L'ÉPOPÉE HOMÉRIQUE EXPLIQUÉE PAR LES MONUMENTS

L'ÉPOQUE HOMÉRIQUE. — II. LE COSTUME

CHAPITRE XVI. — LES OBJETS DE TOILETTE.

 

 

Certaines données de l'Épopée semblent indiquer que les Ioniens de l'époque homérique portaient une longue chevelure. Les Achéens sont très souvent appelés κάρη κομόωντες[1]. Les cheveux des héros qui se disputent le prix aux jeux funéraires de Patrocle flottent au gré du vent[2]. La coutume d'offrir une chevelure coupée aux dieux[3] ou à des morts aimés[4] est mentionnée plus d'une fois. La chevelure que se coupe Achille sur le bûcher de Patrocle est florissante τηλεθόωσα[5]. Pâris était fier de sa chevelure[6], qui, par conséquent, devait être longue. Il en est de même de Zeus, à en juger par les célèbres vers suivants[7] :

μβρσιαι δ᾿ ρα χαται περρσαντο νακτος

κρατς π᾿ θαντοιο· μγαν δ᾿ λλιξεν λυμπον.

Dans l'Épopée, Apollon est άκερσεκόμης[8], c'est-à-dire à la chevelure non coupée, et, dans un hymne homérique[9], ses larges épaules sont couvertes de boucles. Sur les monuments archaïques, les hommes[10] sont toujours représentés avec des cheveux longs qui tombent généralement jusqu'au milieu des omoplates[11]. Cette coutume s'est donc maintenue durant plusieurs siècles, même après l'époque homérique. Et, autant qu'on en peut juger par les monuments, on eut recours à divers artifices pour arranger cette longue chevelure.

Sur les statues d'éphèbes d'Orchomène[12], de Théra[13] et de Tenea[14], comme en général dans les figures d'hommes et de jeunes gens des anciennes peintures sur vases[15], les cheveux du dessus sont ramenés jusqu'au milieu du front, tandis que les autres, après avoir contourné l'oreille, retombent sur la nuque. Dans les statues d'Orchomène et de Théra, ils forment des boucles raides et verticales ; dans celle de Tenea, ils ondulent horizontalement. Les deux premières présentent le long du front une série de petites boucles, en forme de spirales qui, dans celle de Tenea, sont remplacées par un toupet frisé. Pour des motifs faciles à comprendre, les peintres de vases ont généralement renoncé à représenter ces détails. Néanmoins sur certains vases contenant des figures d'assez grande dimension et soigneusement exécutées, on remarque tout au moins des tentatives de reproduction de frisure artificielle. Lorsque, par exemple, le peintre d'un vase corinthien[16] exprime au moyen d'une ligne ondulée la masse capillaire tombant sur la nuque, c'est que probablement il essaie de reproduire la même disposition que le sculpteur de la statue de Tenea. Nous n'avons nullement l'intention de passer en revue toutes les coiffures de l'époque archaïque[17]. Mais il résulte des renseignements transmis par Thucydide[18] et par Héraclide de Sinope[19], que les Athéniens portaient une coiffure artificielle jusque peu de temps avant l'époque de Périclès. La coiffure simple et naturelle, propre à l'époque classique, n'apparaît que dans les sculptures des écoles de Myron et de Phidias ainsi que sur les vases à figures rouges de style libre.

Cette coiffure conventionnelle remonte-t-elle jusqu'à l'époque homérique ? Il est permis a priori de répondre affirmativement à cette question. Nous avons démontré que le costume de cette époque se distinguait par sa raideur. Qu'on se représente un Achéen, vêtu d'un chiton de lin, artificiellement drapé ou collé contre le corps, et d'un manteau tombant symétriquement, bien tendu sur les épaules. Si sa chevelure tombe simplement et sans artifice, comme sur les statues des prisonniers Daces, il y aura évidemment un contraste trop grand entre le vêtement et cette coiffure, contraste impossible à admettre chez un peuple qui, en poésie, a fait preuve d'un sens si délicat de l'harmonie. Par conséquent, lorsqu'Athèna orne de boucles la tête d'Ulysse[20], le poète n'a probablement pas songé aux boucles tombant naturellement, comme dans la statue d'Ulysse au Vatican, mais à des cheveux artificiellement arrangés, comme on en voit sur les monuments archaïques. Nous pouvons d'ailleurs nous en tenir là sur ces questions de style qui, dans une étude exacte, n'ont qu'une valeur relative, puisque l'Épopée parle clairement de coiffure artificielle.

Les Abantes d'Eubée sont qualifiés de πιθεν κομωντες[21] ; nous pouvons en conclure, avec les savants de l'antiquité[22], qu'ils avaient l'habitude de se couper les cheveux sur le devant et de les laisser croître derrière la tête. Les Thraces, appelés άκρόκομοι, dans l'Épopée[23], avaient coutume de faire tout le contraire.

Diomède insulte en ces termes Pâris qui, caché, l'a blessé d'un coup de flèche : τοξότα, λωβητήρ, κέρα άγλαέ, παρθενοπΐπα[24]. Ordinairement on traduit κέρας άγλαέ par fier de son arc. Il est clair que cette traduction est inexacte[25]. Tout d'abord κέρας au singulier n'est jamais employé dans le sens de l'arc[26]. En second lieu, άγλαός a partout le sens de éclatant, magnifique, remarquable, nulle part celui de fier. Mais, point essentiel, κέρας άγλαέ, avec l'interprétation communément admise, indiquerait à peu près la même chose que τοξότα. A tous les points de vue, l'explication déjà donnée dans l'antiquité nous paraît acceptable : c'est celle d'après laquelle ripas voudrait dire mèche ou tresse de cheveux[27] ; d'ailleurs un poète voisin de la période brillante de l'Épopée, Archiloque, emploie ce mot dans le lutéine sens[28]. Cette explication est corroborée par un autre passage de l'Iliade, où Pâris est fier de sa belle chevelure[29]. Κέρας est donc évidemment une mèche roulée en spirale à son extrémité, comme on en trouve fréquemment sur les monuments archaïques de l'Orient et de l'Occident[30]. Comme preuve à l'appui, nous citerons l'anse d'argile, peut-être de provenance grecque, où cette disposition est rendue d'une manière très-typique[31]. Enfin l'Épopée, en parlant du Troyen Euphorbes, fils de Panthos, dit : πλοχμοί θ' οΐ χρυσώ τε καί άργύρω έσφήκωντο[32], c'est-à-dire des mèches ou des boucles retenues par des liens d'or et d'argent. La coiffure que signale le poète se trouve confirmée par les observations faites dans les tombeaux étrusques[33]. Les plus anciens de ces tombeaux appartiennent à l'époque où l'inhumation commença à succéder à l'incinération, ils remontent par conséquent au moins au septième siècle ; les plus récents, au contraire, semblent appartenir au second tiers du cinquième siècle. Près de l'endroit où reposait la tête du cadavre se trouvent souvent des spirales en bronze, en argent et en or, et généralement il y en a une de chaque côté du menton[34]. Comme, dans les antiquités de ce genre, il est impossible de songer aux boucles d'oreilles[35], il faut rattacher ces spirales à la chevelure et admettre qu'elles servaient à lier les boucles ou les mèches qu'on portait à l'époque archaïque. On a trouvé des spirales semblables en Grèce, notamment en Béotie et à Olympie[36]. L'hypothèse que ces rubans métalliques étaient employés au temps d'Homère n'a rien qui doive nous surprendre, puisqu'il est démontré qu'on s'en servait déjà à l'époque antérieure. Schliemann, dans ses fouilles de Troie, a mis au jour beaucoup de petits cylindres en or, ouverts sur la face postérieure, ornés sur le devant de bossettes parallèles et terminés en pointe flexible[37]. Ils ne pouvaient servir qu'à attacher les boucles de cheveux qu'on introduisait dans le cylindre par l'ouverture et qu'on fixait à celui-ci au moyen de la pointe. On a, en outre, découvert, dans les mêmes fouilles, des spirales lourdes qui se composent d'un bandeau d'or enroulé deux fois seulement et que Schliemann déjà avait reconnues pour être des attache-boucles[38]. Les tombeaux en puits de Mycènes enfin renfermaient des spirales d'or[39] qui ressemblent beaucoup aux spirales béotiennes et italiques, sauf qu'elles paraissent être plus primitives, car le fil métallique est tourné moins régulièrement. Il en résulte, par conséquent, que la population du nord-ouest de l'Asie Mineure et des pays voisins du golfe argolique avait coutume, bien avant la naissance de l'Épopée, de partager sa chevelure en boucles ou en mèches et de maintenir celles-ci au moyen de griffes métalliques. Si cette coutume remonte à une si haute antiquité dans les contrées orientales du bassin méditerranéen, on comprend qu'elle paraisse de bonne heure en Italie. Les tombeaux ci-dessus mentionnés appartenant à la période où l'on commença à inhumer les corps sont, il est vrai, les plus anciens qui nous renseignent sur l'usage des spirales, mais non pas les plus anciens qui renferment de ces objets. Au contraire, on a trouvé des spirales en bronze dans les tombes à corps incinérés[40] qui sont antérieures à la période de l'inhumation et aux rapports avec les colonies helléniques. Ces spirales semblent donc appartenir à cette catégorie de produits fabriqués qui, avant la colonisation de l'Occident par les Grecs, furent importés par voie de terre de la péninsule des Balkans dans celle de l'Apennin[41].

Il est très probable qu'un autre passage de l'Iliade fait allusion à un détail de coiffure analogue. Il est dit d'Amphimachos, le chef des Cariens[42] : ς κα χρυσν χων πλεμον δ εν ἠΰτε κορη.

Les anciens commentateurs déjà[43] ont comparé cette description à la parure des cheveux d'Euphorbos et admis que l'or dont il est question ici indique des attache-boucles.

