Inde védique (de 1800 à 800 av. J.-C.)

 

CHAPITRE XXVI

 

 

Invasion des Dasyous. - Châtiment. - Expiation. - Luttes en Sapta-Sindhou. - Aryas contre Aryas. - Soulèvement patriotique. - Deux Indra. - Les Aryas franchissent la Sarasvati et marchent jusqu’au Gange. - Reconnaissance aux rivières. - La colère déifiée. - Grande lassitude. - Les prêtres cherchent un roi. - Indra monstrueux. - Le peuple préfère Agni.

 

SURPRENANT les Aryas avant que ceux-ci ne se fussent organisés pour la bataille, les Dasyous franchirent hardiment la Sarasvati, envahissant ainsi, par l’est, le Sapta-Sindhou. La panique fit générale. Ce ne sont pas les lamentations des prêtres qui arrêteront le flot incessant des ennemis. Tous les dieux sont invoqués en faveur du malheureux Arya que frappe la hache des calamités ; que l’ennemi harcèle, comme le feraient des femmes rivales. La pauvreté va s’appesantir sur Manou ; ses champs sont dévastés ; déjà la faim le presse ; il est devenu faible et tremblant comme un oiseau. Les chagrins dévorent le barde. Épouvantés, un grand nombre d’Aryas reculent de l’est au nord-ouest, célébrant, dans leur fuite, les vallées heureuses du Cachemire vers lesquelles ils courent. Dans ce dernier asile, le Ciel et la Terre viendront à leur secours, les aurores blanches leur seront rendues, ainsi que le soleil resplendissant.

Tous les Aryas du Sapta-Sindhou oriental ne désertèrent pas la pure terre védique pour s’échapper vers le nord-ouest. Il en fut qui ne quittèrent pas les bords de la Sarasvati, malgré l’envahissement des Dasyous ; d’autres, groupés en hâte, disputèrent le terrain aux envahisseurs. Les hymnes qui disent les courageuses émotions des Aryas unis pour la résistance sont peu nombreux dans le Rig-Vêda, parce que les prêtres, auteurs des chants sacrés, étaient avec les fuyards, presque tous. Un chantre, pasteur fidèle à son troupeau, appelle les divinités capables d’affranchir l’Arya du mal, de le délivrer de son ennemie, la méchante Nirriti, cette mort que le Dasyou noir, Rakchasa hideux, mauvais génie incarné, apporte avec lui. Une idée d’exorcisme naît dans le cerveau du brahmane : Peut-être pourrait-on conjurer l’invasion, en pilant bruyamment les herbes sacrées dans le mortier ? La voix retentissante du mortier éloignera les Rakchasas, la Pauvreté, Nirriti, tous les êtres malfaisants.

Quels péchés si grands ont-ils attiré tant de malheurs sur les Aryas ? Ici, le Rig-Vêda signale une surprenante conception : Les Aryas ont, certainement, commis de graves fautes, et les dieux offensés veulent une expiation. C’est une dette à acquitter. De même que le créancier ne réclame que son dû, sans s’inquiéter de la main qui le paye, ainsi les dieux seront satisfaits lorsqu’une somme de souffrances humaines leur aura été comptée. Pourquoi ces souffrances nécessaires ne tomberaient-elles pas sur les impies ? Un hymne au soleil formule naïvement ce vœu : Jouissant de la vie, et de la joie de voir leurs enfants exempts de anaux, présentant leurs offrandes aux dieux pour en obtenir la récompense promise, les Aryas demandent que les ennemis du sacrifice portent la peine de tous les péchés ; c’est dans ce but qu’ils implorent les divinités secourables. Si les Aryas ont offensé les dieux, que les dieux fassent retomber la peine de la faute commise sur l’impie qui les outrage continuellement.

