ESSAI SUR LE RÈGNE DE L’EMPEREUR DOMITIEN

 

CHAPITRE II. — CARACTÈRE DU GOUVERNEMENT DE DOMITIEN.

 

 

Dans le régime politique inauguré par Auguste et complété par Tibère, le Sénat était le représentant de la souveraineté du peuple. Il élisait les magistrats, il exerçait le pouvoir législatif ; il pouvait statuer sur n’importe quel procès criminel ; tribunal supérieur d’appel au civil, il déléguait cette compétence aux consuls. Il était en droit le conseil du prince. Il avait des attributions administratives : il disposait d’un trésor ; l’Italie et une partie des provinces dépendaient de lui. Grâce à leur noblesse, à leur fortune, aux magistratures qui leur étaient réservées, aux patronages qu’ils exerçaient à Rome, dans l’Italie et dans les provinces, les sénateurs jouissaient d’un très grand prestige. Le Sénat lui-même, considéré comme corps politique, était respecté dans tout l’empire : Juvénal l’appelle le Sénat sacré (III, 29), Stace dit de la curie l’auguste demeure et le sanctuaire du Sénat latin[1].

L’empereur était un magistrat extraordinaire, sans collègue ni limitation de temps. Par l’exercice de ses droits, il pouvait restreindre ou même annuler l’action politique, judiciaire et administrative du Sénat : droit de recommander dans les élections des candidats que le Sénat ne pouvait se dispenser d’élire[2], droit d’intercession tribunitienne s’appliquant à tous les décrets du Sénat et à toutes les décisions des magistrats, droit d’attirer à lui les protes criminels soumis à la juridiction du Sénat ; droit d’annuler et de réformer les décrets des magistrats dans les causes civiles jugées à Rome, en Italie et dans les provinces sénatoriales ; nomination (depuis Néron) des préfets du trésor de Saturne, qui dépendait du Sénat ; haute surveillance sur les proconsuls en vertu de son imperium supérieur. — Au contraire, dans la part du gouvernement, de la justice et de l’administration que l’empereur s’était réservée, le Sénat, en tant qu’assemblée, n’avait aucun moyen de limiter son action. L’empereur, ayant en sa main toutes les forces militaires du monde romain, pouvait imposer ses volontés. En fait, il était le maître.

Cependant il ne choisissait pas à son gré tous ses auxiliaires dans l’administration et dans l’armée. Auguste avait réorganisé l’ordre équestre, noblesse reposant sur la concession du prince et ne formant pas comme le Sénat une corporation ; il avait confié aux chevaliers la plupart des emplois d’officiers et des fonctions financières ; mais pour le gouvernement du plus grand nombre des provinces impériales, pour le commandement des légions, pour une partie de l’administration de la ville de Rome, il était de règle que le prince prît ses auxiliaires parmi les sénateurs de rang prétorien ou consulaire ; c’était aussi parmi les sénateurs qu’il choisissait la plupart doses conseillers privés. — Or la composition du Sénat ne dépendait de lui quo dans une mesure très limitée. On appartenait par droit de naissance à l’ordre sénatorial dont il fallait faire partie pour briguer les magistratures. Ces magistratures, c’était le Sénat qui les conférait, et comme l’entrée au Sénat était attachée à l’exercice de la questure, comme les sénateurs étaient divisés en classes d’après les magistratures qu’ils avaient gérées, c’était en droit le Sénat qui se recrutait lui-même et qui décidait de l’avancement de ses membres. Il est vrai qu’en fait le nombre de ceux qui remplissaient les conditions d’éligibilité était à peine supérieur au nombre des charges à conférer, mais par cela même le droit de recommandation du prince se trouvait limité. Ceux qui étaient entrés dans la carrière des honneurs étaient à peu près assurés de la suivre régulièrement[3]. L’ordre des magistratures, les intervalles de temps entre ces magistratures, les conditions d’âge pour les briguer étaient rigoureusement fixées. — L’empereur pouvait conférer le laticlave qui ouvrait l’ordre sénatorial à des jeunes gens, mais c’était le Sénat qui conférait le vigintivirat, placé à l’entrée de la carrière des honneurs, et l’empereur n’y recommandait pas de candidats.

L’empereur donnait le tribunat militaire dont l’exercice après le vigintivirat était une condition d’éligibilité à la questure[4], mais comme les questeurs étaient égaux en nombre aux vigintiviri, le refus du tribunat militaire à des vigintiviri aurait ou pour résultat de rendre le nombre des jeunes gens éligibles à la questure inférieur à celui des places de questeurs à conférer. L’empereur révisait tous les ans la liste des sénateurs, mais c’était seulement pour rayer les noms des morts et de ceux qui avaient cessé de remplir les conditions de capacité exigées pour faire partie de l’assemblée.

L’empereur était proclamé par le peuple, représenté d’ordinaire dans cet acte par le Sénat. C’était le Sénat qui lui conférait ses pouvoirs, en préparant une loi soumise ensuite pour la forme au peuple ; c’était l’appui du Sénat qui légitimait l’autorité du prince en cas de révolte. Comme dépositaire de la souveraineté nationale, il avait le droit de le destituer ; il le jugeait quand il était sorti de charge. Si d’ordinaire il ne pouvait pas faire un libre usage de ces droits, il ne les en possédait pas moins.

Comme l’a défini M. Mommsen[5], le régime impérial était un compromis entre le gouvernement d’un seul et le gouvernement de l’aristocratie. Le Sénat, représentant le peuple souverain et presque indépendant du prince dans sa composition, prenait part aux affaires publiques sous la surveillance du prince ; le prince, magistrat qui tenait ses pouvoirs du Sénat, gouvernait avec L’assistance des sénateurs.

Ce régime avait de graves défauts. Les sénateurs étaient pour la plupart incapables de s’acquitter des devoirs publics qui leur incombaient. Fort riches d’ordinaire, ils devaient consacrer une partie de leur temps à l’administration de leur fortune ; leur rang dans la société leur imposait en outre de nombreuses occupations mondaines[6]. Les enfants de l’aristocratie recevaient une éducation qui les préparait mal à la vie publique[7]. Les parents négligeaient d’élever eux-mêmes leurs fils et remettaient ce soin à des affranchis ; les études se faisaient trop rapidement ; les rhéteurs habituaient leurs élèves à parler sur tout sujet, mais ils ne leur apprenaient guère à réfléchir ; les philosophes leur donnaient des conseils plus sérieux, mais ils cherchaient à les détourner des affaires. Les hommes qui suivaient la carrière sénatoriale devaient exercer successivement des charges, des fonctions d’une courte durée, fort différentes les unes des autres, exigeant des connaissances juridiques, militaires, administratives, que d’ordinaire ils n’avaient ni le loisir, ni la volonté d’acquérir. Comme nous l’avons dit, les conditions d’éligibilité aux magistratures étaient telles qu’ils étaient à peu près certains, une fois entrés dans la carrière, de parvenir aux plus hautes dignités : n’ayant pas de rivaux à craindre, ils n’avaient nul intérêt à se donner de la peine. Malgré les efforts des princes pour empêcher de tels abus, nombreux étaient les gouverneurs de provinces qui profitaient sans scrupule de leur autorité pour s’enrichir aux dépens de leurs administrés[8]. — Comme dans toute corporation fermée, l’esprit de coterie régnait au Sénat. Ainsi, dans l’exercice. de la juridiction criminelle, les sénateurs faisaient preuve d’une grande partialité, disposés à l’indulgence pour ceux de leurs collègues qu’on poursuivait devant eux, — du moins quand leur propre intérêt ou la volonté de l’empereur ne leur dictait pas une conduite différente, — par contre assez malveillants pour les autres accusés[9]. Le grand nombre des membres de l’assemblée supprimait les responsabilités.

U était de l’intérêt général et aussi de l’intérêt du prince, mal secondé par les sénateurs qu’il employait, de porter remède à cette situation. Mais, pour modifier le régime politique créé par Auguste, une très grande prudence était nécessaire. II était impossible de supprimer le Sénat, et même d’écarter complètement ses membres des emplois qui dépendaient de l’empereur. L’aristocratie, dont l’autorité morale était grande et qui ne voulait pas s’avouer son incapacité, s’en serait vengée soit par des complots, soit par des révoltes ouvertes, en entraînant derrière elle les soldats habitués à être commandés par des sénateurs. Mais l’empereur pouvait essayer de diminuer peu à peu les attributions administratives du Sénat. Déjà Auguste et Tibère avaient placé sous leur dépendance presque toute l’administration de la ville de Rome ; depuis Néron, le trésor du peuple, relevant en droit du Sénat, fut géré par des préfets nommés par le prince. — L’administration impériale, destinée à s’accroître ainsi aux dépens du Sénat, devait être organisée d’une manière régulière. Dans la constitution d’Auguste, l’empereur n’avait d’auxiliaires que pour certains départements, et il devait les surveiller lui-même, n’ayant pas de ministres au-dessous de lui. Dans la part d’administration qui lui était réservée, tout dépendait de son intelligence et de son activité personnelles. Or, nu seul homme, si zélé qu’il fût, pouvait difficilement suffire à cette tâche. Il fallait des directions centrales, un conseil d’État, une série de postes administratifs réservés à la noblesse équestre, qui dépendait étroitement du prince, avec des règles d’avancement assez élastiques et des emplois assez variés pour qu’on pût tenir compte dans leur répartition des mérites et des aptitudes de chacun. Sous Claude, plusieurs directions centrales avaient été organisées, des fonctions nouvelles avaient été créées au profit des chevaliers. Mais ces directions, aux mains des affranchis impériaux, n’étaient pas de véritables services publics ; la carrière équestre n’était pas encore constituée. — Puisqu’il semblait impossible d’écarter les sénateurs du commandement des armées et des plus hautes fonctions administratives, le prince pouvait du moins s’efforcer d’intervenir dans la composition du Sénat, en y faisant entrer des gens capables et dévoués, en rendant moins strictes les règles de l’avancement dans la carrière sénatoriale, règles qui ne tenaient aucun compte da mérite personnel. Sans cesser d’être, en droit, une assemblée souveraine, le Sénat devait devenir un ordre de hauts fonctionnaires, se recrutant en partie parmi les fonctionnaires équestres. En qualité de censeurs, Claude, puis Vespasien[10] avaient introduit dans la curie des Italiens, des provinciaux, des procurateurs de l’ordre des chevaliers. Mais ils n’avaient exercé ce droit d’allection que d’une manière extraordinaire, pendant quelques mois, plutôt pour combler des vides que pour régénérer le Sénat par des éléments nouveaux.

Ce qui manquait surtout au régime impérial, c’était un ordre régulier de succession. Le principat, magistrature extraordinaire, n’était pas transmissible. La collation de l’imperium proconsulaire et de la puissance tribunitienne secondaires désignait au Sénat le personnage que l’empereur souhaitait avoir pour successeur, mais ne lui donnait aucun droit à la succession, le peuple, représenté par le Sénat, conservait intact son droit de proclamer qui bon lui semblait après la mort du prince. — Cependant, dès Auguste, dont les intentions furent très nettes à cet égard, l’hérédité avait tendu à s’établir en fait ; Vespasien surtout avait clairement manifesté son intention de fixer le pouvoir impérial dans sa famille.

Ainsi, dès le début de l’empire, avait commencé cette lente évolution qui transforma une magistrature extraordinaire, assistée d’une assemblée souveraine, en une monarchie absoute, pourvue d’institutions administratives. En politiques habiles, Auguste, Tibère, Vespasien, Titus avaient sauvegardé les apparences et respecté la souveraineté nominale du peuple et du Sénat ; ils avaient repoussé les titres et les honneurs extraordinaires ; ils avaient voulu être considérés, à Rome tout au moins, comme les premiers citoyens de l’État, et non comme des maîtres et des dieux. Cette modération n’était pas aisée : il fallait résister aux flatteries intéressées, à l’ivresse du pouvoir suprême, aux sentiments que développait dans les provinces le culte de l’empereur vivant, aux idées du monde gréco-oriental habitué à la monarchie. Caligula avait exigé qu’on l’adorât.

Le règne de Domitien marque une date importante dans cette transformation de la dyarchie en monarchie.

Domitien était bien doué et capable de comprendre les besoins de l’État. Son esprit était juste et réfléchi, comme le prouvera l’étude de son administration, de sa politique générale, intérieure et extérieure. Ses ennemis l’ont peint comme le plus méchant des hommes : ils n’ont jamais prétendu qu’il eût perdu la raison[11]. On vantait ses mots heureux et spirituels[12]. la civilisation grecque semble avoir exercé beaucoup d’attrait sur lui. Il aimait à citer Homère[13]. Quand il fut empereur, il accorda des privilèges à Corinthe, il accepta d’être archonte à Athènes[14]. Sa déesse favorite fut Athéna (ch. III). Sous le nom de jeux capitolins, il institua à Rome des fêtes grecques, et ce fut en costume grec qu’il les présida (ch. IV).

S’il eut peu de goût pour les exercices corporels auxquels les Romains se plaisaient[15], il montra pendant son règne une grande activité d’esprit. Dès son avènement, il renonça comme à des futilités à ses occupations littéraires, pour se consacrer au gouvernement[16]. Il ne lisait plus quo les mémoires et les actes administratifs de Tibère[17]. Il était sobre. Après son repas du matin où il mangeait de bon appétit, dit Suétone, il lui arrivait souvent de ne pas prendre autre chose pendant le reste de la journée qu’une pomme et quelques gouttes de boisson qu’on lui gardait dans une fiole. S’il donnait fréquemment des festins somptueux, il les faisait servir à la hâte et jamais il ne les laissait se prolonger au delà du coucher du soleil[18].

Il avait, lisons-nous encore dans Suétone, une belle prestance, un visage modeste qui rougissait souvent, des yeux grands, quoiqu’un peu myopes. Il était beau et bien proportionné, surtout dans sa jeunesse[19]. Martial et Stace vantent sa physionomie noble et digne[20]. Il était très vigoureux[21]. C’est ainsi que nous le montrent quelques-uns de ses portraits qui nous ont été conservés, en particulier une statue de Munich[22] et un buste du Louvre[23]. Il était d’ailleurs fier de sa beauté au point d’en parler publiquement. Un jour, il dit aux sénateurs : Vous avez jusqu’à présent approuvé mon caractère et mon visage. Citant Homère, il écrivait à un de ses amis : Ne vois-tu pas que je suis beau et grand[24].

Quand il succéda à son frère, il était d’un âge mûr : il allait avoir trente ans.

Son caractère ne valait malheureusement pas son intelligence. Il était surtout orgueilleux. Dés le jour où il sortit de l’obscurité dans laquelle s’était passée son enfance, il se jugea capable de gouverner, et il crut que c’était son droit. S’étant trouvé seul de sa famille à Rome lors de la chute de Vitellius, il s’imagina qu’il aurait pu, s’il l’avait voulu, se réserver le pouvoir suprême. Après son avènement, il osa déclarer qu’il avait jadis donné l’empire à son père et à son frère, et que ceux-ci n’avaient fait que le lui rendre[25], paroles insolentes que ses courtisans répétèrent[26]. Les obstacles qu’il rencontra ne firent qu’accroître son orgueil. Ses projets ambitieux avaient d’abord été contrariés par Mucien ; puis, après le retour de son père, il avait été complètement écarté des affaires publiques ; pendant longtemps, il avait dû s’occuper d’études qui lui semblaient indignes de l’occuper tout entier. Enfin, son frère n’avait pas voulu l’associer à l’empire. Même après la mort de Titus, Domitien ne le lui pardonna pas. Il est vrai que, de peur d’indigner les Romains, désolés d’avoir perdu ce prince, il contint d’abord sa haine ; il prononça l’éloge funèbre de son prédécesseur, suivant la coutume, et versa de fausses larmes[27] ; il permit au Sénat de le mettre au rang des Divi[28]. Mais il n’accorda à sa mémoire aucun autre honneur[29] et supprima les jeux du cirque qui étaient célébrés le jour anniversaire de sa naissance[30]. On dut s’abstenir de louer Titus en sa présence[31] ; lui-même critiqua souvent d’une manière indirecte les actes de son frère, soit dans des discours, soit dans des édits[32].

I’abandon, la pauvreté dont il avait souffert dans ses premières années, les injustices dont il se croyait victime, le pou d’estime qui on lui avait témoigné jusqu’alors l’avaient rendu ombrageux et misanthrope[33]. Il avait des colères soudaines et terribles[34]. Il ne croyait à la sincérité de personne : il voulait être flatté, dit Dion Cassius, et se fâchait également contre ceux qui le courtisaient et ceux qui ne le courtisaient pas : dans sa pensée, les uns étaient des complaisants, les autres le méprisaient (LXVII, 4). Autant qu’il le pouvait, il cherchait à s’isoler des hommes[35]. — Superstitieux comme presque tous ses contemporains, il s’alarmait de plusieurs prédictions sinistres qui lui avaient été faites dès sa jeunesse. S’il faut en croire Suétone[36], des astronomes chaldéens lui avaient prédit qu’il mourrait de mort violente. Du vivant même de son père, il craignait qui on ne l’empoisonnât : se souvenant du sort de Claude, il s’abstenait de manger des champignons, ce qui lui attirait les railleries du sceptique Vespasien. — Il était jaloux des premiers personnages de l’empire, généraux ou hommes d’état[37] : sa vanité s’offensait d’entendre vanter d’autres que lui, et il avait lui-même conscience de n’avoir encore rien fait pour surpasser leur réputation.

