DEUXIÈME PARTIE. — LA DÉFENSE DU DANUBE. LA RECONSTITUTION DE L’UNITÉ IMPÉRIALE (270-274).
Texte numérisé par Marc Szwajcer
L’Orient définitivement soumis, Aurélien rentra directement en Europe et regagna le Danube, où, pendant son absence, il ne s’était pas produit de nouveaux troubles. Il lui restait, pour achever la reconstitution de l’unité impériale, rompue depuis quinze années, à renverser l’empire gallo-romain. Sa présence à Rome n’était pas nécessaire ; le Sénat, contenu par ses victoires, n’avait plus rien osé tenter contre lui. Décidé à en finir immédiatement avec Tetricus, il marcha sur la Gaule[1], vraisemblablement — les textes ne le disent pas — par la route du Danube, qui était la plus courte. Depuis l’avènement d’Aurélien, la situation de l’empire gallo-romain n’avait fait que s’aggraver. Partout le désordre était à son comble. Les invasions se multipliaient ; les côtes de Bretagne et de Gaule étaient ravagées par les pirates francs et saxons[2], qui pénétraient dans l’intérieur du pays en remontant les cours d’eau. Le Limes Transrhénan, dont quelques castella, situés au Sud du Main, avaient pu résister aux invasions, venait d’être définitivement perdu[3]. La Gaule était envahie. Les textes ne donnent aucune indication précise sur ces combats ; nous savons seulement que Tetricus eut beaucoup à lutter contre les envahisseurs[4] et qu’Aurélien, à la fin de 273, trouva les Germains en Gaule[5]. L’invasion, à en juger par la répartition des dépôts monétaires[6], eut une grande extension : elle ne s’arrêta pas— ce qui avait été généralement le cas jusqu’au temps de Postumus — à la ligne de la Loire, mais se répandit au Sud. Aux calamités de l’invasion se joignaient les discordes intestines. Dans les premiers temps de son règne, Tetricus, quoiqu’il fut étranger à l’armée du Rhin par son origine et sa carrière, avait été bien accueilli par les légions. Il n’avait pas eu de compétiteur, et on avait pu croire que le gouvernement civil, inauguré parle nouvel empereur, avait eu raison de l’insubordination des soldats. Mais cette illusion fut passagère ; l’armée se lassa d’un empereur dont les tendances pacifiques lui déplaisaient et dont le règne se prolongeait trop. Les événements qui se passèrent alors sont peu connus. Il y eut de nombreuses séditions. Faustinus, gouverneur d’une des provinces gauloises (probablement une des deux Germanies), gagna une partie de l’armée et intrigua contre Tetricus. Il semble même avoir pris le titre impérial[7]. Tetricus eut encore raison du mouvement et réussit à se maintenir ; mais son autorité était ruinée et le gouvernement civil qu’il avait tenté d’établir, définitivement condamné. Enfin, la situation économique de l’empire gallo-romain était lamentable ; la monnaie, de frappe barbare, n’avait plus aucune valeur[8]. Cependant, malgré toutes ces causes de ruine, Tetricus, s’il l’avait voulu, aurait pu tenir tète à Aurélien. Il disposait de sept légions, les trois légions de Bretagne et les quatre des deux Germanies ; il était facile de lever d’autres troupes en Gaule et en Bretagne, où les éléments de recrutement ne manquaient pas. En 197, à la bataille de Lyon, Albinus, qui n’avait sous ses ordres que les trois légions de Bretagne, avait cependant, grâce aux nombreuses levées faites en Gaule, réuni contre S. Sévère 150.000 combattants. L’armée gallo-romaine ne demandait qu’à se battre, non par dévouement pour Tetricus, mais afin de sauver l’empire, qui était son œuvre propre. Son orgueil et son intérêt étaient également en jeu ; tant que l’empire gallo-romain serait debout, elle avait la certitude de ne jamais être envoyée au loin, pour renforcer les armées du Danube ou de l’Euphrate. L’armée d’Aurélien avait été fort réduite par les deux campagnes d’Orient. Tetricus, en concentrant ses troupes, pouvait facilement avoir la supériorité numérique. Mais les séditions de ses troupes et la dissolution continue de son empire l’avaient entièrement découragé. La population de la Gaule s’était détachée d’un gouvernement qui ne pouvait ni arrêter les invasions germaniques, ni réprimer les désordres intérieurs : elle souhaitait le retour à l’unité romaine. Tetricus le savait, et, à la fois par faiblesse de caractère et par résignation en présence de l’inévitable, il était résolu à une capitulation dans laquelle il voyait une délivrance. Il entra en négociations avec Aurélien et, lui citant, disent les textes[9], le vers de Virgile : Eripe me his, invicte, malis, le supplia de venir à son secours[10]. Dans ces conditions, la campagne devait être courte. Nous n’avons aucune indication précise sur la marche d’Aurélien : nous savons seulement que les deux armées se rencontrèrent aux environs de Châlons[11]. La plaine de Champagne où venaient converger les routes de Castra Vetera et de Bonn, par Trêves, de Mayence, par Trêves et Metz, et de Strasbourg, était le point naturel de concentration pour les légions du Rhin. Aurélien, vraisemblablement venu par la vallée du Danube, dut gagner Châlons par la vallée de la Saône et la grande route d’Andematunnum. La bataille fut acharnée ; les troupes du Rhin[12] combattirent avec vaillance ; mais, au milieu du combat, Tetricus les abandonna et passa à l’ennemi[13]. Déconcertées par cette trahison, elles furent taillées en pièces[14]. Aurélien remporta une victoire complète. La victoire de Châlons décida du sort de la Gaule. Légalement, depuis que Tetricus avait déserté son poste, l’empire gallo-romain n’existait plus. La masse de la population était favorable à Aurélien ; il n’y eut plus de résistance. La Bretagne, qui avait suivi la Gaule dans sa défection, fut soumise en même temps qu’elle[15]. Tandis qu’il avait fallu une année et deux campagnes pour réduire Palmyre, l’empire gallo-romain tomba d’un seul coup ; la reconquête de la Gaule et de la Bretagne avait à peine demandé quelques semaines. Après avoir pourvu à l’administration de la Gaule[16] et de la Bretagne, Aurélien, laissant le commandement à Probus, partit pour Rome d’où il était absent depuis deux ans. Probus expulsa les Germains qui avaient envahi la Gaule, battit les Francs dans les régions marécageuses du Bas Rhin, les Alamans sur le Haut Rhin et rétablit, au moins partiellement, la défense du Limes[17]. |
[1] Pour la chronologie de la campagne de Gaule, voir la note 3 du chapitre III de cette deuxième partie.
[2] De nombreux trésors monétaires, découverts dans les régions côtières de Bretagne et de Gaule, montrent l’extension de ces invasions maritimes :
Bretagne : Côte orientale. — Trésor de Nunburnholme [Yorkshire : C. ROACH SMITH, Notes on some Discoveries of Roman Coins in Gaul and Britain (Numism. Cronicl., 1881. p. 26) ; — Ad. BLANCHET, loc. cit. (Monnaies de Grande Bretagne), n° 24]. — Monnaies jusqu’à Aurélien.
Trésors de Frampton, Evenley, Verulam [ASSHETON POWNALL, Account of a Find of Roman coins at Lutterworth (Numism. Cronicl., 1871, pp. 169 sqq.) : — Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 15-18 ]. — Monnaies jusqu’à Quintillus.
Trésors de Cambridge (Fr. LATCHMORE, Numism. Cronicl., 1889, p. 332 : — Ad. BLANCHIT, loc. cit., n° 30). — Monnaies jusqu’à Aurélien.
Côte de la Manche. — Trésor de Springhead (embouchure de la Tamise : [C. ROACH SMITH, Discovery of a hoard of Roman Coins (Numism. Cronicl., 1887, pp. 312-314] ; — Cf. Ad. BLANCHET, toc. cit., n° 22. — Monnaies jusqu’à Tetricus.
Trésor de Deal (Kent : ASSHETON POWNALL, loc. cit. ; — cf. Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 23). — Monnaies jusqu’à Aurélien.
Trésor de Benwell (Kent : G. ROACH SMITH, loc. cit., p. 26 ; — Ad. BLANCHBT, loc. cit., n° 25). — Monnaies jusqu’à Aurélien.
Trésor d’Eastbourne (Sussex : C. ROACH SMITH, loc. cit., p. 27 ;— Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 25). — Monnaies jusqu’à Aurélien.
Trésor de l’abbaye de Netley (Hampshire : Id., p. 28 ; — Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 27). — Monnaies jusqu’à Aurélien.
Trésor de Falmouth (Cornouailles : Numism. Cronicl., 1871, p. 175). — Monnaies jusqu’à Victorinus.
Côte occidentale. — Trésor de Gwindy (Pays de Galles : Numism. Journal, I, 1836-1837, p. 35 : — Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 28). — Monnaies jusqu’à Aurélien.
