PRÉCIS DE L'HISTOIRE DU MOYEN ÂGE

PREMIÈRE PARTIE. — DEPUIS L'INVASION DES BARBARES JUSQU'AUX CROISADES, 395-1095

 

CHAPITRE HUITIÈME.

 

 

Conquêtes des Arabes sous les premiers khalifes et pendant la domination des Ommiades.

 

§ I. — Première période de conquêtes.

 

QUATRE khalifes furent élevés tour à tour sur la chaire de Mahomet par le suffrage des principaux chefs de l'islamisme. Abou-Bèkre, élu le premier en 632, donna le signal de la guerre sainte pour remplir le vœu du Prophète, qui avait invité les croyants à la conversion des infidèles. Omar, qui vint après lui (634), vit passer sous ses lois les trois grandes régions qui avoisinent l'Arable. Sous le khalifat- Othman (644-655), ces conquêtes furent achevées ou affermies, et la puissance des Arabes reçut un lustre nouveau par leurs premières victoires navales.

Le vertueux Ali semblait destiné à mettre la législation du Prophète en harmonie avec l'étendue de la domination musulmane. Mais les cinq années de son règne furent troublées par la guerre civile, et, comme ses deux prédécesseurs, il succomba sous les coups d'un fanatique qui assura, sans le vouloir, le triomphe du rebelle Moawiah et l'établissement d'une dynastie héréditaire (660).

Cette courte période des khalifes électifs fut illustrée par des conquêtes d'une rapidité sans exemple ; l'empire musulman, propagé hors de l'Arabie aux dépens des empereurs romains et des rois sassanides, s'agrandit de la Syrie, de l'Égypte et de la Perse.

Conquête de la Syrie, 632-638. — Abou-Obéidah, lieutenant d'Abou-Bèkre, commence la conquête de la Syrie par le siège de Bostra, pendant que Khaled, surnommé le Glaive de Dieu, soumet à l'islamisme les princes Al-Mondars de Hira et d'Ambar. Ces deux généraux, ayant réuni leurs forces, s'emparent de la ville par la trahison du gouverneur, et marchent sur Damas. L'arrivée d'une armée impériale interrompt le siège de cette place. Mais les Arabes, vainqueurs à Aiznadin, reparaissent devant ses murailles, et emportent la ville après une longue résistance. Emesse et Baalbek (Héliopolis) suivent le sort de Damas, et toute la Célésyrie subit la domination du khalife Omar.

L'empereur Héraclius, effrayé de ces premiers revers, envoie le patrice Manuel, avec une armée formidable, au secours de la Syrie. Mais malgré leur nombre, malgré le secours de soixante mille Arabes-chrétiens, les Romains éprouvent une nouvelle défaite sur les bords de l'Yermouk, près du lac de Tibériade. Cette victoire, due à l'intrépidité des amazones musulmanes, décide du sort de la Syrie. Toutes les florissantes cités de cette province tombent successivement au pouvoir des vainqueurs. Héraclius n'ose défendre Antioche contre Khaled, et Jérusalem ouvre ses portes au, khalife, qui accorde aux instances du patriarche Sophronius des conditions honorables pour les Chrétiens et la liberté de leur culte. La soumission des villes maritimes ouvre la mer aux entreprises des Arabes, pendant que la conquête de la Mésopotamie, dernier exploit de Khaled, les met en communication avec la Perse.

