I. — LES LETTRES[1]. DANS la vie intellectuelle, comme dans la vie économique, l'activité fut grande à la fin du XVIIIe siècle. Les principaux phénomènes qu'on y rencontre sont : l'élargissement indéfini de la curiosité, qui se porta à la fois sur les temps anciens et les modernes, sur les pays classiques et sur les autres pays, ce qui explique la double tendance, visible dans les arts et les lettres, du retour à l'antique et de l'application à des sujets modernes ; la foi croissante au progrès et aux bienfaits des lumières et en l'efficacité de l'histoire et de la philosophie, pour faire comprendre à l'homme les problèmes religieux et moraux, et des sciences pour lui révéler la nature et accroître sa puissance sur elle ; une orientation générale vers l'application des idées et des connaissances acquises a la vie politique et à la vie morale. Il n'est pas étonnant que, dans cette disposition générale des esprits, la poésie — la poésie en vers — fasse médiocre figure. Il semble quelle achève de mourir Gilbert[2] est le seul qui ait trouvé les accents d'une véritable émotion dans son ode des Adieux à la vie ; il y a protesté contre l'esprit desséchant des philosophes, contre ... ce lourd Diderot, docteur en style dur, Qui passe pour sublime à force d'être obscur, Et ce froid d'Alembert chancelier du Parnasse Qui se croit un grand homme et fit une Préface. Il s'agit de la préface de l’Encyclopédie. Le genre des vers aimables et galants, des épigrammes fines, des chansons gracieuses ou grossières, art facile, sensuel et charmant, est continué par Collé, Dorât, Parny et le chevalier de Boufflers ; ces poètes de cabaret, de boudoir et de salon s'enlèvent quelquefois d’un léger coup d'aile. Mais les genres nobles se traînent ; Ecouchard-Lebrun, qu'on appelait Lebrun-Pindare, imitateur de Jean-Baptiste Rousseau, pindarise lourdement. Saint-Lambert chante les Saisons, Boucher les Mois, et l'abbé Delille les Jardins dans des poèmes didactiques, où l'on chercherait vainement le sentiment de la nature ; ce qui est d'autant plus étrange que Rousseau en est tout pénétré, et que Buffon raconte avec un respect presque religieux l'histoire des transformations du monde physique ; mais ce sont des prosateurs. On dirait qu'il y avait désaccord en ce temps-là entre la poésie et la nature. La fin du siècle eut pourtant son poète, un poète imprévu,
qui fut révélé à lui-même par la renaissance hellénique. Des artistes et des
lettrés découvraient Or, à ce moment, André Chénier[3] cherchait sa voie. Il débuta par deux médiocres poèmes, qui lui valurent les compliments de Lebrun. Disciple des Philosophes, féru de science, athée avec délices, il projetait des poèmes à la façon de Lucrèce. Mais il était né à Constantinople, d'une mère grecque, qui l’éleva ; il lisait Homère, Aristophane, Théocrite et Anacréon ; il lisait et il aimait aussi les lyriques latins : il écrivait des idylles et des élégies. Ses poèmes ne furent pas publiés de son vivant. Quand on connaîtra, au temps du Directoire, sa Jeune Captive et sa Jeune Tarentine, et, en 1819, ses œuvres complètes, on admirera qu'il eût retrouvé, sans que l'on sente l’imitateur, par une sorte de réminiscence, la poésie hellénique de la nature, la joie de la lumière, du plein air, des belles lignes et des belles formes. Il fut le dernier des grands poètes classiques, si différent, par sa sincérité, des pasticheurs de son temps, que les romantiques le réclameront comme un des leurs. L'œuvre la plus poétique de cette fin de siècle est d'un prosateur,
Bernardin de Saint-Pierre[4], disciple de
Rousseau en philosophie et en amour de la nature, philosophe médiocre
jusqu'au ridicule, amant heureux de la nature. Paul et Virginie, qui parut en 1787, dans le dernier volume des Études sur la nature, est une histoire
très simple, de simplicité antique ; car l'inspiration de Il y eut des applaudissements pour la fade pastorale Estelle et Némorin, du chevalier de
Florian ; pour des romans réalistes, comme le Paysan perverti de Restif de Un homme d'esprit, misanthrope gagné aux idées
révolutionnaires, Chamfort[5], condamne en