D'autre part, cette interprétation une fois admise, nous sommes en présence d'une coutume homérique qui concorde bien avec les usages de la période suivante. Une chevelure longue et artistement arrangée est regardée par les écrivains ultérieurs comme une particularité de l'ancien luxe ionien. Agathon[44] appelle les longues boucles les témoins de la prospérité. Une ancienne inscription persane[45], énumérant les peuples sujets de Darius, fils d'Hystaspe, cite aussi les Ioniens pourvus de tresses. Nous avons déjà parlé plus haut de la tresse en forme de corne, que les Ioniens appelaient κέρας. Tels étaient probablement aussi les κορώναι mentionnés par Sophron[46] ; ce mot indique, on le sait, des objets pliés ou recourbés, comme l'extrémité d'un arc, du timon de la charrue ou une poupe de navire. Un fragment d'Archiloque[47] témoigne que les guerriers ioniens étaient particulièrement fiers de leurs longues boucles. Les Athéniens faisaient remonter à Thésée l'usage de porter les cheveux longs derrière la tête et appelaient cette coupe Θησηΐς[48]. Magnes, le favori smyrnéen de Gygès, portait son abondante chevelure ramassée en un chignon et maintenue au moyen d'une attache en or[49]. Le poète Asios[50] dit, en parlant des Samiens qui célèbrent la fête d'Hèra, qu'ils sont bien peignés et que le vent fait flotter leurs boucles maintenues par des attaches d'or. Ajoutons à cela les témoignages de Thucydide[51] et d'Héraclide de Sinope[52], d'après lequel jusqu'au cinquième siècle les Ioniens et les Athéniens portaient des touffes de cheveux qui étaient consolidés avec des cigales en or. Ces attache-boucles, mentionnées par divers écrivains et dénommées de différentes manières, ne pouvaient être que des spirales métalliques, semblables à celles qui brillaient sur la tête d'Euphorbos et qu'on a trouvées dans les tombeaux grecs et italiques.

Ce que nous venons de dire de la coiffure des hommes s'applique naturellement aussi à celle des femmes. Artémis, Circé ou Calypso aux belles boucles[53] évoquera dans l'esprit d'un lecteur de notre temps l'idée d'une forêt de boucles semblable à celle qui encadre la tête d'Aréthuse sur les monnaies de Syracuse. Cependant, il faut faire observer tout d'abord que le sens primitif du substantif πλόκαμος[54], dérivé du verbe πλέκω tresser, n'est pas boucle, mais tresse. Le mot a sans contredit cette signification dans le 14e chant de l'Iliade[55] où est décrite la toilette que fait Hèra avant de se rendre auprès de Zeus sur le mont Ida. La déesse, après avoir peigné avec soin sa chevelure, en fait des tresses brillantes parfumées d'ambroisie. Sa coiffure ne consistait donc pas en boucles tombant librement, mais bien en tresses artificiellement réunies. En second lieu, le vers de l'Iliade où il est question de l'or d'Amphimachos prouve, si l'explication donnée ci-dessus est exacte, que les femmes aussi portaient une coiffure conventionnelle avec attaches métalliques. En outre, les boucles tombant librement n'étaient pas possibles par cela seul que les femmes se frottaient la chevelure avec des huiles odorantes, ce qui l'aurait empêchée de se développer naturellement. Le poète d'un hymne homérique[56] dit, en effet, que la chevelure d'Hestia dégouttait constamment d'huile. Enfin il convient de noter que, dans les monuments, la coiffure des femmes suit les mêmes phases de développement que celle des hommes ; chez les unes comme chez les autres la coiffure naturelle n'apparaît qu'à l'époque florissante de l'art grec.

Si les cheveux avaient des formes stéréotypées, il en était probablement aussi de même de la barbe. Les masques d'or, trouvés dans les tombeaux en puits de Mycènes et qui sont évidemment des portraits de défunts, prouvent que, déjà avant la migration dorienne, les habitants de l'Argolide avaient adopté une coupe conventionnelle de la barbe. Sur l'un des exemplaires les mieux conservés, les favoris sont taillés en demi-cercle tandis que les pointes de la moustache sont relevées, ce qui dénote l'emploi d'une pommade durcissante[57]. D'un autre côté, l'examen des monuments grecs nous apprend que la taille conventionnelle de la barbe s'est maintenue jusqu'à la période florissante de l'art. Puisque cette mode régnait à l'époque qui a précédé et pendant celle qui a suivi l'Épopée, il est présumable qu'elle existait également au temps d'Homère.

Cette hypothèse est confirmée par ce fait surprenant que les contemporains des poètes homériques se servaient déjà du rasoir. Dans l'Iliade, on rencontre l'expression proverbiale έπί ξυροΰ ΐσταται άκμής, c'est-à-dire cela tient sur le fil d'un rasoir, expression employée dans les moments critiques où l'épaisseur d'un cheveu peut tout décider. Nestor crie aux Achéens accablés par les Troyens[58] :

νύν γάρ δή πάντεσσιν έπί ξυρού ΐσταται άκμής

ή μάλα λυγρός όλεθρος' Αχαιοΐς ήέ βιώναι.

Il ne peut y avoir aucun doute sur l'espèce de rasoirs à laquelle ce proverbe doit son origine. En Grèce[59] comme en Italie[60] on trouve des rasoirs de bronze, dont le tranchant a la forme d'un croissant ; on en rencontre déjà dans des couches où il n'existe aucune trace d'influence hellénique. La nature de cet instrument explique parfaitement le proverbe en question ; il n'est pas d'objet, en effet, sur lequel il soit plus difficile de prendre pied que sur une lame bien effilée et courbe en même temps, comme celle de ces rasoirs. Il est vrai que le Xe chant de l'Iliade, la Doloneia, où se trouvent les deux vers cités, est comprise dans les parties plus récentes de l'Épopée. Mais l'expression proverbiale dont il s'agit n'aurait pu naître si le rasoir n'avait été préalablement consacré par un long usage comme un outil courant ; il est clair, par suite, que les Grecs se servaient de cet instrument bien longtemps avant l'apparition de la Doloneia.

Tout porte à croire que les Ioniens de l'époque homérique se rasaient la moustache. Chez les Égyptiens on peut suivre jusque sur les monuments les plus anciens qui nous soient parvenus la coutume de raser la lèvre supérieure et les joues et de ne laisser subsister que la barbe du menton. De même les monuments égyptiens prouvent que l'usage de raser la lèvre supérieure s'est introduit de très bonne heure chez les peuples de l'Asie Antérieure. Déjà dans le tombeau de Chnumhotep, qui occupait les plus hautes fonctions au vingt-quatrième siècle sous le roi Usurtasen II, on voit des Amu, c'est-à-dire des habitants de l'Asie Antérieure immigrant dans la vallée du Nil et apportant des cadeaux à Chnumhotep : ils ont tous des favoris courts taillés en pointe au-dessous du menton ; aucun d'eux n'a de moustaches[61]. Il serait trop long de nommer ici tous les habitants de l'Asie qui figurent sur les monuments égyptiens avec la moustache rasée[62]. Notons seulement que les Phéniciens (Kefa) en font aussi partie ; un de leurs représentants figure sans moustaches, mais avec une barbe taillée en pointe, sur une inscription de colonne du temps d'Aménophis III (quinzième siècle)[63]. Les Phéniciens conservèrent cette habitude dans la suite ; cela ressort des vases d'argent cités maintes fois[64], des figurines d'argile de Chanaan[65] et des statues-portraits de Chypre qui offrent un mélange d'éléments assyrio-égyptiens caractéristique de l'art phénicien plus récent[66]. Le roi Eschmunazar de Sidon est représenté sur le couvercle de son sarcophage avec une barbe au menton à la manière égyptienne, le reste de la figure entièrement rasé[67].

Il n'est donc pas surprenant que l'usage de se raser ainsi ait été introduit en Grèce de très bonne heure. La tête en argile d'une antique idole trouvée à Tirynthe, a la barbe des joues et du menton coupée en rond, sans aucune trace de moustaches[68]. On voit des hommes sans moustaches, mais avec une longue barbe taillée en pointe sur les monuments qui rappellent le style des vases du Dipylon, notamment sur les bronzes en relief de provenance béotienne[69] et sur un vase peint dont plusieurs fragments ont été découverts à Mycènes[70]. Le même port de la barbe se retrouve sur cette catégorie de vases qui est caractérisée par des zones peintes et par des quadrupèdes. C'est celui des bergers et des chasseurs qui volent au secours d'un taureau attaqué par deux lions, sur un lécythe de cette espèce[71]. Un autre exemplaire est orné de Centaures sans moustaches, mais avec une longue barbe au menton[72]. Ce raffinement de toilette contraste avec le caractère des Centaures : si néanmoins le peintre les a représentés avec la lèvre supérieure rasée, c'est que ses yeux étaient habitués à la voir telle[73]. C'est ainsi qu'Aristonophos[74], probablement potier d'Asie Mineure, a représenté Ulysse et ses compagnons ; c'est ainsi encore qu'est peint Apollon sur un vase antique de Mélos[75]. L'examen des monuments de l'époque suivante prouve que les diverses populations de la Grèce avaient l'habitude de se raser la lèvre supérieure. Nous pouvons le constater sur la frise d'un ancien temple d'Assos, en Éolide[76]. Parmi les monuments purement Ioniens appartiennent à cette catégorie un bas-relief de Samothrace[77] (figures d'Agamemnon et de Talthybios), un autre de Thasos (un Hermès)[78], enfin la coupe ionienne de Vulci souvent mentionnée avec Phineus, les Boréades, Dionysos et quatre Silènes[79], auxquels s'applique l'observation faite ci-dessus à propos des Centaures. L'Ionien Archiloque fait allusion à cette mode quand il s'écrie qu'il ne veut point avoir pour chef d'armée un petit-maitre paradant avec ses longues boucles et rasé sous le nez. Sur les vases de Chalcis connus jusqu'à présent, il n'y pas d'exemples de moustaches. Non seulement des dieux comme Zeus et Typhon[80] et des héros comme Héraklès, Iolaos[81], Minos, Thésée[82], Adraste et Pelée[83], mais encore des Silènes[84] sont représentés avec de la barbe aux joues et au menton seulement. Il en est de même des figures d'Égisthe et d'Oreste sur un bas-relief découvert à Ariccia[85] et d'une tête en bronze repoussé trouvée à Capoue, qui sert d'enveloppe à un filtre à vin[86], deux monuments qui semblent être l'œuvre de Cyméens de la Campanie. Parmi les sculptures archaïques de l'Attique, on remarque ce port de la barbe sur la statue du jeune homme portant un veau, trouvée sur l'Acropole[87] ainsi que sur une tête-portrait en marbre[88]. Il est également le plus commun sur les plus anciens vases attiques[89] ; cependant sur certains exemplaires, comme le vase François[90] et sur la coupe d'Archiklès et de Glaukytès[91], on voit côte à côte des personnages sans moustaches et avec moustaches[92].