Conquête de l'Égypte, 638-640. — Cette importante province de l'empire d'Orient était en proie à des querelles religieuses qui devaient en faciliter la conquête. Amrou y pénètre à la tête de quatre mille cavaliers, sans attendre les ordres du khalife. Les Coptes jacobites, persécutés par la cour de Byzance, se joignent aux Musulmans, dont ils espèrent plus de tolérance, et leur chef Mokawkas conclut avec Amrou un traité de soumission. Memphis, déchue de son ancienne grandeur, ne peut opposer qu'une faible résistance. Mais Alexandrie, peuplée de Grecs, et siège des autorités impériales, se prépare à repousser les attaques des Infidèles. Bien qu'abandonnée à ses propres forces, elle trouve d'immenses ressources dans ses richesses, dans ses nombreux habitans et dans le zèle de Cyrus, patriarche et préfet de la province. Cependant, après un siège de quatorze mois, où périrent vingt-trois mille Musulmans, la ville est emportée d'assaut (640). Le vainqueur épargne la vie des habitans et livre aux flammes la bibliothèque des Ptolémées, déjà réduite à peu de volumes par un incendie et un pillage. C'est en vain que la cour de Byzance essaie de reprendre Alexandrie ; l'Égypte tout entière reste aux Arabes, et enrichit les khalifes par la fécondité de son sol et les avantages de son commerce.

647. — La possession de l'Égypte semblait inviter les Arabes à la conquête de l'Afrique septentrionale. Amrou ayant été rappelé après la mort d'Omar, son successeur Abdallah entreprend une expédition à travers la Cyrénaïque déserte. L'exarque de Tripoli perd la vie dans une bataille. Mais les Musulmans ne recueillent aucun fruit de cette victoire ; les maladies et la disette les forcent à la retraite.

Conquête de la Perse, 636-652. — Depuis que le parricide Siroès avait détrôné son père Chosroès II, l'Empire des Perses avait vu passer sur le trône sept usurpateurs dans l'espace de quatre années. La tiare royale des Sassanides venait enfin d'être rendue au légitime héritier, Iesdegerde III, enfant de douze ans, inhabile à gouverner, et impuissant à défendre un empire épuisé par l'anarchie.

636. — A l'approche des Musulmans, commandés par Saïd, cent cinquante mille Perses se réunissent sous les ordres du vizir Rustan, pour détendre leur patrie et leur religion ; mais cette armée, assemblée à la hâte, ne peut résister à la bravoure fanatique des Arabes. Vaincus à Kadésiah, les Persans fuient au-delà du Tigre, et laissent Ctésiphon sans défense. Les Musulmans détruisent cette capitale, et fondent les villes de Coufah et de Bassorah.

642. — Iesdegerde, réfugié à Holwan, rassemble une nouvelle armée. Mais la bataille de Néhavend, surnommée la Victoire des Victoires, épuise ses dernières ressources sans abattre son courage. Il va chercher de nouveaux défenseurs dans le Farsistan, pendant que les vainqueurs repassent le Tigre à Mossoul, pour faire leur jonction avec l'armée de Syrie, qui venait de soumettre le Diarbékir.

652. — Une fois maîtres de la Perse occidentale, les Arabes passent la chaîne montagneuse de l'Irak et chassent le malheureux Iesdegerde d'Istakhar (Persépolis). Ahnaf le poursuit jusqu'au-delà de l'Oxus, et prend possession du Khorasan. Le prince détrôné va solliciter la pitié de l'empereur chinois Taï-Tsong, qui permet aux hordes du Turkestan de s'armer pour sa querelle. Iesdegerde semble toucher au moment de reconquérir ses États, lorsqu'il est abandonné par ses auxiliaires, et égorgé sur le bord du Marg-Ab. La mort de ce prince met fin à la dynastie de Sassan et au second empire des Perses.

La conquête de la Perse eut une grande influence sur la civilisation des Arabes, qui y puisèrent le goût des sciences et des arts de l'Orient, pendant que le séjour de leurs khalifes en Syrie les mettait en contact avec la philosophie des Grecs.

 

§ II. — Première révolution dans le khalifat. - Avènement des Ommiades.

 

655-660. — Ali, proclamé khalife à Coufah, entreprend d'abaisser les Ommiades, dont l'ambition lui portait ombrage, et retire le gouvernement de la Syrie à Moaviah, chef de cette famille. Ce fils d'Abou-Sophian refuse d'obéir, et prend lui-même le titre de prince des Croyants (Emir-al-Moumenim). Le khalife légitime livre à l'usurpateur la bataille de Seffein, qui laisse la querelle indécise. Mais Ali ayant succombé sous le poignard d'un assassin de la secte des Karégites, sa mort assure l'Empire à son ennemi.