maximes cruelles les mœurs et la société de son temps. C'est le La plupart des nobles rappellent leurs ancêtres à peu près comme un cicérone d'Italie rappelle Cicéron. — Les gens du monde ne sont pas plus tôt attroupés qu'ils se croient en société. — Les bourgeois, par une vanité ridicule, font de leurs filles un fumier pour les gens de qualité. — L'amour, tel qu'il existe dans la société, n'est que l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidémies. Le théâtre, à la fin du XVIIIe siècle, est, de tous les genres littéraires, le plus fécond, parce que sa clientèle s'est prodigieusement accrue. Le goût des représentations dramatiques gagne jusqu'aux gens du peuple. Chaque grande ville, Lyon, Bordeaux, Nantes, Rouen, Marseille, veut avoir sa troupe et son théâtre ; quelques théâtres, celui de Bordeaux, par exemple, sont des monuments. Il y a à Paris une multitude de théâtricules, Gaieté, Ambigu-Comique, Colisée, Vaux-Hall, Variétés Amusantes, etc. On y donne des drames, des comédies, des farces, des parades très grossières et même des représentations qui n'ont rien de dramatique. Aux Ombres Chinoises, les exhibitions, les feux d'artifice alternent avec de courtes pièces, dialoguées, chantées et mimées. La jolie petite salle du Palais-Royal n'était, à ses débuts, qu'un théâtre de marionnettes. Les grands théâtres sont Les auteurs dramatiques continuent à se préoccuper de ce que Voltaire appelle l'appareil et le spectacle. Les décors sont de plus en plus soignés, la machinerie plus savante, et la vérité des costumes plus exacte. La mimique expressive des acteurs, les jeux de scène, les apparitions et les effets d'horreur empruntés aux Anglais montrent que le spectacle veut parler aux yeux autant qu'à l’esprit et agir sur les nerfs du spectateur. Le monde entier continue à être mis sur la scène : l'Inde
avec L'Angleterre continue d'inspirer le théâtre français. Ducis[7] a l'ambition d'accommoder au goût national l'œuvre tragique et bouffonne, grossière et raffinée de Shakespeare. Par lui, adaptateur infidèle à cause de la timidité de son goût, d'Hamlet, de Roméo et Juliette, etc., se pousse et s'étend l'invasion des littératures du Nord, qui fait reculer et rejette hors de France les littératures espagnole et italienne, jusque-là seules inspiratrices de la nôtre avec la grecque et la latine. Voltaire, qui avait lancé la tragédie exotique avec Alzire, avait donné aussi un modèle de tragédie nationale avec Zaïre. Le plus célèbre de ses imitateurs, Pierre de Belloy, dans le Siège de Calais et dans Gaston et Bayard, en 1771, célébra l’héroïsme à la française, et, en 1775, dans sa Gabrielle de Vergy, rappela une légende moyenâgeuse de tendresse, de volupté et d'horreur. Cependant la tragédie gréco-romaine survivait et, par l’effet
du retour du classicisme, semblait reprendre faveur. Les tragédies française ou étrangère, sont autant de
prétextes à des manifestations philosophiques. Lemierre, dans Cela était encore un effort pour sauver la tragédie ; mais, ni la nouveauté de l'appareil et du spectacle, ni l'exotisme, ni l'imitation du génie du Nord, ni la nationalisation des sujets, ni la philosophie ne pouvaient alors faire revivre la tradition classique. Corneille, Racine, et même le grand classique de la comédie, Molière, déclinaient. Voltaire a constaté : Il ne va presque plus personne à ce même Tartuffe qui attirait autrefois tout Paris. Les imitateurs des grands maîtres, observateurs sans génie et souvent ridicules des formes anciennes, avaient discrédité ces genres. Le public, d'ailleurs, avait changé ; il était moins délicat qu'au XVIIe siècle ; il prenait moins de plaisir aux finesses psychologiques et à ces longues conversations des tragédies classiques, qui étaient des échanges de discours. On cherchait du nouveau, qui fût plus réel, plus vivant par sa conformité à la vie comme on la voyait, et qui intéressât la nation. Diderot n'inventa pas, mais il répandit l'idée que
Corneille avait eue avant lui, d'un genre de pièces où seraient représentés
des personnages ordinaires, dans le train ordinaire de leur vie, et dont
l'objet serait d'inspirer l'amour de la vertu ; car Diderot voulait que le
théâtre servît à l'enseignement du peuple. Pour plus de vraisemblance, il
exclut, de cette tragédie bourgeoise, les vers, langue de la poésie. Mais il
ne réussit pas à donner corps à sa théorie du drame ; il ne put insuffler la
vie au Fils naturel et au Père de famille, qu'il avait modelés
d'après ses principes. D'autres s'y essayèrent après lui, sans plus de
succès. Sedaine seul mit sur la scène un personnage vivant, le Philosophe sans le savoir, en 1765.
