L'ÉPOPÉE HOMÉRIQUE EXPLIQUÉE PAR LES MONUMENTS

L'ÉPOQUE HOMÉRIQUE. — IV. L'ARMEMENT

CHAPITRE XXI. — LES JAMBIÈRES ET LES CUIRASSES.

 

 

Comme il était difficile de plier le corps une fois couvert d'une cuirasse, le guerrier antique mettait d'abord ses jambières et la cuirasse ensuite ; plusieurs passages de l'Épopée en témoignent[1]. Les jambières étaient déjà tellement usitées à l'époque homérique, que l'adjectif έϋκνήμιδες est une épithète typique des Achéens. Elles étaient généralement en bronze[2] et quelquefois garnies d'une bordure d'argent à l'extrémité saillante d'en bas[3].

Les jambières d'Achille méritent une attention toute particulière ; suivant deux passages de l'Iliade[4], elles étaient en κασσίτερος. Comme, dans la langue grecque ultérieure, ce mot signifie étain, il est permis d'admettre que les poètes épiques l'employaient dans la même acception. Cependant l'emploi de l'étain pour confectionner des jambières est assez étrange, car ce métal est trop malléable pour qu'on en puisse faire des objets d'armement. Ajoutons à cela que la jambière du fils de Pélée, quand elle est atteinte par la flèche d'Agenor[5], résonne terriblement ; or l'étain frappé ne produit, on le sait, qu'un son très sourd. On se heurte à des difficultés d'explication semblables presque partout où l'Épopée parle d'ouvrages en κασσίτερος[6]. Quelques savants[7] prétendent que ce mot n'indiquait pas exclusivement l'étain, mais aussi le plomb : cette explication ne supprime point la difficulté, puisque ce dernier métal est encore plus tendre et, par conséquent, plus impropre que le premier à l'usage dont il s'agit[8]. Peut-être les objets en κασσίτερος mentionnés dans l'Épopée ne sont-ils en partie que des produits de l'imagination poétique. Nous sommes fondés à croire qu'à l'époque homérique l'étain pur n'arrivait de ses lieux d'origine très éloignés que très rarement et en petites quantités en Grèce et en Asie-Mineure[9]. Il est donc possible que les poètes, ne songeant qu'à la rareté de ce métal, voulaient, en en parlant, ajouter à leur description le charme du merveilleux, sans se rendre bien compte des propriétés réelles de l'étain. Il resterait encore une seule interprétation plausible, dans l'hypothèse où les jambières en κασσίτερος auraient réellement servi comme pièces d'armure : ce serait d'admettre qu'elles étaient simplement étamées[10].

La cuirasse était assez longue pour couvrir la plus grande partie du bas-ventre et devait être très ample : l'Épopée dit, en effet, que les coups dirigés vers le milieu du ventre fracassent la plaque de bronze qui protège cette partie du corps[11] ; d'autre part, si une cuirasse est percée par un trait, le guerrier se retire en quelque sorte dans l'intérieur de la cuirasse et échappe ainsi à la blessure[12].

Ces deux particularités, la longueur et l'ampleur sont faciles à reconnaître sur les monuments archaïques. Les cuirasses qui y sont représentées descendent au moins jusqu'au haut des hanches et sont très distantes de la partie du corps qu'elles recouvrent.

Comment étaient disposées les plaques de bronze repoussées (γύαλα)[13] dont était formée la cuirasse homérique ? Un passage de l'Iliade est particulièrement instructif à cet égard[14]. Polydore, fils de Priam, qui passe en courant devant Achille, est frappé par celui-ci dans le dos à l'endroit où les boucles d'or de la ceinture rentraient l'une dans l'autre et où la cuirasse était double. Cela prouve que les bords des deux plaques se rencontraient sur le côté du corps. Il est donc probable que la cuirasse de ce temps-là consistait en deux plaques de bronze, dont l'une recouvrait la poitrine, l'autre le dos, et étaient maintenues sur les épaules comme sous les aisselles au moyen d'agrafes, de boucles et de nœuds. Cette disposition concorde d'ailleurs avec l'expression λύειν θώρηκα[15], défaire la cuirasse[16].

