ESSAI SUR LE RÈGNE DE L’EMPEREUR AURÉLIEN (270-275)

 

PREMIÈRE PARTIE — CARRIÈRE PRIVÉE D’AURÉLIEN. L’EMPIRE À SON AVÈNEMENT.

CHAPITRE II. — L’EMPIRE A L’AVÈNEMENT D’AURÉLIEN. - L’EMPIRE GALLO-ROMAIN. - L’ÉTAT PALMYRÉNIEN. - L’EMPIRE ROMAIN.

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

En 270, au moment de l’avènement d’Aurélien, l’unité de l’Empire était rompue depuis douze ans. La défection de la Gaule, sous Postumus, avait eu lieu en 258 ; en Orient, l’empire de Macrianus, bientôt renversé par Odamath et remplacé par l’État Palmyrénien, s’était constitué à la fin de 260. L’Empire, menacé à la fois sur le Rhin et sur le Danube par le renouvellement des invasions germaniques, sur l’Euphrate par la formation du royaume sassanide, n’avait pu résister à tant d’attaques simultanées : il s’était disloqué. La Gaule, à la suite de la terrible invasion de 256-207 qui avait entraîné la perte du Limes germanique, l’Orient, abandonné à lui-même depuis la captivité de Valérien, avaient dû songer à leur propre défense.

Les provinces occidentales — Gaule, Bretagne, Espagne, — d’une part, les provinces orientales, de l’autre, étaient unies par une certaine communauté d’intérêts et de tendances, qui amenait, dans les moments de crise, — le fait s’était vu en 69 et en 19.Î, — la formation de groupements distincts. Les trois grandes années des frontières, — armées du Rhin, du Danube et de l’Euphrate, — recrutées sur place depuis le IIe siècle, rendues peu mobiles par les réformes de S. Sévère et de Sévère Alexandre, étaient intimement liées aux provinces dans lesquelles elles tenaient garnison. Le morcellement de l’Empire se produisit sous la pression des invasions, conformément aux nécessités de la défense et aux tendances particularistes des provinces. Il y avait trois grandes armées, trois frontières à défendre, trois groupes d’envahisseurs : l’Empire se divisa en trois parties. Chacune eut ses ressources, sa tâche particulière, ses ennemis à combattre. L’empire gallo-romain, avec les légions de Germanie, défendit la frontière du Rhin contre les Francs et les Alamans ; l’empire de Macrianus et, plus tard, l’État palmyrénien, avec l’armée d’Orient, l’Euphrate contre les Perses ; l’empire romain, enfin, avec l’armée du Danube, l’Illyricum et les provinces grecques d’Europe, contre les Alamans et les Goths.

I. — L’EMPIRE GALLO-ROMAIN.

La constitution de l’empire gallo-romain fut l’œuvre de Postumus ; la Bretagne et l’Espagne, dont la vie économique était étroitement liée à celle de la Gaule, et qui étaient ravagées, la première par les pirates francs et saxons, la seconde par les Francs, suivirent spontanément la Gaule dans sa défection. Dès le début, Postumus rompit officiellement avec l’empire romain : il prit le titre d’empereur, battit monnaie et mit à mort le fils aîné de Gallien, P. Licinius Cornélius Valerianus, fait prisonnier à Cologne. Gallien marcha deux fois contre Postumus[1] ; mais, rappelé parles invasions danubiennes, il dut le laisser en possession de la Gaule. Du moins il ne consentit jamais à le reconnaître comme empereur.

Postumus ne chercha pas à renverser Gallien et à rétablir l’unité impériale a son profit ; il eut la sagesse de s’en tenir aux provinces qui avaient reconnu son autorité. A l’extérieur, il défendit avec succès la frontière du Rhin, traversa le fleuve à plusieurs reprises, et, sans relever entièrement la ligne du Limes —, la partie située au Nord du Main resta définitivement perdue[2] —, il réussit à conserver, particulièrement dans la vallée du Neckar, un certain nombre de postes avancés[3]. Les Germains, Francs et Alamans, qui avaient envahi la Gaule, furent écrasés. A l’intérieur, il rétablit l’ordre, favorisa le commerce et les travaux publics ; sa monnaie fut supérieure à celle de Gallien.

Tout changea à sa mort. Postumus avait régné dix ans ; ses successeurs, Lollianus, Victorinus, Marius, ne firent que passer. Les compétitions se multiplièrent. Pour mettre fin à l’insubordination des soldats et sauver l’empire gallo-romain, Victorina, mère de Victorinus, toute-puissante en Gaule après la mort de son fils, essaya d’établir un gouvernement purement civil ; elle donna l’empire à un membre de l’aristocratie sénatoriale romaine, Tetricus, gouverneur d’Aquitaine, qui se fit proclamer à Bordeaux.

Mais déjà il était trop tard ; l’empire gallo-romain était en pleine décadence. En 268, à l’avènement de Claude, l’Espagne et une partie de la Narbonnaise orientale revinrent à l’unité romaine[4]. Le mouvement gagna même le centre de la Gaule. Autun, qui avait déjà remué sous Victorinus, se souleva contre Tetricus et appela Claude à son secours ; mais Claude ne put intervenir et la ville dut se rendre après un siège de sept mois[5]. La situation économique s’aggravait de jour en jour ; la monnaie d’or n’était plus frappée qu’exceptionnellement et la pseudo-monnaie d’argent, plus mauvaise encore que celle de Claude, était devenue une pure monnaie de cuivre[6].

Tetricus, pacifique et faible de caractère, découragé déjà, n’était pas capable d’arrêter la désagrégation croissante de l’empire gallo-romain. L’armée du Rhin voulait maintenir l’œuvre de Postumus, mais elle n’aimait pas Tetricus et n’avait aucune confiance en lui. Il n’y avait pas en Gaule de sentiment national anti-romain ; la population civile, lasse de révolutions militaires et rassurée par les victoires de Claude, savait qu’elle aurait plus à gagner qu’à perdre à un changement de régime. Elle devait se prêter avec faveur à la reconstitution de l’Empire.

