LA PROVINCE ROMAINE PROCONSULAIRE D’ASIE

DEPUIS SES ORIGINES JUSQU’À LA FIN DU HAUT-EMPIRE

 

QUATRIÈME PARTIE — LES NOUVELLES RELIGIONS

CHAPITRE V — L’ASIARQUE ET L’ΆΡΧΙΕΡΕΥΣ ΆΣΙΑΣ

Texte numérisé et mis en page par Marc Szwajcer

 

 

Le seul intitulé de ce chapitre éveillera, chez tous ceux qui se sont occupés des institutions provinciales de l’Empire romain, le souvenir d’assez longues querelles autour d’une question fort obscure. Force m’est bien de la reprendre sous la même forme, et sans pouvoir négliger les discussions de mes prédécesseurs, car voilà longtemps déjà que les éléments de la solution ont été réunis et consciencieusement scrutés et retournés, mais sans succès.

De nombreuses inscriptions et quelques textes nous parlent de personnages qui portent les noms suivants : άσιάρχης, άρχιερεύς (τής) Άσίας, et à chacun de ces titres se trouvent quelquefois jointes des formules comme : ναών τών έν Περγάμω[1], ναοΰ τοΰ έν Σμύρνη[2]. Y a-t-il lieu d’établir une différence entre l’un et l’autre, et laquelle ? J’avoue, sans plus tarder, que je n’ai pas trouvé le mot de l’énigme ; l’étude générale et complète de la province d’Asie ne me permet pas de passer la question sous silence ; je me bornerai à exposer les doctrines proposées, en indiquant les motifs qui me les font toutes également écarter.

Mon apport à la controverse consistera surtout dans l’observation suivante : tout le monde cite le passage suivant du jurisconsulte Modestin[3] : Έθνους ίεραρχία, οΐον Άσιαρχία, Βιθυνιαρχία, Καππαδοκαρχία, κτλ, qui nous indique que pour les provinces voisines des fonctionnaires de titres analogues, et les inscriptions nous en signalent également en Achaïe, Lycie, Pamphylie, Syrie, etc. Tous les érudits qui se sont occupés d’eux — sauf peut-être M. Brandis — ont cherché des éclaircissements un peu partout en Asie Mineure. La méthode me paraît essentiellement défectueuse ; l’asiarque doit être étudié uniquement en Asie, le bithyniarque exclusivement en Bithynie. Il n’est pas douteux que ces personnages ont des rapports étroits avec les Koina de leurs provinces respectives. Or ces Koina ne se ressemblent pas. L’un d’eux nous est maintenant bien connu, celui de Lycie[4], et nous savons qu’il avait une boulé commune à toute la province ; une ecclésia également commune ; la population de la Lycie était plus une que celle des régions voisines. Or, que voyons-nous de tout cela en Asie ? Là le titre du grand-prêtre est άρχιερεύς Άσίας ; on ne trouve jamais άρχιερεύς Λυκίας, sauf erreur de ma part, mais άρχιερεύς τών Σεβαστών. Les fonctions de lyciarque — on a cherché à l’établir — commencent et finissent en automne, selon le calendrier local ; celles du grand-prêtre de Lycie aux calendes de janvier, suivant le calendrier romain. Nous n’avons pas la plus légère trace d’une distinction semblable en Asie. Il y eut peut-être en ces matières, d’un bout à l’autre des provinces orientales de l’Empire, des différences considérables[5].

Restons en Asie : nous noterons quelques points certains ; n’entre dans cette discussion que l’άρχιερεύς Άσίας ; l’άρχιερεύς, sans autre désignation, n’est qu’un prêtre municipal que rien n’indique comme forcément attaché au culte des Empereurs. Au contraire, bien qu’on l’ait contesté[6], l’άρχιερεύς Άσίας manifestement est, en quelque façon, au service du culte impérial ; c’était là, en effet, le seul culte commun ;i toute l’Asie ; les indigènes n’en pouvaient pas accepter d’autre. De plus, les fonctions d’un άρχ. Άσ. s’exercent dans une localité donnée, attendu que plus d’un est en même temps (κατά τό αύτό) άρχιερεύς τής πατρίδος[7].

Mais nous connaissons différentes sortes de grands-prêtres provinciaux : on en trouve en fonctions auprès de chaque temple provincial des Empereurs ou auprès des divers sanctuaires d’une même cité néocore ; il en est un seul pour toute l’Asie qui préside l’assemblée du Koinon. Ce dernier est qualifié grand-prêtre d’Asie, purement et simplement ; l’autre doit s’appeler άρχ. Άσ. ναοΰ (ναών) έν..... Donc le dignitaire le plus élevé est celui que décore le titre le plus court ; d’où tentation, à n’en pas douter, pour l’archiereus d’un temple de se laisser confondre avec l’archiereus de la province entière ; il n’a pas dû toujours rapporter son titre au complet, et il en résulte, selon moi, qu’on compte ainsi au nombre des grands-prêtres présidant le Koinon de simples archiereis d’un temple des Augustes, qui auront passé sous silence la fin de leur dénomination. C’est là une source d’erreurs que nous ne pourrons jamais supprimer[8].

M. Brandis[9], dans son article, qui est bien certainement le plus documenté et le plus approfondi des travaux parus sur la question dans les toutes dernières années, fait à juste titre plusieurs remarques qui peuvent encore être complétées :

Très souvent des femmes, même citées seules, se disent grandes-prêtresses d’Asie ; ce n’est donc pas une conséquence de leur qualité d’épouse d’un grand-prêtre ; or il n’y a pas de femme asiarque[10].

De plus, monnaies et inscriptions mentionnent, dans nombre de cas, des magistrats en même temps nommés asiarques[11] ; ils ne se parent même parfois que de ce titre, comme plus honorifique, bien qu’il ne leur donne pas l’avantage, dont ils jouissent pour une autre cause, de signer la monnaie. Au contraire, il n’existe pas d’exemple certain d’un άρχ. Άσ., investi en même temps d’une fonction différente, à l’exception de celle de grand-prêtre de sa ville natale[12]. Nous avons les noms de grands-prêtres auxquels furent attribuées d’autres dignités, mais rien ne prouve le cumul, et on peut croire à un exercice successif.

Même après l’établissement du christianisme, on créa encore des asiarques[13], et d’autre part, ils ont une origine plus lointaine que le culte impérial, puisque, M. Guiraud le rappelle avec raison, Strabon en signale un qui fut l’ami de Pompée[14]. — Les άρχιερεΐς Άσίας, eux, n’ont pu faire leur apparition avant le premier Augusteum et l’organisation définitive du Koinon ; ils ont dû disparaître sous les Empereurs chrétiens.

Le nombre des asiarques connus est plus considérable que celui des grands-prêtres, même si l’on comprend parmi ces derniers et les présidents d’assemblées et les grands-prêtres chargés d’un temple provincial. D’où la conclusion qui paraît s’imposer : l’asiarque n’est pas unique chaque année ; peut-être même y en a-t-il plusieurs dans une seule ville ; Strabon, dans le passade cité, l’affirme pour Tralles, et son dire concorde avec un passage des Actes des Apôtres, qui indique l’existence de plusieurs de ces personnages à Éphèse,au moment où saint Paul y séjournait.

Ces fonctions de l’asiarque ne sont pas viagères, puisque certaines inscriptions portent : άσιάρχης β’ ou γ’[15], et d’autres : άσιαρχήσαντα[16], ce qui prouve en même temps qu’au terme de son mandat le dignitaire perd son titre.