Il était mal disposé pour la plupart des sénateurs, car il devait très bien se rendre compte qu’il leur inspirait peu de sympathie. Les uns appartenaient à des familles nobles qui avaient géré, quelques-unes depuis des siècles, de hautes magistratures ; les autres avaient été introduits dans la curie peu de temps auparavant par Vespasien et Titus, censeurs en 73-74. Parmi les premiers, un assez grand nombre devaient regretter la république, pendant laquelle le Sénat et leurs ancêtres avaient dirigé l’État. Des événements récents encore ravivaient ces regrets : les folies et les cruautés du règne de Néron, les compétitions sanglantes qui avaient suivi sa mort, la dévastation de l’Italie, les grandes révoltes qui s’étaient élevées en Orient et en Occident. On avait pu se demander alors si l’ancien régime ne valait pas mieux ; on avait même eu des velléités de le rétablir[38]. D’autres comprenaient la nécessité du régime impérial[39] ; ils sentaient, comme Tacite le fait dire à Galba[40], que ce corps immense de l’empire avait besoin d’un modérateur pour se soutenir et garder son équilibre. Mais ils n’avaient aucun dévouement pour la personne du prince : la plupart d’entre eux le servaient et le trahissaient selon leur intérêt[41]. Beaucoup étaient animés de sentiments peu bienveillants à l’égard des empereurs flaviens : infatués de leur propre noblesse, ils méprisaient l’humble origine de ces parvenus ; désireux de voir le Sénat exercer en toute liberté ses droits constitutionnels et même diriger la politique générale de l’empire, ils s’alarmaient de leurs tendances monarchiques[42] ; ils leur tenaient peut-être rancune de les avoir empêchés de se venger des délateurs[43] ; ils leur reprochaient sans doute d’avoir fait entrer dans le Sénat un grand nombre de provinciaux que beaucoup d’entre eux, par un vieux préjugé romain, dédaignaient et avec lesquels ils devaient désormais partager les honneurs et les hautes fonctions de l’État. Aussi y est-il sous Vespasien et sous Titus de fréquentes conspirations[44]. — Quant à ceux qui devaient leur fortune politique à ces deux empereurs, ils étaient mal disposés pour Domitien qui avait été, non sans quelque raison, tenu à l’écart par son père et s’était montré l’ennemi de son frère aîné ; ils pouvaient craindre d’expier par une disgrâce la faveur dont ils avaient joui sous les deux règnes précédents.

Les tendances absolutistes du gouvernement de Domitien s’expliquent donc à la fois par le sentiment que ce prince eut de l’incapacité de l’aristocratie, par son caractère orgueilleux, jaloux et misanthrope, enfin par l’antipathie assez justifiée que, dès le début de son règne, la plupart des sénateurs lui inspirèrent.

 

Nous dirons plus tard ce que Domitien fit pour l’armée. Mais en étudiant son gouvernement intérieur, il ne faut pas oublier qu’il s’appuya sur elle pour fortifier le pouvoir impérial et diminuer les attributions du Sénat. Il chercha à se concilier l’affection des troupes en augmentant la solde et en ambitionnant la gloire militaire ; il s’efforça de les animer de sentiments de défiance à l’égard de leurs chefs appartenant à l’aristocratie. L’armée fut. l’instrument dont il comptait se servir au besoin pour briser les résistances.

Dans le cours de son règne, Domitien se fit décerner plus d’honneurs qu’aucun des princes qui l’avaient précédé. A partir de 82, il fut dix fois consul, tous les ans de 82 à 88, en 90, en 92, en 95[45]. Si l’on compte ses sept consulats antérieurs, il prit les faisceaux pour la dix-septième fois le 1er janvier 95[46] ; personne avant lui n’était arrivé à ce chiffre. Après avoir triomphé des Cattes, il se fit conférer, en 84, par le Sénat, le consulat pour une série de dix années[47] ; mais comme on le voit, il ne le géra pas tous les ans pendant cette période. — Domitien ne se montrait si désireux de consulats que parce qu’il voulait se réserver l’éponymie annuelle[48]. On doit remarquer que sur quelques monuments de cette époque, l’empereur est seul indiqué comme consul[49]. Quant à la magistrature, il ne s’en souciait guère ; le plus souvent, il renonçait aux faisceaux le jour des ides de janvier[50]. A cet égard, il imitait du reste la conduite de son père et d’autres empereurs[51].

Le Sénat lui conféra le pouvoir censorial, puis la censure à perpétuité, sans collègue. C’était un honneur que personne n’avait encore reçu[52]. Nous eu parlerons plus loin.

Il fut salué vingt-deux fois imperator pour des victoires mensongères ou véritables[53], et célébra trois triomphes[54]. Il reçut le surnom de Germanicus vers la fin de l’année 83, celui de Dacicus vers 89[55]. Le 13 juillet 93, il pouvait se qualifier ainsi sur un monument officiel[56] : Imp(erator) Caesar, Divi Vespasiani f(ilius), Domitianus Augustus Germanicus, pontifex maximus, tribunic(ia) potestat(e) XII, imp(erator) XXII, co(n)s(ul) XVI, censor perpetuus, p(ater) p(atriae)[57].

Dès le début de son règne, sa femme Domitia reçut le titre d’Augusta[58].

A partir de 84 ou 85, Domitien eut vingt-quatre licteurs[59]. Il porta la toge triomphale toutes les fois qu’il assista aux séances du Sénat[60]. Les deux mois de septembre et d’octobre furent appelés Germanicus et Domitianus ; il avait reçu l’empire dans le premier de ces mois et était né dans le second[61].

Les sénateurs rivalisaient de flatteries à l’égard du prince[62] ; pour les causes les plus futiles, ils proposaient à l’assemblée de lui faire élever des statues, des arcs de triomphe[63], d’ordonner en son honneur des sacrifices publics[64]. Les Actes des Arvales nous apprennent qu’en 86, à la suite d’un sénatus-consulte, des vœux et un sacrifice annuels furent institués pour le salut de l’empereur et l’éternité de l’empire[65]. Cette cérémonie, qui n’existait pas avant Domitien et qui disparut après lui, avait lieu le 22 janvier[66]. — En 87, avant le 22 janvier et sans doute après le 8, on trouve encore mentionnés, dans les Actes des Arvales, des vœux prononcés pro salure e[t incolumitate Imperatoris Caesaris Domitiani Augusti] Germanici, avec promesse d’un sacrifice aux trois divinités du Capitole[67]. Nous en ignorons la cause.

L’exemple donné par le Sénat trouva partout des imitateurs. On lit dans les écrivains de cette époque, Martial, Stace, Silius Italicus, Quintilien[68], les plus basses adulations à l’adresse de Domitien. Dans les festins, on chantait ses louanges ; au théâtre, des acteurs récitaient des éloges du prince[69]. De riches Romains donnaient des jeux splendides à l’occasion de ses victoires[70]. Dans le monde entier, des statues lui étaient élevées[71] ; celles qui étaient placées au Capitole ne pouvaient être qu’en or et en argent et devaient avoir un poids déterminé[72]. Des sacrifices étaient célébrés à son intention par des particuliers. Nous lisons sur une inscription[73] qu’à la suite d’un vœu pour le salut de Domitien, L. Domitius Phaon concéda à un collège du dieu Sil-vain d’importants fonds de terre, à condition que le revenu en fût employé à des festins qui se feraient tous les ans le 1er janvier, le 11 février (anniversaire de la naissance de Domitia), le jour de la fête de Silvain (en juin), le jour de la fête des Rosalia (en juin), le 24 octobre (anniversaire de la naissance de Domitien), pro salure optum[i] principis et domini[74].

Par le luxe inouï que Domitien déployait à une époque où la noblesse menait une vie beaucoup moins brillante que sous la dynastie julio-claudienne[75], il se distinguait de tous les Romains[76]. Les regardant comme ses sujets, i] les tenait à distance et évitait de se montrer familier avec eux. Il voulait qu’on lui baisât les pieds ou les mains[77], il se faisait porter lorsqu’il paraissait en public[78]. Il empêchait les particuliers de parvenir à une trop grande réputation[79] ; sous son règne, les itérations de consulats furent moins fréquentes que sous Vespasien[80]. Il cherchait à rabaisser, ceux que leurs talents élevaient au-dessus de tous et à rehausser sa gloire on se parant de la leur : ce fut ainsi qu’il s’attribua tous les succès militaires de ses généraux, même lorsqu’il n’y avait pris aucune part[81] ; il put de cette manière acquérir sans peine un grand nombre de salutations impériales. Il était mal disposé pour les hommes d’une naissance illustre, et d’ordinaire il ne leur facilitait pas un avancement rapide dans la carrière des honneurs[82].

Domitien se fit appeler dominus, titre qui n’était point une simple marque de déférence ou de politesse[83], mais par lequel les Romains se reconnaissaient comme ses sujets[84]. Il est vrai qu’il ne le prit pas officiellement, et qu’il refusa d’abord de l’accepter en public[85] ; maison le trouve très fréquemment dans les vers de Stace et de Martial[86] et sur quelques inscriptions sans caractère officiel[87].

Domitien voulut même donner à sa personne un caractère sacré[88]. Vespasien avait reçu les honneurs de la consécration après sa mort ; sa fille Flavia Domitilla avait aussi été divinisée[89]. Titus la fut à sou tour au début du règne de Domitien[90]. Quand le jeune fils de Domitien et Julia Augusta, fille de Titus, moururent, ils prirent aussi place parmi les Divi[91]. Domitien fut ainsi tifs, frère, père, oncle de personnages mis au rang des dieux[92]. Leur culte, dont fut chargé un collège de quinze membres, les sodales Flaviales Titiales[93], fut célébré dans le temple de la famille flavienne que Domitien fit construire : il permit aussi an Sénat d’élever sur le Forum un temple à Vespasien[94]. — Au Capitole, dans l’enceinte et sur les parvis du temple de Jupiter, les images du prince furent mêlées à celles des dieux[95]. Une femme ayant quitté ses vêtements devant une statue de Domitien, elle expia par la mort cet acte d’impiété[96]. — Martial, Stace appellent souvent l’empereur deus[97], Jupiter[98], sacratissimus imperator[99]. Il est qualifié de θεός sur une monnaie asiatique[100] et sur une inscription de Chersonesos[101]. A Athènes, on l’appela Ζεύς έλευθέριος[102]. Lui-même, il osa dire, quand il se réconcilia avec sa femme Domitia, dont il s’était auparavant séparé, qu’il l’avait rappelée à son pulvinar[103]. Philostrate va jusqu’à prétendre qu’il voulait qu’on le proclamât officiellement fils de Minerve, la déesse vierge, et qu’un fonctionnaire fût mis en jugement pour avoir négligé de le faire dans des prières publiques[104]. Mais il faut ajouter que ce récit est fort peu vraisemblable[105].

Les noms réunis de dominus et deus ne furent pas portés par Domitien officiellement. Mais il fit un jour écrire en tête d’une circulaire qui devait être expédiée au nom de ses procurateurs dominus et deus noster sic fieri jubet, et depuis lors on lui donna d’ordinaire ce titre, soit par écrit, soit dans la conversation[106].

En un mot, le prince n’apparaissait plus désormais comme le premier citoyen de l’État : il semblait un monarque, un maître et un dieu.

De même que son père, Domitien voulut assurer l’empire à la maison flavienne[107]. Domitia lui avait donné en 73 un fils en l’honneur duquel furent peut-être frappées quelques monnaies[108]. Mais il mourut fort jeune[109]. En 90, Domitia devint enceinte et l’enfant dont on attendait alors la naissance fut célébré par Martial (VI, 3) dans ces vers où l’hérédité du pouvoir impérial est nettement exprimée : Nais, nom promis au Dardanien Iule, vrai rejeton des dieux, nais, enfant illustre, afin que ton père te remette après des siècles les rênes éternelles et que tu gouvernes le monde, vieillard associé à un vieillard. Mais, si cet enfant naquit, il ne vécut pas ; car il n’en est parlé nulle part ailleurs. Domitien, sans enfants, ne renonça cependant pas à faire de l’empire une propriété héréditaire de la famille flavienne. Vers la fin de son règne, il destina sa succession aux deux fils de son cousin Flavius Clemens[110] et de sa nièce Maxis, Domitilla[111]. Il donna à ces enfants les noms de Vespasien et de Domitien[112], et chargea le célèbre Quintilien de leur instruction[113]. — A partir de son règne, les vœux prononcés pour le salut du prince le furent aussi pour toute sa maison[114].

Les tendances monarchiques de Domitien se manifestèrent surtout dans la conduite qu’il tint à l’égard du Sénat. — Au début de 85, il se fit conférer par cette assemblée la puissance censoriale. Peu de temps après, dans le cours de la même année, il reçut la censure à vie[115]. Ce fait à une grande importance dans l’histoire générale de l’empire[116]. La charge de censeur conférait au prince le droit d’allection, c’est-à-dire le droit de faire entrer dans le Sénat des hommes qui n’avaient pas exercé la préture, le tribunat ou l’édilité, la questure[117], et de leur assigner un rang parmi ceux qui avaient géré ces charges. De plus, le censeur pouvait élever un sénateur, appartenant à la classe questorienne ou à la classe tribunitienne, à une classe supérieure. Il n’avait pas à tenir compte des prescriptions d’intervalle et de suite régulière exigées dans la gestion des magistratures. Il était maître de modifier à son gré la composition et la hiérarchie du Sénat, sans que cette assemblée eût à se prévaloir de son droit d’élection pour intervenir. D’ailleurs, en multipliant les allections, il pouvait désormais accroître à son gré le nombre des personnes éligibles aux magistratures, nombre qui jusque-là était à peine supérieur à celui des charges à conférer : les allecti inter quaestorios, tribunicios, praetorios avaient en effet le droit de se porter candidats aux magistratures supérieures à celle de leur classe, comme les anciens questeurs, tribuns ou édiles, préteurs, ce qui pouvait permettre à l’empereur de faire de son droit de recommandation dans les élections un usage plus efficace que par le passé. Il avait le droit de chasser de la curie ceux qui lui paraissaient indignes d’en faire partie. — Or, ces droits ; Domitien les reçut à vie, il les exerça quand il lui plut et il les exerça sans collègue : jusqu’alors il y avait toujours eu deux censeurs en charge. Il fut désormais libre de faire entrer dans la curie des chevaliers dont il avait éprouvé le mérite et le dévouement, il put récompenser le zèle des sénateurs par une promotion à un rang supérieur, il eut enfin une arme contre ceux qui se montraient trop hostiles.

Nous ne savons pas quel usage Domitien fit de son droit de recommandation dans les élections. Il ne serait pas impossible qu’il l’ait étendu aux charges du vigintivirat, dont le Sénat disposait librement jusqu’alors : ce qui avait son importance, le vigintivirat ouvrant la carrière sénatoriale. Une phrase de Pline le Jeune, bien peu précise il est vrai, semblerait l’indiquer[118]. Dans ce cas, on pourrait supposer que Domitien conféra le laticlave plus fréquemment que ses prédécesseurs, pour augmenter ainsi le nombre des jeunes gens éligibles au vigintivirat et pour pouvoir par conséquent exercer plus librement son droit de recommandation. Mais ce ne sont là que des hypothèses.

Sous cet empereur, le Sénat ne prit guère part aux affaires publiques. Il eut, il est vrai, d’importants procès politiques à juger, surtout vers la fin du règne, mais nous verrons que dans ces circonstances il fut forcé de se décimer lui-même. Son activité législative semble avoir été fort restreinte[119] : Pline le Jeune dit qu’alors on ne discutait pendant les séances aucune question sérieuse[120] : quand les sénateurs ne se réunissaient pas pour décerner au prince de nouveaux honneurs ou se faire les complices de ses crimes, ils délibéraient sur l’institution d’un collège d’artisans, sur les autorisations que les communes leur demandaient pour l’augmentation du nombre de leurs gladiateurs[121]. Du reste même pendant la discussion d’affaires de ce genre, ils étaient contraints d’adresser des flatteries à l’empereur[122].