II. — L’ÉTAT PALMYRÉNIEN.

En 260, Valérien avait été écrasé et fait prisonnier par le roi de Perse Sapor ; les Perses vainqueurs avaient dévasté la Syrie et la Cappadoce ; Antioche avait été enlevée. Les généraux de Valérien, Macrianus et le préfet du prétoire Ballista, réunirent à Hémèse les débris de l’armée romaine d’Orient pour fermer aux envahisseurs la route du Sud et délibérèrent sur les mesures à prendre[7]. Il ne fallait pas compter sur Gallien, alors en guerre avec Postumus et menacé, en Italie même, par l’invasion des Alamans[8]. Macrianus fit proclamer empereurs ses deux fils Macrianus et Quietus : Ballista conserva ses fonctions de préfet du Prétoire.

Le centre du nouvel empire était en Syrie ; l’Asie Mineure et l’Egypte[9] le reconnurent spontanément. L’empire de Macrianus eut un caractère strictement romain ; il ne fut pas plus oriental que celui de Postumus n’était gaulois. Macrianus et Ballista poussèrent vigoureusement les hostilités contre les Perses. Ballista remporta deux victoires en Cilicie ; Sapor dut battre en retraite vers l’Euphrate[10]. Mais Macrianus n’eut pas la sagesse de Postumus. Il pouvait s’en tenir à la possession de l’Orient : il préféra marcher contre Gallien. Laissant en Syrie Quietus et Ballista, il passa en Europe ; battu en Illyricum, il succomba avec son fils aîné Macrianus et l’élite des troupes d’Orient[11].

Gallien, qui n’avait pas renoncé à reconquérir l’Orient, mais qui n’avait pas les moyens d’intervenir lui-même, trouva un auxiliaire précieux, Odænath, prince de Palmyre, vassal de Rome.

Le père d’Odænath[12], Septimius Odænath, avait déjà tenté, quelques années auparavant, de profiter de la rivalité entre la Perse et Rome pour jouer un grand rôle en Orient ; mais ses menées avaient été découvertes, et il avait été mis à mort par Rufinus[13], légat de Syrie ou d’Arabie. Il avait été remplacé successivement par ses deux fils Septimius Hairanes et Septimius Odænath. Ce dernier était déjà prince de Palmyre à la date de 258[14] ; il portait les titres de clarissimus et de consularis, λαμιπρότατος ύπατικός. En 260, il sut habilement profiter du désarroi qui suivit la défaite de Valérien.

Il fit d’abord des avances au roi de Perse, qui les rejeta dédaigneusement[15]. Odænath se tourna alors du côté de Rome. Il se proclama roi de Palmyre[16], et, réunissant quelques troupes palmyréniennes et syriennes[17], il courut à l’Euphrate, pour couper la retraite à l’armée perse. Sapor fut battu et réduit à fuir dans ses États[18].

Odænath avait agi de sa propre initiative ; il affecta de n’être que le mandataire de Gallien et refusa de se rallier à l’empire provincial de Macrianus. Gallien eut l’habileté de se prêter à cette politique, qui sauvegardait, au moins en principe, la souveraineté romaine en Orient. Il reconnut Odænath comme roi de Palmyre et lui conféra, avec le titre de dux, le commandement légal des troupes romaines d’Orient[19]. Odænath marcha alors, au nom de Gallien, contre Quietus et Ballista : tous deux furent tués[20]. L’empire fondé par Macrianus disparut. Théoriquement l’Orient tout entier revint à l’unité romaine. En fait, à l’exception de l’Asie Mineure et de l’Egypte, il fut dès lors sous la domination d’Odænath.

L’empire de Macrianus avait été indépendant, mais purement romain. Odænath n’avait encore que l’autorité subordonnée et exclusivement militaire d’un dux[21], mais c’était un prince oriental, qui poursuivait une politique personnelle et n’affectait la soumission à Rome que pour mieux réaliser ses desseins[22].

De 202 à 264, Odænath, à la tête de l’armée romaine d’Orient, fit la guerre aux Perses[23], reconquit la Mésopotamie, probablement aussi l’Arménie[24], et pénétra jusqu’à Ctésiphon, qu’il ne put enlever ; la frontière de Septime Sévère fut rétablie. A la suite de ses victoires, Odænath reçut de Gallien le titre d’Imperator[25] ; peu de temps après (29 août 266/28 août 267[26]), il fut tué à Hémèse par son neveu Mæonius[27].

Mæonius[28] fut bientôt mis à mort ; le pouvoir revint au fils d’Odænath et de Zénobie, Waballath, qui était encore un enfant[29]. Parmi les titres conférés ou reconnus à Odænath par Gallien, un seul était héréditaire : c’était celui de roi de Palmyre ; les autres — vir consularis, dux, imperator — étaient personnels et viagers. Gallien n’accorda à Waballath aucun des titres qu’avait portés son père : il ne voulait pas laisser la dynastie palmyrénienne s’affermir en Orient. Légalement, Waballath ne fut que roi de Palmyre ; en fait, Zénobie et lui restèrent maîtres des provinces orientales. Gallien tenta de les leur enlever de vive force ; son général Heraclianus fut complètement battu[30].

Claude[31] ne renouvela pas cette tentative, mais, pas plus que Gallien, il ne consentit à reconnaître Waballath comme représentant de l’Empire en Orient[32]. Zénobie et Waballath continuèrent à gouverner l’Orient sans titre légal. Claude, retenu par les invasions danubiennes, laissa faire.

Zénobie[33] eut l’habileté de ne pas rompre ouvertement avec l’Empire ; jusque vers le milieu de l’année 269, la monnaie d’Antioche frappa à l’effigie impériale[34].

A l’intérieur, Zénobie, profitant de cette trêve, s’efforça de constituer l’unité de l’État Palmyrénien. Deux hommes furent les instruments de sa politique : le rhéteur grec Longin, qui devint premier ministre, et l’évoque d’Antioche, Paul de Samosate. Elle espérait, grâce à Longin, gagner l’élément hellénique très puissant en Syrie et en Egypte ; grâce à Paul de Samosate, se concilier la faveur des chrétiens nombreux en Syrie et surtout à Antioche[35].