En ce qui concerne les Doriens, il est certain que les Spartiates, c'est-à-dire les Doriens les plus conservateurs, les plus respectueux des anciens usages, avaient l'habitude de se raser la lèvre supérieure. Les éphores, en entrant en fonctions, ordonnent aux citoyens de se raser les moustaches et d'obéir aux lois[93]. Ce fait est confirmé par deux monuments archaïques de Sparte ; un bas-relief d'argile[94] et une figurine de bronze[95], qui représentent des guerriers avec toute leur barbe, mais sans moustaches. Tel est aussi un bas-relief archaïque en bronze trouvé dans l'île de Crète[96]. Sur les vases corinthiens, tous ceux qui semblent avoir un caractère archaïque[97] ont des figures d'hommes dont la lèvre supérieure est nue ; la moustache n'apparaît que sur des exemplaires qui appartiennent à une époque plus récente[98]. Quant aux vases de fabrication dorienne dont le spécimen le plus célèbre est la coupe d'Arcésilas, il y a partout absence complète de moustaches[99]. Il en est de même pour les plus anciens produits de l'art étrusque qui nous soient connus[100]. L'usage du rasoir dans la péninsule des Apennins remonte toutefois à une époque beaucoup plus ancienne, car le couteau en forme de croissant se rencontre déjà dans des couches qui ne renferment aucune trace d'influences d'outre-mer. Mais, faute de représentations figurées, nous ne sommes pas en état d'affirmer si les Italiotes et les Étrusques s'en servaient déjà, comme plus tard, pour raser la lèvre supérieure ou bien une autre partie de la figure.

D'ailleurs l'Épopée semble elle-même témoigner que les héros avaient la lèvre supérieure nue. Nous n'attachons aucune importance à ce fait que la langue homérique n'a pas de terme particulier pour la moustache, et n'emploie que les mots γενειάς et ύπήνη[101], dont l'étymologie indique les poils poussant sur le menton. De même il n'y a, croyons-nous, aucun argument décisif à tirer de cette circonstance que, lorsqu'il s'agit de caractériser les vieillards[102], les poètes ne font ressortir que leur tête grise et leur menton gris. Nous n'en dirons pas autant du vers où Athèna rend sa figure primitive à Ulysse transformé en mendiant[103]. Touché de la baguette d'or de la déesse, le héros reprend son teint foncé plein de santé, ses joues se remplissent, une barbe d'un bleu noir se développe sur son menton.

Si l'on réfléchit à la précision ordinaire de la description épique, on est surpris que le poète ne parle que de la barbe au menton et ne dit rien de la moustache qui cependant accentue beaucoup mieux le type d'une figure. Mais on reconnaîtra que cette caractéristique est très exacte si l'on suppose que le poète s'est figuré tout simplement Ulysse tel que le représentaient le potier d'Asie Mineure Aristonophos et les peintres de vases doriens.

Si les hommes à l'époque homérique se servaient du rasoir, les femmes faisaient déjà usage du fard. Cela pourra paraître extraordinaire. Dans un poème relativement récent[104], Eurynome engage Pénélope, qui a manifesté le désir de se montrer aux prétendants, à se laver et à mettre du fard sur ses joues[105]. Pénélope refuse ; mais elle s'endort aussitôt après, et, pendant son sommeil, Athéna la pare de tous les artifices de beauté qu'emploie Aphrodite lorsqu'elle rejoint le chœur charmant des Grâces[106]. Parmi ces artifices se trouvait probablement le fard blanc (ψιμύθιον, cerussa, blanc de céruse), car Pénélope a alors un teint plus blanc que de la sciure d'ivoire[107]. Les peuples de l'Orient se servaient du fard dès la plus haute antiquité[108] ; nous le rencontrons chez les Étrusques, dès le sixième siècle[109] ; il n'est donc pas étonnant qu'on le constate chez les Ioniennes vers la fin du huitième ou au commencement du septième siècle[110], époque à laquelle on vit naître probablement ce poème. Cette mode ne disparut point à l'époque classique. Nous savons, au contraire, que les femmes d'Athènes et d'autres grandes villes de la Grèce avaient coutume, même pendant les périodes les plus brillantes de la civilisation classique, de rajeunir leur teint au moyen du fard[111].

Mais à l'époque homérique les soins de propreté domestique et corporelle étaient beaucoup moins développés qu'à l'époque classique, aussi bien en ce qui concerne la maison que le corps lui-même. Le bain est dans l'Épopée un luxe qu'on ne s'offre qu'à la suite de grandes fatigues, après des combats[112] ou après de longs voyages[113]. Lorsque Héra, avant de se rendre sur le mont Ida auprès de Zeus, fait minutieusement sa toilette, elle commence par purifier entièrement son corps avec de l'ambroisie[114]. En plein épanouissement de la civilisation hellénique, lorsque le bain journalier était de rigueur, un poète n'aurait jamais eu l'idée de signaler ce détail au milieu d'une description de ce genre. Ce n'est que dans le récit idéalisé de la vie des Phéaciens[115] et dans quelques chants plus récents de l'Épopée[116] qu'on rencontre des expressions relatives au bain qui dénotent un rapprochement de la manière classique.

Par un contraste singulier, si les soins de propreté étaient plus qu'insuffisants, on aimait beaucoup les parfums très forts. Héra se frotte avec une huile dont l'odeur pénètre le ciel et la terre[117]. Les Grâces parfument Héra, dans l'Ile de Chypre, avec l'huile immortelle dont les dieux éternels sont imprégnés[118]. L'huile odoriférante faisait partie, avec l'or, le bronze, les vêtements et les vins généreux, des provisions de toute grande maison bien tenue[119]. On s'en frottait après s'être baigné ou simplement lavé[120]. Lorsque Nausicaa se rend sur le rivage, elle reçoit de sa mère un lécythe d'or rempli d'huile ; elle s'en frictionne avec ses compagnes, après avoir pris un bain ; puis elle passe le flacon d'huile à Ulysse qui est heureux de pouvoir s'en servir après en avoir été privé pendant si longtemps[121]. L'usage de frotter les morts avec de l'huile est attesté bien des fois[122]. Patrocle avait l'habitude d'humecter avec de l'huile la crinière des chevaux immortels du fils de Pélée[123]. Dans ces conditions, on comprend que les appartements[124] et les habits[125] fussent, comme en témoignent plusieurs épithètes, imprégnés de parfums. Cette particularité avait son bon côté : elle préservait les vêtements des mites et des souris[126] et neutralisait en même temps les mauvaises odeurs que dégageaient les vapeurs de graisse et le fumier de la maison homérique.

L'influence de l'Orient est visible dans le goût qu'avaient les Grecs de ce temps-là pour les huiles et les onguents odoriférants. Les livres de l'Ancien Testament témoignent que les peuples de l'Asie Antérieure poussaient jusqu'au luxe le plus raffiné l'usage de ces articles, et qu'ils les employaient dans les mêmes conditions que les Ioniens du temps d'Homère[127]. Il est donc possible que les huiles précieuses qui inspiraient les poètes n'aient pas été fabriquées dans les villes ioniennes, mais importées par les Phéniciens[128]. Les parfumeries phéniciennes ont conservé leur réputation pendant toute l'antiquité, et leurs produits s'exportaient en grande quantité même chez les peuples primitifs[129].

Faisons enfin remarquer ici que le style conventionnel du costume homérique était en parfaite harmonie avec toutes les autres particularités de la civilisation de l'époque. Comme une étude approfondie de cette question nous écarterait beaucoup trop du sujet que nous avons à traiter, nous nous bornerons à faire ressortir quelques faits saillants qui frapperont tout lecteur attentif d'Homère et qui, par suite, n'auront pas besoin d'autres explications.

Nous avons démontré plus haut que la langue épique, où le génie des Grecs de ce temps-là se manifeste dans tout son éclat, était un produit conventionnel. Le langage de la conversation n'était pas non plus tout à fait naturel, exempt de certaines formes. La facilité d'élocution était très prisée, et c'était chez un homme une qualité essentielle que de se distinguer sous ce rapport soit dans les Assemblées populaires, soit dans les délibérations publiques, soit dans un simple entretien[130] ; aussi exerçait-on déjà, à ce moment les jeunes gens à l'usage de la parole, comme au maniement des armes[131]. Malheureusement le mode de cet enseignement nous est inconnu ; mais les discours et les dialogues de l'Épopée nous donnent une idée approximative de ses résultats. Nous y voyons que le langage parlé est soumis à certaines règles bien déterminées qui varient suivant les situations. Tout d'abord en ce qui concerne la manière dont on s'adressait à son interlocuteur, il faut distinguer trois cas. Dans la conversation familière, lorsque les circonstances exigent qu'on soit aussi bref que possible, les héros causent simplement entre eux à la seconde personne, en ajoutant quelquefois le nom personnel ou le nom d'origine (patronymique) de leur interlocuteur. Un personnage de distinction parle généralement aussi à la seconde personne[132] aux gens de condition inférieure ou les nomme par leur nom ; de même dans les rapports do supérieurs à inférieurs. Quant aux héros séparés par une certaine distance sociale ou obligés à une certaine déférence, ils ajoutent d'ordinaire les épithètes : divin, égal aux dieux, issu de Zeus, nourrisson de Zeus, magnifique, illustre ou héros. Enfin quand il s'agit de produire un effet extraordinaire ou que la situation est exceptionnellement grave, le discours est précédé d'un hexamètre qui énumère pompeusement les principaux titres de gloire de la personne à laquelle il est adressé. Presque pour tous les personnages importants de l'Épopée, il y a un vers semblable qui est employé d'une façon typique, si les circonstances l'exigent. Les poètes ultérieurs ont, il est vrai, abusé parfois de ces vers dont la superbe ampleur et la belle sonorité imposaient aux auditeurs ; quelques-uns d'entre eux ont été mal intercalés, même dans les anciennes parties de l'Épopée. Cependant, les endroits où ces vers semblent être tout à fait à leur place sont encore assez nombreux pour qu'on puisse reconnaître les conditions dans lesquelles on s'en servait primitivement. Quelques exemples nous le feront mieux comprendre.

Pour des raisons faciles à saisir, on rencontre souvent des introductions de ce genre là où il s'agit de se concilier la faveur de quelqu'un. Lorsque Héra veut pousser Hypnos à l'acte dangereux d'endormir Zeus, elle l'interpelle en ces termes :

Ύπνε, άναξ πάντων τε θεών πάντων τ' άνθρώπων ![133]

Ulysse, s'adressant à Alcinoüs, de la faveur de qui dépend son sort, fait largement usage de l'apostrophe suivante :

λκνοε κρεον, πντων ριδεκετε λαν ![134]

Lorsque le même, déguisé en mendiant, appelle plusieurs fois Pénélope

γναι αδοη Λαερτιδεω δυσος ![135]

il est parfaitement dans son rôle.