Au contraire, n’y a-t-il à la fois qu’un άρχ. Άσ. proprement dit ? Ælius Aristide nous raconte[17] que les Smyrnéens voulaient absolument lui faire attribuer τήν ίερωσύνην τήν κοινήν τής Άσίας ; il déclara se contenter de la prêtrise d’Asklépios. Quand vint à se réunir l’assemblée provinciale, les Smyrnéens, malgré tout, mirent en avant son nom, qui sortit de l’élection troisième ou quatrième. Le rhéteur avait obtenu de l’Empereur des lettres d’immunité ; mécontent de son succès, il en appela au proconsul, et nous ne savons pas le résultat de sa requête. N’y a-t-il qu’un grand-prêtre d’Asie ? Aristide n’est pas élu, le scrutin ne l’ayant pas placé en tête de liste, alors de quoi se plaint-il ? Est-ce donc alors qu’il en existait plusieurs à la fois ? Il faudra nous étonner de n’en pouvoir reconstituer qu’une liste aussi courte. M. Brandis explique : N’ayant pas été désigné pour la grande-prêtrise générale, Aristide est élu prêtre d’un des temples provinciaux, car ces nominations relèvent également du Κοινόν Άσ. C’est en effet vraisemblable. Évidemment il s’agit cette fois d’un service sédentaire, à remplir dans une ville donnée, quel que soit le lieu de réunion futur de l’assemblée provinciale ; un enfant du pays semblerait indiqué, et alors on comprend à peine que la province entière contribue à le désigner ; ses délégués vont voter pour un homme qu’ils ne connaissent pas[18]. Mais l’inconvénient est un peu le même à l’égard du grand-prêtre suprême qui n’est affecté à aucun sanctuaire spécial ; et enfin nous voyons constamment des étrangers nommés grands-prêtres d’un de ces temples[19].

Jusqu’ici on peut être d’accord avec l’auteur, dont je résume tout le système, quoiqu’il nous entraîne déjà dans l’hypothèse et que le texte d’Aristide paraisse ainsi bien librement interprété ; je croirais plutôt que le rhéteur était troisième ou quatrième parmi les candidats présentés au choix du proconsul. Mais voici où la question se complique et où il me semble impossible de suivre M. Brandis : Il y a également des asiarques dits άσ. ναών (ou ναοΰ) έν Έφέσω ou έν Σμύρνη[20], et eux aussi sont parfois étrangers à la ville dont le temple les concerne en quelque manière, comme les άρχιερεΐς correspondants. Que représentent-ils donc ? — Ces asiarques, conclut le même auteur, sont les députés des différentes villes de l’Asie à l’assemblée provinciale. Aristide les appelle σύνεδροι, mais leur titre véritable est : asiarques. Ils ne sont envoyés au loin que quelques jours, ou tout au plus quelques semaines ; aussi, cette mission étant de peu de durée, peuvent-ils assumer en même temps — chose interdite aux άρχιερεΐς — un emploi civil ou religieux qui ne subira de ce chef qu’une brève interruption. Les députés nommés simplement asiarques et les autres appelés άσιάρχ. ναών τών έν (Έφέσω) sont pareillement désignés comme députés de leurs villes ; mais les derniers seuls s’occupent des affaires des temples provinciaux. La grande-prêtrise d’Asie était donc une magistrature, mais non l’asiarchat. — Cela est incontestable, dans l’hypothèse de M. Brandis. Mais alors on s’expliquera mal le nom même de l’asiarque ; s’il est une qualification qui implique une magistrature, c’est bien celle qui se termine par le suffixe -άρχης. Il pourrait répondre cependant que l’asiarchat est à compter parmi les simples liturgies, dont l’étiquette offre parfois une formule analogue : telles l’éphébarchie, la gymnasiarchie ; mais ces fonctions ont été dans le principe des magistratures, qui ne se sont depuis transformées en liturgies que grâce au caractère de plus en plus oligarchique du régime municipal sous la domination romaine. Et ici nous aurions affaire à une dignité dénommée comme une magistrature et qui aurait été dès le début une liturgie.

Il y a plus : le texte de Strabon au sujet de Tralles mérite d’être rapporté intégralement : Ή τών Τραλλιανών πόλις..... συνοικεΐται καλώς, εΐ τις άλλη τών κατά τήν Άσίαν, ύπό εύπόρων άνθρώπων, καί άεί τινες έξ αύτής είσιν οί πρωτεύοντες κατά τήν έπαρχίαν, οΰς Άσιάρχας καλοΰσιν. M. Brandis s’en débarrasse en disant qu’au temps de Strabon il n’y avait qu’un temple provincial, celui de Pergame ; donc les asiarques dont il parle ne sont pas affectés à des temples provinciaux. — Mais quoi ! deux sortes d’asiarques ! C’est inadmissible. L’auteur grec écrit : Et il y a toujours quelques citoyens de Tralles parmi ces gens, premiers de la province, qu’on appelle asiarques. Beau mérite, si ce sont des députés de la ville, que celle-ci choisit à son gré en tant que ville ! Strabon exprime alors une naïveté ; l’opulence de Tralles importe peu ici : moins riche, elle eût également envoyé des délégués au Koinon et ainsi tiré de son sein des asiarques ; or on ne voit que la ville elle-même qui puisse désigner ses députés[21]. Il me semble donc impossible d’admettre la doctrine de M. Brandis[22]. J’ai commencé par elle, parce qu’elle est toute récente, par suite la plus éprouvée et en même temps la plus documentée ; revenons maintenant aux anciennes.

Waddington, adoptant une solution tout autre, voyait dans l’asiarque un personnage qui dirigeait la célébration des jeux. Dans le récit contemporain du martyre de Polycarpe à Smyrne, conservé par Eusèbe, on trouve le passage suivant : Ταΰτα λέγοντες έπεβόων καί ήρώτων τόν Άσίαρχην Φίλιππον, ΐνα έπαφή τώ Πολυκάρπω λέοντα . όδε έφη μή εΐναι έξόν αύτώ έπειδή πεπληρώκει τά κυνηγέσια[23]. De plus, deux inscriptions funéraires établissent que ces dignitaires entretenaient des compagnies de gladiateurs ; l’une, trouvée à Smyrne, est ainsi conçue : φαμιλία μονομάχων Τίμωνος Άσιάρχου, l’autre, de Cyzique, était gravée sur la tombe commune des gladiateurs d’un asiarque[24]. Voilà eu effet des témoignages qui prouvent que certains asiarques ont entrepris, à leurs irais peut-être, et dirigé des jeux ; mais ce n’est pas une raison de croire que ces jeux étaient forcément ceux qu’on appelait κοινά τής Άσίας, ni que tous les asiarques avaient pour fonction essentielle de donner et diriger des jeux[25]. Des formules comme celle-ci : άσιάρχ. ναών τών έν Έφέσω font penser à tout autre chose Les jeux donnés en Asie étaient innombrables ; c’était la passion maîtresse des habitants, et il n’y avait pas besoin, pour entreprendre de la satisfaire, d’être magistrat ou d’avoir même le moindre titre officiel. Il suffisait d’être riche, et sans doute les asiarques l’étaient. Donc ce n’est là qu’une hypothèse assez gratuite ; néanmoins, aucune raison de l’écarter a priori.

Mais contre elle se dresse une autre théorie, la plus généralement acceptée : l’asiarque ne serait-il pas à confondre avec le grand-prêtre d’Asie ? Telle est en effet l’opinion de Marquardt[26], de Büchner et de Lightfoot, et de MM. Guiraud, Beurlier et Ramsay, celle pour laquelle Buresch semble avoir penché, en ce qui concerne au moins le IIIe siècle[27].

