PREMIÈRE PARTIE — Guerres d’Agricola en BretagneLe commencement du règne de Domitien fut marqué par
d’importantes campagnes en Bretagne[1]. Depuis 77[2], Cn. Julius
Agricola était gouverneur de cette province où il avait déjà séjourné à deux
reprises différentes, d’abord sous Suetonius Paullinus comme tribun militaire
(Agricola, 5),
puis sous Vettius Bolanus et Petillius Cerialis, comme légat de légion (Agricola, 8).
— Par une expédition heureuse contre les Ordoviques, Agricola avait d’abord
achevé la conquête du pays de Galles et occupé l’île d’Anglesey, foyer de la
résistance des Celtes (Agricola,
18). Après la soumission d’autres peuples[3] qui ne sont pas
nommés par Tacite, les Romains possédèrent Agricola chercha aussi, par sa bonne administration, à attacher à la domination romaine les peuples qui faisaient partie de la province : il les traita avec douceur, supprima des abus qui les appauvrissaient ou les humiliaient, appela des hommes intègres à le seconder, allégea les tributs et les fournitures de blé, engagea les Bretons à construire des temples, des maisons, répandit chez eus l’usage de la toge, fit instruire les fils de leurs chefs[5]. Mais son ambition ne se bornait pas là : il avait formé le projet d’annexer à l’empire l’Écosse et même l’Irlande. Il espérait, par cette conquête, illustrer son nom et enlever toute velléité d’indépendance aux Bretons qui n’auraient plus envié la liberté de leurs voisins, ni attendu aucun appui extérieur[6] : de plus, comme on croyait alors l’Irlande située à l’est de l’Espagne, il pouvait penser que l’occupation de ce pays faciliterait les communications maritimes avec l’ouest de l’empire[7]. — Pour accomplir ces desseins, Agricola avait une nombreuse armée sous ses ordres : quatre légions[8], avec environ trente cohortes et dis ailes de cavalerie[9]. A partir de la troisième année de son commandement, il
entreprit vers le nord des expéditions qui, s’il faut en croire Tacite,
furent toutes heureuses, malgré les difficultés de la marche, du
ravitaillement, des combats dans un pays inconnu, couvert de forêts, de
marécages et de montagnes. — En 79, il pénétra dans des territoires inconnus
auparavant et s’avança jusqu’à l’estuaire du Tartans (Firth of Tay ?)[10]. — L’année
suivante fut consacrée par lui à s’assurer la possession définitive des pays
qu’il venait de parcourir. De l’estuaire de En 81, Agricola, dit Tacite dans des termes
malheureusement trop vagues, s’embarqua dès que
la saison le lui permit et dompta, à la suite de nombreux succès, des nations
jusqu’alors inconnues, peut-être des peuplades établies en Écosse,
au nord de l’estuaire de la Clota[13]. En même temps,
il garnit de troupes la partie de Ce fut alors que Domitien succéda à Titus. Quoique Agricola gouvernât déjà la province depuis plus de quatre ans, il ne le rappela pas et lui permit d’abord de poursuivre ses projets, au moins dans Pile de Bretagne. En 82, Agricola s’avança, en longeant le rivage[14], dans les pays
situés au delà de Pour l’année 83, il prépara une grande expédition. Son
armée était peut-être affaiblie par suite du rappel d’une partie de ses
troupes sur le continent[18] ; il la renforça
à l’aide d’auxiliaires levés parmi les Bretons les plus braves et les plus
fidèles. — Il fit partir la flotte la première, afin qu’en ravageant
plusieurs points, elle répandît chez les ennemis l’incertitude et la terreur.
Puis il s’avança avec son armée sans bagages (Agricola, 29). De leur côté, les
différents peuples de Agricola disposa ses troupes de manière à former le centre de bataille avec les fantassins auxiliaires, au nombre de huit mille. Aux ailes, il plaça trois mille cavaliers. Les légions furent rangées derrière ces troupes et devant les retranchements du camp : le général voulait ménager le sang romain en cas de succès, et se garder une réserve importante en cas de revers (Agricola, 35). Quatre escadrons de cavalerie furent tenus aussi en réserve (Agricola, 37). Du côté des ennemis, les chars, les cavaliers et une partie des fantassins se trouvaient dans la plaine ; le reste était rangé sur les pentes des collines, qui formaient un amphithéâtre (Agricola, 35). Le combat commença d’abord de loin. Les Calédoniens, agiles et braves, paraient les javelots et faisaient tomber sur les Romains une grêle de traits. Agricola lança alors sur les ennemis de la plaine la cavalerie des ailes et les plus braves de ses auxiliaires, c’est-à-dire trois (?)[23] cohortes de Bataves et deux de Tongres qui furent suivies bientôt par les autres auxiliaires. Armés de petits boucliers, d’épées longues et sans pointe, gênés par leurs chars et par les chevaux qui fuyaient en désordre devant la cavalerie romaine, les Calédoniens de la plaine furent culbutés. A la vue de la défaite des leurs, ceux qui occupaient les collines en descendirent. Confiants dans leur nombre, ils voulurent envelopper l’armée d’Agricola. Mais celui-ci avait dès le début de la bataille prévu ce danger : sur son ordre, les quatre escadrons de cavalerie tenus en réserve jusqu’alors furent lancés contre les ennemis et les renversèrent, puis, par une manœuvre rapide, les prirent à revers. Les Romains triomphèrent ce jour-là grâce aux habiles dispositions prises par leur général, ainsi qu’à la supériorité de leur armement et de leur cavalerie. Les auxiliaires eurent l’honneur de la victoire ; les légions n’intervinrent pas. — La déroute des Barbares fut complète ; ils furent poursuivis jusqu’à la nuit et ne purent se rallier : dix mille d’entre eux périrent. Du côté des Romains, il n’y avait, s’il faut en croire Tacite, que trois cent soixante morts[24]. La ligue des Calédoniens était détruite ; il ne restait
qu’à vaincre des résistances isolées. Mais la saison était déjà trop avancée
pour permettre une guerre d’escarmouches ; Agricola ramena son armée dans le
pays des Borestes (on
ne sait quel est ce peuple), où il reçut des otages, puis il revint
prendre ses quartiers d’hiver en s’avançant à petites journées, afin
d’effrayer par la lenteur même de sa marche ces peuples qui ne connaissaient
guère les Romains (Agricola,
38). En même temps, il ordonna au préfet de la flotte de faire le tour
de Mais il ne fut pas permis à Agricola de prendre
définitivement possession de Ces mesures furent-elles inspirées à l’empereur par des sentiments de malveillance à l’égard d’Agricola ? Tacite le prétend (Agricola, 39) : Domitien sentait bien qu’on s’était moqué de son triomphe récent sur les Germains, triomphe mensonger où avaient égaré comme prisonniers, avec le costume et la coiffure des barbares, des hommes achetés sur les marchés d’esclaves ; mais, cette fois, il n’était bruit que d’une véritable, d’une grande victoire et d’ennemis tués par milliers. Ce qu’il craignait le plus, c’était que le nom d’un simple citoyen fût élevé plus haut que celui du prince : à quoi lui aurait servi d’avoir étouffé l’éloquence et les arts de la paix, si un autre s’emparait de la gloire militaire ? Il aurait pardonné plus facilement tout le reste, mais la qualité de grand général est une prérogative de l’empereur. Domitien, dont le caractère n’était rien moins que généreux, put en effet concevoir ces pensées ; cependant Tacite lui-même reconnaît qu’il sut les dissimuler. Ce prince permit à Agricola de rester sept ans gouverneur de Bretagne : c’était là une grande faveur, puisque les légations dans les provinces impériales ne duraient d’ordinaire que trois ans. A la nouvelle de ses dernières victoires, il lui fit décerner par le Sénat les plus grandes récompenses qu’un général prit recevoir sous l’Empire : les ornements triomphaux, distinction qu’il ne semble pas avoir prodiguée[28], la statue couronnée de laurier, et tout ce qui se donne au lieu du triomphe, en ajoutant à ces honneurs une foule d’éloges[29]. Après son retour de Bretagne, Agricola tomba au disgrâce, mais Domitien n’accueillit jamais les accusations portées contre lui (Agricola, 41) ; il accorda la préture[30], peut-être même un gouvernement de province ou un commandement de légion à son gendre Tacite[31]. Ce qui est certain, c’est que Domitien n’était pas, comme
Agricola, partisan de la conquête de Après le rappel d’Agricola, Domitien renonça à la conquête
de la Calédonie[36]
: la ligne de DEUXIÈME PARTIE — Guerres sur le RhinDu côté du Rhin et du Danube, Domitien fit des guerres importantes et les dirigea lui-même[38]. Il eut plusieurs raisons pour les entreprendre. Sur plusieurs points, les barbares menaçaient les frontières : il fallait les rendre incapables d’attaquer l’empire, et rendre ainsi la tranquillité aux provinces. Depuis la ruine de Jérusalem et la révolte de Civilis, les armées romaines n’avaient pas eu, sauf en Bretagne, de guerres importantes à soutenir : il semblait utile de ranimer l’esprit militaire des troupes par des campagnes sérieuses. Voulant amoindrir la puissance politique du Sénat, Domitien sentait le besoin de se faire aimer des soldats par le prestige de grandes victoires. Avide d’honneurs, toujours éloigné des camps avant son règne, il ne voulait pas que la gloire militaire lui manquât ; enfin, il était peut-être jaloux des succès d’Agricola. Sur le Rhin, Rome, depuis le désastre de Varus, ou tout au moins depuis Tibère, avait renoncé à la conquête de la Germanie[39]. Les légions échelonnées le long de la riva gauche du fleuve se bornaient à surveiller les barbares. Au début du règne de Domitien, elles semblent avoir été au nombre de huit. C’étaient[40] : Dans 1° 2° 3° 4° A ces trois légions, il convient probablement d’ajouter
Dans 1° 2° 3° 4° Mayence fut jusqu’en 89 un camp de deux légions[68]. Nous venons de
voir que Ces deux armées de Germanie, dont l’effectif était
d’environ soixante-cinq mille hommes, en comptant les troupes auxiliaires[79], se bornait à
surveiller les barbares pour les empêcher de passer le Rhin. — Sur la rive
droite, les Romains n’avaient que des possessions peu étendues à l’est de
Mayence, dans la vallée inférieure du Main, qui a eu de tout temps une grande
importance stratégique. Les habitants de cette région étaient les Mattiaques,
tribu belliqueuse du peuple catie, qui, comme les Bataves, devaient fournir à
l’Empire des corps auxiliaires, sans être soumis à un tribut[80]. Là se
trouvaient les sources thermales appelées Aquæ Malliacas (Wiesbaden)[81], et un fort établi
par Drusus, restauré par Germanicus[82]. — Plus au nord,
les Usipiens[83]
dépendaient de l’Empire au commencement du règne de Domitien, car en 82 une
cohorte de ce peuple servait dans l’armée de Bretagne : peut-être furent-ils
vaincus sous Vespasien[84], qui voulut
ainsi les punir de la part qu’ils avaient prise à l’attaque de Mayence, en 69[85]. — Dans le
bassin du Neckar et Par des alliances avec quelques-uns des peuples germains,
par des rivalités habilement suscitées entre eux, la politique impériale
détournait le plus souvent le danger qui menaçait les frontières. Domitien
suivit, autant qu’il le put, cette règle de con-duite. II ne semble pas que,
sous son règne, des expéditions militaires importantes aient été faites sur
le Rhin inférieur. Peut-être y eut-il quelques hostilités contre les
Sygambres ; un vers de la satire IV de Juvénal le laisserait supposer[91]. Les Bataves et
les Frisons restaient en paix depuis la compression de la révolte de Civilis.
Les Bructères, qui habitaient vers l’Ems supérieur et les sources de Bilais sur le Rhin moyen, Domitien dut prendre l’offensive
et annexer d’importants territoires. — Le plus puissant des peuples de Ce fut en 83 que Domitien l’entreprit[109]. Le triomphe sur les Cattes était certainement célébré le 3 septembre 84, puisque, sur un diplôme daté de ce jour-là[110], Domitien est qualifié de Germanicus. Il ne l’était pas le 9 juin 83, date d’un diplôme sur lequel ce titre manque[111]. Sur plusieurs monnaies alexandrines, frappées du 29 août 83 au 28 août 84, Domitien ne porte pas le surnom de Germanicus[112] ; sur d’autres, il le porte[113]. Sur aucune des monnaies frappées à Rome en 83, on ne lit le mot Germanicus[114] ; sur toutes celles de 84, ce nom figure. Il est omis, il est vrai, sur l’inscription d’un bloc de marbre de 84[115], mais d’autres blocs de 86[116] le passent aussi. Nous savons par Dion Cassius qu’après son triomphe sur les Cattes, Domitien se fit décerner le consulat pour dix ans : et nous avons vu plus haut que ce fut probablement aux premiers comices de l’année 84, peut-être le 9 janvier. Le triomphe doit donc se placer, soit à la fin de 83, soit au commencement de 34. L’année 83 semble devoir être choisie. Ce fut très probablement cette année-là qu’après la fin de l’été Agricola remporta la victoire du mont Graupius[117] : or Domitien en reçut la nouvelle peu après son triomphe sur les Cattes[118]. On peut donc en conclure que le triomphe fut célébré vers l’automne de 83. — Le 19 septembre 82, des vétérans de l’armée de Germanie Supérieure reçurent leur congé[119] : il est donc probable que la guerre n’était pas commencée à cette époque. — Les salutations impériales que Domitien reçut en 83 se rapportent, en partie du moins, à l’expédition contre les Cattes. Le 19 septembre 82, il était imperator II[120] ; le 9 juin 83, imp. III[121] ; il ne dut pas longtemps garder le titre d’imperator III, non plus que celui d’imperator IV, car nous n’avons aucune monnaie portant ces deux chiffres. Sur une monnaie (Cohen, 590), où on lit trib(tinicia) pot(estate) III, co(n)s(ul) IX [du 13 septembre au 31 décembre 83], il est qualifié d’imp(erator) V. Les salutations III et IV durent être prises coup sur coup pendant la campagne contre les Cattes quant à la cinquième, elle rappela peut-être la victoire du mont Graupius. Domitien partit donc pour Parmi les grands personnages qui accompagnèrent Domitien étaient probablement Frontin, fauteur du livre des Stratagèmes, dans lequel l’expédition est mentionnée à plusieurs reprises[131], et A. Didius Gallus Fabricius Veiento, trois fois consul[132]. Nous ne savons presque rien sur cette guerre. Dion Cassius prétend que Domitien revint à Rome sans avoir combattu (LXVII, 4). Mais Frontin nous apprend que les barbares furent vaincus[133]. La campagne dut être difficile à cause du courage et de la discipline des Cattes, à cause aussi de la nature du pays, dont les forêts empêchaient le libre développement de la cavalerie et favorisaient la fuite et les embuscades des Germains[134]. — Domitien eut peut-être aussi à combattre les anciens alliés des Cattes, les Usipiens, mal soumis[135]. L’année précédente, des Usipiens, transportés en Bretagne peut y former une cohorte, avaient mas-sacré leurs chefs et les soldats qu’on avait placés auprès d’eux pour leur servir à la fois de chefs et de modèles. Ils s’étaient en-suite embarqués sur trois navires pris de force et avaient fait le tour de la Bretagne[136]. A la suite de la campagne de 83, Domitien agrandit le territoire romain sur la rive droite du Rhin. On lit dans Frontin (I, 3, 10) : L’empereur César Domitien Auguste, voyant que les Germains, selon leur habitude, sortaient à l’improviste de leurs bois et de leurs retraites secrètes pour attaquer les nôtres, et trouvaient en-suite un sûr refuge dans les profondeurs des forêts, traça des frontières sur une longueur de cent vingt mille pas, et ainsi il ne changea pas seulement les conditions de la guerre, mais il soumit encore à sa domination les ennemis, dont il avait déboisé les retraites. — Les Germains dont parle Frontin étaient des Cattes, comme le prouve la comparaison avec un autre passage du même auteur (II, 3, 23) : L’empereur César Auguste le Germanique, voyant que les Cattes évitaient les combats de cavalerie en se réfugiant précipitamment dans leurs forêts, ordonna à ses cavaliers, dès qu’ils furent entrés dans des terrains où leurs bêtes avaient de la peine à se mouvoir, de descendre de cheval et de combattre à pied. On trouve dans les Stratagèmes de Frontin un autre renseignement sur les conséquences de cette guerre (II, 11, 7) : L’empereur César Domitien Auguste le Germanique, dans cette guerre où la défaite des ennemis lui valut le surnom de Germanique, faisant élever des forts sur le territoire des Cubii (?), paya les terrains qui furent compris à l’intérieur du rempart, et grâce à la réputation de justice qu’il acquit par cet acte, il s’assura la fidélité de tous. — Le titre du chapitre est : De dubiorum animis in ide retinendis. Dans ce dernier passage, il s’agit certainement de mesures prises après la guerre de 83, cette guerre où la défaite des ennemis lui valut le surnom de Germanique. Il en est sans doute de même des deux autres passages. On ne voit pas, en effet, que Frontin ait parlé, dans ses Stratagèmes, d’aucune autre guerre de Domitien[137]. Des textes mentionnés ci-dessus, il résulte qu’après la
guerre de 83 : 1° des territoires appartenant aux Cattes furent annexés à
l’empire ; 2° une frontière artificielle, longue de cent vingt milles ( La médaille de 85, portant l’exergue Germania capta, pourrait, comme le croit M. Asbach[140], indiquer la 8n de ces travaux du limes ; cependant elle petit aussi bien rappeler des faits de guerre qui auraient eu lieu cette année-là. A l’intérieur de la nouvelle frontière, le pays fut eu partie déboisé pour empêcher les Germains de trouver des retraites et de préparer des embuscades au fond des forêts[141]. Une phrase de Tacite s’applique peut-être aussi aux annexions de Domitien dans la vallée du Main (Germanie, 29) : La tribu des Mattiaques se trouve vis-à-vis de Rome dans les mêmes rapports de dépendance que les Bataves, car la grandeur du peuple romain a porté le respect de l’empire au delà du Rhin et au delà des anciennes limites. Nous avons vu plus haut qu’une partie au moins du pays des Mattiaques appartenait aux Romains bien avant Domitien. II est possible cependant que Tacite veuille faire allusion, en même temps qu’à des annexions plus anciennes, aux nouvelles conquêtes de Domitien sur le Main : il évite de nommer un prince dont la mémoire était condamnée. Au delà même du limes, les Romains s’assurèrent peut-être
la possession d’une zone de territoire, où il était défendu aux Germains de
séjourner. On lit dans un texte, de basse époque il est vrai[142] : Au delà du castellum Montiacese (lisez castellum
Mogontiacense, sur le Rhin, en face de Mayence)... les Romains ont possédé quatre-vingts lieues au delà
du Rhin. Si ce chiffre est exact, on doit en conclure, avec M.
