L'insurrection de juin 1832. Jeanne, Colombat, Blondeau, Lepage et Prospert. Les incendies du Mont Saint-Michel. — Le feu, dans la nuit du 22 au 23 octobre 1834. L'alarme et l'épouvante. Une population de 600 détenus prisonniers de droit commun et prisonniers politiques. Les citernes sont vides. — La chaine à la mer. — Le sang-froid du détenu et de l'aumônier. — L'attitude du prisonnier Prospert. Les récompenses. — Le détenu Colombat : le clou libérateur. L'ingratitude du gouvernement. Colombat engage Jeanne, Blondeau et Lepage à s'évader. Un trou dans la muraille. — Un travail de taupe : une épouvantable oubliette. — Hors des murs. — Loin du Mont. L'auberge du condamné. A beau mentir qui vient... de prison. — Marc Caussidière. — Le procès des accusés d'avril. — La société des Saisons. — Le 12 mai 1839. Le 5 juin 1832, on enterrait à Paris le général Lamarque, député de l'opposition et chef de l'armée qui avait combattu les Vendéens pendant les Cent Jours. De la foule qui suivait le cercueil, le long du boulevard de la Madeleine à la Bastille, des cris menaçants s'élevèrent contre le gouvernement de Louis-Philippe ; des barricades se dressèrent dans de nombreux quartiers, mais le gouvernement disposait de troupes nombreuses et la garde nationale, formée en grande partie par la bourgeoisie, lui était favorable. Les révolutionnaires, défendant leurs positions pied à pied, avaient élevé deux grosses barricades aux extrémités delà rue Saint-Martin, l'une à la hauteur de la rue Saint-Merry, près de la vieille église de ce nom, l'autre à la hauteur de la rue Maubuée. Une poignée d'hommes commandés par un décoré de Juillet, nommé Jeanne, défendit ces barricades avec un acharnement vraiment héroïque. Mais les insurgés furent vaincus ; presque tous périrent sur les barricades. A la suite de ces événements, vingt et un accusés furent traduits en cour d'assises seize furent acquittés et cinq condamnés à la réclusion Jeanne, Colombat, Blondeau, Lepage et Prospert eurent le Mont Saint-Michel pour prison[1]. A part de violentes polémiques entre les journaux, soutiens de la monarchie et quelques organes libéraux, à part des discussions à la Chambre des Pairs à propos des saints-simoniens, le sort des détenus du Mont n'intéressa guère l'opinion publique ; il fallut l'évasion de Colombat pour qu'on reparlât des agitateurs de 1832. On connaît les incendies du Mont Saint-Michel ; ils furent nombreux ; on en compterait facilement une douzaine la plupart furent allumés par la foudre, comme si, dit l'annaliste dom Jean Huynes, c'était un signe manifeste que Dieu n'aimait pas ces splendides édifices ; d'autres eurent pour origine des attaques ou des faits de guerre ; pour certains la cause est demeurée inconnue. Il en est ainsi de celui de 1834 il fut assez considérable. Dans la nuit du 22 au 23 octobre de cette année-là, vers minuit et demi, l'attention des sentinelles qui étaient postées sur la plate-forme de Beauregard, fut attirée par un rougeoiement aux fenêtres de l'église. Les factionnaires donnèrent l'alarme et l'on constata que le feu s'échappait de l'atelier des chapeaux de paille, situé dans la nef de cette splendide abbatiale romane, construite au douzième siècle par Hildebert et qui avait été mutilée, divisée en cloisons, pour l'établissement des ateliers de la Maison centrale. En quelques minutes, les flammes envahirent toute la nef, gagnèrent la charpente en bois et la voûte lambrissée de tout le vaisseau. La situation était grave ; il y avait à ce moment, 600 prisonniers de droit commun et 22 détenus politiques[2]. Les premiers étaient infiniment plus dangereux pour la société que les seconds ; et, cependant le directeur redoutait peut-être moins l'évasion de ceux-ci que la fuite de ceux-là. Il donna tout aussitôt l'ordre de faire cerner le château ; un cordon de troupes de ligne et de la garde nationale entoura l'abbaye-forteresse ; aux portes, les postes furent