On rapporte qu’Alexandre mourant déclara laisser son empire au plus digne[1]. Il aurait donc ainsi rompu lui-même le lien de l’hérédité monarchique qui pouvait attacher encore ses sujets — les Macédoniens tout au moins — à la race royale, représentée par Arrhidée fils de Philippe, par Héraclès, fils d’Alexandre et de Barsine, enfin, par l’enfant attendu de Roxane. Du reste, eût-il fait, comme le prétend Diodore, un testament déposé à Rhodes[2], il n’y avait pas de principe qui pût sauvegarder les droits d’un incapable, bâtard lui-même comme Héraclès, ou réserver ceux d’un héritier à naître, quand il s’agissait de gouverner un empire improvisé par la victoire et fait de nations hétérogènes. Pourrait-on maintenir l’unité de cet empire après la mort du conquérant ? Si le maintien de l’unité était possible, était-il désirable ? A quel prix l’explosion inévitable des convoitises particulières, favorisée par la réaction des nationalités, ferait-elle acheter le plaisir esthétique de conserver à l’œuvre d’Alexandre son caractère et ses proportions ? Sous quelle étiquette enfin se continuerait le gouvernement unitaire ? Monarchie légitime, soit avec le frère d’Alexandre, soit avec un fils d’Alexandre, c’est-à-dire une régence dévolue à un des généraux d’Alexandre ; ou monarchie élective, telle que la connut l’empire romain et que semblait la prévoir Alexandre ; ou fédération plus lâche, mais équilibrée pourtant par la rivalité même des chefs et groupée autour du trône vide d’Alexandre ? Les historiens amateurs de rhétorique ne se sont pas fait faute de traiter ces questions à propos du conseil de guerre tenu par les généraux à Babylone en juin 323, quelques jours après la mort du héros. Perdiccas demande que l’armée se donne un chef en attendant la délivrance de Rhoxane ; Néarque pense que l’héritier déjà né de Barsine doit être préféré à un héritier hypothétique ; Ptolémée penche pour le système fédératif, et l’anarchie est représentée par Méléagre. Dehors, la foule a aussi ses orateurs, et elle finit par acclamer Arrhidée. Si nous ignorons ce qui s’est dit en cette mémorable occurrence, nous savons au moins ce qui s’est fait. Après des compétitions scandaleuses, au cours desquelles on oublia sept jours durant, dit-on, le corps d’Alexandre, un compromis intervint qui laissait le titre de roi à Philippe Arrhidée, proclamé par l’infanterie, et donnait une demi-satisfaction à la cavalerie, c’est-à-dire à l’aristocratie, en prenant des mesures pour que cette royauté fût purement nominale. Il fut entendu que, si Rhoxane donnait le jour à un fils, ce fils serait associé au trône et héritier présomptif d’Arrhidée. En attendant, la présidence de l’empire fut dévolue à Cratère, le plus populaire, le plus capable et le moins ambitieux des généraux, qui était alors en Macédoine [note 1] ; et Perdiccas se fit investir du commandement en chef de l’armée, avec le titre de chiliarque, porté avant lui par Héphestion[3]. § I. — L’HÉGÉMONIE DE PERDICCAS (323-321). C’était donc le système de l’empire indivis qui triomphait provisoirement. La combinaison adoptée était toute à l’avantage de Perdiccas, qui paraît avoir exercé dans le conseil une influence prépondérante et mené les négociations. De race royale, ambitieux et d’une énergie peu ordinaire, il comptait bien être en fait et rester le seul successeur d’Alexandre. Cratère était loin, et il serait probablement retenu en Macédoine par la mission que lui avait confiée Alexandre. Il avait dû, en effet, remplacer, comme régent de Macédoine, Antipater, tombé en disgrâce, paraît-il, pour avoir manifesté quelque répugnance à rendre les honneurs divins, à Alexandre[4]. Maintenant, le Conseil attribuait à Antipater le titre de στρατηγός αύτοκράτωρ, qui aurait pu