Au point de vue administratif, nous constatons certains empiètements du prince sur les droits du Sénat et des magistrats de l’État. Nous savons par Frontin[123] qu’il enleva au trésor de Saturne les revenus des aqueducs et se les attribua. C’étaient les sommes payées à l’aerarium par les propriétaires qui avaient une concession d’eau. Il ne faut pas oublier du reste que le prince supportait les frais de l’entretien des aqueducs[124]. — L’institution des curateurs, chargés par l’empereur de la surveillance des finances d’un certain nombre de colonies et de municipes, fut une atteinte sérieuse portée au droit de haute surveillance que le Sénat possédait sur l’Italie et sur les provinces sénatoriales : elle date peut-être du temps de Domitien[125]. — Une inscription[126] nous apprend qu’après la mort d’un proconsul d’Asie, peut-être de C. Vettulenus Ciyica Cerialis, C. Minicius Italus, procurateur de l’empereur, fut chargé du gouvernement intérimaire de cette province sénatoriale, fait exceptionnel : l’intérim aurait dû être exercé par les légats du proconsul et le questeur[127]. — Les noms des proconsuls de Bithynie n’apparaissent plus sur les monnaies à partir du règne de Domitien. Peut-être faut-il voir aussi dans ce fait un empiètement du prince sur les droits du Sénat. — On trouve sous Domitien la mention de tributs de blés perçus par le fisc impérial dans la province proconsulaire d’Afrique[128], et c’est à cette époque qu’est signalé pour la première fois le fiscus Asiaticus, destiné salis doute à la perception d’un impôt par tête dans la province proconsulaire d’Asie[129]. Si c’étaient là des innovations, les droits financiers du Sénat dans les provinces non impériales auraient reçu alors une grave atteinte. Mais il est très probable qu’avant Domitien plusieurs de ces provinces durent payer des contributions à l’empereur[130].

Les gouverneurs et même les magistrats urbains furent soumis à une surveillance rigoureuse[131]. L’activité judiciaire des préteurs fut peut-être limitée par les progrès que dut faire à cette époque la juridiction civile et criminelle des préfets de la ville[132]. Toute initiative sérieuse fit enlevée aux consuls[133].

Domitien montra un grand dédain pour les magistratures d’origine républicaine réservées à l’ordre sénatorial : il n’assistait pas aux comices dans lesquels ses consulats étaient proclamés devant le peuple[134] ; il négligeait, tous les devoirs qu’imposait la charge qu’il se faisait si souvent conférer[135] ; quand il déposait les faisceaux, il se contentait de le faire par un édit[136].

Il semble que l’intérêt de Domitien aurait dû être d’octroyer libéralement le consulat afin d’avilir cette charge et aussi d’être plus libre dans ses choix pour les fonctions et les quasi-magistratures qui exigeaient des consulaires. Sous Titus, les consulats avaient été de deux mois ; cela est du moins certain pour l’année 81[137]. Il peut en avoir été de même dans les deux premières années du règne de Domitien. En 83, il semble que Q. Vibius Crispus et A. Didius Gallus Fabricius Veiento aient été consuls[138] après les consuls ordinaires (Domitien et Q. Petillius Rufus)[139] et avant Tottius Julianus et Terentius Strabo Erucjus Homullus, qui étaient en fonctions le 9 juin[140]. On pourrait donc supposer que cette année-là les consulats furent de deux mois[141]. Pour le reste du règne, on ne trouve plus que des consulats de quatre mois (six consuls par an, sept en comptant le suppléant du prince dans le premier nundinum)[142]. L’allongement de la durée des consulats peut avoir été décidé en 84, dans les premiers comices de l’année, en même temps que l’empereur recevait le consulat pour dix ans. Le consulat était alors une charge fort considérée ; Domitien ne voulut peut-être pas que trop de sénateurs en fussent investis.

Deux faits, rapportés par Dion Cassius et Suétone, prouvent les mauvaises dispositions de cet empereur à l’égard des sénateurs. Le Sénat lui demanda plusieurs fois de renoncer à son droit de mettre à mort des sénateurs, droit dont Titus n’avait jamais usé : Domitien refusa[143]. Il annula un legs de Ruscius Caepio, qui ordonnait à son héritier de payer chaque année une certaine somme aux nouveaux sénateurs, lors de leur entrée dans la curie[144]. — Remettant en vigueur une prescription du temps de Claude[145], abrogée sous Néron[146], il obligea les questeurs entrant en charge à donner des combats de gladiateurs[147]. C’était une grosse dépense qu’il leur imposait. La suppression des sportules offertes par des particuliers ou des magistrats au peuple et leur remplacement par de véritables repas[148], furent aussi des mesures onéreuses pour l’aristocratie.

Nous verrons plus loin que le commandement supérieur d’une grande expédition dirigée contre les Cattes fut confiée non à un personnage de l’ordre sénatorial, comme c’était la règle auparavant, mais à un chevalier[149].

Domitien voulut exercer personnellement son autorité. Tibère avait abandonné la conduite des affaires publiques à Séjan, préfet du prétoire, Claude à des affranchis. Domitien n’eut auprès de lui ni fondés de pouvoirs, ni favoris maîtres de l’État ; il n’eut que des serviteurs. Il est vrai que certains affranchis exercèrent peut-être quelque influence sur lui[150]. Les plus honnêtes, dit Tacite (Agricola, 41), par attachement et par fidélité ; les plus méchants, par malignité et par envie, aigrissaient son caractère naturellement méchant. Leur entremise put faire obtenir à des solliciteurs des fonctions, des charges, des privilèges[151]. Stace et surtout Martial les flattèrent[152] ; mais aucun d’eux n’eut la puissance d’un Pallas, d’un Narcisse, d’un Icelus, d’un Asiaticus[153]. Dans les dernières années de son règne, Domitien suivit les conseils de quelques délateurs[154] ; mais il ne se laissa pas diriger par eux. Si sa nièce Julie, dont il fut l’amant, put le détourner de mettre à mort Ursus, auquel elle fit même obtenir le consulat[155], elle ne semble avoir pris aucune part au gouvernement de l’empire. Domitien prétendit tout faire par lui-même ; il s’occupa aussi activement des affaires militaires que de l’administration et de la justice.

Comme ses prédécesseurs, il prit ses principaux fonctionnaires et conseillers dans l’ordre sénatorial ; mais il employa les chevaliers plus qu’on ne l’avait fait avant lui[156]. Aussi voulut-il que la considération du second ordre de l’État ne fait pas compromise par des individus qui s’attribuaient les privilèges équestres sans y avoir aucun droit. Il interdit aux indignes de prendre place sur les bancs qui dans les lieux de spectacles étaient réservés aux chevaliers[157]. — Il se servit aussi de ses affranchis. L’importance du conseil du prince[158] dut naturellement s’accroître sous Domitien[159]. Comme le Sénat ne participait pas d’une manière sérieuse au gouvernement de l’empire, c’était dans ce conseil que se discutaient les mesures politiques d’un caractère général. Le Sénat ayant perdu presque toute initiative eu matière de législation, il devait le remplacer à eût égard. Il assistait l’empereur dans l’exercice de sa juridiction.

Aussi Domitien choisit-il les membres du Conseil parmi les personnages les plus expérimentés : on put dire plus tard que ce méchant prince avait en d’excellents amis[160]. Malgré sa rancune contre son père et son frère, il garda auprès de lui leurs conseillers, qui connaissaient bien les traditions administratives[161] : Pegasus[162], fameux jurisconsulte, chef de la secte des Proculiens[163], consul, gouverneur de plusieurs provinces et investi sous Vespasien déjà de la préfecture urbaine, charge qu’il continua à exercer sous Domitien[164] ; Q. Vibius Crispus[165], de basse naissance comme Pegasus et d’un caractère peu estimable, mais homme d’état d’un grand mérite, célèbre par sou éloquence et son esprit, d’une richesse proverbiale, traité lui aussi avec beaucoup de faveur par Vespasien, et consul pour la troisième fois en 83[166] ; M. Arrocinus Clemens[167], beau-frère de Titus, préfet du prétoire sous Vespasien, deux fois consul[168] ; C. Calpetanus Rantius Quirinalis Valerius Festus[169], consul en 71, légat de l’armée d’Afrique en 69-70, de la province de Pannonie sous Vespasien, de la Tarraconaise sous ce prince et son fils aîné[170]. Nous connaissons encore parmi les amis de Domitien de rang sénatorial : M’Acilius Glabrio et son fils qui fut consul en 91, Rubrius Gallus, consul sous Néron et connu par ses succès sur les Sarmates[171], Montanus (probablement T. Junius Montanus, consul en 81), Pompeius (peut-être Cn. Pompeius Ferox Licinianus), L. Valerius Catullus Messalinus, A. Didius Gallus Fabricius Veiento[172], Velius Paulus[173], tous probablement personnages consulaires[174]. — Domitien admit aussi dans son conseil plusieurs chevaliers ; sur une table de bronze qui nous fait connaître un jugement de cet empereur[175], on lit les mots : adhibitis utriusque ordinis splendidis viris cognita causa. Parmi ces chevaliers nous pouvons citer Cornelius Fuscus, qui fut préfet du prétoire, et Crispinus, qui ont peut-être aussi le même titre[176].

Mais ce conseil n’était pas en réalité une institution politique. On n’y constate à cette époque aucun indice d’une organisation régulière : dépourvus de toute fonction officielle, ceux que le prince y appelait, selon son bon plaisir[177], étaient des amis auxquels il demandait des conseils, qu’il suivait si bon lui semblait, et qui sous un maître aussi despotique que Domitien, craignaient de déplaire par trop de franchise[178]. Mettant leur expérience au service de l’empereur, ils fortifiaient son autorité, ils ne la limitaient pas.

Les préfets de la ville[179] furent, sous Domitien comme auparavant, choisis parmi des sénateurs de rang consulaire. Nous connaissons les noms de trois d’entre eux, peut-être les seuls qui aient exercé cette charge sous son règne. Pegasus dont nous avons parlé plus haut[180] ; Rutilius Gallicus qui fut légat de plusieurs provinces, la Pamphylie, la Pannonie, la Germanie inférieure, et reçut deux fois le consulat[181] ; T. Aurelius Fulvus, grand-père de l’empereur Antonin, qui fut lui aussi deux fois consul[182].

Quelques vers de Stace indiquent les principales attributions du préfet de la ville à cette époque : commandant les quatre cohortes urbaines qui à cotte époque se trouvaient à Rome[183] et formaient un effectif de quatre mille soldats, il veillait au maintien de l’ordre public[184] ; il jugeait une partie des crimes et des délits commis dans la ville[185], ainsi que les contestations civiles qui étaient de nature à provoquer des troubles[186]. Son autorité s’étendait en droit sur toute l’Italie ; il jugeait, par exemple, en appel les contestations sur le décurionat[187]. Le préfet de la vine étant à la fois un chef militaire et un juge, on ne doit pas s’étonner de voir ce poste occupé sous Domitien par un grand jurisconsulte, Pegasus[188].

D’autres autorités judiciaires (les préteurs, les édiles, les tribunaux des questions) étaient compétentes pour les causes civiles et criminelles soumises au préfet de la ville. Tout en agissant avec prudence[189], il empiétait peu à peu sur les attributions.

Le pouvoir impérial n’avait donc qu’à gagner aux progrès de la préfecture urbaine qui dépendait du prince. Aussi Domitien dut-il les favoriser. Mais il ne semble pas qu’il ait laissé ;’accroître l’autorité personnelle de ceux qui en étaient revêtus ; il ne voulait pas que le premier de ses auxiliaires eût un rang trop rapproché du sien. Parmi les personnages qui furent préfets sous son règne, aucun n’appartenait à la haute aristocratie romaine. Pegasus avait pour père un officier subalterne de la flotte[190], Rutilius Gallicus appartenait à une famille assez humble[191], de Turin[192] ; T. Aurelius Fulvus était un provincial : sa famille était de Nîmes, en Narbonnaise[193].

Un auteur byzantin du sixième siècle, Laurentius Lydus, dit que Domitien, au lieu d’un préfet de la ville en institua douze et en préposa un à chaque quartier de Rome[194]. Mais il faut remarquer que Lydus est un écrivain peu intelligent et souvent inexact et que ce passage même contient une erreur : Rome avait en effet quatorze quartiers et non douze. En outre, dans la Silve de Stace, rien n’indique que Rutilius Gallicus partageât son autorité avec des collègues, et si les préfets de Rome avaient été si nombreux sous Domitien nous devrions nous étonner de ne trouver mention d’aucun d’entre eux sur les inscriptions qui nous sont parvenues. — Si l’on admet qu’il y a un fond de vérité dans l’indication de Lydus[195], on peut supposer que Domitien institua pour veiner à l’ordre publie dans chaque quartier des fonctionnaires impériaux subordonnés au préfet. C’était peut-être un empiétement sur les droits des préteurs, des tribuns et des édiles, auxquels la présidence des quartiers était confiée[196].

Le préfet du prétoire commandait presque toute la garnison de Rome : de lui dépendait la sécurité de l’empereur. Titus avait exercé en fait cette fonction sous Vespasien : Domitien, jaloux de son autorité, évita de la donner à des hommes trop considérés et trop puissants ; il en investit des membres de l’ordre équestre[197]. Après Arrecinus Clemens, parent par alliance de la famille flavienne, après Titus, de simples chevaliers[198], parmi lesquels on compta peut-lare un Égyptien, Crispions[199], devaient faire petite figure. De plus, il semble que, sous ce règne, les préfets aient été d’ordinaire au nombre de deux[200] et qu’ils ne soient pas restés fort longtemps en charge[201]. Domitien voulut ainsi diminuer leur prestige et rendre une trahison plus difficile. En 95, se défiant des préfets qui commandaient alors la garde, il les lit mettre en jugement[202]. — Mais rien n’indique qu’il ait restreint leurs attributions[203] : nous savons, au contraire, que Cornelius Fuscus fut chargé, vers 86, de commander une expédition contre les Daces[204] ; pour la première fois, la direction d’une grande guerre fut confiée à un préfet du prétoire.

Les fonctions de secrétaire du prince eurent, sous Domitien, une grande importance[205]. Stace[206] énumère les attributions de Claudius[207] qui fut, à cette époque, chargé du département des finances (a rationibus) : A toi seul sont confiées, avec l’emploi des trésors sacrés du prince, les richesses éparses dans tous les peuples et les tributs que paye l’univers entier. Tout ce que l’Ibérie fait sortir de ses mines d’or, tout ce qui brille dans les montagnes de Dalmatie, les moissons récoltées en Afrique, les blés que bat sur son aire l’habitant de la brillante Égypte[208], les perles que le plongeur va chercher au fond des mers orientales[209], les toisons venues des pâturages qu’arrose le Galèse lacédémonien[210], les cristaux transparents[211], les bois précieux de la Massylie[212], l’ivoire de l’Inde[213], tout est remis entre tes mains, tout ce qui nous arrive par le souffle de Borée, du violent Eurus et du nébuleux Auster : tu compterais plus facilement les gouttes des pluies d’hiver ou les feuilles des bois. Toujours en éveil, tu calcules avec sûreté les dépenses nécessaires pour les besoins journaliers des légions et des tribus[214], pour les temples[215], pour les aqueducs[216], ce que réclament les digues qui arrêtent les eaux[217], ce qu’exige l’entretien des routes immenses[218] ; tu sais et la valeur de l’or qui brille sur les lambris élevés de la demeure du maître, et la valeur du métal qui, jeté en fonte, représente les images des princes divinisés, ou qui, pétillant sous le feu, se transforme eu monnaie romaine[219]. Ainsi le secrétaire a rationibus tient un compte exact des recettes du fisc et du patrimoine ; il ordonnance les dépenses que l’empereur fait pour lui-même ou pour l’État. Il est, en quelque sorte, un ministre des finances.

Le secrétaire ab epistulis reçoit les lettres que les gouverneurs, les fonctionnaires et les généraux envoient au prince et rédige les réponses. Il délivre les brevets d’officiers jusqu’au grade de préfet de la cavalerie inclusivement[220]. — Nous n’avons pour le règne de Domitien aucun renseignement précis sur les attributions des secrétaires a cognitionibus (chargés de préparer des rapports pour les procès jugés par l’empereur), a libellis (chargé de recevoir et d’examiner les pétitions des particuliers) et a studiis (chargé de recherches dans les archives et bibliothèques impériales).

Les secrétaires du prince étaient alors d’importants personnages. Ils possédaient d’immenses richesses[221] et épousaient des Romaines de haute naissance[222].

Domitien accrut encore l’importance de ces emplois en les confiant quelquefois à des chevaliers[223], mesure qui préparait la transformation de ces offices domestiques en de hautes fonctions publiques. C’était d’ailleurs sans danger pour son autorité, car les emplois de secrétaires du prince ne devinrent pas les plus importants de l’ordre équestre. Le chevalier Titinius Capito, ami de Pline le Jeune, qui en fait un grand éloge[224], fut sous Domitien ab epistulis ; il devint ensuite préfet des vigiles, quatrième fonctionnaire de cet ordre[225].