Trésors de la forêt de Dean [Gloucestershire : M. E. BAONALL OAKELEK, Roman Coins found in the Forest of Dean (Numism. Cronicl., 1882 pp. 52-56) ; — cf. Ad. BLANCHET, loc. cit., n° 9-14].
Gaule. — Les trésors se répartissent sur toute l’étendue du littoral, de la mer du Nord à la Garonne ; ils sont surtout nombreux sur les côtes de la Manche et de l’Océan, jusqu’à la Loire.
Trésors de Boubers (Pas-de-Calais : Ad. BLANCHET, Catal., n° 25), de Bricquebec (Manche : Id., n° 427), de Saint-Symphorien (Id. : Id., n° 432), de Pommery-le-Vicomte (Côtes-du-Nord : Id., n° 445), de Quévert (Id. : Id., n° 458), de Chemin-Chaussée (Id., n° 460), de Kerrero (Morbihan : Id., n° 217), de Dissais (Vendée : Id., n° 575), de Gardone (Gironde : Id., n° 598), de Saint-Christoly (Id., n° 599), etc. : monnaies finissant avec Tetricus.
Trésors d’Estrée Warmin (Pas-de-Calais : Id., n° 23), de Menneville (Id. : Id., n° 27), de Bretteville (Calvados : Id., n° 413), de Plourhan (Id., n° 449), de Guipavas (Finistère : Id., n° 462) : monnaies finissant avec Claude.
Trésors de Salpenwick (Pas-de-Calais, Id., n° 21), La Cainbe (Calvados : Id., n° 418), Vieux-Clos (Calvados : Id., n° 412), etc. : monnaies finissant avec Quintillus. — Cf. sur ces incursions des pirates francs et saxons, XLVIIe Congrès Archéolog. (Arras, 1880, pp. 207-220).
[3] Un grand nombre des Castella situés au Sud du Main, particulièrement ceux du grand-duché de Bade actuel (K. BISSINGER, Funde Römischer Münzen im Grossherz. Baden, Karlsruhe, 1887-1889, cf. Zeitschr. fur Geschicht. des Oberrheins, 1889, pp. 273-282), avaient succombé au plus tard dans les premières années du règne de Gallien. Les séries monétaires s’arrêtent à Osterburken (der Obergermanisch Rætische Limes des Römerreiches, n° 40) avec Gallus ; à Böckingen (Id., n° 56), avec Gordien III ; à Walheim (Id., n° 57), avec Elagabal ; à Heidenheim (Id., n° 66), avec Sévère Alexandre ; à Waltdürn (K. BISSINGER, loc. cit., n° 232-233), avec Philippe. — Les autres furent enlevés par les Germains sous Tetricus, vers 270 ; les séries monétaires d’Œhringen, l’ancien Vicus Aurelii, en Wurtemberg (O. KELLER, Vicus Aurelii, Bonn, 1872, p. 5 ; der Obergerm. Rætische Limes des Romerr., n° 42), de Jagsthauaen (W. NESTLE, Funde antiker Münzen im Königreich Wurtemberg, Stuttgart, 1893, p. 21), s’arrêtent avec Tetricus, pour ne reprendre qu’au temps de la tétrarchie Trois trésors, trouvés à Künzelsau, en 1853 (W. NESTLE, loc. cit., p. 77, n° 168), Unterhorgen, en 1837 (Id., p. 13, n° 263), et Geradstetten (Id., p. 81, n° 189), ont été enfouis sous Tetricus : ils ne contiennent aucune pièce qui soit postérieure à cet empereur. Un autre trésor, trouvé à Schwenningen en 1838 (Id., pp. 12-13, n° 117), enfoui peu après 284, est composé de la manière suivante : une série monétaire régulière de Philippe à Tetricus (1 Philippe, 3 Gallus, 2 Valérien, 36 Gallien, Salonine, Salonin, 11 Postumus, 10 Victorinus, 1 Marius. 23 Claude et 26 Tetricus père et fils), plus 1 Carinus ; la série régulière s’arrête avec les monnaies de Tetricus. L’interruption se place vers 210 : car il y a des monnaies de Claude, et aucune de Quintillus ou d’Aurélien.
[4] Vitæ XXX Tyrann., 24 (Tetric. Sen.), 2 : Cum multa Tetricus feliciter gessisset.
[5] AURELIUS VICTOR, Cæsar., 35, 1.
