L'ÉPOPÉE HOMÉRIQUE EXPLIQUÉE PAR LES MONUMENTS

L'ÉPOQUE HOMÉRIQUE. — II. LE COSTUME

CHAPITRE XIII. — LES VÊTEMENTS DES FEMMES.

 

 

Le principal vêtement de femme s'appelle, dans l'Épopée, έανός[1] (είανός)[2], πέπλος[3], et dans deux endroits de l'Odyssée φάρος[4]. Le premier de ces mots dont l'a est bref, appartient évidemment au radical sanscrit vas qui signifie endosser, se vêtir. Il en est de même, semble-t-il, de l'adjectif έανος bien que l'a en soit long[5], adjectif qui revient dans l'Épopée comme épithète de πέπλος [6] λίς[7] et κασσίτερος[8], et, comme tel, peut signifier simplement qui habille, qui enveloppe, c'est-à-dire, qui est souple. On n'a pas encore trouvé d'étymologie satisfaisante pour πέπλος. Studniczka[9] a rassemblé les différentes hypothèses émises à ce sujet et en a ajouté une de son côté : d'après lui, πέπλος serait formé par le redoublement d'un radical πλο, formation qui correspondrait au latin palla, pallium. Nous avons démontré dans le chapitre précédent que φάρος est probablement un mot dérivé.

Il ressort clairement de l'Épopée que le héanos, le peplos et le pharos n'étaient point des vêtements de dessus, mais des habits adhérant au corps. Hèra, après s'être lavée, peignée et parfumée, met le héanos, puis la ceinture[10]. Lorsque Pallas Athèna, s'apprêtant au combat, laisse glisser son peplos par terre pour revêtir le chiton de Zeus[11], il est évident que le vêtement dont elle se débarrasse correspond, dans le costume féminin, au chiton d'homme. Dans l'Hymne à Aphrodite[12], le peplos est le principal vêtement de la déesse. Calypso et Circé, après avoir quitté leur lit, endossent le pharos, se ceignent et jettent le voile sur la tête, pendant qu'Ulysse revêt en même temps le chiton et la chlaïna[13].

Le héanos descendait jusqu'aux pieds. Nous en avons une preuve dans l'Hymne à Déméter[14] : les filles de Keleos se dépêchent pour conduire Déméter auprès de leur mère, et, afin de ne pas être gênées en courant, elles retroussent leur héanos. Le peplos avait la même longueur, comme le prouve l'épithète έλκεσίπελος (traînant son peplos)[15] fréquemment employée, ainsi que ce détail de l'Hymne à Déméter[16], où il est dit que le sombre peplos flotte autour des pieds grêles de la déesse. Bien que nous n'ayons point à cet égard de témoignage certain pour le pharos, son analogie avec le héanos et le peplos nous autorise à admettre que ce vêtement descendait aussi jusqu'aux pieds.

Le héanos[17] et le peplos[18], nous dit l'Épopée, étaient maintenus au moyen d'agrafes. Il n'y a rien de semblable à propos du pharos.

Telles sont, sur le vêtement principal des femmes, les données essentielles que fournit l'Épopée. Par une série d'heureuses combinaisons et surtout en comparant des chitons du vase François fermés d'une manière toute spéciale, Studniczka[19] a réussi à compléter les renseignements fournis par les poètes et à déterminer les particularités du costume de femme homérique ; le résultat de ses recherches ne laisse rien à désirer tant au point de vue des faits que de l'histoire. Nous avons dit autrefois que ce costume consistait en une sorte de chemise pourvue de trous à manches et d'une forte agrafe au milieu de la poitrine. Cette opinion n'est plus soutenable. Nous ne pouvons nous empêcher d'admettre à cet égard, sans réserves, les conclusions de Studniczka.

Pour bien comprendre le sens de πέπλος, il importe de savoir que ce mot a autant de sens différents que le φάρος. Il désigne non seulement le vêtement principal des femmes, mais aussi des couvertures que l'on étend sur les chars de combat[20] et sur les sièges[21], ainsi que des pièces de pourpre dont les Troyens enveloppent le vase d'or qui renferme les cendres d'Hector[22]. Il indiquait donc probablement à l'origine une pièce d'étoffe carrée. L'extension du mot au vêtement principal des femmes s'expliquerait tout naturellement si l'on admettait que ce vêtement n'était pas, comme le chiton d'homme, une chemise cousue que l'on passait sur le corps, mais un grand morceau d'étoffe dont on s'enveloppait, comme l'himation ou le chiton dorien. Cette hypothèse est nettement confirmée par ce témoignage de l'Épopée que le peplos comme le héanos avait besoin d'agrafes qui servaient à attacher les bords de cette étoffe. Sur le peplos qu'Antinoüs donna à Pénélope, il y avait douze agrafes d'or[23]. Il est dit du héanos d'Hèra qu'il était κατά στήθος attaché avec des agrafes d'or[24]. L'opinion erronée que nous avions émise précédemment sur le costume homérique des femmes reposait principalement sur ces dernières paroles. Nous avions traduit κατά στήθος par : sur la poitrine et supposé une fente longeant la poitrine et agrafée. Mais Studniczka[25] fait observer avec raison que, dans ce passage, κατά peut aussi bien signifier vers, du côté de que sur. Il était donc important de savoir si, dans l'art archaïque, il existe un exemple de vêtement féminin agrafé de la sorte. Studniczka[26] l'a trouvé sur plusieurs figures de femmes du vase François, dont trois (les Parques) sont reproduites d'autre part[27]. On remarque ici, en dessous de l'épaule, une ligne oblique coupée par trois petits traits et terminée en une sorte de bouton rhomboïdal. Elle est évidemment en rapport avec cette pièce semi-circulaire qui couvre l'épaule et sur laquelle se voit une autre petite ligne qui est le prolongement de la première. On ne saurait hésiter à reconnaître dans la pièce semi-circulaire le bout du vêtement, ramené de derrière le dos, pour être attaché avec l'épingle que représentent certainement les deux lignes obliques. La ligne coupée par les trois petites raies est probablement la tête, et la petite ligne de l'épaule la pointe de l'épingle qui attache l'extrémité du vêtement.