Sous l'armure, on portait le chiton[17]. Dans deux passages[18] il est dit que les guerriers portaient un χιτών στρεπτός. Quelques commentateurs anciens et modernes[19] en ont conclu que c'était une cotte faite d'anneaux métalliques que des écrivains grecs plus récents appellent θώραξ άλυσιδωτός (lorica annulata). Mais cette hypothèse n'est-elle pas contestée par l'Épopée elle-même ? Le trait de Pandaros vient frapper Diomède au γύαλον de la cuirasse et pénètre au travers de celui-ci dans l'épaule droite[20]. Quand ensuite Sthenelos retire la flèche de la blessure, le sang jaillit du στρεπτός χιτών[21]. La présence du γύαλον ici prouve d'une manière indubitable que la cuirasse de Diomède se composait non pas d'anneaux, mais de plaques. Nous avons vu, dans le chapitre XII, que le στρεπτός χιτών était plutôt un vêtement adhérant au corps, sous la cuirasse, et remarquable surtout par la manière dont il était tissé ; nous avons ajouté que l'adjectif στρεπτός semble devoir être traduit par bien tissé. C'est à ce vêtement de dessous que songe Agamemnon quand il prie Zeus de lui permettre de déchirer sur la poitrine le chiton d'Hector transpercé par la flèche[22]. C'est à ce vêtement aussi que fait allusion Hector lorsqu'en raillant Patrocle blessé, il lui dit qu'Achille lui avait cependant ordonné de ne pas rejoindre les vaisseaux tant qu'il n'aurait pas déchiré sur la poitrine le chiton sanglant d'Hector[23].

Studniczka[24] a précisé le sens de ces deux passages beaucoup mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'à présent. Puisque les épithètes accompagnant le chiton supposent une blessure, le verbe δαΐξαι ne saurait indiquer une perforation du chiton avec l'arme ; il fait plutôt allusion à l'habitude qu'avaient les vainqueurs non seulement de dépouiller de son armure l'ennemi tombé, mais encore de lui ôter son chiton et de le déchirer, par un raffinement de cruauté[25]. Iduménée transperce, il est vrai, le chiton d'airain d'Alkathoos[26] et les guerriers sont souvent appelés χαλκοχίτωνες[27] ; mais il est évident que, dans ces deux endroits, le chiton d'airain n'est qu'une expression poétique remplaçant le mot cuirasse.

La ceinture nommée ζωστήρ accompagne toujours la cuirasse[28]. Elle servait à deux fins : d'abord elle augmentait la force de résistance de la cuirasse à l'endroit où celle-ci devait protéger les parties délicates du bas-ventre ; en second lieu, elle consolidait les plaques métalliques de la cuirasse à l'endroit où elles se fermaient ; cette mesure de précaution était d'autant plus utile que ces plaques descendaient très bas et que, par suite, leur fermeture pouvait être facilement dérangée par le mouvement des hanches. Il ressort des vers qui racontent comment Ménélas a été blessé, que le ζωστήρ était solidement bouclé extérieurement et autour du bord inférieur de la cuirasse. Le trait de Pandaros vient frapper le héros juste sur le ζωστήρ ; il transperce ensuite la cuirasse et enfin la μίτρη[29] qui est dessous. Cette description, dont la clarté ne laisse rien à désirer, nous permet d'expliquer un autre passage où il est dit que le trait d'Iphidamas atteint Agamemnon sur la ζώνη θώρηκος ένερθεν, mais que sa pointe s'émousse après avoir rebondi sur le ζωστήρ[30]. Les mots θώρηκος ένερθεν signifient ici non pas en dessous de la cuirasse, mais bien au bas de la cuirasse ; c'est ainsi d'ailleurs que l'avaient compris les anciens commentateurs[31].

