Inde védique (de 1800 à 800 av. J.-C.)

 

CHAPITRE XXIII

 

 

Cinquième exode. - En Cachemire. - Les vallées heureuses. - Renaissance scientifique. - Œuvres de civilisation. - Echanges. - Navigation fluviale. - Soma, dieu national. - Agitation belliqueuse à l’est du Sapta-Sindhou. - Projets de guerre décisive. - Appel à Indra. - Despotisme sacerdotal : l’Indra nié a été vu. - Les Brahmanes demandent un roi.

 

MIS en mouvement, les Aryas suivirent, en la remontant vers le nord, la rive droite de la Sarasvati. Les chantres appellent la protection des dieux sur les princes, ces maîtres des Brahmanes, qui mènent le cinquième exode. De continuelles prières montent vers Agni, tristes, suppliantes, empreintes d’une confiance douteuse, répétées deux, trois et quatre fois. Une grande inquiétude tient la masse des émigrants. Ils ont peur, des Dasyous invincibles. Les poètes montrent l’effroi qui les paralyse dans l’affectation outrée des certitudes qu’ils n’ont pas. Ils demandent ce que peut l’ennemi, ce mortel méchant, contre l’Arya qu’anime la libation sacrée ! Mais, ça et là, quelques versets disent la peur de tous, adjurant les dieux, sans retard, de rassurer les Aryas, de leur promettre la conservation de tous leurs enfants, du premier jusques au dernier.

L’exode s’accomplit, cependant, sans obstacles ; la route est libre devant les émigrants ; et c’est, peut-être, ce qui les inquiète le plus ? Ils redoutent un piège, attribuant l’absence des Dasyous à l’exécution silencieuse d’une manœuvre stratégique. Par exemple, l’ennemi ne va-t-il pas laisser les Aryas s’engager de plus en plus vers le nord, pour les surprendre et les vaincre, en leur coupant toute retraite ? Qu’Indra protège donc ses amis par derrière comme par devant. Les invocations ardentes à Indra et Agni se succèdent pour soutenir le courage du peuple. Lorsque Indra est dans l’ivresse des libations, les ennemis les plus forts, les plus robustes ne sauraient arrêter le dieu à la belle figure. Agni est terrible lorsqu’il agite sa tête comme le taureau aiguisant ses cornes. Ses mâchoires sont armées de dents pointues.

N’osant pas franchir la Sarasvati, décidément, et se jeter trop à l’est, l’avant-garde de l’exode marche vers le nord-ouest, s’arrête dans les premières vallées du Cachemire oriental. Là cessent toutes chaleurs, un frais printemps règne, de froides aurores naissent chaque matin, et lorsque, suivant les rites, dès l’aube, les brahmanes allument le bûcher sacré, c’est un frisson de volupté qu’ils ressentent en se réchauffant au foyer d’Agni. En l’honneur du dieu vraiment adorable, les poètes composent des chants, doux comme la douce chaleur du pays nouveau.

Tous les émigrants ne sont pas arrivés en Cachemire, dans les vallées heureuses. Les tribus en exode laissèrent probablement le long de leur route, au bord de la Sarasvati, des groupes, las ou satisfaits, qui formèrent ainsi comme de petites colonies, des stations, dés postes. Lorsque la masse des Aryas en marche en fut à cette partie supérieure de la Sarasvati où la rivière s’amincit, il y eut une grande confusion, et de volontés divergentes, et de caprices opposés. Des princes continuèrent leur marche en avant, au nord-ouest, vers le Cachemire ; d’autres, tranquillisés, se répandirent vers le nord-est, à la recherche du Gange supérieur. Les premiers, bien servis par leur inspiration, trouvèrent le repos désiré ; les seconds, s’éloignant de plus en plus du centre védique, virent augmenter leurs ennemis à chaque pas. Dans le Rig-Vêda se lisent alors, comme mêlés, des hymnes contradictoires, les poètes du nord-ouest manifestant leurs joies, pendant que les chantres du nord-est tremblent de crainte. En Cachemire, le prêtre invite le peuple à verser le soma pacifique et réconfortant ; au nord-ouest du Sapta-Sindhou on invoque, au contraire, les divinités protectrices, afin que le méchant Dasyou ne prenne point les Aryas dans un filet, et pour que les Aryas ne tombent pas dans la gueule du loup roussâtre.