Nous pouvons même déterminer le genre d'épingle que le peintre a voulu représenter. Dans l'état actuel de nos connaissances, nous devons surtout envisager ici les épingles d'argent qu'on a trouvées dans les tomba a fossa de la nécropole de Tarquinies, c'est-à-dire dans des tombeaux qui remontent au moins au commencement du sixième siècle. Une, déjà signalée par Studniczka[28], est ornée de filigranes d'or pâle. Elle provient de la tomba del guerriero, la plus riche tomba a fossa de cette nécropole[29] ; la seconde[30] d'une tombe du même genre qui a déjà été pillée dans l'antiquité. Ces spécimens, vus de face, rappellent parfaitement les épingles peintes sur le vase François. Tout récemment on a trouvé, dans une tomba a fossa, une épingle d'argent qui offre avec ces dernières une analogie plus frappante encore ; on y remarquait à la tête une sorte de bouton longitudinal[31]. Malheureusement nous ne pouvons en donner aucune reproduction ; car cette épingle était très-oxydée et, à peine retirée du sol, s'est émiettée.

Les autres figures du vase François dont le vêtement est attaché comme celui des Parques, sont : sur la bordure supérieure, Atalante, où les épingles sont faciles à reconnaître sur les deux pièces d'épaules[32] ; une nymphe du cortège d'Hephaïstos serrée par un Silène ; Hippodameia dans le chœur de danse de Thésée ; la nymphe qui vient immédiatement derrière Apollon[33] ; enfin Rhodia dans la représentation de Troïlos. Ce mode d'attachement concorde bien avec ce que dit l'Épopée du heanos d'Héra. Rien ne nous autorise à supposer que le peplos fût attaché d'une autre manière. On peut donc admettre, avec Aristarque[34], que έανός et πέπλος étaient synonymes et correspondaient au vêtement que les Grecs appelaient plus tard himation ou chiton dorien.

La pièce d'étoffe jetée sur le corps et retenue au moyen d'épingles, dont se composait ce vêtement, était primitivement ouverte d'un côté[35] ; plus tard, les monuments le prouvent, cette ouverture était généralement cousue. Rien d'étonnant par conséquent que le peplos offert à Pénélope par Antinoüs ait été attaché avec douze épingles[36]. Les épingles ici remplaçaient simplement la couture. Studniczka[37] signale avec raison le chiton de la Pallas peinte sur une pinax corinthienne[38]. Dans l'ornement qui court verticalement sur la partie inférieure du vêtement, le peintre semble avoir pris pour modèle une fente attachée avec plusieurs épingles. Mais il est probable que, dans la partie inférieure du moins ; le costume féminin du temps d'Homère était souvent ouvert. En voici une preuve concluante : Aphrodite cherche à couvrir de son peplos son fils Énée étendu à terre par Diomède[39] ; il est clair qu'elle pouvait le couvrir beaucoup mieux avec un vêtement ouvert d'un côté que fermé tout autour. D'autre part, le chiton dorien est indiqué par un passage deux fois répété : c'est celui où Athèna, s'apprêtant au combat, laisse glisser son peplos[40] ; il est évident que les épingles qui attachaient ce chiton près des épaules, une fois enlevées, le peplos pouvait glisser facilement.

Les épithètes accompagnant le costume féminin concordent d'ailleurs avec l'opinion émise ci-dessus. Έλκεσίπεπλος, traînant le peplos[41], ne doit pas être rapporté forcément au costume ionien mais aussi au vêtement genre dorien. Il suffit de rappeler à ce propos que le chiton dorien de plusieurs figures de femmes du vase François touche le sol par derrière, pendant que les pieds restent découverts. Cette dernière circonstance explique les qualificatifs εΰσφυρος[42], καλλίσφυρος[43] et τανύσφυρος[44] qui prouvent bien que, dans le costume féminin de cette époque, les chevilles étaient visibles. Comme, d'autre part., dans le costume dorien, les bras étaient entièrement nus, l'épithète λευκώλενος, aux blancs bras[45] s'applique bien aussi à une femme qui en est vêtue.

Le qualificatif τανύπεπλος semble avoir à peu près le même sens que έλκεσίπεπλος[46]. Studniczka[47] propose de le traduire par : vêtu d'un peplos vaste, largement étendu. Il n'y a pas d'objection à faire à cette traduction au point de vue linguistique ; mais les vêtements de ce genre manquent dans l'art grec archaïque. Nous acceptons donc l'interprétation de ce savant avec cette différence que l'idée d'étendue, contenue dans le verbe, s'applique à la longueur et non à la largeur de la pièce d'étoffe oblongue dont se composait le peplos. Τανύπεπλος serait donc à traduire par : étendant au loin son peplos, ce qui est équivalent à έλκεσίπεπλος.

La couleur du peplos était très variable. On se figurait Éos vêtue d'un peplos couleur de safran[48], sans doute à cause de l'éclat doré de l'aurore. Nous retrouvons de nouveau ici l'influence orientale si, comme c'est probable, le mot xp6cos vient de l'hébreu karköm[49]. Il ne faudrait cependant pas y voir une opposition avec l'époque classique qui conserva et utilisa de diverses manières la couleur de safran comme la pourpre[50]. Déméter en deuil porte un peplos d'un bleu noir[51] ; Aphrodite en a un qui est éclatant comme le feu[52], c'est-à-dire probablement d'un rouge foncé. Mais les femmes semblent avoir porté beaucoup plus de vêtements de fantaisie que d'une seule couleur. L'Épopée appelle souvent les πέπλοι bigarrés ou très bigarrés (ποικίλος[53], παμποίκιλος[54]) et fait ressortir dans deux endroits[55] les ποικίλματα de ces vêtements. Athèna, dit le poète, a couvert son héanos de nombreux ornements (δαίδαλα πολλά)[56]. Nous avons fait remarquer, dans le chapitre XII, que la toile par sa nature même ne se prêtait guère à un tissage multicolore. Donc si le peplos ou le héanos était garni d'ornements, il est permis de supposer que ces vêtements étaient en laine de mouton et que, par suite, ils avaient de commun avec le chiton dorien non seulement la forme, mais encore l'étoffe[57].