L'épithète παναίολος[32] prouve que le ζωστήρ était parfois orné. Dans deux passages, il est question d'une ceinture rouge[33] ; dans un troisième[34], d'une ceinture garnie d'argent. Dans les peintures sur vases anciennes, cette armure est indiquée au moyen de deux traits ou raies parallèles dont les intervalles sont souvent remplis par des lignes brisées, des cercles ou divers autres ornements. Certaines bandes étroites de plaques de bronze qu'on trouve en Grèce et en Italie[35] ont peut-être servi de garniture à ces ceintures qui enserraient la cuirasse.

En dessous de l'armure et immédiatement sur le chiton était une ceinture large, garnie d'airain ; elle s'appelait μίτρη[36]. Sa partie supérieure était couverte par la cuirasse, la partie inférieure était à découvert. C'est vers l'endroit où la μίτρη, ceint le bas-ventre que Pallas dirige le trait de Diomède contre Arès[37]. L'épithète αίολομίτρης[38] indique une ornementation qui, pour un objet entièrement couvert par la cuirasse, eût été un luxe superflu. Il existe des spécimens assez nombreux de la pièce en question : ce sont des garnitures de bronze généralement décorées d'ornements géométriques. On en a trouvé dans les régions du bassin de la Méditerranée[39], par exemple dans l'île d'Eubée, près Mantoue, à Este, à Bologne, dans la partie la plus ancienne de la nécropole de Tarquinies, à Rome et même sur l'autre versant des Alpes[40]. Comme, dans tous ces spécimens, les rebords inférieur et supérieur s'élargissent vers le milieu, ces garnitures ne pouvaient guère appartenir à des ceintures qui, comme le ζωστήρ, étaient portées par-dessus l'armure ; car ces ceintures devaient naturellement avoir un rebord droit, comme les cuirasses archaïques. De plus, les dimensions des bandes de bronze sont beaucoup trop petites pour des ceintures de ce genre. Les pièces qui nous occupent étaient donc très probablement des garnitures de ceintures qui, destinées à protéger le bas-ventre, se portaient directement pardessus le chiton ou la tunique[41]. Ce qui prouve la grande ancienneté de ces objets, c'est qu'on en trouve en Italie, dans les couches préhelléniques, dans la nécropole de Benacci (près Bologne) ainsi que dans les tombe a pozzo de Corneto. Aucun de ces tombeaux ne renfermait, à côté des garnitures de ceintures, aucune trace d'une cuirasse métallique : on peut en conclure que les guerriers qui y étaient inhumés avaient pour toute armure défensive une ceinture d'airain de ce genre. L'équipement des guerriers lyciens ne comprenait point de μίτρη  ; ainsi s'explique tout naturellement l'épithète άμιτροχίτωνες[42] donnée aux compagnons de Sarpedon. L'usage de cette ceinture semble avoir disparu même chez les Grecs aussitôt après l'époque homérique ; elle n'est, en effet, figurée sur aucun monument grec et les plus anciennes peintures sur vases ne nous font voir sous la cuirasse qu'un morceau de chiton qui dépasse[43].

Nous avons encore à examiner le sens exact que peut avoir le mot ζώμα dans deux passages de l'Iliade[44]. Quelques commentateurs anciens, parmi lesquels Téléphos du temps d'Hadrien[45], y ont reconnu un appendice de la cuirasse tombant de l'aine jusqu'aux genoux, par conséquent quelque chose comme un volant de morceaux de cuir ou d'étoffe (πτερύγιον), qu'on remarque sur les statues de la période hellénistique et gréco-romaine. Si les poètes de l'Épopée avaient connu ces languettes qui imprimaient aux guerriers un caractère si original, on en retrouverait certainement une trace quelconque dans les descriptions détaillées des armures d'Achille et d'Agamemnon. De plus, la ceinture à languettes n'apparaît que sur des monuments relativement récents, comme les bas-reliefs d'un style archaïque déjà avancé ainsi que sur les vases à figures rouges. Le monument sculpté le plus ancien où elle figure semble être la stèle funéraire de l'Athénien Aristion[46].