Mommsen[143],
que le territoire romain s’étendait jusque vers Hersfeld, sur Plus au sud, les Champs décumates furent définitivement annexés à la province de Germanie Supérieure. Dans un passage déjà cité, Tacite dit que des Gaulois occupèrent cette région et il ajoute (Germanie, 29) : Depuis peu, une frontière a été tracée, les postes ont été portés en avant et ce pays est occupé comme un territoire de l’empire et une partie de la province. Ces mesures ont été prises par Domitien (que Tacite ne nomme pas pour la raison indiquée plus haut). Nous avons vu en effet qu’en 77, quatre ans avant l’avènement de Domitien, les Champs décumates ne faisaient pas, à proprement parler, partie de l’empire. Elles durent suivre la conquête de la vallée inférieure du Main, qui autrement aurait formé une bande de territoire isolée et facile à cerner. Quant à la date exacte, elle est impossible à fixer. Frontin qui semble avoir écrit ses Stratagèmes peu après la guerre de 83[144], ne parait avoir fait aucune allusion à cette annexion définitive des Champs décumates : peut-être est-elle postérieure à la seconde guerre cattique qui date de 88-89. — Au cœur des Champs décumates, prés des sources du Neckar, s’éleva la ville d’Aræ Flaviæ (Rottweil)[145], centre religieux du pays, on devait y adorer la déesse Rome, les empereurs divinisés et le génie du prince régnant[146]. Un peu plus au nord-est, il y eut une autre ville importante, Sumelocenna (Rottenbourg), résidence du procurateur impérial[147]. Une inscription, datant à peu prés de la fin du premier siècle, mentionne peut-être une bande de territoire dépendant de l’empire au delà de cette partie du limes[148]. Un texte, déjà mentionné plus haut, semble indiquer les peuples qui, après les annexions de Domitien, firent partie de l’empire : Nomina civitatum trans Rhenum fluvium quæ sunt : a) Usiphorum, les Usipiens, au nord du Taunus. Voisins des Cattes, dit Tacite (Germanie, 32), les Usipiens et les Tenctères habitent les bords du Rhin dont le lit est désormais fixé et qui peut suffire à servir de frontière. Dans ce passage, Tacite énumère les peuples germains en descendant le Rhin. Les Tenctères habitaient en face de Cologne[149], les Usipiens vivaient donc un peu au sud. D’autre part, c’est au delà de Bingen, où se termine le Taunus, que le Rhin entre dans un vaste plateau schisteux et s’y creuse un lit profond. b) Tuvanium (= Tubantum). Les Tubantes avaient d’abord habité sur le Rhin inférieur[150]. Plus tard, ils devinrent voisins des Cattes[151]. Leur position exacte ne peut être déterminée. c) Nictrensium (= Nicerensium) ; habitants des rives du Neckar[152]. d) Novarii (= Abnovariorum) ; habitants du mont Abnoba, ou Forêt Noire[153]. e) Casuariorum.
Tacite (Germanie,
34) les indique à l’est des Chamaves et des Augrivariens, c’est-à-dire
en face de L’occupation, à la fin du premier siècle, des territoires
de la rive droite du Rhin qui sont situés à l’est de Mayence et de Strasbourg
est attestée par de nombreuses découvertes archéologiques. On a trouvé des
briques de la légion XXI Rapax à Wiesbaden, à Hofheim, à Höchst, à Nied, à
Heidelberg[155]
; une inscription, nommant cette légion et datant peut-être du commencement
du régner de Domitien, a été découverte à Friedberg. — Des briques de On sait qu’il existe en Allemagne, entre le Danube et le
Rhin, des traces très importantes d’un rempart élevé par les Romains[174]. Il se divise
en deux grandes sections, dites limes rheticus
et limes germanicus. Le limes rheticus est un mur d’un mètre
d’épaisseur, muni de tours, qui commence à Lorch sur Convient-il, comme l’ont fait un certain nombre de savants[177], d’attribuer à Domitien l’établissement du limes germanicus ou tout au moins de la plus grande partie de ce limes, en y rapportant les testes de Tacite et de Frontin cités plus haut ? Peut-être des études plus approfondies, accompagnées de fouilles, permettront-elles de répondre un jour à cette question. On doit remarquer que, dans les castella situés immédiatement en arrière du limes, on n’a pas encore trouvé de marques de briques que l’on puisse faire remonter avec certitude au règne de Domitien. Il est possible que le pont permanent en pierre, qui reliait Mayence à la rive droite du Rhin, ait été construit sous Domitien[178]. C’est peut-être aussi à cette époque quo les deux Germanies reçurent officiellement le nom de provinces. Après cette guerre contre les Cattes, il y out des
modifications dans la composition des armées du Rhin. Domitien revint triompher à Rome[180], sans doute dans l’automne de l’année 83. Il reçut du Sénat le titre de Germanicus[181], le droit de paraître dans la curie vêtu de la stola triumphalis, de se montrer en public accompagné de vingt-quatre licteurs ; bientôt après, il fut élu consul pour dix ans ; ses succès lui permirent de manifester plus nettement ses tendances monarchiques. Des jeux splendides furent célébrés[182], de nombreuses monnaies commémorèrent la guerre contre les Cattes[183], et les poètes vantèrent la gloire du prince[184]. Les écrivains hostiles à Domitien cherchèrent plus tard à
tourner en ridicule la campagne contre les Cattes, ainsi que le triomphe qui
la suivit[185].
Cette expédition eut cependant d’utiles résultats. Les nouvelles annexions
abrégeaient la distance entre le cours moyen du Rhin et le Danube ; les
légions cantonnées sur ces deux points furent désormais plus capables de se
porter mutuellement secours. Elles écartaient davantage les Cattes des bords
du Rhin et de Les Cattes, il est vrai, ne furent pas abattus. Dès l’année 85, il se pourrait qu’il y ait eu de nouvelles hostilités sur le Rhin, comme l’indiquent des monnaies dont les types et les légendes apparaissent cette année-là pour la première fois : Germanie assise sur un bouclier et Germain debout, les mains derrière le dos, avec l’exergue : Germania capta (Cohen, Domitien, 135). Victoire debout, le pied sur
un casque, écrivant De Ger(manis), sur un bouclier attaché à un
trophée composé d’armes germaines ; à ses pieds, Domitien, debout, en habit militaire, tenant un parazonium et une haste ; à ses pieds, le Rhin couché, tenant une branche[188]. Etc.[189] Il faut observer de plus qu’en 85, Domitien reçut les IXe, Xe et XIe salutations impériales[190], sans qu’on puisse dire d’une manière précise à quels faits de guerre ces salutations se rapportent. Peut-être faut-il en attribuer une partie à des hostilités survenues en Germanie. Il semble qu’un traité ait été conclu à cette époque. Des monnaies de 85 représentent Domitien debout, donnant la main à un homme debout aussi, et accompagné de deux soldats dont l’un porte une enseigne et l’autre une haste et un bouclier ; entre eux, on voit un autel allumé[191]. A la fin de 88, quand Antonius Saturninus se révolta[192], les Cattes
furent ses alliés[193]. Domitien se
rendit alors sur le Rhin[194] et fit une
campagne contre ce peuple germain[195]. Nous n’avons
aucun détail sur cette nouvelle guerre, qui est appelée sur les inscriptions bellum Germanicum[196]. Un nouveau
traité fut conclu avec les Cattes[197]. L’empereur
alla ensuite sur II est possible d’indiquer avec précision la date de ce
double triomphe. II n’eut pas lieu en 90, car il n’y est fait aucune allusion
dans les Actes des Arvales de cette année-là, que nous possédons sans
lacune[199],
ni après 90, car depuis la fin de 89 jusqu’à 96, année de sa mort, Domitien
ne reçut qu’une seule salutation impériale, la vingt-deuxième, qu’on peut
rapporter avec beaucoup de vraisemblance à la guerre suévo-sarmatique de 92[200]. Au contraire,
depuis le Hic
error tibi profuit Decembri tum cum prandia misit imperator (V, 19, 8). Or, le livre V, postérieur à la fin de l’année 88[206] et antérieur au milieu de 90[207], fut édité au mois de décembre[208], et après le double triomphe, comme l’indique Clairement le vers : Quando magis dignos licuit speceare triumphos ? (V, 19, 3) Le poète ne s’exprimerait pas de la sorte si, à l’époque où fut écrit ce vers, Domitien n’avait célébré qu’un seul triomphe, celui de 83. De plus, le livre V contient la mention de grandes fêtes destinées très probablement h célébrer ces deux triomphes[209]. Enfin Domitien était certainement de retour en Italie quand le livre fut publié (voir V, 1). Remarquons, d’autre part, que Dion Cassius parle ainsi des
fêtes qui suivirent le triomphe sur les Daces : Domitien
offrit au peuple un banquet qui dura toute la nuit. Souvent aussi, il donnait
des combats de nuit, et parfois il mettait aux prises des nains et des femmes
(LXVII, 8). Ce
passage rappelle fort On peut donc admettre que la fête du 1er
décembre, décrite par Stace, fit partie des réjouissances qui suivirent les
deux triomphes. Il en résulte que ces deux triomphes eurent lieu au mois de
novembre 89. — Cette conclusion montre l’exactitude de la date que leur assigne
Eusèbe : l’année 2106, qui commença le 1er octobre 89 et finit le Ce fut peut-être après 89 que Chariomère, roi des Chérusques, se vit dépouillé par les Cattes de sa couronne, à cause de son amitié avec les Romains. Il revint bientôt avec un certain nombre de compagnons et fut vainqueur, mais ses fidèles l’abandonnèrent parce qu’il avait envoyé des otages à Domitien. Il implora alors ce prince. Au lieu de troupes, il reçut de l’argent[211] et dut succomber. Les Cattes asservirent les Chérusques auxquels une longue paix avait fait perdre toute vertu guerrière. Les Foses, nation voisine, subirent le même sort[212]. Ces faits indiquent la puissance qu’avaient conservée les
Cattes[213],
et prouvent que Domitien avait voulu seulement écarter les périls qui
menaçaient l’empire, et non pénétrer en maître dans TROISIÈME PARTIE — Guerres du DanubeSur le Danube, Domitien eut à soutenir de longues guerres
avec la plupart des peuples qui habitaient la rive gauche du fleuve. — Les
Hermondures, dont le territoire comprenait la partie septentrionale de Dans la grande plaine, située entre le Danube et Les Daces occupaient au premier siècle le pays situé entre
Au nord des bouches du Danube vivaient les Bastarnes (dans les plaines de Pour empêcher les invasions sur le cours moyen comme sur le cours inférieur du Danube, une surveillance active était nécessaire. Vespasien avait réorganisé les flottes du Danube[238], reconstruit ou
créé les camps de Carnuntum et de Vindobona (Petronell et Vienne), en face de 1° 2° 1° 2° 3° et 4° A ces légionnaires étaient. adjoints des soldats de corps auxiliaires en nombre à peu près égal[249]. Par derrière, en Dalmatie et en Thrace, il n’y avait que des ailes et des cohortes[250]. Deux flottes avaient des stations sur le fleuve et ses principaux affluents[251] ; une autre protégeait les côtes du Pont-Euxin[252]. Sous Vespasien et sous Titus, ces troupes suffirent, mais il n’en fut pas de même sous Domitien. Comme au temps de Burebista, un grand empire se forma alors chez les Daces. Par suite de l’abdication d’un de leurs rois, Duras[253], et d’autres événements qui nous sont inconnus, Diuppaneus, que les écrivains anciens appellent d’ordinaire Décébale[254], les réunit tous sous sa domination. Pendant plus de vingt ans, il résista aux Romains et ne fut abattu qu’après quatre grandes guerres faites contre lui par Domitien et Trajan : C’était, dit Dion Cassius, un homme qui, dans les choses de la guerre, savait concevoir et agir, connaissant le moment opportun pour l’attaque comme pour la retraite, capable de préparer des embuscades et de livrer une bataille, de profiter d’une victoire et de se relever après une défaite (LXVII, 6). Les Romains l’emportaient sur ses sujets, non par le courage, mais par la tactique, la discipline, l’armement. Voulant leur enlever cette supériorité, il attira dans ses États un grand nombre de déserteurs romains, sans doute des Thraces et des Mésiens, eut des machines de guerre, éleva des fortifications[255]. Rusé et sans scrupule, il chercha plus d’une fois à tromper ses ennemis par des négociations qu’il ne voulait pas voir aboutir, conclut des traités qu’il viola[256]. Sous Trajan, il s’empara même par trahison d’un ambassadeur[257], et donna à des déserteurs l’ordre d’assassiner l’empereur[258]. Soit par la contrainte, soit par des négociations, il s’assura l’alliance des autres peuples du Danube[259] et peut-être aussi celle de Pacorus, roi des Parthes (voir plus loin). Il y eut, semble-t-il, des troubles du côté du Danube dès
le début du règne de Domitien, comme M. Asbach l’a fait remarquer[260]. Le diplôme du Au mois de septembre 84, la situation était assez grave, puisque les vétérans de l’armée de Pannonie, qui avaient fait leurs vingt-cinq années de service, ne reçurent pas leur congé[264]. Quelques succès militaires furent peut-être remportés alors ; en 84, Domitien prit deux salutations impériales entre le 1er janvier et le 3 septembre, la sixième et la septième[265]. Le royaume vassal du Bosphore Cimmérien avait été mis, en 63, dans une dépendance plus étroite de Rome[266]. Ses monnaies avaient depuis lors cessé de porter le monogramme royal[267]. Mais, à partir de 84, l’effigie et le nom du souverain du Bosphore, Rhescuporis II, apparaissent sur des monnaies d’or, derrière la tête et le nom de l’empereur romain[268]. Fut-ce par suite d’une concession de l’empereur, ou faut-il y voir une usurpation faite à la faveur des embarras que causèrent à Rome les guerres du Danube ? Il est difficile de le dire[269]. Au mois de septembre 85, tout danger semblait écarté sur le Danube. Il y eut à cette date, en Pannonie, un grand licenciement de troupes[270]. Cependant les Romains éprouvèrent bientôt un désastre. Les Daces passèrent le fleuve, peut-être sur la glace au milieu de l’hiver, et envahirent la Mésie[271]. Jordanes dit qu’ils agirent ainsi par crainte de la cupidité de Domitien[272]. II est plus probable qu’ils n’entrèrent dans l’empire que parce qu’ils voulaient le piller ; ce qu’ils avaient déjà tenté de faire à plusieurs reprises. Ils vainquirent le légat de la province, Oppius Sabinus, qui fut tué, et dévastèrent toute la contrée[273]. A cette nouvelle, Domitien quitta Rome et se rendit sur les bords du Danube[274]. La date de cette expédition est assez difficile à fixer. Selon Suétone, Domitien fit deux expéditions contre les Daces, la première après la défaite d’Oppius Sabinus ; la seconde, après celle de Cornelius Fuscus[275]. Nous verrons plus loin que la seconde date de 89. Quant à la première, elle eut lieu au plus tôt dans le courant de 84, puisque Sabinus ne devint légat de Mésie qu’après son consulat, qu’il géra dans les quatre premiers mois de 84[276]. Elle fut antérieure à la révolte d’Antonins (fin de 88)[277], car Martial, qui parle de la révolte dans son livre IV (IV, 11), mentionne déjà l’expédition contre les Daces au livre I (I, 22). Deux inscriptions du temps de Domitien mentionnent successivement une guerre dacique et une guerre germanique[278], qui est celle de 88.89, car il ne peut être question de celle qui se termina dès 83[279]. La première guerre dacique n’eut pas lieu en 87, non plus qu’au commencement de 88, car, dans cette période de son règne, Domitien ne prit aucune salutation impériale[280] ; de plus, il n’est fait aucune allusion à une expédition de Domitien dans les actes des frères Arvales de 87, que nous possédons en entier[281]. Elle n’eut pas lieu non plus dans l’été de l’année 88, car à cette époque Domitien était à Rome[282]. L’empereur se trouvait aussi à Rome au commencement du
mois de janvier de 86, comme le montrent les actes des Arvales[283], et vers l’été
de la même année, date de la célébration des premiers jeux Capitolins. Nous
avons vu qu’en septembre 85 la frontière du Danube était en paix. Entre cette
date et le mois de janvier 86, il me semble impossible de placer l’invasion
de En partant pour le Danube, Domitien se fit accompagner par Cornelius Fuscus, préfet du prétoire, et sans doute aussi par une partie de la garde prétorienne[292]. Martial prédisait alors que l’empereur triompherait des Daces sans aucune peine ; selon lui, Domitien dédaignait ces barbares autant que le lion apprivoisé dédaigne le lièvre qu’il tient dans sa gueule et qu’il relâche ensuite (I, 22). Des forces considérables furent appelées sur le théâtre de la guerre[293]. Les Daces furent vaincus et chassés du territoire romain[294]. Les Mésiens,
qui avaient peut-être montré des sympathies pour les envahisseurs, semblent
avoir été soumis. Décébale chercha alors à traiter, mais Domitien ne voulut
pas y consentir[295]. L’empereur,
désirant venger complètement Oppius Sabinus, prépara une invasion en Dacie.