Les tribus qui se sont jetées imprudemment à l’est, du côté des Dasyous, ne constituent pas, à ce moment de l’histoire védique, la partie principale de la nation. La vie aryenne a son foyer sinon dans le Cachemire, au moins sur un territoire avoisinant. Là, en pleine quiétude, les prêtres ressaisissent vite leur influence. L’autorité sacerdotale ne résulte plus seulement du caractère sacré dont le brahmane est revêtu ; la personnalité du chantre vaut mieux, elle se justifie par une supériorité, celle de la connaissance des choses. Le prêtre s’est instruit. Pour la première fois, l’ignorance est considérée comme l’une des grandes misères humaines. Indra doit éloigner de l’Arya la méchanceté, la faim et l’ignorance. L’homme qui sait est positivement distingué de l’homme qui ignore. La paix est complète. Le Dasyou est presque oublié. Les hymnes aux divinités bienfaisantes sont des actions de grâces plutôt que d’ardentes requêtes. Le dieu terrible, l’Indra porte-foudre, maître des guerriers, n’est plus qu’un distributeur de vaches, un semeur de grain, un donneur de parures et de parfums. Le vœu de l’Arya monte vers le dieu fortuné pour en obtenir de l’orge, des vaches, de l’or, des chevaux. La main très large d’Indra est pleine de semences ; quelle que soit la quantité de grains qu’elle puisse contenir, il daignera les jeter sur les champs de l’Arya. Il donnera des vaches, des chevaux, des parfums, des ornements d’or, des pendants d’oreille. La civilisation védique, reprise et menée par le prêtre, prend un sens fortement religieux. Les riches Aryas viennent aux sacrifices assidûment, avec des mets et des offrandes, augmentant ainsi la force d’Agni. Le prêtre qui voit les seigneurs s’enrichir, compte sur une large part de la richesse publique. Les dieux immortels lui vaudront une large maison.

La richesse de certains Aryas n’est plus seulement un fait instable, quelque chose comme le produit d’une terre favorisée ou d’un butin imprévu ; maintenant, les fortunes reposent sur de solides bases, elles s’augmentent par l’application de lois déterminées. L’Arya sait ce que vaut l’épargne ; il connaît l’importance de l’argent gagné, au double point de vue de ce qu’il représente et de ce qu’il peut, c’est-à-dire de sa valeur intrinsèque et de sa force productive. Les prêts d’argent coûtent un intérêt à l’emprunteur. Les œuvres pieuses, accumulées, tenant l’esprit en éveil, augmentant la faveur divine, sont comparées à l’intérêt qui vient au prêteur grossir continuellement son capital. Les prêteurs sont quelquefois des usuriers impitoyables le jour de l’échéance. Les œuvres d’Indra, le dieu grand et invincible qui s’élève par sa force au-dessus de tous, arrivent avec la même certitude que le jour d’échéance prévu pour l’avare qui a prêté son argent. Ces prêts constatent l’existence de fortunes réalisées, mobiles, de même que les usuriers témoignent d’Aryas besogneux. La fortune ne résulte plus seulement de l’exploitation des terres ; les Aryas trafiquent avec des étrangers venant de loin, échangeant des marchandises avec eux. Les trésors nombreux arrivent de contrées éloignées.