C'est Aristarque[47] qui est le plus près de la vérité quand il dit que les poètes de l'Épopée, employant la partie pour le tout, se sont servis du mot ζώμα pour désigner la cuirasse. Cette opinion repose évidemment sur la comparaison des trois passages relatifs à la blessure de Ménélas. Dans le premier[48], il est dit que le trait de Pandaros traverse le ζωστήρ, le θώρηξ et la μίτρη. Lorsqu'Agamemnon crie épouvanté à la vue de la blessure de son frère, celui-ci lui dit de se tranquilliser, car le ζωστήρ, le ζώμα et la μίτρη ont émoussé la force du trait[49]. Machaon défait ensuite ces trois objets quand il s'agit de bander la blessure de Ménélas[50]. Il est clair que la cuirasse, nommée dans le premier passage, doit être sous-entendue dans les deux autres. Et si le ζώμα indique une partie de la cuirasse voisine de la ceinture, on y reconnaîtra aussitôt, pour peu qu'on soit familiarisé avec les monuments antiques, le rebord inférieur de la cuirasse archaïque grecque, rebord saillant et autour duquel est passée la ceinture (ζωστήρ). Tout porte à croire que, dans les deux passages ci-dessus signalés de l'Iliade, ζώμα indique ce rebord inférieur de la cuirasse ; Ménélas, en effet, a été frappé juste à l'endroit de ce rebord et il est évident que, pour panser une blessure du bas-ventre, il a fallu enlever tout d'abord la partie inférieure de cette cuirasse[51].

Outre la lourde cuirasse d'airain, il est fait mention d'une cuirasse légère en toile ; elle n'est, il est vrai, citée que dans le catalogue des vaisseaux qui est une des parties les plus récentes de l'Épopée[52]. Le poète donne ici l'épithète λινοθώρηξ (armé d'une cuirasse de lin) au Locrien Ajax et au Mysien Amphios, un des alliés troyens[53]. Sur une coupe de Rhodes, contrairement à l'usage, la cuirasse du jeune Ajax est peinte en blanc[54] ; peut-être le peintre a-t-il voulu représenter ainsi la cuirasse de lin que le catalogue des vaisseaux attribue à ce héros.

 

 

 



[1] Iliade, III, 330 ; XI, 17 ; XVI, 131 ; XIX, 369.

[2] Iliade, VII, 41.

[3] Voss traduit assez bien : mit silbernen Knöchelbedeckung (avec une garniture d'argent sur les chevilles).

[4] Iliade, XVIII, 613. XXI, 592.

[5] Iliade, XXI, 592.

[6] Voyez Iliade, XI, 34, où vingt omphaloi en κασσίτερος sont attribués au bouclier d'Agamemnon. Voyez aussi Iliade, XXIII, 503, où il est dit que le char de Diomède est muni de garnitures d'or et de κασσίτερος. Il est évident que l'étain n'a pu être employé ni pour les omphaloi qui devaient augmenter la force de résistance du bouclier, ni comme garniture d'une caisse de voiture. Remarquons aussi que, sur le bouclier d'Achille, la haie de la vigne est en κασσίτερος, les taureaux de même métal mélangé d'or (Iliade, XVIII, 565, 574) ; l'étain n'aurait fait aucun effet à côté de l'argent qui y est employé (vers 577). Enfin les monuments antiques ne nous offrent aucun spécimen d'omphaloï ni de garnitures d'étain ni d'aucune des pièces métalliques mentionnées par le poète qui a décrit le bouclier. Sur les couches de bronze, de κασσίτερος et d'or dont se composait le bouclier d'Achille (Iliade, XX 269-272) voyez ch. XXIII.