Un autre théoricien, Sébastien Mercier, polygraphe abondant et esprit confus,
développa le système de Diderot, en l’exagérant. Il posa les gens du peuple
en héros et en martyrs ; le Déserteur,
Mercier reprochait aux comédies de n'être que de jolis colifichets, où les travers du beau monde sont
admis, fêtés, caressés et où le persiflage paraît la
langue divine. Cependant la comédie faisait effort pour se
transformer. Beaumarchais[8], fils d'horloger,
envoyé à Versailles pour y régler les pendules, s'y fit retenir comme
professeur de harpe de Mesdames de France. Il s'escrima de l'épée et de la
langue, se battit et se mit en vue. Pâris-Duverney, qui aimait les gens
d'initiative, s'intéressa à lui et le mêla à des affaires de finances.
Beaumarchais s'enrichit, et il acheta une charge de secrétaire du Roi, qui anoblissait.
Mais le procès qu'il eut en règlement de comptes avec M. de Le Barbier de Séville, représenté en 1775, est l'éternelle histoire, située cette fois en Espagne, d'une Agnès, innocente sans niaiserie, qui préfère le jeune et charmant Lindor à son vieux tuteur Bartolo. Mais le valet de Lindor, Figaro, qui dupe le tuteur et marie les amoureux, est une création originale. C'est un Scapin du XVIIIe siècle, qui a écouté les Philosophes, nargue les préjugés, fronde les institutions et démasque l'hypocrisie. Le railleur devint âpre et violent dans le Mariage de Figaro. Le jour même où Figaro épouse Suzanne, la soubrette, il croit s'apercevoir que son maître, le comte Almaviva — l'ancien Lindor — qui tourne autour d'elle, a réussi à la séduire. Il accuse de son malheur la naissance et l'argent, et s'en prend à la société tout entière, dont il dénonce, en répliques amères et en tirades éloquentes, les iniquités et les vices : Non, monsieur le comte, vous ne l'aurez pas (Suzanne)... vous ne l'aurez pas ! Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! Noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste homme assez ordinaire ! Tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes... Il raconte sa vie : Mes joues creusaient, mon terme était échu.... Il s'élève une question sur la nature des richesses ; et comme il n'est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sou, j'écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt je vois, du fond d'un fiacre, baisser pour moi le pont d'un château fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté. Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils ordonnent... je lui dirais... que les sottises imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours... et qu'il n'y a que les petits hommes, qui redoutent les petits écrits.... Il sort de prison, et alors : On me dit que, pendant ma retraite économique, il s'est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits, ni de l'autorité, ni du culte, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j'annonce un écrit périodique... on me supprime, et me voilà derechef sans emploi ! Le désespoir allait me saisir ; on pense à moi pour une place, mais, par malheur, j'y étais propre ; il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint. Il ne me restait plus qu'à voler ; je me fais banquier de Pharaon ; alors bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites comme il faut m'ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J'aurais bien pu me remonter ; je commençais même à comprendre que, pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir ; mais comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallait bien périr encore. Pour le coup je quittai le monde... Je reprends ma trousse (de barbier) et mon cuir anglais, puis laissant la fumée aux sots qui s'en nourrissent et le doute au milieu du chemin, comme trop lourd à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci. Un grand seigneur passe à Séville ; et pour prix d'avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne ! Pendant trois ans, le censeur Suard, le lieutenant de
police et le Roi refusèrent de laisser mettre à la scène cette pièce
dangereuse, que les comédiens avaient acceptée. Beaumarchais intéressa à sa cause
les Polignac, Breteuil, le comte d'Artois et même Il s'était proposé surtout, en critiquant au passage nombre d'abus de railler un mari infidèle, et de l'amener berné et repentant aux pieds de sa femme ; mais les spectateurs n'étaient sensibles qu'à la critique des injustices sociales, — ceux qui appartenaient aux ordres privilégiés, pour s'en amuser, et les autres, beaucoup plus nombreux, pour s'en indigner. — Le peuple voyait en Beaumarchais, au dire de Grimm, le vengeur de sa misère. II. — LES ARTS[9]. C'EST au théâtre surtout que La danse, plus en honneur que jamais, tut réformée par le
maître de ballets Noverre, qui habilla de costumes à l'antique danseurs et
danseuses. Vestris, l'ancêtre d'une dynastie de danseurs, fut surnommé le roi de la danse, et Ion disait de Après la mort de Rameau, en Glück[12], né dans le
Palatinat bavarois, commença par donner à Vienne, sans grand succès, des opéras,
parmi lesquels Orfeo e Euridice, en
1762 ; il avait passé la soixantaine lorsqu'il vint à Paris, en 1774. Il y
fit revivre le grand opéra, c'est-à-dire la tragédie lyrique créée par Lulli,