Le principal argument de ces érudits est tiré de la lettre de l’Église de Smyrne où est raconté le martyre de saint Polycarpe. La foule demande à un asiarque, Philippos, qu’il fasse livrer Polycarpe en pâture à un lion ; et quelques pages plus loin il est encore question d’un Philippos, cette fois appelé άρχιερεύς[28] et citoyen de Tralles. Il est à remarquer qu’on ne connaît pas plus complètement le nom de l’un et de l’autre ; mais comme des inscriptions désignent pour un άρχιερεύς Άσίας C. Julius Philippus de Tralles[29], on prétend que dans les trois cas il s’agit du même personnage, et qu’il y a identité entre le grand-prêtre d’Asie et l’asiarque. M. Brandis apporte une réponse qui ne laisse pas d’avoir beaucoup de vraisemblance : Le nom de Philippos est fréquent et il ne suffit pas à établir cette identité- Le premier des Philippe est nommé purement et simplement ; on ne donne pas son ethnique ; pour le second, il est dit que c’est un homme de Tralles. Les chrétiens de Smyrne, parlant d’un de leurs compatriotes, n’auront même pas songé à indiquer sa patrie ; ce doit être un citoyen de Smyrne. Si l’on spécifie que le grand-prêtre est un habitant de Tralles, c’est apparemment qu’on veut le distinguer du premier. S’il s’agissait du même individu, il est à croire qu’on aurait indiqué son pays d’origine la première fois plutôt que la seconde. Au commencement du récit, il est parlé de deux martyrs qui furent conduits, avant Polycarpe, devant le proconsul : l’un est nommé simplement Germanicus ; ce doit être un indigène ; l’autre est appelé Φρύξ, Phrygien ; en effet, il n’est pas connu dans le pays. Il en a du être de même pour les deux Philippe, dont l’identité n’est nullement démontrée. Mais, dit-on. il est question de jeux dans ce récit ; et comme l’asiarque est présent, ce sont les jeux de la province, κοινά Άσίας. Cela fût-il vrai, on n’y saurait encore voir un argument en faveur de l’identité des deux Philippe ; mais ce n’est même pas probable ; la réunion de l’assemblée avait lieu au commencement de l’automne ; les jeux provinciaux aussi par conséquent[30] ; or ceux qui sont célébrés au moment du martyre de Polycarpe tombent à la fin de février. — Je suis tout disposé, quant à moi, à adopter les conclusions de M. Brandis sur ce point. Mais M. Guiraud rapproche d’autre part trois inscriptions qui portent respectivement, la première : Άγωνοθετοΰντος δι’ αίώνος Τιβ. Ίουλ. ‘Ρηγείνου άρχιερέως β’ ναών τών έν Έφέσω ; et les deux autres : Άγωνοθετοΰντος δι’ αίώνος Τιβ. Ίουλ. ‘Ρηγείνου άσιάρχου β’ ναών τών έν Έφέσω[31]. On ne saurait contester la très grande analogie des trois textes, qui ne diffèrent que par un mot, justement celui qui nous intéresse. Mais il ne suffit pas que le même homme ait rempli deux fois deux fonctions pour que ces deux fonctions soient semblables. Qu’est-ce qui nous empêche même de considérer comme voulue l’opposition marquée par le lapicide entre ces deux mots ? Qu’est-ce qui nous garantit que les faits rapportés sur ces différentes pierres sont de la même année ? L’inscription 604 seule porte la date de l’asiarchat. Cette même date se retrouve dans le corps du texte 605, mais à propos d’un jeu rappelé au milieu de beaucoup d’autres. On ne peut croire que l’athlète ait été victorieux la même année dans tous les concours mentionnés ; je croirais volontiers qu’on a suivi l’ordre chronologique ; or le concours daté d’Éphèse n’est pas le dernier. Quant à l’inscription 611, elle ne porte pas de date. Tout ce qu’on peut conclure, à mon sens, de la comparaison de ces textes, c’est qu’il s’agit du même homme, qui a été agonothète pour toujours ; et la perpétuité même de son agonothésie nous explique fort bien qu’elle soit rappelée dans plusieurs monuments rédigés à quelque intervalle l’un de l’autre.

Mais enfin nous ne faisons là que répondre aux partisans de l’identification, sans prouver davantage la thèse contraire. Le meilleur argument à leur opposer n’est pas nouveau : on voit les deux titres comme mis en opposition dans le même document épigraphique. M. Mommsen a récemment tenté d’expliquer le fait, à propos d’une inscription de Lycie, de la manière suivante[32] : Die formelle Amtsbezeichnung ist άρχιερεύς τών Σεβαστών, die gebräuchliche άνήρ Λυκιάρχης oder Λυκιάρχης schlechtweg ; gleichbedeutend sie beidel[33]. Les deux qualifications se rencontrent dans le même acte parce qu’on emploie en tête le titre officiel pour la datation, et plus loin le titre courant, pour les mentions moins importantes qui font suite. L’auteur ajoute : Was hier über die Lyhiarchie ausgeführt ist..... gilt auch gleichmässig für die Bundespriesterthümer der Provinz Asia und die Asiarchie.

Si άρχ. Άσ. (ou τών Σεββ. en Lycie) est le véritable titre officiel, comment se fait-il qu’il ne figure jamais sur les monnaies[34], qui souvent au contraire mentionnent l’asiarque ? Le grand-prêtre y aurait donc signé — signature officielle certes ! — de celui de ses deux titres employé schiechtweg ! Pourquoi ? Pour abréger, faute de place ? Mais en quoi άσιάρχης, ou même άσιάρχ., est-il plus court qu’άρχ. Άσ. ? La plus rigoureusement officielle des deux qualifications me semblerait être plutôt celle d’asiarque.

Revenant sur son opinion première, M. G. Fougères a développé récemment les raisons qui lui font reconnaître la très grande probabilité de l’identification proposée par M. Mommsen[35]. Lyciarque est un titre ethnique, rattachant le grand-prêtre de l’époque romaine au grand-prêtre de l’ancienne confédération lycienne ; le lyciarque est l’archiereus des Lyciens ; l’asiarque, celui des habitants de l’Asie. Plus flatteur pour les indigènes, le titre de lyciarque aurait été porté et employé plus volontiers que l’autre. — Je n’ose exprimer un avis pour ce qui regarde la Lycie ; M. Fougères est plus que moi an courant des choses de ce pays. Mais il adopte la même solution à l’égard de l’asiarque ; or je ne connais pas et n’ose supposer l’existence d’un ancien chef religieux pour toutes les populations, très mélangées, de la province d’Asie[36], et je m’en tiens, malgré M. Fougères lui-même, aux conclusions très judicieuses de la thèse latine de cet auteur[37] : Alia in Asia provincia atque in Lycia instituta nobisoccurrunt. In Asia provincia expluribus gentibus conflata..... multiplex magisque varius rerum status. In Lycia contra, jam antiquitus in communis formam ordinata, veteris Lyciae civitatis speciei formaeque Romani perpecere... etc.

Et d’ailleurs l’explication ci-dessus, même supposée juste en ce qui concerne les légendes monétaires, devient insuffisante lorsque le même individu se glorifie d’avoir été asiarque et grand-prêtre d’Asie. Peut-être, dit M. Guiraud[38], d’accord avec M. Fougères, ces façons de parler ne sont-elles rien de plus qu’une sorte de pléonasme inspiré par la vanité. Mais ces pléonasmes ne sont guère d’usage en Asie Mineure. M. Guiraud, en cherchant bien, même hors de ce pays, est arrivé à produire un autre exemple probable. En réalité la juxtaposition des deux titres, à elle seule, suffirait à me les faire regarder a priori comme distincts. Il resterait à établir sur quoi la distinction repose ; je ne crois pas que les documents dont nous disposons soient suffisants pour nous le permettre[39]. Voici seulement ce que je crois pouvoir dire : ces mots : άσιάρχ. ναών τών έν [Έφ..] impliquent des fonctions religieuses ; c’est une première analogie avec la grande-prêtrise ; une autre réside dans le parallélisme exact des qualifications[40]. Des découvertes nouvelles montreront probablement que l’institution a évolué[41], et on en a l’indication dès maintenant dans ce fait que, à quelque hypothèse qu’on s’arrête, on est obligé, pour réfuter les objections qui se pressent aussitôt, de recourir à une argumentation exceptionnellement minutieuse, presque à des chicanes, et qu’il faut repousser comme contradictoires certaines conclusions qui, en cas ordinaire, paraîtraient se dégager des textes avec une absolue netteté. M. Guiraud est entré dans une excellente voie en tentant un classement chronologique, et là se trouve peut-être, pour les temps à venir, la clé du problème ; mais quand il s’y est essayé, — comme maintenant encore — il y avait trop peu d’inscriptions datées rappelant des asiarques ou des grands-prêtres. Il a remarqué que ce dernier titre est le plus fréquent au Ier siècle ; dans ceux qui suivent, c’est l’autre qui domine, et plus on avance dans la suite des temps, plus on en a d’exemples. On serait donc passé insensiblement de l’un à l’autre. Malheureusement, cette solution n’est guère d’accord avec le texte de Strabon, qui semble indiquer un assez grand nombre d’asiarques à Tralles tout au début de l’Empire. Mais bien que la méthode n’ait pas encore donné de résultats satisfaisants, elle s’impose néanmoins comme la seule raisonnable.

