L'empire revenait aux jours les plus glorieux de la dynastie. Les
victoires de Nicéphore Phocas et de Jean Tzimiscès étaient encore dépassées.
Une chronique contemporaine dit que Basile, au cours de cette guerre
terrible, avait fait vœu, au cas où elle se terminerait heureusement,
d'embrasser l'état monastique et qu'en conséquence, à partir de l'an 1018
jusqu'à sa mort, il porta le froc, sous les vêtements impériaux, garda la
continence à l'exemple de Nicéphore Phocas, et s'abstint de vin et de viande
selon la coutume des moines byzantins. Il est difficile de dire quelle
confiance on peut accorder à ce récit. En tous cas De A la suite de la chute définitive de la monarchie de
Samuel le « Comitopoule », diverses nations limitrophes de la péninsule des
Balkans qui, grâce à cette lutte interminable, avaient réussi à conserver
jusqu'ici, à recouvrer même leur indépendance, se virent forcées de faire
aussi leur soumission au basileus qui demeurait seul tout-puissant en face
d'elles. Skylitzès raconte qu'il en fut ainsi des Chorbates ou Croates. Ces
Slaves, établis sur Nous savons encore qu'une division de l'armée impériale
alla opérer vers les rivages de l'Adriatique pour achever la soumission des
montagneuses et sauvages régions du thème de Dyrrachion jusqu'aux frontières
de Seul, dans toute la péninsule balkanique, poursuit
Skylitzès, Sermon, chef ou châtelain de la célèbre forteresse de Sirmium,[44] frère de
Nestong, refusa de se soumettre, alors que tous les autres boliades bulgares
et slaves s'étaient ralliés au puissant empereur. En face de cette résistance
isolée, véritable acte de folie, le Bulgaroctone envoya contre ce dernier
champion de cette nationalité expirante le nouveau commandant en chef des
forces impériales sur le Danube et Zonaras raconte les mêmes faits sans ajouter aucun renseignement nouveau. Si les chroniqueurs sont demeurés fort avares de détails sur cet audacieux Sermon, un précieux souvenir tangible nous en est par miracle demeuré qui vient grandir encore pour nous son nom à peine mentionné par l'histoire. J'ai publié, il y a bien des années déjà dans une Revue spéciale,[45] deux exemplaires d'une monnaie inédite fort intéressante conservés dans la section des pièces d'or byzantines incertaines du Cabinet des Médailles de France. Ces monnaies sont si minces que les empreintes de leurs deux faces se confondent quelque peu. Sur la face principale est gravé le monogramme cruciforme traditionnel qui se traduit par ces mots: « Mère de Dieu, prête secours. » Au droit on lit distinctement en grands caractères disposés sur trois lignes les nom et titre du personnage qui appelle ainsi sur lui la protection céleste: Sermon stratilatis. Le seul renseignement certain que nous possédions sur ces étranges monnaies dont un troisième exemplaire figure, je crois, au British Muséum à Londres, est qu'elles ont été retrouvées sur la rive du Danube en compagnie d'autres pièces d'or. Leur physionomie très particulière se rapproche cependant du monnayage byzantin par le monogramme du droit, et de certaines pièces des « Slaves méridionaux » par la disposition de la légende du revers. Le récit de Skylitzès, malgré sa brièveté, permet d'affirmer qu'elles ont été frappées par ce Sermon, chef ou prince indépendant à Sirmium, qui tomba sous les coups de Constantin Diogène. Le lieu de la découverte sur les rives du Danube, le style de ces pièces, ce titre même de « stratilatis », tout concorde à prouver que le Sermon du chroniqueur byzantin et celui des monnaies du Cabinet de France sont un seul et même personnage. Sermon, un moment souverain indépendant de la place de guerre de Sirmium, a certainement fait frapper ces monnaies à son nom durant sa tentative suprême de résistance, peut-être durant le siège même de Sirmium qui précéda de quelques jours le meurtre commis par Constantin Diogène. La présence de légendes en langue grecque sur la monnaie d'un Slave ennemi acharné de Byzance peut paraître étrange. Rappelons qu'il n'existait pas à cette époque sur les rives du Danube ou dans la péninsule balkanique de monnayage bulgare ou slave d'aucune sorte. L'unique monnaie d'or courante dans ces régions était le sou d'or des basileis byzantins. C'était elle seule qu'on devait imiter, et si l'on admet, chose très naturelle, que ce furent des ouvriers d'origine byzantine qui gravèrent les coins du gouverneur de Sirmium, on ne s'étonnera point qu'ils aient tout simplement copié les monogrammes et les légendes de leur monnayage national, alors que deux siècles plus tard les souverains de la troisième monarchie bulgare n'ont fait qu'imiter plus ou moins servilement ce même monnayage byzantin en substituant toutefois sur leurs espèces, à de rares exceptions près, l'alphabet slave à l'alphabet grec. Nous ne possédons, hélas! presque aucun renseignement sur
la réorganisation par le gouvernement du Bulgaroctone des provinces de Voici ce passage de Yahia: « Basile, dit-il en substance,