doublés. M. Martin Deslandes, directeur de l'établissement, aidé de l'abbé Lecourt, aumônier, de M. Chappus, inspecteur, du Docteur Hédou, médecin, de M. Dufour, commandant la garde nationale et de l'abbé Leforestier, curé de la paroisse Saint-Pierre, organisa les secours avec beaucoup de sang-froid. Le tocsin d'alarme sonna dans la tour que léchaient déjà les flammes. A deux heures du matin, de nombreux habitants de communes voisines, Moidrey, Ardevon, Pontorson, Les Pas, Huynes et, de l'autre côté des rivières, de Genêts et de Vains-sous-Avranches accoururent au Mont ; l'eau des citernes était épuisée l'arrivée des populations de la côte qui, dans la nuit, avaient aperçu la terrible flambée, permit d'organiser les chaînes ; la mer commençait à entourer le Mont. La croyance populaire veut que l'eau salée n'éteigne point le feu ; cependant, cette nuit-là, on puisa ferme dans les flots. L'ardeur des Montois a même été célébrée dans une pièce de vers qui aurait ravi Delille et dont nous reparlerons au chapitre consacré à la littérature pénitentiaire[3]. Le directeur, malgré l'agitation qu'il ressentait, en raison de l'ignorance des causes de cet incendie, il pouvait croire qu'une main criminelle l'avait allumé pour faciliter des évasions, ne perdit pas la tête. Il s'adressa aux détenus politiques. Voici comment Colombat raconte cette scène vraiment tragique : Messieurs, nous dit le directeur, je viens faire appel à votre loyauté, à votre courage. Je compte sur vous. Nous lui répondîmes : Nous sommes prêts ; dans le danger, nous ne connaissons qu'un seul devoir et nous sauverions même nos ennemis. Cette réponse, je ne puis me l'attribuer, fut spontanée mes camarades d'infortune la trouvèrent toute naturelle. Aussitôt le directeur nous fit distribuer des haches ; chacun de nous se porta dans les endroits où il était nécessaire de couper le feu, afin d'isoler le foyer de l'incendie. Je suivis le directeur. Les flammes s'approchaient du télégraphe ; nous passâmes par une tourelle. L'inquiétude qui agitait M. Martin Deslandes et la précipitation de ses mouvements entraînèrent sa chute. Il se démit une jambe et la douleur fut si vive qu'il se trouva presque sans connaissance. Je fus assez heureux pour pouvoir le charger sur mes épaules. Je descendis la tourelle afin de le mettre à l'abri du danger que je courais comme lui, lorsqu'un obstacle m'arrêta au passage d'une seconde tourelle par laquelle il fallait absolument franchir la distance qui pouvait nous sauver. La couverture de cette seconde tourelle était tout en feu ; l'écroulement eut lieu presque sur nos têtes. Dans ce moment, je conservai heureusement mon sang-froid et parvins à sauver M. Deslandes, ainsi que moi, de la position périlleuse dans laquelle nous étions[4]. S'il faut en croire aussi l'auteur d'une petite brochure qui n'est qu'un méchant pamphlet politique[5], un autre condamné, Prospert, aurait joué, dans la même circonstance, un rôle vraiment admirable. Prospert, qui avait été condamné en raison de sa participation à l'émeute du 5 juin 1832, était surnommé par ses camarades, le droit et loyal Prospert . Il était détesté des gardiens qu'il dénonçait continuellement au directeur. Contrairement à l'affirmation de Colombat, les politiques avaient réussi à s'emparer des fusils de la garnison. — Il faut reprendre notre liberté ! s'écrièrent-ils. Et Prospert de répondre : — Oui, mais si nous fuyons, les voleurs suivront notre exemple. En effet, devant le péril imminent d'être brûlés ou asphyxiés, les guichetiers ont ouvert le quartier des condamnés ordinaires. — Nous n'avons pas le droit, s'écrie Prospert, de rejeter dans la société quatre cents malheureux qui sortiraient d'ici pires qu'à leur entrée. — Qu'importe, déclarent les politiques, qui ont appartenu à la levée des boucliers vendéens en 1831, échappons-nous quand même ! Prospert se précipite entre eux et la grande porte ouvrant sur le bourg : Je brûle la