Il est fâcheux de rester ainsi dans l’absolue incertitude en une matière qui touche de si près au culte des Empereurs et à l’administration romaine. Ce qu’on peut du moins affirmer présentement, c’est que le grand-prêtre d’Asie, identique ou non à l’asiarque, était le président de l’assemblée[42], qu’il était nommé un an à l’avance et restait pendant cette année d’attente άποδεδειγμένος (designatus)[43]. Que les deux charges, supposées différentes, fussent très recherchées et très coûteuses, c’est ce dont il n’y a pas moyen de douter[44]. Nous connaissons trop les habitudes du gouvernement provincial pour croire qu’il ne les avait pas réservées, d’une manière ou d’une autre, à l’aristocratie financière. Au reste, les inscriptions qui nous font connaître ces dignitaires attestent le plus souvent pour chacun d’eux une carrière fort honorable. Autre particularité importante : le plus grand nombre de ces grands-prêtres ou asiarques, même avec l’indication d’un temple particulier, portent les tria nomina des citoyens romains ; cette qualité n’était pas indispensable, puisqu’il y a des exceptions ; mais il en était probablement tenu compte, à moins peut-être que l’usage ne fût plutôt d’accorder le civitas Romana à ces personnages, à leur sortie de charge. On en jugera en parcourant la double liste des uns et des autres.

Il est impossible de n’y pas remarquer la prédominance presque exclusive de divers gentilices impériaux : Ælius, Aurelius, Claudius, Flavius, Julius, Ulpius sont à peu près les seuls qu’on y rencontre. N’en faut-il pas conclure que le droit de cité romaine avait été accordé en récompense des services rendus dans les charges que nous venons d’étudier ? Et que la faveur du prince se marquait tout particulièrement par l’introduction du bénéficiaire dans sa gens ? Si l’on relève, en si grand nombre, des Julii, des Claudii, des Flavii au IIIe siècle, il est clair que ce sont des descendants d’anciens grands-prêtres ou asiarques, ainsi honorés au temps d’Auguste, Néron, Domitien, etc., et très probable que ces fonctions se transmirent en fait, peu à peu, dans un petit nombre de grandes familles.

D’autre part, en dressant cette nomenclature, j’ai été conduit à un ordre de comparaisons auquel je crois voir, à mon étonnement, que personne n’a songé. Si grands-prêtres et asiarques se confondaient, ne devons-nous pas retrouver dans une des listes des noms qui figurent déjà dans l’autre ? Cette concordance existe pour T. Claudius Aristion, M. Cl. P. Vedius Antoninus Sabinus, M. Ulpius Carminius Claudianus. Peut-être faut-il ajouter M. Ulpius Eurycles, les Philippus, Sulpicius Hermophilus, et rapprocher l’archiereus Demetrius de l’asiarque T. Flavius Demetrius. Ces cas particuliers sont rares en somme ; beaucoup de ces personnages ne nous sont encore connus, d’ailleurs, que par leurs cognomina. Au fur et à mesure que cette prosopographie se complétera, on arrivera peut-être à multiplier les exemples. Il y aurait alors contre la doctrine des chorizontes, pour ainsi parler, un argument de quelque poids, mais non décisif, le même homme pouvant avoir reçu les deux titres successivement.

Une dernière remarque : le titre pur et simple (sans indication d’un temple) est relativement bien moins fréquent pour les asiarques que pour les άρχιερεΐς Άσίας : mais cela tient peut-être à ce que les premiers nous sont très souvent connus par les monnaies, sur lesquelles la place était mesurée.

I. — ASIARQUES.

Ælius Apion — deux fois sous Septime-Sévère — ECKHEL, III, p. 104 ; MIONNET, supp., VII. p. 359, n° 191.

P. Ælius Artemidorus — sous Gallien III — MIONNET, II, p. 549, n° 235.

P. Ælius Pigres — trois fois — sous Caracalla — MIONNET, IV,  p. 328, n° 708 ; BABELON, Coll. Waddington, 7072.

Ælius Pollion — sous Marc-Aurèle — MIONNET, supp., V, p. 444, n° 1021.

P. Ælius ProtoleonJHSt, 1890, p. 121.

Ælius Tryphon — trois fois, et notamment en 247-8 — RAMSAY, Cities, II, p. 471, n° 312.

P. Ælius Zeuxidemus Cassianus — asiarque d’Hiérapolis — JUDEICH, 110.

Ælius Zoilus — sous Marc-Aurèle — MIONNET, supp., V, p. 505, n° 54.

Alexander — sous Caracalla — MIONNET, IV, p. 347, n° 875 ; BABELON, Coll. Waddington, 6368, 6371.

Annianus ? — κ. άρχ. τ. Σεββ. CIG, 3504.

M. Antonius Alexander Appianus — sous Marc-Aurèle — BCH, VIII (1884), p. 389, n° 8.

M. Antonius Antiochus — LEB., 244.

M. Antonius Apollodorus, père et fils — LEB., 213 et 244 ; Rev. archéol., XXVIII (1874), p. 110.

L. Antonius HyacinthusCIG, 6541.

L. Apolinarius — sous Gordien III — MIONNET, suppl., V, p. 276, n° 10 ; BABELON, Collection Waddington, 614.

M. Aponius SaturninusJHSt, 1883, p. 446.

C. Asinius Agreus Philopappus — BABELON, Collect. Waddington, 5591 ; IMHOOF-BLUMER, Kleinasiat. Münzen, I, p. 190.

Aurelius — sous Marc-Aurèle — MIONNET, supp., V, p. 326, n° 281.

M. Aurelius — sous Septime-Sévère — MIONNET, IV, p. 55, n° 285 ; supp., VII, p. 359, n° 192 ; Rev. num., 1883, p. 399.

Aurelius Ælius Attalianus — BABELON, Coll. Waddington, 5194 ; GrCBM, Lydia, p. 216, n° 22 ; p. 223-4, n° 58-62 (monnaies de Gordien et de Tranquillina).

Aurelius [Ap]ol[lo]phanesCIG, 5945.

Aurelius Damas — sous Valérien et Gallien — MIONNET, II, p. 617, n° 660 ; MACDONALD, Hunter. Collect., II, p. 285, n° 68.

Aurelius Demetriusάσιάρχ. τής πατρίδος — sous Philippe — MIONNET, IV, p. 362, n° 950 ; BABELON, Coll. Waddington, 6505.

M. Aurelius Charidemi f. Julianus — deux fois — CIG, 3190.

M. Aurelius Manilius Alexander — vers 230 — LEB., 1669 = CIG, 3420 ; le même probablement que le Manilius Alexander de LEB., 1649 = CIG, 3421.

M. Aurelius Manilius Hermippus — vers 200 — LEB., 1669 = CIG, 3420.

Aurelius Menelaus — après Hadrien — CIG, 3665.

Aurelius Midias — sous Commode — ECKHEL, IV, p. 207.

Aurelius Pinytus Glyconάσ. ναών τών έν ΣμύρνηBCH, IV (1880), p. 442, n° 25.

