De la France et de l'Angleterre. — Première période de rivalité entre les deux couronnes, 1100-1270. § I. — Depuis l'avènement de Louis VI et de Henri Ier jusqu'au divorce de Louis VII et à l'avènement des Plantagenêts, 1100-1154. LES deux princes par qui va commencer la longue lutte des deux nations montèrent sur le trône avec des droits bien différents, mais également contestes. Louis VI, dit le Gros, associé à la couronne par son père Philippe Ier, en 1099, trouva une véritable marâtre dans la reine Bertrade, et des vassaux infidèles dans les seigneurs, de l'Ile-de-France et de l'Orléanais, qui, avant comme après la mort de Philippe, arrivée en 108, ne cessèrent de susciter à son héritier des hostilités d'où il sortit toujours à son avantage. En Angleterre, la couronne de Guillaume le Conquérant, déjà usurpée par Guillaume le Roux, son-second fils, le fut ensuite par Henri Ier (1100) au préjudice de Robert, leur frère aîné. Ce duc de Normandie, trouvant au retour de la croisade ses droits encore méconnus, entreprit de les faire valoir ; mais la bataille de Tinchebray, en 1106, détruisit toutes ses espérances, et le condamna à finir sa vie en prison. Dès lors le duché de Normandie fut véritablement réuni au royaume d'Angleterre. Première guerre entre l'Angleterre et la France, 1113-1125. — La possession d'une petite ville allume cette grande querelle qui devait ébranler la monarchie française et détourner la nation anglaise des voies de prospérité que la nature a ouvertes devant elle. Gisors, objet de contestation entre les deux rois, et mis en séquestre, est envahi par Henri Ier. Louis VI réclame et prend les armes. Vainqueur à Néaufle, battu à Brenneville, il signe deux paix de courte durée, et provoque une troisième rupture en donnant des secours au prétendant de Normandie, Guillaume Cliton, fils de Robert. Le roi d'Angleterre met dans ses intérêts son gendre, l'empereur Henri V, qui entre en Champagne avec une nombreuse armée. Louis marche à sa rencontre à la tête de ses vassaux et des milices communales, appelées pour la première fois sous l'oriflamme ; la guerre devient ainsi nationale. Les impériaux se retirent à l'approche des Français, et leur retraite oblige le monarque anglais à demander la paix (1125). 1127. — Les droits de Guillaume Cliton venaient d'être sacrifiés. Mais le comté de Flandre étant devenu vacant par l'extinction de ses anciens comtes, Louis investit de ce fief le prétendant de Normandie. Thierri d'Alsace réclame, et reste maître du pays après la mort de son compétiteur. ETIENNE, roi d'Angleterre, 1135 ; LOUIS VII, roi de France, 1137. — Henri Ier étant mort sans enfant mâle, les droits de sa fille Mathilde sont méconnus, et les seigneurs donnent la couronne à Etienne de Blois, comte de Boulogne, petit-fils du Conquérant par sa mère. Le nouveau roi trouve un appui dans Louis le Jeune, qui accepte son fils Eustache pour beau-frère, et lui donne l'investiture de la Normandie. Cependant la veuve de l'empereur Henri V, devenue l'épouse du comte d'Anjou, Geoffroy Plantagenêt, revendique ses droits à la couronne de son père, et les fait appuyer par son oncle David, roi d'Ecosse. Les Ecossais sont défaits à la bataille de l'Étendard (1138) ; Etienne, vaincu à son tour, et fait prisonnier à Lincoln par le comte de Glocester (1141), est délivré bientôt après par Guillaume d'Ypres, qui bat à Winchester le général de Mathilde. Les hostilités ne se terminent qu'en 1153, lorsque Étienne, après la mort d'Eustache, son fils aîné, désigne pour lui succéder Henri Plantagenêt, fils de Mathilde, et fait souscrire le traité de cession par son second fils Guillaume, comte de Boulogne. Le jeune comte d'Anjou avait hérité de la Normandie reconquise par sa mère, et il venait d'acquérir la Guyenne par son mariage avec Eléonore, que Louis le Jeune