HISTOIRE DE L'INQUISITION AU MOYEN-ÂGE

TOME PREMIER — ORIGINES ET PROCÉDURE DE L’INQUISITION

 

HISTORIOGRAPHIE DE L'INQUISITION.

 

 

L’Inquisition est une institution bien difficile à expliquer, quand on songe qu’elle s’est développée dans le sein d’une Église qui se réclame de l’Évangile. Comment une religion, toute d’amour et de tolérance, a-t-elle pu être amenée à brûler vifs ceux qui n’acceptaient pas librement ses enseignements ? Tel est le problème.

Déjà, dans le Nouveau Testament, on trouve le premier germe de l’horreur que devait inspirer plus tard l’hérésie. L’apôtre Paul s’exprime contre elle avec une énergie qui semble préluder aux duretés et aux haines du moyen-âge. Dans son épitre à Tite (ch. III, v. 10 et 11), il s’écrie : « Rejette l’homme hérétique après le premier et le second avertissement, sachant qu’un tel homme est perverti et qu’il pèche, étant condamné par lui-même ». Ailleurs, il met l’idolâtre sur la même ligne que le fornicateur, l’avare, le ravisseur, l’ivrogne, et il défend de se mêler à eux et de manger avec eux. « Toutefois » — ajoute-t-il dans sa deuxième épitre aux Thessaloniciens (ch. III, v. 15) — « ne le tenez point comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère. » De son côté l’apôtre Jean, si doux et si tendre, dit, dans sa seconde épitre (v. 10) : « Si quelqu’un vient à vous et qu’il n’apporte pas la doctrine de Jésus-Christ, ne le recevez point dans votre maison et ne le saluez point. » Et Jésus lui-même n'a- t-il pas dit, dans un langage figuré qui plus tard fut pris au pied de la lettre : « Si quelqu’un ne demeure point en moi, il est jeté dehors comme les sarments, et il sèche ; puis, on l’amasse et on le met au feu et il brûle. » (Évangile de Saint-Jean, ch. XV, v. 6.) Dans la suite des siècles, les inquisiteurs se réclameront de ces textes déconcertants et les interpréteront avec leur aveugle âpreté, en y joignant les prescriptions très nettes de l’Ancien Testament[1] : « Quand ton frère, fils de ta mère, ou ton fils ou ta fille ou ta femme bien aimée ou ton intime ami, qui t’est comme ton âme, t’incitera en te disant en secret : « Allons et servons d’autres dieux que tu n’as point connus, ni tes pères » ; n’aie point de complaisance pour lui, ne l’écoute point ; que ton œil ne l’épargne point, ne lui fais point de grâce et ne le cache point. Mais tu ne manqueras pas de le faire mourir ; ta main sera la première sur lui pour le mettre à mort, et ensuite la main de tout le peuple ». {Deutéronome, ch. XIII, v. 6-9 ; cf. ibid., ch. XVII, v. 1-6.)

Cependant la véritable portée de la doctrine évangélique est si claire que les premiers chrétiens ont repoussé avec horreur toute contrainte matérielle en matière de foi, persécutés qu’ils étaient eux-mêmes avec la dernière rigueur par les empereurs romains. Assurément, le principe de la tolérance religieuse devait leur être doublement cher. On pourrait citer des textes nombreux et éloquents à l’appui, tirés de Tertullien, de Saint-Cyprien, de Lactance, de Saint-Hilaire de Poitiers, de Saint-Ambroise de Milan, de Saint-Grégoire de Naziance, etc. Mais lorsque Constantin-le-Grand eut promulgué à Milan, en 313, son Edit de tolérance, qui mettait fin aux persécutions des- chrétiens et leur rendait leurs églises et leurs biens confisqués, le christianisme, fort de l'appui de l’État, ne tarda pas à devenir persécuteur à son tour. On eut successivement le Concile de Nicée (325), où ceux qui lisaient ou possédaient des écrits de l’hérésiarque Arius furent menacés de mort ; l’édit de 333, promulgué par l’empereur Constance contre les hétérodoxes, juste quarante ans après l’édit de tolérance de Milan, et suivi de la législation formidable de Gratien, de Valentinien, de Théodose et de Justinien contre les païens, les juifs et les hérétiques. Ainsi triompha, dans l’Eglise et dans l’État chrétien, le dogme de la répression de l’hérésie. Dès le v c siècle, Saint-Jean Chrysostome et Saint-Augustin s’y rallient en Occident et en Orient, tout en repoussant la peine de mort par un reste de pudeur évangélique.

A partir de ce moment, quelques voix isolées élevèrent encore de temps en temps des protestations impuissantes : tel Saint-Martin de Tours en 385, lors du supplice de l’hérésiarque espagnol Priscillien et de trois de ses disciples à Trêves ; mais, dès 417, le pape Léon Ier le Grand approuvait hautement ce traitement énergique. Du reste, l’Europe occidentale ne connut presque pas l’hérésie avant l’an mille ; mais alors la question se posa de nouveau avec les Cathares.

