ESSAI SUR MARC-AURÈLE D'APRÈS LES MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES

 

NOTE 8.

 

 

On trouve un grand nombre d'inscriptions rappelant les quætores alimentorum, ou bien encore quæstores pecuniæ ou arcæ alimentariæ, dont les fonctions semblent avoir été municipales. Ces questeurs se trouvaient sous la juridiction d'autres magistrats nommés par l'empereur, et qui ont porté pendant les règnes de Trajan, d'Adrien, d'Antonin, le nom de procuratores alimentorum ou alimoniæ. L'examen attentif de toutes les inscriptions qui se rapportent à eux fait connaître que cette charge accordée à des hommes ayant rempli des fonctions militaires jusqu'au tribunat, ou ayant exercé déjà d'autres procurations, n'était confiée qu'à des personnes ayant rang de chevalier. Les procurateurs paraissent avoir étendu leur action chacun sur une des provinces de l'Italie où ils se trouvaient désignés par leurs fonctions pour exercer une haute surveillance sur tout ce qui regardait les secours alimentaires. C'est ainsi que nous trouvons dans les monuments épigraphiques du procuratores alimentorum per Transpadum, Histriam et Liburniam, des procuratores ad alimenta Bruttii, Calabriæ et Apuliæ, d'autres s'intitulant procuratores alimentorum Flaminiæ, etc. Au-dessus de ces procurateurs, et conformément à ce qui se passait pour d'autres administrations, telles que la direction des eaux présidée par le consularis aquarum, ou celle des travaux publics présidée par le curator operum publicorum, la direction suprême des secours alimentaires avait été confiée par Trajan à un personnage consulaire dont relevaient tous les procuratores alimentorum des provinces, de la même manière que les procuratores rigesimæ hereditatum relevaient du præfectus ærarii militaris. M. Borghesi a supposé que le premier consulaire qui ait exercé ces fonctions importantes avait été le Pomponius Bassus dont on lit le nom dans la table alimentaire de Veleja, et qui plus tard est nommé patron de Ferentino par une délibération dans laquelle on cite ce personnage éminent comme ayant été placé, sous Trajan, à la tête de l'institution par laquelle cet empereur a veillé au salut éternel de l'Italie : Demandatam sibi curam ab indulgentissimo imp. Cæsare Nerva Trajan Augusto Germanico qua æternitati Italiæ suæ prospesit secundum liberalitatem ejus ita ordinari ut omnis ætas curæ ejus merito gratias agere debeat (Borghesi, Sui prefetti alim.). Or les expressions employées en parlant de l'institution à laquelle présidait Bassus ne peuvent guère s'entendre, surtout au début du règne de Trajan, que du service des secours alimentaires en faveur des jeunes enfants de condition libre, service créé vers cette époque ; et l'inscription date en effet des premières années du règne de l'empereur, puisqu'il n'y porte pas encore le surnom de Dacicus (voyez la Table de Bronze publiée par Gruter, 458, 1, et par Orelli, n° 784). Quoi qu'il en soit, un præfectus alimentorum personnage consulaire, des procuratores alimentorum pris dans l'ordre des chevaliers et préposés à l'administration alimentaire de chaque province, des quæstores alimentarii nommés par les municipes, telle paraît avoir été, pendant toute la première moitié du second siècle, et jusqu'aux réformes apportées à l'institution par Marc-Aurèle, la hiérarchie des fonctionnaires employés à la distribution des secours alimentaires de fondation impériale — voyez le Mémoire sur la Tabula alimentaria Bæbianorum insérée par Henzen dans les Annal. de l'Inst. archéol., 1844, pp. 39-48 ; les Ricerche intorno i due primi præfecti alimentorum, par Borghesi, Bull. de l'Inst. archéol., 1844, p. 125-127, et l'intéressant travail de M. E. Desjardins De Tabulis alimentariis, Paris, 1854.