faire de lui le rival plutôt que le lieutenant de Cratère en Europe. Perdiccas cherchait à se rendre populaire dans l’armée, qui aspirait au repos, aux dépens de la mémoire d’Alexandre. Il faisait courir le bruit qu’Alexandre, d’après des notes trouvées dans ses papiers, caressait de vastes projets de conquête, de nouvelles expéditions que lui, Perdiccas, se garderait d’entreprendre. Il avait, du reste, sous la main les rois, Philippe Arrhidée et Alexandre, l’enfant que Rhoxane venait de mettre au monde[5], et il commandait en leur nom. Mais il dut bientôt se convaincre que, s’il pouvait être le premier entre ses égaux, ses compagnons d’armes n’étaient pas disposés à subir sa tutelle. Ils avaient assez longtemps obéi : l’heure était venue pour eux de jouir de leurs victoires et de commander à leur tour dans un domaine qui fût bien à eux. Ils consentaient. à n’être que des satrapes, mais des satrapes à l’ancienne mode persane, c’est-à-dire des vice-rois tout-puissants el, en l’absence d’un Grand-Roi reconnu, irresponsables. Ptolémée n’avait pu l’aire prévaloir le système fédératif ; mais, finaud il prit possession de la satrapie d’Égypte, il était bien décidé à y régner et à n’y souffrir aucune ingérence étrangère. On peut croire que sa pensée était celle de bien d’antres. La répartition des satrapies faite à Babylone en 323 fut le prélude du démembrement de l’empire : bon nombre de gouverneurs qui partaient ainsi ne devaient plus rendre de comptes que les armes à la main. Perdiccas lit d’ailleurs tout ce qu’il fallait pour précipiter la crise. Son premier acte fut de se débarrasser de son hyparque ou lieutenant Méléagre, exécuté comme auteur ou complice dune sédition militaire (123). Il crut habile de pousser tout de suite à bout ceux qu’il savait capables de lui désobéir. Antigone dit le Borgne, satrape de la Grande Phrygie, refusa daller conquérir la Cappadoce au profit d’Eumène. de Cardia, ex-secrétaire d’Alexandre, l’homme de confiance de Perdiccas. Léonnatos, désigné pour coopérer avec Antigone, aima mieux quitter son gouvernement de Phrygie Hellespontique pour aller aider Antipater à vaincre les Hellènes : il espérait supplanter ensuite le stratège d’Europe et devenir roi légitime de Macédoine en épousant la sœur d’Alexandre, Cléopâtre, qui, veuve du roi d’Épire, lui offrait sa main. Ptolémée, dès son arrivée en Égypte, avait mis à mort l’ancien gouverneur, Cléomène, que Perdiccas avait voulu lui donner comme hyparque ou sous-gouverneur. L’année suivante, il retint à Memphis le corps d’Alexandre, que Perdiccas voulait faire conduire à l’oasis d’Ammon, ou peut-être à Ægæ, confisquant ainsi à son profit le prestige attaché à ces précieuses reliques. Perdiccas voulut faire des exemples. Léonnatos avait trouvé la mort au cours de sa folle équipée (322) ; mais il restait à punir Antigone et Ptolémée, deux rivaux et ennemis personnels du chiliarque. Perdiccas venait d’achever, brutalement, à sa manière, la soumission de la Cappadoce, qu’Antigone et Léonnatos avaient refusé d’entreprendre. Il avait fait mutiler et mettre en croix, à la mode perse, le roi vaincu, et il aurait exterminé la famille royale, si un neveu et fils adoptif d’Ariarathe — le futur Ariarathe II — n’avait trouvé un refuge dans les montagnes. La Cappadoce devint satrapie macédonienne, accrue de la Paphlagonie et diminuée de la Lycaonie, laquelle fut rattachée à la Phrygie. A la tête de l’armée qu’il ramenait de Cappadoce, Perdiccas s’était posté en Pisidie, à portée de la Grande Phrygie et de l’Égypte, les deux provinces gouvernées l’une par Antigone, l’autre par Ptolémée. Là, tout en intriguant pour son propre compte et modifiant ses plans suivant les nouvelles du jour, épousant puis répudiant Nicæa, fille