Au contraire, les épithètes du φάρος[58] supposent la toile. Ce vêtement se distinguait-il du peplos et du héanos non seulement par la nature de l'étoffe, mais encore par la coupe, et était-ce un vêtement cousu, semblable au chiton ionien ? C'est ce qu'il est difficile de dire. On serait cependant tenté de le croire, puisque chaque fois qu'il est question du φάρος, l'Épopée ne mentionne point d'épingles. Mais ce peut être un simple hasard. Quoi qu'il en soit, nous inclinons à penser que ce n'était point un vêtement cousu ; ce qui nous confirme dans cette opinion, c'est que le φάρος n'est pas désigné seulement comme un vêtement de femme, mais aussi comme un manteau d'homme et même comme un simple morceau d'étoffe servant à différents usages, désignation qui s'explique fort bien si ce vêtement de femme était un morceau d'étoffe oblong que l'on jetait sur le corps comme le peplos ou le héanos. Un des passages plus récents de l'Iliade[59], nous apprend qu'on faisait aussi des vêtements de femme avec les étoffes de lin dites όθόναι ; mais on n'y trouve aucun renseignement sur la nature de ces vêtements.

Contrairement au chiton cousu d'hommes, le vêtement féminin ainsi jeté sur le corps nécessitait forcément une ceinture (ζώνη). La ceinture est d'ailleurs mentionnée dans toutes les descriptions quelque peu détaillées des toilettes féminines[60]. Studniczka[61] a eu tort de citer comme exception à cette règle la manière dont Athèna revêt le costume de Zeus[62]. La déesse ne fait point ici une toilette de femme ; elle met un chiton d'homme et tout un équipement guerrier dont une double ceinture, le ζωστήρ et la μίτρη, faisait forcément partie[63]. Hésiode emploie ζώσαι[64] pour la toilette de Pandore.

La ceinture d'or de Calypso et de Circé[65] était probablement en cuir garni de lames d'or. Nous sommes mieux renseignés sur la ceinture d'Hèra ; l'Épopée dit qu'elle était garnie de cent franges ou houppettes (θύσανοι)[66]. Studniczka[67] a apprécié cet ornement mieux que nous ne l'avons fait dans la première édition de ce livre ; il est vrai que nous ne pouvions pas connaître à ce moment la très importante cuirasse, trouvée dans l'Alphée. La description suivante de l'égide[68] peut servir de point de départ à l'explication du mot θύσανοι :

τς κατν θσανοι παγχρσεοι ερθονται,

πντες ϋπλεκες, κατμβοιος δ καστος.

Ces θύσανοι pendantes en fil d'or étaient évidemment une garniture de franges et de houppes, que l'art grec a transformées plus tard en serpents. Hérodote[69] emploie encore le même substantif pour la bordure serpentine et appelle, dans un autre endroit[70], κιθών θυσανωτός la kalasiris de lin des Égyptiens garnie de franges. Les θύσανοι de la ceinture d'Hèra peuvent donc être considérées comme des franges ou houppes faites tantôt de fils d'or, tantôt de lamelles très minces de même métal, comme on en a trouvé dans un tombeau en puits de Mycènes[71]. Cette parure est évidemment d'origine orientale. Les anciens Assyriens en faisaient un usage très varié. On la remarque au bas de presque tous les vêtements représentés sur leurs monuments. Les bandes en guise d'écharpes, garnies de franges, étaient les signes distinctifs du roi et des grands dignitaires[72]. Souvent on rencontre des ceintures garnies de franges[73]. Citons comme exemple le bas-relief[74] qui représente le roi Assournazirpal accomplissant un sacrifice, à la suite d'une chasse heureuse. Ici les deux musiciens qui accompagnent le sacrifice portent des ceintures semblables. Le spécimen provenant du tombeau de Mycènes, que nous venons de citer, prouve que cette houppe ou clochette orientale fut introduite en Grèce avant l'époque homérique. Comme elle a été trouvée près d'une épée, Schliemann[75] suppose qu'elle était attachée à cette arme ou tout au moins à sa poignée. Mais il n'existe point de monuments orientaux ou grecs sur lesquels.les épées soient ornées de cette façon. Il est probable que cette clochette faisait partie d'une ceinture. Dans un autre tombeau en puits, de Mycènes, on a découvert trois reproductions d'écharpes garnies de franges ; une d'elles est en smalt bigarré[76], les deux autres en albâtre[77]. Un vase trouvé à Mycènes et dont les peintures rappellent celles des vases du Dipylon, est orné de guerriers dont les chitones sont bordés de franges[78]. Une garniture analogue se voit à la ceinture d'un citharède et d'une femme qui sont au nombre des figures gravées sur la cuirasse trouvée dans l'Alphée ; c'est donc une ceinture pareille à celle d'Hèra dans l'Épopée.

Signalons enfin les fragments d'une ceinture d'argent trouvée dans un tombeau de Marion, dans l'île de Chypre[79]. Le bord inférieur est garni de clochettes d'argent dont la forme et la disposition sont évidemment copiées sur une de ces garnitures de glands. Cette garniture déparait les formes du corps ; aussi rien d'étonnant à ce que le goût épuré des Grecs ait rejeté cet ornement oriental[80].

La manière dont on était ceint était qualifiée par les épithètes βαθύζωνος[81] εύζωνος[82] et καλλίζωνος[83]. Quelques anciens commentateurs pensent que la première se rapporte à un costume féminin barbare ; mais un passage de l'Iliade[84] réfute cette opinion. Cléopâtre, femme de Méléagre, c'est-à-dire Grecque, supplie son mari de sauver la ville de Calydon en détresse. Elle dépeint les horreurs qu'ont à endurer les femmes et les enfants d'une ville prise à l'ennemi ; au milieu de cette description elle appelle les premières βαθζωνοι et attribue, par conséquent, aux femmes grecques de Calydon, la propriété que représente cette épithète[85]. L'explication la plus plausible est celle proposée par Studniczka[86] : suivant lui βαθζωνος indique l'entaille profonde qu'une ceinture produit autour des reins ; plus cette entaille est profonde et plus la taille parait svelte. La traduction libre serait donc : remarquable par sa taille svelte. Les Grecs, avec leur sens plastique, se préoccupaient de la forme de cette partie du corps : nous en avons la preuve dans le célèbre passage[87] où la taille d'Agamemnon est comparée à celle d'Arès. Sur les vases du Dipylon[88] et autres de style analogue[89] ainsi qu'en général sur tous les monuments archaïques de la Grèce, on voit des femmes à ceinture très serrée ; donc une taille élancée passait pour une beauté au temps qui suivit immédiatement l'époque homérique. Rien ne nous empêche de supposer qu'il en fût de même à l'époque immédiatement précédente. Les adjectifs έύζωνος et καλλίζωνος se rapportent-ils à la beauté de la taille ou de la ceinture ? c'est ce qu'il est difficile de dire. Studniczka[90], en se rangeant à la première de ces hypothèses, s'appuie sur ce que ces deux épithètes s'appliquent aussi bien aux femmes de basse condition qu'aux femmes de distinction[91]. Mais il ne faut pas oublier que les poètes en usaient très librement avec le trésor de brillantes épithètes qui étaient à leur disposition.