Peut-être est-ce bien le dernier écho de la tradition évangélique que nous entendons dans une lettre écrite vers le milieu du xi e siècle par l'évêque de Liège Wazon (1048) à son collègue de Châlons : « Le Seigneur ne veut pas la mort du pécheur... Assez de bûchers ; ne tuons pas par le glaive séculier ceux que notre Créateur et Rédempteur veut laisser vivre pour qu’ils s’arrachent aux entraves du démon... Ceux qui aujourd’hui sont des hérétiques, peuvent se convertir demain et devenir nos supérieurs dans la patrie céleste. Saint-Paul n’a-t-il pas commencé par persécuter les chrétiens ? Les évêques sont les oints du Seigneur, non pour donner la mort, mais pour apporter la vie. » Ce fut le chant du cygne de la tolérance en Occident. Déjà des bûchers avaient été allumés en 1022 à Orléans par le roi Robert le Pieux ; la Papauté, pesant de plus en plus sur le pouvoir séculier, amena graduellement l’asservissement de celui-ci à l’Église pour la répression de l’hérésie. Au xm e siècle, l’Inquisition est armée de toutes pièces et le pape a sur elle la haute main dans toute la chrétienté soumise à Rome.

Quand de l’Évangile on fut arrivé ainsi aux aulos-da-, les chrétiens d’Occident no mirent plus en doute la légitimité de la peine de mort frappant l’hérétique, comme le plus dangereux des perturbateurs de l’ordre social. A la fin du XIIIe siècle —dans sa Somme théologique dont une encyclique de Léon XIII (4 août 1870) a prescrit l’étude approfondie —- le « docteur angélique » Saint-Thomas d’Aquin formule ainsi la théorie de l’Église romaine sur ce point (1274) : « L’hérésie est un péché par lequel on mérite non seulement d’être séparé de l’Église par l’excommunication, mais encore exclu du monde par la mort... Si l’hérétique s’obstine dans son erreur, l’Église, désespérant de son salut, doit pourvoir au salut des autres hommes en le retranchant de son sein par une sentence d’excommunication ; pour le reste, elle l’abandonne au juge séculier, afin de le bannir de ce monde par la mort. »

Qu’en pensaient-les hérétiques eux-mêmes ? De leurs écrits, qui ont été systématiquement brûlés avec leurs auteurs par l’Inquisition, il ne reste presque rien. A peine possédons-nous quelques virulents sirventes des Troubadours du xiii e siècle contre les horreurs sanglantes des croisades albigeoises.

En juillet 1410, à la veille de la tragédie hussite déchaînée par les bûchers du concile de Constance, l’archevêque de Prague brûla publiquement les écrits de Wicleff. Aussitôt on chanta contre lui et son clergé une chanson en langue vulgaire, dont une fière strophe nous a été conservée : « L’auto-da-fé décrété par l’archevêque Zbynck porte atteinte à l’honneur des Tchèques ![2] » Une autre chanson disait avec une ironie méprisante : « Zbynck, un évêque qui apprend à lire, décrète qu’il faut brûler les livres, ignorant lui-même de ce qu’ils contiennent ![3] » Du milieu du XVe siècle (1460), après la grande « Vauderie » d’Arras, on a une dizaine de strophes amères[4], semées clandestinement par la ville sur « rolles de papier », où un poète anonyme attaquait les principaux fauteurs de ces persécutions, et notamment :

L'inquisiteur, à sa blanche barrette,

Son velu nez et sa trongne maugrinne.

Des principaux a esté à la teste

Pour pauvres gens tirer à la gehenne...

À cela près, toute la littérature concernant la répression de l'hérésie émane des inquisiteurs eux-mêmes. Elle consiste surtout en réfutations des erreurs hérétiques et en manuels destinés à guider les juges de la foi dans l’accomplissement de leur mission redoutable. Parmi ces derniers, citons la Praclica Inquisitionis heretice prasiiatis de l’inquisiteur toulousain Bernard Gui (1331) et le Directorium inquisilorum composé vers 1373 par l’inquisiteur catalan Nicolas Eymeric. Ajoutons-y la Lucerna inquisitorum hæreticæ pravitatis du P. Bernard de Côme (1510), le Catalogus hæreticorum (1522) du frère Bernard de Luxembourg, les manuels d’inquisiteurs des espagnols Jacques Simanca et Jean de Royas et quelques apologies telles que celle de Louis de Paramo : De origine et progressu officii Sanctæ Inquisitionis ejusque utilitate et dignitate libri tres (Madrid 1598.)

Mais déjà les beaux jours de l’Inquisition sont loin. Le 1er juillet 1323 elle avait brûlé solennellement, sur la Grand’Place de Bruxelles, deux moines augustins d’Anvers : c’étaient les tout premiers protestants qui montaient sur l’échafaud. Aussitôt Luther écrivit son psaume vengeur : Ein neues Lied wir heben an ! qui se terminait par ces mois prophétiques : « Leurs cendres ne se refroidiront plus ; le vent les portera dans tous les pays. L’été est à nos portes ; l’hiver a fui ; les douces petites fleurs commencent à se montrer. Et celui qui a entrepris cette chose, saura bien la mener à bonne fin ! Amen. » A partir de cette « chanson nouvelle » de Luther, c’est un déchaînement par toute l’Europe contre l’Inquisition, dans les chants et les pasquilles des luthériens allemands, des huguenots français, des Gueux des Pays-Bas, des Calvinistes de Genève, des Puritains d’Ecosse et d’Angleterre. Le flot monte et envahit la littérature : Érasme, Rabelais, William Tyndale, Marnix de Sainte-Aldegonde, Fischart, Hans Sachs, tant d’autres encore, prosateurs et poètes, burinent des jugements indignés contre l'Inquisition et les inquisiteurs. On en veut surtout à l’Inquisition espagnole. Le volumineux et docte pamphlet du protestant espagnol Reginaldus Gonsalvius Montanus, ou plutôt Raimond Gonzales de Montés, qui s’était échappé des prisons du Saint-Office de Séville en 1558, fut publié à Heidelberg en 1567 sous le litre de Sanctæ Inquisitionis Hispanicæ artes aliquot detectæ et palam traductæ, ou l’auteur flétrit toute la procédure du Tribunal du Saint-Office d’Espagne. Ce livre fut, moins de deux ans après, traduit en français, en allemand, en anglais et en néerlandais ; il a fait le tour de l’Europe. C’est la période de l’invective, qui se poursuit au XVIIe siècle dans le camp protestant età laquelle le catholicisme oppose un redoublement d’apologies Cauteleuses ou brutales comme celles de l’italien Paolo Sarpi, de Bossuet dans son débat avec l’évêque de Montauban, du sicilien Antonino Diana, conseiller du Saint-Office, de l’espagnol François Peña, de César Caréna, etc.