Mais Domitien ne voulut pas que ces secrétaires parussent tenir une trop grande place dans l’État. Le Sénat n’eut point à les flatter comme jadis il l’avait fait pour Pallas[226], et Martial put vanter d’une manière fort hyperbolique, il est vrai, la contenance modeste des serviteurs du prince (IX, 79). — L’empereur les surveilla de près et leur fit même sentir qu’ils n’étaient pas à l’abri de brusques coups d’autorité. Le secrétaire a rationibus Claudius, qui occupait ce poste depuis le règne de Claude[227] et était arrivé à un âge fort avancé, fut subitement frappé de disgrâce[228] ; il dut quitter Rome et se retirer pour quelques années en Campanie[229]. Son principal subordonné encourut une peine plus sévère et il fut déporté dans une île[230].

 

Il est bien difficile de dire avec précision quelles furent les idées politiques de Domitien, les réformes administratives qu’il accomplit ou projeta d’accomplir. Après sa mort, le Sénat, par haine pour lui, chercha à en faire disparaître même le souvenir. Ses tendances monarchiques ne sont du moins pas douteuses[231]. Ce fut surtout après la guerre heureuse de 83 contre les Caties que, comptant sur l’appui de l’armée, il porta de graves atteintes au compromis politique imaginé par Auguste. Cependant, si nous examinons le peu que nous savons de son gouvernement intérieur, Domitien nous fait l’impression d’un homme qui eut des projets bien nets, — établissement de la monarchie, organisation d’une administration régulière, — mais qui ne sut pas ou ne voulut pas réaliser complètement ces projets.

Il empêcha le Sénat et les magistrats de faire un usage sérieux de leurs droits politiques, mais il ne supprima pas ces droits. Transformant le caractère de la censure temporaire, magistrature gérée par Claude et Vespasien, il se fit donner, avec le titre de censeur perpétuel, le droit permanent de modifier la composition du Sénat, et ce fut là une innovation des plus graves qui, en théorie, détruisait la constitution d’Auguste. Mais, en pratique, Domitien ne semble pas s’être beaucoup servi des droits d’allection et d’expulsion attachés à la censure. Il est certain que ceux qui entrèrent dans la curie grâce à lui ne s’en glorifièrent pas après sa mort ; cependant s’il avait fait un grand usage de l’allection, on devrait en surprendre la trace dans les cursus honorum de l’époque. Or on ne peut citer à cet égard qu’un très petit nombre d’inscriptions dont il n’est même pas possible de tirer des conclusions certaines[232]. On ne connaît d’autre part qu’un seul personnage qui ait été exclu du Sénat par Domitien : un certain Caecilius Rufus, ancien questeur, qu’il expulsa pour indignité morale[233]. Après que le prince eut reçu la censure, le Sénat ne cessa pas d’être un corps politique pour devenir une classe de fonctionnaires. — Domitien lui témoigna même des égards[234] et sembla désireux de le voir approuver sa politique[235]. Il fit reconstruire la curie[236]. Il usa de certains ménagements à l’égard de ceux qui lui étaient suspects à cause de leur trop grande situation dans l’État. Tout en rappelant Agricola de Bretagne, il lui décerna des honneurs extraordinaires et lui promit même la légation de Syrie[237] ; il ne lui défendit pas expressément de prendre part au tirage au sort des provinces sénatoriales consulaires, mais lui fit seulement donner en secret le conseil de se désister (Agricola, 42). Des hommes qui appartenaient aux familles les plus illustres reçurent le consulat du prince : Antonius Saturninus en 82 peut-être[238], M’Acilius Glabrio en 91. L. Volusius Saturninus en 87, Q. Volusius Saturninus en 92, T. Sextius Magius Lateranus en 94[239]. Helvidius Priscus, fils d’un des adversaires les plus acharnés de la dynastie flavienne, parvint au consulat, peut-être en 87[240].

Domitien portait plus de titres, il recevait plus d’honneurs qu’aucun des princes antérieurs ; mais c’était le Sénat qui les lui conférait[241] ; c’étaient des magistratures d’origine républicaine qu’il se. faisait donner. En 84, il fut élu consul pour dix ans ; cependant de 85 à 94, il ne prit les faisceaux que six fois. On l’appelait dominas et deus, mais il ne prenait pas lui-même ces noms. — Comme son père, il prétendait établir l’hérédité du pouvoir impérial, qui ne cessait pourtant pas en droit d’être électif.

Le conseil du prince, dont l’importance semble s’être accrue sous son règne, n’avait encore aucun caractère officiel ; les secrétariats impériaux, quelquefois confiés à des chevaliers (comme ils l’avaient déjà été sous Vitellius), n’étaient plus tout à fait des services domestiques, mais ils n’étaient pas encore des services publics, de véritables ministères. La hiérarchie des divers emplois réservés aux chevaliers n’était pas fixée d’une manière précise. Le règne de Domitien ne semble pas avoir été marqué, comme ceux de Claude et d’Hadrien, par des réformes vraiment originales et faisant époque. Il ne fit que creuser plus profondément des sillons déjà ouverts.

Il n’eut sans doute pas le génie organisateur d’Hadrien ; mais le caractère d’indécision qu’on constate dans son gouvernement intérieur peut aussi s’expliquer d’une autre manière. Nous avons dit ce qu’était le Sénat dans la constitution impériale, combien était grand son prestige. Avant Domitien, presque tous les empereurs[242], en particulier Vespasien et Titus[243], avaient prodigué les marques de déférence au Sénat et aux sénateurs. Vouloir annuler complètement cette assemblée, c’eût été faire violence aux mœurs et aux idées de toute la société romaine. Domitien ne l’osa pas. S’il travailla à détruire la dyarchie, il n’établit pas, il n’organisa pas définitivement la monarchie, pour ne pas s’attirer la haine implacable de l’aristocratie dont il n’ignorait pas la puissance. La dissimulation que ses ennemis lui reprochèrent souvent[244] fut surtout de la prudence.

 

 

 



[1] Silves, V, 2, 19.

[2] Droit qui appartint à l’empereur depuis Vespasien au plus tard ! voir Herzog, Geschichte und system der römiechen Staatsverfassung, II, p. 700.

[3] Pour le consulat seul, le nombre des personnages éligibles était sensiblement supérieur à celui des places à remplir ; à l’époque flavienne, il n’y avait, en règle, que six ou sept consuls par an, nombre encore restreint par les itérations (voir Mommsen-Morel, Étude sur Pline le Jeune, p. 58).

[4] Dans les premiers temps de l’Empire, on pouvait, avant d’être questeur, recevoir d’abord le tribunat militaire, puis exercer une des charges du vigintivirat ; mais à partir de l’époque devienne, le tribunat suivit le vigintivirat.

[5] Staatsrecht, III, p. 1252.

[6] Voir Pline le Jeune, Lettres, I, 9.

[7] Voir Tacite, Dialogue des Orateurs, ch. XXVIII et suiv.

[8] Sous Claude et Néron, il y eut très fréquemment des accusations de concussion portées contre des gouverneurs. Voir De la Berge, Trajan, p. 126, n. 8 ; Guiraud, Les Assemblées provinciales dans !’empire romain, p. 173-174.

[9] Pline le Jeune, IX, 13, 21.

[10] On sait que Claude eut pour collègue dans sa censure L. Vitellius et Vespasien son fils Titus, associé à l’Empire.

[11] Nous ne pensons donc pas qu’il soit exact de considérer Domitien comme un cerveau malade, thèse soutenue par J.-Ev. Kraus, Zur Charakteristch des Kaisers Domitianus (Landshut, 1875).

[12] Suétone, Domitien, 20, en énumère plusieurs que nous aurons l’occasion de citer plus tard.

[13] Voir au chapitre I.

[14] Voir ch. V pour Corinthe. — C. I. A., III, partie I, n° 1091, pour Athènes.

[15] Suétone, Domitien, 19. Il n’aimait que la chasse et le tir à l’arc.

[16] Suétone, Domitien, 2 et 20. Suétone (Domitien, 18) parle cependant d’un petit écrit qu’il fit sur la coiffure après qu’il fut devenu chauve.

[17] Suétone, Domitien, 20.

[18] Domitien, 21. Cf. Pline (Panég., 49) qui lui en fait un reproche ; Martial, IV, 8, 10.

[19] Domitien, 18.

[20] Martial, V, 6, 10 :

...Jovia sereni [= Domitiani]

cum placido fulget suoque vultu.

Cf. V. 7, 4 ; VI, 10, 6 ; VII, 12, 1 ; VII, 99, 1 ; IY, 24, 3. Stace, Silves, I, 1, 15 ; III, 4. 17 et 44 ; IV, 2, 41. Tacite, Hist., IV, 40 : decorus habitu, ... crebra oris confusio pro modestia accipiebatur (... la rougeur qui couvrait à chaque instant son visage passa pour modestie).

[21] Philostrate, Apollonius de Tyane, VII, 4.

[22] Bernoulli, Römische Ikonographie, II, 2e partie, p. 56, n° 18, pl. XVII.

[23] Bernoulli, loc. cit., p. 56, n° 11. Pour les autres portraits de Domitien, voir Bernoulli, p. 55-62. Ajouter une tête médiocre de la galerie Mollien au Louvre, et une autre tête du nouveau Musée des thermes de Dioclétien à Rome. La tête du n° 20 (p. 57) [au Louvre] est moderne.

[24] Suétone, Domitien, 18 ; cf. Domitien, 20 : Vellem, inquit, tam formosus esse, quam Maetius sibi videtur (Je voudrais, disait-il, être aussi beau que Mettius croit l'être).

[25] Suétone, Domitien, 13.

[26] Martial, IX, 101, 15 :

Solus Iuleas cum iam retineret habenas

tradidit, inque sao tertios orbe fuit.

Quintilien, X, I, 91 :

operibus [poeticis] in quae donato imperio juvenis secesserat.

[27] Dion Cassius, LXVII, 2.

[28] Voir plus loin.

[29] Suétone, Domitien, 2.

[30] Dion Cassius, loc. cit.

[31] Dion Cassius, loc. cit.

[32] Suétone, loc. cit. Cf. Dion Cassius, loc. cit. (à propos de la défense de faire des eunuques).

[33] Dion Cassius, LXVII, 1 : Άνθρωπον δ’έφίλησε μέν άληθώς ούδένα. Pline, Panég., 49 : odio hominum (la haine des hommes).

[34] Tacite, Agricola, 42 : Domitiani vero natura praeceps in iram (Domitien, enclin à des colères implacables). Dion Cassius, LXVII, 1 : Δομιτιανός δέ ήν μέν xαί θρασύς xαί όργίλος.

[35] Tacite, Agricola, 39. Pline, Panég., 48 et 49. Suétone, Domitien, 3 et 21.

[36] Domitien, 14.

[37] Tacite, Agricola, 41 : Infensus virtutibus princeps (l'aversion du prince pour la moralité). Cf. Pline, Panég., 14.

[38] Voir Mommsen, Histoire de la monnaie romaine (traduction Blacas), III, p. 10. Blacas, Revue numismatique, 1862, p. 197 et suiv. — Halvidius Priscus, gendre de Thraséas et sénateur très considéré sous Vespasien, était certainement républicain (voir Dion Cassius, LXVI,12 ; Suétone, Vespasien, 15). D’autres devaient avoir les mêmes opinions politiques sans en faire parade avec tant d’éclat.

[39] Voir, à cet égard, les opinions de Tacite, Hist., I, 1 ; cf. Annales, I, 1 ; III, 28 ; IV, 33 ; Hist., II, 38. Voir encore ce qu’il fait dire à Maternus (Dialogue des Orateurs, 36 et suiv.) et à Eprius Marcellus (Hist., IV, 8). Sur cette question, consulter Boissier, Opposition sous les Césars, p. 307 et suiv.

[40] Hist., I, 16.

[41] Hist., 1, 35 ; I, 45 ; I, 47 ; I, 76 ; I, 85 ; II, 52 ; II, 98 ; III, 13 ; III, 86 ; etc.

[42] Voir, au chapitre I, ce qui est dit du désir de Vespasien de fixer le pouvoir dans la famille flavienne. Il rétablit le culte de Claude pour pouvoir, en quelque sorte, se rattacher à la dynastie julio-claudienne (Suétone, Claude, 45 : Vespasien, 9). — Depuis Vespasien, le prænomen d’Imperator, sauf de très rares exceptions (Cohen, Vespasien, 27-30, 53, 54, 210-215), fut toujours porté par le prince. Titus porta lui-même, du vivant de son père, soit le prænomen, soit le cognomen d’imperator (exceptions : Cohen, Titus, 16, 17, 30, 31, 103, 104, 397).

[43] Hist., IV, 44. Vespasien et Titus témoignèrent une grande amitié à Vibius Crispus et à Eprius Marcellus qui, sous Néron, avaient accusé des membres du Sénat (Tacite, Dialogue des Orateurs, 8). Pour plaire à l’aristocratie, Titus, quand il fut empereur, punit, il est vrai, quelques délateurs, mais seulement des gens de basse condition (Suétone, Titus, 8).

[44] Suétone, Vespasien, 25 : assiduas in se conjurationes (malgré de fréquentes conspirations contre lui). Titus, 6, 9. Dion Cassius, LXVI, 16 et 18.

[45] Klein, Fasti consulares, p. 47 et suiv.

[46] Suétone, Domitien, 13. Stace, Silves, IV, 1, 1. Ausone, Gratiarum actio, VI, 27. Cf. Pline le Jeune, Panég., 58.

[47] Dion Cassius, LXVII, 4 : Ύπατος έτη δέxα έφεξής... έχειροτονήθη. Domitien est indiqué, en 81, comme co(n)s(ul) VII, des(ignatus) VIII, pour 82 (Cohen, Domitien, 54 et suiv., 370 et suiv., 555 et suiv.) ; en 82, comme cos. VIII, des. IX, pour 83 (Cohen, 581 et suiv., 607 et suiv. C.1. L., II, 862 ; III, 4176, 4177 ; IX, 5420. Ephemeris epigraphica, IV, p. 496) ; en 83, comme cos. IX, des. X, pour 84 (Cohen, 600 et suiv. C. I. L., VI, 449. Eph. epigr., V, p. 612). — Mais ensuite la mention des désignations disparaît. C’est une prouve qu’en 84, peut-être aux premiers comices de l’année, Domitien fut désigné, non pas à un onzième consulat, mais à dix consulats consécutifs. Ces comices eurent lieu soit en mars, date des comices sous Claude, Néron et probablement aussi sous Vespasien, soit plus vraisemblablement le 9 janvier (cette date est certaine pour l’année 100 : Mommsen, Staatsrecht, I, p. 589 ; il semble qu’elle ait été choisie pour les premiers comices de l’année à partir du règne de Titus : voir Chambalu, De magistratibus Flaviorum, p. 15). Dion Cassius indique la collation du consulat pour dix ans, après le triomphe sur les Cattes, qui fut probablement célébré à la fin de 83. — Déjà Vitellius s’était fait nommer consul perpétuel et avait fait des élections consulaires pour dix années.

[48] Pline le Jeune, Panég., 58 : Non ambitio magis, quam livor et malignitas videri potest, omnes annos possidere, summumque illud purpurae decus non nisi praecerptum praefloratumque transmittere (Au reste, était-ce moins de l'ambition qu'une maligne et basse jalousie, d'envahir ainsi toutes les années, et de ne transmettre que flétri et privé de son premier lustre cet honneur suprême de la pourpre consulaire). D Cf. Ausone, loc. cit.

[49] C. I. L., VI, 449 ; XIV, 3530 ; XII, 2602 ; III, 37. Ephem. epigr., VIII, 892. Bullettino comunale di Rome, 1886, p. 83. Orelli, 1494.

[50] Suétone, Domitien, 13 : Omnes [consulatus] paene titulo tenus gessit, nec quemquam ultra kl. mai., plerosque ad Idus usque Januarias (Il n'en conserva aucun [consul] au-delà des calendes de mai, et ne garda la plupart que jusqu'aux ides de janvier). — Le 22 janvier 86, année où Domitien fut consul ordinaire, Ser. Cornelius Dolabella et C. Secius Campanus sont indiqués comme consuls. Le 22 janvier 87, les consuls étaient L. Volusius Baturninus, ordinaire, et C. Calpurnius..., suppléant de l’empereur (voir Klein, Fasti consulates, p. 48). Dès le 13 janvier 92, L. Venuleius Apronianus, suppléant de Domitien, était en charge avec le consul ordinaire, Q. Volusius Baturninus (Klein, p.50). — Voir encore Pline, Panég., 65. pauculis diebus gestum consulatum, immo non gestum (y [à la tribune] recevoir, y déposer les magistratures).

[51] Voir Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 84, n. 2.

[52] Dion Cassius, LIII, 18 ; LXVII, 4.

[53] Voir Chambalu, De magistratibus Flaviorum, p. 25 et suiv. Ces salutations sont marquées sur les monnaies d’or et d’argent. En règle, les monnaies de bronze, frappées par le Sénat, ne les portent pas (Mommsen, Staatsrecht, II, p. 782, n. 2).

[54] Voir chapitre VI.

[55] Même chapitre. II ne serait pas tout à fait impossible qu’en 93 il ait aussi reçu le surnom de Sarmaticus.

[56] C. I. L., III, p. 859 (diplôme militaire).