Voyons maintenant quel est le sens exact du κεστός ίμάς (courroie historiée) qui renfermait le charme d'amour d'Aphrodite. Les commentateurs entendent par là généralement une ceinture, le ceste[92]. Mais en étudiant de près les vers[93] où il en est question, on y découvre toute autre chose. Tout d'abord il est à remarquer que le poète ne se sert pas du mot ζώνη, habituellement usité pour la ceinture de femme, mais bien du mot ίμάς, courroie. Ensuite Aphrodite détache cet objet de sa poitrine ; or on sait que les femmes grecques, jusqu'au milieu du cinquième siècle, ne se ceignaient pas immédiatement sous la poitrine, mais plus bas, au-dessus des hanches[94]. Enfin, Hèra, après avoir reçu l'himas des mains d'Aphrodite, ne le met pas du tout en guise de ceinture, mais le cache dans son kolpos, conformément au désir de cette déesse ; et le kolpos, comme nous le verrons plus loin, c'est le creux formé par les deux seins et le vêtement qui couvre la poitrine. Nous prendrons donc l'expression du poète dans son sens le plus précis et admettrons une courroie historiée qu'Aphrodite serrait contre sa poitrine d'une manière qu'on ne peut guère déterminer avec exactitude. Par conséquent, il ne s'agit pas ici d'un objet de toilette, mais d'un charme ou talisman. Les savants plus familiarisés que nous avec ces questions seront à même de dire s'il existe d'autres exemples de courroies rehaussées de dessins ou d'ornements. L'adjectif κεστός dérivé du verbe κεντέω[95] suppose des motifs imprimés ou gravés, comme on en trouve à toutes les époques sur les objets en cuir, et concorde du reste parfaitement avec l'épithète ποικίλος (orné)[96].

Nous avons à parler encore de l'épithète βαθύκολπος[97] qui qualifie trois fois dans l'Épopée les femmes troyennes. Aristarque[98], Otfried Müller[99] et Dœderlein[100] supposent que ce qualificatif désigne un costume féminin barbare. Que cette épithète soit exclusivement appliquée aux Troyennes ou non, nous ne saurions partager l'avis de ces savants. Comme nous l'avons déjà fait remarquer dans notre chapitre Ier, les poètes ne font aucune différence entre les formes achéennes et troyennes. De plus dans l'édition de l'Iliade due à Zenodotos[101] l'adjectif βαθύκολποι est adjoint aux Muses, et dans les hymnes homériques aux Nymphes[102] et aux Océanides[103]. Nous pouvons donc admettre que les poètes l'ont employé en regardant autour d'eux les femmes grecques. Aristarque[104] et les commentateurs modernes[105] prétendent que cet adjectif fait allusion au bouffant du peplos remonté au-dessus de la ceinture ; mais on ne rencontre cette disposition sur aucun monument de l'art grec archaïque[106]. En outre, Studniczka a prouvé que le mot κολπος, partout où il revient dans l'Épopée, autorise une tout autre interprétation[107].

Κλπος, comme en latin sinus, sein en français, Busen en allemand, désigne en général un creux, une place concave. L'acception de tous ces mots s'est également élargie. Dans le corps de la femme ils signifient d'abord l'espace vide compris entre les deux seins, puis, par extension, toute la poitrine ; dans ce dernier sens, ils sont employés pour la poitrine de l'homme. Ils peuvent aussi s'appliquer parfois au vêtement qui recouvre la poitrine, de même que dans notre expression moderne poitrine couverte de décorations[108]. Κλπος et sinus ne sont employés pour désigner le vêtement que si celui-ci forme un bourrelet ou mieux un bouffant. Or il n'est pas un seul passage caractéristique de l'Épopée qui nous oblige à prendre κολπος dans ce sens : il a, au contraire, partout la signification très claire de poitrine nue ou couverte.

Ce mot a évidemment son sens primitif dans ce passage de l'Iliade[109] où il est dit que Hèra serre dans son κολπος le ίμάς que lui donne Aphrodite. Il désigne certainement ici le creux compris entre les deux seins et le vêtement de la poitrine. Supposons la déesse vêtue d'une sorte de chiton dorien et ce fait nous paraîtra tout naturel. Hèra n'avait même pas besoin de se dégrafer pour serrer le himas ; elle n'avait qu'à le glisser par l'ouverture pratiquée sous l'aisselle.

Il en est de même pour un passage de l'Odyssée[110]. Lorsque la gardienne d'Eumaios s'échappe pour aller rejoindre ses compatriotes sidoniens, elle emporte trois coupes qu'elle cache ύπό κόλτω. Κλπον ne peut signifier ici que le sein, et pour contenir les trois coupes ce κολπος devait être un espace vide assez considérable et accessible par l'ouverture latérale sans qu'il fût besoin de dégrafer le vêtement.

Il faut, en outre, rappeler ici les vers par lesquels Hécube conjure Hector de renoncer au combat avec Achille[111] :

μτηρ δ αθ τρωθεν δρετο δκρυ χουσα

κλπον νιεμνη, τρηφι δ μαζν νσχε·.

Κλπον νιεμνη doit être traduit ici par faisant ressortir, c'est-à-dire découvrant le sein. Aristonicus[112] a déjà compris ainsi ce passage et signalé à ce propos les vers suivants de l'Odyssée (II, 299).

ερε δ ρα μνηστρας γνορας ν μεγροισιν,

αγας νιεμνους σιλους θ εοντας ν αλ.