M. Aurelius Tertius — sous Gordien III — MIONNET, III, p. 212, n° 1173 ; p. 214, n° 1184 ; MACDONALD, Hunter. Collect., II, p. 375, 386.

M. Aurelius Themistocles — A. DUMONT, Inscr. de Thrace, 72j.

M. Aurelius TychichusBCH, XIX (1895), p. 560.

M. Aurelius Zénon — LEB., 20 = CIG, 3324.

M. Aurelius Zosimus, fils de M. Aurelius TychichusBCH, XIX (1895), p. 560.

Chersiphron — sous Hadrien — CIG, 3148.

Claudius Aristeas — Reisen in sudwestl. Lykien, I, p. 156, n° 134.

Ti. [C]laudius Aris[tio]n — sous Domilien — Jahreshefte des österr. Instituts, I, (1898), Beiblatt, p. 76.

Ti. Claudius DeioterianusBCH, II (1878), p. 593 ; Wien. Denhschr., 1897, p. 4, n °9.

M. Claudius Fronton, άσ. καί άρχι. ιγ' πόλεων — sous Antonin le Pieux — MACDONALD, Hunter. Collect., II, p. 321.

Ti. Claudius HieronBCH, II (1878), p. 593 ; Wien. Denhschr., 1897, p. 4, n° 9.

M. Claudius Niceratus CerealiusΜουσεΐον, 1876, p. 49.

Ti. Claudius Philopappus — sous Marc-Aurèle — FABRICIUS, Silzungsber. Berlin., 1894, II, p. 910.

Ti. Claudius Pisonius — vers 150 — LEB., 106.

Ti. Claudius PolemonBCH, II (1878), p. 593 ; XXIV (1900), p. 53.

Claudius Pollion — sous L. Verus — HEAD, Hist. num., p. 560 ; BABELON, Coll. Waddington, 6189.

Ti. Claudius Polydeukes Marcellus — A. 162 p. C. — KERN, Inschr. v. Magn., 187.

laudius Themistocles — IIIe siècle — CIA, III, 712a.

Cornélius Vettenianus — quatre fois — sous Septime-Sévère et Caracalla — ECKHEL, III, p. 115 ; MIONNET, supp., VII, p. 426, n° 500 ; BABELON, Coll. Waddington, 5262 ; GrCBM, Lydia, p. 261, n° 153.

Crispus — sous Caracalla — CIG, 2912 ; KERN, Inschr. v. Magn., 197.

Domitius Rufus — sous Valérien et Gallien — asiarque et fils d’asiarque — MIONNET, IV, p. 140, n° 800 ; BABELON, Coll. Waddington, 5282, 7059 ; GrCBM, Lydia, p. 273-4.

Cn. Dottius Dotti Marullini f. Serg. Plancianusasiarcha templ. splend. civit. Ephes., CIL, III, 6835 à 6837.

T. Flavius Aristobulus — sous Nerva ou Trajan — BCH, VI (1882), p. 288.

Flavius Clitosthenes — deux fois — Ath. Mit., VIII (1883), p. 331-2. Peut-être le même que

Ti. Flavius Clitosthenes Julianusάσ. ναών έν Έφέσ.CIG, 2464.

Flavius Craterus — deux fois — BCH, II (1878), p. 594 ; Wien. Denkschr. (1897), p. 4, n° 10 et 11.

T. Flavius Demetrius — IIIe siècle — BCH, XI (1887), p. 216.

Flavius Dionysiusάσ. Περγ.BCH, X (1886), p. 404, n° 8.

T. Flavius Munatiusάσ. τής Έφεσ. πόλ. — LEB., 158a = CIG, 2090 (deux fois fils d’asiarque).

Flavius Priscus Niger — sous Septime-Sévère — MIONNET, IV, p. 201, n° 31 et 36.

T. F[lavius] Pythion — sous Trajan — CIL, III, 141952.

Fronton — sous Antonin — GrCBM, Ionia, p. 16. — Probablement le même que M. Claudius Fronton.

Glycon — sous Septime-Sévère — Rev. numism., 1883, p. 399.

Hermophilus — ECKHEL, IV, p. 207. — V. Sulpicius Hermophilus.

Julius Aurelius MusoniusCIG, 5946 (douteux).

M. Julius Aurelius DionysiusCIG, 2990.

C. [Julius J]ulianus TatianusCIG, 3495.

C. Julius Menecles — sous Auguste — NEWTON, Halic, II, p. 695.

C. Julius Pardales — Ier siècle — Rev. archéol., 1885, II, p. 104.

Ti. Julius Reginusάσ. β' ναών τ. έν Έφέσ.IBM, 604.

Menander — sous Caracalla — Rev. numism., 1883, p. 400.

MoschianusΜουσεΐον, 1880, p. 179.

Nemerius Castricius L. f. PaconianusCIG, 2511.

Ophel[l]iusCIG, 2994.

Philippus — milieu du IIe siècle — Arch. Zeitung, 1880, p. 61 ; RUINART, Act. mart., p. 42.

Plotius Aurelius GratusCIG, 3677.

A. Plotius LeonidasCIG, 2463c add.

Pollianus — sous Gordien III — MIONNET, III, p. 249, n° 1407.

PolybiusBCH, XI (1887), p. 400.

Pompeius HermippusΜουσεΐον, 1880, p. 179.

Pomponius Cornélius Lollianus Hedianus — sous Commode ou Septime-Sévère — CIG, 3191.

Pythodorus — Ier siècle av. J.-C. — STRABON, XIV, 1, 42, p. 649 C.

Rufus — MIONNET, IV, p. 140, n° 798 à 800.

Scopelianus — Ier siècle — PHILOSTRATE, V. soph., I, 21, 2.

Sellius SyllasBCH, XIX (1895), p. 558.

Severus — sous Sévère-Alexandre — BABELON, Collection Waddington, 5585.

Sulpicius Hermophilus — entre Caracalla et Gordien III — ECKHEL, III, p. 115[45]. L. Timon — CIG, 3213.

M. Cl. P. Vedius Antoninus Sabinus — entre Hadrien et Caracalla — WOOD, Gr. th., p. 46, n° 3 — v. aux άρχ. Άσ.

M. Ulpius Carminius Claudianus — sous Marc-Aurèle et L. Verus — BABELON, Collect. Waddington, 2268 ; ses noms complets sont donnés par le n° 7048. — V. aux άρχ. Άσ.

M. Ulpius Damas Catullinus — sous Hadrien — JHSt, XVII (1897), p. 402, n° 8.

M. Ulpius Eurycles — BABELON, Coll. Waddington, 5545. ..... ντωνος άσιάρ. — sous Faustine mère — BABELON, ibid., 5254.

Le père de C. Annius Nigrinus, άρχ(οντος) υίοΰ άσιάρχ. — sous Caracalla — BABELON, ibid., 6369.

Le père d’Attalus (Artemisias ?)Rev. Et. anc., IV (1902), p. 264. — Cf. CAGNAT, L’Année épigraphique, 1903, n° 194.

Le père d’Aur. Hermoladas (?) — Vers Gordien — GrCBM, Lydia, p. 225.

Le père de Flavius Priscus — avant Caracalla — BABELON, ibid., 5503-5504.

II. — Άρχιερεΐς Άσίας.

P. Ælius Paullusάρχ. τ. Άσ.BCH, XI (1887), p. 478.

Ælius Stratonicusάρχ. Άσ. ναών τ. έν Περγάμω — G. RADET, En Phrygie, p. 563.

Alciphronτ. Άσ. άρχ. — sous Tibère ou Claude — KERN, Inschr. v. Magn., 158, 159. — cf. sa fille Juliana, άρχιέρεια Άσίας.

L. Antonius Claudius Dometinus DiogenesΆσ. άρχ.CIG, 2777 ; cf. 2781b add.

Aurelius Aristomenesάρχ. τ. Άσ.CIG, 3489.