cervelle, dit-il, au premier qui violera la consigne ! Les républicains et les gardes nationaux se joignent à lui et par une abnégation sublime, les prétendus fauteurs d'anarchie suppléent ainsi les défenseurs officiels de l'ordre, pour empêcher une véritable tourbe de bandits d'envahir, en brisant ses chaînes, les paisibles campagnes normandes et bretonnes. Il faut faire une grande part à l'exagération dans ces deux récits ; Colombat, un maître en fait de réclame, ne sauva nullement son geôlier, en le portant, sur ses épaules, à travers une mer de feu et sous l'écroulement des toitures. Prospert n'eut point à tenir ces beaux discours ; les mesures de précaution prises par M. Martin Deslandes suffisaient à boucler les condamnés. La porte d'entrée ne fut pas abandonnée par les gardiens, pour cette bonne raison que le Châtelet et Belle-Chaire ne furent point menacés par le feu. Seule, la grande nef fut ravagée par l'incendie et encore les murailles furent-elles épargnées neuf ateliers furent détruits, mais on préserva du fléau les dortoirs, les magasins, et tout le côté nord du château. Avant huit heures du matin, on était maître du feu ; l'incendie d'ailleurs n'avait rien eu de bien terrible et, pour des raisons que l'on devine, geôliers et détenus, amplifièrent énormément le rôle qu'ils jouèrent pendant ce sinistre. L'expertise qui fut faite en démontra le peu d'étendue, les dégâts ne s'élevèrent qu'à 41.000 francs[6]. L'abbé Lecourt trouva dans les flammés la croix de la Légion d'honneur, M. Tencey, maître serrurier à Avranches, les frères Poirier, ouvriers de cette ville qui travaillaient au Mont Saint-Michel, cette semaine-là, y gagnèrent une médaille d'argent et Colombat y ramassa, dit-il, le clou libérateur. C'est encore un des curieux épisodes de cet incendie. Colombat nous raconte qu'en rentrant dans sa cellule après le sinistre, il aperçut, par terre, un fort clou qu'il prit machinalement ; il le jeta sur son lit, puis après réflexion le cacha... Il venait d'entrevoir sa liberté ! Au lendemain de l'incendie, il avait éprouvé une grande désillusion. Le préfet de la Manche était venu à la maison centrale et devant toutes les autorités civiles et militaires M. Martin Deslandes avait tenu ce langage aux détenus politiques Messieurs, je n'ai qu'à me louer de votre conduite et je le dis ici devant M. le Préfet, vous devez sortir de cette maison par la belle porte. Puis, tendant la main à Colombat : Monsieur, avait ajouté le directeur, je n'oublierai jamais le service que vous m'avez rendu. Ces bonnes paroles devaient rester vaines pour Colombat. Un mois après la visite préfectorale, le directeur de la maison centrale était avisé que des grâces entières étaient accordées aux prisonniers légitimistes et que des commutations avaient été opérées en faveur de nombreux condamnés ordinaires de Colombat et des autres apôtres de liberté, il n'était question. Colombat repensa à son clou. Il commençait à trouver le temps long. Il y avait plus de deux ans qu'il était interné au Mont avec Jeanne, Blondeau et Lepage, compromis aussi dans l'affaire du cloître Saint-Merry et la grâce attendue, espérée même très raisonnablement à la suite du fameux incendie, ne venait point Il résolut de s'évader et fit part de ses projets à Blondeau et à Lepage ; ils commencèrent par le dissuader, puis, voyant que sa résolution était inébranlable, ils cherchèrent avec lui les meilleurs moyens d'atteindre le but proposé. Enfermés dans la même cellule, les trois hommes confectionnèrent, tout d'abord, une corde de 35 pieds environ, en utilisant tous les débris de ficelle, tous les chiffons et les lambeaux de linge qu'ils purent se procurer. Une inspection minutieuse de la cellule leur avait aussi révélé la présence d'un excavation qui, agrandie, pouvait leur ouvrir un passage vers l'extérieur. Ils agrandirent cette ouverture avec des précautions infinies, remplissant des gravats et du plâtre arraché aux