αίγας άνίεσθαι ne peut signifier que dépouiller les chèvres de leur peau, c'est-à-dire dépecer ; ce verbe a donc ici exactement le même sens que dans le passage ci-dessus de l'Iliade. Si nous traduisons κόλπον άνιεμένη par découvrant le sein, nous sommes en présence d'un vêtement du genre dorien. Hécube désagrafe son vêtement d'une main, acte tellement naturel qu'il n'avait pas besoin d'être signalé. De l'autre main (έτέρηφι), elle soulève l'un de ses deux seins (μαζόν), qui se trouve être ainsi complètement dénudé, et par ce sein, qui l'a calmé, elle adjure son fils d'épargner sa vie. Au contraire, lorsque les poètes nous apprennent que les κολποι d'Althaia, quand elle invoque Hadès et Perséphone contre son fils Méléagre, sont mouillés de larmes[113], lorsqu'Astyanax, effarouché par le panache du casque de son père, se serre contre le κολπος de sa gardienne[114], lorsqu'enfin Néoptolème, pour briser Astyanax contre terre, l'arrache έκ κόλπου de sa gardienne[115], dans tous ces cas il s'agit évidemment d'un sein recouvert d'un vêtement. Il est, en effet, difficile d'admettre que les poètes s'imaginaient voir Althaia et la gardienne d'Astyanax avec la partie supérieure du corps entièrement dénudée. Pour le même motif, il convient d'attribuer au κολπος le même sens dans trois passages de l'hymne à Déméter[116], où il est dit que Metaneira, tenant son enfant sous le κολπος, est assise devant la porte de sa maison, — que Déméter, en l'attendant, prend l'enfant sur son κολπος odoriférant, qu'elle le parfume d'ambroisie, en le tenant έν κολποισι.

Par suite, il ne peut subsister aucun doute sur la signification de βαθύκολπος. Cet adjectif indique le creux profond compris entre les deux seins de la femme qui font une forte saillie. Pour le prouver mieux encore il est à peine besoin de citer un passage d'Eschyle[117] où il est dit qu'Antigone et Ismène έρατών έκ βαθυκόλπων στηδέων donnent libre cours à leur douleur, passage où cette épithète ne saurait avoir un autre sens. On peut donc la traduire par au sein abondant, ou bien, avec Voss, par au sein gonflé[118]. Cette épithète correspond parfaitement au goût esthétique des Grecs de ce temps-là qui aimaient (l'Épopée le prouve surabondamment)[119] non pas un type de femme délicat, éthéré, mais bien d'une apparence forte et luxuriante.

Outre le έανός, le πέπλος et le φάρος, le costume féminin comprenait un grand voile, sorte de manteau, que les femmes jetaient sur leurs épaules, lorsqu'elles se disposaient à sortir. Il est désigné ordinairement par les termes κρήδεμνον (κρήδεμνα)[120], καλύπτρη[121] et κάλυμμα[122]. Le premier, comme le fait observer avec raison Ameis[123], indique la place exacte où était posé cette espèce de châle[124], les deux autres l'effet que produisait ce vêtement. Il résulte d'ailleurs de l'hymne à Déméter notamment que ces trois substantifs désignent le même vêtement. Lorsque cette déesse entend le cri que pousse sa fille ravie par Hadès, une douleur violente s'empare d'elle ; elle déchire alors ses κρήδεμνα qui couvrent ses boucles d'ambroisie et jette un κάλυμμα foncé sur ses deux épaules (40). Cela veut dire évidemment que cette déesse, dans sa douleur, met un autre voile que celui qu'elle portait d'habitude, et cela afin de bien marquer son deuil. Ceci est à rapprocher du passage de l'Iliade où Thétis, émue de la douleur de son fils Achille, se rend auprès de Zeus vêtue d'un κάλυμμα très noir[125]. Le κάλυμμα de Déméter est appelé καλύπτρη plus loin dans le même hymne (190). Donc κρήδεμνον, καλύπτρη et κάλυμμα sont bien synonymes.

Le voile désigné par ces trois substantifs était généralement posé sur le derrière de la tête[126] et, laissant le visage à découvert, pendait dans le dos et sur les épaules. Les femmes ne s'en couvraient le visage que lorsqu'elles voulaient rester inconnues[127] ou se retrancher, en deuil, du monde extérieur[128]. Si elles étaient pressées, elles se contentaient de jeter ce châle non sur le derrière de la tête, mais sur les épaules, comme fait Déméter lorsqu'elle s'élance pour aller chercher sa fille[129]. On ôtait le κρήδεμνον quand on avait besoin d'avoir les mouvements du corps libres, par exemple en jouant à la balle[130]. Les femmes qui sont en proie à une violente douleur le rejettent au loin[131]. Comme dans les conditions normales, ce voile était simplement posé sur la tête, il fallait, pour qu'il ne pût glisser de la tête, tout au moins le maintenir avec la main[132]. Les règles de la convenance prescrivaient, en effet, aux femmes de tenir le voile devant la joue, lorsqu'elles conversaient avec les hommes ; cette coutume, confirmée par les monuments archaïques[133], se maintint à l'époque ultérieure. C'est ainsi que Pénélope tenait son voile quand elle se montra aux prétendants[134]. Cette disposition ne portait nullement atteinte à la beauté de la femme ; elle imprimait au contraire un caractère charmant au profil et faisait valoir admirablement la forme du bras.

Les épithètes accompagnant le κρήδεμνον[135] et la καλύπτρη[136] indiquent des étoffes de lin, nous l'avons déjà démontré dans le chapitre XI. Dans un passage[137] ce voile est appelé précisément όθόναι, c'est-à-dire étoffe de lin Lorsqu'Iris se rend chez Hélène pour l'engager à regarder les deux armées du haut des murailles, elle la trouve dans son megaron, occupée à son métier de tapisserie. Dès que la déesse l'exhorta à sortir et qu'elle lui inspira le désir de voir son premier époux, Hélène s'enveloppe dans ses άργενναι όθόναι et, toute en larmes, quitte son appartement. Comme il est certain qu'Hélène n'était pas nue auparavant, mais bien vêtue d'un heanos, d'un peplos ou d'un pharos, nous sommes obligés d'admettre, avec Ameis, que όθόναι signifiait le voile dont Hélène se couvrit, au moment de sortir, suivant la mode de son temps. Il est vrai qu'en parlant du même vêtement, dans un autre passage du même chant (419), le poète dit : έανώ άργήτι φαεινώ ; mais cela n'a rien d'étonnant, puisque le substantif έανός a ici un sens général, de même que le κάλυμμα de Thétis prend le nom d'έσθος[138]. L'identité des όθόναι avec le έανός est en outre démontrée par la parenté des épithètes dont ces deux substantifs sont accompagnés. On semble avoir laissé presque toujours au κάλυμμα la couleur naturelle de la toile ; car les épithètes font ressortir presque toujours la blancheur éclatante de cette partie de la toilette ; un κάλυμμα bleu foncé n'est mentionné que dans deux passages cités plus haut[139]. Les monuments archaïques reproduisent très souvent cette partie du vêtement : ils nous le montrent ou bien tombant de derrière la tête dans le dos et sur les épaules[140] ; ou bien, comme celui de Pénélope, se montrant aux prétendants, écarté d'une main devant la joue[141].