M. Aurelius Diadochusάρχ. τ. Άσ. ναών τ. έν Περγάμω — vers le temps de Septime-Sévère — CIG, 3494.

M. Aurelius Severusάρχ. τ. Άσ. ναών τ. έν Περγ. — LEB., 885. Celer — άρχ. τ. Άσ. — FRÄNKEL, Inschr. v. Perg., 518.

Ti. Claudius Aristionάρχ. τ. Άσ. — sous Domitien — BCH, VI (1882), p. 286-7.

Ti. Claudius, Claud. Polemon. f., Quir., Celsus Orestianusάρχιερεύσας τ. Άσ. τών έν τ. πρ. κ. δίς νεωκόρω Περγ. ναώνWiener Denkschr., 1897, p. 3, n° 8.

Ti. Claudius, Democrat. f., Quir., Democratesάποδεδειγμένος τ. Άσ. άρχ. — sous Claude — KERN, Inschr. v. Magn., 157 b.

Ti. Claudius Frontonianusβ’ τ. Άσ. άρχιερευσάμενος — IIe ou IIIe siècle — BCH, II (1878), p. 523.

A. Claudius Lepidusάρχ. τ. Άσ. ναών έν Σμύρνη — LEB., 842 = CIG, 3831a12.

Ti. Claudius Magnus Charidemusάρχ. τ. Άσ. ναοΰ τοΰ έν Έφέσω — sous Hadrien — LEB., 146 = CIG, 2965. — Ce n’est pas le même que

Ti. Claudius, Meleagri f., Quir., Charidemus Philometor, άρχ. τ. Άσ., (KERN, Inschr. v. Magn., 188), car le père de ce dernier était asiarque en l’année 162.

Ti. Claudius Menagetes Caecilianusάρχ. τ. Άσ.BCH, XI (1887), p. 102, l. 8-9.

Ti. Claudius Midiasάρχ. τ. Άσ. ναοΰ τ. έν Σμύρνη — LEB., 626.

Ti. Claudius Ti. f. Quir. Mithridates — vers 128 apr. J.-C. — CIG, 3960 ; cf. BCH, XVII (1893), p. 306, n° 5.

Ti. Claudius Phesinusάρχ. τ. Άσ. — sous Vespasien — Journ. of Philol., 1876, p. 145 ; Μουσεΐον, 1880, p. 180 ; add. LEB., 110 = CIG, 3092.

Claudius Socratesάρχ. τ. Άσ.BCH, XI (1887), p. 102, l. 18-19.

Ti. Claudius Tib. f. Quir. Timonάποδεδειγμένος τ. Άσ. άρχ. — sous Claude — KERN, Inschr. v. Magn., 157b.

M. Claudius Valerianusάρχ. Άσ. — sous Domitien — BABELON, Collect. Waddington, 6033, 6034 : IMHOOF-BLUMER, Kleinasiat. Münzen, I, p. 230.

Demetriusάρχ. Άσ.Rev. archéol., 1888, II, p. 220.

T. Flavius Varus Calvisianus Quir. Hermocratesτ. Άσ. άρχ. ναοΰ τ. έν Έφ. — GAGNAT, Année épigraph., 1893, n° 99.

L. Julius Bonnatusάρχ. Άσ. ναών τ. έν Λυδία Σαρδιανών καί άρχ. τών τρισ[καίδεκ]α πόλεωνCIG, 3461.

Julius Calpurniusάρχ. Άσ. ναών τ. έν Περγ. — LEB., 653 = CIG, 3416.

Julius Cleon — sous Néron — ECKHEL, D.N.V., III, p. 153 ; BABELON, Collect. Waddington, 6029.

Ti. Julius Damianusάρχ. Άσ.CIG, 2887.

C. Julius Hippianusάρχ. τ. Άσ.CIG, 3495.

C. Julius C. f. Fa[bia] [J]ulianusάρχ. τής Άσ. — KERN, Inschr. v. Magn., 151.

Julius Phanias (?)άρχ. Άσ.Ath. Mit., XI (1886), p. 204.

C. Julius Philippus — άρχ. Άσ. — sous Antonin le Pieux — LEB., 1652eBCH, X (1886), p. 456 sq. ; XI (1887), p. 300 ; Ath. Mit., VIII (1883), p. 323.

C. Julius Pythonάρχ. Άσ. — BCH, XI (1887), p. 346.

Mene[cr]ates ? — v. supra, note 12.

C. Orphius Flavianus Philographusάρχ. τής Άσ. ναοΰ τ. έν ΚυζίκωAth. Mit., VI (1881), p. 42.

M. Salvius Hieronis f. Quir. Montanusάρχ. Άσ. ναοΰ τ. έν Έφ. κοινοΰ τ. Άσ. — LEB., 755 = CIG, 3858e.

M. Cl. P. Vedius Antoninus Sabinus — entre Hadrien et Caracalla — άρχ. τ. Άσ.Μουσεΐον, 1880, p. 179.

M. Ulpius Appuleius Eurycles, άρχ. άποδεδειγμένος Άσ. ναών τ. έν Σμύρν. τό β’. — en 162 ou 163 — CIG, 3836 add. — Peut-être une deuxième fois sous Commode — CIG, 2741 —cf. CIG, 3832, 3833.

M. Ulpius Carminius Claudianus — sous Antonin le Pieux ou Marc-Aurèle — CIG, 2782 — v. aux asiarques.

M. Ulpius Agnonis (ou Zenonis ?) f. Quir. Tryphonάρχ. τ. Άσ. — Entre Antonin et Caracalla — STERRETT, Epigr. Journ., 33 ; RAMSAY, Cities and Bish., I, p. 271, n° 96.

Un personnage inconnu dont la femme seule est nommée, en 5 apr. J.-C. — BCH, VII (1883), p. 449.

Deux personnages inconnus, qui eurent pour υϊός et pour έκγονος ; un certain Arignotes, vivant sous Caracalla — CIG, 3497 ; cf. 3484.

Je serais fort tenté d’ajouter Apollonius, fils de Menophilus d’Aezani (?), nommé seulement έρχιερεύς (Ath. Mit., XXIV (1899), p. 289, l. 30 et 78-79), mais qui donna sa γνώμη, sans doute à titre de président, à l’assemblée des Grecs d’Asie, sous le proconsulat de Paullus Fabius Maximus, vers l’an 9 av. J.-C.

III. — Άρχιέρειαι Άσίας.

Aelia LaebillaΆσ. άρχ.CIG, 2823.

Antonia Caecilia, femme de Claudius Socrates, άρχ. τ. Άσ.BCH, XI (1887), p. 102, l. 18.

Aurelia Meliteάρχ. Άσ. ναών τών έν Σμύρνη — CIG, 3151 et 3211.

Aurelia Tatia, femme de L. Aurelius AristomenesCIG, 3489.

Bassa (?) — qualifiée seulement d’άρχιέρηα — BABELON, Coll. Waddington, 6032. — Mais son mari, Cleon, était άρχ. Άσ. à la même époque, sous Néron.

Claudia Alcimillaάρχ. Άσ. — FRÄNKEL, Inschr. v. Perg., 518.

Cl. Lorentiaάρχ. Άσ.BCH, XVII (1893), p. 280, n° 79.

Claudia Tryphemaάρχ. Άσ., fille de Claudius Phesinus - LEB., 110 = CIG, 30y2.

Cornelia Secunda, femme de C. Julius Hippianus, άρχ. τ. Άσ.CIG, 3495.

Flavia Flavii Hieronis filia, άρχ. τ. Άσ. (avec son mari) τών έν..... Περγάμω ναώνWiener Denhschrift., 1897, p. 3, n° 8.

Flavia Moschi filia, άρχ. Άσ. ναοΰ τοΰ έν Έφ.CIG, 3413 ; femme de Flavius Hermocrates qui, ici, n’est plus donné comme άρχ. Άσ.

Flavia Apphia, άρχ. Άσ.CIG, 2782.