Des apostrophes semblables sont encore employées dans le même but quand il s'agit de refuser quelque chose à quelqu'un, de lui faire une proposition désagréable ou de lui infliger un blâme. C'est ainsi que Hypnos, dans le passage cité tout à l'heure, commence son refus par ces paroles :

Ήρη, πρέσβα θεά, θύγατερ μεγάλοιο Κρόνοιο ![136]

Euphorbos, lorsqu'il a l'impudence de demander à Ménélas de lui livrer le corps de Patrocle, l'appelle :

Ατρείδη Μενέλαε, διοτρεφές, όρχαμε λαών ![137]

Lorsque Patrocle se dispose à reprocher à Achille sa dureté à l'égard des Achéens accablés par l'infortune, il lui dit :

ώ Άχιλλεΰ, Πηλέος υίέ, μέγα φέρτατ' Άχαιών ![138]

Dans tous ces cas l'introduction flatteuse doit atténuer dans une certaine mesure la communication désagréable qui suit. Dans d'autres cas, elle a pour objet de se réconcilier avec une personne que l'on aura blâmée précédemment. Agamemnon a injurié Ulysse, parce que ses hommes ne sont pas assez tôt prêts au combat ; Ulysse a repoussé cette accusation. Alors le roi des hommes commence en ces mots le discours où il retire son blâme :

Διογενς Λαερτιδη πολυμχαν δυσσε ![139]

Les qualificatifs élogieux servent fréquemment à fortifier les louanges qu'on décerne à quelqu'un. Ainsi Agamemnon louant Teueros de sa vaillance, l'appelle :

Τεΰκρε, φίλη κεραλή, Τελαμώνιε, κοίρανε λάών ![140]

Hector, avant son combat singulier, s'écrie :

Αΐαν διογενές Τελαμώνιε, κοίρανε λαών ![141]

Ces paroles s'expliquent par la solennité du moment et le respect que lui inspire son adversaire.

Parfois une apostrophe élogieuse rappelle le héros, auquel elle s'adresse, au sentiment de ses devoirs. Athéna, s'adressant à Ulysse, emploie le vers qui le caractérise, lorsqu'elle l'engage à mettre un terme à la fuite honteuse des Achéens[142] ; de même Diomède quand il cherche à arrêter les héros fuyant devant les Troyens[143].

Enfin ces apostrophes se trouvent partout où la situation a pour ainsi dire un caractère officiel et où, par conséquent, les orateurs se sentent obligés de rendre à leurs interlocuteurs les honneurs qui leur sont dus. C'est ainsi que Nestor, en engageant Agamemnon à donner l'ordre de marcher en avant, commence en ces termes :

τρεδη κδιστε ναξ νδρν γμεμνον ![144]

Il faut surtout remarquer à ce point de vue les parties de l'Iliade qui montrent comment les rois des Achéens délibèrent sur la délégation à envoyer à Achille[145], comment les délégués négocient avec Achille[146], et comment ils réconcilient solennellement les deux héros[147]. Les discours prononcés à cette occasion sont remplis de qualificatifs élogieux et débutent presque tous par des vers qui font ressortir l'importance du personnage auquel ils s'adressent.

Ainsi donc la manière d'adresser la parole à son interlocuteur varie systématiquement dans l'Épopée, suivant les personnages ; il est présumable que ces règles systématiques ont pénétré également dans les relations de la vie privée. Tout Grec bien élevé de l'époque homérique devait savoir forcément dans quel cas il devait interpeller une personne seulement par son nom ou par son nom patronymique, dans quel autre il devait y ajouter une épithète flatteuse ou bien faire précéder ses paroles d'une série de titres ronflants. L'Épopée nous fournit d'ailleurs une preuve indiscutable que, dans certaines circonstances, les Grecs se servaient de ce dernier procédé en parfaite connaissance de cause. Quand il s'agit, par exemple, de réunir les chefs des Achéens pour une délibération nocturne, Agamemnon dit à Ménélas :

φθέγγεο δ'ή κεν ΐησθα, καί έγρήχορθαι άνωχθι,

πατρόθεν έκ γενεής όνομάζων άνδρα έκαστον,

πάντας κυδαίνων . μηδέ μεγαλίεζο Άχαιών ![148]

Évidemment le poète fait allusion ici à ces brillantes apostrophes que nous venons de mentionner. Agamemnon lui-même prêche d'exemple ; il s'adresse à Nestor en ces termes :

ώ Νέστορ Νηληϊάδη, μέγα κΰδος Άχαιών ![149]

Il est incontestable que les apostrophes de ce genre forment un contraste frappant avec la simplicité naturelle de l'époque classique ; cela est tellement vrai que les Grecs se sont plu, dans la suite, à les parodier. Elles rappellent plutôt les titres pompeux qu'on donnait aux Pharaons et aux rois d'Assyrie que la façon pleine d'abandon et d'un charme si naturel dont un citoyen d'Athènes ou un métèque conversait avec le grand Périclès[150]. On songe involontairement que les Grecs des temps homériques ont dû subir en cela l'influence du langage fleuri qu'employaient les marchands phéniciens et les chefs des caravanes, arrivant du fond de l'Asie antérieure sur la côte, pour se recommander aux bonnes grâces des rois éoliens et ioniens.

Les introductions que nous venons de voir déterminent aussi très fréquemment le diapason des discours prononcés dans les grandes Assemblées. Les héros, dans ces occasions-là, aiment à se glorifier mutuellement ; le ton de leur langage monte alors et devient en quelque sorte pathétique. Il suffit de rappeler les paroles que Nestor adresse à Agamemnon au début de la séance, que tiennent les rois achéens en vue d'apaiser la colère d'Achille[151].

Parfois il s'y glisse quelques exagérations, comme, par exemple, lorsque Agamemnon dit à Nestor que, s'il avait dans l'armée achéenne dix conseillers comme lui, la ville de Priam tomberait bientôt au pouvoir des Grecs[152].

Dans la conversation courante ces habitudes de langage prennent la forme d'une politesse de convention, qui rappelle, suivant l'observation judicieuse de Wilamowitz[153], la courtoisie qui régnait dans la société chevaleresque du moyen âge. Télémaque, le modèle d'un prince bien élevé, dit à son hôte Ménélas, lorsque celui-ci l'engage à rester plus longtemps chez lui :

Je resterais chez toi, même une année enture, sans avoir le désir de revoir ma maison et mes parents ; car je suis heureux au fond de mon cime d'écouter tes discours et tes récits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  Mais le présent que tu m'offres, je le garderai comme un joyau[154].

En général, il était de bon ton de dire des choses aimables aux personnes qu'on fréquentait[155]. La façon dont Ulysse, parlant à Calypso, justifie son mal du pays, frise presque ce que nous appelons la galanterie :

Ne te fâche pas, ô déesse. Je sais bien qu'en comparaison avec toi, les formes et la taille de la sage Pénélope me paraissent insignifiantes ; car c'est une mortelle, tandis que toi, tu brilles d'une éternelle jeunesse[156].

La société ionienne de ce temps-là prisait beaucoup les compliments faits à propos et bien tournés ; en effet, les personnages de l'Épopée les reçoivent toujours avec un vif plaisir[157].

En somme, ce style conventionnel du discours n'était qu'un vernis. Les hommes comme les femmes de l'Épopée le quittent dès qu'ils causent avec familiarité ou avec passion, et ils expriment alors, sans la moindre réserve, leurs idées et leurs sentiments. Toutefois, c'est une chose curieuse pour ce temps-là qu'il ait fallu certaines circonstances spéciales pour mettre en relief avec une entière liberté tout ce qu'il y a d'humain dans l'homme. Le progrès de la civilisation qui débarrassa les Grecs du style de convention en littérature comme dans tout le reste, ne parvint à son apogée qu'au cinquième siècle.

Une étiquette rigoureuse dans les relations sociales était intimement liée avec les faits que nous venons de signaler. L'Ionien des temps homériques était très jaloux de sa dignité[158]. Les personnages de distinction ou âgés marchaient[159] et buvaient[160] avant ceux d'un rang inférieur ou plus jeunes. Si un hôte distingué entrait, pendant que les convives étaient réunis, dans le mégaron, la bienséance voulait qu'on se levât, qu'on allât au devant de lui et qu'on lui offrit la coupe[161]. Le maitre de la maison ou son représentant prenait l'hôte par la main et le conduisait jusqu'au siège qui lui était destiné[162]. La maîtresse de la maison faisait de la même façon les honneurs quand elle recevait la visite d'une femme[163]. Si l'hôte était un étranger inconnu, il était de bon ton de lui donner d'abord à manger et de ne lui demander qui il était, d'où il venait et ce qu'il voulait que lorsqu'il avait apaisé sa faim[164]. Télémaque et Pisistrate, allant reposer dans la maison de Ménélas, sont conduits avec cérémonie par un héraut dans leurs appartements à coucher[165]. Alcinoüs fait donner un héraut à Ulysse lorsque celui-ci se rend sur le rivage, afin de s'embarquer sur le navire qui doit le reconduire dans sa patrie[166].

L'ébriété était considérée comme une inconvenance[167]. Le poète du IIIe chant de l'Odyssée raconte[168] avec une sorte d'horreur que les Achéens arrivèrent ivres à l'Assemblée convoquée par les Atrides après la prise de Troie. De nos jours, on trouverait tout naturel que des troupes qui ont longtemps et vaillamment combattu bussent, après la victoire, un peu plus qu'il ne faut pour étancher leur soif.

La femme mariée avait une situation dans la société. Elle se tenait dans la salle des hommes lorsque son mari recevait des amis[169] ou des étrangers[170] ; elle assistait aux sacrifices que les siens célébraient en dehors de la maison[171]. Mais elle aussi, elle était esclave d'une étiquette compliquée. Les femmes d'un haut rang ne pouvaient se montrer en public qu'accompagnées de leurs servantes[172]. Andromaque. saisie d'une frayeur mortelle quand elle court vers les murailles de la ville pour chercher Hector, n'oublie pas de dire à deux de ses servantes de l'accompagner[173]. Même dans sa propre maison, Pénélope se rendant au mégaron des hommes, auprès des prétendants, est toujours suivie de deux servantes[174]. Elle tient alors son voile devant sa joue[175], détail d'étiquette de cette époque et dont nous avons parlé plus haut. Hélène en entrant dans la salle des hommes où son mari reçoit Télémaque et Pisistrate, est suivie de trois servantes dont l'une lui porte un siège, l'autre le tapis servant à le couvrir, la troisième le métier à tisser[176]. Deux servantes dorment la nuit auprès de la jeune Nausicaa[177]. Bien qu'elle soit accompagnée de nombreuses compagnes, celle-ci prie Ulysse de ne pas entrer en même temps qu'elle dans la ville, car on lui ferait observer que c'est mal de se montrer en public avec un homme étranger[178].