En 1692, un livre, publié à Amsterdam, prélude enfin à l’étude scientifique de l’histoire de l’Inquisition[5]. C’est un in-folio de plus de 800 pages, intitulé « Philippi a Limborch Historia Inquisitionis... oui subjungitur Liber Sententiarum Inquisitionis Tholosanæ, ab anno Cliristi 1307 ad annum 1323 ». L’auteur, ministre protestant de la secte dissidente des Remonstrants, dédie son livre au primat de l’Eglise anglicane, l’archevêque de Canterbury. Il déclare ne s’appuyer que sur les bulles des papes, sur les écrits et les actes émanés des inquisiteurs eux-mêmes ; et il ticntparole.il trace d’abord une esquisse, aujourd’hui encore fort utile, de l’histoire de l’Inquisition, exposant successivement ses origines et ses progrès dans les différents pays catholiques, surtout dans le midi de la France, en Espagne et dans les colonies espagnoles ; puis il passe en revue le personnel du redoutable tribunal, les crimes qui y ressortissent, la procédure et les supplices. Mais la partie la plus précieuse de cette œuvre vraiment érudite pour le temps est ce Liber Sentenciarum de l’Inquisition de Toulouse de 1307 à 1323, document inédit, d’une valeur inappréciable, dont l’original semble perdu et dont la provenance n’est pas indiquée par l’auteur, qui se borne à dire que son possesseur le lui a gracieusement confié pendant quatre ans pour le copier et l’étudier soigneusement.

Limborch donne une description détaillée du manuscrit, de sa reliure, des signatures des notaires, etc. ; dans son texte, il a noté l’indication des folios de l’original et en a conservé scrupuleusement l’orthographe. Il souhaite, dit-il, de voir déposer dans une bibliothèque publique un trésor aussi important, menacé d’être perdu à jamais, si son possesseur doit avoir des héritiers moins intelligents que lui ; ce qui paraît malheureusement s’être réalisé, car le manuscrit n’a pas été retrouvé jusqu’à ce jour.

C’est à juste litre que Limborch présente sa trouvaille au lecteur par ces mots un peu emphatiques : « Ecce tibi librum qualem typis editum hactenus non vidit Christianus orbis. » En effet, ce Liber Sentenciarum est le point de départ et la hase de toutes les recherches vraiment scientifiques sur l’Inquisition dans le Midi de la France, où elle a été si vivace.

Le tableau que Limborch avait le premier tracé de l’histoire et des procédés de l’Inquisition, fut repris par la plupart des auteurs qui traitèrent le même sujet au XVIIIe siècle, par exemple par l’anglais J. Baker (1736), qui se borna à y ajouter «les exemples et des anecdotes effrayantes, et dont l’ouvrage fut aussitôt traduit en allemand, à Copenhague, en 1741. Mais presque en même temps que l’ouvrage de Limborch, à une année de distance (1693), avait paru à Cologne (Paris) une Histoire de l’Inquisition et de son origine, écrite par un prêtre français, l’abbé Jacques Marsollier, chanoine d’Uzès, qui, tout en revendiquant énergiquement, pour les évêques et les princes le droit de réprimer l’hérésie au nom de la doctrine du Deutéronome, des apôtres et de l’Église catholique, dénonçait avec virulence les abus de la Cour de Rome et condamnait l’Inquisition comme une institution odieuse et inefficace. C’est bien moins une histoire de l’Inquisition qu’une dissertation canonique, ou même, et avant tout, un pamphlet gallican. Ce livre, qui s’étend avec complaisance sur les cruautés du Saint-Office et est illustré de vignettes terrifiantes empruntées à Limborch, est un curieux signe du temps. Sans abandonner les droits de l’Eglise catholique en matière d’hérésie, l’abbé Marsollier jette résolument l’Inquisition elle-même par-dessus bord. Chose curieuse, son ouvrage fut réimprimé et amplifié en 1769 par un autre prêtre, l’abbé Goujet, qui y joignit un Discours sur quelques auteurs qui ont traité du Tribunal de l’Inquisition, où il passe en revue les écrits d’Eymeric, de Pena, de Louis de Paramo, de Fra Paolo, etc. Quant au livre de Limborch qu’il examine longuement et dont il reconnaît la haute valeur, il le critique, dans un esprit catholique naturellement, mais, en somme, assez indépendant. L'influence de Limborch est également indéniable dans l’Histoire de Languedoc, l’ouvrage célèbre des bénédictins Dom Vaissette et Dom Dévie. A plus forte raison il a inspiré aussi Voltaire et les encyclopédistes dans leur admirable campagne en faveur de la tolérance religieuse ; mais que de déclamations creuses au XVIIIe siècle, dès qu’on se risque sur le terrain de l’histoire !