Soit par paresse, soit plutôt par défiance de lui-même (il n’avait jamais fait le
métier de général), il ne voulut pas diriger l’armée. Il s’établit
dans une ville de Mésie[296] et bientôt
après il retourna à Rome[297]. La conduite de
l’expédition fut confiée à Cornelius Fuscus[298]. Ce fut une
faute : le préfet du prétoire n’avait pas une expérience suffisante des
choses militaires, qu’il avait apprises, dit Juvénal, au fond de son palais
de marbre[299]
; son élévation semble avoir été due surtout au zèle qu’il montra pour
Vespasien, alors qu’il était procurateur de Pannonie, en 69[300]. D’humeur
aventureuse, il aimait, dit Tacite, les dangers, moins pour le fruit qu’on en
tire que pour les dangers mêmes[301]. A la tête de
troupes nombreuses[302], il traversa le
Danube sur un pont de bateaux et envahit le territoire ennemi[303]. Décébale,
attaqué dans son propre royaume, que les Romains connaissaient mal, se crut
dès lors sûr de la victoire. Il envoya, une seconde ambassade à Domitien,
mais cette fois c’était pour le braver : il lui faisait dire que si les
Romains voulaient lui payer deux oboles par tête tous les ans, il
consentirait à la paix ; sinon, il combattrait contre eux et leur causerait
de grands désastres[304]. Néanmoins,
évitant une bataille rangée dans laquelle il n’aurait peut-être pas eu le
dessus, il laissa Fuscus s’avancer dans la plaine. Mais quand ce général se
fut engagé dans la vallée étroite et difficile de Après l’expédition de Fuscus, les hostilités semblent
avoir été suspendues pendant les années 87 et 88. Mais Domitien se prépara à
une nouvelle guerre. Ce fut, semble-t-il, à cette époque que, pour faciliter
la défense de la frontière et la surveillance des populations favorables aux
Daces, il partagea La guerre recommença en 89. Domitien fit alors sur le Danube une expédition dont la date peut être fixée avec assez de précision. Elle eut pour objet, dit Suétone, de venger la défaite de Cornelius Fuscus. Or, dans soit livre VI d’épigrammes, publié vers le milieu de l’année 90[315], Martial parle de cette défaite comme d’un événement assez lointain dont les Romains avaient tiré vengeance (VI, 76). La guerre n’eut pas lieu en 90, car cette année-là Domitien ne prit aucune salutation impériale ; de plus, il n’y est fait aucune allusion dans les actes des Arvales, conservés en entier pour cette même année. Nous avons vu que Domitien triompha des Daces et des Cattes à la fin de 89. Or, peu de temps avant ce double triomphe, il fit un séjour sur les bords du Danube. Stace dit, en effet, dans sa Silve sur la statue du forum, élevée très peu de temps après ce double triomphe : Qualem
modo frena tenentem Rhenus et attoniti vidit domus ardus Daci[316]. Il y a sûrement dans ces vers une allusion à la deuxième
guerre dacique de Domitien. — D’autre part, l’expédition de Domitien ne saurait,
pour des taisons que nous avons déjà indiquées, être placée en 87 ni en 88.
Certains textes prouvent même qu’elle est postérieure à la révolte d’Antonius
et à la guerre contre les Germains qui suivit cette révolte (fin de 88, commencement de
89). Une inscription d’Afrique nous apprend que, sous Domitien, un
soldat reçut successivement des récompenses militaires dans une guerre
dacique (c’est la
première, celle qui eut lieu peut-être en 86) ; dans une guerre
germanique (celle de
88-89) ; enfin, dans une guerre dacique, qui est par conséquent la
seconde guerre dacique de Domitien. Stace écrit, en suivant très probablement
l’ordre des temps : Tu bella Jovis (guerre du Capitole en
décembre 69), tu praclia Rheni (en 83), tu civile nefas (révolte d’Antonius), tu tardum in fœdera montem longe Marte domas[317]. Par ces mots tardum in fœdera montem, il faut entendre Domus ardus Daci[318] … ... Quæque suum Dacis donat Clementia montem[319] ... Et conjurato dejectos vertico Dacos[320] ... L’entrevue de Domitien avec Diegis, dont nous parlerons plus loin, entrevue qui amena la paix, fut postérieure à la révolte d’Antonius[321] et antérieure au double triomphe[322]. Or, elle eut lieu, non à Rome, mais sur les bords du Danube[323]. Nous savons en effet par Dion Cassius que Domitien venait de combattre les Marcomans sur le cours moyen du Danube, et qu’après avoir vu Diegis, il envoya à Rome des Daces et une lettre de Décébale[324]. La seconde expédition de Domitien sur le Danube eut lieu par conséquent en 89[325]. Or, au commencement de cette année-là, il avait fait une expédition sur le Rhin[326]. Revint-il en Italie dans l’intervalle ? Cela est peu vraisemblable et des vers de Stace semblent même indiquer le contraire[327]. — C’est aussi en 89 que doit se placer la campagne de Julianus en Dacie, campagne dont parle Dion Cassius : cet auteur dit en effet qu’elle fut à peu près contemporaine de la révolte d’Antonius[328], et d’autre part il laisse entendre que Diegis fut envoyé à Domitien à la suite des succès de Julianus[329]. La chronologie de la seconde guerre dacique étant fixée,
j’entre dans le détail des événements. Domitien ne semble pas avoir combattu
en personne contre les Daces. Il confia ce soin à Julianus, qui reçut
probablement un grand commandement sur le Danube[330]. Ce personnage
a été identifié par Borghesi[331] avec Calpurnius
Julianus, mentionné dans une inscription découverte à Mehadia (au nord d’Orsova),
sur le territoire de l’ancienne Dacie[332]. Mais, comme le
fait observer M. Mommsen[333], cette pierre a
été trouvée dans un lieu où l’on ne rencontre pas d’inscriptions antérieures
à la conquête de Nec
vulgare genus ; fasces summamque curulem frater
et Ausonios enses, mandataque fidus signa
tulit, cum prima truces amentia Dacos impulit,
et magno gens est damnata triumpho. Ces vers prouvent que l’oncle maternel de Claudius Etruscus fut consul et qu’il reçut un grand commandement dans une guerre, à la suite de laquelle un triomphe fut célébré sur les Daces. Ils se rapportent bien au Julianus de Dion et à Tettius Julianus, consul en 83. De plus, il faut remarquer que le cognomen de la mère de Claudius Etruscus était Etrusca[341]. On sait que sous l’empire les cognomina devinrent héréditaires : il est donc fort probable qu’Etrusca reçut ce surnom d’un membre de sa famille, qui put aussi le transmettre à d’autres descendants. On doit par conséquent s’attendre à rencontrer réunis le gentilice Tettius et le cognomen Etruscus. Nous trouvons en effet parmi les propriétaires énumérés dans la table alimentaire des Ligures Bébiens[342] : Tettio Etrusco. Tettius Julianus rétablit la discipline : entre autres
mesures, il décida que les soldats mettraient leurs noms et ceux de leurs
centurions sur leurs boucliers, afin qu’on distinguât mieux les bons et les
mauvais soldats[343]. Le dessin de
Julianus était de pénétrer en Dacie et d’atteindre Sarmizegetusa, par Cette route traversait d’abord la plaine, à l’ouest et le
long des montagnes où Après cette victoire, Julianus continua à s’avancer vers Sarmizegetusa. Mais la marche de l’armée dut être fort pénible à travers les montagnes, les forêts, les torrents, les précipices où, presque à chaque pas, il fallait combattre[347]. Dion Cassius (LXVII, 10) raconte que Décébale, craignant de voir les Romains, à la suite de leur victoire, s’avancer jusqu’à sa capitale, fit couper les arbres sur la route qu’ils devaient suivre et planter des armes dans les troncs, afin que l’ennemi, croyant avoir devant lui dos soldats prêts à combattre, prit peur et retournât ou arrière : ce qui eut lieu en effet. Cette anecdote est des plus suspectes : Frontin en raconte une à peu près semblable au sujet de Spartacus[348]. Il est probable que la retraite de l’armée, romaine eut une cause plus sérieuse : Julianus comprit, sans doute, les difficultés et les dangers de cette guerre et craignit le sert de Fuscus. Toujours est-il que la campagne de Julianus avait été marquée par de grands succès[349] ; Décébale offrit la paix, mais sans pouvoir l’obtenir de l’empereur[350]. Ces succès furent compromis par Domitien lui-même. Il
voulut se venger des Marcomans et des Quades, qui ne lui avaient pas fourni
d’auxiliaires contre les Daces[351]. Ce fut
peut-être à cette époque qu’eut lieu chez ces peuples un changement de
dynastie, qui put modifier pendant quelque temps leur conduite à l’égard de
Rome. Tacite dit, en effet, dans Les Marcomans et les Quades eurent peur, ils demandèrent la paix à deux reprises, mais l’empereur mit à mort leurs envoyés et les attaqua[352]. II fut battu par les Marcomans et dut s’enfuir[353]. A la suite de cet échec, il consentit à traiter avec Décébale, encore accablé par les victoires de Julianus, et lui envoya des députés pour lui faire des ouvertures de paix ; mais le roi des Daces, craignant un piège, ne voulut pas entrer lui-même en pourparlers avec Domitien et lui envoya Diegis[354] qui était peut-être son frère[355]. — Décébale se reconnut vassal de l’empereur, qui, en signe de suzeraineté, posa solennellement un diadème sur la tête de Diegis, représentant du roi. Il remit des otages ; il rendit les armes et les prisonniers romains. Il ne restitua cependant pas le butin de guerre et les trophées pris à Fuscus[356]. Domitien lui donna des sommes d’argent importantes, avec promesse de lui en remettre d’autres plus tard, des ouvriers habiles dans différents métiers et qui pouvaient rendre des services à son armée, en construisant des fortifications, des machines, etc.[357] A distribua des décorations et de l’argent à ses soldats et envoya à Rome des ambassadeurs de Décébale avec une lettre qu’il prétendait être de ce roi, mais qu’on disait écrite par lui-même[358]. Domitien revint ensuite à Rome où, comme nous l’avons vu, il triompha des Daces en même temps que des Cattes, à la fin de l’année 89[359]. S’il faut en croire les écrivains hostiles à l’empereur, les trophées qu’il lit porter devant son char n’avaient pas été pris sur l’ennemi, mais tirés du garde-meuble impérial[360]. Le Sénat lui décerna le titre de Dacicus[361] et décréta l’érection d’une statue équestre de l’empereur sur le forum romain[362]. On lui décerna, dit Dion Cassius, tant d’honneurs que, pour ainsi dire, tout l’univers qui était sous sa domination fut rempli de ses images et de ses statues d’argent et d’or[363]. Des jeux somptueux furent célébrés et les poètes redoublèrent de flatteries[364]. Martial fit l’épitaphe de Cornelius Fuscus qui il regardait désormais comme vengé (VI, 76) : Ici repose Fuscus, qui veilla sur la personne sacrée de César, du Mars en toge ; Fuscus, à qui fut confiée la garde de la demeure du maître de l’univers. Ô fortune ! il est permis maintenant de l’avouer : cette pierre n’à plus à craindre les menaces de l’ennemi. Le Dace a courbé sa tête sous le joug et l’ombre victorieuse du mort repose dans une forêt soumise à l’esclavage. Cependant cette guerre ne terminait rien : Domitien lui-même le comprit. Malgré sa vanité, il ne porta pas le nom de Dacicus[365], et, trois ans après, il dut retourner sur le Danube pour faire une nouvelle expédition contre les Barbares. Cette fois, ce ne furent pas les Daces qu’il combattit, mais les Jasyges, ainsi que les Marcomans et les Quades devant lesquels il avait dû s’enfuir dans la guerre précédente. Contre eux, il s’était assuré, l’alliance de plusieurs
peuples germains. Les Semnons, qui étaient des Suèves, habitaient au nord de
la Bohême[366].
Leur territoire était très étendu, et ils exerçaient sur tous les peuples qui
appartenaient à la même race qu’eux une sorte de suprématie religieuse[367]. Domitien
entretint avec eux des relations amicales[368]. Leur roi
Masyos et la vierge Ganna qui, comme Velléda, rendait des oracles[369], vinrent le
trouver[370]
et s’en retournèrent dans leur pays après avoir été traités par lui avec
honneur[371].
Les Lygiens, qui habitaient Suétone nous apprend que les Sarmates massacrèrent une
légion avec son légat[379]. Certains
savants[380]
ont pensé que ce fut L’empereur partit alors de Rome et entreprit une troisième
expédition sur le Danube[385]. La date peut
en être fixée avec certitude[386]. On sait par
Martial que l’empereur resta absent de Rome un peu moins de huit mois[387] et qu’il y
revint un 1er ou un 2 janvier[388]. Il partit donc
en mai. Quant à l’année, les épigrammes de Martial prouvent que cette
campagne fut postérieure au double triomphe de la fin de 89, puisque ce
triomphe était célébré lors de la publication des livres V et VI, tandis que
l’expédition suévo-sarmatique n’était pas complètement terminée quand le
livre VII parut (VII,
6 & 8). Depuis 89 jusqu’à sa mort, Domitien ne reçut plus qu’une
salutation impériale, Elle porte sur les inscriptions le nom de bellum suebicum-sarmaticum[393]. On connaît
plusieurs légions qui participèrent à cette guerre : Domitien se rendit en Pannonie[397]. Peut-être traversa-t-il le Danube pour aller combattre les Sarmates[398]. Nous n’avons pas de détails sur cette longue guerre. Il est possible que l’empereur ne se soit pas contenté de combattre les Sarmates et les Suèves. Peut-être visita-t-il les bords du Danube inférieur[399], alla-t-il même sur le Rhin : Les régions glacées de l’Ourse, lui dit Martial[400], la sauvage Peucé (aux embouchures du Danube), l’Ister échauffé par le piaffement des chevaux et le Rhin à la corne rebelle déjà trois fois brisée te retiennent, je le sais, à dompter des nations perfides. Quant aux Daces, il ne semble pas qu’il y ait eu alors d’hostilités contre eux. Martial, dans les livres VII et VIII, où il parle si souvent de la campagne de l’empereur, ne les mentionne qu’une fois en passant (VIII, 11, 3). Domitien ne prit qu’une seule salutation impériale au cours de cette longue expédition[401], et quand il revint à Rome, il ne triompha pas ; il se contenta d’aller déposer une couronne de laurier dans le temple de Jupiter Capitolin[402]. Son arrivée fut cependant marquée par de grandes fêtes[403] ; il reçut peut-être du Sénat le surnom de Sarmaticus[404] ; en éleva un arc de triomphe au lieu où il était rentré dans Rome ; des sacrifices solennels furent offerts[405] ; Martial qui, pendant l’absence du maître, avait exprimé, — il le prétendait du moins, — les regrets du peuple tout entier[406], salua son retour par des vers enthousiastes[407]. Les guerres du dernier empereur Flavien sur le Danube ne
furent pas heureuses : les légions y subirent quatre grandes défaites, une
sous Oppius Sabinus, une autre sous Cornelius Fuscus, une troisième sous
Domitien lui-même, une quatrième en 92. Le territoire romain fut plusieurs
fois envahi. Tacite, dans la vie d’Agricola[408], déplore la
perte de tant d’armées en Mésie, en Dacie, en Germanie, en Pannonie, de tant
de braves guerriers forcés et pris avec les cohortes qui les accompagnaient :
Ce ne furent plus les limites de l’empire et la
rive d’un fleuve, ce furent les camps des légions et la possession de nos
provinces qu’il fallut disputer. Les désastres succédèrent aux désastres et
chaque année fut marquée par des funérailles et des revers.
Tettius Julianus seul remporta de grands succès. Le traité conclu avec
Décébale ne fut pas honteux, il est vrai, car le roi des Daces se reconnut
alors vassal de Rome ; mais, par ce traité même, Domitien garantissait
l’existence d’un royaume dont l’établissement récent était une menace pour
l’empire, et il lui donnait les moyens d’augmenter sa puissance militaire.