[7] Beckmann, Geschichte der Erfindungen, IV, p. 346 et suiv., et Ridenauer, Handwerk und Handwerker in den homerischen Zeiten, p. 112-113, 206-207.

[8] Comparez Lenz, Mineralogie der Griechen und Römer, p. 6, note 13.

[9] Comparez Von Baer, Historische Fragen mit Hülfe der Naturwissenschaften beantwortet, p. 329 et suiv.

[10] Tels ont dû être aussi d'autres objets en κασσίτερος mentionnés dans l'Épopée, tels que les omphaloï du bouclier d'Agamemnon (Iliade, XI, 34), la bordure de la cuirasse de bronze d'Asteropaios (Iliade, XXIII, 561, 562), peut-être aussi les zones de la cuirasse d'Agamemnon (Iliade, XI, 25 ; comp. notre chap. XXX), les garnitures métalliques du char de Diomède (Iliade, XXIII, 503). En fait de monuments à l'appui, nous ne pouvons guère citer que la garniture en bronze d'une ceinture trouvée dans la nécropole d'Allifæ (Samnium) et sur laquelle on peut constater des traces d'un ancien étamage (Ann. dell' Inst., 1884, p. 246). Il semble résulter d'un passage de l'Iliade (XVIII, 474) que les Grecs d'Homère savaient fondre le κασσίτερος.

[11] Iliade, XIII, 372, 398, 506. XVII, 313, 519. Comparez V, 615-616 ; XIII, 567, 568 ; XVI, 465 ; XVII, 519.

[12] Iliade, III, 358, VII, 252.

[13] Iliade, V, 99, 189, VII, 314, XIII, 507, 587, XV, 530, XVII, 314. Comparez Schol. Iliade, V, 99. — Hesychius, s. v. γύαλον. — Lehrs, De Aristar. studiis hom., 2e éd., p. 106-107. D'où le θώρηξ κραταιγύαλος (Iliade, XIX, 361), χάλκεος (Iliade, XIII, 372, 398, XXIII, 561). Comparez Iliade, IV, 448, VIII, 62. XIII, 265. XIII, 341. XVIII, 610.

[14] Iliade, XX, 413.

Le guerrier pouvait d'ailleurs être atteint à cet endroit lors même qu'il se présentait de face à son adversaire. Voyez Iliade, IV, 132.

[15] Iliade, XVI, 804 où Apollon désarme Patrocle. IV, 215. Ζώμα, dans ce passage, indique, comme nous le verrons tout à l'heure, la bordure inférieure de la cuirasse.

[16] Polygnote a représenté une cuirasse de ce genre sur la Leschè des Cnidiens à Delphes. Pausanias la désigne comme un spécimen très ancien (X, 26, 5) et la décrit de la manière suivante : δο ν χαλκ ποιματα, τ μν στρν κα τος μφ τν γαστρα ρμζον, τ δ ς ντου σκπην εναι - γαλα καλοντο -· τ μν μπροσθεν τ δ πισθεν προσγον, πειτα περναι συνπτον πρς λληλα.

[17] Iliade, II, 416 ; III, 359 ; V, 113 ; VII, 253 ; XI, 100, 621 ; XVI, 841 ; XXI, 31.

[18] Iliade, V, 113 ; XXI, 31.

[19] Apollon. soph. Lex. hom., p. 145, 21 (Bekker). — Baerwinkel, De heroum homericorum armatura (Arnstadt, 1839), p. 24-25. Friedreich, Die Realien in der Iliade und Odyssee, p. 364.

[20] Iliade, V, 99, 189.

[21] Iliade, V, 113.

[22] Iliade, II, 416.

[23] Iliade, XVI, 840.

[24] Beiträge, p. 64.

[25] Comparez Iliade, XI, 100 (Agamemnon couche sur le sol deux Troyens qu'il a tués).

[26] Iliade, XIII, 439.