La coiffure d'Andromaque, décrite dans le 22e chant de l'Iliade, est particulièrement compliquée. Comme il faut l'envisager à divers points de vue, nous allons lui consacrer un chapitre spécial.

 

 

 



[1] Iliade, III, 385 ; XIV,178 ; XXI, 507. Hymn. hom. V (in Cererem) 176. Nous verrons plus loin que έανός (Iliade, III, 419) ne signifie pas le principal vêtement, mais le voile d'Hélène.

[2] Iliade, XVI, 9.

[3] Πέπλος a sûrement ce sens dans les passages suivants : Iliade, V, 315, 338, 734 ; VI, 90, 271, 289, 302 ; VIII, 385. Odyssée, VI, 38 ; XV, 105, 124 ; XVIII, 292. Hymn. IV (in Venerem), 86, V (in Cererem), 182, 277. En outre, dans les épithètes : έλκεσίπεπλος (Iliade, VI, 442 ; VII, 297 ; XXI I, 105) ; εΰπεπλος : Iliade, V, 424 ; VI, 372, 378, 383 ; XXIV, 769. Odyssée, VI, 49 ; XXI, 160. Hésiode, Théogonie, 273. κρικόπεπλος Iliade, VIII, 1 ; XIX 1 ; XXIII. 227 ; XXIV, 695 ; Hésiode, Théogonie, 273. κυανόπεπλος (Hymne V in Cererem), 360 ; Hésiode, Théogonie, 406). — τανύπεπλος Iliade, III, 228 ; Odyssée, IV, 305 ; XII, 375 ; XV, 171, 363. Batrachom., 36 ; Hésiode, Fragm. XIII. — Il est très probable aussi que les πέπλοι faisant partie des présents que Priam offre à Achille (Iliade, XXIV, 229) sont des vêtements destinés aux femmes qui se trouvent dans le camp de ce dernier, de même qu'Hélène offre à Télémaque un peplos que doit porter sa future épouse (Odyssée, XV, 104-107, 123-127).

[4] Odyssée, V, 230, X, 543.

[5] Curtius, Grundzüge, 4e éd., p. 379-380.

[6] Iliade, V, 734 ; VIII, 385.

[7] Iliade, XVIII 352, XXIII, 254.

[8] Iliade, XVIII, 613.

[9] Beiträge, p. 92-93.

[10] Iliade, XIV, 178.

[11] Iliade, V, 734, VIII, 385.

[12] IV, 86.

[13] Odyssée, V, 230 ; X, 543. Studniczka se trompe (Beiträge, p. 95) lorsqu'il cite à cette occasion Hésiode (Op., 198). Le poète raconte comment Aidos et Némésis quittent la terre et se rendent dans l'Olympe. Comme le poète ne pouvait guère se figurer nues les deux déesses tant qu'elles étaient sur terre, le φάρος a évidemment ici le même sens que κρήδεμνον, καλύπτρη, c'est-à-dire long voile que les déesses mettaient en partant, conformément aux usages du temps. Le mot φάρος ayant signifié à l'origine grand morceau d'étoffe de lin, il n'y a aucun inconvénient à l'appliquer à ce voile qui n'était autre chose qu'une pièce carrée de cette étoffe. Χρώς signifie dans l'Épopée non seulement la peau nue, mais aussi la peau couverte d'un vêtement. En effet, les héros mettent souvent leur armure sur le χρώς (Iliade, IX, 596 ; XVII, 210 ; XIX, 233), tout en portant un chiton sous la cuirasse. Comparez aussi deux passages des Hymnes, notamment Hymn. IV (in Vener.), 162 (dont il sera plus longuement question dans le chap. XX) et VI, 14. De même κόλπος, comme nous le verrons tout à l'heure, signifie tantôt le sein nu, tantôt le sein couvert.

[14] V, 176.

[15] Iliade, VI, 442 ; VII, 297 ; XXII, 105.

[16] V, 182.

[17] Iliade, XIV, 178-180.

[18] Iliade, V, 424-425. Odyssée, XVIII, 292-294.

[19] Beiträge, p. 92 et suiv.

[20] Iliade, V, 193.

[21] Odyssée, VII, 96.

[22] Iliade, XXIV, 795.

[23] Odyssée, XVIII, 292.

[24] Iliade, XIV, 178.

[25] Beiträge, p. 97.

[26] Beiträge, p. 89-100.

[27] Beiträge, p. 98, fig. 28.

[28] Beiträge, p. 100.

[29] Mon. dell' Inst., X, pl. Xb 7, 7a. Ann., 1874 p. 259. Comparez Ann., 1885, p. 17.

[30] Elle est conservée au musée municipal de Corneto. On a trouvé des exemplaires analogues en bronze dans la nécropole de Suessula (Cancello). — Museo rom. preistorico, n° 32638 — et dans celle de Visentium (Capodimonte sur le lac Bolsena). Comparez les fibules de bronze à quatre raies transversales terminées en bouton ; on en a mis au jour 18 à Suessula. Notizie degli sc., 1878, pl. V, 10, p. 107.

[31] Bull. dell' Inst., 1886, p. 89, n° 2.

[32] Beiträge, p. 99, fig. 31.

[33] Beiträge, p. 98, fig. 29.

[34] Schol. Iliade, XIV, 178 ; XVI, 9. Comparez Lehrs, De Aristarchi stud. homericis, 2e éd., p. 193.

[35] Figure de Polyxène publiée dans les Monum. inéd. de Raoul Rochette (pl. 49, 1b) et les Etr. und Camp. Vasenb. de Gerhard E 2 (coupe de Xenoclès). Comparez Studniczka, p. 6-9 et 109-110.

[36] Odyssée, XVIII, 293.

[37] Beiträge, p. 96.