avait répudiée au retour de la Terre-Sainte. Sa puissance territoriale sur le continent surpassait dès-lors en étendue les domaines directs du roi de France. Louis VII avait perdu par ce divorce tous les fruits d'un mariage qui devait avancer de plusieurs siècles les progrès de la puissance royale. On peut considérer cette faute comme un des résultats de la malencontreuse croisade qu'il avait entreprise, en 1147, à l'instigation de saint Bernard, et malgré l'opposition de l'abbé Suger, son ministre. (Voyez chap. Ier.) § II. — Depuis l'avènement des Plantagenêts jusqu'à la mort de Richard Cœur-de-Lion, 1154-1199. HENRI II, en succédant à Étienne, commença la dynastie angevine, qui a donné des rois à l'Angleterre jusqu'en 1485. L'époux d'Éléonore ne tarda pas à se prévaloir des droits de cette princesse ; mais, heureusement pour la France, ses prétentions sur le comté de Toulouse, n'eurent pas de suite. Thomas Becket, 1164-1174. — Un parlement tenu à Clarendon, faisant revivre les anciennes coutumes du royaume, établit des statuts qui soumettent les clercs à la justice royale. Becket, archevêque de Cantorbéry, jure de les observer, et rétracte ensuite son serment. Henri II saisit son temporel et l'oblige de se réfugier en France ; mais les menaces du pape Alexandre III décident le roi à rappeler le prélat. Becket est assassiné à son retour (1170). Henri, accusé de provocation à ce crime, ne peut se soustraire à l'anathème, et n'obtient son absolution qu'après une pénitence publique. Conquête de l'Irlande, 1171. — En vertu d'une bulle déjà ancienne d'Adrien IV, qui avait cru pouvoir donner l'Irlande au roi d'Angleterre, Henri fait une descente dans cette ile. Il débarque à Milford, s'empare d'une partie du pays, et reçoit, quelques années après, l'hommage féodal de Roderic O'Connor, roi supérieur d'Irlande. Guerre avec la France, 1173-1177. — Henri Court-Mantel, à l'instigation de sa mère Eléonore, soulève l'Anjou et l'Aquitaine contre le roi son père. Les rois de France et d'Écosse embrassent la cause des rebelles. Louis prend Verneuil qu'il livre aux flammes ; mais son armée est battue par Henri II. Guillaume d'Écosse, vaincu à Alnwich, tombe au pouvoir des Anglais (1174), et ne recouvre la liberté qu'en soumettant sa couronne à la suzeraineté de l'Angleterre. Les succès d'Henri II amènent la trêve de Mont-Louis. Mais la paix ne fut conclue qu'en 1177, et la guerre recommença après la mort de Louis le Jeune et de Henri Court-Mantel. PHILIPPE-AUGUSTE, roi de France, 1180. — Couronné du vivant de son père comme les premiers Carlovingiens et les premiers Capétiens, Philippe commence un règne glorieux qui devait affermir sa dynastie en agrandissant tout à la fois le domaine de la couronne et la prérogative royale. Guerre avec l'Angleterre, 1186-1189. — Le roi de France réclame le Vexin, dot de si sœur Marguerite, morte sans enfants de son mariage avec le prince Henri d'Angleterre. Les hostilités recommencent ; Philippe envahit le Berri, et protège le comte de Toulouse. Il voit bientôt se joindre à lui le fils de son ennemi, Richard, duc de Guienne. Dès-lors Henri II ne peut plus tenir la campagne, et se trouve réduit à accepter le traité de la Colombière dont l'humiliation abrège ses jours. RICHARD CŒUR-DE-LION, roi d'Angleterre, 1189. — Le règne de ce prince aventureux devait commencer par une croisade, Richard l'entreprit avec Philippe, et ces deux princes, amis au départ, désunis pendant le voyage, ne reparurent dans leurs Etats qu'avec des sentiments de haine et de vengeance. (Voyez chap. Ier.) Nouvelle guerre, 1193-1198. — Philippe, n'ayant pu obtenir d'Éléonore la remise de sa sœur Alix, délaissée par Richard, attaque la Normandie et échoue devant Rouen. Il favorise les projets d'usurpation de Jean, frère de Richard. Mais le roi d'Angleterre, sorti