Avènement des Ommiades, 660. — Moaviah resta possesseur de la dignité de Vicaire du Prophète, qui devait devenir, après bien des obstacles, héréditaire dans sa famille. Le génie de ce prince réussit à comprimer l'esprit de révolte qui se manifestait de toutes parts en faveur des Alides. Mais de justes appréhensions l'empêchèrent d'employer toutes les forces musulmanes au succès de ses entreprises. Son lieutenant Ben-Hadidje fit une incursion sur la côte d'Afrique, où l'appelèrent les Carthaginois révoltés contre l'empereur (665) ; après lui Akbah s'avança jusqu'au rivage de l'Océan Atlantique, fonda Kaïroan, et périt dans cette expédition inutile. Moaviah n'obtint pas sur mer des succès plus durables, et sa marine ne soutint pas la gloire qu'il s'était acquise, avant son avènement, parla conquête passagère des îles de l'Archipel, et par la défaite de l'empereur Constant II, en 655. Cependant son fils Yésid pénétra six fois dans la Propontide à la tête d'une flotte nombreuse, et Constantinople, six fois menacée, se sauva par le secours du feu grégeois (668-674). Ces arméniens ayant épuisé les ressources du khalife, Moaviah demanda la paix et se soumit à payer un tribut aux empereurs byzantins.

A la mort de Moaviah, en 680, il s'éleva de toutes parts des prétendants au trône, et la guerre civile bouleversa l'Arabie, l'Égypte et la Perse pendant trois règnes. Sous le khalifat d'Abd-el-Malek, Hégiage pacifia les provinces dissidentes, en 691, et affermit la dynastie des Ommiades. Dès-lors les Musulmans, redevenus puissants par la concorde, se livrèrent à de nouvelles entreprises.

 

§ III. — Seconde période de conquêtes.

 

Conquête de l'Afrique, 692-708. — Abd-el-Malek charge de cette expédition Hassan, gouverneur de l'Egypte, et lui permet d'y pourvoir avec les revenus de sa province. En peu d'années toute la côte septentrionale reconnaît la souveraineté du khalife. Malgré les efforts de l'empereur Léonce pour reprendre Carthage, celte ville reste au pouvoir des Musulmans, qui la détruisent une dernière fois en 698. La colonie arabe de Kaïroan devient la métropole de l'Afrique musulmane.

Cependant les tribus errantes de la Barbarie troublent, par leurs incursions, la domination nouvelle qui menaçait l'indépendance du désert. Leur reine Kahina force Hassan à se retirer ; mais la mort de cette héroïne rend l'avantage aux armes musulmanes. Musa-ben-Noséir, lieutenant du khalife Walid, achève la soumission de l'Afrique, dont les habitans embrassent la religion et les mœurs des conquérants. Le christianisme est anéanti dans cette contrée où il avait été jadis si florissant.

Conquête de l'Espagne, 710-714. — Depuis que le roi Léovigilde avait réuni le royaume des Suèves à celui des Visigoths, toute la péninsule espagnole ne formait qu'une seule monarchie. Mais la nation gothique avait perdu sa liberté primitive et ses vertus guerrières. Tandis que sa position isolée mettait l'indépendance du royaume à l'abri des ambitions étrangères, des ambitions plus funestes s'y étaient disputé une couronne élective, et les factions, toujours renaissantes, avaient épuisé les forces de l'État. Outre l'Espagne, les rois visigoths possédaient la Septimanie et la Mauritanie Tingitane. Ces deux postes avancés de leur empire les protégeaient contre les deux seuls ennemis qu'ils eussent à craindre.