Tous les Romains comprenaient la nécessité d’une revanche ; Trajan, devenu
empereur, ne cessa d’y songer[409] et, avant de
retourner à Rome, lors de la mort de Nerva en 98, il se rendit sur le Danube[410]. Pline le
Jeune, au mois de septembre de l’année 100, appela de ses vieux cette guerre
nécessaire à la sécurité de l’empire[411]. Dans une
première expédition (101-102),
Trajan vainquit complètement Décébale[412]. Les trophées
pris autrefois sur Cornelius Fuscus furent enlevés aux Daces ; l’empire cessa
de payer ces barbares[413] ; Décébale dut
rendre les armes, les machines, les ouvriers qu’il avait reçus sous Domitien,
ne plus prendre de Romains à son service, détruire ses forteresses, abandonner
les conquêtes qu’il avait faites en dehors de Domitien eut le tort de ne pas consacrer à l’augmentation
du nombre des légions l’argent qu’il dépensa à des prodigalités peu utiles ;
au contraire, il diminua pendant quelque temps, nous l’avons vu, l’effectif
des troupes. De plus, il affaiblit la discipline par l’antagonisme que sa
politique suscita entre les soldats et leurs chefs ; ses soupçons, à l’égard
des généraux, entravèrent leur liberté d’action contre les ennemis[419]. Mais on doit
reconnaître qu’il se trouva en face de difficultés exceptionnelles. Il eut à
combattre un homme de génie, il se vit attaqué par tous les peuples établis
sur la rive droite du Danube, depuis DOMITIEN ET LES PARTHES. — Guerre en Afrique.Nous ne savons pas s’il y eut de sérieuses hostilités en
Orient sous le règne de Domitien[425]. Depuis l’année
63, les Parthes avaient été les alliés de Néron et l’Arménie était devenue un
pays vassal de l’empire, sous la domination de princes arsacides[426]. Ces bonnes
relations, qui continuèrent au début du règne de Vespasien[427], furent bientôt
compromises. Vespasien refusa d’envoyer à Vologèse, malgré les prières de ce
roi, des secours contre les Alains[428] ; Vologèse, de
son c8t6, affecta de ne pas donner à Vespasien le titre d’empereur[429]. En 72, le roi
de Commagène fut accusé de vouloir trahir Rome avec l’aide des Parthes et
perdit sa couronne[430]. A l’époque de Domitien, les Parthes restèrent mal disposés pour l’empire. Ils se montrèrent favorables au faux Néron, qui parut vers 88[435]. Il est possible que leur roi Pacorus II[436] ait entretenu, dès cette époque, des relations avec Décébale[437]. La porte Caspienne, important passage stratégique au nord du pays des Ibères, fut peut-être alors gardée par des troupes pour empêcher une invasion des Alains[438]. Au début du règne, A Rome, on s’inquiétait beaucoup de Pacorus[439]. On désirait
une guerre en Orient, guerre qui eut vengé complètement Crassus, ouvert aux
négociants les routes les plus directes vers l’Inde, effacé la gloire
d’Alexandre[440].
Stace prévoyait cette guerre. Il faisait dire à Domitien partageait-il les ambitions de beaucoup de Romains ? Songeait-il, vers la fin de sa vie, à entreprendre une expédition contre les Parthes ? Nous l’ignorons. Ce fut Trajan, provoqué d’ailleurs par le roi Osroès, qui fit cette guerre. En Afrique, il y eut, sous Domitien, une expédition contre les Nasamons, qui habitaient au sud de la Grande Syrte[444]. Zonaras raconte, d’après Dion Cassius[445], que ces Barbares, tributaires des Romains, se soulevèrent parce qu’ils étaient pressurés outre mesure[446]. Ils tuèrent les collecteurs du tribut, et quand le légat de Numidie Flaccus[447] vient les attaquer, ils le battirent si bien, qu’ils purent s’emparer du camp romain et le piller. Y ayant trouvé des vivres et du vin, ils en prirent à satiété et s’endormiront. Flaccus en fut informé, tomba sur eux et les tua tous. même ceux qui ne portaient pas les armes. La victoire de Flaccus eut lieu probablement à la fin de 85 ou en 86[448], et dut valoir à Domitien une des nombreuses salutations impériales qu’il prit à cette époque[449]. Il aurait dit au Sénat, selon Zonaras : J’ai empêché les Nasamons d’exister[450]. Quarante ans plus tard, un versificateur parlait du pays désert des Nasamons, contempteurs de Jupiter, dont la race avait été exterminée par la lance ausonienne[451]. Il semble cependant que ce peuple ait continué à exister, mais qu’il ait été refoulé plus au sud dans l’intérieur des terres : Ptolémée et Pausanias en parlent[452]. C’est peut-être sous Domitien que se place une expédition
militaire très importante dans le cœur de l’Afrique. On lit dans Ptolémée (I, 8, 4) : Au sujet de la route qui conduit de Garama chez les Éthiopiens,
voici ce que dit Marinus de Tyr : Septimius Flaccus, venu de |
[1] La seule source, pour ces campagnes, est l’Agricola de Tacite (cf. quelques mots de Dion Cassius, LXVI, 20). — Voir l’édition de Wex (1852), p. 191 et suiv. ; Hübner, Römische Herrschaft in Westeuropa, p. 32 et suiv. et Hermès, XVI, 1881, p. 542 et suiv. ; Urlichs, De vita et honoribus Agricolæ (Wurzbourg,1868) ; Mommsen, Römische Geschichte, V, p. 167 et suiv.
[2] Agricola fut consul
en 77 (Agricola, 9 : voir Urlichs, l. c., p. 26 et suiv.).
Aussitôt après, il reçut le gouvernement de
[3] Agricola, 20 (campagne de l’année 78).
[4] Eburacum, dans le pays de Brigantes, appartenait sans aucun doute aux Romains en 79, à l’époque où Agricola commença ses campagnes vers le Nord, car il lui fallait un point d’appui et de concentration pour attaquer les Calédoniens. Cette ville fut peut-être occupée par Petillius Cerialis, qui vainquit les Brigantes (Agricola, 17 : Immédiatement Petilius Cerealis répandit la terreur en attaquant le territoire des Brigantes, qui passe pour le plus peuplé de la province. Il livra de nombreux combats, parfois sanglants, et neutralisa une grande partie des Brigantes par ses victoires ou en prolongeant la guerre. — Le texte de Pline sur la forêt Calédonienne, Hist. nat., IV, 102, n’est pas contraire à cette hypothèse). Il serait possible aussi qu’elle ait été prise par Agricola avant 79, mais, dans ce cas, Tacite l’aurait peut-être dit. — Les expéditions d’Agricola augmentèrent certainement l’importance d’Eburacum qui devint le siège d’une légion et la résidence du légat (voir Hübner, Römische Herrschaft, p. 35 ; C. I. L., VII, p. 61).
[5] Agricola, 19 et 21.
[6] Agricola, 24 : Il a souvent soutenu devant moi qu'on pourrait venir à bout de l'Hibernie et la tenir sous notre coupe avec l'aide d'une seule légion et d'à peine quelques troupes auxiliaires. Cela renforcerait aussi notre position en Bretagne, car l'armée romaine serait présente partout et la liberté serait, pour ainsi dire, soustraite à la vue des Bretons.
[7] Agricola, 24
: [Agricola] nourrissait l'espoir que l'Hibernie,
située à mi-chemin entre
[8]
[9] Voir Urlichs, Die Schtacht am Berge Graupius, p. 6.
[10] Agricola, 22 :... jusqu'à l'estuaire appelé Tyne. On ne sait pas
d’une manière certaine où cet estuaire se trouve. — Sur la marge d’un
manuscrit, on lit Taum. Ce serait en ce
cas l’estuaire du Tay (Ptolémée, II, 3, 4 : Ταούα
εϊσχυσις) : Mommsen, Rom.
Gesch., V, p. 167. Il est possible que, dès 79, Agricola se soit avancé
jusque-là : l’année suivante, il s’assura la possession des pays qu’il avait
parcourus alors : Agricola passa le quatrième été à
consolider notre emprise sur les régions qu'il avait parcourues
(Agricola, 23), ce qu’il fit en fortifiant l’isthme de
[11] Agricola, 23 : Atque omnis proprior sinus tenebatur. Le mot sinus ne signifie pas ici golfe, mais étendue de terre.
[12] Voir Lacour-Gayet, Antonin le Pieux et son temps, p. 170.
[13] Agricola,
24. Les préparatifs contre l’Hibernie prouvent qu’Agricola tourna cette
année-là son attention vers la partie occidentale de
[14] En effet, Tacite dit que les soldats de terre et les soldats de mer avaient souvent occasion de se voir.
[15] Agricola,
25 : Castella adorti (lire ainsi plutôt
que castellum). S’agit-il des forts
établis entre les deux estuaires de
[16] Agricola,
26 : Tous ensemble, ils fondirent en pleine nuit
sur la neuvième légion, qui passait pour la plus faible. Tacite
n’explique pas la cause de cette faiblesse. Peut-être veut-il dire simplement
que la troisième colonne, formée de
[17] Agricola, loc.
cit. A la suite de cette victoire, Domitien prit peut-être sa deuxième
salutation impériale. Il l’avait certainement le
[18] Voir plus loin, au
sujet d’un détachement de
[19] Agricola,
29. — La bataille du mont Graupius eut lieu dans l’année qui suivit l’attaque
de la neuvième légion (Agricola, 34, début), c’est-à-dire en 83. Au
commencement du discours d’Agricola (33), il faut, sans aucun doute, lire septimus, non octavus
(voir Nipperdey, Rheinisches Museum, XIX, 1864, p. 106 et suiv.). Wex,
par une série d’hypothèses compliquées, place cette bataille en 85 ; mais
Tacite dit que Domitien en reçut la nouvelle peu après le triomphe sur les
Cattes, qui fut célébré à la fin de 83. — On a beau-coup discuté sur
l’emplacement du mont Graupius. II était situé au nord de l’ïle, comme
l’indiquent les passages suivants : C'est tous
ensemble que vous êtes ici réunis, vous qui n'avez jamais connu l'esclavage...
Nous occupons les confins du monde... voilà que s'ouvre l'extrémité de
[20] Il n’est pas sûr cependant que ce chiffre soit exactement conservé : il semble trop faible.
[21] Agricola, 29 et suiv.
[22] Voir Urlichs, Die Schtacht am Berge Graupius, p. 6 et suiv. — Agricola avait sous lui :
a) 3.000 hommes de cavalerie (Agricola, 35), c’est-à-dire environ cinq ailes ; et, de plus, quatre autres ailes (Agricola, 37), c’est-à-dire 2.000 hommes environ. Un tout 5.000 cavaliers, presque toute la cavalerie de l’armée de Bretagne.
b) 8.000 auxiliaires à pied (Agricola, 35), répartis en treize cohortes environ. Ces troupes auxiliaires étaient formées de Germains, de Gaulois, de Bataves, de Bretons (Agricola, 29, 32, 36).
c) Quant aux légionnaires, on ne sait pas leur nombre. On peut l’évaluer à peu prés à 13.000 hommes, chiffre équivalent à celui des soldats auxiliaires.
[23] Il faut remarquer que le chiffre a disparu dans les manuscrits : voir Urlichs, p. 9.
[24] Agricola, 36 et 37. Le récit de la bataille par Tacite est très peu Clair : de plus, le texte est corrompu en plusieurs endroits.
[25] Agricola,
10 : En suivant cette côte sur une mer encore
inexplorée, la flotte romaine a confirmé que
[26] Voir plus loin,
note 130. —
[27] Cependant les difficultés qu’Agricola rencontra en Calédonie pendant les deux années suivantes suffisent à expliquer les retarde qu’il apporta à l’accomplissement de ses projets en Hibernie.
[28] C’est le seul exemple certain qu’on en connaisse pour cette époque. Borghesi (Œuvres, V, p. 38) et Renier (Mémoires de l’Académie des inscriptions, XXVI, p. 320) croient que T. Haterius Nepos, personnage consulaire qui reçut les ornements triomphaux (ainsi que nous l’apprend une inscription de Foligno), dut cet honneur à Domitien. Mais rien ne le prouve. Pline le Jeune (Lettres, II, 7, 1) se plaint que les ornements triomphaux aient été, avant Nerva, donnés seulement à des gens qui n'ont jamais vu de camp, jamais entendu la trompette que dans les théâtres. Mais il n’est pas nécessaire de voir, dans ce passage, une allusion au règne de Domitien, comme le veut Borghesi (loc. cit., p. 30). — S. Peine (De ornamentis triumphalibus, Berlin, 1885, p. 78) pense que T. Haterius Nepos reçut les ornements triomphaux sous Trajan ou Hadrien. Cet auteur (ibid., p. 74) croit, à tort, je pense, que Vestricius Spurinna les reçut sous Domitien, et non sous Nerva.
[29] Agricola, 40. Dion Cassius, LXVI, 20.
[30] Annales, XI, 11. — Tacite, Hist., I, 1 : Vespasien commença mes honneurs ... Domitien les accrut encore. Comme le fait observer Urlichs (De vite et honoribus Taciti, p. 3), le mot a (et non sub) semble indiquer que Tacite fut candidat du prince.
[31] Tacite était absent de Rome lors de la mort d’Agricola, au mois d’août 93 (Agricola, 45).
[32] Tacite, Agricola, 13. Dion Cassius, LXV, 8. Suétone, Vespasien, 4 ; Titus, 4.
[33] Appien, Préface, 5.
[34] Tacite fait dire à Galgacus, Agricola, 31 : Il n'y a ici ni champs, ni mines, ni ports à exploiter pour lesquels nous serions réquisitionnés.
[35] Tacite dit d’eux (Agricola,
13) : pour eux la défaite justifie l'obéissance,
mais pas encore l'asservissement. Sous Hadrien encore, les Brigantes
se révoltèrent (Voir Mommsen, R. Geschichte, V, p. 171, n. 2.). — On
doit ajouter qu’Agricola pensait que la conquête de
[36] Tacite, Hist.,
I, 2 :
[37] Voir Mommsen, R. Geschichte, V, p. 169 et suiv. Il pense même que les postes établis par Agricola au nord d’Eburacum furent conservés. Mais on n’en a aucune preuve, et le contraire est probable : voir Hübner, C. I. L., VII, p. 191 ; Römische Herrschaft, p. 38.
[38] Sur ces guerres,
voir en particulier deux articles d’Asbach : Die Kaiser Domitien und
Trajan am Rhein, dans
[39] Voir, en
particulier, Tacite, Annales, XI, 19 et 20 pour
[40] Sur les légions du Rhin à l’époque de Domitien, voir en particulier l’ouvrage de Ritterling, De legione Romanorum X Gemina (1885).
[41] Tacite, Histoires, V, 19 et 20.
[42] Ritterling, p. 40 et suiv. Elle fut ensuite envoyée sur le Danube, où elle semble avoir eu d’abord son camp à Aquincum (von Domaszowski, Rheinisches Museum, XLV I, 1891, p. 604).
[43] Ritterling, p. 43.
[44] Tacite, Histoires, IV, 68 ; V, 14 et 16.
[45] Brambach, Corpus inscriptionum Rhenanarum, nos 660, 662, 686.
[46] Ritterling, p. 69.
[47] Tacite, Histoires, IV, 70 ; cf. I, 61 et I, 67.
[48] Tacite, Histoires, IV, 68.
[49] Tacite, Annales, I, 31 ; cf. Ritterling, p. 70.
[50] Ritterling, ibid.
[51] Ritterling, p. 68.
[52] Brambach, n° 660.
[53] C. I. L., III, 550 comparé avec Spartien, Vie d’Hadrien, 2.
[54] Brambach, n° 140 d, 3 et 4.
[55] Ritterling, p. 68.
[56] Tacite, Histoires, V, 19.
[57] Ptolémée, II, 14, 3 (Ptolémée décrit l’état des légions du Danube au temps de Trajan).
[58] Voir plus loin, chapitre VII.
[59] Voir Brambach, Index, p. 387.
[60] Tacite, Histoires, IV, 68.
[61] Brambach, n° 1884 (probablement de l’époque Flavienne), et n° 1894.
[62]
[63] Voir chapitre VII.
D’autres briques de
[64] Tacite, Histoires, IV, 68. — Mommsen, Hermès, XIX, 1884, p. 440, n. 1.
[65] Brambach, n° 1666.
[66] Voir Mommsen, Ephem. epigr., IV, p. 528 ; von Domaszewski, Arch.-epigr., Mittheilungen aus Œsterreich, X, 1886, p. 27, 28.
[67] Mommsen, Inscriptiones confœdemtionis Helveticæ Latinæ, n° 251, 253 et suiv.
[68] Suétone, Domitien, 7. — Voir plus loin, chapitre VII.
[69] Tacite, Histoires, II, 67 ; II, 85 ; III, 44.
[70] Tacite, Histoires, IV, 68. — Mommsen, Hermès, XIX, 1884, p. 440, n. 1.
[71] Ritterling, p. 71, n. 1. Korrespondenzblatt der Westdeutschen Zeitschrift, VIII, 1889, p. 246.
[72] Brambach, n° 1666.
[73] C. I. L., V, 7425.
[74] Ptolémée, II, 14,
[75] Chapitre XIV : Cum legiones duceres. Il n’y a pas lieu, ce semble, de considérer ce pluriel comme emphatique.
[76] Hübner (C. I. L.,
II, Supplément, p. LXXXIX) pense cependant qu’après 70
[77] Römische Geschichte, V, p. 59, n. 1 ; p. 145, n. 1.
[78] Les inscriptions la mentionnant en Espagne sont toutes des cursus honorum.
[79] L’armée de
[80] Tacite, Germanie, 29. Dans un diplôme de l’année 100 est mentionnée une cohorte II Mattiacorum (Arch.-epigr. Mittheilungen sus Œsterreich, XI, 1887, o. 25). Le pays des Mattiaques dépendait si bien des Romains avant Domitien, que, sous Claude, Curtius Refus, légat de Germanie Supérieure, y lit ouvrir une mine d’argent (Tacite, Annales, XI, 20). Voir Mommsen, R. G., V, p. 135.
[81] Pline, Hist. Nat., XXX, 20. Cf. Ammien Marcellin, XXIX, 4, 3.
[82] Dion Cassius, LIV, 33. Tacite, Annales, I, 56 ; XII, 28. C’est sans doute le lien appelé par Ptolémée (II, 11, 14) ”Αρxταυνον. — Peut-être ce fort se trouvait-il à Heddernburg : Hübner, Römische Herrschaft in Westeuropa, p. 99.
