ESSAI SUR LE RÈGNE DE L’EMPEREUR AURÉLIEN (270-275)

 

TROISIÈME PARTIE. — LE GOUVERNEMENT INTÉRIEUR. LES RÉFORMES.

CHAPITRE I. — CARACTÈRE DU GOUVERNEMENT INTÉRIEUR D’AURÉLIEN[1].

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

Aurélien était arrivé tard à l’Empire ; quand il succéda à Quintillus, il avait 55 ans. C’était, au physique, un homme vigoureux, de grande taille[2] ; il avait les cheveux courts et grisonnants[3], le front bas, les yeux petits et vifs[4], les traits énergiques, la physionomie dure[5] et peu avenante. Cavalier infatigable, aussi prompt à la défense que les bandes barbares l’étaient à l’attaque, bouillant et toujours près à tirer l’épée — ses soldats l’avaient surnommé Manu ad ferrum[6], — formé au commandement par trente ans de guerres, il avait toutes les qualités de l’officier[7] et du soldat.

La vie des camps avait encore développé sa rudesse naturelle[8]. Il était sévère[9] pour les autres comme pour lui-même, inexorable dans le maintien de la discipline[10]. Ses colères étaient soudaines et terribles[11] ; il était brutal, cruel[12] à l’occasion, moins par penchant naturel que par emportement ou par raison d’Etat ; mais il savait, surtout lorsque l’intérêt de sa politique l’exigeait, se montrer généreux, modéré et conciliant[13]. Son caractère était droit et honnête[14] ; il détestait le désordre[15] et poursuivait les prévaricateurs sans merci[16]. Il était superstitieux et fervent adepte de la religion solaire[17]. Son esprit n’était pas cultivé ; mais il avait l’intelligence très vive, très ouverte et le sens profond des besoins de l’État.

Au cours des deux années qu’avait duré la reconstitution do l’unité impériale, Aurélien avait fait preuve des plus brillantes qualités militaires et aussi d’un grand esprit politique. Son passé et son caractère le préparaient beaucoup moins à l’exercice du gouvernement intérieur[18]. Jusqu’au IIIe siècle, les futurs empereurs s’étaient initiés comme gouverneurs de provinces à la pratique de l’administration civile. Mais, depuis que les hauts commandements militaires et l’empire étaient devenus accessibles aux soldats de métier, il n’en était plus de même. La carrière privée de Claude, d’Aurélien, de Probus fut exclusivement militaire.

La situation intérieure était complexe ; il y avait en particulier, dans les rapports avec le Sénat, beaucoup de ménagements à garder et de nuances à observer. Aurélien, dur et cassant, habitué à l’obéissance passive des camps, n’avait ni la souplesse, ni le doigté nécessaires. Il allait droit au but ; s’il rencontrait des obstacles, il les brisait sans jamais songer à les tourner, ni se préoccuper de sauver au’ moins les apparences. Faute de savoir-faire, il semblait avoir tort, alors même qu’il avait raison : C’était un bon médecin, disait-on de lui, mais sa méthode était bien mauvaise[19]. Sa rudesse, sa brusquerie, son esprit autoritaire déplaisaient profondément. Il était impossible de ne pas reconnaître ses grandes qualités : il était difficile de l’aimer[20].

Sur cinq années et demie de règne, Aurélien en passe plus de trois et demie en campagne ; il se déplace constamment. Il séjourne rarement à Rome : deux ou trois mois au printemps de 270 entre la première guerre des Juthunges et la guerre des Vandales, neuf ou dix en 271, avant la campagne d’Orient et autant, en 274, après le triomphe. Au milieu des dangers multiples qui menacent l’Empire, Aurélien est sans cesse arrêté dans ses guerres et dans ses réformes ; il n’a jamais le temps de rien achever. En 270, pressé de se rendre à Rome, il ne peut anéantir les Juthunges ; un peu plus tard, il court sur le Danube pour repousser l’invasion des Vandales ; à la fin de 270, une nouvelle invasion des Juthunges le rappelle en Italie. Les Juthunges battus, il ne peut les poursuivre, car sa présence est nécessaire à Rome, où de graves séditions ont éclaté en son absence. En 272, lorsqu’il vient à peine de réduire Palmyre, il apprend que les Carpes ont envahi la Mésie Inférieure et la Thrace : il regagne l’Europe et bat les envahisseurs. Mais, pendant ce temps, Palmyre et l’Egypte se soulèvent. Aurélien doit revenir sur ses pas et engager une seconde campagne d’Orient. Rentré à Rome, après la soumission de l’empire gallo-romain, il se consacre entièrement à l’administration intérieure ; mais, quelques mois plus tard, à la fin de 274, un mouvement insurrectionnel en Gaule, une nouvelle invasion en Rhétie et les préparatifs de la guerre contre les Perses le contraignent une dernière fois à quitter Rome ; il ne devait plus y rentrer.

L’anarchie militaire avait rompu l’unité impériale, désorganisé la défense des frontières, ruiné matériellement et moralement l’Empire. Le programme d’Aurélien fut de reconstituer l’unité, de relever l’autorité impériale et de la mettre désormais au-dessus de toute atteinte. La première partie du règne, de 270 à 273, avait été consacrée à la reconstitution territoriale ; la seconde devait l’être à la reconstitution militaire, administrative et morale : c’est l’époque des grandes réformes monétaire et religieuse.

Le grand rôle, joué par le Sénat au temps de Sévère Alexandre, de Pupien et de Balbin, avait pris fin à l’avènement de Gordien III. Cependant, au cours de l’anarchie militaire, le Sénat avait exercé une grande influence morale et pris une part active au gouvernement Gordien III, Philippe, Decius, Valérien l’avaient traité avec égards.

Tout avait changé sous Gallien. Les sénateurs avaient été exclus de l’armée : le commandement de la légion était passé du légat sénatorial au préfet équestre[21]. Dans un grand nombre de provinces, sinon dans toutes, les gouverneurs consulaires et prétoriens avaient été remplacés par des chevaliers[22]. Le Sénat perdait ainsi les plus importants des privilèges que Septime Sévère lui avait laissés. Enfin la frappe du bronze, dont il avait le monopole, avait presque entièrement cessé[23].