Les conquérants arabes encore, pleins de courage et d'enthousiasme, mis en contact avec les descendants dégénérés des conquérants germaniques, vont engager avec eux une lutte sanglante, qui ne s'arrêtera pas à la conquête de l'Espagne. Secondés par la trahison du comte Julien, gouverneur de Ceuta, ils se rendent maîtres du détroit de Cadix. Tarik, lieutenant de l'émir Musa, prend d'abord possession du château d'Algéziras et du rocher de Calpé (Gibraltar). Il marche ensuite à la rencontre du roi Roderic, qui s'avançait avec une armée de cent mille hommes. Les Goths sont vaincus sur les bords du Guadalète, et cette grande bataille de Xérès décide du sort de leur monarchie (711). Les vainqueurs 'marchent sur Tolède pour prévenir l'élection d'un nouveau roi. La prise de cette capitale isole les provinces et désorganise la résistance. Cependant Mérida se défend longtemps avec courage, et obtient de Musa une honorable capitulation. Dans la Bétique orientale, le Goth Théodemir conserve dans sa famille la province de Murcie, sous la condition d'un tribut. Plus heureux encore ou plus intrépides, les guerriers échappés au désastre de Xérès se réfugient dans les montagnes des Asturies, d'où devaient sortir un jour les libérateurs de l'Espagne.

712. — Musa passe les Pyrénées afin d'achever sa conquête par la soumission de la Septimanie ; mais les Goths l'arrêtent sur les bords de l'Aude, et la plus grande partie de la province conserve son indépendance sous la protection des ducs d'Aquitaine.

Après le rappel de Musa et la mort tragique de son fils Abdélazis, l'Espagne fut gouvernée par des walis placés sous la dépendance des vice-rois d'Afrique. De nombreuses colonies d'Asiatiques, disséminées dans les provinces de la Péninsule, y firent fleurir l'agriculture et le commerce, pendant que les Espagnols originaires, heureux de conserver leur religion, leurs lois et leurs magistrats, profitaient des avantages de la conquête sans en ressentir l'humiliation (Charte de Coïmbre).

Invasion de la France, 721-739. — Les prétentions des Sarrasins sur la Septimanie devaient mettre souvent aux prises les conquérants de l'Espagne avec les Francs, dominateurs de la Gaule. L'émir Zamah, s'étant emparé de Narbonne, avait fait de cette cité une, colonie musulmane et une place d'armes ; Eudes, duc d'Aquitaine, arrêta ses entreprises par la victoire de Toulouse, remportée en 721. Quelques années après, Ambiza prit Carcassonne, pilla Nîmes, et s'avança jusqu'à Autun ; mais Eudes le força à repasser l'Aude (725). Bientôt un danger plus réel menaça la France.

732 — Sous prétexte que le duc d'Aquitaine avait favorisé la révolte de Munuza (Abou-Néza), le wali d'Espagne Abdérame envahit la Gaule avec une armée immense : Après avoir dévasté les bords du Rhône et de la Garonne, les Musulmans, divisés en deux corps, se dirigent vers les villes de Sens et de Tours. Le duc d'Aquitaine, dépouillé de ses États, trouve un auxiliaire puissant dans Charles Martel, qui, sous le titre de maire du palais, gouvernait l'Empire des Francs. A la tête des Ostrasiens, Charles marche à la rencontre des Sarrasins, et remporte, près de Tours, une mémorable victoire, qui sauve la France et toute la chrétienté menacée.

735-739. — La bataille de Tours avait arrêté, en Occident les progrès de la puissance musulmane. Dès ce moment, les khalifes ne purent diriger contre la France aucune attaque redoutable. Cependant, sous le gouvernement du wali Abd-el-Melek, les Sarrasins-Espagnols reparurent deux fois sur les bords du Rhône, où les avait appelés la trahison de Mauronte, préfet de Marseille. Charles reprit les armes, et, pendant que le roi lombard Luitprand se mettait en mesure de défendre la Ligurie contre les Sarrasins, le vainqueur de Tours les chassa de la Provence et de la Haute Septimanie.

Conquêtes en Orient, 707-717. — Dans le même temps que les lieutenants du khalife Walid ajoutaient à son immense empire l'Afrique occidentale et l'Espagne, le règne de ce prince recevait un nouveau lustre par les conquêtes des Arabes en Asie.