Il faut attendre jusqu’au XIXe siècle pour rencontrer un autre ouvrage d’une portée égale à celui de Limborch : c'est la fameuse Histoire critique de l’Inquisition d’Espagne de don Juan Antonio Llorente, parue d'abord en traduction française à Paris en 1817, et peu après (1822) dans le texte original espagnol. Llorente, chanoine de l’Église primatiale de Tolède, avait été lui-même secrétaire du Saint-Office à Madrid et en avait étudié les archives. Au moment même où les Cortès révolutionnaires de Cadix décrétaient, le 22 février 1812, l’abolition de l’Inquisition[6] qui s’était perpétuée jusqu’alors en Espagne[7], Llorente avait publié à Madrid (1812-13), deux volumes de documents inédits contenant d’importantes révélations. Ce n’était que le prélude de sa grande histoire, où il a mis en œuvre les trésors jusqu’alors inexplorés des archives secrètes du Saint-Office.

Après avoir esquissé, dans ses premiers chapitres, une histoire assez vague des origines et des premiers développements de l’inquisition papale en Occident jusqu’à la fin du XVe siècle, l’auteur aborde son véritable sujet, qui est le Saint-Office d’Espagne depuis son organisation sous Ferdinand et Isabelle jusqu’à sa suppression à Cadix. Puisant à pleines mains dans les riches collections manuscrites dont des circonstances exceptionnelles lui avaient ouvert l’accès, Llorente a été à même de produire une œuvre un peu hâtive, mais solidement documentée, dont on a pu dire beaucoup de mal, mais qui n’a pas été réfutée sérieusement. Son livre, traduit en allemand, en néerlandais et en anglais, a produit dans le monde une énorme impression, qui n’est pas encore effacée.

Le célèbre pamphlet du comte Joseph de Maistre, Lettres à un gentilhomme russe sur l'Inquisition espagnole (Paris 1822), malgré son ton cassant et triomphant et la crânerie qu’il met à défendre les bûchers en matière de foi, n’a pu contrebalancer le livre vengeur de Llorente.

La principale réponse qu’y ait faite la science catholique est l’ouvrage estimable de Mgr K. J. von Héfélé, Der Cardinal Ximenes and die kirchlicken Zustænde Spaniens in 15. Jahrhundert (1831). Il faut y ajouter le livre moins connu, mais remarquable, de F. I. G. Rodrigo, Historia verdadera de la Inquisicion (3 vol., Madrid 1876-1877)[8].

Cependant l’histoire générale des origines et des développements de l’Inquisition au moyen-âge dans les différents pays d’Occident avait été étudiée sommairement, mais d’après une méthode strictement scientifique, par Ch. U. Hahn, Geschichte der Kelzer (3 vol., Stuttgart 1845-1850), ainsi que dans quelques chapitres de l’Histoire et doctrine de la secte des Cathares ou Albigeois par un professeur de la faculté de théologie de SI ras- bourg, G. Schmidt (1849), qui fut le vrai précurseur de Lear ; mais son excellent ouvrage resta inconnu à la plupart des auteurs superficiels qui ont traité le môme sujet en ce siècle, tels que le pasteur wesleyen William Harris Rule dans son History of the Inquisition from in establishment in the twelfth ccntury to its extinction in the nineteenth (2 vol., Londres et New-York 1874) et le journaliste allemand Fridolin Hoffmann dans sa ridicule Geschichte der Inquisition (2 vol.. Bonn 1878).

Néanmoins on approchait du moment où l’histoire de l’Inquisition allait entrer définitivement dans sa période descriptive et scientifique. Dans les différents pays d’Europe, les savants se mirent résolument à rassembler et à étudier sans parti pris les actes des inquisiteurs encore enfouis dans les archives, en même temps que les bulles des papes et les témoignages des chroniqueurs contemporains. C’est ainsi que le professeur W. Moll d’Amsterdam put composer en 1869 un tableau à peu près neuf de la répression de l’hérésie en Hollande au moyen-âge[9]. Dix ans plus tard, A. Duverger apportait de nouveaux matériaux pour servir à l'histoire de l’Inquisition médiévale dans le reste des anciens Pays-Bas[10]. Gachard, le célèbre archiviste belge, avait jeté, dès 1848, les hases d’une étude tout aussi nouvelle de l’Inquisition du XVIe siècle aux Pays-Bas, en analysant les trésors contenus dans un registre de documents inédits conservé aux archives du Royaume à Bruxelles[11] ; Alex. Henne fouillait admirablement le même sujet dans sa grande Histoire du règne de Charles-Quint en Belgique[12] ; et le professeur G. de Hoop Schelfer d’Amsterdam, en 1873, exposait en détail la formidable réorganisation de l’Inquisition néerlandaise opérée par Charles-Quint aux débuts de la Réforme[13]. En 1877, le professeur Edm. Poullet de Louvain reprenait la même question au point de vue catholique[14]. De leur côté, le pasteur D. Lenoir, Ch. Rahlenbeck et le professeur H. Lonchav de Bruxelles avaient complété le tableau en étudiant l’Inquisition dans la principauté épiscopale de Liège, indépendante des Pays-Bas proprements dits[15].