Vers le milieu de 269, l’Empire se trouva de nouveau en grand danger. Claude était alors aux prises avec les Goths qu’il allait bientôt vaincre à Naïssus. L’occasion était favorable. Zénobie en profita pour achever la constitution territoriale de l’État Palmyrénien par la conquête de l’Egypte et de l’Asie-Mineure. La frappe impériale à l’effigie de Claude, cessa à Antioche, sans être remplacée toutefois par une frappe palmyrénienne[36]. Waballath ne prit pas le titre d’empereur. Zabdas, à la tête des troupes palmyréniennes, conquit l’Egypte et la plus grande partie de l’Asie-Mineure (fin 269-début 270)[37]. Claude venait de mourir. A la nouvelle de l’avènement d’Aurélien, les villes de la Bithynie et, en particulier, Chalcédoine qui commandait le passage de la Propontide, résistèrent avec acharnement et réussirent à repousser les Palmyréniens[38].

III. — L’EMPIRE ROMAIN.

L’empire romain avait été réduit, par la formation de l’empire gallo-romain et de l’empire de Macrianus, à la possession de l’Italie, des pays danubiens, des provinces grecques d’Europe et de l’Afrique. A la chute de Macrianus, il avait recouvré pour quelques années (261-269), l’Egypte et la plus grande partie de l’Asie Mineure. Ainsi réduit territorialement, l’Empire conservait 14 légions (les 12 légions danubiennes, la IIe Parthica, d’Albanum (en Italie) et la IIIe Augusta d’Afrique) : il avait toute la frontière du Danube à défendre.

Sur le Haut Danube, le Limes de Rhétie et le Norique étaient menacés par les Juthunges et les Alamans, établis entre le Main et le Danube, et les Marcomans, qui occupaient la Bohême et la Bavière Orientale ; les deux Pannonies, par les Marcomans et les Quades établis en Basse-Autriche et en Moravie, par les Jazyges qui habitaient entre le Danube et la Theiss. — En Rhétie et en Norique, Gallien réussit à défendre la frontière jusqu’à la fin de 267 ; à ce moment, l’usurpation d’Auréolus désorganisa la défense[39]. Les Alamans franchirent le Danube et pénétrèrent jusqu’en Italie où Claude devenu empereur les écrasa au lac de Garde[40]. — En Pannonie Supérieure, il y eut, vers 260, une invasion de Quades. Gallien, retenu par la guerre contre Postumus, céda au roi des Marcomans Attalus des terres en Pannonie, à charge pour lui de défendre le territoire romain[41].

Le grand danger pour l’Empire fut sur le Bas Danube, menacé par les Carpes et surtout par les Goths. De 254 à 268, la lutte fut incessante ; la ligne danubienne fut attaquée à la fois de front et à revers. La Dacie fut perdue[42] ; les deux légions qui l’avaient défendue, durent évacuer le plateau de Transylvanie et se concentrer entre les sources de la Ternes, les Carpathes et le Danube. Les Goths, renforcés d’Alains, d’Hérules et de Roxolans, organisèrent de grandes expéditions maritimes et vinrent piller les provinces grecques d’Europe et d’Asie ; ces ravages durèrent 10 ans (257-267)[43]. En 267, Gallien, avec ses généraux Marcianus et Claude, réussit encore à écraser les envahisseurs en Illyricum et en Thrace[44].

A l’intérieur, la situation était aussi critique que sur la frontière danubienne. En 259-260, les Alamans ravagèrent l’Italie et menacèrent Rome[45]. Les usurpations se multipliaient dans toutes les provinces. Ingenuus, Regalianus, Aureolus, sur le Danube ; Valens et Pison, en Grèce ; Trebellianus, en Asie Mineure ; Æmilianus en Egypte ; Celsus en Afrique. La monnaie se dépréciait de jour en jour ; la frappe de l’or était devenue très irrégulière[46] et celle du bronze avait presque entièrement cessé[47]. La monnaie d’argent avait perdu toute valeur[48].

Malgré la gravité de la crise, l’Empire fît preuve d’une vitalité remarquable. Avec la sécession de la Gaule et de l’Orient, il semblait avoir atteint la limite extrême du morcellement ; les usurpations, qui se succédèrent sur le Danube, en Grèce, en Afrique, furent purement militaires et ne durèrent pas. L’Empire avait pour lui le prestige de Rome et les souvenirs du passé ; les deux empires provinciaux affectaient de se rattacher aux traditions romaines. L’esprit du gouvernement était le même en Italie et en Gaule ; il était différent en Orient, mais la dynastie palmyrénienne s’appliquait au moins à sauver les apparences. Postumus et Macrianus avaient frappé des monnaies avec la légende Romæ Æternæ[49] ; Zénobie et Waballath continuaient à se dire les représentants de Rome en Orient. Ils ne battaient pas monnaie à leur propre nom et Waballath n’avait pas pris le titre d’empereur. — La monnaie romaine circulait seule en Orient ; en Gaule et en Bretagne, elle avait cours à côté du numéraire gallo-romain[50], alors que la monnaie gallo-romaine n’était pas reçue en Italie[51].

Dans l’Empire, l’idée de l’unité était restée très vivace. La politique de Gallien avait toujours été unitaire. Il n’avait jamais reconnu Postumus et avait cherché à le renverser. Il avait dû conférer à Odænath le titre de dux et le commandement de l’armée romaine d’Orient ; plus tard, il l’avait nommé Imperator. Mais, à la mort d’Odænath, il avait refusé de concéder les mêmes titres à son fils et avait tenté, sans succès, de reconquérir les provinces orientales. Une inscription de Rome félicite Gallien de l’énergie avec laquelle il défend le monde romain[52]. L’opinion publique dut regarder le morcellement de l’Empire comme une nécessité passagère, qui assurait le salut de la Gaule et de l’Orient[53].

Les deux foyers de patriotisme romain étaient le Sénat et l’armée du Danube. Le Sénat, qui légalement était le seul dispensateur de la puissance impériale, avait, au IIIe siècle, constamment usé de ses prérogatives en faveur du maintien de l’unité romaine. L’empereur qu’il reconnaissait était seul légitime ; tous les autres étaient des usurpateurs. Si l’Empire avait pu échapper à un démembrement total, on le devait en partie à la grande influence morale qu’exerçait encore le Sénat.