[57] L’ordre des honneurs suivi dans cette inscription est aussi celui que l’on constate sur les monnaies et la plupart des inscriptions. Le titre de pater patriae fut désormais placé à la fin de l’énumération, bien qu’il y ait quelques monuments du commencement du règne où il se trouve avant le consulat : C. I. L., II, 862 ; Ephem. epigr., IV, p. 496 ; V, p. 93 et p. 613 ; Cohen, Domitien, 350, 370, 371, 372, 409, 4tO, 423. La censure est indiquée parfois avant le consulat : C. I. L., III, p. 856, 857, 858 ; Ephem. epigr., V, p. 652. — Les noms de Domitien se présentent d’ordinaire dans cet ordre, qui est le seul régulier, Imp(erator) Casser Domitianus Augustus, auxquels s’ajoute Germanicus à partir de 84 : voir, outre les inscriptions et les monnaies, Frontin, Stratagèmes, I, 1, 8 ; I, 3,10 ; II, 11, 7. Sur quelques inscriptions et monnaies, on lit Imp. Domitianus Caesar Augustus : C. I. L., II, 656, 1945 ; III, 36, 37 ; VIII, 792 ; XIV, 2305, 2657,3530 ; Ephem. epigr., VIII, 892 ; Notizie degli Scavi, 1878, p. 132. Bullettino comunale, 1882, p. 171 ; Journal of hellenic Studies, IV, 1883, p. 432 ; Cohen, Domitien, 344, 350, 409, 410, 423, 742 ; cf. Martial, titre de la préface du livre VIII. On n’a que deux exemples de l’ordre suivant : Imp. Caesar Augustus Domitianus (C. I. L., II, 1963 ; Bull. comunale, 1888, p. 42). Sur quelques monuments, le mot Caesar est passé (C. I. L., V, 7506 ; VII, 1206 ; IX, 4677 a ; Bull. comunale, 1886, p. 83 ; Cohen, Domitien, 64, 541, 543 et suiv. ; 673, 741). Des inscriptions omettent même Domitianus : C. I. L., VI, 525, 541.

Sur les monnaies grecques, l’ordre est très variable. On trouve soit l’ordre indiqué plus haut comme étant le plus usité, soit, avec diverses abréviations : Αύτοxράτωρ Δομιτιανός Καϊσαρ Σεβαστός (Γερμανιxός) : Mionnet, Description, II, p. 416, n° 41 ; p. 451, n° 216 ; p. 468, n° 312 ; IV, p. 345, n° 868 ; p. 398, n° 148, etc. ; cf. deux inscriptions, Bull. de corr. hellén., III, 1887, p. 164 et Musse italiano di antichità classica, I, 1885, p. 207. — Αύτοxράτωρ Δομιτιανός Σεβαστός (Γερμανιxός) : Mionnet, Descr., IV, p. 412, n° 33 ; V, 11.249, n° 721 ; Supplément, III, p. 533, w 188 ; p. 534, n° 190-193. — Αύτοxράτωρ Καϊσαρ Δομιτιανός (Γερμανιxός) : Mionnet, IV, p. 30, n° 151 ; p. 102, W 559 ; Supplément, III. p. 31, n° 224 ; p. 32, n° 226-227 ; IV, p. 419, n° 5 ; VI, p. 37, w 242 ; VII, p. 140, w 239 ; p. 218, n° 257 ; p. 401, n° 388. — Αύτοxράτωρ Δομιτιανός Καϊσαρ : Mionnet, II, p. 493, n° 449 ; Suppl., V, p. 258, n° 1502. — Καϊσαρ Δομιτιανός Σεβαστός Γερμανιxός : Mionnet, V, p. 462, n° 836 ; Suppl., IV, p. 347, n° 322. — Καϊσαρ Σεβαστός Γερμανιxός Δομιτιανός : Mionnet, V, p. 249, n° 725 ; Suppl., VIII, p. 1711, n° 221-223. — Δομιτιανός Καϊσαρ Σεβαστός (Γερμανιxός) : Mionnet, II, p. 537, n° 162 ; III, p. 94, n° 257, etc. (fréquent). — Δομιτιανός Καϊσαρ (Γερμανιxός) : Mionnet, II, p. 274, w 137 ; p. 493, n• 450, etc. (fréquent). — Δομιτιανός Γερμανιxός Καϊσαρ : Mionnet, Suppl., VII, p. 231, n° 301. — Δομιτιανός Σεβαστός (Γερμανιxός) : Monnet, III, p. 353, n° 290 ; p. 410, n° 93 ; IV, p. 94, n° 506 ; Suppl., IV, p. 326, n° 195 ; VI, p. 506, n° 344 ; VII, p. 664, n° 30. — Καϊσαρ Δομιτιανός : Monnet, VI, p. 94, n° 427 ; Suppl., II, p. 538, n° 93 ; VII, p. 512, n° 158. — Δομιτιανός Καϊσαρ Αύγουστος : Mionnet, suppl., IV, p. 405, w 289 ; V, p. 398, n° 412 et Suppl., IV, p. 406, n° 290. — Δομιτιανός Αύγουστος : Mionnet, Suppl., VI, p. 489, n° 1238.

[58] Elle le porte dans les Actes des frères Arvales dès le 1er octobre 81 : C.I. L., VI, 2060. Cf. Chronologie d’Eusèbe (édition Schône), p. 160, 161 : Domitiani uxor Augusta appellata, à l’année 2097 (1er octobre 80 - 30 septembre 81). On lit dans Suétone (Domitien, 3) : Domitiam, ex qua in secundo suo consulatus filium tulerat duxit, alteroque anno consalutavit Augustam (Il répudia sa femme Domitia, il en avait eu une fille pendant son second consulat, et, l'année suivante, il l'avait saluée du nom d'Augusta). Ce passage est certainement altéré ou inexact, puisque le second consulat de Domitien date de 73 et que Domitia ne reçut le titre d’Augusta qu’en 81. Mommsen (Staatsrecht, II, p. 821, n. 4) propose de lire : filium tulerat, alterumque imperii altero anno, consalutaverat ut Augustam. Mais rien n’indique que Domitien ait eu deux fils. — Domitia reçut le droit de battre monnaie en or, en argent et en bronze (voir Cohen, I, p. 535 et suiv.). Elle semble avoir eu une maison fort importante (voir C. I. L., VI, 8570 ; IX, 3419, 3432, 3469, etc.).

[59] Dion Cassius, LXVII, 4. L’auteur dit dans le même passage que Domitien fut élu consul pour dix ans (en 84) et reçut la censure à vie (en 85).

[60] Dion Cassius, loc. cit. : στολή έπινίxιος. Cf. Mommsen, Staatsrecht, I, p. 417. — Polemius Silvius (édit. Mommsen, Chronica minora, p. 547) dit de Domitien que le premier parmi les empereurs il porta une chlamyde de pourpre, chlamyden biatteam. Il s’agit probablement aussi, dans ce passage, de la toge triomphale.

[61] Suétone, Domitien, 13. Dion Cassius, LXVII, 4. Martial, IX, 1 (vers écrits en 93-94 : voir Friedlænder, préface de l’édition de Martial, p. 61)

Dam Janus hiemes, Domitianus autumnos,

Augustus annis commodabit aestate,

dum grande famuli nomen asseret Rheni

Germanicarum magna lux kalendarum.

Stace, Silves, IV, 1, 42 (vers écrits en 95) :

……… nondum omnis honorem

Annus habet, cupiuntque decent tua nomine menses.

Inscription du musée de Florence (Dutschke, Antike Bildwerke in Oberitalien, III, p. 165, n° 327 : exces(sit) VIII k[al(endas)] Germ[anic(ae)] Saeniano et Blaeso co(n)s(ulibus) <c’est ainsi probablement qu’il faut lire>. Cette inscription est de 89. — Voir encore Plutarque, Numa, XIX, 6 ; Macrobe, I, 12, 36 ; Pline ; Panég., 54 : Eusèbe, Chronologie, p. 160, 161 (édition Sckône).

On trouve dans les auteurs des indications diverses sur la date du changement du nom des deux mois. Selon Suétone, il eut lieu : post duos triumphos (c’est-à-dire après 89), Germanici cognomino adsumpto. Mais ce passage contient une erreur, car Domitien s’appela Germanicus dès la fin de 83, après son premier triomphe (voir chap. VI). Dans la Chronologie d’Eusèbe, le changement du nom des deux mois est indiqué en 2102 (version arménienne, c’est-à-dire du 1er octobre 85 au 30 septembre 86 (ou en 2103 (version de saint Jérôme) ; cf. Chronique pascale, I, p. 466, qui l’indique en 86. Dion Cassius (LXVII, 4) place le changement de nom du mois d’octobre après la premier triomphe cette (en 83). II ne parle pas du mois de septembre. — Quant aux inscriptions, elles nous apprennent qu’on 87 le mois de septembre portait encore son ancien nom (C. I. L., VI, 2065 ; cf., pour 84 et 85, Ephem. epigr., V. p. 93 et C. I. L., III, p. 855) et qu’en 89 il s’appelait Germanicus (inscription du musée de Florence citée plus haut). Pour le mois d’octobre, on sait seulement qu’il portait encore son ancien nom en 87 (C. I. L., VI, 2065). — Après le meurtre de Domitien, les mois de septembre et d’octobre reprirent leurs anciens noms (Plutarque, Numa, XIX, 6. Macrobe, I, 12, 37).

[62] Pline, Panég., 54. certamen adulationum (non pour disputer entre nous de flatterie) ; 55 : novitas omnis adulations consumpta (l'adulation a tari depuis longtemps les sources de la nouveauté). Cf. 2 et 72.

[63] Pline, Panég., 52 (début) et 54. Suétone, Domitien, 13.

[64] Pline, Panég., 52 (allusion aux nombreux sacrifices que l’on faisait alors au génie de l’empereur).

[65] Voici quelle fut la formule de ces vœux (C. I. L., VI, 2064) : Iuppiter O(ptime) M(axime) Capitoline, si Imp(erator) Caesar, Divi Vespasiani f(ilius), Domitianus Aug(ustus) Germanic(us), pontifex maximus, trib(unicia) pot(estate), censor perpetuus, pater patriae, ex cuiue incolumitate omnium salus constat, quem nos sentimus dicere, vivet domusque eius incolumis erit a(nte) d(iem) XI k(alendas) Februar(ias), quae proximae populo Romano Quiritibus, rei publicae populi Romani Quiritium erunt, et eum diem eumque salvum servaveris ex periculis, si qua sunt eruntve ante eum diem, eventumque bonum ita, uti nos sentimus dicere, dederis, eumque in eo statu quo nunc [est], aut eo meliore servaveris, custodierisque aeternitate[m] imperii, quod [susci]piendo ampliavit, ut voti compotem rem publicam saepe facias, ast tu ea ita faxis, tum tibi bove auraio vovemus esse futurum. — Pline, Panég., 67 : a Nuncupare vota et pro aeternitate imperii et pro salute principum, immo pro salute principum ac propter illos pro aeternitate imperii solebamus (Nous prononcions des vœux pour l'éternité de l'empire et pour le salut des princes — je me trompe, pour le salut des princes, et, à cause d'eux, pour l'éternité de l'empire).

[66] Voir Henzen, Acta fratrum Arvalium, p. 109 et suiv.

[67] C. I. L., VI, 2065. Cette cérémonie dut être importante, puisque Domitien lui-même y assista.

[68] Silius Italicus, Punica, III, 607 et suiv. Quintilien, Institution oratoire, IV, proœmium ; X, 1, 91 et 92. Pour Stace et Martial, il est inutile de citer les passages fort nombreux auxquels nous faisons allusion. — Tacite, Agricola, 43 : Caeca et corrupta mens [Domitiani] assiduis adulationibus erat ([Domitien] aveuglé et avili à force d'être adulé sans cesse).

[69] Pline, Panég., 54.

[70] Martial, VIII, 78. Voir aussi Stace, Silves, I, 2, 181 (mais le sens de ce vers peut être discuté).

[71] Dion Cassius, LXVII, 8.

[72] Suétone, Domitien, 13 ; cf. Pline, Panég., 52. Priscilla, femme d’Abascantus, secrétaire ab epistulis de Domitien, recommanda en mourant à son mari d’élever au Capitole une statue en or de l’empereur, du poids de cent livres (Stace, Silves, V, 1, 188) :

Da Capitolinis aeternam sadibus aurum

quo niteant sacri centeno pondere vultus

Caesaris ......

[73] C. I. L., X, 444.

[74] Voir encore C. I. L., VI, 541. — L’inscription C. I. L., X, 9757, qu’on a voulu rapporter à Domitien (voir Mommsen, Hermès, I, 1866, p. 155, note, et Wilmanns, Exempta inscriptionum latinarum, n° 149) est fort mutilée et l’on ne peut savoir avec certitude à quel empereur elle s’adresse. Il s’agit peut-être des deux petits-fils d’Auguste (voir Mommsen dans le Commentaire à l’Inscription, au Corpus).

[75] Voir Tacite, Annales, III, 55 ; Martial, V, 19 ; XII, 36 ; XIV, 122. — Friedlander, Sittengeschichte, I, 6e édit., p. 249-250.

[76] Sur le luxe de ses constructions, voir chapitre IV. — Suétone, Domitien, 9 : Omnis circa se largissime pressentes nihil prius aut acrius monuit, quam ne quid sordide facerent (Il traitait largement tous ceux de sa suite, et leur recommandait surtout d'éviter la ladrerie).

[77] Pline, Panég., 24 [à Trajan] : Non tu civium amplexus ad pedes tuos deprimis (On ne vous voit pas renvoyer à vos pieds les embrassements du citoyen humilié). Cf. Dion Cassius, LXVII,13 ; Épictète, Dissert., IV, 1, 17. Il n’alla cependant pas aussi loin à cet égard que Caligula (voir Friedlander, Sittengeschichte, I, p. 161). A son retour de Bretagne, Agricola, bien qu’accueilli très froidement par le prince, reçut de lui un baiser (Tacite, Agricola, 40).

[78] Pline, loc. cit. : Ante te principes fastidio nostri et quodam aequalitatis metu usent pedum amiserant : illos... umeri cervicesque servorum super ora nostra [vehebant] (Les autres princes, par dédain pour nous, … avaient perdu l'usage de leurs pieds. Des esclaves, les épaules courbées sous le faix, les portaient au-dessus de nos têtes). Cf. Panég., 22 ; Suétone, Domitien, 19.

[79] Tacite, Agricola, 39 : Id sibi maxime formidolosum, privati hominis nomen supra principes attolli (Il redoutait par dessus tout que le nom d'un simple particulier suscitât une admiration bien plus vive que son titre de prince).

[80] Ce fut sous son règne que les personnages suivants reçurent le consulat pour la seconde fois : en 83, Q. Petillius Refus (Klein, Fasti consulares, p. 47 ; il était fils de Petillius Cerialis, par conséquent parent des Flaviens) ; — en 90, M. Cocceius Nerva (Klein, p. 49) ; — L. Norbanus Appius Maximus (C. I. L., VI, 1347) ; — T. Aurelius Fulvus, (Capitolin, Vie d’Antonin, 1) ; — peut-être aussi Arrius Antoninus (Capitolin, loc. cit. ; Pline, Lettres, IV, 3, 1). — Rutilius Gallicus et M. Arrecinus Clemens purent être consuls pour la seconde fois sous Vespasien ou Titus (voir Nohl dans Friedlander, Sittengeschicte, III, p. 482 ; C. I. L., XII, 3637). T. Flavius Sabinus fut désigné à un second consulat sous Domitien (voir Suétone, Domitien, 10) ; son premier consulat date de 82 (Klein, p. 47).

C. Vibius Crispus et A. Didius Gallus Fabricius Veiento furent consuls pour la troisième fois sous Domitien. Voir le scoliaste de Juvénal (IV, 94), citant des vers de Stace sur la guerre faite par Domitien contre les Cattes en 83 :

Lumina Nestorei mitis prudentia Crispi

et Fabius Veiento ; potentem signet utrumque

purpura : ter memores implerunt nomine fastos.

Inscription publiée dans le Korrespondenzblatt der Westdeutschen Zeitschrift, III, 1884, p. 86 : A. Didius Gallus [F]abricius Veiento, co(n)s(ul) III. Le troisième consulat de ces deux personnages semble devoir être placé en 83 (voir plus loin).

[81] Dion Cassius, LXVII, 6. Pline, Panég., 56.

[82] Pline dit dans son Panégyrique, 69 : Tandem orgo nobilitas non obscuratur, sed inlustratur a principe ; tandem illos ingentium virorum nepotes, illos posteros libertatis nec terret Caesar, nec pavet (Le temps est donc venu où la noblesse, au lieu d'être éclipsée par le prince, reçoit de lui un nouvel éclat! Enfin ces descendants des héros, ces derniers fils de la liberté, César ne les effraye ni ne les redoute). Il s’agit de dispenses d’âge et d’intervalle dans la gestion des magistratures.