Ces trésors ne pouvaient pas venir du sud, le désert étant la limite méridionale du Sapta-Sindhou ; à l’est, les transporteurs eussent été inquiétés par les Dasyous ; au nord, l’Himalaya était une barrière infranchissable ; à l’ouest, l’Indus coulait comme une frontière infranchie. Nulle route terrestre n’était donc praticable. Les voies fluviales, au contraire, étaient faciles à certaines époques de l’année. Mille canaux aboutissaient uniformément aux grandes bouches de l’Indus, à la mer. Cette destinée fatale de toutes les rivières allant à la Samoudra, est une image qui a toujours frappé l’esprit des poètes. Lorsque le large ventre du vigilant Indra s’ouvre pour engloutir les torrents de soma qui lui sont offerts, les libations entrent en lui comme les fleuves dans la mer. Il est admissible que des échanges s’effectuaient, par les voies fluviales, entre les diverses tribus aryennes répandues en Sapta-Sindhou, et qu’un certain trafic existait entre les Aryas et des groupes étrangers, établis aux bouches de l’Indus.

Le culte védique s’adoucit. Les prêtres renoncent peu à peu à ces pratiques grossières et sanglantes qu’ils devaient à la pernicieuse influence des Dasyous cruels et lascifs. Le goût s’épure. Indra, devenu beau, n’a plus de basses ivresses ; le soma le rend plutôt gai que fort. La liqueur fermentée, faite d’herbes, où se mêle l’orge dorée et le lait blanc, est préparée avec un soin tout spécial. Les lèvres des chantres sont devenues délicates. Un rite minutieux réglemente la confection du soma : Plus de mortier dans lequel le pilon brutal écrasait l’herbe, plus de pressoir exprimant à force le jus vert ; c’est avec les mains que doit s’achever l’œuvre pieuse. Le jour de la libation, les dix sœurs, qui sont les dix doigts, reçoivent la plante pour le sacrifice ; la pressent, enlèvent son enveloppe, en expriment le miel brillant qui, pour le salut de l’Arya, doit être versé aux trois foyers du dieu. Le lait des vaches se mêle au jus de ce jeune soma. La liqueur est passée au travers d’un filtre fait de la peau d’une brebis.

Pris de passion pour le breuvage sacré, doux aux lèvres, mais qui fouette le sang, surexcite le cerveau, réchauffe véritablement l’âme et le corps, fait tressaillir les muscles détendus, éveille la pensée endormie, le prêtre chante le soma, lui consacre des hymnes, lui parle comme il parlait aux dieux. On le qualifie de généreux ; on dit qu’il répand une heureuse rosée sur le filtre. La fermentation du jus exprimé par les doigts agiles des chantres, et qui n’était qu’un fait mystérieux, devient un acte divin ; l’ébullition incomprise est la manifestation du dieu réel, vivant. Soma, divinité créatrice, prend un caractère national. Indra était un Arya ; Soma, lui, est un Indou, c’est l’âme antique du sacrifice. Le bûcher d’Agni s’anime de lueurs nouvelles lorsque le sacrificateur inonde les braises de Soma alcoolisé ; les flammes crépitantes qui, rouges et noires, vont vers le ciel, cessent d’être les langues d’Agni ; ce feu flambant, c’est Soma lui-même, glorieux, pur, épurant, ami du sacrifice, assainissant l’air comme une rosée purifiante. Soma détrône Agni.

Indra, depuis longtemps, était en quelque sorte l’obligé de Soma, puisque le dieu terrible n’avait de force que par les libations. Voici qu’une invocation s’adresse à Soma que le poète croit évidemment capable d’accomplir seul les grandes œuvres jusqu’alors réservées au dieu fort. On demande à Soma, au dieu Soma, directement, l’eau du ciel qui donne à la terre l’abondance, la force dans les combats, l’opulence, le bonheur des familles. Soma, enfin, dieu prudent et sage, invincible, fait des miracles : Il couvre ce qui est nu, il guérit ce qui est malade ; par lui l’aveugle voit et le boiteux marche.