En France, l’histoire de l’Inquisition fut étudiée avec non moins de soin et de méthode. Le chanoine G. Douais publiait en 187 !) son livre sur Les Albigeois, leurs origines el l'action de l’Eglise au XIIe siècle, et, en 1886, il se faisait l’éditeur de la Practica Inquisitionis du célèbre inquisiteur Bernard Gui. En môme temps, le professeur Ch. Mobilier, de Toulouse, dans sa dissertation L'Inquisition dans le Midi de la France au XIIIe el au XIVe siècle (Paris, 1880), décrivait et critiquait les sources presque inconnues qui nous sont conservées, en originaux ou en copies, à la Bibliothèque nationale de Paris, dans les bibliothèques de Carcassonne, de Toulouse et de Clermont et aux Archives de la Haute-Garonne. Mettant lui- même en œuvre une partie de ces documents inédits, il faisait revivre sous nos yeux les juges d’inquisition du tribunal de Carcassonne (1250-1258), ainsi que leur procédure inquisitoriale et leur pénalité. Le même auteur a poursuivi ses recherches sur les sources inédites dans ses Études sur quelques manuscrits des bibliothèques d’Italie, concernant l'Inquisition et les croyances hérétiques du XIIe au XVIIe siècle (Paris, 1887). Un jeune érudit, prématurément enlevé à la science, Julien Havet, s’était même enhardi jusqu’à tenter un tableau d’ensemble dans sa remarquable dissertation L'hérésie et le bras séculier au moyen âge jusqu’au XIIIe siècle (Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1880), choisissant audacieusement un sujet presque vierge et s’en tirant, comme il se tirait de toutes ^es difficultés, à son honneur.

En Allemagne, où tant d’autres domaines de l’histoire ont été si bien explorés en tous sens, on n’a pas montré la même ardeur pour l’histoire de l’Inquisition. Si l’étude des sectes hérétiques et de leurs doctrines y a suscité dans ce siècle des travaux excellents, peut-être sans rivaux, le fonctionnement de l’Inquisition n’y a pas encore été l'objet d’une enquête vraiment systématique[16]. Sur les Vaudois, on a les beaux travaux de A. W. Dieckhoff, J. J. Herzog, K. Müller, W. Preger, H. Haupt, etc. Sur Wicleff on a les livres classiques de G. V. Lechler et R. Buddcusieg, sur les Templiers ceux de K. Schottmüller, H. Prutz et J. Gmelin. Sur Huss et les sectes de Bohème on a les recherches approfondies de G. V. Lechler, J. Gottschick, J. Loserth, G. Hœfler, F. von Bezold et W. Preger, celles des historiens tchèques Fr. Palacky, A. Gindely, Jaroslav Goll, etc. Mais, en fait d’histoire proprement dite de l’Inquisition, il n’y a guère que ce que les Allemands eux-mêmes appellent des Vorarbeiten : quelques dissertations, des articles de revues, des mémoires d’Académies et quelques documents inédits publiés sans plan ni système. On peut citer ainsi trois études sur le premier inquisiteur d’Allemagne, Conrad de Marburg[17]. L’illustre chanoine J. Dœllinger avait rassemblé pendant de longues années des pièces inédites de tout genre sur les sectes hérétiques ; après sa mort, le professeur F. H. Reusch de Bonn les a publiées en deux curieux volumes[18] qui rendront service aux futurs historiens de l’Inquisition allemande. Dans les dernières années de.sa longue carrière, le professeur W. Wattenbach, de Berlin, a édité et commenté des documents concernant la répression de l’hérésie en Allemagne[19]. Enfin, Julius Ficker a donné, en même temps que Julien Havet, une dissertation érudite sur l’introduction de la peine de mort en matière d’hérésie en Occident[20].

En Espagne, on a étudié exclusivement la terrible Inquisition nationale. Outre l’ouvrage de Rodrigo, cité plus haut, il convient de mentionner les trois volumes de Menendez y Pelayo, Heterodoxos Españoles (Madrid 1880) et les Procedimientos de la Inquisicion (2 vol., Madrid 1886) par Melgares Marin.

En Italie, comme en Allemagne, on a étudié l’histoire des hérésies plutôt que celle de l’Inquisition. Les professeurs Emilio Comba et Felice Tocco, de Florence, ont attaché leur nom aux recherches sur les Vaudois et les hérétiques du moyen âge italien. L’éminent historien Pasquale Villari a fait revivre les temps et les idées de l’époque de Savonarole et de Machiavel. Il serait cependant injuste d’omettre le livre de Filippo de Boni, l’Inquisizione e i Calabro-Valdesi (Milan 1861), auquel se rattache celui de Lombard, Jean-Louis Pascliale et les martyrs de Calabre (Genève 1881). Tous deux sont puisés à des sources inédites du XVIe siècle.

L’Angleterre, qui n’a pas connu l’Inquisition proprement dite, manque de documents à exhumer et à étudier. Là aussi, ce sont les hérésies et les dissensions religieuses qui ont accaparé l’attention des érudits au détriment de l’Inquisition.

En somme, vers 1890, dans les principaux pays d’érudition de l’Europe, l'historiographie de l’Inquisition était entrée dans une voie nouvelle[21]. À des degrés divers et avec une ardeur plus ou moins grande, des spécialistes consciencieux et bien outillés y avaient succédé aux détracteurs et aux apologistes aveugles. D’ailleurs, on sentait combien grande était encore la tâche à accomplir, avant d’arriver à des résultats d’ensemble de nature à satisfaire la science. Une salutaire méfiance, que ne justifiait que trop la faiblesse de tant d’ouvrages ambitieux et creux, régnait parmi les historiens à l’égard des généralisations hâtives et prématurées. En 1881, présentant au public son livre critique sur les sources connues et inconnues de l'Inquisition dans le Midi de la France, Ch. Mobilier disait avec une prudente sagacité : « L’histoire répugne aujourd’hui à des synthèses de ce genre, et nous ne croyons pas que sa juste défiance ait nulle part plus qu’ici de raison d’être. Le mieux serait, il nous semble, d’appliquer une fois de plus la méthode moins ambitieuse qu’elle a fini par préférer, c’est-à-dire de procéder par une série de monographies des différents tribunaux d’inquisition. Ce serait le second terme d’une série de travaux, dont le premier devrait être l’étude sur les sources, que nous avons indiquée et que nous avons essayé de faire. Alors, peut-être, mais alors seulement, après avoir déblayé le terrain, pourrait-on procéder à l’œuvre définitive, dont nous marquions à l’instant même les difficultés ». Quant à « un vaste ensemble, qui prendrait le titre d’histoire de l’Inquisition », l’auteur n’hésitait pas à l’appeler « une entreprise à peu près chimérique[22] ».