Tous les fuyards ne sont pas allés jusqu’à l’extrême nord-ouest du Sapta-Sindhou. Il en est qui errent dans les plaines centrales du territoire védique, protégés par les rivières et les canaux s’entrecroisant. Ceux-ci, désirant ce qui leur manque, attendent des dieux une fortune nouvelle. Parmi ces Aryas, les uns, sommairement installés où la peur les conduisit, ne désirent que la stabilité, le repos, la quiétude ; d’autres, acceptant les incertitudes d’une vie nomade, se consacrant à quelque commerce lucratif, demandent la sécurité dans les voyages, sur les routes, à travers le désert, sur les eaux.

Le Rig-Vêda devient silencieux ; une lacune est béante dans le recueil des hymnes védiques. Ce mutisme prolongé dit l’épeurement des brahmanes, et l’impuissance des princes, et le découragement des guerriers ; le peuple, seul, par son travail, par ses œuvres, affirme la nation. Les chantres, blessés dans leur orgueil, endoloris, ne chantent plus.

Tout à coup, un hymne pleinement belliqueux est improvisé. La voix du poète, retentissante, appelle Indra contre l’impie, quel qu’il soit, Arya ou Dasyou, qui vient de provoquer un nouveau combat. Déjà, à l’époque où les prêtres imprudents encourageaient et servaient les premières tentatives d’exode hors du Sapta-Sindhou, quelques tribus aryennes s’étaient alliées aux Dasyous. C’était, alors, peut-être, un acte de dépit, et rien ne permet d’affirmer que ces opposants osèrent diriger leurs armes contre leurs frères. Cette fois, nul doute n’est possible, la parole du chantre est d’une rigoureuse précision ; il y a commencement de bataille entre Aryas. Dans les deux camps, le même dieu védique, le même Indra est invoqué. Mais, cet incident n’est encore qu’un détail dans la grande menace de l’occupation totale du Sapta-Sindhou par la race impie.

L’envahissement du pays védique par les Dasyous se fait avec une certaine lenteur. Les noirs brigands venus du nord-est, de l’est et du sud-est, irrésistibles, s’avancent continuellement, prennent possession du territoire sacré, sans violence. La première panique ayant jeté les prêtres, suivis d’une grande partie du peuple, vers le Sapta-Sindhou occidental, les Aryas demeurés à l’est de la terre védique, relativement rassurés par l’attitude des envahisseurs, se laissèrent gouverner.

Ceux qui, parmi ces Aryas, se sentaient profondément blessés dans leur patriotisme, ou dans leur religion, semaient de la haine autour des abjects, attendant le jour où la race blanche s’ameuterait contre la race noire. D’autres, courbés sous le joug, préféraient peut-être la domination du Dasyou à la lourde autorité du seigneur védique soutenu par les ministres des dieux. Les patriotes, énergiques, mais soumis, attendaient avec calme un commandement pour agir ; les fanatiques, enfiévrés, voulant le massacre des impies abominable, étaient retenus par les brahmanes très prudents. En retardant l’heure de l’action, la prudence des prêtres accroissait la colère sourde de l’Arya fanatisé. Le premier cri de guerre, longtemps contenu, éclata donc comme un coup de foudre. Les purs Aryas se ruèrent contre l’envahisseur, et aussi contre ceux qui acceptaient la domination des Dasyous, qui se tenaient à côté d’eux.

Le mélange des Aryas et des Dasyous s’était fait largement, sur une partie notable du territoire védique. Les Aryas demeurés purs, et qui voulaient délivrer leur patrie, étaient sans doute une minorité ; mais cette minorité, élite redoutable, grondait de fanatisme religieux et d’orgueil national. S’il est difficile, avec le seul Rig-Vêda, de tracer exactement, en Sapta-Sindhou, le cercle géographique dans lequel les Aryas se gardèrent de tous rapports avec les Dasyous, il est permis, au contraire, par le texte même des hymnes, de dire avec une suffisante précision comment le heurt des deux races se produisit : Les Aryas patriotes, menés par les bardes à la bataille, vinrent du nord, du nord-ouest et de l’ouest du Sapta-Sindhou. Les Aryas qui s’étaient mélangés aux Dasyous, acceptant la domination de l’impie et se montrant satisfaits de leur vie nouvelle, tenaient l’est.