[27] Les Achéens, Iliade, I, 371 ; II, 47, 163, 187, 437, III 127, 131, 251, IV 199 etc. ; les Épéens : Iliade, IV, 537 ; XI, 694 ; les Béotiens : XV, 330 ; les Crétois : XIII, 255. Les Troyens : V, 180 ; XVII, 485. Le mot est donc synonyme de χολκεοθώρηξ (Iliade, IV, 448 ; VIII, 62). — Le λάΐνος χιτών, expression analogue, mais beaucoup plus hardie, s'applique probablement à la lapidation ou plutôt au tas de pierres qui formait le monument funèbre des personnages lapidés (Studniczka, Beiträge, p. 62, suivant en cela l'opinion de Hartel).

[28] Iliade, IV, 132, 135, 213, 215 ; V, 539, 615 ; VI, 219 ; VII, 305 ; X, 77 ; XI 236 ; XII, 189 ; XVII, 519, 578 ; XX, 414.

[29] Iliade, IV, 137. Comparez 185, 216.

[30] Iliade, XI, 234.

[31] Schol. Iliade, XI, 234. — Comparez Lehrs, De Aristarchi etudiishom., 2e éd., p. 123.

[32] Iliade, IV, 215, X 77, XI 236.

[33] Iliade, VI, 219 ; VII, 305.

[34] Iliade, XI, 237.

[35] Par ex. à Olympie : Furtwængler, Die Bronzefunde aus Olympia, p. 34-36. — Ces bandes sont très fréquentes dans les tombes des guerriers en Apulie. Voyez Friederichs, Kleinere Kunst, p. 230 et suiv. — Angelucci, Ricerche preistoriche e storiche Italia merid., p. 5, fig. 1 et le même dans le journal La Capitanata, 1874, n° 126, fig. 5 (Un sepolcro di Ordona). De même dans le nord : Von Sacken, Grabfeld von Hallstatt, pl. IX-XII, 1. — Lindenschmit, Alterthümer unserer heidnischen Vorzeit, vol. 2, fasc. 2, pl. 3.

[36] Iliade, IV 137, 187, 216. V, 857.

[37] Iliade, V, 856.

[38] Iliade, V, 707.

[39] Voyez Orsi, Sui centuroni italici della Ia età del ferro, parte 1, dans les Atii e memorie della r. Deputazione di storia patria per la provincia di Romagna, III serie, vol. III, fasc. I-II, Modène, 1885.

[40] Voyez, pour l'Eubée, Bröndsted, Bronzes of Siris, pl. VII, p. 42. — Guhl et Koner, Das Leben der Griechen und Römer, I, 5e éd., p. 307, fig. 275 (ou La Vie Antique, trad. Trawinski, p. 335, fig. 447). — Mantoue : Bull. di paletn. ital., VII, p. 194. — Este : Ann. dell' Inst., 1882, Tav. d'agg. R. 2, p. 106-108 et 115. Notiz. di scavi, 1882, p. 97, 98. Ibid., 1882 pl. IV, 23, p. 22 ; pl. VII, 26, p. 28. — Bologne, dans la nécropole de Benacci : Brizio, Mon. della prov. di Bologna, pl. II, 11. Not. d. scavi, 1885, p. 158. Des fragments de ces garnitures se rencontrent aussi dans le fonds d'objets de bronze découvert dans l'intérieur de la ville près S. Francesco : Brizio, loc. cit., p. 21. Zannoni, Gli scavi della Certosa, p. 450. — Corneto, dans les tombe a pozzo : Monum. dell' Inst., XI, pl. 59, 4. — Annal., 1883, p. 286, n° 4ab. — Bull. dell' Inst., 1882, p. 164, 1883, p. 115, n° 4. —Notiz. di scavi, 1882, pl. XIII, 19, p. 157. — Dans les tombe a fossa ; Annal., 1883, Tav. d'agg. R., 2, p. 292 ; Bull., 1883, p. 122. — Rome : un spécimen trouvé près de l'Amphitheatrum castrense par Caylus, Recueil d'antiquités, V, pl. XCVI, 1, p. 264. — Bromberg : Verhandlungen der berliner Gesellschaft für Anthropologie, 1876, séance du 20 mai, pl. XVII, 3. — Une tomba a pozzo de Corneto qui contenait une de les plaques de ceinture ne renfermait point d'armes à côté. Ghirardini (Notiz. di scavi, 1882, p. 159) en a conclu que cette plaque avait dû contenir des cendres d'une femme et que c'était un objet de toilette féminine. Cependant il faut remarquer que dans cette partie de la nécropole de Tarquinies, on a trouvé des armes d'attaque en fer et qu'une pointe de lance, rongée par la rouille, peut bien échapper à l'attention. Dans une autre tombe de Corneto de la même espèce et contenant une plaque analogue (Bull. dell' Inst., 1883, p. 113-117), on n'a point trouvé d'armes non plus, mais deux massues de bronze (Bull., 1883, p. 115, n° 16, 17) et un couteau de fer (p. 116) ; ces objets indiquent plutôt la présence d'un homme que d'une femme. Mais en supposant même que les femmes de Tarquinies avaient porté des ceintures de ce genre, il faudrait admettre que le modèle en a été emprunté au costume masculin.