d’Antipater, pour épouser enfin Cléopâtre et marier Arrhidée malgré lui avec Eurydice l’Illyrienne, petite-fille de Philippe, il cita Antigone à comparaître devant un conseil de guerre qu’il présiderait avec les rois. Antigone promit de se justifier, gagna du temps et s’enfuit avec son fils Démétrios auprès d’Antipater, qui, maître de la Grèce et devenu le beau-père de Cratère, ne craignait plus personne (322). Sans voir le mécontentement qui commençait à travailler son armée, sans se soucier de la diversion qu’opéraient sur ses derrières Antipater, Cratère et Antigone, débarqués en Asie Mineure, et comptant sur Eumène pour leur tenir tète, Perdiccas usa de la même procédure contre Ptolémée. Le Lagide comparut ou se fit représenter à un colloque qui se tint en Syrie : sa défense fut écoutée et il fut absous (321). Mais Perdiccas s’obstina à le traiter en coupable : tramant avec lui les rois, il continua sa marche et envahit l’Égypte. Il y trouva le châtiment de son orgueil. Au premier échec, la désertion se mit dans ses troupes ; ses généraux lui refusèrent obéissance et se mirent à l’abri de ses vengeances en le faisant assassiner (juill. 321). On cite parmi ceux qui lui portèrent les premiers coups le commandant de la cavalerie, Séleucos, qui devait fonder plus tard la dynastie des Séleucides[6]. Séleucos n’était alors qu’un soldat de fortune comme tant d’autres. On ne songeait point encore à faire de lui un fils d’Apollon, et on laissait à ses flatteurs à venir le soin d’accumuler autour de ses origines les prodiges et les prophéties[7]. Originaire, dit-on, de la petite ville d’Europos, fils d Antiochos, un général de Philippe, et d’une mère appelée Laodice, il avait dû partir avec Alexandre, dont il avait à peu près l’âge[8], pour l’expédition d’Asie. Il s’y était distingué, sans doute, mais pas assez pour figurer dans les premiers rôles, ceux-ci étant, du reste, réservés aux hommes mûrs. Quinte-Curce ne prononce même pas son nom. Au passage de l’Hydaspe (326), il commandait les hypaspistes, autrement dit l’infanterie de la garde royale[9]. On le retrouve peu après à la tête d’une phalange[10], puis aux grandes épousailles de Suse, où Alexandre, pour initier ses hétæres aux mœurs orientales, les marie d’office à des femmes de son choix. Séleucos, mentionné le dernier sur la liste dressée par Arrien, reçut pour femme Apama, fille du Bactrien Spitamène[11]. Il paraît bien que les autres officiers ne prirent pas au sérieux ces essais d’unions polygamiques ; mais Séleucos garda et traita en épouse légitime la femme que le caprice d’Alexandre lui avait donnée. Apama — peut-être hellénisée sous le nom accessoire d’Antiochis [note 2] — fut la mère de son successeur. Il est évident que Séleucos avait dû vivre dans une certaine intimité avec Alexandre, au temps où le roi daignait encore être familier. Plutarque rapporte qu’Alexandre se préoccupa un jour de faire rechercher un esclave de Séleucos, qui s’était enfui en Cilicie[12]. Le nom de Séleucos figure parmi ceux des amis qui allèrent consulter Bel-Sérapis sur la maladie d’Alexandre[13]. Il était encore à ce moment commandant des pages de la garde royale, et, comme tel, il eut l’occasion de protéger Perdiccas contre les émeutiers qui vinrent l’assaillir jusque dans la chambre mortuaire où gisait le cadavre d’Alexandre. Perdiccas le récompensa en lui donnant le commandement de la cavalerie des hétæres, fonction des plus honorifiques, dévolue avant lui à Héphæstion et à Perdiccas[14]. La charge que quittait Séleucos fut donnée à Cassandre, fils d’Antipater. La faveur de Perdiccas prouve que Séleucos n’était pas de ceux dont le régent crût avoir à se délier. Perdiccas le jugea même plus utile à ses côtés que pourvu d’une satrapie. C’était