[6] L’extension de celte invasion résulte des nombreux trésors monétaires trouvés sur le territoire de la Gaule. Si l’on met à part les enfouissements des départements côtiers, déterminés par les pirateries des Saxons et des Francs, les trouvailles monétaires dont les dernières pièces sont au nom de Quintillus ou des deux Tetricus (il faut exclure toutes celles qui contiennent des monnaies d’Aurélien et peuvent se rapporter à la grande invasion de 273, sous Tacite), se répartissent de la manière suivante :
a) Pays entre Rhin et Seine : 26 trouvailles. Belgique : Howarderie (Ad. BLANCHIT, loc. cit., Catal., n° 645), Bouffioux (Id., n° 641)), Sainte-Cécile (Id., n° 690), Trésogne (Id., n° 706), Tournai (Id., n° 644), Harzenberg (Id., n° 132), Eihlernach (Id., n° 714), Septfontaines (Id., n° 735), Lenningen (Id., n° 726), Welscheid (Id., n° 729) : — Luxembourg : Schlindermanscheid (Id., n° 728), Lintgen (Id., n° 727). — Provinces Rhénanes : Schwarzbruch-Orscholz (Id., n° 781), Mehrhoog (Id., n° 736), Ahrweiler (Id., n° 751), Aeflen (Id., n° 756) Horschausen (Id., n° 761), Huttendorf (Id., n° 782). Büpperich (Id., n° 783). — Lorraine : Metz (Id. n° 791). — France : Rembercourt Meuse : Id., n° 104). Villeselve (Oise : Id., n° 58), Langres (Haute-Marne : Id., n° 115), Vesvre (Marne : Id., n° 128), Jonchery (Id. : Id., n° 133). Vitry-en-Perthois (Id. : Id., n° 149).
b) Pays entre Seine et Oise. — 12 Trouvailles : Bouxeuil (Loir-et-Cher : Id., n° 497), Mont-Barbe (Côte-d’Or : Id., n° 239), Merry-sur-Yonne (Yonne : Id., n° 246), Autun (Saône-et-Loire : Id., n° 293), Ymonville (Eure-et-Loir : Id., n° 475), Le Pré-Haut (Loiret : Id., n° 482), Dordives (Id., n° 484), Cheray (Sarthe : Id., n° 521), Oisseau-le-Petit (Id., n° 518), La Chapelle (Id., n° 524), Beaumont (Mayenne : Id., n° 530), Les Bordes (Loiret : Id., n° 487).
c) Pays entre Loire et Garonne : 8 Trouvailles. — La Dierse (Haute-Vienne, Id., n° 568), Beringer (Cantal : Id., n° 562), Mauzé (Deux-Sèvres : Id., n° 588). Curzay (Vienne : Id., n° 570), Clémont (Cher : Id., n° 551), Bourganeuf (Creuse : Id., n° 363), Le Puy (Vienne : Id., n° 373) Bengy-sur-Craon (Cher : Id., n° 549).
d) Pays entre Garonne et Pyrénées : 2 trouvailles. — Hasparren (Basses-Pyrénées : Id., n° 618), Martres (Haute-Garonne : Id., n° 621).
e) Vallée de la Saône et du Rhône : 9 trouvailles. — La Battue (Haute-Savoie : Id., n° 177), Saint-François-en-Beauges (Id. : Id., n° 179), Sevrier (Id. : Id., n° 173), Tournon (Ain : Id., n° 311), Embrun (Hautes-Alpes : Id., n° 220), Dijon (Côte-d’Or : Id., n° 234 bis), Mondelot-Mavilly (Id. : Id., n° 235), La Vineuse (Saône-et-Loire : Id., n° 285), Anglefort (Ain : Id., n° 301).
f) Suisse. — Kempralen (canton de Zurich ; Id.. n° 843).
Le plus grand nombre des trouvailles monétaires appartient il la Belgique, et, particulièrement à la région des Ardennes. C’était la grande voie d’invasion entre le Rhin et la Gaule du Nord (Cf. J. KEIFFER, Précis des découvertes archéologiques faites dans le grand-duché de Luxembourg de 1845 à 1891, dans la Rev. Archéol., 1898, pp. 122 à 124).
[7] AURELIUS VICTOR, Cæsar., 35, 4 : Tetricus cum Faustini præsidis dolo corruptis militibus plerumque peteretur ; — POLEM. SILVIUS (Chronic. Minor., I, éd. Th. Mommsen, p. 522) : Sub quo (Aureliano) Victorinus, Vabalathus et mater ejus Zenobia, vel Antiochus, Romæ Felicissimus, duo Tetrici pater et filius.... sive Faustinus Treveris Tyranni fuerunt.