Juliana, femme du grand-prêtre d’Asie Alciphron, άρ[χιέ]ρειαν γε[νομένην] τής Άσία[ς πρ]ώτην τώ[ν γυναικών ?] — KERN, Inschr. v. Magn., 158 — sous Tibère ou Claude, car elle fut prêtresse d’Agrippine mère, femme de Germanicus.

Memmia Ariste Teuthranlisάρχ. τ. Άσ. — en 89 — BCH, VII (1883), p. 449.

Stratonice, femme de Claudius Phesinusάρχ. Άσ. — LEB. , 110 = GIG, 3092.

Vibia Polla, femme de C. Orphius Flavianus Philographus, άρχ. τ. Άσ. ναοΰ τοΰ έν ΚυζίκωAth. Mit., VI (1881), p. 42.

Ulpia Marcella, femme de P. Ælius Paullusάρχ. τ. Άσ. ναών τ. έν Σμύρν.BCH, XI (1887), p. 478.

Marcia Claudia Juliana, femme de M. Aurelius Zénon, aurait été άσιάρχ. deux fois — LEB., 20 = CIG, 3324.

En somme, si l’organisation exacte des assemblées provinciales nous échappe, nous connaissons au moins le genre d’activité déployé dans ces réunions périodiques : on élisait des fonctionnaires religieux, on délibérait sur les affaires communes, on célébrait des sacrifices, mais surtout on donnait des jeux et des fêtes, et, en fournissant quelques détails sur ces cérémonies, je croirai indiquer le caractère essentiel du Κοινόν Άσίας et ce qui en faisait le plus grand attrait pour les populations.

 

 

 



[1] LEB., 653, 885.

[2] LEB., 626.

[3] Digeste, XXVII, 1, l. 6, 14.

[4] Grâce à la thèse de M. G. FOUGÈRES, De Lycio Communi, Paris, 1898. On verra plus loin que, depuis lors, M. Fougères a, comme d’autres, loyalement changé d’avis sur celle question difficile.

[5] Voici la bibliographie spéciale à l’asiarque ; elle mérite toujours d’être donnée sans omissions ; quelques-uns de ces travaux renferment des erreurs que les dissertations antérieures avaient déjà réfutées : MARQUARDT (Eph. epigr., I, p. 208-212) et M. MOMMSEN, dans son Histoire romaine (trad. fr., t. X, p. 121), n’ont traité ce point que très sommairement. — WADDINGTON, Ad LEB., n° 885 ; LIGHTFOOT, Apostolic Fathers, II, The Asiarchate, appendice au martyre de Polycarpe ; RAMSAY, Classical Review, III, p. 174 ; Dictionn. des antiq. de DAREMBERG-SAGLIO, u. Asiarches (PERROT) et Koinon, in fin. (G. FOUGÈRES) ; MONCEAUX, De Communi Asiae, p. 58 ; BÜCHNER, De Neocoria, p. 116 sq. ; P. GUIRAUD, Les Assemblées provinciales, p. 97-106 ; et surtout E BEURLIER, Essai sur le culte rendu aux Empereurs romains, Paris, 1890, p. 122 sq., qui discute toutes les opinions exprimées jusqu’à l’apparition de son livre. —Je ne cite pas ECKHEL (D.N.V. (De Asiarcha), IV, p. 207-212), qui disposait d’un matériel épigraphique trop insuffisant, tandis que les éditeurs des Inscr. Gr. ad res Romanas pert., en cours de publication, estiment plus prudent de laisser la question entière. La méthode dangereuse qui consiste à faire un tout de l’Asie Mineure a été franchement adoptée par la plupart des auteurs.

[6] Bruno KEIL, Kyzikenisches (Hermès, XXXII (1897), p. 508).

[7] LEB, 885 ; CIG, 2823, 3416.

[8] Voici un exemple d’obscurité due sans doute à un défaut de langage. Une inscription de Magnésie du Méandre (KERN, Inschr., 157 b, années 50-54 env.) nous rapporte une dédicace faite en commun par deux personnages qui se disent οί άποδεδειγμένοι τής Άσίας άρχιερεΐς. Il faut admettre que l’un au moins, sinon les deux, avait été spécialement affecté au service d’un temple provincial ; car il ne pouvait y avoir plusieurs άρχ. Άσ. purs et simples à la fois, et il n’est pas a croire que le seul et unique fut désigné plusieurs années à l’avance. Du moins cette qualité de désigna tus indique qu’un certain délai devait s’écouler entre la nomination et l’entrée en charge.

[9] Realencyclop. de PAULY-WISSOWA, s. u. Asiarches.

[10] On ne peut citer qu’un exemple, le mari et la femme étant désignés par le nom collectif άσιάρχαι (CIG, 3324). — Mais peut-être la femme était-elle simplement grande-prêtresse, et le lapicide, pour abréger, lui aura abusivement étendu le titre de son mari.

[11] Voir les pièces justificatives dans l’article de M. Brandis. En examinant cette question de l’asiarque, sur laquelle on écrirait facilement un volume, je citerai le moins de références possible, renvoyant pour leur nomenclature complète aux articles ou livres qui les rapportent et utilisent.

[12] Faut-il expliquer par un désir d’amplification vaniteuse le pléonasme suivant d’une inscription de Pergame : έπί Μενε[κρ ?]άτους β' άρχ(ιερέων) Ά(σίας) κ(αί) ίερέως τών κυρίων αύτοκρατόρων (Ath. Mit., XXIV (1899), p. 222, n° 52, l. 18-20) ? Je suis convaincu que MM. CONZE et SCHUCHHARDT ont mal complété la formule abrégée ΑΡΧ.Α. et qu’elle signifie plutôt άρχ(οντος) (πρώτου), comme dans un grand nombre de légendes monétaires. Le texte ainsi daté est un simple décret ; quelle raison de choisir pour éponyme le grand-prêtre provincial ?

[13] Ils sont nommés dans une constitution de 409 au Code Théodosien (XV, 9, l. 3). Je dois dire cependant que M. BRANDIS se livre à une argumentation méticuleuse, au cours de son article, pour établir que les textes du Code Théodosien qui mentionnent des asiarques ou dignitaires des provinces voisines qualifiés d’une manière analogue sont de simples gloses, surajoutées à une époque où le souvenir exact de la véritable antiquité s’était perdu. Le procédé est dangereux ; évidemment l’auteur montre bien que les phrases en question sont mal construites, énoncent des erreurs ; mais ne fait-il pas trop d’honneur à ceux qui rédigeaient ces actes en leur supposant un goût et une science de la correction qui disparaissent devant la recherche des redondances ? Il s’étonne encore du choix des exemples, tous empruntés à l’Orient, quand l’objet des constitutions citées, grande-prêtrise des provinces et jeux, est commun à tout l’Empire. Mais quoi d’étrange a cela du moment que ces textes furent rédigés en Orient ? Il en est même qui concernent la seule province proconsulaire : en vertu d’une loi de Septime-Sévère, on ne pouvait contraindre le père de cinq enfants à accepter la grande-prêtrise d’Asie, et cette disposition ne fut que plus tard étendue à toutes les provinces, comme le dit Papinien (Digeste, L, 5, l. 8).

[14] XIV, 1, 12, p. 549 C.

[15] Rev. Et. gr., II (1889), p. 35h.

[16] Pap. Am. Sch., II, p. 334, n° 388.

[17] Or. sacr., I, p. 531 Dindorf.

[18] Ce mode de nomination a en effet été contesté pour l’Asie. M. Beurlier rend compte de la controverse (op. laud., p. 137 sq.).

[19] Pour ne citer qu’un exemple, M. Ulpius Eurycles, que les gens d’Aezani appellent : συνπεπολιτευμένος ήμεΐν, est άρχ. des temples de Smyrne (LEB., 869 = CIG, 3832, l. 6-7).

[20] BCH, IV (1880), p. 442, n° 25 ; XII (1888), p. 102, l. 8.