[38] Beiträge, p. 96, fig. 27.

[39] Iliade, V, 315. Comparez 335 et suiv.

[40] Iliade, V, 734. VIII, 385.

[41] Iliade, VI, 442. VII, 297. XXII, 105.

[42] Hésiode, Théogonie, 254, 961. Scut. Herc., 16, 86.

[43] Iliade, LX, 557, 560. XIV, 319. Odyssée, V, 333. XI, 603. Hymn. V (in Cerer.), 453, XV, 8. XVII, 19. Hésiode, Théogonie, 384, 507, 526, 950.

[44] Hymn. V (in Cerer.), 2, 77. Comparez aussi άργυρόπεζα, aux pieds d'argent, épithète fréquente de Thétis.

[45] Ebeling, Lexicon homer. Voyez ce mot.

[46] Iliade, III, 228. XVIII, 385, 424. Odyssée, IV, 305. XII, 375. XV, 171, 363. Hésiode, Scut., 83 et fragm. XIII.

[47] Beiträge, p. 117.

[48] Ήώς κροκόπεπλος : Iliade, VIII, 1. XIX, I. XXIII, 227. XXIV, 695. — Hésiode (Théogonie, 273, 358) attribue cette épithète à Enyo et à l'océanide Telesto.

[49] Hehn, Kulturpflanzen und Hausthiere, 3e éd., p. 227, 4e éd., p. 212.

[50] Comparez Becker, Charikles, III2, p. 178, 202-203.

[51] Hymn. V (in Cerer.), 182-183, 360. Hésiode, Théogonie, 406.

[52] Hymn. IV (in Vener.), 86.

[53] Iliade, V, 735. VIII, Odyssée, XVIII, 293.

[54] Iliade, VI, 289. Odyssée, XV, 105.

[55] Iliade, VI, 294. Odyssée, XV, 107.

[56] Iliade, XIV, 178.

[57] Cependant cela n'empêche pas que les couvertures dites πέπλοι étaient souvent en toile (voyez notamment, Odyssée, VII, 97).

[58] Odyssée, V, 230. X, 543.

[59] Iliade, XVIII, 597 (des jeunes gens et jeunes filles dansant, sur le bouclier d'Achille).

[60] Iliade, XIV, 178 et suiv. Odyssée, V, 231. X, 544. XI, 245. Hymn. IV, (in Vener.), 164, 255, 282. Il faut y ajouter les épithètes βαθύζωνος, έύζωνος, καλλίζωνος qualifiant les ceintures de femmes.

[61] Beiträge, p. 119.

[62] Iliade, V, 734. VIII, 385.

[63] Comparez le chap. XXI.

[64] Op., 72.

[65] Odyssée, V, 232. X, 545.

[66] Iliade, XIV, 181.

[67] Beiträge, p. 121-123.

[68] Iliade, II, 448.

[69] IV, 189.

[70] II, 81.

[71] Schliemann, Mykenœ, p. 348, n° 461.

[72] Perrot et Chipiez, Hist. de l'art, II, p. 99-101, n° 22-24, p. 109, n° 29, p. 631, n° 304.

[73] Voyez Place, Ninive et l'Assyrie, III, pl. 46, 3. — Perrot et Chipiez, II, p. 455, n° 205.

[74] D'après Perrot et Chipiez, II, p. 455, n° 205.

[75] Mykenœ, p. 349.

[76] Mykenœ, p. 278, n° 351. Comparez p. 279-280.

[77] Mykenœ, p. 279, n° 352.

[78] Mykenœ, p. 153, n° 213. On rencontre souvent des chitones analogues sur les vases du genre de la coupe d'Arcésilas et sur ceux du peintre Amasis, ce qui indique peut-être une influence égyptienne (Studniczka, Έφημερίς άρχ., 1886, p. 127-128).

[79] Furtwængler, Die Bronzefunde aus Olympia, p. 51 et suiv.

[80] Mais Léonidas de Tarente (Anth. Pal., VI, 202) mentionne une εύθύσανος ζώνη ; on peut en conclure que la ceinture de franges, comme beaucoup d'autres objets orientaux, reparut à l'époque hellénistique. Comparez un vase attique de basse époque dans Dumont et Chaplain, Les céramiques de la Grèce propre, pl. 38.

[81] Iliade, IX, 594. Odyssée, III, 154. Hésiode, fragm., XCIII, 4. Hymn. V (in Cerer.), 95, 161. 201.

[82] Iliade, I, 429. VI, 467. IX, 366, 590, 667. XXIII, 261, 760. Hymn. V (in Cerer.), 212, 234, 243, 255. Hés., Scut. 31. Fragm. CXXXVIII.

[83] Iliade, VII, 139. XXIV, 698. Odyssée, XXIII, 147. Hymn. I (in Apoll. Del.), 154. Hymn. II (in Apoll. Pyth.), 268.

[84] Iliade, IX, 594.

[85] D'ailleurs le poète de l'Hymne à Déméter donne cette épithète à Persephonè, à Metaneira et aux femmes en général. Iliade, IX, 594. Odyssée, III, 154. Hésiode, fragm., XCIII, 4. Hymn. V (in Cerer.), 95, 161. 201.

[86] Beiträge, p. 120-121.

[87] Iliade, II, 479.

[88] Comparez Mon. dell' Inst., IX, pl. XXXIX, 2.

[89] Voyez un exemple très caractéristique dans Schliemann, Tiryns, pl. XVIIa, p. 103-105.

[90] Beiträge, p. 121.

[91] La gardienne d'Astyanax est έΰζωνος (Iliade, VI, 967). Les servantes d'Ulysse sont καλλίζωνοι (Odyssée, XXIII, 147).

[92] Comparez Ann. dell' Inst. 1842, p. 50-53. — Dœderlein, Homerisches Glossarium, III, p. 116.

[93] Iliade, XIV, 214 (Aphrodite) :

, κα π στθεσφιν λσατο κεστν μντα

ποικλον, νθα δ ο θελκτρια πντα ττυκτο.

Puis elle dit à Héra 219 :

τ νν τοτον μντα τε γκτθεο κλπ

ποικλον,

exhortation à laquelle obéit l'épouse de Zeus, 221. — Comparez Schol. Iliade, XIV, 214 et Lehrs, De Arist. stud. hom., 2e éd., p. 193.