L’enthousiasme des purs Aryas, marchant à la délivrance du territoire sacré, se communique de tribu en tribu. Le nombre des patriotes armés augmente chaque jour. La colère et l’indignation décuplent la force du peuple soulevé. C’est décidément une guerre sainte. Nul ne doute de la victoire, car si la race aryenne succombait, que deviendraient les dieux ? L’armée, continuellement grossie, s’avance vers l’est de plus en plus ; c’est à l’est que se trouvent les biens innombrables qui seront la récompense de la généreuse piété. Les prêtres chantent, les anciennes formules sont rajeunies, les vœux antiques renaissent, le culte resplendit. Le dieu des batailles, Indra, a saisi sa foudre ; par son intervention les purs Aryas vaincront leurs ennemis, fussent-ils trois contre un. C’est lorsqu’il est ivre de poésie et de soma, que nul ne peut vaincre la magnificence du dieu. Il est immortel. Les enfants de Poûrou sont ses amis ! or il ne manqua jamais à ses amis. Son bras est ferme ; seul, il renverse un adversaire ; il peut en vaincre deux, même trois ensemble !

Mais le dieu porte-foudre, Indra, est célébré dans les deux camps. Les prêtres qui mènent les purs Aryas à la bataille dénoncent les sacrilèges à la fureur des divinités. Incapable de séduction, Indra abattra l’orgueilleux qui s’élève contre lui ; il frappera ceux qui le provoquent et qui ont osé, pour le combat, se fabriquer un tonnerre. L’Indra vrai, authentique, fort, invincible, invulnérable, indomptable, est celui qui marche avec l’Arya fidèle contre l’impie ; qui, Roi par son nom même, est l’ennemi déclaré du Dasyou. Oui, Indra est Roi suprême, son nom est Roi ! et tous les dieux, qu’ils soient issus du ciel, de la terre ou de l’air, le soutiennent. D’ailleurs, pour vaincre et dominer, il a la foudre. Il ne peut pas permettre que l’Arya tombe au pouvoir du Dasyou.

Les purs Aryas triomphent ; ils culbutent leurs ennemis, passent comme un ouragan, franchissent la Sarasvati, se répandent hors du Sapta-Sindhou, et marchent, irrésistibles, droit devant eux, pour la splendeur de leurs divinités et la gloire de leur race. L’alliance des Dasyous et des tribus aryennes traîtres aux destinées védiques, avait mis la rage dans le cœur des patriotes. L’élan fut tel, que les victorieux passèrent la Djumna, ne s’arrêtant ‘que devant le Gange, agrandissant ainsi, jusqu’à sa plus extrême limite possible, le territoire sacré, l’Aryavarta.

Un chant solennel célèbre l’immense succès. Maître du vaste Indoustan devenu son domaine, l’Arya n’oublie pas la terre étroite qui fut son berceau, le pays des sept rivières, le Sapta-Sindhou. L’hymne de la victoire est dédié à toutes les eaux franchies, qui furent bienveillantes et protectrices. Le poète énumère, avec une joie reconnaissante, toutes les ondes passées, mais en laissant voir sa préférence pour l’Indus, qui demeurera la rivière par excellence, vénérable, retentissante et magnifique. L’hymne à l’Indus, à Sindhou, est une cantate. Le fleuve, mugissant comme un taureau, est le maître du troupeau des ondes diverses qui viennent cependant le nourrir de leur lait ; majestueux, beau, varié, charmant, impétueux comme une cavale, jeune, superbe, orné de ses rives, roulant des flots d’or, très fertile, il mérite la gloire que lui donnent les Aryas campés sur les bords du Gange. C’est un spectacle touchant, et qui honore la race aryenne. L’hymne, monument superbe, se dresse comme un bloc de bronze sur la face indestructible duquel une belle page de l’histoire védique est gravée. Le Sindhou est, par sa force, à la tête des sept rivières, des sept torrents. Il descend des hautes montagnes terrestres avec fracas, à la lueur de l’éclair. Il s’élance, tel que les eaux jaillissant du nuage, avec un bruit de tonnerre, mugissant comme un taureau. Les autres rivières viennent à lui comme les vaches vont à leur nourrisson, avec leur lait. Quand il marche en avant des ondes impétueuses, il ressemble à un roi belliqueux qui étend ses deux ailes de bataille. Que le Gange, la Yamouna, la Sarasvati, la Çoutoudri et la Parouschni écoutent l’hymne ! Que la Maroudvridhâ, avec l’Asikni et la Vitasta, et l’Ardjîkîya avec la Souchomâ prêtent l’oreille ! Le Sindhou mêle d’abord ses flots rapides à ceux de la Trichtânâ, de la Râsa, de la Swêtî, de la Coubhâ ; il entraîne la Gomatî et la Croumou. Brillant, impétueux, invincible, il se développe avec majesté. Doué de mille beautés capricieuses, tantôt il charme les yeux et tantôt s’emporte comme une cavale ardente. Jeune et magnifique, superbe et fécond, paré de rives fertiles, il roule ses flots dorés, et il voit, sur ses bords, des coursiers excellents, des chars rapides, des troupeaux à la laine soyeuse ; il va, et prodigue un miel abondant.