Claude s’était montré plein de déférence pour le Sénat, mais il ne lui avait rendu aucun des privilèges qu’il venait de perdre[24]. A sa mort, le Sénat avait proclamé Quintillus et essayé de remettre la main sur le gouvernement ; cette tentative avait échoué. Il avait dû s’incliner devant le choix de l’armée du Danube et reconnaître Aurélien, mais n’avait abandonné aucune de ses revendications.

Le Sénat comprenait deux éléments : les sénateurs qui, de naissance, appartenaient à l’aristocratie et avaient parcouru la carrière sénatoriale, et les chevaliers entrés au Sénat par adlectio. Nous ne savons pas exactement dans quelle proportion, en 270, ces deux éléments étaient représentés au Sénat. Les chevaliers admis au Sénat ne s’élevaient généralement pas au-dessus de la classe des prætorii. Or les sénateurs dont nous connaissons les noms, sont presque exclusivement les consuls, les préfets de la Ville et quelques gouverneurs de provinces. Un fait toutefois est certain : les sénateurs de famille sénatoriale exerçaient au Sénat une influence prépondérante : ils avaient la direction de l’assemblée. Le prince du Sénat, Pomponius Bassus, consul en 258 et préfet de la Ville à une date indéterminée, était l’un des leurs[25]. C’est parmi eux que se recrutaient les hautes magistratures et en particulier le consulat.

Sur les 42 consuls ordinaires de 244 à 285, il y en a 20 dont le gentilicium est connu. De ces 20, 13 sont de famille sénatoriale ; pour 3[26], cette famille était sénatoriale dès le Ier siècle ; pour 3 autres[27], elle l’était au IIe siècle ; pour 6 ou 7[28], elle l’était devenue sous les Sévères, au début du IIIe siècle. Pendant la même période, nous ne connaissons que 4 chevaliers qui se soient élevés jusqu’au consulat ordinaire : T. Petronius Taurus Volusianus, en 261[29] ; Julius Placidianus, en 273 ; Marcellinus, en 275 ; M. Aurelius Aristobulus, en 285[30]. C’est généralement à la suite de services exceptionnels rendus à l’empereur qu’ils ont reçu cette dignité. Un grand nombre d’Orientaux étaient entrés au Sénat sous la dynastie des Sévères ; nous y retrouvons, en 270, quelques-uns de leurs descendants[31].

Le Sénat, où l’esprit de corps avait toujours été très puissant et où les nouveaux venus subissaient très vite l’influence des vieilles familles, était unanime lorsqu’il s’agissait de défendre les privilèges sénatoriaux contre les empiétements de l’autorité impériale. Toutefois les deux éléments qui le composaient, n’apportaient pas dans la résistance le même acharnement. Les chevaliers, qui entraient au Sénat, ne partageaient pas toutes les idées des vieilles familles sénatoriales. C’étaient des hommes nouveaux, qui devaient le plus souvent leur admission à la faveur de l’empereur et étaient tenus à une certaine réserve. L’aristocratie sénatoriale de naissance, au contraire, défendait les anciennes traditions comme un patrimoine de famille ; c’est dans ses rangs qu’Aurélien devait trouver ses ennemis les plus ardents.

Aurélien n’était nullement disposé à rendre au Sénat les privilèges politiques et administratifs que Gallien lui avait enlevés. Par son passé, il était absolument étranger à la carrière sénatoriale[32], et personnellement il avait peu à se louer du Sénat, qui avait soutenu Quintillus contre lui. Il le maltraita cependant beaucoup moins que ne l’avaient fait Septime Sévère et Gallien ; depuis que la victoire de l’empereur était définitivement acquise, la lutte entre les deux pouvoirs devait nécessairement devenir moins âpre. Aurélien n’était pas systématiquement l’ennemi du Sénat, mais il le surveillait de près et se montrait, dans ses relations avec lui, jaloux de son autorité, méfiant et soupçonneux. Le peuple lui donnait le surnom de pédagogue des sénateurs[33].

Lors de son avènement, Aurélien ne tint pas rigueur au Sénat de son attitude favorable à Quintillus ; il lui fit môme des avances. Il prit comme collègue au consulat, pour 271, le prince du Sénat, Pomponius Bassus[34]. Nous avons vu plus haut qu’une partie de l’aristocratie sénatoriale profita de la défaite d’Aurélien à Plaisance pour intriguer contre lui et prit part aux séditions qui éclatèrent alors à Rome. Aurélien vainqueur frappa durement les coupables. Il y eut de nombreuses confiscations[35] ; quelques sénateurs — Aurélien tenait à faire un exemple — furent mis à mort. Il n’est plus question ensuite d’intrigues sénatoriales contre l’empereur : le Sénat se sentait impuissant, et Aurélien avait montré qu’il était capable de faire respecter son autorité.

Le Sénat, resté patriote et défenseur constant de l’unité romaine, vit avec joie la chute des empires palmyrénien et gallo-romain ; il oublia un instant ses rancunes et, lorsque Aurélien rentra à Rome au début de 274, il le reçut avec enthousiasme[36]. Mais de nouveaux froissements ne tardèrent pas à se produire entre les deux pouvoirs. Tetricus était sénateur et avait de nombreux amis dans l’aristocratie sénatoriale ; sa présence au triomphe fut une blessure d’amour-propre pour le Sénat[37]. Aurélien, qui probablement n’avait pas été fâché de lui infliger cette humiliation, s’efforça de l’atténuer par les égards qu’il témoigna ensuite à Tetricus et à son fils. Au même moment, il porta une grave atteinte aux droits du Sénat en lui enlevant, d’une manière définitive, le privilège de la frappe du bronze[38]. Le Sénat ne pouvait pas aimer un gouvernement qui s’appuyait sur l’armée et sur l’ordre équestre ; les tendances absolutistes d’Aurélien et le caractère sacré qu’il donna à sa personne, le mécontentèrent profondément. Lorsque Aurélien mourut, le Sénat lui accorda la divinisation. Ce n’est pas qu’il le regrettât beaucoup ; mais la popularité d’Aurélien dans l’armée et dans le peuple était trop grande, les services rendus à l’Etat — le Sénat lui-même s’en rendait compte — étaient trop éclatants, pour qu’il fût possible de lui refuser cet honneur.

