LORSQUE je publiai, en 1825, mon Manuel chronologique de l'Histoire du Moyen âge, j'exposai dans les termes suivants le plan général et l'intention de l'ouvrage : Le travail que je présente au public est surtout destiné aux élèves qui fréquentent les cours de l'Université ; mais j'espère qu'il ne sera pas sans utilité pour ceux qui, déjà versés dans la connaissance de l'histoire, voudraient rassembler leurs souvenirs épars et les ordonner dans un ensemble méthodique. J'ai tâché de débrouiller le chaos du moyen âge, et de réunir dans un plan simple et lumineux les principaux événements de cette histoire, si peu connue, si instructive, et si féconde en grands résultats. La France et ses institutions devaient obtenir dans ce tableau une place proportionnée à leur importance : elles ont été l'objet d'un soin particulier. Après la division des matières, le choix et la distribution des faits, j'ai dû porter une attention scrupuleuse sur l'exactitude chronologique. Il m'a paru nécessaire de marquer la date de tous les événements, non pour en surcharger la mémoire des jeunes gens, mais pour les prémunir contre les anachronismes qui fourmillent dans la plupart de nos histoires. J'ai suivi la chronologie de l'Art de vérifier les dates. Si quelquefois je m'en suis écarté, c'est toujours sur l'autorité de la savante congrégation de Saint-Maur : on ne corrige les Bénédictins que par leurs propres lumières. Ce résumé est le fruit et pour ainsi dire la substance de plusieurs années d'étude et d'enseignement. Il suffira d'y jeter un coup d'œil pour se faire une idée des recherches et des soins minutieux qu'il a exigés. Je n'en parle point ici pour me prévaloir d'un mérite qui n'était qu'un devoir rigoureux, mais seulement pour me faire un titre à l'indulgence de mes juges. Le nouveau Précis a été composé, en grande partie, sur le plan de l'ancien Manuel, mais sous une forme différente, telle que me l'avait prescrite le conseil royal de l'Université. Jaloux de répondre aune confiance aussi honorable, je me suis applique à simplifier encore les divisions d'une histoire dont la complication rebute trop souvent les lecteurs, mais qui, pour attirer à elle, n'a besoin que de présenter des abords plus faciles. Avant de conduire les jeunes gens à travers tant de ruines confuses et de monuments obscurs, il a été nécessaire de leur préparer des voies, sinon commodes, du moins praticables, et sûres : c'est ce que j'ai osé entreprendre. J'ajoute à cette nouvelle édition les tableaux généalogiques des maisons impériales d'Allemagne, des trois dynasties françaises et de la race normande-angevine des rois d'Angleterre. L'expérience m'a appris de quelle utilité peut être la connaissance exacte de ces lignées royales pour arriver à une parfaite intelligence des droits divers de succession, des prétentions contestées, des alliances souveraines y des amitiés politiques, des origines illustres. Afin de rendre cette étude plus profitable en la rendant plus facile, je n'ai pas présenté la filiation complète des familles. Il importe peu, en effet, de connaître les noms stériles des princes qui ne jouent aucun rôle dans les annales des nations. C'est un fardeau bien suffisant pour la mémoire, de retenir la suite des personnages du sang royal qui ont tenu dans leurs mains le gouvernement des États, ou qui ont transmis a des branches collatérales, soit des portions de l héritage royal, soit des droits éventuels au trône, soit enfin des destinées historiques. Cette règle qui m'a guidé dans l'exposition des grandes naissances, je l'ai aussi appliquée aux mariages des princes, et toute reine qui a porté la couronne sans l'enrichir ou l'illustrer, ne trouve point place dans mes tableaux. D'autres améliorations prouveront, je l'espère, que l'auteur cherche à justifier, autant qu'il est en lui, la destination de son livre. Quelques erreurs de détail s'étaient glissées dans la première rédaction de ce Précis. L'immensité du cadre où j'ai dû resserrer onze siècles de l'histoire du monde rendait peut-être ces fautes excusables. Toutefois il a fallu les faire disparaître, et j'ai consumé bien des veilles dans ce travail sans mérite comme sans attrait. J'ai voulu aussi rendre ces éléments plus utiles en y ajoutant quelques faits qui m'ont paru importants par eux-mêmes ou nécessaires pour l'intelligence des autres. C'est surtout dans l'histoire des institutions politiques qu'un acte, en apparence stérile si on le considère isolément, peut devenir fécond dès qu'on le rattache à l'ensemble. Aussi me suis-je fait un devoir, dans cette matière, mais pour la France - seulement, de vérifier toutes mes assertions sur les monuments législatifs des trois dynasties. Si je n'avais travaillé que pour le public, je citerais mes auteurs et mes preuves ; mais j'ai cru plus convenable de les réserver pour mon Histoire générale du Moyen âge, dont ce petit ouvrage n'est que l'abrégé. |