alors, à l’âge d’environ trente ans, un homme de belle prestance, d’une grande force physique, dont il avait fait preuve, dit-on, en arrêtant dans sa course furieuse un taureau échappé qu’Alexandre allait sacrifier[15]. Perdiccas ne supposait pas sans doute que dans cet athlète il y eût un ambitieux au caractère tenace et résolu, calme d’ailleurs et prémuni par l’égalité de son humeur contre des fautes où d’autres se laissaient entraîner par l’effet d’une fougue irréfléchie. Pendant près de trois ans, Séleucos avait rempli consciencieusement ses fonctions et suivi Perdiccas en Cappadoce, en Pisidie, en Égypte. C’est là que, jugeant le moment venu de secouer le joug, il avait résolument pris sa part de responsabilité dans le meurtre de Perdiccas. A partir de cette époque, Séleucos reste au premier plan de l’histoire des successeurs d’Alexandre. L’armée d’invasion, réconciliée avec Ptolémée, reprit le chemin de la Syrie, sous la conduite de Pithon et d’Arrhidæos ou Arrhabæos, l’officier qui avait amené en Égypte le corps d’Alexandre. On savait maintenant que le favori et séide de Perdiccas, Eumène de Cardia, avait battu les troupes amenées d’Europe par Cratère, que Cratère lui-même était resté sur le champ de bataille, et que l’Asie Mineure était presque tout entière au pouvoir d’Eumène. Perdiccas était mort, mais son parti avait retrouvé un chef dans ce Grec que les Macédoniens traitaient de misérable scribe et qui se révélait tout à coup homme de guerre. Il fallait aviser. Les généraux tinrent à Triparadisos, localité située sur le cours de l’Oronte[16], un congrès où furent convoqués Antipater et Antigone. Antipater, qui avait rallié les troupes de Cratère, était en marche pour secourir Ptolémée : Antigone accourut de Cypre. Le congrès, un instant troublé par les intrigues de la reine Eurydice, confia la régence à Antipater, avec le titre de curateur, et procéda à une nouvelle répartition des satrapies et dignités. Autant qu’on en peut juger, le principe adopté alors fut de séparer les pouvoirs militaires, concentrés aux mains d’un petit nombre de stratèges, des pouvoirs administratifs délégués aux satrapes. Antipater eut pour lieutenant un chiliarque, qui fut son fils Cassandre ; Antigone fut stratège ou chef de l’armée dans l’Asie en deçà de l’Euphrate, et Pithon fils de Crateuas[17], ex-satrape de Médie, stratège des provinces orientales. On n’avait sans doute réglé que par à peu près les rapports hiérarchiques entre les stratèges et les satrapes, et entre les stratèges et le chiliarque. L’anarchie allait sortir de ces remaniements improvisés. Séleucos, qui avait secouru à temps Antipater au cours d’une sédition provoquée par Eurydice[18], reçut la satrapie de Babylonie, occupée avant lui par Archon fils de Clinias et Docimos[19]. Le territoire qui lui fut adjugé n’était pas très étendu. Il ne comprenait que la partie inférieure du bassin des cieux fleuves, entre la Susiane à l’E., la Mésopotamie au N. et les déserts d’Arabie au S.-O. ; mais Babylone était encore une ville incomparable, au moins par le prestige des souvenirs et l’avantage de sa position moyenne entre l’Occident et l’Orient. C’est là qu’Alexandre avait l’intention de placer la capitale de son empire, projet maintenant abandonné. Les contractants de Triparadisos tenaient si peu à donner un centre à l’empire déjà à demi disloqué que le régent allait emmener les rois en Macédoine et y chercher le repos qui convenait à son grand âge. Ils s’apprêtaient à évincer le dernier et le seul champion du régime unitaire, Eumène de Cardia. § II. — LA LUTTE CONTRE EUMÈNE (321-316). De 321 à 318, nous perdons de vue le gouverneur de la Babylonie. C’est le temps où Eumène lutte désespérément contre une coalition qui le traite