Les prêtres, que l’expérience a éclairés, semblent avoir l’unique ambition d’une vie paisible et honorée, au mi-lieu du peuple. Aux expéditions pour la conquête de butins fabuleux, aux laborieuses intrigues ourdies pour affirmer l’influence du sacerdoce, aux cérémonies excessives d’un culte fait pour frapper violemment l’esprit des fidèles, les chantres ont renoncé. C’est une paresse triomphante. Les temps sont finis où la femme, dès l’aube, allait cueillir des brassées d’herbe sur la colline, où le père de famille se mettait en sueur pour tailler les bûches du foyer d’Agni, où le poète, après avoir improvisé son hymne à. haute voix, dressait de ses mains l’immense bûcher et préparait le soma. Maintenant, la liqueur sacrée est toujours prête à l’avance, et ce sont des serviteurs qui apportent, à l’heure du sacrifice, les coupes, la cuiller, le bois, les feuilles sèches. Le prêtre se contente de peu, pourvu qu’il vive ; et lui, jadis si remuant, si exalté, si jaloux de son autorité, le voici comme le type du satisfait inerte. Lorsque le dieu ne répond pas avec promptitude à l’appel de l’Arya fidèle, on le compare, pour le stimuler, au prêtre pacifique, lent et calme.

La paix est profonde. Cependant quelques hymnes invoquent les dieux contre les ennemis, les Dasyous. Le ciel et la terre vénèrent Indra, quand, avec bruit, il frappe le Dasyou. Il ne s’agit plus ici du Dasyou noir, vivant, en chair et en os, de l’ennemi terrestre, redoutable et redouté, qui pressait les frontières nord-est du Sapta-Sindhou, dont les Aryas avaient convoité les territoires ; le Dasyou actuel, c’est le brigand céleste, l’ancien, le premier Dasyou, Ahi, le maître des nuages, le voleur des eaux, contre lequel Indra doit marcher. Indra, sanglier céleste, partira dès l’aurore, et malgré les cris terribles des Dasyous ravisseurs des eaux, Ornavâbla et Ahîsouva ; il les brisera d’un coup de foudre ; l’eau qu’ils détenaient s’écoulera et des centaines de ruisseaux féconds viendront du ciel.

Ces hymnes appartiennent au Sapta-Sindhou septentrional. Au nord-est et à l’est, les Aryas sont tracassés par les vrais Dasyous, habiles et rapaces, se livrant à de continuelles incursions. La nécessité d’une armée défensive a maintenu de ce côté du Sapta-Sindhou des divisions sociales tranchées. Les Vaiciyas, qui sont le peuple, ne se confondent pas avec les Kchatriyas, les guerriers.

Au dessus de ces deux classes se trouvent les prêtres et les seigneurs. Une année permanente est devenue indispensable ; elle existe. La richesse opulente des mortels serviteurs d’Agni est soutenue par de nombreux défenseurs bien armés.

D’abord, nul désir de conquête. L’Arya ne demande aux dieux que l’éloignement du Dasyou ; mais, comme il y a des guerriers que le désœuvrement impatiente, que l’ennemi visible irrite, que tentent les âpres joies de la bataille et les chances du butin, il se mêle bientôt aux supplications des Aryas en simple attitude défensive, des vœux de guerre caractérisés. On invoque Agni pour obtenir de lui de vastes domaines. La haine du Dasyou est vivace dans le cœur de l’Arya. Les deux races s’exècrent. Aussi, dés les premières imprécations, la colère des chantres se déchaîne-t-elle contre l’impie. Le robuste Indra, qui aime les sacrifices, fait le bonheur des Aryas avec le malheur de son ennemi ; il met son genou sur le ventre de l’impie et le brigand succombe. Le Dasyou, ennemi des dieux, ne suit-il pas d’autres lois que l’Arya ? ne hait-il pas les enfants de Manou ?