L’armée du Danube n’avait cessé de lutter, depuis 260, pour le maintien de l’Empire. Les généraux, originaires, comme les soldats, des provinces danubiennes, étaient passionnément dé voués à l’unité romaine : c’étaient Aurélien et Probus, tous deux Pannoniens, Claude, probablement un Dardanien, Carus, Dioclès le futur Dioclétien, des Dalmates, et sans doute aussi Heraclianus et Marcianus. Tous aspiraient à rétablir l’unité et à relever l’autorité impériale. C’est le programme même que Claude, Aurélien, Probus, Carus, Dioclétien, devenus empereurs, allaient appliquer quelques années plus tard.

Cet état-major de l’armée danubienne, qui pouvait, à l’occasion, imposer ses volontés à Gallien, lui resta fidèle jusqu’en 268. A ce moment, il l’abandonna, le fit tuer[54] et choisit Claude pour lui succéder. Claude écrasa les Alamans au lac de Garde[55], les Goths à Naïssus, réunit à l’Empire l’Espagne et la Narbonnaise orientale, mais perdit l’Egypte et la plus grande partie de l’Asie Mineure, conquises par Zénobie.

A l’avènement d’Aurélien, la situation du monde romain était la suivante : l’empire gallo-romain sous Tetricus, réduit à la Bretagne et à la Gaule (moins la partie orientale de la Narbonnaise), ruiné par les désordres intérieurs, se dissolvait lente ment. — L’État Palmyrénien, jeune, en pleine conquête et en pleine organisation, comprenait tout l’Orient, la Bithynie exceptée. Théoriquement, il n’était pas indépendant comme l’empire gallo-romain ; en fait, et sans aucun titre légal, Zénobie et Waballath étaient maîtres de l’Orient. — L’empire romain avait commencé à se relever sous Claude ; la grande invasion gothique avait été repoussée. Claude avait eu la sagesse de réserver toutes ses forces pour tenir tête aux Alamans et aux Goths ; il n’avait inquiété ni Tetricus, ni Zénobie, mais il ne les avait jamais légalement reconnus. Le Sénat et Aurélien désiraient ardemment rétablir l’unité de l’Empire ; dès que tout danger aurait disparu sur le Danube, cette reconstitution allait devenir possible.

 

 

 



[1] ZONARAS, XII, 24 (III, p. 144 Dind.) ; — Vita Gallien., 4,4 ; 7,1 ; — Vitæ XXX Tyrann., 3 (Postum.), 5 ; — CONTIN. DION, Fragm. Hist. Græc. (éd. C. Müller), IV, pp. 194-195, n° 6 ; éd. Dion Cassius, Dind., V, p. 223.

[2] La partie du Limes germanique située au Nord du Main a été perdue, dans son ensemble, peu de temps après 250. — Les monnaies trouvées dans les castella de cette région ne dépassent pas le règne de Decius (249-251) : châteaux de Niederberg (O. von SARWEY et F. HETTNER, der Obergermanisch-Rætische Limes des Römerreiches, Heidelberg, depuis 1893, n° 2), Hunzel (id., n° 5), Langenhain (id., n° 13), Kast Butsbach (id., n° 14), Marköbel (id., n° 21), Kesselstadt (id., n° 24), Hofheim (id., n° 29), Mainhaus (id., n° 47), Hesselbach (id., n° 50), Heddernheim [F. QUILLINO, die Antiken Münzen aus Heddernheim, Praunheim und Umgebung, dans les Mittheilungen uber Römische Fünde in Heddernheim, vol. III (1900). pp. 1-89], Saalburg (V. COHAUSEN et L. JACOBI, das Römer Kastell Saalburg, 4e édition, Hombourg, 1893, p. 6 ; L. JACOBI, das Römer Kastell Saalburg bei Homburg, id., 1897, p. 58).

Un des derniers châteaux qui aient résisté, celui de Niederbieber (au Nord-Est de Neuwied), a succombé en 259-260 (Limesblatt, 1892, pp. 745 sqq., 825-833, 897 ; — E. RITTERLING, Zwei Münzfünde aus Siederbieber, dans les Bonn. Jahrbücher, 1901, pp. 95 à 131).

[3] Vitæ XXX Tyrann., 5 (Lollian.), 4. — Cf. E. RITTERLING, loc. cit., p. 114.— Voir plus loin, IIe Partie, Chap. V.

[4] Voir mon travail De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. V.

[5] Voir mon travail De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. V.

[6] Th. MOMMSEN, Histoire de la Monnaie Romaine (trad. Blacas), Paris, 1863-1872, III, p. 94 ; — Rob. MOWAT, loc. cit., pp. 136-144 ;— Ad. ERMAN, Marius und Victorinus (Zeitschr. fur Numism. Berl., VII, 1880, pp. 350-351) ; — E. FERHAY, le Trésor militaire d’Evreux (Rev. Numism., 1892, pp. 21-22).

[7] ZONARAS, XII, 23 et 24 (III, pp. 141-142 Dind.) ; — SYNCELL., I, p. 716 (Bonn) ; — Vita Gallien., 1 et 2 ; — Vitæ XXX Tyrann., 12 (Macrian. Sen.) ; 13 (Macrian. Jun.) ; 14 (Quiet.) ; 15 (Odæn.), 4 ; 18 (Ballist.) ; — DENYS D’ALEXAND., cité par EUSÈBE, Hist. Eccles., VII, 10, 5 ; Cf. VII, 23, 1-2.

[8] ZOSIME, I, 37 ; — ZONAR., XII, 24 (III, p. 143 Dind.) ; — AUREL. VICT., Cæsar., 33, 3 ; — EUTROP., IX, 7, 8 ; — INCERT. PANEG., Constantio Cæsari, 10 (éd. Bæhr., p. 139) ; — Chroniq. Saint Jérôme, ad ann. Abrah. 2277 et 2278 (éd. A. Schöne, p. 183) ; — A. HOLLENDER, Die Kriege der Alamannen mit den Römern im IIIe Jahrnundert n. Chr., pp. 25-27.