en étranger et en proscrit, faisant appel contre lui à l’orgueil macédonien et à la trahison. Rien de plus confus que les péripéties de cette lutte mémorable, où, à côté des deux adversaires, s’agite une foule de comparses, ambitieux pour leur propre compte, sans scrupules et sans foi, où les défections interviennent à tout propos pour contrecarrer les combinaisons stratégiques et faire du vainqueur de la veille le vaincu du lendemain. Les hésitations et contradictions des témoignages anciens épaississent encore à nos yeux l’obscurité qui plane sur cette période d’anarchie. Eumène, reculant devant les forces déployées par Antigone, fut battu en Cappadoce, grâce à la trahison du commandant de sa cavalerie (320). Il se réfugia, avec ce qui lui restait de troupes fidèles, dans la forteresse de Nora, d’où il réussit à s’échapper, après avoir, pendant plus d’un an, résisté aux sommations et déjoué les intrigues d’Antigone. Les Perdiccaniens qui n’avaient pas voulu faire cause commune avec lui — Alcétas, Attale, l’un frère, l’autre beau-frère de Perdiccas, Laomédon de Mitylène — tombèrent l’un après l’autre, ou sur les champs de bataille ou livrés après leur défaite à Antigone, qui ne faisait point de quartier aux vaincus (319)[20]. Entre temps (janv. 319), Antipater était mort, et son successeur, Polyperchon, conseillé par Olympias, la mère d’Alexandre, prit parti pour le défenseur de l’unité de l’empire. Eumène se trouvait ainsi investi de pouvoirs réguliers : avec la flotte qu’il se construisait à la hâte en Phénicie, il comptait tenir tête à Antigone et à Ptolémée. Mais il comptait sans la trahison, qui, partout et toujours, s’attachait à ses pas. Traqué en Asie Mineure par Antigone désormais maître de la mer Égée, il fut contraint d’aller, du côté de l’Orient, tenter la fortune avec les nouveaux alliés que le hasard venait de lui susciter. Au printemps de 318, Pithon, satrape de Médie et stratège de toutes les provinces supérieures, c’est-à-dire situées au-delà du Tigre, jugea qu’il était temps pour lui de mettre à profit l’anarchie générale et de transformer son commandement militaire en souveraineté. Pithon fils de Crateuas était un ambitieux inquiet, incapable de fixer ses désirs et de viser un but assez longtemps pour y atteindre. Satrape de Médie après la mort d’Alexandre, il avait obéi à regret à Perdiccas. En Égypte, il avait donné le signal de la défection et avait été nommé sur place gouverneur général avec Arrhabæos pour collègue. Cette dignité improvisée et mal définie, il n’avait pu la garder. Il était impopulaire parmi les troupes, qui suivent parfois mais méprisent et suspectent toujours les insubordonnés. Il avait donc repris sa satrapie de Médie, et les nécessités de la lutte à soutenir contre Eumène lui avaient valu sa nomination de stratège de la Haute-Asie. Il devait surveiller les satrapes de ces régions et empêcher de ce côté la désorganisation de l’empire. Mais la tranquillité qui régnait au-delà de l’Euphrate ne faisait pas le compte du stratège. Tout à coup, au mépris des conventions passées à Triparadisos, il envahit la Parthyène, s’empare de la personne du satrape Philippe et le fait mettre à mort ; après quoi, il lui donne pour successeur son frère à lui, Eudamos. Cet acte de despotisme brutal provoqua entre les satrapes menacés une coalition dont le satrape de Perse, Peucestas, fut l’instigateur et le chef. Pithon fut expulsé de la Parthyène, et, ne se trouvant plus en sûreté dans sa province de Médie, il se réfugia à Babylone, auprès de Séleucos. On voit que, toujours prudent et ennemi des résolutions soudaines, Séleucos ne s’était pas joint à la coalition. Peut-être aussi sa province n’était-elle pas comprise dans les satrapies supérieures et n’avait-il