Aurélien prit trois fois le consulat[39] : en 271 avec Pomponius Bassus, en 274 avec Capitolinus, en 275 avec Marcellinus. Il reçut les surnoms de Germanicus en 270, de Gothicus en 271, de Parthicus et de Carpicus, en 272 ; il fut proclamé, en 273, Restitutor Orbis. Il fut salué, au moins trois fois, Imperator[40].

Sa femme Ulpia Severina porte, depuis le 29 août 274 au plus tôt, le titre d’Augusta[41].

Aurélien, élu par l’armée, s’appuya sur elle pour fortifier le pouvoir impérial et résister aux prétentions du Sénat ; mais aucun des chefs de l’armée ne participa à l’administration civile. Le rôle des principaux généraux, Probus, Saturninus, Proculus, Bonosus, resta exclusivement militaire. Dans le gouvernement intérieur, Aurélien voulut tout faire par lui-même.

Les consuls continuèrent à se recruter, au moins en grande partie, parmi les membres de l’aristocratie qui avaient suivi la carrière sénatoriale. Sur cinq consuls ordinaires dont l’origine est connue, trois, Pomponius Bassus, en 271, Junius Veldumnianus en 272, M. Claudius Tacitus en 273[42], avaient suivi la carrière sénatoriale Les deux autres, Julius Placidianus et Marcellinus étaient des chevaliers, qu’Aurélien éleva au consulat en récompense de services exceptionnels. Julius Placidianus, Vir Perfectissimus, préfet des Vigiles en 260, sous Claude[43], avait été envoyé en Narbonaise pour occuper la partie reconquise de la province et surveiller l’empire gallo-romain ; il fut promu préfet du Prétoire[44], probablement au début du règne d’Aurélien, en tout cas avant 273, et maintenu dans son commandement. Il devint consul ordinaire en 273[45]. Marcellinus avait été nommé préfet de Mésopotamie en 272 et chargé, en cette qualité, du gouvernement général de l’Orient[46]. Aurélien, pour récompenser la fidélité et le zèle qu’il avait déployés lors de la révolte de Palmyre, lui donna le consulat en 275 et, fait significatif, le prit avec lui[47].

Les préfets de la Ville[48] furent recrutés, comme auparavant, parmi les sénateurs consulaires. Sur les quatre préfets du règne d’Aurélien, il y en a trois pour lesquels le fait est certain. Flavius Antiochianus, préfet de la Ville en 269-270, et une seconde fois en 272, avait été consul suffect à une date inconnue et consul II ordinaire en 270[49]. P. Flavius Postumius Varus, préfet en 271, avait été consul suffect à une date inconnue, mais certainement antérieure à sa préfecture[50]. Virius Orfitus, préfet delà Ville en 273-274, avait été consul ordinaire en 270[51]. Quant à Postumus Suagrus, préfet de la Ville en 275, on ne sait rien de sa carrière antérieure. Sous Gallien et Claude, les préfets de la Ville avaient souvent été nommés consuls pour la seconde fois, l’année même où ils sortaient de charge, ou peu après. Aurélien rompit avec cette habitude. Aucun des préfets sortants ne reçut de second consulat. La durée de la fonction avait souvent été de trois ans sous Gallien[52]. Aurélien tendit à la réduire. Pendant son règne aucun préfet ne resta en charge plus de deux ans.

Le seul préfet du Prétoire connu avec certitude est Julius Placidianus[53], qui exerça cette charge au début du règne, avant 273.

Dans l’administration de l’Italie[54], Aurélien prit une mesure importante, qui préparait l’assimilation complète de l’Italie aux provinces. La correcture, dont la compétence s’étendait à toute l’Italie, n’avait été jusque-là qu’une magistrature extraordinaire et temporaire. Aurélien transforma les correcteurs en fonctionnaires permanents, comme l’avaient été les Consulares d’Hadrien et les Juridici de Marc Aurèle. Tout en leur conservant le titre général de correcteurs d’Italie, il les délégua dans le gouvernement de quelques-unes des régions italiennes, notamment de la Lucanie (IIe Région), de la Vénétie (Xe Région) et de la Campanie (Ire Région). Dioclétien devait compléter cette réforme en divisant, d’une manière définitive, l’Italie en sept provinces et en plaçant à la tète de chacune d’elles un correcteur.

Dans l’administration des provinces[55], Aurélien ne semble avoir apporté aucune innovation. Il maintint, et peut-être étendit à de nouvelles provinces, la réforme de Gallien qui enlevait aux sénateurs les gouvernements provinciaux pour les donner aux chevaliers. A la suite de la reconstitution de l’unité impériale, ces dispositions durent être généralisées et appliquées aux provinces reconquises[56].

Aurélien avait reconstitué l’unité impériale. Il voulut rendre cette reconstitution durable et prévenir une nouvelle crise ; c’est l’idée qui domine toute son œuvre intérieure. Le seul moyen d’y réussir était, à ses yeux, de renforcer l’autorité de l’empereur et de la mettre au-dessus de toute atteinte. Aurélien reprit, en la développant, la politique de Domitien et de Septime Sévère : il voulut que l’empereur fût désormais un monarque et un dieu.

Le Sénat était toujours resté attaché à l’idée de la dyarchie et opposé aux progrès de l’absolutisme. Pour vaincre sa résistance, Aurélien avait l’appui des légions et de l’ordre équestre, qui était devenu, en grande partie, depuis Septime Sévère, une émanation de l’armée. Il gagna le peuple par l’extension donnée au système des distributions alimentaires. Comme nous le verrons plus loin, en étudiant la réforme religieuse, le règne d’Aurélien marque une étape décisive vers l’établissement de la monarchie absolue.

 

 

 



[1] Sources pour le Gouvernement intérieur. — Les sources principales pour l’œuvre intérieure d’Aurélien sont : ZOSIME, I, 61 et la Vita Aureliani, 35, 1-3 ; 45-50. — Il faut y ajouter un certain nombre d’indications fragmentaires, qui seront mentionnés à propos de chaque réforme.