[83] Voir à ce sujet Friedlander, Sittengeschichte, I, 6e édit., p. 442 et suiv.

[84] Voir Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édition, p. 760. — Pline, Panég., 45 [à Trajan] : Scis ut sent diversa natura dominatio et principales, ita non aliis esse principem grationem, quam qui maxime dominum graventur (Vous savez que si la nature a mis entre un maître et un prince une différence profonde, le gouvernement d'un prince n'agrée à personne plus qu'à ceux qui abhorrent davantage le pouvoir d'un maître). L’orateur oppose donc au princeps, premier citoyen de l’État, le dominus, maître absolu.

[85] Stace dit que dans une fête (probablement célébrée le 1er décembre 89, voir chapitre VI) où Domitien montra une grande libéralité, le peuple l’appela dominus et il ajoute : Hoc solum vetuit licore Caesar (Silves, I, 6, 84), Domitien suivait l’exemple d’Auguste (Suétone, Auguste, 53). — Plus tard, il se montra moins rigoureux à cet égard. Voir Suétone, Domitien, 13 : Acclamari etiam in amphitheatro epuli die libenter audivit : domino et dominae féliciter ! (Un jour de festin public, il fut très flatté que l'on criât dans l'amphithéâtre: Vive le maître et la maîtresse !)

[86] On trouve chez ces deux poètes les expressions : dominus terrarum (Martial, I, 4, 2 ; VII, 5, 5 ; Stace, Silves, III, 4, 20, etc.) ; dominus mundi (Martial, VIII, 32, 6) ; dominus, d’une manière absolue (Martial, II, 92, 4 ; IV, 28, 5 ; V, 2, 6 ; V, 5, 3 ; VI, 64, 14 ; VIII, préface ; VIII, 1, 1 ; VIII, 82, 2 ; IX, 20, 2 ; IX, 24, 6 ; IX, 84, 2 ; Stace, Silves, préface du livre IV ; IV, 2, 25 ; V, 1, 42, 74, 94, 112, 261). Cf. Pline, Panég., 2, 52, 55, 88 ; Dion Chrysostome, Discours, I, p. 5, édition Dindorf ; Juvénal, IV, 96. — Stace (Silves, IV, 1, 46) nomme Domitien rex. C’est le seul exemple que l’on trouve de cette appellation qu’évitaient les empereurs : peut être faut-il lire, comme le propose Markland, dux. Martial (XII, 15, 5) qualifie aussi Domitien de rex, mais après sa mort (cf. Livre des spectacles, II, 3, et l’observation de Friedlander dans son édition à cet endroit).

[87] C. I. L., X, 444, ligne 21 : optum[i] principes et domini. On doit remarquer que l’inscription fut gravée par les soins de L. Domitius Phaon qui était sans doute le fils d’un affranchi de l’impératrice Domitia ou de son père Cn. Domitius Corbulo. — C. I. L., VI, 23454 : Olympus, domin(i) Domitiani Aug(usti) servus vern(a), Rom(ae) natus. Il s’agit, comme on le voit, d’un esclave de Domitien. — Il faut ajouter trois inscriptions grecques d’Égypte, C. I. G., 5042, 5044 (dédiées toutes deux par des soldats d’une cohorte auxiliaire) ; et addit.. 4716 d, 10. On y lit Δομιτιανοΰ τοΰ xυρίου.

[88] Zonaras, XI, 19, p. 500, édit. Pinder : ήδη γαρ xαί θεός ήξίου νομίζεσύαι. Pline, Panég., 49 : divinitas sua ; cf. 33. Voir encore Suidas, sub verbo Δομετιανός et Cédrenus, I, p. 429, édit. Bekker.

[89] C. I. L., V, 2829. Monnaies dans Cohen, I, p. 426 et suiv. Stace, I, 1, 98. II s’agit bien dans ces textes de la fille et non de la femme de Vespasien : voir Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 822, n. 1.

[90] Dion Cassius, LXVII, 2. Suétone, Domitien, 2. Cohen, I, p. 461, 462, 468. C. I. L., VI, 945, etc. D’après Suétone (Titus, II), il semblerait que Titus fut divinisé dès le lendemain de sa mort. Cependant, le 1er octobre 81, le nom de Divus ne lui est pas donné : Juliae, T(iti) imp(eratoris) f(illae), Aug(ustae) (C. I. L., VI, 2060). — Après la mort de Titus, le Sénat lui éleva un arc de triomphe qui existe encore, son culte fut célébré dans le temple de Vespasien ; des monnaies portant son nom furent frappées.

[91] Pour Julia Augusta, voir chapitre VII. — Des monnaies donnent au fils de Domitien le nom de Divus Caesar ; voir Cohen, I. p. 535 et suiv.

[92] Stace, Silves, I, 1, 95 :

...tua turba relicto

labetur caelo, misoebitque oscula juxta :

ibit in amplexas natus fraterque paterque,

et soror.

Silius Italicus, Punica, III, 626 :

...tarda senectam

hospitia excipient caeli, solisque Quirinus

concedet, mediumqué pater fraterque lecabunt

siderei juxta radiabunt tempora nati

Martial dit de Domitien (IX, 101, 22) :

[dedit] astra suis, caelo sidera.

Cf. Stace, Silves, I, 1, 74 ; IV, 3, 139. Pline, Panég., 11, parle des princes divinitate parentum desides et superbos. C’est évidemment une allusion à Domitien. Cf. même chapitre : dicavit caelo... Domitianus Titum... ut dei frater videretur.

[93] Sur les sodales (on trouve aussi l’expression sacerdotes) Flaviales, appelés, depuis la consécration de Titus, Flaviales Titiales, voir Bourlier, Essai sur la culte rendu aux empereurs romains, p. 87-88. Après la consécration de Titus, on les appela aussi, par abréviation, soit Titiales, soit Flaviales. Il ne faudrait pas croire, d’après cette inscription (Korrespondenzblaït der Westdeutschen Zeitachrift, III, 1884, p. 86) : A. Didius Gallus [F]abricius Veiento, co(n)s(ul) III, XV vir sacris faciend(is), sodatis Augustat(is), sod(alis) Flavialis, sod(alis) Titialis, etc., qu’il y ait eu, pendant un temps, deux collèges : un des Flaviales, un autre des Titiales. Veiento a dû être nommé, après la consécration de Vespasien en 79, sodalis Flavialis ; puis, après la consécration de Titus, sodalis Flavialis Titialis. La répétition de sodalis est incorrecte, mais elle s’explique, dans une certaine mesure, par le fait que Veiento ne fut pas nommé d’un coup sodalis Flavialis Titialis. — Suétone, Domitien, 4 : adsidentibus Diali sacerdote et collegio Flavialium (Il était assisté du flamine de Jupiter et du collège des prêtres Flaviens). v C. I. L., XI, 1430 G. Bellicus Natalis Tebanianus co(n)s(ul), XV vir Flavialium, inscription dans laquelle il me semble difficile de rapporter XV vir à autre chose qu’à Flavialium. Ce personnage fut consul en 87 (Klein, Fasti consulares, p. 48).

[94] Voir chap. IV.

[95] Pline le Jeune, Panég., 52.

[96] Dion Cassius, LXVII,12.

[97] Martial, XIII, 74, 2 ; IV, 1, 10 ; V, 3, 6 ; V, 5, 2 ; VII, 5, 3 ; VII, 8, 2 ; VII, 40, 2 ; VII, 99, 8 ; VIII, 8, 6 ; VIII, 82, 3 ; IX, 28, 8. II avait déjà donné ce nom à Titus (Liber spectaculorum, 17, 4) : l’expression deus est du reste appliquée à l’empereur dès l’époque d’Auguste (voir Mommsen, Staatsrecht, II, p. 759, n. 3). Stace, Silves, I, 1, 62 ; IV, 3, 128 ; V, préface ; V, 1, 37 ; V, 2,170. — Martial, VIII, préface : caelesti verecundiao tuae ; V, 5, 7 : Capitolini caelestia carmina belli. Quintilien, Inst. orat., IV, proœmium, 2 : honorem judiciorum caelestium. Stace, Silves, III, 4, 53 : caelestes oculus. — Pline (Panég., 2) dit à Trajan, en faisant allusion à Domitien : Nusquam ut dao, nusquam ut numini blandiamur (Ne nous faisons point un dieu pour le flatter). Cf. Panég., 33.

[98] Martial, XIV, 1, 2 ; IV, 8, 12 ; V, 6, 9 ; VIII, 15, 2 ; IX, 28, 10 ; IX, 36, 2 ; IX, 86, 8. Stace, Silves, I, 6, 27 ; III, 4, 18. — Martial appelle souvent Domitien Tonans : VI, 10, 9 ; VII, 56, 4 ; VII, 99, 1 ; IX, 39, 1 ; IX, 65, 1 ; IX, 86, 7. Cf. Stace, Silves, IV, 4, 58.

[99] Stace, préface des livres II et III des Silves. Observons cependant que le prince qualifié de sanctissimus imp(erator) dans une inscription de Rome (C. I. L.,. VI, 3828) ne semble pas être Domitien, mais Vespasien divinisé (cf. Pline l’Ancien, Hist. nat., IV, 45). Le sacratissimus imp(erator) mentionné dans une autre inscription (C. I. L., III, 355) n’est pas Domitien, comme on l’a cru (voir Mommsen, Ephemeris epigraphica, IV, p. 502). — Quintilien, Inst. Orat., IV, proœmium, 3 : sanctissimus censor, Stace, préface du livre IV des Silves : sacratissimis epulis ; V, 1, 85 : sacra domo ; V,1, 111 : sacratos ante pedes domini ; V, 1, 187 : sacrum latus ; V, 2, 177 : sacer Germanicus, Martial, IV, 2, 4 : sancto cum duce ; IV, 30, 3 : sacris piscibus ; V, 6, 8 : sanctioris aulae ; VI, 76, 1 : sacri lateris ; VI, 91, 1 : sancta censura ; VII, 1, 4 : pectore sacro ; VIII, préface : majestatem sacri nominis tui.

[100] Monnaie de Temnos, en Éolie : Θεόν Δομιτιανόν αΰτοxράτορα (Mionnet, Supplément, VI, p. 42 : cf. Description, III, p. 28, n° 169).

[101] Bull. corr. hellén., XI, 1887, p. 164. — Sur une monnaie de Smyrne (Mionnet, III, p. 226, n° 1262), Domitia est qualifiée de Θεά.

[102] C. I. A., III, 1091. — Mais on sait que, dans cette partie de l’empire, on ne répugna jamais à diviniser les empereurs vivants (voir Bourlier, Essai sur le culte rendu aux empereurs romains, p. 52).

[103] Suétone, Domitien, 13. Les pulvinaria étaient, comme on le sait, des coussins sur lesquels étaient placées les images des dieux dans les occasions solennelles.

[104] Philostrate, Apollonius, VII, 24.

[105] Dans ce vers de Stace, Silves, I, 1, 105

Certus amos terras et quae tibi temple dicamus

ipse colas.

il s’agit peut-être d’un temple élevé au Génie de l’empereur, mais bien plutôt du temple de la famille flavienne (voir ch. IV).

[106] Suétone, Domitien, 13. — Zonaras, XI, 19, p. 500 : xαί δεσπότη xαλούμενος xαί θεός ύπερηγάλλετο ˙ ταΰτα ού μόνον έλέγετο, άλλά xαί έγράφετο. Dion Cassius, LSVII, 13. Dion Chrysostome, Discours 45, II, p. 118, édit. Dindorf. Paul Orose, VII, 10. Dans Martial, Domitien est qualifié pour la première fois de dominus et deus au livre V, 8, 1 (ce livre fut édité à la fin de l’année 89, voir chapitre V). Dans la suite, le poète employa assez fréquemment cette expression : VII, 34, 8 ; VIII, 2, 6 ; IX, 66, 3 ; cf. VIII, 82, 2 et 3 ; X. 72, 3. — Saint Jérôme (traduction de la Chronologie d’Eusèbe, p. 161, édition Schöne), dit que Domitien se fit appeler dominus et deus à partir de 2102 (1er octobre 85 - 30 septembre 86). Cette indication ne se trouve pas dans la version arménienne d’Eusèbe.

[107] Pline le Jeune, dont on connaît l’hostilité à l’égard de Domitien, se déclare contre l’hérédité du pouvoir impérial (Panég., 7).

[108] Monnaies de Smyrne portant l’inscription : Ούεσπασιανός νεώτερος (Eckhel, Doctrina numorum veterum, VI, p. 402 ; Cohen, I, p. 539). C’est au fils de Domitien qu’on doit vraisemblablement les rapporter : Mowat, Bulletin épigraphique, V, 1885, p. 236 ; en voir une reproduction dans Bernoulli, Römische Ikonographie, II, partie II, planches de monnaies II, n° 16. Il faut peut-être aussi lui attribuer des tessères de petit bronze, représentant un enfant aux cheveux bouclés, qu’on croit communément être Annius Véras, fils de Marc-Aurèle (voir Mowat, loc. cit.). — Il porta la cognomen de César (monnaies citées note suivante ; Martial, IV, 3, 8).

[109] Le Divus Caesar, Imp(eratoris) Domitiani f(ilius), apparaît sur les revers de plusieurs monnaies de Domitia (Cohen, I, p. 535 et suiv.). Domitien, nommé sur l’avers, ne porte pas le surnom de Germanicus. Cet enfant mourut donc, semble-t-il, avant la fin de 83. En tout cas, il ne vivait certaine-ment plus au mois de décembre 88 (voir Martial, IV, 3 et Friedlander, édition de Martial, préface, p. 55). Sur les monnaies de Domitia, son fils est représenté fort jeune (voir la reproduction d’une de ces monnaies dans Cohen, p. 535).

[110] Clemens était fils de T. Flavius Sabinus : Suétone, Domitien, 15, dit qu’il était cousin germain de l’empereur du côté paternel. Cf. Dion Cassius, LXVII, 14.

[111] Sur Domitilla et sur sa parenté avec Domitien, voir ch. X.

[112] Suétone, Domitien, 15.

[113] Quintilien, Inst. orat., IV, proœnem., 2.

[114] C. I. L., VI, 2065 (cf. 2067) :... [pr]o salute imp(eratoris) Caesaris, Divi Vespasiani f(ili), Domi[tiani Aug(usti) Germani]ci, pontif(icis) maximi et Domitiae Aug(ustae) [ceniugis eius et Iutia]e Aug(ustae) totique domui eorum. Voir, à ce sujet, Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 826, n. 2.

[115] Le 3 septembre 84, Domitien n’avait encore ni la censure, ni la puissance censoriale (voir le diplôme militaire publié dans l’Ephemeris epigraphica, V, p. 93). Le 5 septembre 85, il avait la censoria potestas (C. I. L., III, p. 855). Au commencement de 86, il est appelé censor perpetuus (le 22 janvier, voir C. I. L., VI, p. 2064 ; le 17 février, voir C. I. L., III, p. 856 ; le 13 mai, voir C. I. L., III, p. 857). Voilà ce que nous apprennent les inscriptions. — Quant aux monnaies, les premières qui indiquent la puissance censoriale remontent à 85, car celle de 84 que cite Eckhel, Doctrina numorum veterum, VI, p. 379, semble avoir été mal lue. Cette indication ne se trouve pas sur neuf monnaies (Cohen, Domitien, 360-368) portant la titulature suivante : tr. pot. IIII (13 septembre 84 -12 septembre 85), imp. VIII, cos. XI (à partir du 1er janvier 85). La censoria potestas est au contraire mentionnée sur une monnaie où on lit la même titulature (Cohen, Domitien, 176) et sur toutes celles où Domitien est qualifié tr. pot. IIII, imp. IX, (il était certainement imp. IX le 5 septembre, voir diplôme cité), cos. XI ; elles sont au nombre de six (Cohen, Domitien, 178-183 ; cf. encore 24 et 28). Par conséquent, cet empereur reçut la censoria potestas quelque temps après le 1er janvier et quelque temps avant le 14 septembre. — Sur neuf monnaies frappées certainement en 85, Domitien est appelé cens(or) per(petuus) (Cohen, Domitien, 13, 18, 119, 308, 419, 431, 470, 509, 642) ; peut-être reçut-il ce titre aux seconds comices de l’année, vers le mois d’octobre (voir Chambalu, De magistratibus Flaviorum, p. 19). Cependant les mots cens(oria) pot(estate) se lisent encore sur une monnaie de 86 (Cohen, Domitien, 198, musée de Vienne) : mais elle a été peut-être mal lue. — Domitien semble être entré en fonctions immédiatement après avoir été élu, comme les censeurs de la république (Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 341), car sur aucun monument il n’est, comme Vespasien et Claude (Mommsen, Staatsrecht, I, p. 579, ne 1 ; C. I. L., XI, 3605 ; C. I. L., II, 5217), qualifié de censor designatus. — La création du bureau impérial a censibus ne doit pas, comme l’a cru Hirschfeld (Verwaltungsgeschichte, p. 17 et suiv.) être mise en relation avec la censure de Domitien (voir Mommsen, Staatsrecht, III, p. 490).