après le meurtre de Jean Vladistlav,[47] s'étant rendu en
Bulgarie à l'appel des chefs des Bulgares au mois de chewal de l'an 408,[48] tous ces chefs
sortirent à sa rencontre. Et il accepta d'eux les clefs de leurs forteresses
et leur prodigua ses faveurs et distribua à chacun d'eux des dignités
proportionnellement aux services rendus. Et il conserva pour lui les
forteresses les plus importantes et y nomma des gouverneurs grecs. Il
démantela les autres. Et il organisa l'administration de Puis Basile retourna à Constantinople. Et les filles des
Bulgares épousèrent les fils des Grecs et réciproquement, et Basile les
mélangea les uns aux autres et anéantit de cette manière la vieille haine qui
les séparait.[49] » Ce fragment
est tout ce que nous savons de l'organisation byzantine dans Basile n'avait pu triompher de Ces sceaux de plomb ayant servi à sceller la
correspondance officielle de fonctionnaires de Parlons maintenant du précieux document que j'ai signalé
plus haut et qui concerne exclusivement l'organisation ecclésiastique de Ces Novelles de Basile ainsi heureusement retrouvées dans le corps d'un document beaucoup plus récent présentent donc pour nous le plus vif intérêt. Pratiquement elles ont surtout pour but d'assurer par privilège impérial à l'archevêque Jean et à ses seize suffragants un nombre donné de « clerici » et de « paroikoi » ou serfs d'église. Les « clerici » attachés à un évêché sont déclarés exempts de l'impôt d'Etat « ainsi que c'était l'usage sous le règne de Samuel ». Il ressort de tout ceci très clairement que, par cette
première de ses ordonnances citée dans La troisième ordonnance de Basile rappelée dans le document du xiiie siècle, ordonne encore des disjonctions analogues d'évêchés en faveur du siège d'Achrida mais cette fois au préjudice des diocèses de Serbie, de Stagoï et de Berrhœa.[63] « Il semble toutefois, dit Zachariae de Lingenthal,[64] que la suprématie ecclésiastique complète n'ait pas été concédée à ce moment à l'archevêque sur l'ensemble des diocèses de la monarchie bulgare reconquise, mais que certains parmi ceux-ci soient demeurés indépendants de son autorité, placés directement sous celle du patriarche de Constantinople. Il en fut certainement ainsi, par exemple, des métropoles de Larisse et de Dyrrachion dont une portion avait fait partie du patriarcat bulgare sous les rois Samuel et Pierre. » Cette organisation ecclésiastique de Quel le était donc la forme vraie de cette dépendance de Ces chrysobulles si heureusement retrouvés nous
fournissent encore les renseignements les plus précieux sur la nature même de
ces privilèges accordés à ce moment par Basile à l'Eglise bulgare. Il s'agit
surtout du nombre de serfs ou paysans et de « clerici » que chaque évêque est
en droit de posséder. En un mot, il s'agit là du droit le plus grand dont un
évêque puisse être investi, véritable droit souverain, celui de posséder des
lieux habités. Dans ces Novelles, l'administration impériale byzantine se
borne à édicter quelques mesures limitant le nombre des gens ecclésiastiques
sur lesquels peut s'étendre la juridiction épiscopale et disant où doit commencer
le droit du fisc et où celui de la propriété particulière. En étudiant la
suite de cette histoire de l'administration de A ce droit de posséder des lieux habités se trouvent attachées dans ces chrysobulles certaines prérogatives et certaines exclusions. Si, par exemple, les droits de l'évêque sur des gens d'Église n'y sont pas indiqués parce qu'ils se réglaient probablement sur des usages très anciens, on y trouve déterminées avec beaucoup de précision les limites du domaine non assujetti au pouvoir civil. Ainsi les « clerici » et les paysans ecclésiastiques ne payaient pas l'impôt en nature exigible de chaque autre Bulgare au profit de l'Etat. De même encore les lieux habités appartenant aux églises demeuraient soustraits à l'ingérence de tous les fonctionnaires militaires ou civils, tels que « stratigoi, collecteurs d'impôts, juges, etc. ». Enfin un impôt spécial, dit « canonique », était perçu au profit du clergé tant sur ces paysans appartenant aux églises que sur les Valaques habitant la Bulgarie[70] et les Turcs dits Vardariotes; établis dès longtemps en colonies militaires sur le Vardar. Certes ces données fournies par ces précieux chrysobulles sont encore bien peu de chose. Il n'en est pas moins fort intéressant de voir comment M. Ouspensky, en s'aidant de la volumineuse autant que précieuse correspondance que nous possédons de l'archevêque Théophylacte, chef de l'Eglise bulgare sous l'autorité byzantine dans les premières années du xiie siècle, a réussi à démontrer de quelle manière cette législation si intéressante fut appliquée et mise en pratique par les vainqueurs dans les pays conquis. Je renvoie pour plus de détails à la lecture de ce savant mémoire écrit en langue russe. |
[1] Cédrénus, II, 465.