Inscriptions (10 décembre 273/9 décembre 274). — Italie : C. I. L., VI, 1112 (Rome : fin 274, avant le 10 décembre). — Gaule : C. I. L., XII, 2673 (de 274) ; 5548 (Id., Tain : décembre 273). — Afrique : VIII, 10.177 (Numidie : route Théveste-Timgad, 1er janvier 9 décembre 274) ; Id., 10.217 (Numidie : route Timgad-Lambèse, même date).

Inscriptions de date indéterminée, mais postérieures à la reconstitution de l’unité impériale (donc 274/275) : — Italie : C. I. L., XI, 1214 (XIe région : Plaisance). — Bretagne, VII, 1152 (Bittern). — Gaule : C. I. Rhen., Bramb., 1939 (Germanie supérieure : route Mayence-Antunnacum) ; C. I. L., XII, 5549 (Narbonnaise : Valence) ; Id., 5561 (Id., Arras). — Mésie inférieure : Archäol. Epig. Mitth. aus Œsterr. Ung., XVII, 1894, p. 188, n° 145 (Gostilica). — Thrace : C. I. L., III, Supplément 12.333 (Serdica) ; Id., 13.715 (Slivnica). — Syrie : C. I. L., III, 122 (WADDINGTON, loc. cit., n° 2137 : Saccæa), si l’inscription, qui est mutilée, se rapporte réellement à Aurélien. Voir plus loin, Appendice III.

Monnaies. — Troisième période monétaire du règne d’Aurélien (274-275) : TH. ROHDE, loc. cit., pp. 302-303.

[2] Vita Aureliani, 6, 1. — On ne possède aucun buste authentique d’Aurélien : le buste du musée Torlonia, n° 519 (Monum. Torlon., 158, 607) ne se rapporte pas à lui. — Sur l’effigie, en particulier des monnaies d’or, voir J.-J. BERNOULLI, Römisch. Ikonog., Stuttgart, 1894. II, 3, p. 183 (pl. VI, 7-8).

[3] ZOSIME, I, 51.

[4] J.-J. BERNOULLI, loc. cit. — Le portrait, donné par MALALAS [liv. XII, p. 299 (éd. Bonn)], est loin d’être sûr : toutefois les détails s’accordent assez bien avec ce que l’on sait d’autre part.

[5] EUTROPE, IX, 14 ; — Epitomé, 35, 9 ; — JEAN D’ANTIOCHE, (Fragm. Hist. Græc., éd. C. Müller, IV, p. 599, n° 155).

[6] Vita Aureliani, 6, 1-2 ; — AMMIEN MARCELL., XXXI, 5, 17.

[7] ZONARAS. XII, 27 (III. p. 152 Dind.) ; — JEAN D’ANTIOCH., loc. cit. ; — MALALAS, XII, p. 299 (éd. Bonn) ; — EUTROP., IX, 13, 1 ; — OROS., VII, 23, 3.

[8] Le caractère de Probus était beaucoup plus doux. — EUTROP., IX, 17.

[9] Vita Aureliani, 6, 1 ; — Id., 1, 5 ; 40, 2 ; 44, 1 ; — Vitæ XXX Tyrann., 21 (Tetric. Sen.), 3-5 : — AUREL. VICT., Cæsar., 35,7 ; — AMMIEN MARCELL., XXXI, 5, 17.

[10] EUTROPE, IX, 11. — JEAN D’ANTIOCH., loc. cit.

[11] Vita Aureliani, 21, 5 ; — Id., 32, 3 ; — Vitæ XXX Tyrann., 24, (Tetric. Sen.), 4 ; — EUTROP., IX, 13, 1 ; — JEAN D’ANTIOCH., loc. cit.

[12] Vita Aureliani, 36, 3 ; — Epitomé, 35, 9 ; — EUTROP., IX. 13, 1 ; — Id., 11 ; — JEAN D’ANTIOCH., loc. cit. — Cf. JULIEN (313 D. — 314 A. p. 103. éd. Hertlein), qui parle d’Αδικοι φόνοι. — EUTROPE (IX, 14) et l’Epitomé, loc. cit., disent qu’il fit périr le fils de sa sœur ; la Vita Aureliani (36, 3) nomme la fille de sa sœur (cf. 39. 9) ; JEAN D’ANTIOCHE (loc. cit.) la femme de son fils. — On ne sait rien de précis sur les circonstances de la mort (Vita Aureliani, 36, 3). — A Rome, il n’y avait pas unanimité dans le jugement porté sur Aurélien : les uns incriminaient sa cruauté, les autres, avec plus de raison, sa dureté et sa sévérité excessives : Vita Aureliani, 31, 4 ; — 49, 4. Le reproche de cruauté venait surtout des ennemis d’Aurélien, et notamment du parti sénatorial.

[13] Particulièrement lors de la prise de Tyane et de l’entrée à Antioche.

[14] AUREL. VICTOR, Cæsar., 35, 12.

[15] Vita Aureliani, 37, 7.

[16] Vita Aureliani, 39, 5 ; — AUREL. VICTOR, Cæsar., 35, 7.

[17] Sur la religion personnelle d’Aurélien, voir plus loin, Chap. V.

[18] Vita Aureliani, 44, 2. Le mot de Dioclétien, s’il est authentique, se rapporte surtout au gouvernement intérieur d’Aurélien.

[19] Vita Aureliani, 21, 8-9.

[20] EUTROPE, IX, 14. — Cf. Vita Aureliani, 37, 1. — JEAN D’ANTIOCHE, loc. cit.

[21] Voir plus loin la note 54.

[22] Voir plus loin la note 54.

[23] Voir plus loin la note 54, et le chap. III.

[24] Voir mon travail, De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. VIII.

[25] Voir le cursus de Pomponius Bassus à l’Appendice II. — Il était τοΰ γένους λαμπρόυ [Inscript. G. B. DE ROSSI, Roma Sotterran., II, Rome, 1811, pp. 282-283, = C. I. L., VI, 3386 = Insc. Gr. Ital. (Kaibel), 1076]. — Sa famille est arrivée aux honneurs dès la seconde moitié du Ier siècle. Un T. Pomponius Bassus est légal de Trajan dans son proconsulat d’Asie (sous Titus 79-80), puis légat pro prætore de Galatie et Cappadoce, sous Trajan (P. V. ROHDEN et H. DESSAC, Prosopog. Imp. Rom., P, n° 530).