de sa prison, ressaisit ses droits et défend ses Etats. Philippe, battu à Fréteval, tour à tour vainqueur et vaincu à Gisors, se réconcilie avec Richard en 1198. Le roi d'Angleterre est tué l'année d'après devant le château de Chalus. § III. — Conquêtes de Philippe-Auguste ; guerre civile en Angleterre et en France, 1199 1229. JEAN-SANS-TERRE, roi d Angleterre, 1199. — Le droit de représentation, suivi dans les Etats féodaux, donnait la couronne à Arthur de Bretagne, fils de Geoffroy d'Angleterre. Ce jeune prince la redemande, et Philippe-Auguste se déclare en sa faveur. Conquêtes de Philippe-Auguste, 1204. — La guerre avec les Anglais ne prend un caractère décisif qu'après le meurtre d'Arthur, commis par Jean-sans-Terre en 1203. Le coupable, en sa qualité de vassal de la couronne de France, est cité à la cour des pairs, et condamné par défaut. En vertu de l'arrêt qui confisquait ses fiels, Philippe-Auguste s'en empare, et le domaine royal, déjà agrandi par ce prince de l'Artois et du Vermandois, se trouve alors doublé par la réunion de la Normandie, de l'Anjou, du Maine et du Poitou. Il ne reste aux Anglais que la Guienne. La Bretagne est assignée à une sœur d'Arthur ; qui épouse, en 1213, Pierre de Dreux, arrière-petit-fils de Louis le Gros f et chef de la branche royale des ducs de Bretagne. Guerre civile en Angleterre, 1207-1217. — D'autres malheurs, aussi bien mérités, affligèrent le roi Jean dans ses propres États. Des différends s'étant élevés entre ce prince et Innocent III, au sujet de la nomination au siège de Cantorbéry, le pontife offre la couronne à Philippe-Auguste, qui la refuse, tout en favorisant la révolte des Anglais contre leur oppresseur. Jean, menacé par le roi de France et par ses propres sujets, fait hommage de sa couronne au pape (1213). Les barons indignés prennent les armes, mais cette fois le monarque anglais triomphe des rebelles, et sa flotté bat celle de Philippe. Il se ligue ensuite avec Othon IV, empereur détrôné, et Fernand, comte de Flandre, dans le dessein de démembrer la France. La brillante victoire de Bouvines sauve le trône èt la monarchie (1214). Charte anglaise, 1205. — Une révolte presque générale ayant éclaté de nouveau en Angleterre, Jean est chassé de sa capitale, et obligé de souscrire la grande charte, cette base inébranlable des libertés anglaises, Cependant l'oubli de ses serments donne lieu à une troisième insurrection, et les barons poussés à bout demandent pour roi le fils de Philippe, qui va prendre possession de la couronne. Mais la mort de Jean, en 1216, rallie les vœux de la nation au sang de ses rois, et Henri III est proclamé. Louis, battu à Lincoln, quitte l'Angleterre en 1217, et vient s'engager en France dans une autre guerre à la fois civile et religieuse. Guerre des Albigeois, 1207-1229. — Le douzième siècle avait vu naître en France deux sectes souvent confondues, mais bien distinctes : les Vaudois, originaires de Lyon, et les hérétiques d'Albi. Ces derniers, accusés de manichéisme, s'étaient multipliés dans le Languedoc, lorsque le légat d'Innocent III, Pierre de Castelnau, forma, en 1207, une ligue de seigneurs pour les exterminer. Le comte de Toulouse, Raymond VI, ayant refusé de s'armer contre ses sujets, fut frappé d'excommunication. 1208-1224. — Le légat est assassiné, et on accuse Raymond de ce crime. Une croisade est prêchée contre lui, et le pape en donne le commandement à Simon de Montfort, qui défait les Albigeois à la bataille de Muret, où périt Pèdre II d'Aragon, allié du comte de Toulouse (1213). Raymond VI est tout à la fois trahi, excommunié et dépouillé de ses États que le pape transfère à Montfort (1215) ; mais ce vainqueur sanguinaire est tué trois ans après au siège de Toulouse. Son fils Amauri continue faiblement la guerre contre Raymond VI et Raymond VII, et cède ensuite ses prétentions sur le comté de Languedoc au roi de France Louis VIII. LOUIS VIII, 1223-1226. — Philippe-Auguste avait refusé de prendre part à la guerre des Albigeois ; mais son fils, mal avisé, alla combattre les hérétiques avant d'être roi, et rechercha, après son avènement, l'occasion de les combattre encore. Au lieu, de poursuivre ses succès contre les Anglais, et d'achever la conquête de la Guienne/il aima mieux dissiper sa gloire dans une guerre injuste et désastreuse. 