L’intrépidité des purs Aryas, excessive, surmenée, s’épuise dans la victoire. Une grande lassitude s’empare des vainqueurs, étonnés des choses extraordinaires qu’ils ont faites. Il y a maintenant de l’incohérence dans les actes et dans les paroles ; chacun semble parler et agir à son gré, par caprice, sans but. Aucune idée générale, nulle pensée commune, point de principe dominant. C’est à peine si les héros de la conquête voient clairement les œuvres qu’ils ont accomplies ; on dirait qu’ils ont rêvé leurs prouesses, qu’un miracle leur a donné ce qu’ils ont. Quelle route fut suivie de l’Indus au Gange ? Combien de collines, combien de vallées, de rivières, de forêts, de plaines ont été traversées ? Combien de ciels différents se sont succédé sur leurs têtes, de l’ouest à l’est ? A quelle distance sont-ils de l’Indus ? Combien de journées de marche ? Quel nombre de bûchers à Agni ont-ils été allumés le matin, par les prêtres, en route ? Combien d’aurores y et combien de soleils ont-ils été comptés ? Et quelle quantité de rivières ont-elles été franchies ? — Les hymnes sont comme des questionnaires. La fièvre intense des patriotes victorieux les a ébranlés jusques au plus profond d’eux-mêmes, et leur mémoire, affaiblie, a l’éblouissement du succès.

L’impétuosité des combattants avait été toute de haine, de colère contre les Dasyous, surtout contre les hommes de race blanche qui s’étaient alliés aux hommes de race noire. La fureur des patriotes vouait les traîtres à un tel mépris, que les vengeurs des dieux védiques, craignant d’avilir Indra en le lançant contre ces renégats, imaginèrent, dans leur indignation et dans leur rage, des divinités nouvelles destinées à l’accomplissement de basses œuvres. Ils invoquent Manyou, la colère aveugle, et Tapas, l’ardeur brutale. C’est par Manyou et par Tapas que les Aryas dégradés recevront leur châtiment, que les. Dasyous seront détruits.

Manyou prend la force d’Indra. Par Manyou, qui est maintenant le tonnerre personnifié, le trait fatal, l’éclair qui brûle, l’ennemi sera définitivement vaincu, qu’il soit Dasyou, qu’il soit Arya. Oui, certes, Manyou est un vrai dieu. Il viendra, plus prompt que la promptitude même, et avec Tapas, son compagnon, il triomphera de tout. Manyou excite les peuples au combat ; quand les Aryas l’ont pour compagnon, les guerriers poussent le cri joyeux de la victoire.