Un L. Pomponius Bassus, est consul suffect en 118 [Actes Arvales, C. I. L., VI, 20186, 22) et proconsul de Narbonnaise (G. B. DE ROSSI, Roma Sotterran., II, p. 281). — Sous Commode on trouve un C. Pomponius Bassus Terentianus, proconsul de Lyrie et Pamphylie (BENNDORF, Reisen in Lycien, p. 11, n° 50 ; — cf. Prosopog., P, n° 531). Viennent ensuite :

Pomponius Bassus, peut-être fils du précédent (Prosopog., P, 524), consul (c’est probablement le consul ordinaire du 211), légat consulaire d’une des provinces de Mésie (DION CASSIUS, LXXVIII, 21, 2), tué par Elagabal en 219 (Id., LXXIX, 5, 14). — Sa femme, Annia Faustina (Id.), descendait de Marc-Aurèle. — (Pomponius) Bassus, fils du précédent, légal de son père en Mésie (DION CASS., LXXVIII, 21, 2), relégué dans une île comme délateur au début du règne de Macrin., en 211 (Id. — Prosopog., P, n° 526). — Pomponius Bassus, fils du précédent, princeps Senatus en 270 (Prosopog., P, n° 521. —Cf. Appendice II).

[26] L. Valerius Poplicola Ralbinus, Maximus, consul en 256. — M. Acilius Glabrio, consul en 236. — Pomponius Bassus, consul I en 258, II en 211, princeps Senatus.

[27] C. Bruttius Præsens, consul en 216. — Vettius Gratus, consul en 230. — M. Nummius Tuscus, consul en 258.

[28] Armenius Peregrinus, consul en 214. — Fulvius Æimilianus, consul en 244. — M. Nummius Ceionius Annius Albinus, consul I suffect (année indéterminée), II en 263. — C. Julius Asturius Ovinius Paternus, consul I en 269, II en 279. — Junius Veldumnianus, consul en 272. — Virius Lupus, consul en 278, — et probablement aussi M. Claudius Tacitus, consul en 273 et empereur en 275.

[29] Voirie cursus de T. Petronius Taurus Volusianus, Appendice II.

[30] M. Aurelius Aristobulus, — préfet du Prétoire sous Carin et Dioclétien (AUREL. VICT., Cæsar, 39, 14-15 ; — AMMIEN MARCELL., XXIII, 1), Proconsul d’Afrique de 290 à 294 (PALLU DE LESSERT, Fastes des Provinces Africaines, II, pp. 1-4 ; — C. I. L., VIII, 608, 624, 4645, 5290, Supplém. 11.772, 11.774). Préfet de la Ville en 295 (G. TOMASSETTI, Note sui Prefetti di Roma, Museo Italiana di Antichita classica, III, p. 58).

[31] M. Aelius Aurelius Théo, légat pro prætore d’Arabie sous Valérien et Gallien, consul suffect. — Antonius Memmius Hiero, légat pro prætore de Cappadoce sous Philippe.

Arcesilaüs, consul ordinaire en 267. — Peut-être Aurelius Artemidorus, curateur du Tibre en 244. — Claudius Herennianus, légat pro prætore de Dalmatie sous Philippe. — Armenius Peregrinus, consul en 244 — Flavius Antiochianus, consul I suffect (année indéterminée), II en 270 : préfet de la Ville en 269-270, II en 272. — Asturius, légat consulaire sous Gallien. — G. Julius Volusenna Rogatianus, consul suffect (année indéterminée), proconsul d’Asie en 254. — Sohæmus, consulaire au temps de Valérien.

Claudius Illyrius, proconsul d’Achaïe, qui releva les murs d’Athènes au temps de Gallien, petit-fils de Cn. Glaudius Leonticus, proconsul d’Achaïe sous S. Sévère, était d’origine grecque (V, 1889, p. 133, n° 14 ; C. I. A., III, 705, 2 ; cf. 399-400).

[32] Sur le consulat suffect d’Aurélien, mentionné par la Vita Aureliani, à la date de 258, voir au chapitre II de la 1ère partie.

[33] Vita Aureliani, 37, 3-4

[34] Voir, pour les Fastes Consulaires, Appendice II.

[35] AMMIEN MARCELL., XXX, 8, 8.

[36] ZOSIME, I, 61.

[37] Vita Aureliani, 34, 4.

[38] Voir plus loin, Chap. III.

[39] Voir pour les Fastes Consulaires, Appendice II.

[40] Deux inscriptions seulement mentionnent le nombre des salutations impériales. L’une (C. I. L., XII, 5548 : Tain, Narbonnaise) se place en décembre 213 ; l’autre (C. I. L., VI, 1112 : Rome) est de la fin de 274, avant le 10 décembre. La seconde et la troisième salutations impériales se rapportent probablement aux victoires sur les Juthunges-Alamans, en 270-271, et sur les Goths, à la fin de 271.

[41] Ulpia Severina, qui était peut être une parente d’Ulpius Crinitus — ce qui aurait donné naissance à la légende relative à l’adoption d’Aurélien par Ulpius Crinitus, en 258 (Vita Aureliani, 10, 3 ; 12, 3 ; 14, 4-7 ; 15, 1-2) — n’est connue que par les inscriptions et les monnaies.

Aucune des huit inscriptions qui lui sont dédiées : C. I. L., III, 472 (Smyrne) ; V, 29 (Pola), 3330 (Vérone) ; IX, 2327 (Allifa) ; XI, 2099 (Clusium) ; — C. I. G., 2349 (Andros) ; — Bullet. du Comité des Trav. Histor., 1893, p. 222, n° 51 = R. CAGNAT, Ann. Epig., 1894, n° 59 (Hr Dzemda, Proconsulaire) ; — W. R. PATON, Sites in E. Karia and S. Lydia (Journal of Hellenic Studies, XX, 1900, p. 80 = H. CAGNAT, Ann. Epigraph., 1900, n° 145) (Boghdaylik), ne peut être datée L’inscription de Clusium est fragmentaire ; le nom et le titre de Severina ont disparu. Sur les sept autres inscriptions, il n’y en a qu’une, l’inscription d’Iienchir Dzenida, où Severina ne porte pas le titre d’Augusta (Ulpiæ Severinæ Piæ conjugi Domini nostri...) ; cette dédicace est probablement antérieure à l’époque où Severina a reçu le titre d’Augusta.