pas eu à résister aux ouvertures de ses collègues. Il espérait sans doute profiter de toutes ces querelles sans y prendre part. Mais l’agitation provoquée par Pithon eut des conséquences imprévues. Eumène, qui, après la défaite de la flotte envoyée dans l’Hellespont par Polyperchon et la défection de sa propre flotte, n’espérait plus se mettre en relation par la nier Égée avec la Macédoine et la Grèce, Eumène pensa que les satrapes coalisés s’associeraient volontiers à sa cause. Il eut soin, du reste, de mettre en avant l’autorité des rois légitimes : les satrapes reçurent des lettres royales leur enjoignant de se soumettre aux ordres d’Eumène et de lui obéir en tout[21]. Parti de Phénicie à la fin de 318, Eumène rallia au passage Amphimachos, satrape de Mésopotamie, et alla hiverner à Caræ (Καρών κώμαι) en Babylonie. C’est de là sans doute qu’il expédia ses courriers aux satrapes. Il lit également sonder Séleucos et Pithon par Antigène, commandant des argyraspides et satrape de Susiane, qui, chargé par Antipater de rapporter en Occident les trésors de Suse, s’était attaché, par défiance d’Antigone, à la cause des rois et — provisoirement, du moins — à la fortune d’Eumène. Séleucos répondit qu’il était prêt à servir la cause des rois, mais qu’il ne consentirait jamais à se soumettre aux ordres d’Eumène, qui avait été condamné à mort par un conseil des Macédoniens[22]. Après divers pourparlers, Séleucos envoya de son côté un affidé à Antigène et aux argyraspides pour les décider à s’insurger contre Eumène. Séleucos et Antigène avaient des souvenirs communs qui purent être évoqués à cette occasion ; ils avaient frappé ensemble Perdiccas sur les bords du Nil. Antigène était bien décidé à suivre le conseil (le Séleucos, mais plus tard. Pour le moment, il aimait mieux protéger Eumène qu’obéir à Antigone. Il fallait bien, dans le conflit engagé, que ses argyraspides fussent au service de l’un ou de l’autre. Au printemps de 317, Eumène s’apprêta à passer le Tigre pour aller rejoindre les satrapes à Suse. Séleucos et Pithon songèrent un instant à lui disputer le passage : ils rompirent même les digues d’un canal pour inonder son camp, espérant toujours, et jusqu’au dernier moment, provoquer la défection des argyraspides ou donner à Antigone le temps d’arriver. Celui-ci, venu à grandes journées des bords de l’Hellespont, avait fait reposer ses troupes en Mésopotamie ; mais il était encore trop loin et Eumène trop près de Babylone pour que Séleucos pût risquer d’entrer en conflit avoué avec l’armée royale. Eumène était sur la route de Suse quand Antigone, lancé à sa poursuite, arriva à Babylone. Séleucos et Pithon se joignirent à lui, espérant bien avoir pris le parti du plus fort. Quand ils arrivèrent à Suse, Eumène en était parti avec ses alliés ; mais les trésors étaient restés dans la citadelle, défendue par une forte garnison. Séleucos, nommé satrape de Susiane par Antigone, resta pour bloquer la citadelle, pendant qu’Antigone se mettait de nouveau à la poursuite de son ennemi. Battu sur le Copratas, obligé de chercher un refuge en Médie et harcelé au passage par les Cosséens, Antigone fut sauvé par l’indiscipline des satrapes dont Eumène était le chef nominal. Le gardien ne parvenait à assouplir l’orgueil et à apaiser les rivalités (le personnages comme Peucestas et Antigène qu’en tenant conseil avec eux dans un pavillon royal où trônait la divinité d’Alexandre. Au lieu de marcher sur l’Asie Mineure, qu’ils auraient trouvée sans défense, il plut aux satrapes de tourner du côté opposé et d’aller banqueter à Persépolis. Profitant de ce répit, Antigone redescendit de la Médie sur la route de Persépolis. Repoussé de nouveau après une grande bataille livrée en Parætacène, il revint à la