Tel qu’Indra, Manyou procure le succès ; par lui, les adversaires qui jettent la terreur dans les âmes sont terrassés, anéantis. — Après la victoire, c’est à. Manyou que s’adresse le chantre reconnaissant : Avant l’intervention du sage et grand Manyou, dit un hymne, l’Arya était malheureux, et c’est par la force de Manyou qu’il a pu se délivrer de ses ennemis. L’Arya était faible, lorsqu’il fit entrer le dieu de la colère dans son propre corps, pour relever sa vigueur. C’est bien la colère qui vainquit les Dasyous.

L’effort avait été énorme, la lassitude fut extrême. Les prêtres, à la parole ardente desquels la victoire était due, et qui menaient le .peuple, avaient espéré qu’un guerrier, qu’un héros, qu’un roi enfin, se serait fait remarquer parmi les autres chefs de tribu, par sa sagesse ou par sa bravoure, et que ce maître, fort et libéral, prenant en main le pouvoir suprême, aurait fait la grande monarchie aryenne, ce rêve continuel des brahmanes expérimentés. Cette personnalité très désirée ne se produisit pas. Les rois, dans cette expédition rapide, s’étaient trouvés comme perdus dans la foule des Aryas les entraînant. Les chefs de tribus conservèrent leur autorité, mais il ne se trouva pas un seul prince qui fût capable de commander à tous, de constituer en royaume unique, de l’Indus au Gange, toutes les terres védiques, le complet Aryavarta. Les prêtres, cherchant un monarque, voulant un despote, mirent tous les dieux au service du prince qui prendrait le gouvernement de tous ; ils échouèrent, se heurtant à d’apathiques scrupules. Un chantre exprime brutalement, et par une image méprisante, le sentiment de pitié qu’il éprouvait pour ces chefs amollis. Comment pourrait-il être roi celui dont la vigueur se manifeste mollement ! Le maître est le mâle qui, hardiment, rompt les résistances pudiques. Ces rois mous, mâles suspects, qui n’osent pas violenter le peuple, il faut les subir. Les prêtres se résignent, non sans jeter à la face de ces souverains efféminés une large insulte : A ce moment, les maîtres sont comme des impuissants. Il ne faut compter que sur Indra, décidément supérieur à tout. C’est le cri du fataliste. Dieu seul est grand !

Le culte temporaire de Manyou et de son compagnon Tapas, un instant substitué au culte d’Indra, avait éloigné de l’autel, avec une partie du peuple, tous les guerriers. Pour rendre au dieu méconnu un culte digne de lui, pour racheter la faute commise, les prêtres se hâtent de chanter Indra, de composer des hymnes nouveaux, de vanter les prouesses, d’exagérer les vertus du porte-foudre. Le zèle des brahmanes devient excessif, leur imagination les emporte, ils grossissent le dieu jusqu’à la monstruosité. Le dieu à l’arme de fer, à la chevelure hérissée, à la barbe d’or, boit le soma et puise dans ce breuvage une vigueur nouvelle. Telles que deux coupes, ses deux mâchoires brillantes se séparent pour donner un libre passage à la liqueur. Indra s’enivre. Il veut toutes les libations qu’il engloutit dans son large ventre ». Indra est formidable ; la foudre, c’est sa respiration, son souffle invincible. La supériorité et l’étendue d’Indra sont incommensurables. Il est au-dessus et au-delà de tout, Créateur et conservateur, il distribue et garantit les richesses ; il doit être invoqué quand il s’agit d’acquérir et quand il s’agit de conserver.

Indra est le dieu des riches et des sages, c’est-à-dire des guerriers, des princes, des rois et des prêtres. Le dieu du peuple, c’est Agni, vivifiant, doux, chaud, aimable. Les hymnes à Agni sont simples, mesurés, poétiques ; les hymnes à Indra sont compliqués, excentriques, violents. Agni est le dieu bon par excellence, généreux et consolateur, soutien des hommes affaiblis, des oiseaux délicats, des vaches nombreuses, de la multitude humaine, des fils de Manou. Maître des choses sacrées, il est le dieu-prière, Brahmanaspati. Il aime l’Arya comme s’il était de sa race ; il demeure parmi les Aryas comme s’il était de leur nation.