Les monnaies permettent de fixer cette date. Il n’y a pas de monnaies alexandrines de Severina antérieures à la VIe année alexandrine d’Aurélien (29 août 274 28 août 275). Toutes sont des années VI et VII (29 août 275/28 août 276). — D’autre part, les monnaies d’Empire, frappées au nom de Severina, sont toutes postérieures à la grande réforme monétaire de 274.

Or : Légende Concordiæ Militum. — Pièces frappées, après la réforme, à Rome et probablement aussi à Siscia (Th. ROHDE, loc. cit., Catal., n° 450 et 451).

Antoniniani. — Les Antoniniani de Severina, qui portent tous le signe de valeur de la IIIe période monétaire (274-275) (voir plus loin, Chap. III), se répartissent de la manière suivante entre les différents ateliers :

Tarraco. — Légende Concordiæ Militum [Th. ROHDE, Catal., n° 430 gr.* ; — Providen(tia) Deor(um) : Id., n° 462-463].

Lyon. — Légende Concordiæ Milit(um) : Id., n° 459.

Rome. — Légende Concordia Aug(usti) : Id., n° 455 ; Concordiæ Militum : Id., n° 456 gr.*. — Cf. les demi-Antoniniani : Légende Lætitia Aug(usti) : Id., n° 464 ; Venus Felix : Id., n° 465. — Peut-être ces deux légendes commémorent-elles la collation du titre d’Augusta à Severina.

Siscia : Légende Concord(iæ) Militum : Id., n° 458.

Serdica : Légende Concord(iæ) Augg. : Id., n° 453-434.

Cyzique : Légende Concordiæ Militum : Id., n° 450 gr.*.

Antioche : Légende Concordia Aug(usti) : Id., n° 452 ; Concordiæ Militum : Id., n° 456-457.

Bronze. — Moyen bronze : Légende Juno Regina : Id., n° 406. — Il faut mentionner aussi trois grands bronzes, qui portent au droit l’effigie d’Aurélien ut au revers, celle de Severina : Th. ROHDE, Catal., n° 447 à 149. — Ces monnaies, frappées à Rome, sont probablement des pièces de commémoration, émises au moment où Severina reçut le titre d’Augusta.

Ulpia Severina est devenue Augusta, soit peu de temps avant le 29 août 274, puisqu’il n’y a pas de monnaies alexandrines de la Ve année (29 août 273 28 août 274), qui portent son nom, soit peu de temps après. — L’inscription de Pola (C. I. L., V, 29) lui donne le titre de Mater Castrorum.

[42] Sur leur carrière, voir Appendice II.

[43] C. I. L., XII (Grenoble), 2228.

[44] C. I. L., XII, 1551 (Forest-Saint-Julien, Isère). — B. BORGHESI, Œuvres, X, p. 141.

[45] Voir pour les Fastes Consulaires, Appendice II.

[46] ZOSIME, I, 60.

[47] Voir pour les Fastes Consulaires, Appendice II.

[48] G. TOMASSETTI, Note sui Prefetti di Roma, Museo Italiano di Antichita Classica, III, p. 57. — Voir Appendice II.

[49] J. KLEIN, Fasti Consulares, Leipzig, 1881, p. 110.

[50] L’inscription de Rome C. I. L., VI, 1416 mentionne son consulat et non sa préfecture. Elle est antérieure à 271, date de cette dernière. — Cf. Appendice II.

[51] J. KLEIN, loc. cit., p. 110.

[52] P. Cornélius Sæcularis, préfet de la Ville de 238 à 260 (G. TOMASSETI, loc. cit., p. 56) ; — M. Nummius Ceionius Annius Albinus, id., de 261 à 263 (Id., p. 56) ; — (Aspasius) Paternus, id., de 264 à 266 (Id., p. 56).

[53] C. I. L., XII, 15M ; — B. BOBOHRSI, Œuvres, X, p. 141. — La Vita Aureliani (48, 3), mentionne un préfet du Prétoire, à la date de 274, mais sans donner son nom. Selon la Vita Taciti (8,3), le préfet du Prétoire à l’avènement de Tacite (fin septembre 275) était Mœsius Gallicanus : ce nom n’est pas plus sûr que ceux des autres fonctionnaires cités par l’Histoire Auguste dans la seconde moitié du IIIe siècle.

Il faut faire la même réserve pour le seul préfet de l’Annone du règne, dont le nom soit connu, Flavius Arabianus, mentionné par la Vita Aureliani (47, 2), dans un document falsifié.

[54] La question de savoir si la division définitive de l’Italie en provinces est l’œuvre de Dioclétien ou lui est antérieure, a souvent été discutée. B. BORGHESI, Œuvres, V, p. 416 ; C. JULLIAN, De la réforme provinciale attribuée à Dioclétien (Rev. Historiq., 1882 2, pp. 339-343) ; — les Transformations politiques de l’Italie sous les Empereurs Romains, Paris, 1884, pp. 149-155, pensent que la division de l’Italie en provinces, administrées d’une manière permanente par des correcteurs a eu lieu sous Aurélien. — Th. MOMMSEN [(Ephem. Epig., I, 140 sqq.) ; — Droit public Romain (trad. franc.), V, pp. 394-345 ; — Die Italischen Regionen, dans les Beiträge zur allen Geschichte und Géographie, Festschrift für H. Kiepert, Berlin, 1898, p. 108] ; — J. MARQUARDT [(Organisation de l’Empire romain, trad. franc.) II, p. 150, not. 5], attribuent cette innovation à Dioclétien (cf., pour l’ensemble de la question et la bibliographie, A. VON PREMERSTEIN, article Correctores, dans la Real Encyclop. de PAULY-WISSOWA, IV, pp. 1653-1634).

Les faits connus sont les suivants :

1° Aurélien, en 274, a nommé Tetricus correcteur de Lucanie (Vita Aureliani, 39, 1 ; — AUREL. VICT., Cæsar., 35, 5 ; — Epitomé, 33, 7 ; — EUTROPE, IX. 13,2). Les Vitæ XXX Tyrannorum [24 (Tetric. Sen., 5)] disent, de toute l’Italie : Correctorem totius Italiæ fecit, id et Campaniæ, Samni, Lucaniae Brittiorum, Apuliae Calabriae, Etruriae atque Umbriae, Piceni et Flaminiae omnisque annonariae regionis.