[9] A. VON SALLET, die Daten der Alexandrinischen Kaisermünzen, pp. 76-79.

[10] ZONARAS, XII, 23 (III, p. 142 Dind.) ; — SYNTELL., I, p. 716 (Bonn).

[11] ZONARAS, XII, 24 (III, pp. 145-140 Dind.) ; — Vitæ XXX Tyrann., 12 (Macrian. Sen.), 12-14 ; 13 (Macrian. Jun.), 2-3.

[12] Sur le rôle de Palmyre, voir surtout A. VON SALLET, die Fïrsten von Palmyra.

[13] CONTIN. DION, Fragm. Hist. Græc, (éd. C. Müller) III, p. 195, n° 7 : éd. Dion Cass., Dind., V, p. 224.

[14] WADDINGTON, Voyage archéologique en Asie Mineure, Paris, 1877, III, 2602 (cf. DE VOGUE, Syrie centrale. Inscriptions sémitiques, Paris, 1869-1874, n° 23 : date 258).

[15] PIERRE LE PATRICE, Fragm. Hist. Græc. (éd. C. Müller), IV, p. 187, n° 10 ; — Hist. Gr. Min., I, p. 430.

[16] Vitæ XXX Tyrann., 15 (Odæn.), 2 : Adsumpto nomine regali ; — Vita Gallien., 10, 1.

[17] RUF. FEST., 23 ; — JORDAN., Rom., 290 ; — Chroniq. Saint Jérôme, ad ann. Abrah. 2282 (éd. A. Schöne, p. 183) ; — OROS., VII, 22, 12-13.

[18] ZONARAS, XII, 23 (III, p. 142 Dind.) ; — SYNCELL., I, p. 716 (Bonn) ; MALAL., XII, p. 297 (id.) ; — Vita Valerian., 4, 2-4.

[19] ZONARAS, XII, 23 (III, p. 142 Dind.) ; id., 24 (III, p. 146 Dind.). — SYNCELL., I, p. 716 (Bonn) donne le même titre que Zonaras (XII, 23). — Le titre officiel d’Odænath dut être : Στρατηγός ̔Ρωμαίων (cf. Waballath, à la suite de la convention de 210, voir plus loin, IIe Partie, Chap. Ier). De 261 à 264, les titres complets d’Odænath sont : ό λαμπρότατος ύπατικός βασιλεύς στατηγός ̔Ρωμαίων. — Son commandement s’étendait à la Mésopotamie, la Syrie, avec la Palestine, l’Arabie, et peut-être la Cilicie : l’Égypte et la plus grande partie de l’Asie Mineure restaient en dehors.

[20] ZONARAS, XII, 25 (III, p. 146 Dind.) ; — CONT. DION (Fragm. Hist. Græc, éd. C. Müller, IV, p. 195. 1 ; éd. Dion Cass., Dind., V, p. 225) : — Vita Gallien., 3, 1-5 ; — Vitæ XXX Tyrann., 14 (Quiet.), 1-2 ; 15 (Odæn.), 4 ; 18 (Ballist.), 3.

[21] Le pouvoir conféré à Odænath par Gallien était celui d’un dux, pouvoir exclusivement militaire. Théoriquement au moins, les fonctionnaires civils, et en particulier les gouverneurs de provinces relevaient directement de Gallien. Le fait est prouvé par plusieurs inscriptions.

a) Deux inscriptions d’Arabie, trouvées près de Dérâ (Pays de Moab), en 1896 et 1899 (Mittheitungen des deutschen Palastina Vereins, 1896, p. 40, et 1899, p. 58, n° 18. — R. CAGNAT, Ann. Epig., 1897, n° 129, et 1900, n° 160).

La seconde est datée de la 58e année de l’ère de Bostra = 263 après Jésus-Christ ; la première est probablement plus tardive, sans pouvoir être postérieure à 265.

Il n’est pas question d’Odænath dans ces deux inscriptions, quoique, au point de vue militaire, l’Arabie relevât de son commandement.

b) Les inscriptions de Palmyre relatives à Septimius Vorodes, qui était Vir Egregius, procurutor ducenarius (WADDINGT., loc. cit., 2606 : date avril 263 ; 2600* ; 2607 : décembre 262 ; 2608 : avril 265 ; 2609 et 2610 : avril 261), sont toutes libellées de même : Σεπτιμίον Ούορώίον τόν κράτιστον έπίτροπον Σεβαστοΰ (= Gallien) δουκηνάριον καί άργαπέτην. Cf. DE VOGUE, Syrie centrale. Inscriptions sémitiques, n° 24-21. Il n’y est pas question d’Odænath.

[22] CONTIN. DION (Fragm. Hist. Græc, éd. C. Müller, IV, p. 195, 8,2 ; éd. Dion Cass., Dind., V, p. 225).

[23] ZOSIME, 1, 39 ; — ZONAR., XII, 25 (III, p. 146 Dind.) ; — SYNCELL., I, p. 716 (Bonn) ; — Vita Gallien., 10, 2 - 11, 2 ; 12, 1 ; — Vite XXX Tyrann., 15 (Odæn.), 3-4 ; —ELTROP., IX, 10 ; — OROS., VII, 22, 12 ; — RUF. FEST., 23 ; — Chroniq. Saint Jérôme, ad. ann. Abrah. 2282 (éd. A. Schöne, p. 183) ; — LIBANIUS, Ep. 925 ; — PHOCOP., Guerr. Pers., II, 5 ; — AGATH., 4, 24.

[24] A. VON GUTSCHMID, Agathangelos (Zeitschrift der Deutschen Morgenlündischen Gesellschaft, XXXI, 1817, pp. 50-51).

[25] Vitæ XXX Tyrann., 15 (Odæn.), 5 : Post reditum de Perside imperator est appellalus : — Vita Gallien., 10, 1. — L’attribution à Odænath du titre d’Augustus (Vita Gallien., 12, 1) est une erreur du biographe. Les titres complets d’Odænath, de 264 à sa mort en 266-267, sont : ό λαμπρότατος ύπατικός βασιλεύς αύτοκράτωρ στρατηγός ̔Ρωμαίων. Ce sont les titres mêmes qu’Aurélien, par la convention de 270, reconnaîtra à Waballath. (Voir plus loin, IIe Partie, Chap. Ier).