murs de petits sacs de toile qu'ils vidaient, en cachette, par la fenêtre de leur cellule ou dans le baquet. Enfin, au bout de sept mois passés dans des transes continuelles, le trou était suffisamment large et long pour permettre à un homme de se glisser jusqu'à une sorte de couloir, prenant issue sur un chemin de ronde. Colombat affirme que ce couloir, ou mieux ce puits, n'était autre qu'une de ces horribles oubliettes, chères aux religieux du moyen âge. Il me fut, dit-il, tout à fait impossible de descendre jusqu'au fond, à cause de l'odeur fétide qui s'en exhalait. Une chandelle était entourée d'un cercle qui prouvait qu'à l'instant même elle allait être éteinte. Je remontai, car j'avais eu la précaution, en creusant l'espèce de couloir qui m'avait amené à la découverte du souterrain, de laisser quelques pierres qui me servaient de marches, puis je me recouchai. Je fus quatre jours sans redescendre dans le caveau pour laisser à l'air le temps d'y pénétrer ; enfin je résolus de reprendre mes occupations si pénibles, j'entrai dans le souterrain et l'inspection des lieux me glaça d'effroi. Après avoir reconnu tous les coins et recoins, j'aperçus des ossements et une tête de mort ; de vieilles ferrures rouillées annonçaient que cette basse-fosse avait été témoin des derniers soupirs de quelques victimes dans les âges précédents ; je remontai même la tête de mort et je la présentai à mes compagnons en leur disant : Voyez ! Nous ne sommes pas seuls ici. Colombat continue sur ce ton pendant plusieurs pages. Tout, dans son récit est déclamation et invraisemblance. Enfin, il arrive à un soir d'orage du mois de juin 1835 ; il cherche à décider Blondeau et Lepage à s'engager dans le couloir, à descendre au fond de l'oubliette ; il leur fait un grand discours sur la liberté qui les appelle ses compagnons font la sourde oreille ; il rampe, seul, dans l'étroit boyau ; il est au fond de l'oubliette ; mais à 45 pieds au-dessus du chemin de ronde, il se laisse glisser le long de la corde ; il tombe meurtri, il se relève, descend un escalier de 160 marches et arrive, enfin, au dernier rempart de Mont. Il y a six tourelles, je choisis celle du nord ; c'est celle par laquelle on hisse les denrées et les vivres, lorsque la marée est montante. Il est une heure du matin, il est déjà descendu de 300 pieds ; enfin il est sur les grèves, mais la mer va l'engloutir. Le jour paraît ; il entend un coup de canon ; c'est son évasion que l'on signale il fuit toujours devant lui et atteint la terre étrangère, Jersey, paraît-il. Tel est, résumé fidèlement en quelques lignes, le récit de l'évasion de Colombat. Il n'est pas douteux que ce dernier a dramatisé cet événement d'une façon extraordinaire ; conçoit-on trois prisonniers, surveillés de très près en raison d'une condamnation politique, confectionnant librement une longue corde avec du chiffon et du linge, creusant une galerie de plus de vingt pieds, d'une largeur suffisante pour donner passage à un homme, sans que les gardiens qui visitaient nuit et jour toutes les deux ou trois heures les cellules, se fussent aperçus de ce travail considérable ? Le conduit débouchant précisément dans une oubliette et celle-ci ayant une communication avec un chemin de ronde, voilà qui est encore bien extraordinaire ! Si bien que l'on connaisse le plan du Mont Saint-Michel et la disposition des bâtiments, il est impossible de suivre Colombat dans la voie de son évasion. Quel est donc l'escalier de 160 marches qui borde le précipice étroit auquel il fait allusion, et que signifie cette descente de plus de 300 pieds, de cent mètres par conséquent, alors que le niveau moyen de la mer au sol de la basilique, c'est-à-dire au-dessus des cellules des Exils atteint 78 mètres[7] ? Enfin la tour que choisit Colombat est précisément la plus élevée ; la tour du Nord d'où, dit-il, il se laissa glisser, après avoir attaché sa corde à une poulie, par laquelle on hissait