[2] L'antique fleuve Haliacmon.
[3] Taful, Symbolarum criticarum geogr. byzant.
spect., Pars 1, p. 51.
[4] Rosen, op. cit., p. 58.
[5] Ici Yahia fait erreur. Nous savons par Skylitzès que Jean Vladistlav a régné deux ans et cinq mois.
[6] Elmacin qui a tant copié Yahia s'exprime en termes identiques.
[7] La mort de Jean Vladistlav, dernier souverain de Bulgarie, détermina immédiatement un vaste mouvement de soumission parmi la grande majorité des chefs bulgares, tandis que les derniers débris fort peu nombreux du parti purement national continuaient à lutter contre Basile avec l'acharnement du désespoir. L'écho lointain de ce grand découragement nous est parvenu dans une phrase de cet historien syrien si excellent qui a nom Yahia. « En 1018, dit-il, la majorité des Bulgares tendait à faire sa paix avec Byzance et offrit au basileus sa soumission. Et les chefs bulgares écrivirent à Basile s'humiliant, lui demandant d'accepter toutes leurs forteresses et leurs provinces, implorant la permission de venir à lui et de lui obéir. Basile se rendit en Bulgarie dans le mois de chewal de l'an 804 (fin de février et commencement de mars de l'an 1018), et tous les chefs sortirent à sa rencontre. On lui amena aussi la femme et les enfants d'Aaron (Yahia a confondu ici Jean Vladistlav avec son père Aaron) roi des Bulgares, et il accepta leurs forteresses et leur distribua faveurs et dignités à chacun suivant les services qu'il avait rendus. Il conserva les plus importantes parmi ces forteresses et y installa des gouverneurs grecs. Il démantela les autres. »— Elmacin raconte ces faits en termes à peu près identiques. Voyez Rosen, op. cit., note 135.
[8] Ou Moravisdo.
[9] Il décharge ses eaux par des canaux souterrains
dans celui d’Ochrida.
[10] Voyez dans le tome XXI de l’Archiv für slavische Philologie (p. 543) la découverte si curieuse, toute récente, d’une inscription funéraire datée de 993 en l’honneur des père et mère du tsar Samuel.
[11] Ou Diabolis. — Voyez Tafel, Symbol. crit., etc. p. 37.
[12] Le Vrochot actuel.
[13] Villa probablement royale. Je ne suis naturellement pas parvenu à identifier cette localité qui devait certainement, nous l'allons voir, se trouver quelque part aux environs de Deabolis et de la vallée du Dévol.
[14] Que le chroniqueur appelle des « paradis ».
[15]
[16]
District du mont Grammos, à l'occident de
Castoria, sur la frontière de
[17] Patricienne, « Zôsta »; voyez au Livre
des Cérémonies de l’empereur Constantin Porphyrogénète, chap. I, le long et
compliqué cérémonial à observer pour la promotion d’une « Zôsta ».
[18] Jadis appelé Vrystitza on encore Haliacmon.
[19] Hiver de 662 à 663.
[20] Zeitoun, Zitouni.
[21] C'est à M. Wassiliewsky (Conseils et Récits, etc., p. 116), que nous devons cette correction importante. Jusqu'ici on avait pris ces mots de Skylitzès et de Cédrénus (II, 475) pour une expression géographique.
[22] Gesch. der Stadt Athen im Mittelalter, I, 162.