[8] Th. MOMMSEN, Hist. de la Monnaie Romaine (trad. Blacas), III, p. 94 ; — E. FERRAY, Le Trésor militaire d’Evreux (Rev. Nunism., 1892, pp. 21-22).
[9] Vitæ XXX Tyrann., 24 (Tetri. Sen.), 3 : — EUTROPE, IX, 13, 1-2.
[10] AURELIUS VICTOR, Cæsar., 35, 4.
[11] L’emplacement de la bataille est indiqué par EUTROPE, IX 13, 1 : Apud Catalaunos : — la Chronique de Saint Jérôme, ad ann. Abrah., 2289, éd. A. Schöne, p. 183 ; — JORDANES (Rom., 290) ; — INCERT. Gratiæ, Actio Constantino Aug., 4 (éd. Bæhr., p. 183) : Catalaunica clades.
[12] Nous ne savons pus si les légions de Bretagne prirent part au combat. Il est fort probable que non, Tetricus, dont la capitulation était réglée a l’avance, dut éviter, autant qu’il le put de renforcer son armée. — C. ROACH SMITH [Note on some Discoveries of Roman Coins in Gaul and Britain (Numism. Cronicl., 1881. pp. 24-31)] pense que plusieurs trésors monétaires, trouvés en Bretagne, ont été enfouis, en 273, par des soldats de Tetricus appelés en Gaule pour combattre Aurélien. Il cite notamment les trouvailles de Nurburnholme (Yorkshire : 456 Victorinus, 1007 Tetricus père, 434 Tetricus fils, 321 Claude, 13 Quintillus, 4 Aurélien), de Henwell (Kent : 915 Gallien, 1678 Victorinus, 696 Claude, 93 Quintillus, 424 Tetricus père, 92 Tetricus fils, 8 Aurélien). d’Eastbourne (Sussex : 42 Claude, 7 Quintillus, 9 Tetricus père, 5 Tetricus fils, 2 Aurélien), de l’abbaye de Netley (Hampshire : 410 Victorinus, 186 Claude, 749 Tetricus père, 255 Tetricus fils, 13 Quintillus, 1 Aurélien). Le petit nombre des monnaies d’Aurélien, dit-il, montre que l’enfouissement a eu lieu en 273, et a été déterminé par le passage des troupes de Bretagne en Gaule. — Il est impossible d’admettre cette conclusion ; les trésors cités par C. ROACH SMITH ne sont pas isolés en Bretagne ; d’autres, qui ne contiennent aucune monnaie d’Aurélien, ont été également enfouis sous Tetricus (trésors de Lutterworth, d’Oundle, d’Evenley, de Verulam. ASSHETON POWNALL (loc. cit.) ; de Tufthorn, M. E. BAGNALL OAKELEY (loc. cit.) ; de Springhead [C. ROACH SMITH, Discovery of a hoard of Roman Coins al Springhead (Numism. Cronicl., 1887, pp. 312-314)]. Tous ces trésors, qui ont été découverts dans la région côtière (cf. plus haut, note 2), appartiennent à une même série. Tous ont été enfouis à l’occasion des invasions maritimes des Francs et des Saxons. — Sur la question, voir E. HUCHER, le Trésor de Plourhan (Annuaire de la Société française de Numismatique, 1889, pp. 353-371).
[13] Vita Aureliani, 32, 3 ; — Vitæ XXX Tyrann., 24 (Tetric. Sen.), 2 ; — AUREL. VICT., Cæsar., 35, 3 et 4 ; — EUTROP., IX, 13, 1 ; — OROSE, VII, 23, 5 ; — Chronique Saint Jérôme, ad ann. Abrah., 2289 (éd. A. Schöne, p. 185) ; — JORDAN., Rom., 290.
[14] AURELIUS VICTOR, Cæsar., 35, 5.
[15] Sur une inscription de Serdica (C. I. L., III, Supplém., 12.333), Aurélien porte le surnom de (Brit)tannicus, qui vient en seconde ligne après celui de Germanicus.
[16] ZONARAS, XII, 27 (III, p. 153 Dind.).
[17] Les victoires sur les Germains sont mentionnées par AURELIUS VICTOR (Cæsar., 35, 1) : Germanis Gallia démolis : et par la Vita Probi (12, 3-4) : Testes Franci in inviis strati paludibus, testes Germani et Alamanni longe a Rheni suinmoti littoribus. — Sur la reconquête du Limes, voir IVe partie, chap. I.