1226. — Louis VIII marche contre les Albigeois à la tête de deux cent mille hommes. Il se rend maître d'Avignon défendu par ses consuls, et de plusieurs villes du Languedoc ; mais une contagion ravage son armée, et lui-même, atteint de ce fléau, va mourir à Montpensier en Auvergne. Traité de Meaux, 1229. — La guerre de religion continue pendant la minorité de Louis IX, et se termine enfin par le traité de Meaux, qui transporte plusieurs seigneuries à la couronne, et stipule le mariage de Jeanne, héritière de Toulouse, avec Alphonse de Poitiers, frère du roi de France. Le Comtat Venaissin est cédé au pape, qui le restitue, et l'Inquisition est établie. § IV. — Règnes de saint Louis et d'Henri III, 1226-1272. Ces deux princes montèrent sur le trône en bas âge, l'un en 1216, et l'autre en 1226. La minorité d'Henri III finissait lorsque Louis IX commença la sienne. Celle du roi d'Angleterre fut tranquille sous l'administration vigoureuse, en même temps qu'oppressive, de Hubert du Bourg ; mais la guerre civile devait troubler la vieillesse de ce prince. Le contraire arriva en France. Guerre de la régence en France, 1226-1234. — La reine Blanche, veuve de Louis VIII, s'étant emparée de la régence contre les coutumes de l'État, les princes et les barons français prennent les armes pour enlever le jeune roi à sa mère et mettre le comte de Boulogne, son oncle, à la tête des affaires. Mais Blanche, secondée par Matthieu de Montmorency, détache de la ligue Thibaut de Champagne et les plus puissants feudataires, pendant qu'elle fait signer au comte de Toulouse le traité de Meaux (1229). La fureur des rebelles tombe alors sur Thibaut, qui avait offensé le duc de Bretagne, Pierre Mauclerc. Ils lui opposent les prétentions d'Alix de Chypre sur la Champagne ; Triais le jeune roi protège ce comté, et marche contre le Breton qui venait de reconnaître la suzeraineté du roi d'Angleterre. Mauclerc est ramené à l'obéissance par le traité de Compiègne, pt Thibaut, qui venait d'hériter de la couronne de Navarre, vend au roi le comté de Blois, pour indemniser sa cousine Alix (1234). 1235. — Louis IX épouse Marguerite, fille de Bérenger IV, comte de Provence. Béatrix, sœur de Marguerite, devait bientôt apporter ce comté en dot à Charles d'Anjou, frère du roi de France, qui ne parvint qu'à force d'astuce et de cruautés à faire accepter par les Marseillais la domination des Français du Nord. Guerre avec l'Angleterre, 1241-1243. — Louis se met en devoir de châtier Hugues de Lusignan, comte de la Marche, qui avait refusé l'hommage au comte de Poitiers, son suzerain. Le vassal félon, menacé de perdre son fief, est secouru par Henri III. Les Anglais sont battus à Taillebourg et à Saintes, et Louis consent à la trêve de Bordeaux, qui laissa la Guienne au roi d'Angleterre, sous la condition de l'hommage-lige. Cette trêve fut convertie en paix définitive par le traité d'Abbeville conclu en 1259. Croisades, 1248 et 1270. — Dans l'intervalle des deux traites, le roi de France entreprend sa première croisade, qui devait être suivie d'une autre également stérile et plus déplorable encore. (Voyez chap. II.) Guerre civile en Angleterre, 1258-1265. — Henri III avait mécontenté toutes les classes de la nation par l'abolition de la grande charte et par ses actes de tyrannie Les barons, soulevés par Simon de