et où Rameau s'était illustré. Il fut un vrai tragédien à la façon française,
par Tordre dans la composition, la noblesse, le pathétique et la vérité de
l'expression. De 1774 à 1779 il fit entendre successivement Iphigénie en Aulide, qui n'eut qu'un
succès médiocre, malgré les applaudissements de Cependant la gloire de Glück fut contestée par les
partisans de Rameau et de Grétry, — les Ramistes et les Grétristes, — et par
les amis de la musique italienne. Lorsque Piccini, le compositeur italien,
fut appelé en France par C'est à l'étranger, qu'en ce siècle qui commença avec Bach
et Hændel, finit avec Mozart et Haydn[13], et vit débuter
Beethoven, se produisit la grande nouveauté : la symphonie, l'art où la
musique seule, sans le support d'un sujet ni de paroles fournies par un
poète, exprime par elle-même les sentiments de l'âme, les joies, les
tristesses, les enthousiasmes et les terreurs, devant la nature, devant la
vie et devant Dieu. Dans les arts plastiques[14], le genre Louis XV s'était formé par réaction contre le grand goût et contre l'autorité des Académies. Vers 1750, une nouvelle réaction a commencé : le grand goût est remis en honneur ; beaucoup plus que dans les lettres se fait sentir l'effet du retour à la curiosité pour les choses antiques et à l'admiration pour Rome et pour la Grèce[15]. Les artistes vont visiter Herculanum et Pompéi, découvertes, la première au début du siècle, et la seconde en 1748, et sur lesquelles l'attention est appelée en France par les Observations sur les Antiquités de la ville d'Herculanum, que publient en 1754 Cochin et Bellicard. Cochin donne en 1758 un Voyage d'Italie, et Lalande, en 1768, un autre Voyage d'Italie avec des observations sur la peinture, la sculpture... Pour les théoriciens, le retour à l'antiquité était le retour à la vérité, à la simplicité et à la nature : Imitez la nature, copiez les belles antiques, disait Diderot. Ces conceptions nouvelles s'accréditent aisément, parce que les Académies et le Directeur des bâtiments du Roi les recommandent ou les imposent. L'Académie de peinture fait une grande place aux amateurs, parmi lesquels se trouvent des archéologues comme Caylus. Les Directeurs : le frère de Mme de Pompadour, Poisson de Vandières, — devenu marquis de Marigny, — et d'Angiviller qui lui succède en 1774, tiennent l'un et l'autre pour le retour au grand art, qu'ils encouragent par des commandes, avec sujet désigné, aux peintres et aux sculpteurs. L'Ecole royale des élèves protégés prépare les jeunes gens à mieux profiter du voyage à Piome. D'autre part, les artistes sont en rapports de plus en plus étroits, quelquefois intimes, avec les Philosophes et les écrivains, admirateurs de la nature, de la vertu et de l'antique. Si l'on compare cette période à la précédente, il semble que l'art ait repris une sorte de discipline. Il semble aussi que l'importance et la popularité de l'art
se soient accrues. De plus en plus, les artistes comptent, avec les
écrivains, dans une aristocratie nouvelle, celle de l'intelligence. Il naît
une littérature de la critique d'art. Les expositions, qui sont des
événements mondains sensationnels, provoquent des polémiques. Princes et
grands seigneurs visitent les ateliers ; les financiers s'enorgueillissent de
leur rôle de Mécènes. Le goût des collections, déjà si vif au XVIIe siècle,
devient affaire de mode ; on compte à Paris
une trentaine de musées privés. L'administration organise des ébauches de
musées publics au Luxembourg et au Louvre, devançant ainsi les grandes
créations de La seconde moitié du siècle fut une heureuse période pour les architectes, car on bâtit beaucoup à Paris et dans les provinces. Presque tous les artistes demeurèrent fidèles au style Louis XIV, qu'on n'avait pas cessé d'admirer, et qu'on avait imité pendant la période précédente, au moins dans les monuments publics. Cette admiration et cette imitation étaient enseignées dans l'École d'architecture, fondée en 1740 par Blondel, et dans le grand ouvrage que publia cet artiste, plutôt théoricien que constructeur, l’Architecture française, toute pleine du Louvre, de Versailles et des Invalides. A la fin du siècle seulement, on reviendra à limitation plus directe de l'antique, et l'on construira en un style gréco-romain qui ne sera ni romain ni grec. Gabriel[16], premier architecte
du Roi, avait donné en 1753 les plans de la place Louis XV, aujourd'hui place
de L'œuvre principale de Soufflot[17], artiste laborieux et savant, et qui cherchait à faire grand, est l'église Sainte-Geneviève, le Panthéon d'aujourd'hui, dont la première pierre fut posée en 1764, et qui ne fut terminée qu'en 1790, après la mort de l'artiste, La partie supérieure rappelle par sa coupole Saint-Pierre de Rome, et la partie inférieure, — le portique à colonnes soutenant un fronton et les énormes murs sans ornements, — est inspirée du Panthéon romain et de l'architecture que l'on considérait alors comme romaine. L'ensemble est froid, colossal plutôt que grand. L'imitation du style Louis XIV, compliquée de l'antique,
se trouve dans d'autres monuments. On reconnaît le même goût composite dans les hôtels et les
châteaux des seigneurs et des financiers et dans les maisons particulières.