Il nous serait facile de multiplier les exemples de ce genre. Mais ceux que nous avons rapportés suffisent pour indiquer à quel point la vie grecque d'alors était soumise à des règles conventionnelles. Il est tout naturel que cette convention ait réagi sur le costume ; le costume, en effet, suit toujours plus ou moins certaines règles qui donnent le ton à la civilisation.

Et maintenant il faut jeter un coup d'œil sur les parures qui étaient en usage et qui imprimaient à la physionomie des femmes de ce temps-là un caractère tout autre que celui de l'époque classique.

 

 

 



[1] Iliade, II, 11, 28, 51, 65, 323, 443, 472. Iliade, III, 43, 79 ; IV, 261, 268 ; VII, 85, 328, 442, 448, 459, 472, 476 ; VIII, 53, 341, 510 ; IX, 45 ; XIII, 310 ; XVIII, 6, 359 ; XIX, 69. — Odyssée, I, 90 ; II, 7, XX, 277. Cette épithète est donnée une fois aux έταΐροι (compagnons) d'Ulysse (Odyssée, II, 408).

[2] Iliade, XXIII, 367.

[3] Iliade, XXIII, 146.

[4] Iliade, XXIII, 46, 135, 141, 152. Odyssée, IV, 198, XXIV, 46.

[5] Iliade, XXIII, 142.

[6] Iliade, III, 54-55 :

οκ ν τοι χρασμ κθαρις τ τε δρ φροδτης

τε κμη τ τε εδος τ ν κονίῃσι μιγεης.

Le chevrier Melanthios avait sans doute aussi une longue chevelure, puisque Eumaios et Philoitios le traînent par les cheveux jusqu'au thala mos (Odyssée, XXII, 187 : ρυσν τ μιν εσω κουρξ).

[7] Iliade, I, 529.

[8] Iliade, XX, 39. Hymn. I (in Apoll. Del.) 134. Comparez Hésiode, Fragm. CXXV, Göttling, 148 Rzach.

[9] II (in Apoll. Pyth.) 272. Comparez la façon dont Jason est représenté dans Pindare, Pyth., IV, 82.

[10] Des figures d'éphèbes ont souvent une chevelure assez courte sur les vases corinthiens, ex. : Ajax jeune (Ann. dell' Inst., 1862, Tav. d'agg. B).

[11] Les quelques rares exceptions à cette règle s'expliquent soit par la négligence du peintre ou par des difficultés techniques. Sur une assiette bien connue de Camiros (Salzmann, Nécropole de Camiros, pl. 53. — Verhandlungen der 23 Versamml. deutscher Philologen, Hanovre, 1865, pl. I, p. 37 et suiv.) la longue chevelure de Ménélas, d'Hector et d'Euphorbes, qu'on devrait apercevoir sous la bordure postérieure du casque, n'est pas visible ; cela tient à la grossièreté primitive de l'exécution. L'artiste ne s'est même pas donné la peine d'indiquer les doigts et les pouces de ces trois personnages. On ne voit pas non plus la longue chevelure dans la figure d'un Achille casqué sur un vase corinthien (Annal. dell' Inst., 1862, Tav. d'agg. B). Le peintre n'a pas su évidemment séparer la chevelure brune d'un cou brun dans une figure de petites dimensions. Le mente artiste a cependant indiqué les longs cheveux d'Hector luttant contre Achille, au moyen d'une ligne gravée sur le cou.

[12] Ann. dell' Inst., 1861, Tav. d'agg. E 1. — Overbeck, Gesch. der griech. Plastik, I3, p. 88, fig. 8.

[13] Schöll, Arch. Mittheil, pl. IV, 6. — Overbeck, p. 89, fig. 9.

[14] Mon. dell' Inst., IV, t. 44. — Overbeck, loc. cit., p. 91, fig. 10. Studniczka (Beiträge, p. 60, note 13) rejette les conclusions que nous avons tirées de ces statues en alléguant que le style primitif était pour beaucoup dans la manière dont les sculpteurs traitent la chevelure. Il serait trop long et superflu de nous étendre ici sur cette question. Qu'il nous suffise de faire ressortir ici un point de vue qui a échappé à l'attention de Studniczka et qui justifie l'emploi que nous avons fait de ces statues. Admettons que les sculpteurs aient reproduit ici, avec une recherche de style, des boucles de cheveux naturelles ; il en résulterait qu'on portait à cette époque les cheveux d'une façon qui n'a rien de commun avec la mode ultérieure. Afin de ne pas faire une trop longue digression, nous nous contenterons de prendre pour exemple l'Attique. Sur les monuments attiques remontant au sixième siècle, comme le vase François et les vases d'Exekias, on remarque que les hommes ont derrière la tête une touffe de cheveux, retenue en haut par une spirale métallique, en bas généralement par un ruban. Dans la première moitié du cinquième siècle cette touffe fut remplacée par une tresse qui s'enroulait sur la tête de différentes manières (Mitth. des arch. Inst. in Athen, VIII 1883, pl. XI, XII). Studniczka ne prétendra sans doute pas que ces touffes et ces tresses dénotent une tendance bien accusée au rendu, à l'exécution minutieuse, et reconnaitra plutôt que les artistes n'ont fait que reproduire une mode du temps. Cela une fois établi, il faut supposer un port conventionnel de la chevelure avant l'époque qui précède la mode des touffes : il est, en effet, inadmissible qu'après avoir porté les cheveux tombant naturellement, on ait adopté aussitôt et sans transition une coiffure aussi compliquée. Mais cette convention consistait sans aucun doute à porter les cheveux bouclés de différentes manières. Ces modifications successives de la coiffure peuvent se comparer à des changements analogues dans les temps modernes. Sous Louis XIV, on bouclait ses cheveux ou bien on portait une perruque bouclée ; puis vint la mode de réunir les cheveux sur l'occiput et de les mettre dans un filet ; enfin vers l'année 1770 cette coiffure fit place au chignon natté.

[15] Voyez Apollon sur un vase antique trouvé à Melos : Conze, Melische Thongefässe, pl. 4.

[16] Mon. dell' Inst., X, pl. 4, 5.

[17] Comparez Mittheil des arch. hist. in Athen, VIII 1883, p. 246 et suiv. IX (1884), p. 232 et suiv.

[18] I, 6, 20.

[19] Athénée, XII, 512 C.

[20] Odyssée, VI, 230, XXIII, 157.

[21] Iliade, II, 542.

[22] Archemachos dans Strabon, X c, 465, 6. — Plutarque, Thésée, 5. Les opinions sont partagées sur l'origine de cette coutume. Les uns prétendent que les Abantes l'ont empruntée aux Arabes, c'est-à-dire aux Phéniciens venus avec Cadmus en Eubée (Strabon, X, p. 447, 8) ou aux Mysiens. D'après d'autres, l'idée leur en serait venue à eux-mêmes, afin d'empêcher les ennemis de les saisir par les cheveux pendant le combat.

[23] Iliade, IV 533. Peut-être faut-il rapporter à cette coutume thrace le passage suivant d'Archiloque (Etym. magn., s. v. έγκυτί, p. 311, 40. Fragm. Bergk. 36) : χαίτην άπ' ώμων έγκυτί κεκαρμένος.

[24] Iliade, XI, 385.

[25] Comparez par ex. Ameis, Anhang su Homers Ilias, IV, p. 92.

[26] Le pluriel signifie les cornes dont l'arc est fait (Odyssée, XXI, 395).

[27] Schol. Iliade, XI, 585. Schol. Odyssée, XXIV, 81. — Etym. m., s. v. κάρα (p. 490, 24), κάρη (p. 491, 14), κέρας (p. 504, 42 et 55), κόρσοιφος (p. 531, 27). — Etym. gud., s. v. κάρα (p. 298, 41), κειρίον (p. 309, 38), κείρειν (p. 311, 31), κέρας (p. 315, 40 et 50). — Hesych. Zonar., p. 1192 : κέρας... θρίξ. Orion p. 80. 24 ; p. 83,9. — Apoll. Soph. lex. p. 98, 11. — Juvénal, Sat., XIII, 165 : madido torquentem cornus cirro. — Servius, ad Vergil. En., XII, 89 : cornua autem sunt proprie cincinni. — Comparez Ebeling, Lex. hom. s. v. κέρας.

[28] Schol. Odyssée, XXIV, 81. — Comparez Bergk, fragm. 59 qui a recueilli toutes les autres données sur cette question.

[29] Iliade, III, 55.

[30] Des têtes avec des mèches de cheveux de ce genre se trouvent, par exemple, sur les inscriptions hittites : Harry Rylands, The inscribed stones from Jerabis, Hamath, Aleppo (Transact. of the. Soc. bibl. arch., vol. VII), sur les deux inscriptions de Jerabis ; sur un diadème d'or trouvé en Attique (Arch. Zeitg., 1884, pl. 9, 2, p. 102) ; sur des monnaies d'argent de Tarente (Carelli, Num. Ital. Veter, pl. 105, n° 44) ; sur une amphore à figures noires dite tyrrhénienne (Micali, Storia, pl. 77, 78) ; enfin très souvent sur les vases étrusques d'argile noire (Vasi di bucchero), p. ex. : Micali, Storia, pl. 21, n° 5, pl. 25, n° 2.

[31] Cette anse dont l'argile est d'un gris noir qui, à la surface, tire sur le vert, nous l'avons achetée, en même temps qu'un vase publié dans les Mon. dell' Inst. (IX, pl. 5, n° 2) à un marchand de bric-à-brac de Civitavecchia qui prétendait l'avoir reçu d'un capitaine de vaisseau grec. Furtwaengler (Beschreibung der Vasensamml. des Berl. Antiq., p. 191, n° 1615. Voyez aussi les Histor. und. philog. Aufsätze E. Curtius gewidmet, p. 192) le classe parmi les vases in bucchero étrusques à hauts reliefs. Nous ne sommes pas en état de réfuter cette opinion d'une manière catégorique, mais nous devons faire observer que nous n'avons rencontré nulle part cette qualité d'argile dans cette catégorie de vases.