[41] Orsi, dans l'ouvrage cité plus haut, ne tient aucun compte des considérations ci-dessus et prend la large ceinture non pas pour une μίτρη mais pour un ζωστήρ.

[42] Iliade, XVI, 419. Comparez les scolies.

[43] Dans un tombeau de la nécropole d'Allifæ (Samnium), on a trouvé une cuirasse composée de deux plaques de bronze, accompagnée de deux garnitures métalliques (Ann. dell' Inst., 1884, p. 267-268). Mais nous ne sommes pas suffisamment renseignés sur la nature de ces dernières pour qu'on puisse affirmer qu'il y avait entre elles le même rapport qu'entre le ζωστήρ et la μίτρη est possible toutefois que le Samnium, essentiellement conservateur, ait conservé longtemps l'ancien usage de porter une ceinture par-dessus et une autre par dessous la cuirasse. Leaf, qui a traité de la cuirasse homérique et de ses accessoires (Journal of hellenic studies, IV, 1883, p. 73-82), est arrivé sur les points essentiels aux mêmes résultats que nous. Seulement il ne partage pas notre opinion en ce qui concerne la μίτρη qui serait, selon lui, cette bande qu'on remarque sur les vases archaïques, sorte de tablier qui, serrant le haut des hanches, dépasse la cuirasse. A notre avis, cette pièce ne serait que la partie inférieure du chiton. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que la μίτρη était l'œuvre d'un forgeron (Iliade, IV, 187, 216). C'était donc un objet de bronze ou tout au moins recouvert de bronze, ce qui est inadmissible pour cette espèce de tablier, qui, dans ce cas, aurait bien gêné les mouvements des hanches.

[44] Iliade, IV, 187, 216. Nous avons déjà parlé dans le chap. XII, p. 233, du ζώμα de l'Odyssée (XIV, 482). On ne sait pas au juste quelle espèce de ceinture peut bien désigner le mot ζώμα dans le fragment bien connu d'Alkaios (Athénée, XIV, 627 A, Fragm. 15, Bergk).

[45] Pour connaître les anciens commentaires, il faut consulter notamment : 1° Scol. Iliade, IV, 133. 2° Schol. Marc. 435 ad Iliade, IV, 133. 3° Scol. Iliade, IV, 187. 4° Scol. Iliade, X, 77. 5° Apoll. Lex. hom. p. 81, 19 (Bekker).

[46] Schöll, Arch. Mittheilungen, pl. I, p. 28. — Rhein. Mus., IV, 1846, pl. I, p. 4. — Arch. Zeitg., 1860, pl. 135. — Overbeck, Geschichte der Plastik, p. 150, n° 26.