Bagatelle, par exemple, construit en 1777 par l'architecte Bellanger, a
l'élégante simplicité du style Louis XVI ; mais quelques architectes, aux
approches de L'antique, l'érudition, les leçons de Jean-Jacques et de Diderot sur la nature et la morale se retrouvent, avec un mélange de l'esprit libertin du siècle, dans la peinture. Greuze[18] a sacrifié au
goût de l'antique dans un Sévère reprochant
à son fils Caracalla d'avoir voulu l'assassiner, essai maladroit que
l'Académie a sévèrement jugé ; mais il s'est fait surtout le peintre de la
vertu bourgeoise et rurale. Il introduit dans la peinture la prédication, la
sensibilité, la sensiblerie. Il montre la laideur du vice dans La malédiction paternelle et Le fils puni, le charme et la candeur
de la vie honnête dans L’accordée de
village et dans Le père de famille
expliquant Fragonard[19] eut le prix de Rome en 1752 pour un Jéroboam sacrifiant aux idoles. Il alla en 1756 en Italie, où il copia un peu de tout, des antiques, des Corrège, des Tiepolo, des Bolonais ; il y devait retourner de 1773 à 1774. Il fut agréé à l'Académie en 1765 après un tableau représentant Le grand-prêtre Coresus se sacrifiant pour Callirhoé ; mais bientôt il se décida à suivre son instinct ; il fut le dernier peintre voluptueux du siècle dans Le verrou, La chemise enlevée, Les pétards, Les hasards heureux de l’escarpolette. Mais il mêlait à son libertinage un accent de sincère passion sensuelle, et parfois une sentimentalité délicate, comme dans Le doux souvenir, une sorte d'exaltation comme dans La fontaine d'amour. Puis, ainsi que Greuze, il peint des scènes de la vie familiale, La visite à la nourrice et L'heureuse mère. Enfin La mare, L'orage, La rentrée des troupeaux, et surtout l’Éveil du printemps révèlent un sentiment, en partie nouveau, de la nature. Une des nouveautés du temps fut l'introduction de
l'histoire nationale dans la peinture historique, jusque-là réservée à
l'antiquité. L'érudition avait éveillé l'attention sur le passé de Enfin la peinture de paysage prend une grande place dans l'art français, et elle trouve des inspirations nouvelles. La beauté des parcs italiens et du ciel d'Italie, la splendeur et la grâce de la végétation et des horizons lumineux, le pittoresque des ruines continuaient à séduire nos artistes. Hubert Robert[20] peignit des coins de la vieille Rome, des jardins et des débris de monuments antiques ; il y mêla des scènes de la vie populaire. Les artistes qui allèrent en Italie, — entre autres Fragonard — et les pensionnaires de Rome dessinèrent ou peignirent au hasard de leurs promenades des vues de ruines. Ce fut un genre à la mode, charmant d'ailleurs. Mais, à la suite de Rousseau, on découvrit pour ainsi dire
la nature septentrionale, qu'il avait si bien décrite, les sapins, les Alpes
après les Apennins, et les mers et le ciel du Nord. Du même coup, on
découvrit Une autre école se formait à qui était réservé l'avenir
immédiat. Vien[22]
en fut l'inspirateur. Grand prix de Rome, il a séjourné en Italie de 1744 à
1750. Au retour, il est entré à l'Académie, où il est devenu adjoint à
professeur, puis professeur ; il a fondé une école particulière, dont le
succès fut grand. Directeur de l'Académie de France à Rome en 1775, il y est
resta six ans ; c'est par son professorat que s'explique sa grande influence.
Il a pris en Italie, dès son premier séjour, le goût de la simplicité et la
passion des modèles antiques ; il est le théoricien de la doctrine qui prescrit
l'inspiration par l'antique et par la nature. A Rome, il a institué des
conférences sur l'art et des cours de perspective, et rendu obligatoire le
dessin d'après le modèle vivant. Mais son esprit est froid et timide, et son
talent fait d'éclectisme. Il a peint des sujets de sainteté et des sujets
antiques, Sainte Marthe, Saint Thomas, Saint Germain, Hector, Priam, Briséis. Sa Marchande à la
toilette a été inspirée par un tableau trouvé à Herculanum. Il a
introduit le pompéien dans la peinture.