Or, pendant que M. Mobilier écrivait ces lignes, qu’approuvèrent tous ses lecteurs d’Europe, il y avait, de l’autre côté de l’Atlantique, un vaillant vieillard qui depuis des années avait réuni une bibliothèque unique et une riche moisson de documents inédits sur l’ensemble de l’histoire de l’Inquisition. Ne reculant pas devant cette tâche écrasante, il avait fouillé tous les imprimés accessibles et dépouillé une montagne de pièces authentiques qu’il avait su se procurer par correspondances dans les principaux dépôts d’archives de l’Occident. En août 1887, il avait terminé à Philadelphie les trois gros volumes de son étonnant ouvrage, qui paraissait à New-York en 1888 sous le titre : A History of the Inquisition of the middle ages, par Henry Charles Lea. L’auteur était âgé de 63-ans et ne pouvait consacrer que quelques heures par jour à ses études favorites, absorbé le reste du temps par ses affaires : jusqu’en 1880, il avait dirigé une grande librairie[23].

Quand les paquebots transatlantiques eurent apporté cet ouvrage en Europe et que ces trois gros in- octavo s’empilèrent sur la table de travail des historiens, il y eut partout un mouvement d’hésitation et de défiance bien naturelles, surtout en Allemagne, où le sujet était peu étudié et où l’on venait de siffler le livre grotesque de Fridolin Hoffmann. Mais bientôt les trois gros volumes de l'historien américain furent lus et du coup appréciés à leur valeur. Je sais que M. Molinier fut un des premiers admirateurs de cette œuvre magistrale. Sa conversion fut celle de tous les spécialistes d’abord hésitants.

Il y a trois mois, un critique allemand, apparemment des plus versés dans l’histoire de l’Inquisition, après avoir apprécié très favorablement les autres travaux de Lea, portait sur son Histoire de l'Inquisition au moyen âge le jugement suivant : « C’est le point central de toute son œuvre. Plus on étudie l’activité de cet homme unique, plus on sent croître l’admiration pour la méthode strictement scientifique d’après laquelle il travaille, Reusch, qui par son acribie peu commune avait su conquérir le respect de tous, amis ou ennemis, a caractérisé le livre de Lea comme l’histoire de l’Inquisition la plus étendue, la plus profonde et la plus fouillée que nous possédions. Une étude serrée de l’une des nombreuses parties neuves de l’ouvrage a amené le docte J. Gmelin à accepter complètement les conclusions de Lea (sur l’affaire des Templiers) »[24]. Ce jugement si élogieux est celui des spécialistes de tous les pays. Du reste, le grand ouvrage de Lea a stimulé l’activité des historiens d’Europe. Depuis 1888, on a vu s’accumuler les livres et les dissertations qui permettront peut-être un jour à l’auteur de nous donner une seconde édition plus complète et plus admirable encore. Tous d’ailleurs citent Lea et ont profilé de lui à des degrés divers, mais sans contestation possible. Notons les principaux sans avoir la prétention d’être complet et sans oublier le recueil t d’excellentes dissertations de Lea lui-même sur des points spéciaux concernant l’Inquisition espagnole[25].

On a d'abord deux livres à mettre hors de pair : l’étude juridique si fouillée du professeur Camille Heilner, de Prague, sur l’organisation et la compétence de la justice inquisitoriale[26] et le beau tableau d’ensemble de L. Tanon, président à la Cour de Cassation de Paris, sur l'Histoire des tribunaux de l'Inquisition en France[27]. Ajoutons-y le vol. V du grand ouvrage classique du professeur Paul Hinschius de Berlin, Das Kirchenrecht der Katholiken und Protestanten (Berlin 1893) qui, pour l’Inquisition, accepte les vues et les résultats de Lea. Il faut citer ensuite les dissertations si neuves du bibliothécaire Hermann Haupt, de Giessen[28], celles du professeur H. Finke, de Munster[29] et de Charles Gueneguand[30]. En Belgique, on peut signaler les publications du séminaire historique dirigé par le chanoine A. Cauchie, professeur à l’Université catholique de Louvain[31], et celles du cours pratique d’histoire de l’Université de Gand[32]. A ces recherches se rattachent aussi les beaux travaux du professeur Sigmund Riezler, de Munich[33], et de l’archiviste Jos. Hansen, de Cologne[34] sur les procès de sorcellerie, qui, au moyen âge, ne sont qu’une dépendance de l’Inquisition. En outre, Jos. Hansen prépare depuis des années un recueil de documents sur l’Inquisition en Allemagne dans le genre du Corpus Inquisitionis Neerlandicae. En Italie, on a deux bons livres basés sur des recherches d’archives : Origini e vicende de l’Inquisizione in Sicilia par La Mantia et Il santo officia del'a Inquisizione in Napoli par Luigi Amabile (2 vol. 1892). En Portugal, on a enfin un ouvrage sérieux : Da origem du Inquisiçâo em Portugal. Dans les anciennes colonies espagnoles de l’Amérique du Sud, Don J. T. Médina a étudié scientifiquement l’histoire de l’Inquisition du Chili et de la Plata[35].