[23]
Voyez dans Paparrigopoulos, op. cit., IV, p.
[24] Hopf, op. cit., p. 139.
[25] Ibid. Voyez le curieux voyage de ce personnage à Patras, en Eubée, à Thèbes, à Athènes. Il ne parle que des souvenirs chrétiens. Toute réminiscence de l'antiquité sublime semble disparue pour lui.
[26] Cédrénus, II. 475. Glycas, IV, 578. Zonaras, liv. XVII.
chap. ix.
[27] Voyez Strzygowsky, Die Akropolis in altbyzantinischer
Zeit, Athènes, 1889.
[28] Voyez sur ce grand saint mon Épopée, I. Sa Vie, écrite en 1142 par un abbé du célèbre couvent fondé à Sparte en son nom abonde en détails précieux sur la vie provinciale dans le Péloponnèse à l'époque du basileus Basile, sur les exactions des fonctionnaires impériaux, les troubles causés par la présence des tribus slaves des Meliogi établies en ces parages et auxquelles le basileus impose un duc; sur le commerce actif de Sparte avec l'Italie, sur la population nombreuse, relativement cultivée et raffinée de cette cité encore importante à cette époque. Voyez Hopf, op. cit., pp136-139.
[29]
C'est aussi l'opinion de M. Néroutsos. M. D.
Gr. Kampouroglous, dans son article du
[30]
M. Strzygowsky, dans son article du Deltion
de
[31] Muralt, op. cit., I, 615.
[32] Le premier archevêque cité est de la seconde moitié du ixe siècle. Voyez Neroutsos, op. cit., p. 49.
[33] Il mourut en 1030. Il a signé divers actes synodaux sous le patriarcat d'Eustathios.
[34] Voyez un article de M. D. Neroutsos dans l'Estia, 1890, nos 5-14. Je n'ai pu consulter ce travail.
[35] Paparrigopoulos, op. cit., t. IV, p. 248.
[36] Basile II est parfois aussi désigné sous le nom de « le Jeune », pour le distinguer de Basile l'Ancien, puis encore sous celui de « Porphyrogénète » comme étant né d'un père sur le trône, ce qui n'avait point été le cas pour Basile Ier. Voyez Zonaras, éd. Dindorf, t. VII, p. 170.
[37] Bryenne, chap. Ier, § 2. Skylitzès; op. cit., p. 807. Du Cange, Fam. sclav., C, VIII.
[38]
Voyez dans Rambaud, op. cit., p. 323, les considérations sur les causes qui
amenèrent la chiite finale de
[39] Lipowsky, op. cit., p. 141.
[40] Hilferding, op. cit., 1ère partie, pp. 149 sqq. Malgré toutes mes recherches, il m'a été jusqu'ici impossible Je me procurer un travail publié à Cazan en 1880 par le professeur J. N. Smirnoff sous ce titre: Aperçu de l'hist. du royaume croate avant sa soumission à la couronne de Hongrie (en russe).
[41] C'est, ce prince auquel le doge Pierre Orseolo II avait enlevé les villes du littoral de Dalmatie en 998.
[42] Voyez dans Wassiliewsky, Conseils, etc., pp. 162 sqq., les très intéressantes hypothèses de l'auteur sur la situation dos cités dalmates à la fin du règne de Basile II.
[43] Lucius, De regno Dalmatiœ, p. 207. — Vers ce même temps, le roi saint Etienne accomplissait en Hongrie la grande œuvre civilisatrice qui a assuré à son nom une gloire immortelle. Ce souverain fit bâtir à Constantinople une église splendide pour la colonie hongroise qui. s'y trouvait (Voyez Heyd, op. cit., II, 83), église qui n'était que le complément pratique des fondations analogues déjà faites par lui à Rome et à Jérusalem.
[44]
Antique capitale de
[45] Sous ce titre: Monnaies, d'or d'un chef bulgare du XIe siècle, Sermon gouverneur de Sirmium. (Revue archéologique du 1877.) — Voyez une de ces monnaies gravées.
[46] Rosen, op. cit., p. 90.— M. le professeur Ouspensky d'Odessa, dans un article consacré à la publication du baron V. de Rosen, a été le premier à signaler l'importance de ces renseignements de Yahia sur la nouvelle administration byzantine en Bulgarie.
[47] Que Yahia appelle par erreur Aaron, le confondant avec son père.
[48] Date qui correspond à la fin du mois de février et au commencement du mois de mars de l'an 1018.