[116] Voir Bloch, De decretis functorum magistratuum ornamentis, p. 88, 105. Mommsen, Staatsrecht, II, p. 944.

[117] L’allectio inter quaestorios était cependant très rare.

[118] Panég., 69 [à Trajan] : Nec ideo segnius iuvenes nostros exhortatus es senatum circumirent, senatui supplicarent, atque ita a principe sperarent honores si a senatu petissent (Vous n'en fîtes pas moins à nos jeunes nobles une vive exhortation d'implorer l'appui des sénateurs, de solliciter leurs suffrages, de n'espérer du prince que les honneurs qu'ils auraient demandés au sénat). Là, comme partout ailleurs, Pline peut opposer la conduite de Trajan à celle de Domitien.

[119] On ne connaît qu’un sénatus-consulte du temps de Domitien qui soit relatif au droit civil (Galus, au Digeste, XL, 16, 1).

[120] Pline, Lettres, VIII, 14, 8 : Cum senatus... ad otium summum... vocaretur et... ludibrio... retentus nunquam seria... censeret. Cf. VIII, 14, 2 et 3 ; Panég., 66. Tacite, Agricola, 3.

[121] Pline, Panég., 54 : De ampliando numero gladiatorum aut de instituendo collegio fabrum consulebamur (Il s'agissait d'augmenter le nombre des gladiateurs, ou d'instituer un collége d'artisans).

[122] Pline, loc. cit.

[123] Frontin, De Aquaeductibus, 118 : Quem reditum... in Domitiani loculos couversum justitia Divi Nervae populo restituit.

[124] Hirschfold, Verwallungsgeschichte, p. 164.

[125] Voir chapitre V.

[126] C. I. L., V, 875 : proc(uratori) provinciae Asiae, quam mandatu principes vice defuncti proco(n)s(ulis) rexit... Ce personnage reçut des récompenses militaires sous Vespasien, alors qu’il était préfet d’une aile Après sa procuratèle d’Asie, il exerça trois autres fonctions qui sont indiquées dans l’inscription, gravée en 105. La procuratèle d’Asie se place donc sous Domitien : voir à ce sujet Waddington, Fastes des provinces asiatiques, n° 105.

[127] Vers la fin du règne de Vespasien, la Bithynie fut gouvernée aussi par un procurateur impérial (Eckel, II, p. 404 ; Mionnet, Description, II, p. 408, n° 1 ; C. I. L., III, 6993), mais il semble que cette province ait alors cessé pour quelque temps d’être sénatoriale ; voir Hirschfeld, Sitzungsberichie der hôniglich-preussischen Akademie der Wissenachaften, 1889, I, p. 420 et 428.

[128] Stace, Silves, III, 3, 90.

[129] C. I. L., VI, 8510 : Hermas, Aug(usti) tib(erto), a cubiculo Domitiae Aug(ustae), Fortunatus f(ilius), proc(urator) fisc(i) Asiatici, patri piissimo et indulgentissimo.

[130] Voir Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 13 et suiv. ; cf. 132-133. Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 1006.

[131] Suétone, Domitien, 8 : Magistratibus quoque urbicis, provinciarumque praesidibus coercendis tantum curas adhibuit ut neque moderatiores umquam neque iustiores extiterint (Il s'appliqua tellement à retenir dans leur devoir les magistrats de Rome et des provinces, que jamais ils ne furent ni plus modérés, ni plus justes).

[132] Voir plus loin.

[133] Pline, Panég., 93 [à Trajan] : Super omnia... praedicandum videtur quod pateris consules esse quos fecisti. Quippe nullum periculum, nullus ex principe motus consoleras animos dobilitat et frangit : nihil invitis audiendum, nihil coactis decernendum erit (Vous permettez à ceux que vous faites consuls d'être consuls en effet. Aucun danger ne les menace, et la crainte du prince ne vient point affaiblir et abattre en eux les sentiments consulaires).

[134] Pline, Panég., 63. D’ailleurs, avant Trajan, la plupart des empereurs s’abstenaient d’y paraître.

[135] Pline, Panég., 76 : [Imperator]... se recipiebat in principem, omniaque consularia officia abjicere, neglegere, contemnere solebat ([L'empereur]... se réfugiait dans son rang de prince, éloignant de sa pensée, négligeant, méprisant tous les devoirs consulaires).

[136] Pline, Panég., 65.

[137] Asbach, Bonnische Jahrbücher, LXXIX. 1885. p. 134.

[138] C’est là une hypothèse d’Asbach (loc. cit., p. 135), qui s’appuie sur les vers de Stace cités plus haut. Ces vers prouvent que Vibius Crispus et Fabricius Veiento étaient consuls en 83, année de la guerre celtique et probablement à l’époque où se tint le conseil impérial dans lequel la guerre fut décidée, c’est-à-dire vers le commencement de l’année. Il n’est d’ailleurs guère possible de supposer que des personnages de l’importance de Crispus et de Veiento, qui furent alors consuls pour la troisième fois, aient pu exercer cette charge plus tard que dans le second nundinum de l’année. Leur consulat date donc probablement des mois de mars-avril 83.

[139] Klein, Fasti consulares, p. 47.

[140] Ephemeris epigr., V, p. 612. — C. Scoedius Natta Pinarianus et T. Tettienus Serenus sont indiqués par Klein (loc. cit.) comme ayant été consuls le 18 juillet 83, mais cela n’est pas certain ; voir Mommsen, Ephem. epigr., V, p. 615.

[141] Peut-être la courte durée des consulats sous Titus et au début du règne de Domitien peut-elle s’expliquer par ce fait qu’en 73-74 Vespasien et Titus firent de nombreuses allections inter praetorios, ce qui augmenta le nombre des personnages éligibles au consulat.

[142] Voir Klein, Fasti consutares, aux années 86, 87, 89, 91 et 92. Henzen, Ephem. epigr., I, p. 193-194. L’année 88 ne semble pas avoir fait exception. Les consuls ordinaires de cette année-là furent Domitien, que suppléa bientôt Plotius Grypus, probablement dés le 13 janvier, selon l’usage, et L. Minicius Rufus. Rufus et Grypus sortirent probablement de charge le 30 avril : du moins, rien n’empêche de l’admettre ; voir, à ce sujet, Mommsen, Mittheilungen des archeologischen Instituts, Römische Abtheilung, IV, 1889, p. 172-173.

[143] Dion Cassius, LXVII, 2. — Il s’agit ici de la juridiction criminelle du prince (Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 961).

[144] Suétone, Domitien, 9. — M. Mommsen (Staatsrecht, III, p. 895, n. 1) expliqua cet acte de Domitien en faisant observer que de telles libéralités, usitées dans les municipes, ne convenaient pas à la dignité du Sénat.

[145] Suétone, Claude, 24. Tacite, Annales, XII, V.

[146] Tacite, Annales, XIII, 5.

[147] Suétone, Domitien, 4. Voir, à ce sujet, Mommsen, C. I. L., I, p. 407 ; Staatsrecht, II, p. 534 ; Hirschfeld, Verwattungsgeschichte, p. 176.

[148] Voir chapitre III.

[149] En 69, Licinius Proculus, préfet du prétoire, prit une part très importante à l’expédition d’Othon dans la haute Italie (Tacite, Histoires, I, 87 ; II, 33), mais le commandement nominal de l’armée appartenait à trois sénateurs : Suetonius Paullinus, Marius Celsus et Annius Gallus (Histoires, I, 87).

[150] A ces affranchis il faut joindre l’archimime Latinus, familier du prince (Martial, IX, 28 ; Suétone, Domitien, 15), et redouté à cause de son influence sur lui (Scolies de Juvénal, IV, 53. Cf. Juvénal, Satires, I, 36) : — Suétone (Domitien, 4) dit que Domitien s’entretenait souvent d’affaires sérieuses avec un nain : ce n’était certainement qu’un bouffon qui avait son franc-parler (Cf. Friedlander, Sittengeschichte, I, 8e édit., p. 152).

[151] Martial (IV, 78) parle d’un intrigant que, dix fois par jour, on voit sur la route du Palatin, et qui n’a sur les lèvres que les noms de Sigerius et de Parthenius, chambellans du prince. Voir aussi ce que Juvénal dit sur le pantomime Paris, qui fut l’amant de l’impératrice Domitia (Satire VII, 87 et suiv.).

[152] Stace, V, préface : Praeterca latus omne divinae domus semper demereri pro mea mediocritato connitor, nam qui bona fide Deos colit amat et sacerdotes. — Martial, IX, 79 ; pièces de vers adressées au chambellan Parthenius : IV, 45 ; V, 6 ; VIII, 28 ; IX, 49 ; à Sextus, a studiis de Domitien : V, 5 ; à Entolius, a libellis : VIII, 68 ; à Euphemus, intendant de la table impériale : IV, 8. Parfois il les prie de lui servir d’intermédiaires pour obtenir quelque faveur du prince. — Il flatte aussi Latinus (IX, 28 ; XIII, 2, 3).

[153] Pline (Panég., 88) exagère beaucoup s’il fait allusion à Domitien dans cette phrase : Plerique principes, eum essent civium domini, libertorum erant servi : horum consiliis, horum nutu regebantur ; per hos audiebant, per hos loquebantur, per hos praeturae etiam et sacerdotia, immo et ab his petebantur (La plupart des princes étaient à la fois les maîtres des citoyens et les esclaves de leurs affranchis : ils se gouvernaient par les conseils, par les caprices de ces hommes ; ils n'entendaient, ne parlaient que par eux ; c'était par leur entremise, ou plutôt c'était à eux que l'on demandait les prétures, les sacerdoces, les consulats).

[154] Tacite, Agricola, 45. Cf. Hist., I, 2.

[155] Dion Cassius, LXVII, 4. Il s’agit peut-être d’un parent de l’empereur, et par conséquent aussi de Julie, du nom de Flavius Ursus (Voir Friedlander, Sittengeschichte, III, 61 édit., p. 485).

[156] Outre les faits cités plus loin, il faut observer que le ludus Magnus et le ludus matutinus reçurent chacun, à partir de Domitien, un procurateur de l’ordre équestre. Voir Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 179.

[157] Suétone, Domitien, 8. Martial, III, 95, 10 ; V, 8, 14, 23, 25, 27, 35, 38, 41 ; VI, 9.

[158] Sur le conseil du prince sous Domitien et sur les amis de cet empereur, voir Cuq, Le Conseil du prince, Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. IX (2e partie), 1884, p. 322 et suiv. ; Borghesi, Œuvres, V, p. 513 et suiv. ; Friedlander, Sitiengeschichte, I, 6e édit., p. 213 et suiv.

[159] On connaît la quatrième satire de Juvénal. Le poète y montre les conseillers du prince délibérant gravement sur la façon d’accommoder un turbot, et il a soin de dire (vers 35) : res vera agitur. Il ne faut pas en conclure que le conseil du prince eut un rôle ridicule sous Domitien. Un supposant que le fait soit vrai, Domitien put, sans offenser des amis avec lesquels il avait tous les jours des relations intimes (cf. Suétone, Vespasien, 21), leur montrer un poisson d’une grandeur extraordinaire qu’on venait d’apporter à Albano : les Romains aimaient fort ces curiosités (voir Friedlander, Sitiengeschichte, I, p. 45 et suiv.). — L’importance des conseillers du prince est indiquée par des auteurs de cette époque. Tacite, Hist., IV, 7 : nullum maius boni imperii instrumentum quam bonos amicos esse (Il n'était pas, pour un pouvoir ami du bien, de plus grand trésor que des amis vertueux). Dion Chrysostome, Discours III, 1, p. 58, édit. Dindorf ; voir aussi Discours I, p. 7. Cf. Pline, Panég., 85.

[160] Lampride, Alexandre Sévère, 65 [citant Marius Maximus] : id quidem ab Homullo ipsi Trajano dictum est, cam ille diceret Domitianum possimum fuisse ; amicos autom bonos habuisse (Et c’est la pensée d’Homulus quand il disait à Trajan lui-même que Domitien fut bien mauvais, mais que du moins il eut des amis vertueux). Il se montra, au moins au début du règne, bienveillant pour eux. Suétone, Domitien, 9 : Omnes circa se largissime prosecutus (Il traitait largement tous ceux de sa suite). Ces mots s’appliquent aussi bien aux amis du prince qu’à ses affranchis.

[161] Suétone, Titus, 7 : Amicos elegit [Titus], quibus etiam post eum principes, ut et sibi et reipublicae necessariis adquieverunt, praeciquoque sunt usi ([Titus] choisit des amis d'un tel mérite que ses successeurs les conservèrent pour eux comme les meilleurs soutiens de l'État). — Il ne faut donc pas trop croire Dion Cassius quand il dit (LXVII, 2) que Domitien traita fort mal les amis de son père et de son frère.

[162] Juvénal, IV, 77.

[163] Juvénal, IV, 78 : optimus atque interpres legam sanctissimus (on eut en lui d’ailleurs le meilleur et le plus intègre) et le scoliaste. Digeste, I, 2, 2, 53.

[164] Institutes, II, 23, 5. Digeste, loc. cit. Juvénal, loc. cit., et le scoliaste.

[165] Juvénal, IV, 81. Sur son prénom, voir C. I. A., III, 619.

[166] Juvénal, IV, 82. Tacite, Dialogue des Orateurs, 8 et 13 ; Hist., II, 10 ; IV, 41 et 42. Quintilien, Inst. orat., II, 1, 119. Suétone, Domitien, 3. Martial, IV, 54, 7. Dion Cassius, LXV, 2. Pour son troisième consulat, voir plus haut.

[167] Suétone, Domitien, 11.

[168] Sur lui, voir Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 222-223.

[169] Martial, I, 78, 10. CL Friedlander, Sittengeschichte, I, 6e édit., p. 214.

[170] Sur lui, voir Pallu de Lessert, Recueil de la Société archéologique de Constantine, XXV, 1888 ; p. 25-28.

[171] Josèphe, Bellum judaicum, VII, 4, 3.

[172] Ces personnages sont cités par Juvénal, satire IV, vers 94 et suiv. Voir Borghesi, IV, p. 520 et suiv. Pour M’Acillus Glabrio le fils, voir plus loin, chap. X ; pour Messalinus et Veiento, chap. VIII.

[173] Martial, IX, 31. Cf. notre appendice II, à la province de Bithynie.

[174] Veiento fut trois fois consul : voir plus haut.

[175] C. I. L., IX, 5426.

[176] Juvénal, IV, 168, 111 et suiv. Sur ces deux personnages, voir plus loin.

[177] Certains personnages, comme le préfet de la ville et les préfets du prétoire semblent avoir fait partie ordinairement du conseil (voir Cuq, p. 356 et suiv.). Mais c’était une faveur justifiée par leurs connaissances administratives, non un droit. — Ceux que l’empereur appelait à son conseil pouvaient à son gré jouir de cet honneur pendant fort longtemps ou quelques jours à peine ; ils l’assistaient seulement dans sa juridiction (Pline, Lettres, IV, 22 ; VI, 22 et 31), ou lui donnaient leur avis sur les affaires générales de l’empire.

[178] Voir la satire IV de Juvénal, en tenant compte des exagérations du poète. Pline le Jeune, Panég., 85 : Quae poterat esse inter eos amicitia, quorum sibi alii domini, alii servi videbantur ? (pouvait-elle [l'amitié] exister réellement entre des hommes dont les uns se croyaient maîtres, et les autres esclaves ?)

[179] Voir Borghesi, Œuvres, IX, p. 269 et suiv. Sur Rutilius Gallicus, Friedlander, Sittemgeschichte, III, 6e édit., p. 479 et suiv.

[180] Il fut préfet au début du règne. Juvénal le fait figurer dans le conseil du turbot, auquel prit part aussi Cornelius Fuscus, qui périt probablement en 86.

[181] Voir Stace, Silves, I, 4. Juvénal, XIII, 157 et suiv. C. I. L., V. 6988, 6989. Notizie degli Scavi, 1882, p. 411. — La Silve de Stace fut composée peu après les jeux séculaires (vers 17 et 96) qui eurent lieu dans l’été de 88 et peu après l’élévation de Rutilius à la préfecture (voir le vers 90). En 92 Il était mort, car il fut remplacé, comme sodalis Augustalis, par Tettius Serenus (C. I. L., VI, 1984).

[182] Capitolin, Vie d’Antonin, 1. Il fut préfet à la fin du règne de Domitien. Voir Borghesi, IX, p. 276. Son premier consulat date de 85, son second peut-être de 89 : voir Lacour-Gayet, Antonin le Pieux et son temps, p. 451.

[183] Marquardt, Römische Staatsverwaltung, II, 2e édit., p. 482-483.

[184] Stace, loc. cit., vers 9, 16.

[185] Vers 10 :

inque sinum quae saepe tuum fora turbida questu

confugiunt...