2° M. Aurelius Julianus, qui sec proclama empereur sous Carinus [Epitomé, 38, 6 ; — JEAN D’ANTIOCH., Fragm. Histor. Græc., éd. C. Müller, t. IV, p 600 : — POLEM. SILVUS, Chronic. minor., éd. Th. Mommsen, I. p. 522 ; — H. COHEN 2, VI, p. 410), était au moment de son usurpation correcteur de Vénétie (AUREL. VICTOR, Cæsar., 39, 10 : Cum Venetos correctura ageret.

3° Une inscription de Pouzzoles (C. I. L., X, 304*), rangée à tort (E. KLEBS, die Sammlung der Scriptores Historiæ Augustæ, Rhein. Mus., XLVII, 1892, p. 14), par Th. MOMMSEN, au nombre des Inscriptions fausses, nomme un certain Rufius Volusianus, V(ir) C(larissimus), correcteur de Campanie. Cette correcture se place en 282-283, sous Carinus. (Cf. C. I. L., X, 1655, où le même personnage est dit Iterum Corrector : date 282-283.)

Un certain nombre de correcteurs du règne de Dioclétien, antérieurement au début du IVe siècle, portent encore le titre de Correctores Italiæ (Pætus Honoratus : C. I. L., V, 2817 ; COD. JUSTIN., IX. 2. 9 ; — Acilius Clarus : C. I. L., V, 8205 ; — C. Ceionius Rufius Volusianus mentionné plus haut : C. I. L., VI, 1707 ; — Aelius Marcianus : C. I. L., XI, 1594 ; — Numidius : COD. JUSTIN., VII, 35, 3). Un autre, au contraire, ne porte pas ce titre : P. Helvius Aelius Dionysius, Cons(ularis) Vir Corrector Campaniæ : C. I. L., X, 6084. Enfin T. Flavius Postumius Titianus, est nommé Corrector Campaniæ, Corrector Italiæ (regionis) Transpadanae : C. I. L., VI, 1418-1419.

Les seules conclusions qu’on puisse tirer de ces faits, sont les suivantes :

1° Il y a eu, avant Dioclétien, des correcteurs particuliers à certaines régions de l’Italie, Tetricus en Lucanie, Julianus en Vénétie, Rufus Volusianus en Campanie ; mais cela n’implique nullement qu’il y en ait eu dans toutes et que, dès Aurélien, l’Italie ait été définitivement divisée en provinces. Sous Dioclétien même, avant le début du IVe siècle (cf. A. V. PREMERSTEIN, loc. cit.), on ne trouve de correcteurs régionaux que pour la Campanie (2), pour la Vénétie (1) et la Transpadane (1). De ces trois provinces, deux, la Campanie et la Vénétie, avaient déjà des correcteurs avant Dioclétien.

2° Les correcteurs, depuis le règne d’Aurélien, sont permanents. C. Ceionius Rufius Volusianus, correcteur de Campanie en 282-283 (C. I. L., X, 304* ; cf. X, 1650), est dit, sur une inscription postérieure (C. I. L., VI, 1707) : Corrector Italiæ per annos octo.

3° Le titre officiel de ces correcteurs d’Italie, délégués dans certaines régions semble avoir été : Corrector Italiæ regionis Lucaniæ (ou toute autre). T. Flavius Postumius Titianus porte, sous Dioclétien, le titre de Corrector Italiæ regionis Transpadanæ (C. I. L., V, 1418-1419). (Cf. l’analogie du premier Juridicus d’Italie, Arrius Antoninus : C. JULLIAN, les Transformations, loc. cit., p. 172.

4° Le plus ancien des textes qui donnent à Tetricus le titre de correcteur de Lucanie, est la Vita Aureliani, écrite en 305/306. Les Vitæ XXX Tyrannorum, qui en font un correcteur de toute l’Italie, ont été écrites antérieurement entre 298 et 303 (H. PETER, die Scriptores Historiæ Augustæ, pp. 36-38). — Or ce n’est qu’à partir des premières années du IVe siècle, que le titre de Corrector Italiæ disparaît des inscriptions. Il y a là certainement plus qu’une coïncidence ; l’organisation définitive des correctures provinciales italiennes doit se placer vers 300. La vie de Tetricus (Vitæ XXX Tyrannorum, 24), écrite peu auparavant, donne à Tetricus son titre officiel de Corrector Italiæ, mais sans mentionner la région de Lucanie, dans laquelle il fut délégué par Aurélien ; la Vita Aureliani, écrite après la réforme, ne désigne plus Tetricus sous le titre de Corrector Italiæ, qui avait disparu du vocabulaire administratif, mais lui donne celui de Corrector Lucaniæ, qui dès lors était seul en usage.

[55] La réforme, qui séparait dans l’administration des provinces, les pouvoirs civil et militaire, et substituait, dans les gouvernements provinciaux, les chevaliers viri perfectissimi aux légats sénatoriaux, n’est pas l’œuvre d’Aurélien. L’initiative de cette transformation appartient à Gallien. Gallien a pris deux mesures : il a enlevé aux sénateurs les commandements militaires et, en particulier, le commandement de la légion ; d’autre part, il a remplacé dans un certain nombre de provinces, sinon dans toutes, les légats sénatoriaux par des chevaliers. Les deux réformes sont corrélatives. — Pour toutes deux, Gallien a procédé d’une manière indirecte et graduelle ; il n’a pas remplacé purement et simplement les sénateurs par des chevaliers.