[83] Les Usipiens
vivaient d’abord sur les bords de
[84] Il y eut des
hostilités sous Vespasien en Germanie (voir, à ce sujet, Asbach, Bonnische
Jahrbücher, LXXXI, 1886, p. 28). Cn. Pinarius Cornelius Clemens, qui était
légat de l’armée de Germanie Supérieurs en 74, reçut les ornements triomphaux :
[ob res] in German[ia prospere gestes(?)]
(Wilmanns, Exempta, 1142). — Dans le diplôme du
[85] Tacite, Hist., IV, 37.
[86] Mommsen, R. G., V, p. 138.
[87] Tacite, Germanie, 29.
[88] Dans la phrase de Tacite, on doit rapporter le mot decumates à agros, non à eos : Non numeraverim inter Germanise populos, quamquam trans Rhenum Danuviumque consederint, eos qui decumates agros exercent. Voir Mommsen, Römische Geschichte, V. p. 138, n. 1.
[89] Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, terminée en 77, ne dit rien qui puisse laisser supposer que la vallée du Neikar fit partie de l’empire.
[90] Zangemeister, Westdeutsche Zeitschrift, III, 1884, p. 246 et suiv.
[91] Vers 147 (il s’agit d’un conseiller de Domitien auquel l’empereur a demandé son avis sur le turbot) :
tamquam
de Cattis aliquid tervisque Sygambris
dicturus.
[92] Voir Nohl, dans Friedlænder, Sittengeschichte, III, 6e édit., p. 482.
[93] Sous Nerva, le roi
des Bructères fut rétabli par une armée romaine que commandait Vestricius
Spurinna (Pline le Jeune, Lettres, II, 7, 2). Dans
[94] Tacite, Germanie, 36.
[95] Tacite, Annales, XI, 16 et 17.
[96]
[97] Voir plus loin, chapitre VII.
[98] Voir Zeuss, Die Deutschen und die Nachbarnstämme, p. 95 et suiv.
[99] A l’époque des guerres de Germanicus, la capitale des Cattes s’appelait Mattium (Tacite, Annales, I, 56 ; cf. Ptolémée, II, 11,14 : Ματτιαxόν). Elle était donc située dans le pays des Mattiaques, annexé plus tard à l’empire.
[100] Dion Cassius,
LIV, 33 ; LV, 1. — Sur les hostilités entre les Romains et les Cattes sous l’empire,
voir A. Duncker, Geschichte der Chatten, dans
[101] Tacite, Annales, I, 56 ; II, 7 ; II, 25.
[102] En 41 (Dion Cassius, LX, 8 ; Suétone, Galba, 6) ; en 50 (Tacite, Annales, XII, 27 et suiv.).
[103] Tacite, Hist., IV, 37.
[104] Frontin, Stratagèmes, I, 1, 8 : Germanos qui in armis erant (les Germains, qui étaient en armes).
[105] Zonaras, XI, 19, p. 500.
[106] Tacite, Germanie, 41.
[107] Tacite, Annales, XIII, 57.
[108] Tacite, Annales, XII, 28 : Cherusci cura quis æternum discordant (les Chérusques, leurs éternels ennemis).
[109] Voir en particulier, pour cette date, Asbach, Westdeutsche Zeitschrift, III, 1884, p. 5 et 17 ; Chambalu, Philologue, XLVII, 1888, p. 571-572.
[110] Ephem. epigr., V. p. 93.
[111] Ephem. epigr., V, p. 612.
[112] Mionnet, VI, p. 89, nos 389, 390, 391.
[113] Mionnet, nos 392, 393.
[114] La monnaie d’argent Cohen, 602 (cf. Chambalu, loc. cit., p. 571) porte, il est vrai : Imp. Cæs. Domitianus Aug. Germanicus, et au revers : In pot. II, Cos VIIII, des X, p. p. (année 83, avant le 13 septembre) ; mais c’est un exemplaire tout à fait isolé, qui doit être hybride.
[115] Bruzza, Annali dell’ Instituto, XLII, 1870, p. 184, n° 194.
[116] Ibid., p. 182, nos 168 et 170.
[117] V. la chronologie des guerres de Bretagne, indiquée plus haut.
[118] Tacite, Agricola, 39 : nuper falsum e Germania triumphum (son faux triomphe au sortir de sa récente campagne de Germanie).
[119] Ephem. epigr., IV, p. 496.
[120] Ephem., loc. cit.
[121] Ephem., V. p. 612.
[122] Frontin, Stratagèmes, I, 1, 8, édition Gundermann : Imperator Cæsar Domitianus Augustus Germanicus, cum Germanos qui in armis erant, vellet opprimere, nec ignoraret majore bellum molitione inituros, si adventum tanti ducis præsensissent, profectioni suæ census obtenuit Galliarum, sub quibus inopinato bello adfusus contusa inmanium ferocia nationum provinciis consuluit (L'empereur César Domitien Auguste Germanicus, voulant accabler d'un seul coup les Germains, qui étaient en armes, et ne doutant pas qu'ils feraient des préparatifs de guerre d'autant plus grands s'ils étaient instruits d'avance de l'arrivée d'un tel générai, cacha son départ, sous le prétexte de tenir les états des Gaules. Ayant pu leur faire ainsi la guerre inopinément, il comprima la férocité de ces peuples sauvages, et veilla en même temps aux intérêts des provinces de l'empire). — Ce passage se rapporte certainement à la guerre de Germanie de 83, car en 88, la guerre commença dans de tout autres conditions (voir au chap. VII, ce qui est dit de le révolte d’Antonius Saturninus).
[123] Frontin, loc. cit. Suétone, Domitien, 6 : Expeditionem sponte suscepit. Zonaras, XI, 19, p. 500. Allusion possible dans Pline, Panég., 16 : Decertare cupere cum recusantibus.
[124] Brambach, 1417 b.
[125] Brambach, 1416.
[126] Zur Geschichte und Topographie der Rheinlande, p. 69.
[127] Voir Mommsen, Index de Pline, édit. Keil.
[128] Mommsen, Hermès,
XIX, 1884, p. 439. Mowat, Bulletin épigraphique, IV, 1884, p. 66. Lejay,
Inscriptions antiques de
[129] De legione Romanorum X Gemina, p. 75, n. 1.
[130] C. I. L., XIV, 3612 : L. Ro[s]cio, M. f(ilio), Qui(rina tribu), Æliano Mæcio Celeri, co(n)s(uli), etc. trib(uno) mil(itum) leg(ionis) IX Hispan(æ), vexiliarior(um) ejusdem in expeditione Germanic(a), donato ab Imp(eratore) Aug(usto) militarib(us) donis, corona vallari et murali, vexillis argenteis II, hastis puris II, etc. Ce personnage fut consul en l’an 100 (Klein, Fasti consulares, p. 53) ; il put donc être tribun militaire en 83 (plutôt qu’en 89, date de la seconde guerre contre les Cattes) ; l’empereur, qui n’est pas nommé, est certainement Domitien dont la mémoire fut abolie par le Sénat. — Le fragment d’inscription C. I. L., VIII, 9372, pourrait se rapporter à une des deux guerres germaniques de Domitien.
[131] Voir les passages cités ci-après. Les objections de Zwanziger (Der Chattenkrieg des Kaisers Domitian, p. 14 et suiv.) contre l’hypothèse de la participation de Frontin à cette guerre ne me paraissent pas fondées.
[132] Plaque de bronze
trouvée à Loh, dans
[133] I, 1, 8 (passage cité) ; II, 11, 7 : victis hostibus ; voir aussi note suivante. Zonaras (XI, 19, p. 500) dit [d’après Dion] que leur territoire fut ravagé.
[134] Frontin, II, 3, 23 : Imperator Cæsar Augustus Germanicus, cum subinde Catti equestre prœlium in silvas refugiendo diducerent, jussit suos equites, simulatque ad inpedita ventum esset, equis desilire pedestrique pugna confligere : quo genere consecutus, ne quis non loci ejus victoriam moraretur (Germanicus, dans un combat de cavalerie contre les Cattes, vit qu'ils évitaient une défaite complète en se retirant toujours dans les bois quand on les pressait. Il fit mettre pied à terre à sa cavalerie lorsqu'elle fut arrivée vers ces lieux embarrassés, et parvint à fixer la victoire). Cf. I, 3, 10.
[135] Martial dit d’eux (VI, 60, 3) :
Sic
leve flavorum valent genus Usiporam,
quisquis
et Ausonium non amat imperium.
Vive
de même la race inconstante des Usipiens au poil roux, et tous ceux qui
n'aiment pas l'empire de l'Ausonie !
[136] Tacite, Agricola, 28. Dion Cassius, LXVI, 20.
[137] Le passage I, 1, 8 se rapporte certainement aussi à la première guerre contre les Cattes.
[138] Westdeutsche Zeitschrift, III, 1884, p. 20 ; Bonnische Jahrbücher, LXXXI, 1886, p. 29. — M. Zwanziger (loc. cit., p. 28) admet la correction Sueborum ; il croit qu’il s’agit des Champs décumates, autrefois habités par des Suèves. Mais le souvenir de ces Suèves devait y être bien effacé à la fin du premier siècle.
[139] Voir ce qu’en dit Tacite (Germanie, 41) : Hermundurornm civitas, fida Romanis (la cité des Hermondures fidèle à notre empire) etc.
[140] Westdeutsche Zeitschrift, III, 1884, p. 6-7 ; Bonn. Jahrbücher, LXXXI, 1886, p. 30.
[141] Voir les passages de Frontin cités plus haut.
[142] Laterculus
Veronensis, édition O. Seeck dans
[143] Römische Geschichte, V, p. 137, n. 2. L’interprétation que M. Risse (Rheinisches Museum, XLI, 1886, p. 639) a donnée de ce passage, ne me paraît pas conforme au texte.
[144] Je crois que c’est forcer le sens du texte que de voir, dans le passage de Frontin, II, 11, 7, une allusion à une guerre postérieure de Domitien. Cette opinion est soutenue par M. Gundermann, Jahrbücher für classische Philologie, 16ter Supplementband, p. 319.
[145] Voir Herzog, Bonn. Jahrbücher, LIX, 1876, p. 62 et suiv. D’autres croient que l’emplacement d’Aræ Flaviæ est à Unterilfingen (voir Nâher, Bonn. Jahrbücher, LXXIX, 1885, p. 29). Le nom de cette ville permet d’en attribuer la fondation à Vespasien ou à Titus, aussi bien qu’à Domitien ; mais comme ce fut seulement sous le dernier empereur Flavien que les Champs décumates furent annexés définitivement à l’empire, il est plus probable que ce fut à lui que la ville d’Aræ Flaviæ dut son origine.
[146] Voir Mommsen, Römische
Geschichte, V, p. 139, n. 2. — M. Miller (Korrespondenzblatt der
Westdeutschen Zeitschrift, VIII, 1889, p. 33 et suiv.), qui a étudié en cet
endroit les restes d’un grand camp, est porté à croire qu’à partir de la guerre
de 83,
[147] Inscription publiée par Mordtmann (Mittheil. des arch. Instituts, Athen. Abtheilung, XII, 1887, p. 181) : ...... ου χώρας Σ[ου]μελοxεννησίας xαί έ[παρχ.] Γερ(μανίας) Λιμιτανής, etc. La lecture Γερ(μανίας) n’est pas sûre. Au début, il faut restituer, avec Mommsen (Korrespondanzblatt, V, 1866, p. 260 ; cf. Staatsrecht, III, p. 830) : [έπίτροπον... Σεβασ]τοϋ. — Sur Rottenbourg, à l’époque romaine, voir Herzog et Kallee, Westdeutsche Zeitschrift, III, 1884, p. 326 et suiv.
[148] Pour l’inscription citée note précédente, Mommsen en donne cette lecture : xαί [ύ]περλιμιτάνης.
[149] Tacite, Histoires, IV, 64.
[150] Tacite, Annales, I, 51 ; XIII, 55.
[151] Ptolémée, II, 11, 11.
[152] Müller, édition de Ptolémée, p. 263 et suiv.
[153] Müller, loc. cit.
[154] Voir Müller, p. 253.
[155] Voir Ritterling, De legione Romanorum X Gamina, p. 74, n. 2.
[156] Brambach, Corpus
inscr. Rhen., 1537 d,
[157] Brambach,
[158] Brambach,
[159] Brambach, 1501 b.
[160] Bonnische Jahrbücher, LXXXVIII, 1889, p. 76.
[161] Brambach, 1491 b.
[162] Brambach, 1417 c.
[163] Brambach,
[164] Brambach, 1708 addit.
[165] Bonn. Jahrbücher, LXXXVIII, 1889, p. 31.
[166] Brambach, 1658.
[167] Brambach,
[168] Brambach,
[169] Bonn. Jahrbücher, LXXXVIII, 1889, p. 31.
[170] Brambach, 1417 b.
[171] Brambach,
[172] Voir plus loin, chapitre VII.
[173] Brambach, 1666.
[174] Pour la bibliographie du limes romanus en Germanie, voir, en particulier, les résumés de Hübner, Bonnische Jahrbücher, LXVIII, 1878, p. 17 et suiv. ; LXXX, 1885, p. 23 et suiv. ; LXXXVIII, 1889, p. 1 et suiv. Cf. l’article de Zangemeister, Westdeutsche Zeitschrift, IX ; 1890, p. 1 et suiv., et le résumé officiel des résultats obtenus et des recherches à faire, imprimé dans l’Archeologischer Anzeiger, 1892, p. 1-6. Une étude d’ensemble se trouve dans le livre de Hübner, Römische Herrschaft in Westeuropa, p. 71 et suiv. — Les deux principaux ouvrages sont ceux de von Cohausen, Der römische Grenzwall in Deutschland (1884) et d’Ohlenschlager, Die römische Grenzmark in Bayern (1887).
[175] Hübner, Römische Herrschaft, p. 87-88.
[176] Par derrière cette ligne de Miltenberg à Lorch, se trouve une ligne de forts se dirigeant aussi du nord au sud, depuis Wörth, sur le Main, et atteignant, à Neckarmülhbach, le Neckar qu’elle suit jusqu’à Rottweil. Il est difficile de dire actuellement si cette ligne est antérieure à celle de Miltenberg-Lorch, ou si elle avait simplement pour objet de la renforcer.
[177] Cohausen (Der
römische Granzwall, p. 350), Mommsen (Römische Geschichte, V, p.
136), Zwanziger (Der Chattenkrieg des Kaisers Domitianus, p. 28), Hübner
(Römische Herrschaft, p. 97) rapportent le passage de Frontin (les cent
vingt milles) à la partie du limes qui s’étend du Rhin au Main, quoique la
distance indiquée par Frontin soit trop faible. M. Mommsen est du reste d’avis
(p. 141, n. 1) que le rempart qui bordait le limes, ou route-frontière, fut,
jusqu’à une époque postérieure à Hadrien, formé seulement d’abattis d’arbres
que l’on remplaça ensuite par une levée de terre (cf. Spartien, Hadrien,
12). — Asbach (Bonn. Jahrbücher, LXXXI, 1886, p. 29 ; Westdeutsche
Zeitschrift, III, 1884, p. 20-21 ; V, 1886, p. 371) pense que le limes germanicus fut constitué par Domitien en
deux fois : 1° en 83, la tronçon qui s’étend de Lorch jusqu’à Hunnenburg, près
de Butzbach : ce seraient les cent vingt milles de Frontin ; 2° en 89, la ligne
du Taunus. Nous avons indiqué, plus haut, les raisons qui nous empêchent
d’accepter les hypothèses de M. Asbach. — M. Miller, Korrespondenzblatt der
Westdeutschen Zeitschrift (VIII, 1889, p. 38), croit que les cent vingt
milles de Frontin répondent à une ligne tracée de l’est à l’ouest, du Rhin au
Danube, par Offenburg et Aalen, à la frontière de
[178] Ce pont fut fait
à une époque où
[179] Brambach, 1206,
1207,
[180] Tacite, Agricola, 39. Allusion à ce triomphe dans Martial, I, 4, 3 (cf. VI, 4, 2). Dion Cassius, LXVII, 4. — Ce fut peut-être alors que fut frappée la monnaie qui a pour avers : Imp. Domit. Aug. Germ. ; Buste casqué de Pallas ; et pour avers : Io, io, triump. ; Olivier (Cohen, Domitien, 300).
[181] Frontin, II, 11, 7. Martial, XIV, 170 : cui nomina Rhenus vera dedit (à celui que le Rhin décora du nom de Germanique). II, 2, 3 : nobilius [nomen] domito tribuit Germania Rheno (Le Rhin te vaut un titre encore plus glorieux, celui de Germanique). Ce titre se trouve sur toutes les monnaies et presque toutes les inscriptions depuis 84. Martial et Stace l’emploient à satiété, ce qui s’explique en partie par la difficulté de faire entrer le mot Domitianus dans un vers. — Suétone (Domitien, 13) fait erreur, quand il dit qu’après deux triomphes, Domitien prit le surnom de Germanicus : Post duos triumphos Germanici cognomine assumpto ; car il célébra son second triomphe (avec son troisième) en 89. Cette erreur se comprend dans une certaine mesure par le fait que l’un des deux triomphes de 89 fut célébré sur les Germains, et qu’alors le titre de Germanicus eut une sorte de renouveau.
[182] Dion Cassius, LXVII, 4. Martial, I, 5, 6, 11, 14, 21, 22, 26, 43, 48, 51, 60, 104.
[183] Cohen, Domitien, 139, 357, 424, 425, 463, 464, 465, 467, 646, sans doute aussi 138.
[184] Martial, II, 2 :
Creta
dedit magnum, majus dedit Africa nomen,
Scipio
quod victor quodque Metellus habet ;
nobilius
domito tribuit Germania Rheno,
et puer hoc dignus nomine, Caesar, eras (allusions à l'expédition de 79).