[21] Je ne sais cependant pas si M. BRANDIS a une opinion arrêtée sur ce point ; je lis sous sa signature dans l’Encyclopédie de PAULY, vol. II, col. 1574, l. 55 : Diese Asiarchen an den Provincialtempeln, die άσιάρχαι ναών τών έν Έφέσω, Σμύρνη, sind, gleich den άρχιερεΐς Άσίας ναών τών έν Έφέσω u. s. w. vom Landtag genannt : et col. 1577, I. 66 : Und die nur Asiarchen ohne jeden Zusatz und die Asiarchen ναών τών έν Έφέσω genannten Abgeordneten sind beide gleichmässig von ihren Städlen gewählt. — Si la contradiction n’est qu’apparente, je n’ai rien vu dans l’intervalle qui l’expliquât.

[22] Je n’ai relevé qu’une présomption — bien faible — en sa faveur. Une monnaie, que n’a pu connaître M. Brandis, porte : Aur. Demetrius άσιάρχης τής πατρίδος (BABELON, Collection Waddington, 6505). Or elle a été frappée sous l’Empereur Philippe à Stectonum, petite localité phrygienne reculée, qui n’a certainement jamais été néocore. Cette légende ferait croire que l’asiarque a représenté sa patrie, en quelque circonstance, mais rien ne prouve du reste que ce fût au Koinon. Cette expression insolite doit être incorrecte.

[23] Hist. ecclés., IV, 15, 27.

[24] CIG, 3213, 3677.

[25] Une inscription de Cibyra mentionne un άσιάρχην ίππικόν Tib. Claud. Polemon (BCH, II (1878), p. 593, n° 1). L’éditeur du texte, M. Max. COLLIGNON, le commente ainsi : Les dépenses relatives aux jeux étaient réparties entre les riches : certains asiarques fournissaient les gladiateurs, d’autres les chevaux. Et il renvoie à une inscription de Périnthe (A. DUMONT, Inscriptions de Thrace, 72 j) qui porte : Μ. Αύρ. Θεμιστοκλέα ίππικόν γραμματέα μόνον Έφέσιον άσιάρχην. Cette fois, si l’épithète s’applique à un magistrat, ce n’est pas à l’asiarque, c’est au secrétaire. N’est-ce pas pour lui une singulière qualification ? Et l’ίππικός, dans les deux cas, ne serait-il pas tout simplement un chevalier romain ? Je n’en veux pour preuve qu’une autre inscription de Cibyra (Denkschr. d. k. Wien. Akad., 1897, p. 9) également relative à Polemon : la première (ibid., n° 11) lui donne les deux titres juxtaposés : άσιάρχης ίππικός ; dans la seconde (n° 12), il n’est qu’Ίππικός. Grand personnage, il est tout naturel qu’un asiarque appartint à l’ordre équestre. — M. Barclay HEAD, de son côté, est arrivé à la même conclusion par l’étude des monnaies de Thyatira (GrCBM, Lydia).

[26] Sic HICKS (IBM, ad n. 498).

[27] Aus Lydien, p. 89 sq. — M. Th. REINACH a exprimé les mêmes préférences en ce qui concerne le lyciarque (Rev. Et. gr., XII (1899), p. 408).

[28] REINACH, Acta martyrum, p. 42 et 45.

[29] LEB., 1652c ; BCH, X (1886), p. 456, n° 8.

[30] ARISTIDE, I, p. 531 Dindorf.

[31] IBM, 604, 605, 611.

[32] Jahreshefte des öster. Instituts, III (1900), p. 1-8.

[33] Secus HEBERDEY, Opramoas, Wien, 1897, p. 59 ; M. LIBBENAM (Stüdteverwaltung, p. 315, note 4) n’est pas disposé non plus à admettre l’identification ; au contraire M. CUMONT incline en faveur de cette doctrine (Rev. Et. gr., XIV (1900), p. 141).

[34] A deux exceptions pris, qui proviennent toutes deux de la même ville d’Euménie : M. Claudius Valerianus et Julius Cleon. Tous les autres άρχ. Άσ. nous sont connus uniquement par l’épigraphie.

[35] Encore le Lyciarque et l’Archiereus des Empereurs (Mélanges Perrot (1902), pp. 103-108).

[36] Du reste, s’il est exact de distinguer l’asiarque pur et simple de l’asiarque des temples d’Éphèse, p. ex., la solution, même acceptable pour le premier, ne le serait pas pour le second.

[37] Op. laud., p. 137.

[38] Op. laud., p. 103.

[39] Je ne m’attarderai pas à réfuter à nouveau, après M. GUIRAUD, la thèse de M. MONCEAUX (p. 58) d’après laquelle tous les asiarques sont en même temps άρχιερεύς Άσίας, sans que la réciproque soit vraie. Le grand-prêtre d’Asie, annuel, aurait présidé tous les cinq ans aux grands jeux sous le nom d’asiarque. Cette grande-prêtrise quinquennale se trouve réduite à néant par cela seul que le hasard nous aurait révélé tous les asiarques, à un ou deux près, et que les grands-prêtres connus auraient dû être environ quatre fois plus nombreux que les asiarques, alors qu’en réalité la proportion est presque renversée. Qu’on songe d’ailleurs au rôle des asiarques à Éphèse au moment de l’émeute soulevée contre saint Paul (Act. apost.. XIX, 23-40).

[40] On trouve cependant un άρχ. ιγ' πόλεων (HEAD, GrCBM, Ionia, p. 16 ; MACDONALD, Hunterian Collection, II, p. 321), et l’on n’a pas encore vu d’άσιάρχ. ιγ' πόλεων certain. Un grand-prêtre des treize villes est mentionné dans une inscription (CIG, 3461). BÖCKH pense qu’il s’agit des cités ébranlées par le tremblement de terre de l’an 17, et non de celles du Koinon ionien. Le monument date en effet de cette époque, puisque le même personnage est ίερεύς Τιβερίου Καίσαρος. Mais justement, dans cette opinion, les deux titres me semblent faire pléonasme, ce qui rend l’autre hypothèse plus vraisemblable.

[41] M. MOMMSEN (loc. cit.) avait autrefois tenté une esquisse rapide de cette évolution. Elle n’a rallié que l’adhésion de M. BÜCHNER. Cf. la critique de M l’abbé BEURLIER (op. laud., p. 134 sq.).

[42] CIG, 3481, 3957, (mal restitué), 3187 ?

[43] CIG, 2741, l. 2.

[44] Une inscription d’Apamée mentionne quelqu’un qui a obtenu les libéralités des grands-prêtres. (V. BÉRARD, BCH, XVII (1893), p. 314, n° 15-16 = RAMSAY, Cities and Bish., II, p. 465). On a complété : obtenu pour la ville les libéralités des grands-prêtres d’Asie. La première restitution est évidente, la seconde l’est moins. M. BÉRARD dit : ce personnage a, par son habileté dans les assemblées, obtenu des candidats à la grande-prêtrise certaines promesses en faveur d’Apamée ; une fois élus, les grands-prêtres se sont acquittés de leur libéralité. — D’après M RAMSAY, les archiereis auraient formé un corps ayant contrôle sur des sommes d’argent, et auraient pu faire, à la requête de quelque personne, une générosité à Apamée. Les fonds devaient appartenir au Koinon même. Probablement Apamée se proposait d’ériger un temple à l’Empereur : le personnage honoré s’assura le consentement des Empereurs et une libéralité des grands-prêtres. — C’est une vraie débauche d’imagination ; en réalité nous ne savons rien.

[45] Une monnaie de Sardes, frappée sous Sévère-Alexandre (MACDONALD, Hunter. Collection, II, p. 466, n° 26), porte le même nom, suivi de ΑΡΧ. Α. ΤΟ. Β. — Faut-il interpréter άρχ(ιερεύς) Ά(σίας) ou άρχ(ων) (πρώτος) ? La deuxième restitution me parait préférable, quoiqu’il y ait un asiarque appelé Hermophilus (v. à ce nom).