[49] Ici l'auteur syrien fait erreur. La haine violente entre les deux races survécut à la conquête.
[50] Ainsi Démétrius Polémarkos, grand-père maternel
de l’auteur des Conseils et Récits, que Basile avait fait patrice et mystikos,
puis Nikolitzès et bien d’autres encore qu’il combla de ses faveurs.
[51] « Celui qui veille, qui pourvoit à quelque
chose. »
[52] Du Cange traduit par ces mots: « provisores, qui Venets hodic provedori »; il cite une Novelle de Jean Comnène, dans laquelle les pronoitai sont associés aux ducs, aux stratigoi, etc. C'était vraisemblablement un office qui correspondait à une période d'administration militaire lors de la réorganisation et de l’occupation définitive de territoires reconquis.
[53] Voyez ma Sigillographie byzantine, pp. 240 et 652.
[54] D'abord en partie dans un précieux manuscrit, propriété d'un ancien archevêque grec d'Argos, nommé Gérasime, puis en entier dans un manuscrit sinaïtique retrouvé par le savant évêque russe Porphyrios Ouspensky.
[55] Voyez Zachariae de Lingenthal, Jus graeco-romanum, III, p. 319, où cette Novelle de Michel Paléologue, alors retrouvée seulement en partie, est encore attribuée à tort à Basile II. Elle se trouve maintenant publiée au complet dans l'Histoire des Eglises serbe, bulgare et roumaine d'E. Goloubinsky, Moscou, 1871, pp. 259, 263. Elle avait été publiée pour la première fois dans Rhallis et Potlis, t. V, pp. 206 sqq., d'après la version incomplète du manuscrit de l'archevêque Gérasime d'Argos. Voyez encore l'étude de ce précieux document à l'état complet, suivie de notes précieuses sur les évêchés bulgares, leurs circonscriptions, leurs sièges suffragants et leurs dépendances, dans H. Gelzer, (Byzant. Zeitschrift, tomes I et II) et l'article de Zachariae de Lingenthal paru dans le tome VIII (1864) des Mém. de l'Acad. imp. des Sciences de Saint-Pétersbourg, sous le titre: Beiträge zur Gesch. der bulgar. Kirche.
[56]
L'autocéphalie de l'Eglise bulgare avait
déjà été reconnue par Romain Lécapène (Zach. de Lingenthal, op. cit., p. 14) et après la perte de
[57]
Avant lui, les derniers patriarches bulgares
autocéphales avaient été Germain, Gabriel à Vodhéna et Prespa, puis Philippe à
Achrida. Jean avait été d'abord higoumène du monastère de
[58]
Dans le catalogue des archevêques bulgares
publié par Du Cange, Léon est désigné par une expression qui signifie bien
nettement qu'à ce moment l'esprit entre Byzance et
[59]
Un témoignage postérieur et par lui-même
suspect, dit M. Wassiliewsky, Fragm. russo-byz., p. 82, témoignage
provenant d'un autre roi bulgare, Jean Asan (Lettres de ce prince, l'une de
[60] Gelzer, op. cit., Byz. Zeitschr.,
II, p. 55.
[61] Ou « Bdyn ».
[62] Voyez dans Kokkoni, op. cit., la note 2 de la page 123.
[63] Voyez dans les savants articles de Zachariae de Lingenthal (op. cit., pp. 18 sqq.) et de H. Gelzer cités précédemment, l'énumération des sièges de cet archevêché autocéphale de Bulgarie réorganisé, tels qu'ils sont indiqués dans les précieuses ordonnances du basileus Basile II que je viens d'étudier. Les sièges primitifs suffragants de l'archevêque de Bulgarie ou d'Achrida étaient à ce moment: Castoria, Glabinitza, Mogléna, Bitolia, Stroumnitza, Morobisdos, Belebousdion, Triaditza, aujourd'hui Sofia, puis Nisos, Branitza, Belograda, Thramos, Skopia, Prizdriana, Lipainion ou Lipljan. Ceux qui lui furent attribués par les deux dernières ordonnances de Basile, en suite des réclamations de l'archevêque Jean ne figurent pas dans cette énumération.
[64] Op. cit., p. 17.
[65] Cédr., II, 530, 9. Skylitzès s'exprime de même, bien que plus
brièvement.
[66] « Stammos ». Voyez Neumann, op. cit.,
p. 68.
[67] Th. Ouspensky, La formation du second royaume bulgare.
[68] Op. cit.,
p. 114.
[69] « Paroikoi ».
[70]