[47] Apoll. lex. hom., p. 81, 19. Comparez Lehrs, De Aristarchi studiis hom., 2e éd. p. 121-122. Rien n'autorise à admettre l'opinion de Lehrs qui attribue à Aristarque l'opinion du scol. Iliade, X, 77 et qui supprime τή μίτρα après συναπτόμενον.

[48] Iliade, IV, 132.

[49] Iliade, IV, 185.

[50] Iliade, IV, 215.

[51] Nous croyons que Studniczka se trompe dans la façon dont il explique ces trois passages dans ses Beiträge, p. 67-70. Partant de ce point que le chiton ne s'y trouve nullement mentionné, ce savant en tire cette conclusion que le ζώμα n'était autre chose qu'un tablier antique que Ménélas aurait porté en guise de chiton. Cette hypothèse est incompatible avec le second passage (Iliade, IV, 185-187), où Ménélas dit que le ζωστήρ, le ζώμα et la μίτρη l'ont protégé, car alors la cuirasse, principale sauvegarde du bas-ventre (Iliade, XIII, 439), ne pouvait être oubliée. Studniczka s'en tire, il est vrai, en supposant que ce second passage est une interpolation récente, dans laquelle, dit-il, pour ne pas répéter la première description détaillée du chemin suivi par le trait (Iliade, IV, 132-139) a été placée la description suivante, plus courte (Iliade, IV, 215-216), sans remarquer que celle-ci vise toute autre chose. Une hypothèse aussi hardie ne pourrait se justifier que si toutes les prémisses de la démonstration étaient absolument certaines ; or, ce n'est nullement le cas dans la thèse soutenue par Studniczka. Si le chiton est passé sous silence dans le premier (Iliade, IV, 132-139) comme dans le second passage en question (Iliade, IV, 185-187), c'est qu'il ne faisait point partie des vêtements protecteurs du bas-ventre, qu'il s'agissait précisément de faire ressortir ici. Il n'était pas nécessaire non plus d'en faire mention dans le troisième passage (Iliade, IV, 215-216), car le poète énumère toutes les pièces que Machaon défait pour examiner la blessure de Ménélas ; il a dû trouver tout naturel que le médecin ait défait à la fin aussi le chiton, recouvrant le bas ventre. De plus, contrairement à l'assertion de Studniczka, ce troisième passage ne concorde pas du tout avec son explication. Le tablier, tel qu'il l'admet, eût été porté à même le corps sous la μίτρη, tandis que l'ordre dans lequel le poète a placé les mots nous autorise à penser que le Ulm se trouvait, par-dessus la μίτρη. Enfin Studniczka prétend qu'il eût été inutile de mentionner la cuirasse dans ce passage ; celle-ci, en effet, dit-il, n'était limitée à son bord inférieur que par le ζωστήρ, et indiquer que le ζωστήρ se boucle, c'est dire implicitement que les plaques de la cuirasse s'entrouvrent. Or, toutes les cuirasses composées de deux plaques métalliques que nous avons vues, aussi bien celles de l'antiquité que celles du Moyen-âge et de la Renaissance, sont pourvues, dans leur partie inférieure, d'un système qui sert à maintenir ces plaques. Une fermeture solide à cet endroit était particulièrement nécessaire dans une cuirasse archaïque, car les plaques descendaient très bas et leur assemblage opposait forcément une certaine résistance au mouvement des hanches.

[52] Niese, Der homerische Schiffskatalog als historische Quelle betrachtet, p. 56-59. Du même : Die Entwickelung der homerischen Poesie, p. 202-203, 228-229.

[53] Iliade, II, 529, 830. Dans une tomba a fossa de Corneto, on a trouvé des fragments d'une cuirasse de lin, sans doute de fabrication phénicienne ou carthaginoise (Mon. dell' Inst., X pl. X à 3 (voyez aussi pl. X à 6,10) ; comp. Annal., 1874, p. 257-258.

[54] Journ. or hellenic stud., V, 1884, pl. XL, p. 235.