[26] A. VON SALLET, die Fürslen von Palmyra, p. 10.

[27] ZOSIME, I, 39 ; — ZONAR., XII, 25 (111, pp. 146-147 Dind.) : — SYNCELL., I, p. 717 (Bonn) ; — Vita Gallien., 13, 1 ; — Vitæ XXX Tyrann., 15 (Odæn.) 5, 17.

[28] Vita Gallien., 13, 1 ; — Vitæ XXX Tyrann., 17 (Mæon.), 3.

[29] L’existence des deux autres fils d’Odænath, Herennianus et Timolaüs, nommés par l’Histoire Auguste (Vitæ XXX Tyrann., 15, 2 ; 17, 2 ; 24, 4 ; 27 ; 28 ; 30. 2 : — Vita Gallien., 13, 2 ; — Vita Aureliani, 22, 1 ; — cf. DE VOGUE, Syrie centrale. Inscriptions sémitiques, p. 31), est au moins fort douteuse (Cf. Vita Aureliani, 38, 1-2).

[30] Vita Gallien., 13, 4-5.

[31] Voir mon travail De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. VII.

[32] L’avènement de Zénobie et la rupture avec Rome, qui amena la défaite d’Heraclianus (Vita Gallien., 13, 5), eurent pour conséquence la dissolution de l’armée romaine d’Orient qui fut remplacée par une armée purement syrienne et palmyrénienne.— Odænath, lors de sa première campagne contre Sapor, en 260, n’avait sous ses ordres que des troupes arabes et syriennes, auxquelles il commandait en qualité de roi de Palmyre ; mais il n’avait aucun titre pour disposer des troupes régulières romaines (RUF. FESTUS, 23 : Collecta Syrorum agrestium manu : — JORDAN., Rom., 290 : Collecta rusticorum manu. — Cf. Chroniq. Saint Jérôme, ad ann. Abrah. 2282 (éd. A. Schöne, p. 183.) ; — OROS., VII, 22, 12]. — En 261, au cours de la guerre contre Quietus et Ballista, lorsque Odænath somma la ville d’Hémèse de se rendre, les assiégés lui répondirent (CONTIN. DION, Fragm. Hist. Græc., éd. C. Müller, IV, p. 195, n* 8,1) : Ότι πάν ότι ούν ήνείχοντο ύπομένειν ή βαρβαρώ έκυτούς παραδοΰναι.

Nommé dux de l’armée d’Orient par Gallien, c’est à la tête des troupes romaines jointes aux siennes propres, qu’il fit les campagnes de 262-264 contre les Perses : ZOSIM., I, 39. — D’ailleurs l’effectif des troupes romaines d’Orient devait être fort réduit. Une partie avait péri, lors de la défaite de Valérien en 260. Macrianus, lorsqu’il était passé en Europe, avait emmené avec lui une armée considérable [les Vitæ XXX Tyrann., 12, (Macrian. Sen.), 13, parlent de 43.000 hommes]. — Odænath, du consentement de Gallien, conserva jusqu’à sa mort, avec le titre d’Imperator depuis 264, le commandement de l’armée romaine d’Orient (Cf. CONTIN. DION, loc. cit., p. 195, n° S : mise à mort d’un officier supérieur de l’armée, Carinus, qui avait fait de l’opposition à Odænath).

Tout changea à l’avènement de Waballath. Gallien refusa de lui reconnaître le titre de dux, et envoya une armée sous Heraclianus, pour reconquérir l’Orient. Les officiers romains déjà mécontents d’Odænath (voir le fragment du Continuateur de Dion, cité plus haut), ne pouvaient rester au service de Waballath ; ils durent rallier l’armée d’Heraclianus. — Un fait est certain : en 269, lors de la conquête de l’Egypte, en 272, au moment de la bataille d’Hémèse, l’armée de Zénobie était entièrement orientale, surtout syrienne et palmyrénienne (ZOSIM., I, 44 ; I, 52. Cette armée, commandée par un général palmyrénien, Zabdas, était composée de grosse cavalerie (Clibanarii) et d’archers (Sagittarii : RUF. FESTUS, 23) ; il n’est pas question de troupes légionnaires. En 267, la transformation survenue dans l’organisation des troupes d’Orient, dut porter surtout sur les cadres ; le recrutement resta le même. Depuis le IIe siècle, l’armée romaine d’Orient se recrutait sur place et les Palmyréniens, notamment, y entraient en grand nombre (C. I. L., III, 6583 ; — DE VOGUE, Syrie centrale. Inscriptions sémitiques, n° 22 ; — R. CAGNAT, Ann. Epig., 1896, n° 35. — Cf. P. MEYER, die Ægyptische Legio XXII und die Legio III Cyrenaica (Neue Jahrbücher für Philol. und Pädag., CLV, 1897, p. 591, not. 45).

Nous ne savons pas avec certitude ce que devinrent les cadres romains et les éléments qui refusèrent de se rallier à l’État Palmyrénien. Il semble bien, toutefois, que l’armée romaine d’Orient n’ait pas été purement et simplement dissoute. Parmi les onze légions mentionnées sur les monnaies légionnaires de Victorinus (J. Dg WITTE, les Légions de Victorinus, Rev. Numism., 1884, pp. 293-298 ; — H. THEDENAT, Bullet. Antiq., 1889, p. 270), frappées vers 266-267, trois (IIe Trajana, IIIe Gallica, Xe Fretensis) appartiennent à l’armée d’Orient. Au contraire, aucune légion d’Orient ne figure sur les monnaies légionnaires de Gallien, antérieures à l’usurpation de Postumus, en 258 [J. V. KOLB, die Legionmünzen des Kaisers Gallienus (Wien. Numism. Zeitschr., V, 1873, pp. 53-91]. II est très probable que les cadres, au moins, de ces trois légions ont été ramenés en Occident, à la suite de la mort d’Odænath et de la défaite d’Heraclianus (en 267) ; il dut en être de même pour l’en semble des légions d’Orient. — L’armée de Zénobie, soit au point de vue du commandement, soit au point de vue de l’organisation, n’est plus l’armée romaine d’Orient.