En résumé, l’historiographie de l’Inquisition a passé d’abord, au moyen âge, par une phase laudative qui est celle où les inquisiteurs et leurs coreligionnaires sont seuls à eu parler. Avec la Réforme commence la période de polémiques violentes pour et contre. L’Historia Inquisitionis (1692) de Limborch, avec sa collection de sentences tolosaines publiées in extenso, et l'Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne (1817), de LlOrente, préludent lentement à une période nouvelle : celle de l’étude scientifique des documents, qui triomphe surtout à partir de 1880 et permet d’écrire enfin des livres impartiaux et solidement étayés de preuves, parmi lesquels celui de Lea reste un modèle difficile à surpasser ou même à égaler.

Est-ce à dire que la période d’invectives et d’apologies adverses soit définitivement close ? Hélas ! non. Je feuillète en ce moment un ouvrage classique pour quantité de lecteurs de bonne foi : Cours d’apologétique chrétienne, du Père jésuite W. Devivier. Il en est à sa quinzième édition[36] et a été approuvé par six cardinaux et par trente- deux archevêques et évêques ; il a été traduit en plusieurs langues. Or, l’auteur fait l’apologie de l’Inquisition à peu près avec les mêmes arguments «pic Joseph de Maistre, à qui il emprunte mainte citation ; il accumule avec candeur les témoignages les plus grotesques : « M. Bourgoing, ambassadeur en Espagne, n’hésite pas à dire, dans son Tableau de l’Espagne moderne : « J’avouerai, pour rendre hommage à la vérité, que l’Inquisition pourrait être citée de nos jours comme un modèle d’équité » ; et il conclut triomphalement : « C’est parce qu’ils étaient pénétrés de ces vérités que Théodose le Grand, Justinien, Charlemagne, Othon le Grand, Louis XI, tous les princes et tous les peuples civilisés n'ont pas cru violer la liberté de conscience en punissant l’hérésie et l’apostasie ». Telle est donc encore la doctrine qu’on présente à des millions de catholiques dans toutes les langues européennes comme la vérité historique et dogmatique.

Pendant ce temps, la science poursuit sa marche d’un pas lent, mais sûr.

 

Paul Fredericq.

Gand, septembre 1900.

 

 

 



[1] Dans un traité, imprimé à Madrid en 1598, l’inquisiteur Louis de Paramo fait de Dieu le Père le premier des inquisiteurs pour avoir puni Adam et Eve après la chute, et il déclare, à l’aide du texte connu Pasce ovs meas, que Jésus a renouvelé et confirmé l’Inquisition. Jéhovah et le Christ, grands inquisiteurs !

[2] Palacky, Histoire de la nation tchèque (en tchèque), 1850, t. III, 1, p. 100, note 165. — Citation du manuscrit contemporain Invectiva contra Hussitos.

[3] Palacky, Histoire de la nation tchèque (en tchèque), 1850, t. III, 1, p. 100, note 165.

[4] Mémoires du chroniquer contemporain Jacques Du Clercq, t. III, p. 81-84.

[5] Déjà, en 1649, un autre auteur hollandais, Marcus Zuerius van Boxborn, avait publié à Leide, sous le nom de Nederlantsche Historie, un tableau des persécutions religieuses dans les Pays-Bas depuis l’an 1000 jusqu’à Charles-Quint, en s’appuyant sur les chroniques et les documents contemporains. On trouve un exposé plus complet encore dans l'ouvrage du pasteur G. Brandt, Historie der Reformatie (t. I, Amsterdam, 1671 ; 2e édition revue et augmentée en 1677).

[6] Le virulent pamphlet de Puigblanch, La Inquisicion sin mascara, paru à Cadix en 1811, ne contribua pas peu au vote des Cortès assembles dans cette ville. Il eut l’honneur de la traduction anglaise. L’auteur est un précurseur de Llorente.

[7] Aussitôt après la chute de Napoléon Ier, le roi Ferdinand VII s’empressa de rétablir l’Inquisition (décret royal donné à Madrid le 21 juillet 1814). Abolie de nouveau en 1820, rétablie en 1824, elle lut supprimée définitivement en Espagne Qu’en 1831. Il y eut d’ailleurs quelques retours offensifs jusqu'à la révolution de 1868, qui chassa la reine Isabelle.

[8] Voir H. Haupt dans Zeitschrift für Kirchengeschichte, tome VIII, p. 407, n° 467.

[9] Ch. XVI (125 p.) du tome II, 3e fasc. de sa belle Kerkgeschiedenis van Nederland vôôr de Hervorming, 6 vol., Utrecbt, 1864-1871 (trad. en allemand par Zuppke, 1895).

[10] L’Inquisition en Belgique. Quelques notes. (Bulletins de l’Académie royale de Belgique, 2e série, t. 47, p. 893-897 ; 1879). — Voir aussi son livre populaire L'Inquisition en Belgique (Verviers, 1879 ; 2e éd. 1888) et sa remarquable dissertation La Vauderie dans les Etats de Philippe le Bon (Arras, 1885).

[11] Préface du t. I de sa magistrale Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, p. CV-CXLIII.

[12] 10 vol., Bruxelles, 1858-1800.