[32] XVII, 52.

[33] Voyez sur ce sujet notre étude détaillée : Commentationes in honorem Mommensi, p. 619 et suiv.

[34] De nouvelles observations sont venues s'ajouter aux renseignements que nous avons recueillis dans les Commentationes. Bologne, nécropole Arnoaldi Veli : Notizie di scavi rom. all' acc. dei Lincei, 1881, p. 84. Orvieto, dans une tomba a fossa : Bull. dell' Inst., 1887, p. 227. Visentium, dans des tombe a fossa : Bull. dell' Inst., 1886, p. 27. Corneto, dans des tombe a fossa : Not. di Scavi, 1882, p. 196, n° 1 ; Bull., 1885, p. 117-118, 127. Dans une chambre funéraire du sixième siècle : Bull., 1882, p. 45.

[35] Heydemann a essayé de soutenir cette thèse (Gigantomachie auf einer Vase aus Altamura, p. 5) ; nous l'avons réfutée dans le Bull. dell' Inst., 1882, p. 17. — Mentionnons ici en passant un canopus trouvé récemment sur le territoire de Chiusi (Mus. ital. di ant. class., I, pl. VIIIIa 14, 14a, p. 311-313. Comparez Not. di scavi, 1884, p. 383-384 et Bull. dell' Inst., 1885. p. 118, note 1). Le portrait de femme qui lui sert de couvercle, présente dans chaque oreille une spirale en fil rond de bronze enroulée deux fois. Studniczka (Beiträge, p. 114, note 66) en a pris texte pour soutenir que ces spirales que je considère comme des liens de boucles de cheveux, sont des boucles d'oreilles. Mais il suffit de comparer les spirales de ce canopus avec celles dont nous parlons ici pour se convaincre qu'elles n'ont rien de commun ensemble et qu'elles appartiennent à une toute autre catégorie.

[36] Des spécimens de Béotie en bronze à l'ancien Varvakion d'Athènes (actuellement musée central) : Katalog XAAK, 169, 422, 526. Pour Olympie voyez Furtwaengler, Die Bronzefunde aus Olympia, n. 39.

[37] Schliemann, Atlas trojanischer Alterthümer, pl. 196, n° 3512-3531. 3544-3561, 3566-3568, pl. 207-209. — Ilios, p. 514, n° 694, 695, 698-702, p. 515, n° 754-764, p. 559, nos 906, 907, 910. Comparez Schliemann, Troja, p. 115-116, n° 39.

[38] Schliemann, Ilios, p. 554, n° 878, 880. Comparez p. 555.

[39] Schliemann, Mykenœ, p. 401, n° 529. Comparez aussi p. 165, n° 220.

[40] Bull. dell' Inst., 1882, p. 16-18, 169, 170, 172, 176.

[41] L'usage des attache-boucles métalliques s'est d'ailleurs propagé jusque chez les barbares de l'Europe centrale (Comparez par ex. von Sacken, Grabfeld von Hallstadt, pl. XVII, 16, p. 74-75.)

[42] Iliade, II, 872.

[43] Schol. Iliade, II, 872.

[44] Athénée, XII, 528, D.

[45] Spiegel, Die altpersischen Keilinschriften, 2e éd., p. 119 et 219, au mot Takabara.

[46] Schol. Iliade, XI, 385 (fragm. 97, Ahrens).

[47] Fragm. 60, Bergk. Ce dernier participe fait évidemment allusion à l'usage de raser la lèvre supérieure, dont il sera question plus bas.

[48] Plutarque, Thésée, 5.

[49] Nicol. Damasc., VII, 62 (fragm. hist. gr., éd. Müller, III, p. 395).

[50] Athénée, VII, 525 F. — Comparez Rhein. Mus., XXXIV, 1879, p. 485-486.

[51] I, 6, 2.

[52] Athénée, XII, 512 C. Sur les τέττιγες comparez Commentationes in honorem Mommensi, p. 616-626. — Rhein. Mus., XXXIV, 1870, p. 484-487. Les matériaux relatifs à cette question se sont enrichis récemment d'un détail de l'inventaire du trésor de l'Héra de Samos : voyez Curtius, Inschriften zur Geschichte von Samos, p. 11, 51. Il est question ici d'une statue d'Héra pourvue de τέττιγες d'or dont trois manquent. Ce fait contredit l'opinion de Conze (Memor. dell' Inst., II, p. 416) d'après laquelle les τέττιγες seraient des épingles à cheveux terminées par une spirale en or. Du moment que trois τέττιγες manquent, c'est qu'il y en avait un grand nombre. Or, un grand nombre d'épingles serait anormal. Toute coiffure archaïque contenait, au contraire, beaucoup d'attache-boucles, c'est certain : on n'a pas trouvé moins de sept de ces spirales de bronze dans un tombeau à corps incinéré appartenant à la partie la plus ancienne de la nécropole de Corneto, tombeau qui ne renfermait qu'une seule urne funéraire et par suite les cendres d'un seul cadavre (Bull. dell' Inst., 1882, p. 176).

[53] Pour les différents passages où sont employées les épithètes : έύπλόκαμος, έύπλοκαμίς, καλλιπλόκαμος, λιπαροπλόκαμος, voyez Ebeling, Lexicon homericum.

[54] Curtius, Grundz. der gr. Etym., 4e éd., p. 164, n° 103.

[55] XIV, 175.

[56] XXIV, 3. Les adjectifs φαεινός (Iliade, XIV, 176), qualifiant les tresses d'Héra, λιπαροπλό καμος (Iliade, XIX, 126), épithète d'Atè et l'expression άεί δέ λιπαροί κιφαλάς καί καλά πρόσωπα, caractérisant les prétendants (Odyssée, XV, 332), font très probablement aussi allusion à l'emploi des huiles.

[57] Schliemann, Mykenœ, p. 332, n° 474.

[58] Iliade, X, 173.

[59] Albert Dumont en a noté un exemplaire de bronze trouvé en Attique (Ann. dell' Inst., 1874, p. 258). Un marchand d'antiquités d'Athènes nous en a montré, en 1875, deux exemplaires en bronze et trois en fer qui, disait-il, provenaient des îles de la mer Égée. Mais nous ne pouvons considérer ce témoignage comme sérieux, depuis que nous avons acquis la conviction que ce marchand achète souvent des antiquités en Italie, pour les revendre ensuite comme étant de provenance grecque.

[60] Gozzadini (Intorno agli scavi fatti dal tag. Arnoaldi Veli, p. 59-91), énumère toutes les localités de l'Italie, où des rasoirs analogues ont été trouvés. Depuis des rasoirs semblables ont été mis au jour dans les contrées suivantes : à Montebelluna (Not. d. scav. com. all' acc. dei Lincei, 1883, p. 108), à Este (ibid., 1882, pl. IV, 52, p. 22), sur le territoire des Vénètes à Piacenza (Ann. dell' Inst., 1885, p. 61), à Imola (Not. d. scavi, 1886, p. 119 e), à S. Egidio al Vibrata (ibid., 1878, p. 27), à Tolentinum dans le Picenum (Ibid., 1883, pl. XVI, 1, p. 336), à Cesi en Ombrie (Bull. dell' Inst., 1881, p. 212, n° 7), dans les nécropoles d'Interamna (Terni, Not. d. Sc., 1886, p. 10, 252, 258), de Visentium sur le lac Bolsena (Not. d. sc., 1886, p. 297, 299, 309), de Vetulonia (Falchi, Gli avanzi di Vetulonia sut poggio di Colonna, p. 22, 23 ; Not. d. Sc., 1885, pl. IX, 28), de Tarquinies (Bull. dell' Inst., 1882, p. 17, 18, 19, 162, 165, 171, 175 ; 1883, p. 121 ; Mon., XI, pl. LX, 22 ; Ann., 1883, Tav. d'agg. R. 3, p. 292 ; Not. d. sc., 1881, pl. V, 5.7, p. 349), et dans les tombeaux primitifs trouvés à Rome sur l'Esquilin (Annal. dell' Inst. 1884, p. 137, note 4). — Nous avons démontré, dans la revue Im neuen Reich, 1875, I, p. 14-15, et Gozzadini dans l'ouvrage ci-dessus cité (Intorno agli scavi fatti dal sign. Arnoaldi Veli, p. 54-56), que ces instruments étaient bien des rasoirs. Il y aurait à ajouter que la lame du rasoir conserva même plus tard cette forme de croissant. Il suffit de rappeler le rasoir de Kairos (Arch. Zeitg., 1875, pl. 1), ainsi qu'un autre trouvé à Rome ; la finesse de la lame en fer et le manche couvert d'ornements en relief qui laisse prise à trois doigts tout au plus (Bull. dell' Inst., 1878, p. 97) indiquent que c'est un rasoir. Enfin la description que Martial (ép. XI, 58, 8) nous a laissée de l'étui, prouve bien que la lame était recourbée :

Sed fuerit curva cum tuto novacula theca,

Frangam tonsori crura manusque simul.

[61] Lepsius, Denkm., IIIe partie, pl. 131-133. — Perrot et Chipiez, Histoire de l'art, I, p. 154 n° 98. Comparez Brugsch, Geschichte Ægypiens. Voyez les Amu dans Lepsius, IIIe partie, pl. 97 d., 109 (Époque du roi Amenophis IV).

[62] Tels les Rutennu ou Lutennu (nom collectif des peuplades syriennes) dans le tombeau souvent mentionné du temps de Thoutmès III : Hoskins, Travels in Ethiopia, pl. 48, p. 331-333 ; Wilkinson-Birch, The Manners of the ancient Egyptians, I, pl. II b, 6, p. 38. — Il convient d'y ajouter : les hommes du Nord-Est, c'est-à-dire les Asiatiques au-dessus desquels Amenophis II (16e siècle) brandit la massue (Lepsius, III partie, pl. 61) ; le représentant des pays du Nord, c'est-à-dire de l'Asie sous le siège du roi Amenophis III (Lepsius, III, 76) ; des Sémites attachés plus loin à un socle ; les Rutennu ou Lutennu apportant un tribut (Lepsius, III, 116) ; quelques représentants du Nord (Asie) au-dessus desquels Sethos Ier brandit la massue (Lepsius, III, 129) ; des prisonniers enchaînés parmi lesquels un représentant du Pun (Arabie méridionale et côte de Samola) et un autre de Naharina (Mésopotamie) ; d'autres prisonniers semblables (Lepsius, III, 131a). — Comparez Wilkinson-Birch, The Manners, I, p. 259 [(les Khita (Hittites), les Amauru (Amorites ?) n° 6, les Ramènes (Arméniens ?) n° 7, les Kanana (Chananéens)], n° 8.