Bientôt, il est dépassé et débordé par son illustre élève. David[23], un parent de
Boucher, a commencé par la décoration de salons et de boudoirs ; mais un
séjour à Rome, de 1775 à 1780, un autre en 1784, achèvent en lui ce que
l'enseignement de Vien a commencé. Il renie les maîtres du XVIIIe siècle,
qu'il avait d'abord admirés ; puis il se fait un idéal de beauté d'après les
œuvres de la statuaire antique, et il se compose une âme romaine à la façon
des héros de Corneille. Sa peinture est austère, emphatique, déclamatoire, à
intentions républicaines. Le Bélisaire,
le Serment des Horaces, Les dessinateurs furent extrêmement nombreux. Plusieurs étaient les des artistes de grand talent. Charles-Nicolas Cochin[24], fils du graveur Charles Cochin, dont il dépassa la réputation, est un artiste exquis. Il représente les scènes de son temps, solennelles ou familières, et illustre, d'un dessin facile et vif, un nombre considérable d'ouvrages. Il essaya de s'élever au grand art et cultiva l'allégorie, sur laquelle il publia un livre[25] ; puis il s'employa, par de vives et quelquefois injustes critiques de l'art Louis XV, à restaurer le classicisme. Gabriel de Saint-Aubin représente la foule dans les rues, les églises, les jardins, les théâtres, les expositions, et les cérémonies publiques ; son frère Augustin reproduit les physionomies et les types de la société artistique, littéraire et aristocratique. Le plus célèbre des dessinateurs, Gabriel Moreau, dit Moreau le Jeune[26] d'attention éveillée et intense, épris de naturel et de réel, habile aux compositions d'ensemble, commence sa réputation par Le coucher de la mariée, d'après un tableau de Beaudoin, ce gendre de Boucher, volontiers libertin comme son beau-père. De 1770 à 1789, il reproduit, lui aussi, des scènes et des épisodes de son temps ; L'illumination du parc et du canal de Versailles, Le sacre de Louis XVI à Reims, Le couronnement de Voltaire au Théâtre-Français, L'Assemblée des Notables, L'ouverture des États généraux. Moreau a illustré Rousseau, Voltaire, Ovide, l'Arioste, Molière, Fénelon, Saint-Lambert, Raynal. Mais il a deux manières : toute la première partie de sa vie s'inspire de l'art Louis XV, de la vie mondaine et charmante et des modes pittoresques du temps ; dans la seconde, il s'efforce vers le grand art ; on ne voit plus chez lui que des Grecs et des Romains solennels et guindés. Les diverses tendances de l'époque se rencontrent dans la sculpture, plus indécises qu'elles ne sont dans la peinture, parce que les évolutions de la statuaire sont toujours lentes. J.-B. Lemoyne reste un sculpteur réaliste dans ses admirables portraits. Pigalle est classique dans son Mercure, et académique dans le Mausolée du maréchal de Saxe, où il emploie les emblèmes traditionnels et les allégories, un Hercule, une France éplorée ; mais il a sculpté un Voltaire nu qui est l'étude très réaliste d'un corps de vieillard décharné. Falconet[27] avait des prétentions à l’érudition ; il se faisait lire les œuvres de Winckelmann ; mais il critiquait librement les sculptures antiques, sur lesquelles au reste on discutait assez librement à cette époque, revenue pourtant au goût de l'antiquité. Il a sculpté des portraits, des modèles élégants de pendules — parmi lesquels Les trois Grâces ; — la statue colossale de Pierre le Grand l'occupa plusieurs années à Saint-Pétersbourg. Caffieri[28] a payé son tribut à l'antiquité par un Apollon et Marsyas et par une Tarpeia, mais c'est dans le portrait qu'il se révéla un grand artiste. Il y eut en ce temps-là une sculpture comme une peinture nationale. Le Directeur des Beaux-Arts commanda, en 1777, un Sully, un L'Hospital, un Fénelon, un Descartes ; en 1779, un Corneille, un Bossuet, un Montesquieu, un d'Aguesseau, etc. Caffieri fut par excellence l'homme de cet art rétrospectif ; son Rotrou est un portrait admirable où semble revivre toute une époque. Ses innombrables portraits de personnages contemporains ont tous une grande valeur. Pajou a sculpté une Amitié sous les traits de Castor et de Pollux, une Marie Leckzinska, une Mme Dubarry, un Turenne, un Pascal, une Psyché, — celle-ci d'un réalisme singulièrement osé ; Clodion, de qui on a oublié un Jupiter, un Hercule qui se repose, une Sainte-Cécile, un Montesquieu, trouva une clientèle nombreuse parmi les financiers, les riches particuliers, pour ses Bacchantes aux grâces voluptueuses et ses Satyres érotiques. Il cultiva, lui aussi, l'allégorie