[33] Quid de divo Claudio, sancto ac venerabili duce, qui eam (Zenobiam) quod ipse Gothicis esset expeditionibus occupatus, pansus esse dicitur imperare ? Idque consulte ac prudenter, ut, illa servante orientales fines imperii, ipse securius, quæ instituerat, perpetraret (Vitæ XXX Tyrann., 30 (Zenob.), 11 : lettre d’Aurélien au Sénat à propos de la captivité de Zénobie). Le document n’est pas authentique et il a été composé, en même temps que la biographie elle-même au début du IVe siècle. Il est intéressant, toutefois, en ce qu’il montre l’idée que l’on se faisait, à cette époque, de la crise du IIIe siècle et du rôle joué, au temps de Gallien et de Claude, par l’État Palmyrénien. — Voir mon travail De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. VII.

[34] Id., loc. cit.

[35] Alb. REVILLE, le Christianisme unitaire au IIIe siècle : Paul de Samosate et Zénobie (Revue des Deux Mondes, 1er mai 1868, pp. 86-102) ; — B. AUBE, l’Eglise et l’État au IIIe siècle, Paris, 1885, pp. 450-464 ; — C. J. HEFELE, Histoire des Conciles (trad. Delarc), Paris, 1869, I, pp. 117-125).

[36] Voir De Claudio Gothico, Chap. VII.

[37] ZOSIME, I, 44 ; 50 ; — ZONAR., XII, 27 (III, p. 152 Dind) ; — SYNCELL., I, p. 121 (Bonn) ; — Vita Claud., 11, 1-2.

[38] ZOSIME, I, 50.

[39] ZOSIME, I, 40 ; — ZONAR., XII, 25 (III, p. 147 Dind.) ; — Vitæ XXX Tyrann., 11 (Aureol.), 1 ; — AUREL. VICT., Cæsar., 33, 17 ; — Epitomé, 33, 2.

[40] Epitomé, 34, 2 ; — INCERT. PANEG., Constantio Cæsari, 10 (Ed. Bæhr., p. 139). — Voir mon travail De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. V.

[41] Epitomé, 33, 1 ; — EUTROP., IX, 8, 1 ; — WIETERSH.-DAHN, loc. cit., p. 206.

[42] EUTROPE, IX, 8, 2 ; — WIETERSH.-DAHN, loc. cit., p. 206 ; — Br. RAPPAPORT, Die Einfälle der Gothen in das Römische Reich bis auf Constantin, p. 52 ; — C. I. L., III (Ad Mediam), 1560 ; — E. SCHULTZE, De Legione Romanorum XIII Gemina, Kiel, 1887, pp. 107-108.

[43] ZOSIME, I, 31-35 ; 39 ; 42-44 ; 46 ; — ZONAR., XII, 24 (III, p. 143 Dind.) ; 26 ;— SYNCELL., I, p. 717 (Bonn) ;— Vita Gallien., 4, 7-9 ; 6, 2 ; 11, 1 ; 12, 6 ; 13, 6-10 ; — Vita Claud., 6-9 ; 11, 3—12, 1 ; — EUTROP., IX, 8,2 ; — WIETERSH.-DAHN, loc. cit., pp. 200 sqq. ; — Br. RAPPAPORT, loc. cit., pp. 52-53.

[44] ZOSIME, I, 40 ; — Vita Gallien., 13, 6-10.

[45] ZOSIME, I, 37 ; — ZONAR., XII, 24 (III, p. 143 Dind.) ; — EUTROP., IX, 7, 8 ; — INCERT. PANEG., Constantio Cæsari, 10 (éd. Bæhr., p. 139) ; — AUREL. VICT., Cæsar., 33.3 ; — Chroniq. Saint Jérôme, ad ann. Abrah. 2211.2278 (éd. A. Schöne. P-183) ; — FREDEDAIR., Ed. Br. Krusch, Monum. Germ., Script. Rer. Merov., II, p. 64, 40 : — A. HOLLÆNDER, loc. cit., pp. 25-27.

[46] Th. MOMMSEN, Histoire de la Monnaie Romaine (trad. Blacas), III, p. 63.

[47] Id., pp. 93-94 ; — O. VOETTER, die Münzen des Kaisers Gallienus und seiner Familie (Wien. Numism. Zeitschr., XXXII, 1900, p. 120).

[48] Th. MOMMSEN, loc. cit., pp. 94-96.

[49] H. COUEN 2, VI, Postume, n° 327-330 ; Victorinus, 101-108, Tetricus père, 137 ; Macrien jeune, 10, 11 ; Quietus, 10.— Cf. O., VOETTEH, die Münzen des Kaisers Gallienus und seiner Familie (Wien. Numism. Zeitschr., XXXIII, 1901, p. 85) ; — Fr. GNECCHI, Appunti di Numismatica Romana (Rivist. Ital. di Numismat., II, 1889, p. 465, n° 145).

[50] Les seules trouvailles monétaires de Gaule et de Bretagne qui puissent entrer en ligne de compte sont celles dont les dernières monnaies sont au nom de Claude, Quintillus et Tetricus ; il faut mettre à part les trésors de la Narbonnaise, dont la partie orientale avait été réoccupée par Claude dès 268.

a) Gaule. — Trésor de Plourhan (Côtes-du-Nord : Ad. BLANCHET, loc. cit., Catal., n° 449). — Sur un lot examiné, 2 Gallus, 2 Volusianus, 1 Æmilianus, 40 Valérien, 400 Gallien, 80 Salonine, 344 Postumus, 55 Victorinus, 10 Marius, 30 Claude.

Trésor de Salperwick (Pas-de-Calais : Ad. BLANCHET, id., n° 21). — Sur 1.636 monnaies depuis Gordien 111, 199 Claude et 20 Quintillus.

Trésor de Vieux-Clos (Calvados : id., n° 412). — Sur 4.000 pièces depuis Philippe, 425 Claude et 3 Quintillus.