[63] Lepsius, Denkm., III, 88 a (premier bouclier à gauche). — Comparez Chabas, Études sur l'antiquité historique, 2e éd., p. 121.

[64] Coupes trouvées dans l'île de Chypre : De Longpérier, Musée Napoléon III, pl. 10, 11. — Rev. arch., XXXI, 1876, pl. 1, p. '26. — Cesnola-Stern, Cypern, pl. 51, Rev. arch., XXXIII, 1877 pl. 1 ; Cesnola-Stern, Cypern, pl. 66. — Comparez les coupes de Salerno (Mon. dell' Inst., IX pl. 44 1. Comparez Bullet., 1874, p. 285), de Cæré (Grifi, Mon. di Cere, pl. 10, 1, Mus. Greg., I, pl. 65, 2. Ici la façon de traiter la barbe est visible sur un des cavaliers de la deuxième zone) ; Grifi, loc. cit., pl. 10, 2 ; Mus. Greg., I, pl. 65, 1 (sur une figure du cercle central). Les vases de Præneste (Mon., X, pl. 31, 1. — Perrot et Chipiez, Hist. de l'art, III, p. 759 n° 543 ; Mon. dell' Inst., X, pl. 33, 4a).

[65] De Longpérier, Musée Napoléon III, pl. 23, 24, 1.

[66] Döll, Sammlung Cesnola, pl. I, 4, 11-13 ; pl. II, 4, 6, 9 ; pl. VII, 9 ; pl. VIII, 1-10. — Cesnola-Stern, Cypern, pl. 21-23, 27, 30, n° 1-3, 6 ; pl. 40, n° 1.

[67] De Longpérier, pl. 16. — Perrot et Chipiez, Hist. de l'art., III, p. 133, n° 86.

[68] Schliemann, Tiryns, p. 180, n° 93.

[69] Ann. dell' Inst., 1880, Tav. d'agg., II, 1.

[70] Schliemann, Mykenœ, p. 153-158, (n° 213) p.161, n° 214.

[71] Arch. Zeitg., XLI, 1883, pl. 10, 2.

[72] Arch. Zeitg., XLI, 1883, pl. 10, 1.

[73] Comparez un Centaure sur un vase primitif de Camiros (Salzmann, Nécropole de Camiros, pl. 39).

[74] Mon. dell' Inst., VIIII, pl. 4. — Comparez Klein, Euphronios, p. 35, note 1 ; Vasen mit Meistersignaturen, 2e éd. p. 27, et Bolte, De Mon. ad Odysseam pertinentibus, p. 2-5.

[75] Gonze, Melische Thongefässe, pl. 4.

[76] Mon. dell' Inst., III, pl. 34.

[77] Denkm. der alt. Kunst, I, pl. XI, 39. — Comparez Kirchhoff, Studien zur Gesch. d. gr. Alphabets, 3e éd., p. 31-33.

[78] Rev. Arch., XII, 1865 pl. 24, 25, p. 438-444. — Arch. Zeitg., 1867, pl. 217, p. 1-14. — Fröhner, Notice de la sculpture antique, n° 9-11, p. 32-41.

[79] Mon. dell' Inst., X, pl. 8.

[80] Gerhard, Auserzesene Vasenb., III, pl. 237.

[81] Gerhard, I, pl. 95, 96 ; IV, pl. 323.

[82] Mon. dell' Inst., VI, pl. 15.

[83] Gerhard, III, pl. 237.

[84] Roulez, Choix de vases peints du Musée de Leyde, pl. 5.

[85] Overbeck, Gal., pl. 28, n° 8. — Arch Zeitg., 1849, pl. 1. — Comparez von Dulin, Ann. dell' Inst., 1879, p. 156, note 1, et les procès-verbaux de la 35e assemblée des Philologues de Trèves, p. 150.

[86] Ann. dell' Inst., 1880, Tav. d'agg. V. 1, p. 232 et suiv.

[87] Arch. Zeitg., 1864, pl. 187. — Overbeck, Geschichte der griech. Plastik, I2, p. 146, fig. 25. Ce personnage est représenté de la même manière sur des vases peints.

[88] Mon. grecs publiés par l'Association pour l'encouragement des études grecques, 1878, pl. 1. — Rayet, Monuments de l'art antique, I, liv. 3, pl. III.

[89] Arch. Zeitg., XL, 1882, pl. 9. (C'est peut-être le plus ancien vase attique décoré de figures que l'on connaisse) : Persée, Mon. dell' Inst., pl. 55 : Zeus, Hermès, Héphaïstos, Dionysos. — Benndorf, Griech. und. sicil. Vasenbilder, pl. XI, 5 : Poséidon. — Gerhard, Etrusk. und camp Vasenbilder, pl. 10 ; Bull. dell' Inst., 1879, p. 227, 228 : chasseurs de Calydon.— Gerhard, Etrusk. und camp. Vasenb., pl. 13 : Ulysse et Ménélas. — Roulez, Vases de Leyde, pl. 10 : Thésée, Hermès, Astydamas, Minos. — Bull. dell' Inst., 1881, p. 163, 164 : guerriers, vieillards, un cavalier, deux juges de combat.

[90] Sont représentés sans moustaches : les chasseurs de Calydon, Pélée, Diomède, Ajax, les matelots de Thésée et peut-être Dionysos ; avec moustaches : Zeus, Hermès, Héphaïstos, les Silènes et des Centaures.

[91] Mon. dell' Inst., IV, pl. 59. — Gerhard, Auserles. Vasenb., III, pl. 235-236.

[92] Cela se voit aussi sur certains vases plus récents à figures noires : Voyez Gerhard, Griech. und etrusk. Trinkschalen, pl. 2, 3, 4, 5.— Élite céram., I, pl. 62. — Mon. dell' Inst., X, pl. 48. — Gerhard, Etrusk und camp. Vasenb., pl. 3. — Salzmann, Nécropole de Camiros, pl. 57, 2. — Hermès est souvent représenté de cette façon (Gerhard, Auserles. Vasenb., I, pl. 10, 13, 17, 55, 66. — Arch. Zeitg., 1868, pl. 9, 10). — Au contraire, sur les vases à figures rouges, la lèvre supérieure est rarement rasée (voyez Eurytion sur une coupe d'Euphronios dans les Monum. inéd. publiés par la Section française de l'hist. archéol., pl. 16, 17. Comparez Klein, Euphronios, p. 8, n° 1 ; 2e éd., p. 11, n° 1, p. 53.58. — Voyez aussi Pluton (?) dans les Auserles. Vasenb., de Gerhard, I. pl. 46).

[93] Plutarque, Cléomène, IX. Cf. Plutarque, De sera num. vindicta, IV, p. 550. — Proclus ad Hesiod. opp. 722, p. 323 Gaisf. — Rose, Aristot. pseudepigr., p. 492.

[94] Le Bas, Voyage archéol. en Grèce, pl. 105. — Mitth. des deutsch. arch. Inst. in Athen, II, 1877, p. 318 n° 19.

[95] Mitth. des arch. Inst. in Athen, III, 1878, pl. I, 2 p. 16-18. Les vers d'Antiphanès qui décrivent la vie spartiate (Athénée, IV, 143 A ; fragm. com. gr., éd. Meineke III, p. 22) sont altérés. Les mots ne méprise pas les moustaches n'ont certainement pas de sens ici. Comme les Athéniens de ce temps-là laissaient pousser leurs moustaches, Antiphanès ne pouvait signaler celles-ci comme une particularité propre aux Spartiates. De plus, les témoignages relatifs aux cinquième et quatrième siècles, ne disent point que les Spartiates portaient des moustaches, mais font ressortir la longueur de leur barbe (Aristoph., Vesp. 476, Lysistr. 1073 ; Platon dans Meineke, fragm. com., II 2, p. 656, n° 11 ; Plut., Lysandre 1, Agésilas 30). Il semble donc que les Spartiates aient conservé l'habitude de se raser la lèvre supérieure jusqu'à l'époque d'Antiphanès, et il est probable qu'après p6trraxaç a disparu un vers où il était fait allusion à cet usage et où le poète faisait ressortir un autre désagrément que ne devait point mépriser, c'est-à-dire dont devait s'accommoder toute personne vivant à la manière spartiate.

[96] Ann. dell' Inst., 1880, Tav. d'agg. T. — Milchhœfer, Die Anfœnge der Kunst in Griechenland, p. 169.

[97] Mon. Ann. Bull. dell' Inst., 1855, pl. 20. Mon., VI, pl. 14 ; X, pl. 52, 1. — Arch. Zeitg., 1873, pl. 175. — Micali, Storia, pl. LXXIII, 2. — Gaz. arch., VI, 1880, p. 104. — Comparez Furtwœngler, Berliner Vasensamml., n° 164. — Deux types très anciens, une divinité terminée en serpent (Élite céram., III, pl. 31, 32 B. — Salzmann, Nécropole de Camiros, pl. 31, Comparez Bull. dell' Inst., 1874, p. 59, note 1) et une figure-harpye (de Longpérier, Musée Napoléon III, pl. 64) sont toujours représentés sans moustaches sur les vases corinthiens.

[98] Mon. dell' Inst., VI, pl. 33. — De Longpérier, Musée Napoléon III, III, pl. 71, 72. — Mon. dell' hist., X, pl. 4, 5.

[99] Sont représentés sans moustaches : Arcésilas et deux de ses ouvriers (Welcker, Alte Denkmœler, III, pl. 34), Atlas (Denkm. der alt. Kunst, II, pl. LXIV, 825), Zeus (Arch. Zeitg., 1881, pl. 12, 3.), Héraklès, les Centaures et deux buveurs (Arch. Zeitg., 1881, pl. 12. 1), Ulysse et Polyphème (Overbeck, Gal., pl. XXXI, 4. Mon. dell' Inst., X, p. 53, 2. Comparez Bolte, De mon. ad Odysseam pertinentibus, p. 5-7), un homme vêtu d'un long costume (Arch. Zeitg., 1881, pl. 13, 5), un cavalier (Micali, Storia, t. LXXXVII, 2), un chasseur (Micali, Mon inéd., pl. LXII, 1).