Vers 43 :

. . . . . . tristes invitum audire catenas,

parcere verberibus, nec qua jubet alta potestas

ire, sed armatas multum sibi demere vires,

dignarique manus humiles et verba precantum.

Cf. Juvénal, XIII, 157. Voir à ce sujet Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 1063-1064.

[186] Il y a peut-être une allusion à cette juridiction civile dans le vers 47 : reddere jura foro, nec proturbare curules. Voir Mommsen, loc. cit., p. 1065.

[187] Vers 11 :

. . . . . . leges urbesque ubicumque togatas

quae tua longinquis implorant jura querelis.

Bährens, dans son édition, écrit : reges et locatae, conjectures inadmissibles. Sur ce passage, voir Mommsen, Staatsrecht, II, p. 1076.

[188] Rutilius Gallicus s’était fait connaître comme avocat (Stace, loc. cit., vers 24 et 71).

[189] Stace, vers 47.

[190] Scoliaste de Juvénal, IV, 77 : Pegasus filius trierarchi.

[191] Stace, loc. cit., vers 68 et suiv.

[192] Stace, vers 58. C. I. L., V, 6988 et suiv.

[193] Capitolin, Vie d’Antonin, 1.

[194] De magistratibus populi Romani, I4 19, p. 185, édition Bekker. Cf. I, 49, p. 161. — Il n’y a pas de raison suffisante pour voir, comme le fait Borghesi (Œuvres, III, p. 330 ; V, p. 517 et suiv. ; IX, p. 271), une indication du même genre dans un passage de Juvénal (IV, 78). Il parle de la servilité de Pegasus, et ajoute :

Anno aliud tunc praetecti ? quorum optimum [Pegasus] atque

interpres legum sanctissimus, etc.

Tunc semble signifier ici à l’époque de Domitien et non au moment où le conseil du turbot fut tenu.

[195] Cf. Lampride, Vie d’Élagabal, 20 : [Elagabale] voluit et per singulas urbis regiones praefectos urbis facere et fecisset si vixisset ([Élagabal] avait le projet d’établir dans chaque ville, en qualité de préfets, de ces gens qui font métier de corrompre la jeunesse). Alexandre Sévère (Lampride, Vie d’Alexandre Sévère, 33) institua une commission de quatorze consulaires auprès du préfet de la ville, pour l’assister dans l’administration de Rome. Cette mesure se rattache à la restauration temporaire du Sénat sous cet empereur.

[196] En tout cas, cette institution n’aurait pas survécu à Domitien.

[197] Sur les préfets du prétoire à l’époque de Domitien, voir Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 223-224.

[198] Cornelius Fuscus était d’une haute naissance, mais il avait renoncé à la carrière sénatoriale (Tacite, Hist., II, 86).

[199] Selon Borghesi, Œuvres, V, p. 513 et suiv. (cf. Mispoulet, Revue de philologie, XIII, 1889 ; p. 38), Crispinus, Égyptien d’origine (Martial, VII, 99, 2 ; Juvénal, 1, 26 ; IV, 24, et scoliaste à 1, 26 et à IV, 1) fat préfet du prétoire en même temps que Cornelius Fuscus. Juvénal (IV, 32) l’appelle princeps equitum, et le scoliaste (à IV, 1) magister equitum. D’autre part, Cornelius Fuscus et lui sont les seuls personnages n’appartenant pas au Sénat (les Égyptiens ne pouvaient pas être sénateurs) qui prennent part au conseil du turbot. — Cependant l’épigramme VII, 99 de Martial semblerait indiquer que Crispinus était plutôt un secrétaire de Domitien qu’un préfet du prétoire. Ni Martial (VIII, 48) ; ni Juvénal (I, 27 ; IV, 31) n’indiquent, comme l’a cru Borghesi, que ce personnage ait porté le costume des préfets du prétoire. Voir à ce sujet Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 223.

[200] Cornelius Fuscus et Crispinus (?), — Norbanus et T. Petronius Secundus, lors de la mort de Domitien (Dion Cassius, LXVII, 15).

[201] L. [c’était probablement son prénom : voir C. I. L., III, 6976] Casperius Aelienus, préfet vers 94 (Philostrate, Vie d’Apollonius de Tyane, VII, 16), ne l’était certainement plus en 96, lors de la mort de Domitien (voir note précédente).

[202] Dion Cassius, LXVII, 14. L’auteur fait probablement allusion aux deux prédécesseurs inconnus de Norbanus et Petronius.

[203] Laurentius Lydus (De magisratibus, II, 19, p. 184) dit que les préfets du prétoire avaient pour insignes, jusqu’au règne de Domitien, des vexilla, des haches, des faisceaux comme les anciens magistri equitum, mais que Domitien, lorsqu’il appela Fuscus à la préfecture, supprima tous ces honneurs. — Cette indication doit être inexacte, car il est fort improbable que les préfets du prétoire aient eu droit sous l’empire à des faisceaux et à des haches (voir Mommsen, Staatsrecht, I, 3e édit., p. 389), sauf peut-être au temps de Vespasien, sous lequel la préfecture fut confiée à des personnages de rang sénatorial. Domitien, rendant la préfecture du prétoire à des chevaliers (nous ne savons si pendant le court règne de Titus cette fonction ne fut pas occupée encore par des sénateurs), aurait naturellement supprimé ce privilège. — S’il faut en croire le même Lydus (De Mag., III, 23, p. 216), le cornicularius ou adjudant du préfet du prétoire aurait acquis une plus grande importance à partir de Domitien.

[204] Voir chapitre VI.

[205] Voir la liste de ces secrétaires dans Friedlander, Sittengeschichte, I, 6e édit., p. 153 et suiv., 158, 163. Pour les secrétaires ab epistulis, voir Bloch, dans le Dictionnaire des antiquités de Daremberg et Saglio, IV, p. 714.

[206] Silves, III, 3, 86-105.

[207] C’est par erreur qu’on l’appelle Claudius Etruscus. Le cognomen d’Etruscus appartenait à son fils, qui le tenait de Tettia Etrusca, femme de ce secrétaire du prince (Hirschfield, Wiener Studien, III, 1881, p. 273).

[208] Tribut en nature payé par l’Égypte, propriété de l’empereur.

[209] Douanes à la frontière d’Orient, ou pêcheries dépendant du patrimoine impérial.

[210] Domaines du patrimoine en Apulie.

[211] Impôt sur les industriels d’Alexandrie. Cf. Vopiscus, vie d’Aurélien, 45.

[212] Domaines du patrimoine en Afrique.

[213] Douanes à la frontière d’Orient.

[214] Service des frumentations.

[215] Cura sodium sacrarum operumque publicorum.

[216] Cura aquarum.

[217] Cura riparum et sivei Tiberis, ou bien entretien du port d’Ostie.

[218] Cura viarum.

[219] Il faut ajouter, entre autres choses, à l’énumération poétique et par suite incomplète de Stace, les impôts fonciers levés dans les provinces impériales, les tributs des royaumes vassaux, les biens confisqués. — Voir, à ce sujet, Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 1003, n. 1 ; 1006, n. 1 et 2 ; 1027, n. 1 ; 1079, n. 4. Marquardt, Staatsverwaltung, II, 2e édit., p. 234, n. 4. Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 15, n. 3 ; 31, n. 5 ; 92, n. 3 ; 133, n. 2 ; 154, n. 3 ; 195, n. 4.

[220] Stace, Silves, V, 1, 81-100. Sur ce passage, voir Mommsen, Korrespondenzblait der westdeutschen Zeitschrift, V, 1886, p. 216-218. L’énumération fort pompeuse du poète est cependant incomplète ; voir Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 204 et suiv. ; Bloch, article (ab) epistulis du Dictionnaire des antiquités, p. 722-723. — Il avait encore notamment pour fonction d’informer les particuliers des privilèges qui leur étaient accordés.

[221] Voir la description des bains somptueux de Claudius Etruscus, fils du secrétaire a rationibus (Stace, Silves, I, 5 ; Martial, VI, 42) ; des funérailles de Priscilla, femme d’Abascantus, secrétaire ab epistulis (Stace, Silves, V, 1, 208 et suiv.). Entellus, secrétaire a libellis, avait des serres magnifiques que Martial compare aux jardins d’Alcinoüs (VIII, 68).

[222] Claudius se maria à la sœur de Tettius Julienne, qui fut consul en 83 et dirigea la guerre contre les Daces en 89 (voir chapitre VI). Abascantus épousa Priscilla, femme de noble naissance (Stace, Silves, V, 1, 53 ; on ignore son gentilicium, car l’inscription C. I. L., VI, 5, n° 3060*, où elle est nommée Antistia Priscilla, est fausse).

[223] Suétone, Domitien, 7 : quaedam ex maximis officiis inter libertinos equitesque Romanos communicavit (Il rendit communes aux affranchis et aux chevaliers romains quelques-unes des plus hautes fonctions de l'État). Lors de sa proclamation par les légions de Germanie, Vitellius avait déjà confié extraordinairement ces emplois (ministeria principatus per libertos agi solita, dit Tacite, Hist., I, 58) à des officiers de l’ordre équestre : voir à ce sujet Bormann, Archeologischepigraphische Mittheilungen aus Oesterreich, XV, 1892, p. 29 et suiv. — Ce que dit Spartien à propos d’Hadrien (Vie d’Hadrien, 22) Ab epistulis et a libellis primus equites romanos habuit (Il fut le premier à nommer les chevaliers romainsà la tête des bureaux de la correspondance et des libelles) n’est donc pas exact. La vérité est qu’à partir d’Hadrien, les secrétaires du prince furent en général des chevaliers, sauf quelques exceptions pour les secrétaires a rationibus : voir Friedlander, Sittengeschichte, I, 6e édit., p. 173 et suiv.

[224] Pline, Lettres, V, 8 ; I, 17, et surtout VIII, 12 : Vir est optimus et inter praecipua saeculi ornamenta numerandus : colit studia, studiosos amat, fovet, provehit, multorum qui aliqua conponunt portus, sinus, praemium, omnium exemplum, ipsarum denique litteratum jam senescentium reductor ac reformator (C'est un homme vertueux, et qu'on doit regarder comme un des principaux ornements du siècle. Il cultive les lettres; il aime les littérateurs, il les protége, il les élève; il est l'asile, la ressource, le bienfaiteur de la plupart de nos écrivains et l'exemple de tous ; enfin il est l'appui, le restaurateur des lettres dans leur décadence).

[225] C. I. L., VI, 798 : Cn. Octavius Titinius Capito, praef(ectus) cohortis, trib(unus) milit(um)... proc(urator) ab epistulis et a patrimonio, flarum ab spistulis Divi Nemae, eodem suctore ex s(enatus) c(onsulto) praetoriis ornamentis, ab epistul(is) tertio Imp(eratoris) Nernae Caesar(is) Trajani Aug(usti) Ger(manici), praef(ectus) vigitum... — Cette inscription prouve : 1°) que Titinius Capito était chevalier ; 2°) qu’avant d’être  secrétaire ab epistulis et procurateur du patrimoine sous Nerva et Trajan, il le fut de Domitien dont le nom est omis à cause de la damnatio memoriae. — L’affranchi Claudine, secrétaire a rationibus, avait été élevé à la condition équestre par Vespasien, qui lui concéda le jus anuli aurei (Stace, Silves, III, 3, 143).

[226] Pline le Jeune, qui avait vécu sous Domitien, s’indignait de la bassesse des sénateurs à l’égard de Pallas (Lettres, VII, 29 ; VIII, 6) : Quam juvat quod in tempora illa non incidi, quorum sic me, tanquam illis vixerim, pudet ! (Que j'ai de joie de n'être point né dans ces temps qui me font rougir, comme si j'y avais vécu !) (VIII, 6, 17.)

[227] Stace, Silves, III, 3, 78, 85 et suiv.

[228] Stace, Silves, III, 3, 154 et suiv. Martial, VI, 83 ; VII, 40, 2. — La cause de cette disgrâce nous est inconnue : Stace, qui ne veut déplaire ni à l’empereur, ni à Etruscus, fils de Claudius, se contente de dire :

seu tarda situ, rebusque exhausta sanctus

erravit, seu blauda diu Fortuna regressum

maluit.

Claudius avait prés de quatre-vingt-dix ans (Martial, VII, 40, 6) lorsqu’il mourut, vers la fin de l’année 92 : Martial parle de sa mort au livre VII, édité au mois de décembre de cette année (voir Friedlander, édition de Martial, préface, p. 58) et la Silve de Stace Consolatio ad Etruscum est du début de 93 (voir vers 170 et suiv.). Or il tomba en disgrâce à quatre-vingts ans (Stace, III, 3, 146), par conséquent vers 83. En 85, c’était un certain Fortunatus Atticus qui occupait les fonctions d’a rationibus (C. I. L., VI, 8410. Orelli, 1494).

[229] Stace, loc. cit., vers 162. — En 90, il était rentré en grâce, depuis peu de temps, semble-t-il. Voir Martial, VI, 83 : le livre VI fut édité dans l’été de cette année (Friedlander, édit. de Martial, préface, p. 57). Stace paraît abréger la disgrâce de Claudius quand il parle de la courte colère des dieux : breves Superum... Iras (vers 184). Le vers 65 de la Silve I, 5 n’indique pas, qu’à l’époque où Stace écrivit cette Silve, Claudius fut pardonné.

[230] Stace, loc. cit., vers 160. Il se sert de l’expression curarum socius. Voir Hirschfeld, Verwattungsgeschichte, p. 33 et suiv.

[231] Pour les écrivains appartenant à l’aristocratie, le règne de Domitien fut une époque de servitude. Voir Tacite, Agricola, 2 et 3. Pline, Lettres, VIII, 14, 2 ; Panég., 2, 55, 66, 68, 72. — Martial, qui ne reculait pas devant les louanges les plus mensongères, dit pourtant (V, 19,16) : Sub quo libertas principe tanta fuit ?

[232] C. I. L., VI, 1359 : L. Baebio, L. f(ilio), Gal(eria tribu) Avito, praef(ecio) fabr(um), trib(uno) mil(itum) leg(ionis) X gem(inae), proc(uratori) Imp(eratoris) Caesaris Vespasiani Augtusti) provinciae Lusitaniae, adlecto inter praetorias. Le prince auteur de l’allection n’étant pas nommé, ce fut peut-être Domitien. — Voir encore C. I. L., II, 3533 : [le nom manque]... Fabat[o] (?), adlecto [inter praet]orios, aediti curuli, [quaestori] urbano, XV vire sititibus [i]udicandis. Bonnes lettres du premier siècle. Il n’est pas probable que dans la lacune après adlecto il y ait eu place pour les mots a Divis Vespasiano et Tito, ou a Divo Claudia, ou une expression analogue. L’allection remonterait donc peut-être à l’époque de Domitien. — Ti. Claudius Alpius fut successivement (C. I. L., V, 3337, 3356) praefectus alae Galticae, tribunus regionis II Augustae, praefectus cohortis II praetoriae (en 83 ou en 89 ; chap. VI), procurator Augusti provinciae Britanniae (il est possible cependant que cette dernière fonction ait été exercée par son père). Vers 106, nous le trouvons ancien préteur (Pline, Lettres, V, 4) ; plus tard, il fut consul (voir Mommsen, au C. I. L., V ; 3338 ; Borghesi, Œuvres, VI, p. 411 ; Perrot, De Galatia provincia, p. 107). Il s’appelait alors, après adoption, Bellicius Sollers. Peut-être son allection remonte-t-elle à l’époque de Domitien (ne pas le confondre avec le personnage nommé dans l’inscription C. I. L., III, n° 291, mieux publiée n° 6818).

[233] Dion Cassius, LXVII, 13. Suétone, Domitien, 8.

[234] Pline, Panég., 76 : Imperator in senatu ad reverentiam ejus componebatur (Peut-être l'empereur, en face du sénat, marquait-il à ce corps une déférence étudiée).

[235] Il dit un jour aux sénateurs : Usque adbuc certe et animum meum probastis et vultum [Vous avez jusqu'ici approuvé mon caractère et ma physionomie] (Suétone, Domitien, 18). — Dion Cassius, LXVII, 4.

[236] Voir chapitre IV.

[237] Tacite, Agricola, 40.

[238] Voir chapitre VII. En 88, il était légat de Germanie supérieure.

[239] Voir Klein, Fasti consulares, p. 48-51.

[240] Voir Klein, p. 47.

[241] Stace (Silves, IV, 1, 9) dit, au sujet du dix-septième consulat de Domitien :

precibusque receptis

Curia Caesareum gaudet vicisse pudorem.

[242] Voir par exemple, pour les successeurs de Néron, Suétone, Galba, 10. Plutarque, Galba, 5 et 11 ; Othon, 1. Tacite, Histoires, I, 84, 90 ; II, 91 et 92. Dion Cassius, LXV, 6 et 7.

[243] Suétone, Vespasien, 9 et 17. Dion Cassius, LXVI, 10 et 19. Monnaie dans Cohen, Vespasien, 76.

[244] Tacite, Agricola, 39 et 42. Dion Cassius, LXVII, 1.