L’ambition renaissante de quelques princes, ou bien celle de certains guerriers groupés, ou encore l’enivrement d’une victoire remportée par des kchatriyas sur des bandes de pillards, vint clore l’ère de paix générale qui avait succédé au cinquième exode, le long de la Sarasvati. Un frémissement belliqueux a fait tressaillir la nation védique. Indra, vaillant héros, a promis une grande richesse, une grande opulence, une grande gloire ! Les prêtres, obéissant aux guerriers, demandent aux divinités des gués favorables, des routes faciles, des combats heureux. Au peuple, l’on affirme que la guerre est devenue inévitable ; que, seule, elle est capable d’assurer une définitive paix. C’est une lutte de race. La race aryenne est menacée, les prêtres l’affirment. Les dieux, d’ailleurs, vont intervenir en faveur de leurs amis. La bataille étant résolue, Indra devient l’unique dieu, comme toujours. Indra frappe ses ennemis, il agit noblement avec ses armes, il est sauveur et prince ; ni les dieux, ni les mortels, ne peuvent vaincre le porte-foudre ; il faut chanter un grand hymne en l’honneur du grand Indra, ami du devoir et de la louange, dieu tout puissant qui a fait briller le soleil, qui a tout créé, qui brise les nuages, ces villes célestes, qui renverse le Dasyou et fait le bonheur de Manou, en dépouillant l’un pour vêtir l’autre de ces dépouilles. Cet Indra est le taureau du troupeau humain.

S’il consent à rétablir ainsi le culte d’Indra dans toute sa splendeur ; s’il obéit, en cela, aux intentions des princes, le poète constate que le dieu appartient à l’autel, qu’il est l’œuvre exclusive du prêtre, que le prêtre l’a enfanté constitué pour qu’il renverse les armées réunies ; pour qu’il soit puissant en ses bienfaits, exterminateur, terrible, fort, rapide et vaillant. Indra, ainsi créé, armé par les prêtres, leur est absolument soumis, n’obéit qu’à leur voix et tourne à leur caprice ainsi qu’une roue ; on saute, à leur ordre, comme un bélier.

Les poètes ne savent plus charmer le peuple ; ils ont perdu le secret des séduisantes strophes ; la grande cause de leur influence est considérablement diminuée ; ils se sont gravement compromis comme conseillers, comme pasteurs, en jetant plusieurs fois le troupeau humain dont ils s’étaient donné la garde, dans les longs ennuis et les dures souffrances d’exodes mal conçus. Ils ont cessé d’être les amis du peuple le jour que, de leur cupidité imprudente, sont nés les insolents guerriers et les princes avides. Les brahmanes, qui ont déshonoré le pur culte védique en le compliquant de rites grotesques, sanguinaires, viennent d’achever leur œuvre en soumettant les dieux à la parole des sacrificateurs.

Agni et Indra n’agissent que suivant la volonté du prêtre, par lui et pour lui. Le peuple, dont la foi n’était presque plus qu’un reste de respect pour une idée antique et mystérieuse, cesse de croire lorsque le dieu ne lui est plus donné que comme un être inférieur à certains hommes. La raison védique se révolte ; elle se refuse à sanctionner les nouvelles prétentions sacerdotales, à reconnaître des dieux ravalés, mis en tutelle. On nie l’existence d’Indra ; on proclame cette négation. Ce fut une lutte entre le bon sens du peuple et l’audace des prêtres. Un chantre se fit publiquement le champion du dieu. La révolte populaire n’était pas l’explosion d’une lente et longue méditation donnant son fruit ; la négation formelle, pure et simple, de l’existence d’Indra, fut un acte spontané d’impatience et d’écœurement, un cri d’indignation, une ‘déclaration brutale n’admettant pas de discussion. A cette négation, le champion d’Indra, signant son œuvre, — Nema, — oppose une affirmation catégorique. Un incrédule a dit qu’Indra n’existait pas ? Nema, le prêtre Nema, affirme le contraire. Il a vu Indra, de ses yeux.

Tout le despotisme clérical est contenu dans cet acte de foi, dans cette riposte de Nema à la nation védique niant dieu. L’Indra nié, Nema l’a vu ! vu de ses yeux ! Cette déclaration doit suffire. Il faut prier ; il faut chanter Indra. Et pour châtier le peuple, pour le tenir, les brahmanes demandent un chef, un roi fort et riche, capable d’affronter les armées, de race vigoureuse.