Frater
Idumaeos meruit cum patre triumphos :
quae datur ex Chattis laurea, tota tua est.
L'Afrique
à Scipion en donne un plus illustre ;
Le
Rhin dompté par toi, dès ton troisième lustre,
César,
te vaut un titre encor plus glorieux,
Celui
de Germanique. Aux lauriers d'Idumée
Ton
frère avec son père eut une égale part ;
Mais
les Daces vaincus, jamais la renommée
N'en
peut donner l'honneur qu'à toi seul, ô César !
Martial (X, 7, 7) écrivait en 98, en s’adressant au Rhin : [sic semper] Romanus eas utraque ripa. Cf. IX, 6, 1, et IX, 1, 3. — Stace célébra les guerres de Germanie dans un on plusieurs concours d’Albano : voir p. 125, n. 12. II songea même à écrire une épopée sur ces guerres (Silves, IV, 4, 95 ; Thébaïde, I, 17 ; Achilléide, I, 18). On lit dans une scolie de Juvénal un fragment d’un poème de cet auteur, carmen de bello Germanico.
[185] Dion Cassius, LXVII, 4 : Après avoir entrepris une expédition en Germanie, Domitien revint à Rome sans avoir combattu. Est-il besoin de dire qu’il reçut à cette occasion les honneurs décernés aux autres empereurs qui lui ressemblaient, de peur qu’ils ne se crussent convaincus d’imposture, parce qu’on ne les glorifiait pas assez et qu’ils ne se missent en colère ? Pline le Jeune, Panég., 16 : mimicos currus et falsæ simulacra victoriæ (les pompes théâtrales et les vains simulacres d'une victoire supposée), allusion qui peut se rapporter aussi aux triomphes de 89 : (voir plus loin). Tacite, Agricola, 39.
[186] Elle y fut introduite presque exclusivement par les soldats et ne put s’y développer que pendant un siècle et demi.
[187] Cohen 469, 470 (cf. 472, 639-642).
[188] Cohen, 503. Cf. 504.
[189] Cohen, 177, 181, 182, 183. 184, 188, 483, 488, 489, 509, 536, 537, 539. Peut-être aussi Mionnet (Monnaies d’Alexandrie), VI, p. 90-91, n° 398, 399, 400.
[190] Sur dix monnaies
frappées entre le 1er janvier et
[191] Cohen, 496, 497 (cf. 501). Ce type se répète les années suivantes.
[192] Voir chapitre VII.
[193] Suétone, Domitien, 6 : Transituras ad Antonium copias barbarorum (le dégel subit du Rhin empêcha les troupes des Barbares de se joindre à celles d'Antonius). C’étaient les Cattes.
[194] Voir chapitre VII.
[195] Stace, I (Silve écrite vers la fin de 89), 1, 6 :
qualem
modo ftena tenentem
Rhenus,
et attoniti vidit domus ardus Daoi.
Le cheval de la statue impériale, élevée sur le forum romain à la fin de 89, foulait le Rhin (Stace, loc. cit., vers 51) :
ærea
captivi orimen torit ungula Rheni.
Martial, quand il écrit en 92 (VII, 7, 3) :
...
fractusque cornu jam ter improbo
Rhenus...
fait sans doute allusion aux expéditions de Domitien en 70 (cette fois, il n’alla d’ailleurs pas jusqu’au Rhin), en 83 et en 89. — Cf. Stace, Thébaïde, 1, 19 :
Bisque jugo Rhenum (en 88 et en 89), bis adectum legibus Histram.
[196] Voir chapitre VII.
[197] Stace, Silves, I, 1, 27
...
das Cattis Dacisque fidem.
III, 3, 168 :
Hæc
est quæ victis percentia fœdera Cattis
quæque
suum Dacis donat elementia montem.
[198] Eusèbe (Chronologie,
p. 160, 161), à l’année 2106 (1er octobre 89 -
Et
Capitolines itque reditque vias.
Cf. VI, 4, 2 ; V, 19, 3. — Ce fut sans doute en 89 que l’on frappa des monnaies (Cohen, 140-148), portant en exergue, au revers, les simples mots : Germanicus, cos. XIIII. Elles rappellent le second triomphe sur les Germains. Les revers représentent : Domitien dans un quadrige, tenant une branche de laurier et un sceptre ; une esclave germaine en pleurs assise sur un bouclier, auprès d’une haste brisée ; etc.
[199] C. I, L., VI, 2067. L’observation a été faite par Hirchsfeld, Göttingische gelehrle Anzeigen, 1869, p. 1507.
[200] Voir plus loin, aux guerres du Danube.
[201] Chambalu, De
magistratibus Flaviorum, p. 26. Il fut imperator XVI-XIX entre le
[202] V, 19, 3 ; VI, 4, 2 ; VI, 10, 8.
[203] Voir plus loin, chapitre VII.
[204] Kerckhoff (Duæ quæstiones Papinianæ, p. 12 et suiv.), indique sans raison plausible l’année 83. Friedlænder (Sittengeschichte, III, p. 476 et édition de Martial à V, 49) se prononce pour l’année 88, parce qu’il croit à tort que le livre V de Martial, où la même fête est mentionnée, fut édité dans l’automne de 89. — Les autres Silves du même livre furent composées : la première, peu après les deux triomphes ; la seconde, avant le milieu de l’année 90 (cf. Martial, VI, 21 ; le livre VI de Martial fut édité à cette époque, voir Friedlænder, édit., p. 57) et après les triomphes (voir le vers 180) ; la quatrième, après l’été de 88, pendant lequel furent célébrés les jeux séculaires (vers 17 et 96) et très probablement en 89, car Stace y mentionne comme un événement récent l’expédition du Domitien contre les Daces (vers 91 et suiv.), qui eut-lien à cette époque (voir plus loin, aux Guerres du Danube) ; la cinquième, avant 90 (cf. vers 65, et Martial, VI, 83). Pour la troisième, il n’est pas possible de fixer une date.
[205] C’est aussi l’avis de Friedlænder, édition de Martial, ad locum.
[206] Date de la publication du livre IV : voir Friedlænder, édition, p. 55.
[207] Date de la publication du livre VI : voir note 204.
[208] V, 30, 5 :
Sed
lege fumoso non aspernanda decembri
carmina
mittuntur quæ tibi mense tue.
Mention des Saturnales : épigr. 18, 59, 84.
[209] V, 65, chasses splendides qui durèrent plusieurs jours. Cf. V, 31.
[210] Vers 65 et suiv. ; préface du livre I.
[211] Dion Cassius, LXVII, 5. Nous ignorons la date de ces événements qui sont rapportés dans un fragment isolé de Dion.
[212] Tacite, Germanie,
36. — Les rapports de Dion Cassius et de Tacite sont tout à fait indépendants
l’un de l’autre. Cependant rien n’empêche d’admettre que l’événement rapporté
par Tacite ait été la conséquence de la défaite de Chariomére. — les Foses
semblent avoir habité les bords de
[213] Tacite dit des Germains (Germanie, 37) : Proximis temporibus triumphati magis quam victi sunt (dans ces derniers temps on a triomphé d'eux plutôt qu'on ne les a vaincus). — C’est une allusion aux deux triomphes de Domitien sur les Cattes.
[214] Ce fut l’opinion de Tacite (voir Germanie, 33 fin).
[215] Voir de
[216] Cependant, sous
Marc-Aurèle, les Cattes menacèrent
[217]
[218]
[219] Voir Mommsen, Römische Geschichte, V, p. 147 et suiv.
[220] Il est en effet
probable que le royaume de Vannius comprenait
[221] Tacite, Annales, II, 63 ; XII, 29 et 30.
[222] Tacite, Hist., III, 5 ; III, 21.
[223] Pline, Hist. nat., IV, 80. Tacite (Annales, XII, 29 ; Hist., III, 5) les appellent les Sarmates Jazyges, Sarmatæ Jazyges.
[224] On les nommait, pour cette raison, μετανάσται, émigrés (Ptolémée, III, 5, 1 ; III, 7, 1). — Tacite les indique dans cette région, à la fin du règne de Claude (Annales, XII, 29).
[225] Tacite, Annales, XII, 30 ; Hist., III, 5. Cf. Ammien Marcellin, XII, 12, 2 et 3.
[226] Ptolémée, III, 8,
1 et 2. Voir de
[227] Voir Rossier, Das vorrömische Dacien, dans les Sitzungsberichte der Akademie der Wissenachaften zu Wien, XLV, 1864, p. 337 ; Mommsen, Histoire de la monnaie romaine (traduction de Blacas), III, p. 289 et suiv. ; Jung, Die romanischen Landschaften des römischen Reiches, p. 320.
[228] Voir de
[229] Strabon, VIII, 3, 2. Voir à ce sujet Mommsen, Römische Geschichte, V, p. 189.
[230] Les Thraces n’acceptèrent la domination romaine qu’après une longue résistance. Sous Claude encore, ils se soulevèrent (Voir Mommsen, loc. cit., p. 21 et suiv., 191 et suiv.).
[231] Sur tous ces événements, voir Mommsen, Res gestæ divi Augusti, 2e édit., p. 129 et suiv.
[232] C. I. L., XIV, 3608. Il est vrai que l’inscription dit : Transdaunvianorum. Il peut dire question de Bastarnes et de Sarmates aussi bien que de Daces.
[233] Jordanes, Getica, XIII. 76, p. 76, édition Mommsen : Domitiano imperatore regnante... fœdus quod dudum cum aliis principibus pepigerant Gathi (= Daci) solventes...
[234] Il y avait aussi des Bastarnes établis dans l’estuaire même du Danube (voir Tacite, Germanie, 46 ; Strabon, VII, 3, 15). Strabon indique même des colonies de Bastarnes au sud du fleuve (VII, 3, 13).
[235] Strabon, VII, 1, 1 ; 3, 2 ; 3, 17. Pline l’Ancien, Hist. Nat., IV, 81 et 100. Tacite, Germanie, 46. — Voir sur eux Müllenhorff, Deutsche Altertumshunde, II, p. 104 et suiv.
[236] Dion Cassius,
XXXVIII, 10 ; LI, 23 et suiv. Florus, II, 29. Ovide, Pontiques, I, 2, 79
; Tristes, II, 191. Suétone, Tibère,
[237] C. I. L., XIV, 3608. Dion Chrysostome, Discours, 36 (tome I, p. 49, édition Dindorf).
[238] Ces flottes s’appelèrent dès lors classis Flavia Pannonica, classis Flavia Mœsica. Voir Héron de Villefosse, art. Classis dans le Dictionnaire des antiquités de Daremberg et Saglio, II, p. 1236.
[239] Pline l’Ancien, Hist. nat., IV, 80. Archeologisch-epigraphische Mittheitungen aus Œsterreich, II, 1878, p. 182 ; V, 1881, p. 209 : XI, 1887, p. 8-9. Mommsen, Römische Geschichte, V, p. 187, n. 1.
[240] Josèphe, VII, 4, 3. Voir Mommsen, Römische Geschichte, p. 200, n. 1.
[241] Voir plus haut, l’énumération des corps auxiliaires portant l’épithète de Flavia ; ils doivent avoir été créés, pour la plupart, par Vespasien. Il en est de même de l’ala I Vespasiana Dardanorum (C. I. L., III, p. 863 : en Mésie Inférieure, en 100).
[242] Tacite, Hist.,
I, 68 ; III, 5 ; IV, 70. En 107,
[243] C. I. L., III, p. 160.
[244] C. I. L., 111, 4660. Cf. l’inscription 4563.
[245] Arrien, Histoire des Alains, p. 251, édit. Müller.
[246] Hirschfeld, Arch.-epigr. Mitth. aus Ossterreich, V, 1881, p. 217.
[247] C. I. L., III, 1665, 6326, 8276.
[248] C. I. L., III, 1650, 1651, 1700 (1 et 2), 8103, 8275, etc.
[249] En Pannonie, il y avait, en 84-85, six ailes et dix-sept cohortes environ (voir C. I. L., III, p. 855 ; Ephem. epigr., V, p. 93).
[250] En Thrace, deux mille hommes de troupes sous Néron (voir Josèphe, Guerre de Judée, II, 16, 4, p. 118, édit. Dindorf).
[251] C. I. L., III, p. 858, etc. Voir Héron de Villefosse, art. Classis, p. 1236.
[252] Josèphe, loc.
cit. Tacite, Hist., II,
[253] Dion Cassius, LXVII, 6 (p. 353, n. 7 de l’édition Gros-Boissée).
[254] Dion Cassius
(LXVII, 6, etc.) le nomme Δεxέβαλος
; Pline le Jeune (Correspondance avec Trajan, 74), Decibatus. Dans une inscription (C. I. L., VI,
1444), on lit : Gentem Dacor(um) et regem Decebatum
bello superavit. La forme Decibatus
se lit aussi sur des inscriptions : C. I. L., III, 4150 ; VIII, 866 ; Auch : epigr.
Mitth. aus œsterreich, XI, 1887, p. 23. Voir encore Trebellius Pollion (Trente
Tyrans, 10, 8) : Decibali ipsius ut fertur adfinis. — Dans Paul
Orose (VII, 10), le roi est nommé Diurpaneus
; dans Jordanes (Getica, XIII, 76), Dorpaneus.
La véritable forme semble être Diuppansus.
Voir C. I. L., VI,
[255] Dion Cassius, LXVIII, 9 et 10.
[256] Voir plus loin, et Dion Cassius, LXVIII, 8, 9, 10.
[257] Dion Cassius, LXVIII, 12.
[258] Dion Cassius, LXVIII, 11.
[259] Dion Cassius, LXVIII, 10 et 11.
[260] Bonnische Jahrbücher, LXXI, 1886, p. 331
[261] Ephem. epigr., IV, p. 496.
[262] C. I. L., III, p. 582.
[263] Ils ne
retournèrent cependant pas en Germanie, la situation s’étant aggravée sur le
Danube dans les années qui suivirent. Plus tard on retrouve
[264] Ephem. epigr., V, p. 93.
[265] Sur cinq monnaies
frappées entre le 1er janvier et le
[266] Voir von Domaszewski, Rheinisches Museum, XLVII, 1892, p. 208 et suiv. Latyschev, Inscriptions antiquæ oræ septentrionalis Ponti Euxini, II, p. XLV.
[267] Von Sallet, Zeitschrift für Numismatik, IV, 1877, p. 304-305. — En 69, cependant, pendant le court régner de Vitellius, le monogramme royal reparut.
[268] Mommsen, Monnaie romaine, traduction Blacas, III, p. 298. Eckhel, II, p. 377. Mionnet, II, p. 371, n° 70 ; Supplément, IV, p. 501, nos 93 et 94 ; p. 503, n° 99.
[269] Il semble cependant que ce fut plutôt une concession qu’une usurpation, car même quand les Romains n’eurent plus aucune difficulté sur le Danube, sous Trajan par exemple, l’usage introduit sous Domitien se main-tint (voir Mionnet, II, p. 372 et suiv. ; Supplément, IV, p. 504 et suiv. Sallet, loc. cit., p. 307).
[270] C. I. L., III, p. 855.
[271] Jordanes, Getica, XIII, 76.
[272] Loc. cit. : Domitiano imperatore regnante ejusque avaritiam metuentes, fœdus... Gothi solventes.
[273] Suétone, Domitien, 6. Jordanes, loc. cit.
[274] Suétone, loc. cit. Dion Cassius, LXVII, 6.
[275] Suétone, loc. cit. Cf. Martial, IX, 101, 17 :
Cœnua
Sumatici ter perfida contudit Histri.
Il s’agit, dans ce vers, des deux expéditions daciques et de l’expédition suévo-sarmatique de 92. Dans cette troisième expédition sur le Danube, Domitien n’eut pas à combattre les Daces : du moins aucun texte ne les mentionne.
[276] Asbach, Bonnische Jahrbücher, LXXIX, 1885, p. 119.
[277] Voir, pour cette date, le chapitre VII.
[278] C. I. L., VIII, 1026. Q. Vilanius, Q. f(ilius) Vol(tinia), Nepos, Philippis, (centurio) coh(ortis) XIII urb(anæ), donis donatus a Domitiano ob belhtm Dacicum, item ab eodem ob bellum Germanicum, item torquib(us), armillis ob bellum Dacicum.
C. I. L., III, 7397 : M. Julius Avitus, V(o)ltinia Rois Apollinar(ibus), centurio leg(ionis) XV Apol(linaris), item centurio log(ionis) V Mac(edonicæ) et legionis XVI Fl(aviæ) Fir(mæ), bis donis donatus Bello Dacic[o] et Bello Garmanico...
[279] Mommsen (Röm. Geschichte, V, p. 200, n. 2) a, je crois, tort de penser qu’il s’agit de cette guerre de 83.
[280] Ce fut seulement vers l’été de 88 qu’il devint imperator pour la quinzième fois, peut-être à la suite de la révolte du faux Néron.
[281] C. I. L., VI,
2065. Ces actes nous apprennent, en outre, que, quelques jours avant le
[282] Il célébra alors les jeux séculaires. Il y était probablement aussi le 24 octobre : voir les vers de Martial (IV, 1) qui datent de ce jour ; si Domitien avait été sur le Danube à ce moment, Martial y aurait sans doute fait quelque allusion.
[283] C. I. L., VI, 2064 : ... [id]us Ianuari(æ) in ædem Concordiæ astantibus fratribus Arva[libus], magisterio [Imp(aratoris)] Cæsaris Domitiani Augusti Germanici.
[284] Domitien devint à cette époque imperator X et imperator XI ; mais ces salutations peuvent se rapporter à des succès sur le Rhin ou en Afrique.
[285] Domitien reçut
alors sa XIVe salutation impériale. Entre le
[286] En 2101, selon la version arménienne (édit. Schöne, p. 160) ; en 2102, selon saint Jérôme (p. 161).