707. — Dans la Transoxiane ou Mawaralnahr, l'émir Kotaïbah se rend d'abord maître de Samarcande. Après avoir subjugué le Khowaresm et la Bucharie, les Islamites passent le Sihon ou Iaxarte, pénètrent dans le Turkestan, et se montrent sur les confins de l'Empire chinois.

707. — Dans l'Indostan, Kasim, lieutenant de Kotaïbah, soumet sans combat la rive droite du Sind (Indus). Au-delà de ce fleuve, l'islamisme trouva plus tard de nombreux prosélytes, et se répandit particulièrement sur la côte de Malabar à la faveur du commerce.

707-717. —Dans l'Asie mineure, les progrès des Musulmans sont plus lents et plus difficiles que nulle autre part. Les incursions de Moslémah dans la Cilicie et 1a Cappadoce n'amènent aucun résultat important. Toutefois les Arabes restent maîtres des monts Taurus et de la partie de l'Arménie qui avoisine le Caucase. —Le khalife Soliman, espérant plus de succès sur mer, dirige un grand armement naval contre Constantinople ; mais l'empereur Léon l'Isaurien défend glorieusement sa capitale, et détruit les armées musulmanes, secondé par le feu grégeois, par l'intempérie des saisons et par l'alliance des Bulgares (717).

 

§ IV. — Seconde révolution dans le khalifat. Chute des Ommiades.

 

L'immense Empire des khalifes de Damas, composé d'éléments si divers et si subitement réunis, n'avait pas acquis assez de consistance pour conserver longtemps son unité. D'ailleurs les Ommiades, considérés comme des usurpateurs, étaient odieux à tous les Musulmans d'Asie, si l'on en excepte les Syriens. L'esprit de révolte, un moment comprimé, se manifesta de nouveau à la mort d'Omar II, en 720. Le parti des Alides essaya de placer-sur le trône les légitimes descendants du Prophète ; mais les revers de Zéid, et la pusillanimité des antres émirs de la race d'Ali, déterminèrent, les dissidents à se réunir en faveur des Abbassides, qui tiraient leur origine d'Abbas, oncle de Mahomet.

Chute des Ommiades, 745-750. — Sous le règne de Merwan II, l'iman Mohammed, chef de la famille des Abbassides, se mit à la tête de l'insurrection, qui éclata d'abord dans le Khorasan par la défection d'Abou-Moslem, gouverneur de cette province. Alors commença la sanglante querelle des Noirs et des Blancs, ou des Abbassides et des Ommiades. Deux fils de Mohammed, Aboul-Abbas et Al-Manzor, soulevèrent les Konfliens et les peuples de l'Irak, et marchèrent contre les Ommiades, qui furent battus sur les bords du Zab. Merwan Il s'enfuit en Egypte, où il fut poursuivi et mis à mort. En lui finit la dynastie ommiade de Damas.

Khalifat d'Orient, 750. — Aboul-Abbas, surnommé Saffah ou le Sanguinaire, reconnu khalife par les Musulmans d'Asie, d'Afrique et même d'Espagne, commença la ligne des Abbassides, et mourut dans sa résidence d'Haschemiah après quatre ans de règne. Son frère Al-Manzor lui succéda, et fonda, près des ruines de Ctésiphon, la ville de Bagdad, qui devint la capitale du khalifat oriental.

Khalifat d'Occident, 756. — Le vainqueur de Merwan Il avait voulu affermir sa puissance par la destruction de tous les Ommiades. Mais un descendant de Merwan Ier, l'émir Abdérame, échappé au massacre de sa famille, s'était réfugié en Afrique. Caché près de Tremecen, au sein de la tribu des Zenètes, à laquelle il appartenait par sa mère, il entretenait des intelligences avec les principaux cheiks d'Espagne, qui préparèrent un mouvement en sa faveur. Après quatre ans d'exil, Abdérame fut appelé dans la Péninsule par les principaux cheiks de Cordoue, se mit à la tête de ses partisans, battit le gouverneur abbasside Yousef, déjà affaibli par une révolte du wali Amer, et se fit proclamer Émir-al-Moumenim à Cordoue. Telle fut l'origine du khalifat d'Occident.