[13] Ch. II et III (450 p.) de sa Geschiedenis der Kerkhervorming in Nederland van haar ontstaan tot 1531, 2 vol., Amsterdam, 1873 (trad. en allemand par Gerlach, 1880).

[14] De la répression de l'hérésie au XVIe siècle, dans la Revue générale de Bruxelles (nouvelle série, t. XXVI, p. 145-179 et 897-910). — Ne citons que pour mémoire l’ouvrage très superficiel du chanoine Claessens, L'Inquisition et le régime pour la répression de l'hérésie dans les Pays-Bas du passé (Turnhout, 1880).

[15] D. Lenoir, Histoire de la Réformation dans l'ancien pays de liège (Bruxelles, 1861) ; Ch. Rahlenbeck, L'Église de Liège et la révolution (Bruxelles, 1802) ; H. Lonchay, Les édits des princes-évêques de Liège en matière d'hérésie (dans R. Fredericq, Travaux du cours pratique de l'Université de Liège, t. I, Gand, 1883).

[16] Un anonyme, qui doit être apparemment un spécialiste, le reconnaissait tout récemment avec une entière franchise dans la revue Deutsche Stimmen de Cologne (livraison du 1er janvier 1900). L’auteur de l'article y oppose l’activité scientifique qui règne dans ce domaine en France, en Belgique, en Hollande et même en Italie.

[17] Toutes trois portent le même titre : Konrad von Marburg. Les auteurs sont Hausrath (1861), Henke (1861) et B. Kaltner (1882).

[18] Beitræge zur Sektengeschichte des Mittelalters, 1800. Dans ses Kleinere Schriften, publiés également par Reusch en 1800, ont paru aussi deux études anonymes de 1867 et 1868, où il parle avec une grande indépendance et une vaste érudition des origines et des développements des Inquisitions des Papes et d’Espagne (p. 286-356 et p. 357-405).

[19] Ueber die Inquisition gegen die Wuldenser in Pommera and der Mark Brandenburg (Berlin, 1886). — Ueber die Secte der Brader vom freien Geiste (Ibid., 1887). — Ueber das f/andbuch eines lnqunitors in der Kirchenbibliothek Sanct Nicolai in Greifswald (Ibid., 1888). — Matthaeus Grabote (1895).

[20] Die gesetzliche Einführung der Todesstrafs für Ketzerei. (Mittheilungen des Instituts für Œsterreichisclie Geschichtsforschung, t. I, 2e fasc. Insprück, 1880).

[21] Voir ce qu’écrivait en 1890, le professeur H. Finke dans la Rômische Quartalschrift.

[22] L'Inquisition dans le Midi de la France, Introduction, p. XII.

[23] La librairie Lea a été fondée en 1784 à Philadelphie ; elle est devenue une des maisons d'édition les plus importantes des États-Unis.

[24] Revus Deutsche Stimmen de Cologne, n° 18, 1er janvier 1900.

[25] Chapters from tlte religious history of Spain connected with the Inquisition. Philadelphie, 1890.

[26] Beitræge zur Organisation und Competenz der pæpstlichen Ketzergerichte. Leipzig, 1890.

[27] Paris. 1833.

[28] Geschichte der religiosen Sekten in Franken (1882). — Waldensertum und Inquisition in süd-ostlichen Deutschland (Deutsche Zeitschrift fiir Geschichte, 1889-90). — Deutschbohmische Waldenser in 1340 (Zeitschrift fur Kirchengeschichte, 1894), etc.

[29] Studien zur Inquisitionsgeschichte (Rômische Quartalschrift, 1892).

[30] Les origines de l'Inquisition (Thèse de Genève, 1892).

[31] A. Gauchie, Nicole Serrurier, hérétique du XVe siècle. (Analectes pour servir à l’histoire ecclésiastique de la Belgique, 1803). — H. Van Houtte. Lettres de Martin V concernant l'hérésie hussite clans les Pays-Bas. (Analectes, 1890). — Abbé P. Deneuldre, Frère Jean Angeli (1482-1483). (Bulletins de la Commission royale d’histoire, 1898.)

[32] P. Fredericq et ses élèves, Corpus documentorum Inquisiltonis Neerlandicae (1205-1520). I, 1889 ; II, 1890 ; t. IV, 1900. — J. Frederichs, Robert le Bougre, premier inquisiteur général en France, 1892. — J. Frederichs, De secte der Loïsten of Antwerpsche Libertijnen (1525-1540). 1891. — P. Fredericq, Geschiedenis der Inquisitie in de Mederlanien. I, 1892 ; II, 1896. — P. Fredericq, Les documents de Glasgow concernant Lambert le Bègue. (Avec note complémentaire). 1895.— J. J. Mulder, De sitenering der geloofsplakkaten te Antwerpen (1550-1556). 1897. — J. Frederichs. De Inquisitie in het hertogdom Luxemburg voor en tijdens de 16. de eeuw. 1897.

[33] Geschichte der Hexenprocesse in Bayern, 1896.

[34] Der « Maliens maleficoruni ». (Westdeutsche Zeitschrift, 1898) — Inquisition und Hexenverfa'gung im Mittelalter. (Historische Zeitschrift, 1898.) — Zauberwahn, Inquisition und Hexenprocess im Mittelalter und die Entstehung der grossen Hexenverfolgun (Munich 1900).

[35] Historia del tribunal del smto officio de la Inquisicion de Cartagena de las Indias. (Santiago 1899). — Il tribunal, del santo officio de la Inquisicion en las provincius del Plata. (Santiago 1900).

[36] Paris, Lille, Tournai, 1899.