[287] Le
[288] Le diplôme C. I.
L., III, p. 856, portant la première date, indique la onzième salutation ; le
diplôme C. I. L., III, p. 857, portant la seconde date, la douzième. Pour la
période du 1er Janvier au
[289] On a une monnaie antérieure au 13 septembre, où se lit imp(erator) XIII (Cohen, Domitien, 207).
[290] Panég., 12 : eo tempore quod amicissimum illis (populis), difficillimum nobis, cum Danubius ripas gelu jungit, duratusque glacie ingentia tergo bella transportat, cum feræ gentes non tolis magis quam suo cælo, suo sidere armantur (vos camps furent assis en face des nations les plus belliqueuses, dans la saison la plus favorable pour elles, la plus difficile pour nous; lorsque l'hiver unit les deux rives du Danube, et que le fleuve, durci par la glace, ouvre à la guerre de vastes chemins). Cf. Panég., 82. — Martial fait dire à la faux (XIV, 34) :
Pax
me porta ducis placidos carvavit in usus :
agricolæ
nunc cum, militis ante fui.
Le livre XIV de Martial fut édité en décembre 84 on en
décembre 85 (voir Friedlænder, préface de l’édition de Martial, p. 52). Si l’on
se décide pour 85, on peut supposer que, vers la fin de cette année là, la
nouvelle de l’invasion de
[291] C’est ce que pense Henzen, Acta fratrum Arvalium, p. 110. — Je dois remarquer cependant que, si l’on admet cette hypothèse, on peut s’étonner que les vœux ne soient pas faits aussi pro victoria et reditu.
[292] C’est peut-être à la première guerre dacique que l’on doit rapporter les récompenses militaires que C. Vedennius Moderatus Antio, soldat de la neuvième cohorte, reçut sous Domitien (C. I. L., VI, 272b).
[293] Jordanes, loc.
cit. : Domitianus cum omni virtute sua
Illyricum properavit et totius pæne reipublicæ militibus ductore Fusco prælato...
On ne connaît pas d’une manière exacte les troupes qui furent employées dans
cette guerre, non plue que dans la seconde guerre dacique de Domitien. Les
légions de Pannonie et de Mésie y prirent certainement part. Voir, pour la
première guerre dacique, l’inscription de M. Julius Avitus, citée plus haut ;
[294] Eusèbe, Chronologie, p. 160 et 161 : Daci bellum cum Romanis commiserunt et concisi sunt. Ce fut peut-être alors que Domitien fut proclamé imperator pour la douzième fois.
[295] Pierre le Patrice (d’après Dion Cassius), dans Müller, Fragmenta historicorum Græcorum, IV, p. 185.
[296] Dion Cassius, LXVII, 6.
[297] Où il célébra alors les Jeux Capitolins, si l’on admet la chronologie proposée plus haut.
[298] Suétone, Domitien, 6. Pierre le Patrice, loc. cit. Jordanes, loc. cit.
[299] IV, 112: Fuscus marmorea meditatus prælia villa.
[300] Tacite, Histoires,
II, 86 ; III, 4 ;
[301] Tacite, Hist., II, 86.
[302] Pierre le Patrice : μετά πολλής δυνάμειος.
[303] Jordanes, Getica, XIII, 77. Cf. Martial, VI, 76, 6.
[304] Pierre le Patrice, loc. cit.
[305] Fuscus, selon
tordeuse, fut vaincu dés la première rencontre, primo
conflictu. Cependant cette rencontre ne semble pas avoir eu lieu
prés du Danube. Ce fut dans la vallée de
[306] Suétone, Domitien, 6. Martial, VI, 76. Juvénal, IV, 111 :
et
qui vulturibus ærvabat viscera Dacis
Fuscus...
Scoliaste : Fuscus sub Domitiano exercitui præpositus in Dacia periit. Jordanes, XIII, 78.
[307] Jordanes, loc. cit. : Divitias de castris militum spoliant. Sur la colonne Trajano (Fröhner, planche XXXII : début de la première guerre dacique de Trajan), un porte-enseigne représenté auprès de l’empereur, tient dans ses mains une hampe, mais l’aigle manque. Est-ce, comme le dit Fröhner (Description des bas-reliefs, p. 4), parce que l’aigle de la légion, à laquelle ce porte-enseigne appartenait, avait été prise par les Daces lors du désastre de Fuscus ?
[308] Paul Orose, VII, 10 : Nam quanta fuerint Diurpanei, Dacorum regis, cum Fusco duce prœlia, quantaque Romanorum elades, longo textu evolverem, nisi Cornelius Tacitus, qui hanc historiam diligentissime contexuit, de reticendo interfectorum numero, et Sallustium Crispum, et alios auctoras quam plurimos sanxisse, et se ipsum idem potissimum elegisse dixisset.
[309] Ptolémée (3, 10,
5) place ces deux légions dans
[310] Où elle a laissé
de nombreuses traces : C. I. L., III, 776, 6166, etc., cf. Ptolémée, loc.
cit. Peut-être dans ces vers de Stace (Silves, V, 2, 136) faut-il
voir une allusion au camp de
An
te septenus habebit
Pater
et undoso circumflua conjuge Poueo ?
(Le poète énumère les pays où un jeune homme, Vottius Crispinus, pourra être envoyé comme tribun militaire). Cf. Martial, VII, 84, 3.
[311] Où Ptolémée
(édit. Müller, p. 465, n. 1) la place et où elle aurait été remplacée au second
siècle par
[312] C. I. L., III, p. 863. Arch.-epigr. Mitth. aus Œsterreich, XI, 1884, p. 24.
[313] C. I. L., III, p. 854.
[314] C. I. L., III, p. 863.
[315] Voir Friedlænder, édition de Martial, p. 58.
[316] Silves, I, 1, 6.
[317] Silves, I, 1, 79.
[318] Silves, I, 1, 7.
[319] Silves, III, 3, 169.
[320] Thébaïde, I, 21
[321] Martial mentionne la révolte au livre IV (IV, 11) et l’ambassade de Diégis au livre V (V, 3).
[322] Dion, LXVII, 7.
[323] Dans ce vers de Martial (V, 3, 1) :
Accola
num nostræ Degis, Germanice, ripæ
ripa désigne le pays frontière de l’empire sur le Danube. Cf. C. I. L., XIV, 3608 : (Plautius Silvanus, gouverneur de Mésie) reges signa Romana adoraturos in ripam, quant tuebatur, perduxit.
[324] Dion, LXVII, 7.
[325] Je crois que M. Asbach (Bonnische Jahrbücher, LXXXI, 1886, p. 36) la place à tort en 88.
[326] Voir plus loin chapitre VII.
[328] Dion, LXVII, 11 (au début) : xατά τοϋτον τόν χρόνον.
[329] Il dit que Décébale envoya Diegis demander la paix parce qu’il avait souffert de terribles malheurs : δεινώς γάρ έτεταλαιπώρητο (LXVII, 7) : ce qui est une allusion aux succès que Julianus remporta sur lui.
[330] Dion, LXVII, 10 : Ίουλιανός έπιταχθείς ύπό τοϋ αϋτοxράτορος τώ πολέμω. Le commandement que reçut Julianus semble avoir été de même nature que ceux qu’exercèrent Corbulon sous Néron, et Avidius Cassius sous Marc-Aurèle (voir Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 853).
[331] Œuvres, III, p. 184 et 378 ; IV, p. 214.
[332] C. I. L., III, 1566 : Calpurnius Julianus, v(ir) c(larissimus), leg(atus) leg(ionis) V Mac(edonicæ), leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(ætore) [prov(inciæ)]. Mæsiæ [Superiori ou Inferiori]s.
[333] C. I. L., ad locum.
[334] Voir Friedlænder, Sittengeschichte, I, 6e édit., p. 399.
[335] C. I. L., VI, 2059.
[336] Ephem. epigr., V, p. 612.
[337] I, 79 ; II, 85 ; IV, 39 et 40.
[338] I, 79.
[339] T. Flavius Domitianus, p. 58, n. 2.
[340] Silves, III, 3, 115 et suiv.
[341] Vers 111 et 207.
[342] C. I. L., IX, 1455, col. 2, lig. 23.
[343] Dion Cassius, LXVII, 10.
[344] Julianus livra
bataille aux Daces à Tapæ. Pour arriver à cet endroit, il dut nécessairement
suivre la route que nous indiquons. Voir Table de Peutinger, édit.
Miller, segment, VII, 2-4 ; Priscien, Institutions grammaticæ, VI, 13,
p. 205, édit. Keil. Cf., sur cette route, De
[345] Jordanes, Getica, XII, 74 : [Dacia] corona montium cingitur, duos tantum habens accessus, unum per Tapas, alterum per Bontas.
[346] Dion Cassius, LXVII, 10. Stace fait peut-être une allusion à cette victoire (Thébaïde, I, 20) :
Et
conjurato dejectos vertice Dacos.
[347] Les reliefs de la
colonne Trajane nous donnent une idée des difficultés que Trajan rencontra dans
ce pays lors de sa campagne de 102 (voir Fröhner,
tu
[Domitien] tardum in fædera montem
longe
Marte domas.
[348] Stratagèmes, I, 5, 22.
[349] Asbach (Bonnische Jahrbücher, LXXIX, 1585, p. 123) suppose que Tettius Julianus devint, en récompense, consul pour la seconde fois en 90. Rien ne l’indique. Si un deuxième consulat lui avait été accordé alors, Stace l’aurait certainement dit dans sa Silve, écrite au commencement de l’année 93 (voir, pour cette date, les vers 170-171).
[350] Dion Cassius, LXVII, 7, dit au sujet du traité conclu plus tard avec Décébale : [δ Δομετιανός] ές σπονδάς αύτόν ύπηγάγετο, άς πολλαxις αίτησαντι αϋτώ πρότερον ούx έδεδώxει.
[351] Dion Cassius, LXVII, 7. Ce fragment de Dion se rapporte vraisemblablement à la seconde expédition de Domitien sur le Danube, expédition pendant laquelle l’empereur, nous le savons par un autre fragment de Dion (ibid.), fut vaincu par les Marcomans et réduit à fuir, défaite qui amena la paix avec Décébale.
[352] Les mots de Pline le Jeune (Panég., 16) : decertare cupere cum recusantibus (il suffirait de le passer pour vaincre) pourraient se rapporter à cette guerre.
[353] Dion Cassius, l. c. Pline, Panég., 11 : [Domitianus] cujus pulsi fugatique non aliud majus habebatur iudicium, quam si triumpharet ([Du temps de Domitien] nos défaites n'étaient jamais plus certaines que quand on étalait des pompes triomphales). Cf. Panég., 20.
[354] Dion Cassius, l. c.
[355] Martial, V, 3 :
Accola
jam nostræ Degis, Germanice, ripæ,
a
famulis Histri qui tibi venit aquis,
lætus
et attonitus vivo modo præside mundi,
adfatus
comites dicitur esse suos :
Sors
mea quam fratrie melior, cui tam prope fas est
œrnere,
tam longe quem colit ille deum !
Ô
Germanique, ce Dégis, arrivé sur nos rives, des bords asservis de l'Ister, ce
Dégis, heureux et surpris d'avoir vu récemment le maître du monde, adressa,
dit-on, ces paroles à ses compagnons : Que mon sort est préférable à celui de
mon frère ! car je puis contempler de si près le dieu qu'il honore de si loin.
[356] Dion, LXVIII, 9.
[357] Dion, LXVII, 7 ; cf. LXVIII, 6. — Martial, VI, 76, 5 :
Grande
jugum domita Dacus cervice recepit
et
famulum victrix possidet umbra [Fusci] nemus.
Le
Dace a courbé son front sous un joug illustre, et l'ombre victorieuse de Fuscus
repose dans un bois soumis à l'esclavage.
VI, 10, 7 :
Talia
supplicibus tribuit disdemata Dacis.
Tel
il rendit aux Daces suppliants leurs lois et leur empire.
Stace, Silves, I, 1, 25 :
Discitur
e vultu quantum tu mitior armis,
qui
nec tu externos facilis sævire furores,
das
Cattis Dacique fidem.
III, 3,170 :
suum
Dacis donat clementia [Domitiani] montem.
Pline, Panég., 11 et 12 : [Barbari] sustulerant animos et jugum excusserant, nec jam nobiscum de sua libertate, sed de nostra servitute certabant, ac ne indutias quidem nisi acquis condicionibus inibant, logesque, ut acciperent, dabant... Accipimus (sous Trajan) obsides ergo, non emimus, nec ingentibus damnis immensisque muneribus paciscimur ut vicerimus (Les barbares avaient-ils relevé la tête et secoué le joug; ce n'était plus pour être libres, c'était pour nous asservir, qu'ils nous faisaient la guerre ; les trêves même, ils ne les concluaient que d'égal à égal ; et, pour leur donner des lois, il fallait en recevoir d'eux ... Nous recevons donc des otages, nous ne les achetons plus. Nous ne négocions plus, au prix d'énormes sacrifices et d'immenses présents, des victoires imaginaires).
[358] Dion Cassius, loc. cit.
[359] Cf. Dion Cassius, LXVII, 7 et 8. Stace, Thébaïde, I, 18 : Arctoos triumphos ; Silves, III, 3, 118.
[360] Dion Cassius,
LXVII, 7. Pline, Panég., 16. Tacite disait, — car c’est peut-être à lui
qu’Orose (VII, 10) emprunte cette phrase (De
[361] Martial, préface du livre VIII : Imperatori Domitiano Cæsari Augusto Germanico Dacico.
[362] L’inscription C. I. L., VI, 1207, ne se rapporte pas aux victoires de Domitien sur le Rhin et le Danube ; voir Asbach, Westdeutsche Zeitschrift, III, 1884, p. 16, n. 8 ; VI, 1887, p. 232.
[363] Dion Cassius, LXVII, 8.
[364] Stace, Silves, I, 1 ; cf. IV, 2, 66. Martial, V. 19 ; VI, 4 ; VI, 10. Voir aussi Florus, p. 106, édit. Hahn (cf. Lafaye, De pœtarum et oratorum certaminibus apud veteres, p. 83).
[365] On ne trouve ce nom que dans le texte de Martial mentionné plus haut. Il n’est guère probable que Domitien n’ait pas pris le titre de Dacicus parce que les Daces étaient peu estimés, de même qu’à cause du mépris qu’inspiraient les Juifs, Vespasien et Titus ne se firent pas appeler Judaïci (Dion Cassius, LXVI, 7). Les guerres qui avaient précédé le triomphe de 89 avaient prouvé que les Daces n’étaient pas des ennemis à dédaigner.
[366] Velleius Paterculus, II, 106. Ptolémée, II, 11, 8. Voir Riese, Rheinisches Museum, XLIV, 1889, p. 342.
[367] Tacite, Germanie, 39.
[368] Ils devaient être mal disposés pour les Marcomans. Marbode les avait autrefois soumis (Strabon, VII, 1, 3) ; mais ils s’étaient révoltés ensuite avec l’aide d’Arminius (Tacite, Annales, II, 45).
[369] Sur l’autorité de ces prophétesses, voir Tacite, Histoires, IV, 61 ; Germanie, 8.
[370] Probablement pendant que Domitien était sur le Danube, car il est peu vraisemblable qu’ils soient allés jusqu’à Rome.
[371] Dion Cassius, LXVII, 5.
[372] Ptolémée, II, 11, 10. Tacite, Germanie, 43. L’auteur de l’extrait de Dion Cassius, qui rapporte ce fait, dit : έν τή Μνσίφ Λύγιος ; mais c’est manifestement une erreur.
[373] Marbode les avait autrefois soumis (Strabon, VII, 1, 3). En 50, ils renversèrent Vannius, roi des Marcomans et des Quades (Tacite, Annales, XII, 29 et 30).
[374] Claude avait agi de même en 50 (Annales, XII, 29).
[375] Dion Cassius, LXVII, 5 (extrait isolé). — L’affaire des Lygiens ayant provoqué l’alliance des Suèves et des Jazyges contre l’empire, alliance que d’autres textes nous permettent de constater lors de la guerre de 92 (voir note 377 et les inscriptions citées plus bas), c’est ici que j’ai cru devoir placer le récit de cette affaire.
[376] Cf. Tacite, Germanie, 42 ; Histoires, III, 5 ; les inscriptions citées plus bas, et C. I. L., V, 7425.
[377] Silves, III, 3, 170 :
(clementia
Dominant)
quæ
modo Marcomannos post horrida bella, vagosque
Sauromatas
Latio non est dignata triumpho.
[378] Les Marcomans et les Quades sont toujours présentés comme unis à cette époque (Dion Cassius, LXVII, 7 ; Tacite, Germanie, 42).
[379] Domitien, 6. — C’était une légion de Pannonie (Cf. Tacite, Agricola, 41).
[380] Grotefend, dans Pauly, Real-Encyclopädie, IV, p. 881 ; Pfitzner, Geschichte der römischen Kaiserlegionen, p. 76 ; Pichimayr, T. Flavius Domitianus, p. 89 ; Ritterling, De legione Romanorum X Gemina, p. 66, n. 1 ; p. 72, n. 2.
[381] Borghesi, Œuvres, IV, p. 217 ; Asbach, Bonnische Jahrbücher, LXXXI, 1886, p. 41, n. 1 ; Mommsen, Römische Geschichte, V, p. 130.
[382] Comme le font Borghesi (Œuvres, IV, p. 251), Renier (Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1872, p. 427), Schiller (Geschichte der römischen Kaiserzeit, I, p. 531), Robert (Légions du Rhin, p. 22-23).
[383] Voir chapitre VII.