et dessina le projet d'un monument pour célébrer l’aérostation. Enfin Houdon[29], le plus grand parmi les sculpteurs de ce temps, a produit un Morphée, de souvenir antique, une Diane, chaste, vigoureuse et svelte, une Frileuse, un Diderot, et l'admirable Voltaire assis en une chaise curule, vêtu d'une sorte de toge, mais réel par son attitude encourbée, par les mains osseuses appuyées au siège et par l'intense lucidité du regard dans ce visage octogénaire. Ses bustes de contemporains sont innombrables. En somme, on le voit, les statuaires du temps ne se laissèrent pas encore prendre à l'art davidien. Si la contemplation des modèles antiques introduisit dans leur style plus de sobriété et d'harmonie, ils cherchèrent surtout leurs inspirations dans l'étude directe de la nature, et ils gardèrent de l'époque précédente son goût pour la beauté sensuelle et pour la grâce, même voluptueuse. La tendance à imiter l'antique, observé directement, et non plus d'après les maîtres italiens, se retrouve dans le mobilier. Dès la fin du règne de Louis XV, au pavillon de Louveciennes, construit pour Mme Du Barry, on voyait des commodes aux lignes droites, horizontales et verticales, un guéridon en forme de trépied antique, des bibelots représentant l’Enlèvement d'Hélène par Pâris ou Cinq enfants qui jouent avec un bouc. Ce style de l'ameublement, qui apparaît vers 1770, persistera au delà du règne de Louis XVI ; légèrement transformé, il deviendra ce qu'on appellera le style Empire. Les principaux ébénistes du règne, ceux qui travaillèrent
pour On a remis jusqu'ici à parler des jardins, parce qu'en cet art, qui procède de presque tous les autres, se résument les sentiments et les goûts de l'époque. En Angleterre, dans la première partie du siècle, Kent avait réagi contre le style de Le Nôtre et réclamé un art moins solennel : Toute la nature est jardins, disait-il, et il faut l'imiter dans la variété de ses formes, de sa végétation, de ses lignes, enfin de sa couleur. Puis Rousseau a inspiré le goût du pittoresque ; et l'antiquité, l'exotisme, les champs et le labourage sont en honneur. De tout cela est composé l'idéal d'un parfait jardin, qu'on trouve résumé dans un projet dessiné par M. le prince de Croy à son retour de Londres. On y voit un palais à l'italienne, une futaie sauvage, un pont chinois, une cascade sauvage, un champ de luzerne, etc. Même à Versailles, en plein domaine de Le Nôtre, la mode anglaise triomphe. Lorsqu'on veut modifier l'arrangement des bains d'Apollon, qui, à la fin du XVIIe siècle, avaient été transportés de la grotte de Thétis dans le parc, on s'adresse à Hubert Robert ; car c'était un des points de la doctrine que les plus habiles peintres devaient être requis d'offrir en décorations tous les temps et tous les lieux ; les architectes furent supplantés dans l'art des jardins par les peintres. Hubert Robert imagina, au lieu de l'ancien décor de la grotte de Thétis, qui semblait un salon à l'italienne, une paroi hérissée de rochers, où poussent des sapins au feuillage sombre, et il mit à l'entrée de la grotte des colonnes doriques frustes, pour donner l'idée d'une architecture primitive. On suivit aussi les inspirations des poètes ruraux, comme Delille et comme Saint-Lambert. Dans le parc de Trianon sont rassemblés, parmi des arbres de toute essence, un village, une bergerie et une vacherie. Il avait été question d'y introduire des ruines de temple ancien entouré de débris, supposés tombés du frontispice ; on se contenta du petit temple rond dans l'île et du Belvédère sur la montagne. Bien d'autres jardins, ceux de Bagatelle, de Monceau, d'Argenteuil, de Chantilly, de Méréville, d'Ermenonville, rassemblent dans leurs cadres tous ces éléments divers d'une époque d'esprit curieux, ouvert, sensible à toute sorte de sensations et d'idées, chimérique et charmant. |
[1] SOURCES. Les Œuvres de Gilbert, p. p. Mastrella, Paris, 1828 ; d'André Chénier, p. p. Becq de Fouquières, Paris, 1872, 2 vol. ; de Bernardin de Saint-Pierre, Paris, 1833, 2 vol., avec sa Correspondance, Paris, 1826, 4 vol. ; de Chamfort, p. p. Auguis, Paris, 1824, 5 vol., de Beaumarchais, Paris, 1809, 7 vol. — Les Mémoires de Mme d'Oberkirch, de Garât, de Mme de Genlis, de Des Cars ; le Journal de Corberon, les Correspondances de Voltaire et de Buffon, déjà cités. L'Observateur anglais, supplém., t. I et II. Lettres de Gustave III à la comtesse de Boufflers, et de la comtesse au Roi, Bordeaux, 1900.