les approvisionnements, n'a jamais eu d'appareil de ce genre le détenu a confondu avec la tour Basse, située entre la tour de la Liberté et la tour Boucle ; elle ressemble beaucoup au musoir d'un môle. L'évasion de Colombat est certaine, mais elle a été dramatisée par lui ; il fallait bien se rendre intéressant et trouver la matière d'une brochure. Elle parut à Caen, chez Hardel, vers 1838. Elle était vendue au bénéfice de l'auteur qui, profitant de l'amnistie du ministère Molé, était rentré en France et tenait à Caen un petit débit de boissons, dont l'enseigne était A la descente du Mont Saint-Michel et où il racontait à de rares consommateurs son horrible captivité au Mont Saint-Michel et sa merveilleuse évasion. Le procès des accusés d'avril 1834 qui se déroula de février 1835[8] au mois de décembre de la même année, eut également pour résultat d'envoyer au Mont Saint-Michel quelques insurgés de Paris et de Lyon. Parmi ces derniers se trouvait Marc Caussidière, dessinateur en soieries ; on a prétendu qu'il chercha à s'évader dans des circonstances identiques à celles dont avait profité Colombat. Nous n'avons trouvé aucune pièce relative à cet événement. Moins de deux ans après son incarcération, Caussidière, ainsi que plusieurs des détenus du Mont, quittait libre le château, en vertu de l'amnistie proposée par le ministère Molé. Bientôt l'agitation allait recommencer. Le 12 mai la société des Saisons conduite par Barbès, Blanqui, Martin Bernard, Quignot et plusieurs autres s'emparait d'un magasin d'armes dans la rue Bourg-l'Abbé. Repoussés du Palais de Justice, les insurgés se barricadèrent dans la rue Greneta après une résistance désespérée, ils furent presque tous tués ou pris. Nous allons en retrouver quelques-uns dans les prisons du Mont Saint-Michel. |
[1] Y furent aussi enfermés : Roullier du Tillet, Tharin, Frémendière, Potier, Duclos, Elie, Stubble.
[2] La plupart avaient été condamnés, en vertu du jugement du 27 août 1832.
[3] J. TRAVERS, le Mont Saint-Michel, sonnets, Cherbourg, 1835. Boulanger, in-8°. Extrait des Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, 1835, pp. 381-412.
[4] EDOUARD COLOMBAT, Souvenirs d'un prisonnier d'État au Mont Saint-Michel. Caen, brochure de 16 pages.
[5] J. COUVAIN, les Prisonniers du Mont Saint-Michel, 1872, petit in-16.
[6] L'incendie causa beaucoup moins de ravages au Mont que les directeurs et les architectes n'en occasionnèrent. Le Journal d'Avranches, n° des 2 et 9 septembre 1838, contient une violente polémique sur les agissements de M. Prat, ancien commissaire de police à Lyon qui s'occupa plus de la dégradation du monument que du bien des détenus. Il a fait tort au Mont de 110.000 francs et s'il était resté plus longtemps, il aurait fini par démolir le monument. La preuve en est que, sans un bloc de maçonnerie que fit faire d'urgence un architecte de Paris, tout le bâtiment, occupé par les détenus politiques et par le directeur, n'existerait plus aujourd'hui. Il faut avouer que voilà un geôlier (traitement de 5.000 francs) qui nous coûte cher. L'entrepreneur des travaux, M. Delalande, protesta contre les allégations du Journal d'Avranches mais il dut reconnaître que pour avoir de la pierre, on avait sapé la base des bâtiments : Simple imprudence, disait-il.
[7] Voici quelques mesures utiles pour la connaissance de la hauteur du Mont Saint-Michel.
Du niveau de la mer au sol de l'église abbatiale : 78 m. 60 ; du sol de cet édifice au niveau supérieur de la tour neuve : 34 m. 70 ; de la base de la flèche au sommet du chapiteau portant la statue : 39 m. 80 ; statue de Frémiet, du socle à la pointe de l'épée de saint Michel : 4 m. ; total : 157 m.10
[8] C'est au cours du procès dit des Accusés d'avril, que M. Fulgence Girard avait fait connaissance de Martin Bernard, de Barbès et de Blanqui. Il avait même facilité l'évasion de Cavaignac, Granger, Vignerie et plusieurs autres qui s'échappèrent de Sainte-Pélagie.