[384] Le nom de la légion XXI Rapax semble avoir été martelé sur une inscription de Vindonissa (Mommsen, Inscr. confoeder. Helvet., n° 248 : c’est du reste le seul exemple que l’on puisse citer) : ce qui s’explique peut-être par la délaite honteuse subie par cette légion en 92.
[385] Suétone, loc. cit. — Martial, IX, 101, 17 :
Cornua
Sarmatici ter perfida contudit Histri,
sudantem
Getic ter nive lavit equum.
Trois
fois franchissant l'Ister, il a dompté le perfide Sarmate ; et trois fois dans
les neiges de
Sur la guerre suévo-sarmatique, voir Mommsen, Étude sur Pline le Jeune, traduction Morel, p. 89 et suiv. ; Asbach, Bonnische Jahrbücher, LXXXI, 1886, p. 37 et suiv.
[386] Voir, à ce sujet, Stobbe, Philologus, XXVI, 1867, p. 48 et suiv. ; Marquardt, Staatsverwaltung, I, 2e édit., p. 362, n. 4. Friedlænder, édition de Martial, p. 58 et suiv.
[387] IX, 31, 3 :
Inua
quater binos non tota peregerat orbes.
La
lune n'avait pas encore parcouru huit fois sa carrière.
[388] VII, 8 ; VIII, 2 ; VIII, 4 ; VIII, 8, et Friedlænder, loc. cit., p. 60.
[389] C. I. L., III, p. 858 : il était, à cette date, imperator XXI.
[390] C. I. L., III, p. 859, où il est qualifié d’imperator XXII.
[391] Voir chapitre IX.
[392] Voir, en particulier, ce qu’il dit de la publication de ses livres : X, 70.
[393] C. I. L., III, 6818 : ... Sos[pi]li..., le[g(ato)] leg(ionis) XIII Gem(inæ), donat(o) don(is) militarib(us) expedit(ione) Suebic(a) et Sarm(atica). — C. I. L., X, 135 : [......]atrio, Q. f(itio) Hor(atia tribu), Sep [......]to.... tribuno militum l[eg(ionis) se]cundæ Adjuiricis P(iæ) F(idelis), donis [miti]taribus bello Suebico, it[em Sar]matico..., optioni tribun[or(um) le]gionum quinq(ue). — Wilmanns, 1589 : L. Aconio, L. f(ilio) Clu(stumina), Staturæ, (centurioni, leg(ionis) IIII F(laviæ) F(idelis), leg(ionis) V Maced(onicæ), leg(ionis) VII C(laudiæ) P(iæ) F(idelis), donis donato ab Imp(eratore) Trajano Aug(usto) Germ(anico) ob bellum Dac(icum).. et a priorib(us) principibus eisd[em do]nis donato [ob bellum Suebicum] et Sarmatic(um). Il s’agit de Domitien, l’empereur n’étant pas nominé dans ces inscriptions. — Cf. encore Tacite, Histoires, I, 2 (dans le résumé des événements de l’époque Flavienne) : coortæ in nos Sarmatarum et Suevoram gentes (les populations des Sarmates et des Suèves levées contre nous).
[394] Voir note précédente.
[395]
[396] La manière dont
est rédigée la troisième inscription citée note 393, ne permet pas de dire avec
certitude dans quelle légion L. Aconius Statura combattit alors. — Dans cette
guerre, un certain Velius, probablement Velius Paulus (voir Appendice II, à
[397] Martial, VIII, 15, 1 :
Dum
nova Pannonici numeratur gloria belli...
Tandis
qu'on célèbre les nouvelles victoires remportées dans
[398] Deux vers de Silius Italicus (Punica, III, 616) le laissent supposer :
Idem
(Domitianus) indignantem transmittere Dardana signa
Sarmaticis
victor compescet sedibus Histrum.
Mais c’est une prophétie mise dans la bouche de Jupiter. Était-elle réalisée lorsque Silius écrivait ces vers ? — Stace (Silves, IV, 7, 49) dit d’un personnage qui fit cette campagne avec Domitien :
Ille
[memorabli] ut Invicti rapidum secutus
Cæsaris
fulmen, refugis amaram
Sarmatis
legem dederit, sob uno
vivare
cælo.
— Martial, VII, 7, 2 :
(quamvis)
ungularum pulsibus calens Hister...
tenant
domantem regna perfidæ gentis
te...
l'Ister
échauffé par le piaffement des chevaux ... te retiennent, je le sais, à dompter
des nations perfides...
[399] Les Sarmates qui vivaient au nord des embouchures du Danube, sur la côte septentrionale du Pont-Euxin, entretenaient des relations avec leurs frères de race, les Jazyges du Danube moyen (Dion Cassius, LXXI, 19) ; peut-être étaient-ils menaçants à cette époque.
[400] VII, 7. Voir aussi VIII, 11, 1 :
Pervenisse
tuam jam te scit Rhenus in urbem ;
nam
populi voces audit et ille tui.
Déjà
le Rhin sait ton retour dans ta capitale ; car les acclamations de ton peuple
retentissent jusqu'à lui.
Pour Peucé, voir encore VII, 84, 3.
[401] Il annonçait cependant à Rome de nombreux succès : Martial, VII, 5, 4 ; VII, 6, 5.
[402] Suétone, Domitien, 6 : De Sarmatie lauream modo Capitolino Jovi rettulit (En commémoration de sa victoire sur les Sarmates, il se borna à déposer un laurier dans le temple de Jupiter Capitolin). Stace, Silves, III, 3, 170. C’est ce que Martial (VIII, 15, 5) appelle secretos triumphos.- Cf. Stace, Silves, IV, 1, 39 :
Mille
trophæa feres : tantum permitte triumphos.
Martial, IX, 109, 19 :
Sæpe
recusatos parcus duxisse triumphos...
Quoiqu'il
ait bien des fois refusé les honneurs du triomphe...
Martial (VIII, 78, 3) dit au sujet des jeux donnés par Stella après la guerre suévo-sarmatique :
Hyperborei
celebrator Stella triumphi.
Stella
nous les a donnés à l'occasion des victoires remportées sur le Nord
Mais il ne faut pas prendre le mot triumphi dans son sens propre. — Avant le retour de Domitien, on s’attendait, il est vrai, à le voir triompher (Martial, VII, 2, 7 ; VII, 6, 7 ; VII, 8, 7).
[403] Martial, VIII, 11, 15, 26, 30, 50, 54, 55.
[404] Martial, IX, 93, 7 :
Nunc
bis quina mihi da busia, flat ut illud
nomen
ab Odrysio quod deus orbe tulit.
Donne-moi
deux fois cinq baisers, autant qu'il faut de lettres pour former le surnom que
notre dieu rapporta des régions du Nord.
Le mot Sarmaticus a dix lettres. Cf. IX, 101, 19 :
Sæpe
recusatos parous duxisse triumphos
victor
Hyperboreo nomen ab orbe tulit.
Quoiqu'il
ait bien des fois refusé les honneurs du triomphe, vainqueur, il a rapporté un
nom glorieux des Contrées Hyperboréennes.
Cependant le mot Germanicus a dix lettres aussi (cf. Martial, XIV, 170).
[405] Martial, VIII, 4 ; VIII, 15, 2.
[406] VII, 5 ; VII, 6 ; VII, 7 ; VII, 8.
[407] Voir surtout VIII, 15.
[408] Agricola, 41. — Tacite exagère moins quand il dit, au début des Histoires (I, 2) : coortæ iu nos Sarmatorum ac Suevorum gentes ; nobilitatus cladibus mutuis Dacus (les populations des Sarmates et des Suèves levées contre nous ; le Dace illustré par ses défaites et les nôtres).
[409] Voir Ammien Marcellin, XXIV, 3, 9.
[410] Pline, Panég., 12, 16.
[411] Pline, Panég., 16 et 17.
[412] Voir de
[413] Au commencement de son règne, Trajan payait encore cette sorte de tribut (Dion Cassius, LXVIII, 6).
[414] Dion Cassius, LXVIII, 9.
[415] De
[416] Voir Mommsen, Vie de Pline, traduction Morel, p. 91.
[417] Tacite dit dans
[418] Voir les colonnettes légionnaires : C. I. L., VI, 3499.
[419] Pline, Lettres, VIII, 14, 7 : in castris... suspecta virtus, inertia in pretio (dans les camps ... la vertu était suspecte, le vice honoré) ; Panég., 18 [l’orateur parle de Trajan] : Quippe non is princeps qui sibi imminere, sibi intendi putet quod in hostos paretur ; quæ persuasio fuit illorum qui, hostilia cum facerent, timebant. Iidem ergo torpere militaria studia, nec animos modo sed et corpora languescero, gladios etiam incuria hebetari retundique gaudebant. Ducos porro nostri non tain regum exterorum quam suorum principum insidias, nec tam hostium quam commilitonum manus ferrumque metuebant (Cette faiblesse était bonne pour ceux qui, ennemis eux-mêmes, craignaient des représailles. De tels princes aimaient à voir toute ardeur militaire s'éteindre, les corps languir aussi bien que les âmes, et jusqu'aux glaives oubliés s'émousser et se couvrir de rouille. Alors nos généraux redoutaient moins les embûches des étrangers que celles de leurs princes, le fer des barbares que le bras et l'épée de leurs compagnons d'armes). — Cf. Dion, LXVII, 6.
[420] Tacite, Agricola, 41 : Tot exercitus... temeritate sut per ignaviam ducum amissi (Tant d'armées avaient été perdues ... par l'audace aveugle ou la lâcheté de leurs chefs). L’historien parle un peu plus loin de l’inertia et formido des généraux de cette époque.
[421] Voir chapitre VII.
[422] Voir même chapitre.
[423] Pour l’aile Claudia Nova et les cohortes III Gallorum et V Hispanorum, voir plus haut. — L’ailé I Singularium qui, en 90, était en Germanie Supérieure (Ephem. epigr., V, p. 653), se trouvait, en 107, en Rhétie (C. I. L., III, p. 867) : elle y fut peut-être envoyée par Domitien. Les cohortes I et II Batavorum miliariæ qui, en 98, se trouvaient en Pannonie (C. I. L., III, p. 862), semblent avoir fait auparavant partie de l’armée de Bretagne (Tacite, Agricola, 36). Cette observation s’applique aussi à la cohorte III Batavorum miliaria qui, en 107, était en Rhétie (C. I. L., III, p. 867). Pour la cohorte I Lepidiana civium Romanorum, voir plus haut.
[424] Voir chapitre VII.
[425] Nous ignorons
pourquoi, le
[426] Voir Mommsen, Römische Geschichte, V, p. 392 ; von Gutschmid, Geschichte Irans, p. 132-133.
[427] Tacite, Hist., II, 82 ; IV, 51. Suétone, Vespasien, 6. Josèphe, Guerre de Judée, VII, 5, 2.
[428] Dion Cassius, LXVI, 15. Suétone, Domitien, 2.
[429] Dion, LXVI, 11.
[430] Josèphe, Guerre de Judée, VII, 7, 1. Marquardt, Staatsverwaltung, I, 2e édit., p. 399.
[431] Suétone, Vespasien, 8. Josèphe, VII, 1, 3. Marquardt, I, p. 367.
[432] Journal asiatique, série VI, t. XIII, 1869, p. 96.
[433] Stace, Silves, I, 4, 79 :
[Rutilium
Gallicum timuit]
Armenia
et patiens Latii jam pontis Araxes.
Voir Mommsen, Römische Geschichte, V, p. 395, n. 2.
[434] Voir Waddington, Fastes des provinces asiatiques, n° 100.
[435] Peut-être y eut-il alors de réelles hostilités entre les Romains et les Parthes. Quelques mots de Stace sembleraient l’indiquer le poète parle d’heureuses nouvelles militaires venues du bord de l’Euphrate (Silves, V, 1, 89) ; cf. IV, 3, 110 : Eoæ citius vente laurus.
[436] Pacorus semble avoir régné fort longtemps, peut-être de 78 à 110 ; voir von Gutschmid, Geschichte Irans, p. 137 et 140.
[437] Pline (Correspondance avec Trajan, 74) nous apprend qu’un certain Callidromus, fait prisonnier par les Daces, avait été envoyé en présent par Décébale à Pacorus qui retint cet homme pendant plusieurs années.
[438] Stace disait à Vitorius Marcellus, en passe de devenir légat de légion (Silves, IV, 4, 61) :
Forsitan
Ausonias ibis frenare cohortes...
aut
lustrant servare latus metuendaque portæ
limina
Caspiacæ.
[439] Martial (IX, 35, 3 vers publiés on 94), dit à un nouvelliste :
[Scis
quid in Arsacia Pacorus deliberet aula.
Tu
sais ce qu'a décidé, dans son conseil, le roi des Parthes, Pacorus.
Il disait vers l’année 92, à Mæcius Celer, nommé légat d’une légion de Syrie (Silves, III, 2, 136) :
Te
[reversus narrabis] rapidam Euphratem et regia Bactra sacrasque
antiquæ
Babylonis opes et Zeugma, Latinæ
pacis
iter.
[440] Voir de
[441] Silves, IV, 3, 153 et suiv. (vers écrits en 95).
[442] Puniques, III, 612 et suiv. (ces vers furent écrits après 92, car, dans le même passage, le poète fait allusion à la guerre suévo-sarmatique).
[443] Voir encore Stace, Silves, IV, 1, 39 et suiv. (vers écrits en 95) :
Mille
trophaca fores, tantum permitte triumphos !
Restat
Bactra novis, restat Babylona tributis
frenari
: nondum in gremio Jovis Indica laurua,
nondum
Arabes, Seresque rosant.
Si l’Apocalypse de salut Jean a été écrite, comme le vent la tradition, à la fin du règne de Domitien, on pourrait y voir une trace des craintes que l’attitude menaçante des Parthes inspirait au monde romain (Apocalypse, IX, 14 et suiv.).
[444] Hérodote les y indique déjà (II, 32 ; IV, 172).
[445] XI, 19, p. 500, édition Pinder. — Il n’y a pas lieu de tenir compte d’un passage de Dion Cassius (LXVII, 5) sur le roi Masyos : ce personnage était roi des Semnons et non des Nasamons, comme on l’a cru, en corrigeant à tort le texte.
[446] Cela est possible, mais on ne doit pas oublier que ces Nasamons étaient des pillards que les Romains avaient déjà dû punir (voir Lucain, Pharsale, IX, 438 et suiv. ; Silius Italicus, Puniques, I, 40 et suiv. ; Scoliaste de Denys le Périégète, dans les Geographi græci minores, édit. Müller, II, p. 440 ; Eustathe, Commentaires de Denys le Périégète, ibid., p. 253 ; Josèphe, De bello Judaïco, II, 14, p. 120 de l’édition Dindorf).
[447] Zonaras dit simplement Flaccus. Dans le premier nundinum de 87, les Actes des Arvales (C. I. L., VI, 2065) indiquent comme suffect de l’empereur C. Calpu..., c’est-à-dire, sans aucun doute, Calpurnius. M. Asbach (Bonnische Jahrbücher, LXXIX, 1885, p. 121) voit dans ce personnage Calpurnius Flaccus, ami de Pline le Jeune (Lettres, V, 2), et fait observer qu’il était naturel de récompenser Flaccus de sa victoire récente en lui conférant le consulat. Mais ces rapprochements sont loin de s’imposer. Rien ne prouve, en somme, que le C. Calpurnius, consul en 87, s’appelât Flaccus. On peut penser à Calpurnius Crassus qui conspira contre Nerva et Trajan (Stevenson, Bullettino dell’ Instituto, 1885, p. 23-24) ou à un Calpurnius Piso.
[448] Eusèbe, édition
Schöne, p. 160,161 : Nasamones et Daci bellum cum
Romanis commiserunt et concisi sunt, à l’année 2101 (1er
oct. 84 -
[449] Les salutations X-XIV ; voir Chambalu, De magistratibus Flaviorum, p. 25-26.
[450] Cf. Ælius Aristide, Lettre sur Smyrne, I, p. 765, édition Dindorf. Il parle d’un empereur qui aurait dit, en jouant aux dés, qu’il ne voulait plus que les Nasamons existassent : pour lui obéir, on massacra ce peuple.
[451] Denys le Periégète, Description du monde, vers 208 et suiv., édition Müller, Geographi græci minores, II, p. 112. Denys écrivait sous Hadrien (voir Leue, Philologus, XLII, 1883, p. 175 et s.).
[452] Ptolémée, IV, 5, 21 et 30. Pausanias, I, 33, 5. Cf. Vivien de Saint-Martin, Le Nord de l’Afrique dans l’antiquité, p. 47-48.
[453] έx τής Λιβόης στρατευσάμενον. Ce dernier mot indique qu’il ne s’agit pas simplement d’un marchand romain.
[454] Voir Duveyrier, Les Touareg du Nord, p. 276. Cf. Barth, Travels and discoveries in north and central Arica, I, p. 156.
[455] Le Nord de l’Afrique dans l’Antiquité, p. 219 et suiv.
[456] Pline, V, 38 : Ad Garamantes iter inexplicabile adhuc fuit... Proximo bello quod cum Oeensibus gessere initiis Vespasiani Imperatoris, compendium vise quatridui deprehensum est.
[457] Frérot, Observations
générales sur la géographie ancienne, édition Walckenäer, p. 114. Marcus,
dans sa traduction de
[458] Une inscription,
découverte récemment entre Tôzeur et Gafsa, date de 97, elle fait connaître un castelius (= cestellum)
Thigensium, avec la mention de Q. Fabius Barbarus Valerius Magnus Julianus ;
légat d’Auguste propréteur (Héron de Villefosse, Comptes rendus de
l’Académie des inscriptions, 1891, p. 293). Une borne milliaire du temps de
Nerva (C. I. L., VIII,