Montfort, comte de Leicester, le forcent de jurer les status d'Oxford. La violation de ce serment excite un soulèvement le royaume. Louis IX, choisi, pour arbitre entre le roi d'Angleterre et ses barons, prononce un jugement équitable qui ne satisfait aucune des parties. La bataille de Lewes livre à Leicester la personne de Henri III et toute l'autorité publique (1264). Ce chef de parti établit dans chaque comté un Conservateur des privilèges de la nation, et fait admettre pour la première fois au parlement les députés des communes. En ia65, le prince Édouard, fils de Henri III, relève l'étendard royal, et réduit les rebelles par la victoire d'Evesham. Croisade de 1270. — Édouard prend la croix en même temps que Louis IX, et va combattre seul les Infidèles en Palestine. Le roi de France venait de mourir devant Tunis, victime d'une croisade qui fut la dernière. (Voyez le chap. II.) Il suffit de dire, à la louange de ce prince, qu'il fut doué de toutes les vertus qui font les grands rois, les héros et les saints. Gouvernement de saint Louis. — Ce prince réunit à la couronne ou fit entrer dans sa maison des provinces qui ne coûtèrent pas une goutte de sang a la nation, Les alliances de ses frères Alphonse et Charles préparèrent la réunion du Languedoc et de la Provence. Blois et Chartres furent acquis du comte de Champagne moyennant une somme d'argent ; Nîmes et Carcassonne, par la renonciation à la suzeraineté de Barcelone (1258). Le traité d'Abbeville, en 1259, consolida la possession des conquêtes de Philippe-Auguste. Le désintéressement qui en dicta les conditions avait déjà éclaté par le refus de la couronne impériale que le pape offrait à. Robert de France Médiateur incorruptible, saint Louis fut pris pour juge de toutes les grandes querellas de son temps, et s'efforça de réconcilier le duc de Bretagne avec le roi de Navarre, le roi de Navarre avec le roi d'Angleterre, Henri III avec ses barons, Grégoire IX avec Frédéric II. Dans ses relations avec la cour de Rome, il défendit avec une fermeté respectueuse les privilèges de sa couronne, et sa Pragmatique-Sanction fonda les libertés gallicanes en 1269. Comme législateur, ce prince appellera ailleurs notre attention. Indiquons seulement ce qu'il fit pour le bien de l'État. Il poursuivit l'ouvrage de Philippe-Auguste, et s'appliqua à fortifier l'autorité royale et à restreindre celle des vassaux, tout en respectant des droits usurpés par la violence, mais consacrés par le temps. Pour la première fois, des députés de la bourgeoisie furent admis dans quelques assemblées publiques. La justice fut réformée par de sages ordonnances et par l'influence des Etablissemens ; la limite des deux juridictions bien déterminée par l'ordonnance de 1235 ; l'Université punie ou encouragée selon ses écarts ou ses services ; les communautés de métiers disciplinées par d'utiles règlements. Enfin c'est à saint Louis que sont appliquées ces paroles d'un grand historien, étranger et protestant : Ce furent les armes qui fondèrent l'empire des Francs, ce fut la vertu qui affermit la royauté en France. (Müller.) Ajoutons à cet hommage bien mérité le portrait qu'a tracé de Louis IX un grand écrivain qui s'attacha trop souvent à rabaisser la gloire des princes religieux. Louis IX paraissait un prince destiné à réformer l'Europe, si elle avait pu l'être ; à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes. Sa piété, qui était celle d'un anachorète, ne lui ôta aucune vertu de roi. Une sage économie ne déroba rien à sa libéralité. Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte ; et peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette louange : prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s'il n'avait jamais été que malheureux ; il n'est pas donné à l'homme de porter plus loin la vertu. (Voltaire.) |