OUVRAGES
A CONSULTER. Lanson, Histoire de la littérature française, 11e
éd., Paris, 1909. Le tome V de l'Histoire de la littérature française,
publ. sous la direction de Petit de Julleville, Paris, 1899 (avec
bibliographie). Brunetière, Etudes critiques, 2e série ; Manuel
d'histoire de la littérature française, Paris, 1902. Bersot, Etudes sur
le XVIIIe siècle, Paris, 1847. Faguet, XVIIIe siècle, Paris, 1890.
Du Bled, La société française, Paris, 1898-1907, 5 vol. Roustan, Les
Philosophes et la société française au XVIIIe siècle, Lyon et Paris,
Jullien, La comédie et la galanterie au XVIIIe
siècle, Paris, 1879. Campardon, Les comédiens du Roi et la troupe
française pendant les deux derniers siècles, Paris, 1879. Delorme, Le
musée de
[2] Né en 1751, mort en 1780.
[3] Né en 1762, exécuté le 25 juillet 1794.
[4] Né en 1787, mort en 1814.
[5] Sébastien Nicolas, qui prit le pseudonyme de Chamfort, est né en 1741 et mort en 1794.
[6]
Les acteurs et les actrices occupaient beaucoup le public. Lekain, qui mourut
en 1778, fut le grand acteur tragique ; les grandes actrices furent
[7] Né en 1733, mort en 1816.
[8] Né en 1732, mort en 1799.
[9] Sur la musique : SOURCES. Chefs-d'œuvre de l'opéra français (collection Michaëlis). Grétry, Mémoires ou Essais sur la musique, Paris, 1796.
OUVRAGES
A CONSULTER. Lavoix, Histoire de la musique, s. d. Id., La
musique française, s. d. H. Riemann, Dictionnaire de musique, trad.
fr. par Humbert, Paris, 1902. Chouquet, Histoire de la musique dramatique en
France, Paris, 1878. Campardon, L'académie royale de musique au XVIIIe
siècle, Paris, 1884, 2 vol. Brenet, Les concerts en France sous l'ancien
régime, Paris, 1900. Brenet, Grétry, sa vie et ses œuvres, Paris,
[10] Née en 1756, morte en 1812.
[11] Né en 1741, mort en 1813.
[12] Né en 1714, mort en 1787.
[13] Jean-Sébastien Bach est né en 1685, mort en 1750 ; Hændel, né en 1680 également, mourut en 1759 ; Mozart et Haydn, nés en 1766 et en 1782, sont morts en 1791 et en 1809.
[14]
OUVRAGES A CONSULTER.
De Nolhac (Marie-Antoinette) ; les ouvrages généraux sur l'art du XVIIIe
siècle cités au précédent volume. Rocheblave, Essai sur le comte de Caylus,
Paris, 1889. Bertrand, La fin du classicisme et le retour à l'antique dans
la seconde moitié du XVIIIe siècle et les premières années du XIXe en France,
Paris,
Thirion, Les Adam et Clodion, Paris, 1885.
Guiffrey, Les Caffieri, Paris, 1877. Rocheblave, Les Cochin,
Paris, 1898. J. David, Le peintre Louis David, Paris, 1887. Bergeret
et Fragonard, journal d'un voyage en Italie, publ. p. Tornezy (Mém. de
[15] Piranési a commencé en 1756 ses grands recueils de vues de Rome. Winckelmann a publié son Histoire de l'Art en 1764, elle fut traduite deux ans après en français.
[16] Jacques-Ange Gabriel est né en 1710, mort en 1782.
[17] Soufflot est né en 1714, mort en 1781.
[18] Né en 1726, mort en 1805.
[19] Né en 1732, mort en 1806.
[20] Né en 1733, mort en 1808.
[21] Né en 1712, mort en 1789.
[22] Né en 1716, mort en 1809.
[23] Né en 1748, mort en 1825.
[24] Né en 1715, mort en 1790.
[25] Iconologie ou Traité de la science des allégories, en 350 fig. gravées d'après Gravelot et Cochin, 4 vol., s. d.
[26] Né en 1741, mort en 1814.
[27] Né en 1716, mort en 1791.
[28] Né en 1725, mort en 1792.
[29] Né en 1741, mort en 1828.