Le Præfectus castrorum avait toujours été le suppléant naturel et ordinaire du légat sénatorial, dans le commandement de la légion ; les premiers préfets équestres, substitués par Gallien au légat, n’exercent leur pouvoir que par délégation ; leur commandement n’est qu’une suppléance. Ils portent le titre officiel de Præfectus legionis agens vices legati. C. I. L., III, 3424 (Aquincum), date 267 : Valerius Marcellinus, Præfectus legionis, protector Augusti nostri, agens vices legati ; — Id. 4289 (Brigetio) ; date 279, sous Claude : Aurelius Superinus Præf(ectus) leg(ionis) I Adjudicis, agens vices legati ; — Id. 3469 (Aquincum) : date 284, sous Carinus : Ælius Paternianus, Vir Egregius, Præfectus legionis II Adjudicis, agens vices legati.— Au contraire, sur les deux inscriptions, C. I. L., III, 3525 (= Supplém., 10.492, de 268, sous Claude : Ælius Frontinus Præf(ectus) leg(ionis) et C. I. L., III, Supplém., 10.406, de 290 : Aurelius Firminus, Præfectus legionis II Adjudicis, — le titre du préfet est donné sous une forme abrégée.

Gallien a suivi le même système pour les gouvernements provinciaux : C. I. L., III, 3424 (Aquincum), date 267 : T. Clementius Silvius V(ir) E(gregius) agens vices præsidis (Pannoniæ Inferioris). — Deux inscriptions de Dérat (Pays de Moah : Arabie). (Millheilungen des Deutschen Palästina Vereins, 1896, p. 40 et 1899. p. 58. - R. CAGNAT, Ann. Epig.. 1897, n° 129 ; 1900, n° 160), sont dédiées à Gallien. La plus ancienne est datée de la 158e année de l’ère de Bostra (= 263, Mill. d. Pal. Ver., 1899, p. 58) ; sur l’autre, la date est mutilée. Toutes deux mentionnent le gouverneur de la province. La province d’Arabie était donc gouvernée, en 263, par Statilius Ammianus, Vir Egregius agens vices præsidis (les titres et le rang du personnage sont les mêmes que sur l’inscription d’Aquincum mentionnée plus haut : C. I. L., III, 3424), et un peu plus tard par Julius Olympus, Vir Perfectissimus Præses.

Dans les deux cas, le système est le même. Officiellement, le préfet de légion n’est que le suppléant du légat légionnaire comme le gouverneur équestre de province n’est, en ce qui concerne l’administration civile, que le suppléant du légat sénatorial, le pouvoir militaire étant attribué à un dux. — Les empereurs devaient peu a peu renoncer à cette fiction : déjà sous Gallien on trouve un chevalier gouverneur en titre d’Arabie : Julius Olympus, Vir Perfectissimus Præses. — Sous Aurélien, après 273, le gouverneur de Mésie Inférieure était de rang équestre. (Archäol. Epig. Mitth. Œsterr. Ung., XVII. 1894, p. 188, n° 45) Une autre inscription de Mésie Inférieure dédiée à Aurélien (C. I. L., III, Supplém., 14.460), au contraire, mentionne un légat sénatorial dont le nom est martelé. Elle est probablement antérieure à la précédente : s’il en était ainsi, la substitution du præses équestre au légat sénatorial en Mésie Inférieure serait l’œuvre d’Aurélien et se placerait vers 273. — Après Aurélien, on trouve de même des præsides équestres en Dalmatie, à la date de 277 (C. I. L., III, Supplém., 8707 : Aurelius Marcianus V(ir) P(erfectissimus) Præses provincial Dalmatiæ : cf. en 280. C. I. L., III, 1805 Narona : M. Aurelius Tiberianus Vir Perfectissimus Præses provinciæ Dalmatiæ : en Arabie, à la date de 278-279 (WADDINGTON, loc. cit., n° 1909 = C. I. G. 4649) ; en Numidie, à la date de 283 (C. I. L., VIII, 2529, 2530, 2643, 2663, 4578, 7002 : M. Aurelius Decimus V(ir) Perfectissimus Præses Numidiæ.

Les éléments nous manquent pour déterminer dans quelle mesure Aurélien a contribué à cette transformation. Les derniers légats sénatoriaux connus avec certitude sont pour la Mésie Inférieure, Post(uminus ?), sous Decius (249-251 : C. I. L., III, Supplém., 12.515) ; pour la Dalmatie, Claudius Herennianus, sous Philippe (244-249 : C. I. L., III, Supplém., 10.114) ; pour l’Arabie, M. Ælius Aurelius Théo, sous Valérien et Gallien (C. I. L., III, 89, 90) ; pour la Numidie, un inconnu légat proprætore au temps de Gallien (C. I. L., VIII, 2797, et p. 1139, col. 2 ; — PALLU DE LESSERT, Fastes des provinces Africaines, Paris, 1896, I, pp. 451-452, 434-456). Une autre inscription (C. I. L., VIII, 2571 = Supplém. 18.057, et p. 954 : — cf. PALLU DE LESSERT, loc. cit., pp. 452-453) concerne un gouverneur de Numidie à la date de 268 ; mais le nom a disparu et l’inscription est trop mutilée pour qu’on puisse en tirer une conclusion précise. — L’inscription C. I. L., VI, 1641, nommant un Præses Germaniæ Inferioris V(ir) P(erfectissimus) se place dans la seconde moitié du IIIe siècle, avant Dioclétien, mais on ne peut en fixer la date avec précision.

Il est très possible — on ne peut rien dire de plus — que la séparation des pouvoirs civil et militaire et la création de præsides équestres en Mésie Inférieure, en Dalmatie et en Numidie, soit l’œuvre d’Aurélien. De même, lorsque Marcellinus, en 272, reçut l’administration de l’Orient tout entier (ZOSIME, I, 60), les gouverneurs de provinces qui lui furent subordonnés, étaient probablement déjà tous (cf. Julius Olympus, en Arabie, sous Gallien, mentionné plus haut) des gouverneurs équestres.

[56] C’est peut-être sous Aurélien que se place la constitution en province particulière, de la Novempopulanie, qui avait fait jusque-là partie de l’Aquitaine. Cette mesure résulte de l’inscription d’Hasparren (C. I. L., XII, 412), qui est de la fin du IIIe siècle (O. HIRSCHFELD, Aquitanien in der Römerzeit, dans les Sitzberich. der Preuss. Akad. der Wissensch., 1896, I, pp. 428-456 ; — et au Corpus, loc. cit. ; — J. MARQUARDT, Organisation de l’empire romain, trad. franc., II, p. 150, n° 5 ; — P. VIOLLET, Histoire des Institutions politiques et administratives de la France, Paris, 1890, I, p. 61).