Trésor de Clémont (Cher. : id., n° 554). — Sur 820 pièces depuis Valérien, 127 Claude et 9 Quintillus.

Trésor de Schwarzbruch-Orscholz (Province Rhénane : id., n° 781). — Sur 3.000 pièces depuis Valérien, 68 Claude et 3 Quintillus, etc.

b) Bretagne. — (Voir surtout ASSHETON POWNALL, Account of a find of Roman Coins at Lutterworth (Numism. Cronicl., 1871, pp. 169-182) ; — et M. BAGNALL OAKELEY, Roman Coins found in the Forest of Dean (Gloucestershire), Numism. Cronicl., 1880, pp. 52 sqq.].

Trésor de Lutterworth (Volusianus à Quintillus : 3 Valérien, 36 Gallien 37 Postumus, 126 Victorinus, 1 Marius, 6 Tetricus père, 2 Tetricus fils, 33 Claude, 7 Quintillus). — Trésor de Deal (Valérien à Claude : 13 Postumus, 9 Victorinus, 17 Tetricus père et fils, 27 Claude). — Trésor d’Oundle (Valérien à Quintillus : 9 Postumus, 353 Victorinus, 431 Tetricus père, 198 Tetricus fils, 34 Claude, 6 Quintillus). — Trésor d’Evenley (Valérien à Quintillus : 8 Victorinus, 10 Tetricus, 293 Claude, 21 Quintillus). — Trésor de Luton (Valérien à Claude : 14 Postumus, 203 Victorinus, 106 Marius, 32 Claude). — Trésor de Tufthorn (Gallien à Quintillus : 22 Gallien, 1 Postumus, 13 Victorinus, 51 Tetricus père, 28 Tetricus fils, 25 Claude, 1 Quintillus, etc.

La conclusion est que le numéraire romain de Claude et de Quintillus circulait en Gaule et en Bretagne, mais dans une proportion fort restreinte par rapport au numéraire gallo-romain.

[51] Le fait résulte des trésors monétaires, découverts en Italie :

Trésor de Reggio (n° 1), en Emilie (Th. MOMMSEN, Histoire de la Monnaie Romaine (trad. Blacas), III, p. III : 340 pièces de Maximin à Claude. Aucune des empereurs gallo-romains.

Trésor de Mompantero (près de Suse) (Rivist. Ital. di Numismat., II, 1889, pp. 129-130) : 450 pièces de 241 à 268. Aucune des empereurs gallo-romains.

Trésor de Suse (loc. cit.) : monnaies de L. Verus à Gallien. Aucune des empereurs gallo-romains.

Trésor de Gambolo (Lomellina) (Rivist. Ital. di Numismat., III, 1890, pp. 160) : plusieurs milliers de pièces de Gallien à Aurélien. Aucune des empereurs gallo-romains.

Trésor d’Appiano (entre Côme et Milan) (Rivist. Ital. di Numismat., VI, 1893, p. 145) : un millier de monnaies de Gallien à Aurélien. Aucune des empereurs gallo-romains.

Il en était probablement de même pour les pays danubiens. Dans le Tyrol allemand et dans le Tyrol italien, on a trouvé fréquemment des monnaies d’empereurs gallo-romains. Les trésors d’Unterpeissenherg et de Saint-Jais, sur le haut Amper en Bavière (Fr. FERCHEL, Beschreibung von Sechshundert Römischen Münzen welche seit 22 Jahren in Baiern gefunden wurden, Münich, 1891, pp. 9-10), contenaient de nombreuses pièces de Postumus, de Victorinus et des deux Tetricus. — Cf. dans le Tyrol italien, monnaies de Postumus (P. Fl. ORGLER, Verzeichniss der Fundorfe von Antiken Münzen in Tyrol und Vorarlberg, 1818, p. 10) ; à Clés, de Victorinus (id., p. 18) : à Mezzo-Lombardo, des deux Tetricus (id., p. 10) ; à Marani et à Clés, et dans le Vorarlberg, de Postumus, de Victorinus et des deux Tetricus, à Bregenz [id., pp. 28-29). — Ces trouvailles ne prouvent nullement que la circulation du numéraire gallo-romain ait été légale dans les pays danubiens. Au temps de Gallien et de Claude, le Tyrol était constamment parcouru par les barbares Alamans et Juthunges, et l’on comprend fort bien que les monnaies gallo-romaines aient pu être introduites dans la circulation à coté du numéraire romain.

[52] Inscription trouvée à Rome. Via del Quirinale, près de la Via Firenze (Notiz. d. Scav., 1884, p. 422) : Domini n(ostri) | Gallieni | Invicti Aug. | ....(cura qua universum | orbem suunt | defemlit ac | protegit.

[53] Vitæ XXX Tyrann., 5 (Lollian.), 5-8 ; 18 (Odæn.), 1-2 ; — EUTROP., IX, 9, 1 ; id., II, 1. — Il faut ajouter qu’au IVe siècle on considérait le mode de formation et les tendances des deux empires provinciaux comme essentielle ment différents. On se rendait compte que le véritable danger pour Rome avait été, non pas du côté de la Gaule romanisée, mais du côté de Palmyre. — Deux textes sont caractéristiques à cet égard : AURELIUS VICTOR (Cæsar., 33, 3 sqq.), énumérant les calamités du règne de Gallien, distingue les invasions étrangères (33, 3-5) et les troubles civils (33, 8 sqq.) ; la formation de l’empire palmyrénien est rattachée aux premières (33, 3), celle de l’empire gallo-romain (id., 1-8) aux seconds. — L’auteur anonyme du Panégyrique de Cons tance César 10 (éd. Bæhr., p. 139), énumère les invasions qui ont eu lieu sous le règne de Gallien : il mentionne la conquête palmyrénienne (tunc se nimirum et Parthus extulerat et Palmyrenus æquaverat, tota Ægyptus, Syriæ defecerant), mais ne parle pas des empereurs gallo-romains.

[54] Voir mon travail De Claudio Gothico, Romanorum Imperatore, Chap. II.

[55] Epitomé, 34 5.