[94] Flasch, dans les Ann. dell' Inst., 1873, p. 18. — Petersen, dans les Archæol-epigraph. Mittheilungen aus Œsterreich, V (1881), p. 2-13.

[95] Kuhns Zeitschrift für vergl. Sprachvorschung, VII, p. 88 ; VIII, p. 151, 354. Comparez le πολύκεστος ίμάς qui sert de courroie d'attaque à Pâris (Iliade, III, 371). Voyez Studniczka, Beiträge, p. 123, note 89.

[96] Comparez notre ch. XXX.

[97] Iliade, XIX, 122, 339 ; XXIV, 215.

[98] Etym., p. 185, 33, 41. — Schol. Iliade, II, 484 ; XVIII, 339 ; XXIV, 215. — Odyssée, III, 154. — Eustathe sur l'Odyssée, III, 154, p. 1462, 3. — Comparez Lehrs, De Arist. stud. homer., 2e éd., p. 111-112.

[99] Handbuch der Archœol., § 339, 3.

[100] Homerisches Glossarium, III, p. 117, n° 2112.

[101] Son texte dit : Μοΰσαι Όλυμπιδες βαθύκολποι (de même Pindare, Pyth. I, 12) au lieu de : Μοΰσαι Όλύμπια δώματ' έχουσαι (Schol. Iliade, XVIII, 339 ; XXIV, 215. Comparez Lehrs, p. 112). Iliade, V, 424. Plutarque (Symp., 9, 2, 3) lisait : Άχαϊάδων βαθυκόλπων au lieu de Ά. εύπέπλων.

[102] IV (in Vener.), 257.

[103] V (in Cerer.) 5.

[104] Voyez ci-dessus note précédente et Lehrs, De Arist. stud. hom., 2e éd., p. 150.

[105] Notamment Böckh sur Pindare, Ol., III, 36. (II2, p. 140) et Stark à propos des Griech. Privatalterth. de Hermann, 2e édit., p. 169, note 21.

[106] On en trouve les exemples les plus anciens sur les vases corinthiens : Boehlau, Quæstiones de re vestiaria Græcorum, p. 68-70.

[107] Beiträge, p. 101-104.

[108] Studniczka, Beiträge, p. 102.

[109] Iliade, XIV, 219, 223.

[110] Odyssée, XV, 469.

[111] Iliade, XXII, 79-80.

[112] Schol. Iliade, XXII, 80.

[113] Iliade, IX, 369.

[114] Iliade, VI, 467.

[115] Petite Iliade, Fragm. 18. (Epicor. gr. fragm., éd. Kinkel, I, p. 46.).

[116] Hymn. V (in Cerer.) 186.  231.  238.

[117] Septem, 863.

[118] La désignation de cette particularité est bien conforme au génie de l'Épopée. Voyez Iliade, III, 397, où le poète fait ressortir les στήθεα ίμερόεντα d'Aphrodite. Dans la petite Iliade, Ménélas, sur le point de tuer son infidèle épouse, laisse tomber le glaive en voyant son sein nu : Epicor. græc. fragm., éd. Kinkel, I, p. 45, n° 16.

[119] Odyssée, VI, 151. Odyssée, XIII, 288 ; XVI, 157 (Athéna). De même, Odyssée, XV, 418, et Odyssée, V, 215. XVIII, 195. XVIII, 249. Odyssée, XX, 70.

[120] Iliade, XIV, 184 ; XXII, 470. Odyssée, V, 346, 351, 373, 459 ; VI, 100. Odyssée, I, 334 ; XVI, 416 ; XVIII, 210 ; XXI 65. Hymn. (in Cerer.) 41. Odyssée, IV, 623. Iliade, XVIII, 382. Hymne V (in Cerer.), 25, 438, 459.

[121] Iliade, XXII, 406. Odyssée, V, 232 ; X, 545. Hymn. V. (in Cerer.). 197. Hésiode, Théogonie, 574.

[122] Iliade, XXIV, 93. Hymn. V, 42.

[123] Sur l'Odyssée, V, 232.

[124] Curtius, Grundzüge, 4e éd., p. 233, n° 264.

[125] Iliade, XXIV, 93.

[126] Iliade, XIV, 184, Odyssée, V, 232. Comparez Odyssée, X, 545. Hymn. V (in Cerer.) 182, et Hésiode, Théogonie, 574.

[127] Iliade, III, 419.

[128] Hymn. V (in Cerer.), 197.

[129] Hymne V, 42.

[130] Comme les compagnes de Nausicaa (Odyssée, VI, 100).

[131] Iliade, XXII, 406 (Hécube). XXII, 470 (Andromaque).

[132] Hésiode, Théogonie, 575.

[133] Artémis sur un fragment de vase : Conze, Meltiche Thongefässe, vignette, p. V. — Une femme assistant à un combat : Conze, pl. 3.— Des femmes sur des stèles funéraires de Sparte : Mittheil. des arch. Inst. in Athen, II, pl. 20, 22-24 ; VIII, pl. 16.— Eriphyle sur un vue de Corinthe : Mon. dell' Inst., X, pl. 4, 5. — Thétis en fiancée sur le vase François. — Hélène en présence de Ménélas sur des vases à figures noires : Overbeck, Galerie, pl. 26, 1-3 ; Mus greg., II, pl. 49, 2. Comparez Löschcke, De basi quadam prope Spartam reperta, p. 7.

[134] Odyssée, I, 334 ; XVI, 416 ; XVIII, 210 ; XXI, 65.

[135] Νηγάτεος : Iliade, XIV, 185. Λιπαρός : Odyssée, XXI, 65.

[136] Iliade, XXII, 406.

[137] Iliade, III, 141.

[138] Iliade, XXIV, 94. Comparez Studniczka, Beiträge, p. 127.

[139] Iliade, XXIV, 93. Hymn. V (in Cerer.), 42.

[140] Exemples : une femme sur un vase de Mélos — Conze, Melische Thongefœsse, pl. 3 ; Hélène sur une basis de Sparte — Ann. dell' Inst., 1861, Tav. d'Agg. C. 2 ; Löschcke, De basi qua dam prope Spartam reperta, n° 1, p. 7 et suiv. Les trois déesses sur la coupe de Xenoclès. — Raoul Rochette, Mon. inéd., pl. 49, 1 ; Overbeck, Galer., pl. 9, 2.

[141] Mus. Greg., II, pl. 49, 2.