[100] Sarcophage d'argile polychrome de Cæré : Mon. dell' Inst., VI, pl. 59 : De Longpérier, Musée Napoléon III, pl. 90. — Plaques de briques polychromes de Cæré : Mon. dell' Inst., VI, ph 30. — De Longpérier, pl. 83. Comparez Micali, Storia, pl. 22, 28, 31, 51. — Mon. inéd., pl. 36. Appartiennent à une époque encore plus ancienne les portraits-masques en bronze battu qui sont attachés aux urnes funéraires des plus anciennes tombe a ziro de la nécropole de Chiusi, ainsi que les canopes, c'est-à-dire les urnes funéraires en argile ou en bronze dont le couvercle a l'aspect d'un portrait et qui se rencontrent dans les tombe a ziro plus récentes. Ces masques (Museo italiano di antichita classica, I, pl. X, I, p. 293) comme les couvercles-portraits des canopes (Mus. ital., I pl. IXa, I, p. 311, pl. XI, 3, p. 301, pl. XI, 4, p. 313. Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités, p. 668, fig. 784 ; Mus. ital., I, p. 334) ont souvent la lèvre supérieure rasée.

[101] Odyssée, XVI, 176. C'est la version d'Aristarque. D'autres lisaient έθειράδες au lieu de γενειάδες. Comparez Lehrs, De Arist. stud. hom., 2e éd., p. 115. — Iliade, XXIV 347. Odyssée, X, 278.

[102] Iliade, XXII, 74. XXIV, 516. Hymn. IV (in Vener.) 228.

[103] Odyssée, XVI, 175, 176. Voyez aussi Odyssée, XI, 319-320, où il n'est fait mention que du duvet qui pousse au menton.

[104] Odyssée, XVIII, 158-303.

[105] Les expressions έπιχρίσασα παρείας (Odyssée, XVIII, 172) et έπιχρίεσθαι άλοιφή (179) font allusion au fard et non aux parfums (voyez Wilamowitz-Mœllendorff, Homerische Untersuchungen, p. 32).

[106] XVIII, 192.

[107] XVIII, 195.

[108] Schenkel, Bibel-Lexicon, V, p. 234.

[109] Les petites spatules en ivoire ou en os qui ont été trouvées dans un tombeau de Cæré du sixième siècle (Bull. dell' Inst., 1831, p. 161, n° 6, 7) et dans d'autres tombeaux étrusques (Bull., 1883, p. 42) ne peuvent avoir servi qu'à prendre du fard.

[110] Wilamowitz-Mœllendorff, p. 34.

[111] Becker, Chariklès, I2, p. 297. — Marquardt, Privatleben der Römer, II2, p. 788.

[112] Iliade, V, 905, X, 574, XIV, 6, XXII, 442-444, XXIII, 40, 44. Odyssée, IV, 252, XXIII, 131, 142, 154.

[113] Odyssée, III, 464, IV, 48, VI, 219 et suiv. X, 360-365, 450, XVII, 88. On se baigne généralement pour se préparer au voyage (Odyssée, V, 264, VIII, 449-456). Le bain est considéré surtout comme un fortifiant, ainsi qu'il résulte de l'Odyssée, X, 360.

[114] Iliade, XIV, 170.

[115] Odyssée, VIII, 249.

[116] Odyssée, XIX, 320-322, XXIV, 254-255.

[117] Iliade, XIV, 171-174.

[118] Odyssée, VIII, 364-365 répétés dans l'hymne IV (in Vener.) 61-62.

[119] Odyssée, II, 339.

[120] Iliade, X, 577. Odyssée, III, 466, IV, 49, 252, VIII, 454, X, 364, 450, XVII, 88, XIX, 320, 505, XXIII, 154, XXIV, 366. — Les observations qu'on faisait à propos des bains expliquent ce passage de l'Iliade, II, 754, où il est dit que les eaux du Titaresios, qui se jette dans le Pénée, ne se mêlent pas avec celui-ci, mais surnagent comme de l'huile.

[121] Odyssée, VI, 79, 96, 219, 227.

[122] Iliade, XVI, 670, 680. XVIII, 350, XXIII, 186, XXIV, 582, 587. — Odyssée, XXIV, 45.

[123] Iliade, XXIII, 281.

[124] Iliade, 382. Hymn. III (in Mercur.). — Odyssée, III, 121. — Comparez Hymn. V (in Cerer.) 244, 288. — Iliade, VI, 288. Odyssée, XV, 99, XXIV, 191. Ici l'épithète parfumé se rapporte peut-être au bois de cèdre dont l'appartement était fait ou plaqué.

[125] Odyssée, V, 264. Hymn II (in Apoll. Pyth.). Hymn. V (in Cerer.). Iliade, VI, 483. — Hym. V (in Cerer.). — Hymn. III (in Mercur.). Les Charites et les Heures plongent les vêtements d'Aphrodite dans des parfums de fleurs : Athénée, XV, 682 e. Xenophanès dans Athénée, XII, 526 b, désigne les Colophoniens comme άσκητοΐς δόμήν χρίμασι δεύμενοι.

[126] Batrachomyom, 182.

[127] Voyez notamment : Ézéchiel, 16, 9. Judith, 10,3. Psaumes, 133, 2. L'absence de parfums était un signe de deuil : II Sam., 14, 2. Daniel, 10, 3). Psaumes, 45, 8. Prov. de Salom., 7, 16. — Voyez sur ce sujet Schenkel, Bibel Lexicon, V, p. 674-675. En Égypte, on se parfumait les jours de fête (Brugsch, Geschichte Egyptens, p. 308 198-149).

[128] Hehn, Kulturpflanzen und Hausthiere, 3e éd. p. 40, 4e éd. p. 84-85.

[129] L'échelle des impôts de Palmyre (Hermes, XIX, 1884, p. 506-507, 514) prouve la grande importance qu'avait encore sous l'empire romain le commerce de la parfumerie en Orient.

[130] Iliade, IX 443, XX 248-250. Odyssée, III 124-125, VIII 168-175, XI, 367-368, 511-512, XIII, 298, XIV 419-420.

[131] Iliade, IX, 442.

[132] Iliade, I, 85, 322. Odyssée, VII, 180, XVI, 69, XVII, 345, 393, 576, XVIII, 164, 178, etc.

[133] Iliade, XIV, 233.

[134] Odyssée, VIII, 382, 401. IX, 2. XI, 355, 378. XIII, 38.

[135] Odyssée, XIX, 165, 262, 336, 583.

[136] Iliade, XIV, 243.

[137] Iliade, XVII, 12.

[138] Iliade, XVI, 21.

[139] Iliade, IV, 358.

[140] Iliade, VIII, 281.

[141] Iliade, VII, 234.

[142] Iliade, II, 173.

[143] Iliade, VIII, 93.

[144] Iliade, II, 434.

[145] Iliade, IX, 89-181. Voyez notamment les vers 96 et 163.

[146] Iliade, IX, 223-655. Voyez notamment les vers 229, 308, 434, 607, 624, 644.

[147] Iliade, XIX, 55-275 et notamment 78, 146, 155, 199, 216.

[148] Iliade, X, 67.

[149] Iliade, X, 87.

[150] Il est vrai que Nikias, lorsqu'il s'agit de rompre le blocus des Syracusains, interpella chacun des triérarques sous ses ordres par son nom ainsi que par le nom de son père et de la phylé (Thucydide, VII, 69, 2) ; mais entre ceci et les apostrophes pompeuses de l'Épopée, il y a une très grande différence.

[151] Iliade, IX, 96.

[152] Iliade, II, 370-374

[153] Homerische Untersuchungen, p. 91, note 3.

[154] Odyssée, IV, 595-598, 600.

[155] Iliade, XXIII, 792, 890-891. XXIV 376-377. Odyssée, IV, 63, 160, 204-206. VI. 150, 169. VIII, 382-384. XI, 367-369. XIII, 297-298, 232. XVII, 416. XIX, 108 et suiv.

[156] Odyssée, V, 215.

[157] Iliade, XXIII, 795. Odyssée, VIII, 387.

[158] Voyez notamment Iliade, XVII. 567-568, XXIII, 647-650. Odyssée, III, 53. A noter la satisfaction avec laquelle Nausicaa se laisse reconnaitre comme fille du roi des Phéaciens et décrit la demeure et la vie de ses parents : Odyssée, VI, 196-197, 300-309.

[159] Iliade, IX, 192, 657. XIV, 134. XIX, 248. Odyssée, III, 386. VIII, 46, 421.

[160] Odyssée, III, 49-50.

[161] Iliade, I, 533-535. IX, 193-200, 670-671. XI, 777-778. XXIII, 203. Comparez aussi Iliade, XVIII, 382-384. Odyssée, XIV, 43. XV, 285-286, XVI, 42. Si les dieux ne se lèvent pas à l'entrée de Thétis dans l'Olympe, (Iliade, XXIV, 98-102), c'est que Thétis, en sa qualité de Néréide, n'occupait qu'un rang inférieur.

[162] Iliade, IX, 200. XI, 778. Odyssée, I, 130. III, 37, 416. Le héraut de Priam n'étant qu'un personnage de second ordre, ce n'est pas Achille lui-même, mais Automédon et Alcinoüs qui lui rendent les honneurs (Iliade, XIX 577578).

[163] Iliade, XVIII, 389. XXIV, 101.

[164] Odyssée, III, 67 et suiv. IV, 60-62. Jobates ne demande qu'au bout de dix jours à Bellérophon quel est l'objet de son voyage (Iliade, VI, 175). Les Celtes avaient aussi cette politesse (Diodore, V, 28). Le brutal Polyphème s'en dispense naturellement (Odyssée, IX, 251 et suiv.).

[165] Odyssée, IV, 301.

[166] Odyssée, XIII, 64.

[167] Odyssée, XIV, 463-466. XXI, 293-294. Οίνοβαρής est une injure (Iliade, I, 225).

[168] Odyssée, III, 139.

[169] Odyssée, VI, 305. XI, 335.

[170] Odyssée, IV, 121.

[171] Odyssée, III, 450-451.

[172] Iliade, III, 143.

[173] Iliade, XXII, 450.

[174] Odyssée, I, 331. XVI, 413, XVIII, 198, 207, 211, XXI, 61, 66.

[175] Odyssée, I, 334. XVI, 416. XVIII, 210. XXI, 65.

[176] Odyssée, IV, 123-125.

[177] Odyssée, VI, 18.

[178] Odyssée, VI, 273 et suiv.