charge et réussit enfin, en Gabiène, non pas à surprendre ni à battre son rival, mais à trouver enfin les traîtres de qui il attendait sa revanche. Eumène fut livré à Antigone par ses propres troupes (316). Le Borgne, n’écoutant que sa vieille rancune, ou, suivant une autre version, cédant à regret aux injonctions de son armée, mit à mort son adversaire ; mais il se débarrassa aussi des incorrigibles brouillons qui avaient cru, en trahissant Eumène, satisfaire et éloigner Antigone. Le commandant des argyraspides, Antigène, sans doute l’instigateur de la trahison, fut brûlé vif. § III. — LA LUTTE CONTRE ANTIGONE (316-312). Antigone était maître de toute l’Asie et se sentait de taille à la gouverner. Il ne lui restait plus que quelques mauvais vouloirs à prévenir et quelques importuns à supprimer. Avant de quitter Ecbatane, où il avait attendu le printemps, il se défit de Pithon, qui s’agitait bruyamment, comme toujours, et oubliait qu’il n’était plus chez lui depuis que son hôte était devenu son maître. Invité à une entrevue qui devait être cordiale, Pithon fut arrêté, jugé et exécuté, à titre d’exemple. Quand Antigone arriva à Suse, après avoir tenu une sorte de cour plénière à Persépolis et réorganisé l’administration des provinces supérieures en partageant les pouvoirs, dans chaque région, entre des satrapes indigènes et des stratèges macédoniens, Séleucos avait réussi à pacifier le pays et à traiter à l’amiable avec le commandant du fort, Xénophilos, qui se déclara prêt à mettre à la disposition d’Antigone les trésors dont il avait la garde. Antigone prit l’argent, mais ne se crut pas obligé pour autant de récompenser les loyaux services de Séleucos[23]. Il n’entendait pas le laisser à la tète de deux satrapies limitrophes et de deux capitales comme Suse et Babylone. Il nomma donc un satrape de Susiane, et même, pour plus de sûreté, un indigène, Aspisas ; puis il prit le chemin de Babylone. Là, il verrait s’il devait laisser en place un auxiliaire aussi respectueux, mais aussi dangereux que Séleucos. Le satrape de Babylone était aimé dans sa province : il n’en fallait pas davantage pour devenir suspect à Antigone, qui ramenait avec lui Peucestas pour des raisons analogues. Peucestas était trop populaire à Persépolis : Antigone l’avait remplacé par Asclépiodore, sous prétexte de lui réserver un emploi plus en vue. Ce qu’il advint de cette promesse, nous l’ignorons : à partir de ce moment, aucun historien ne fait plus mention de Peucestas. A Babylone, le conflit prévu éclata. Antigone émit la prétention de contrôler les actes du satrape et particulièrement sa gestion financière. Séleucos, à bout de patience et craignant le sort de Pithon, s’enfuit avec une faible escorte et alla demander asile à Ptolémée[24]. On raconta plus tard que des prêtres chaldéens avaient dès lors prédit sa fortune, et qu’Antigone, superstitieux une fois en sa vie, fit courir après le fugitif, dont, en somme, il était heureux d’être débarrassé. Après avoir installé un nouveau satrape à Babylone et destitué celui de Mésopotamie, qui avait protégé la fuite de Séleucos, Antigone vint hiverner en Cilicie. Il était alors le plus puissant des généraux d’Alexandre, et, grâce aux trésors trouvés à Ecbatane, à Suse et à Cyinda, le mieux pourvu d’argent. En ce temps où tout était à vendre, les briques valaient des soldats. Pour comble de fortune, il n’y avait plus, ou peu s’en faut, de souverains légitimes. Philippe Arrhidée et sa femme Eurydice avaient été mis à mort par Olympias, animée d’une haine égale pour le bâtard et pour l’ambitieuse princesse dont il était l’instrument (317) ; Olympias avait été à son tour traquée, enfermée dans Pydna, condamnée à mort et lapidée par ordre de Cassandre (316), qui tenait Rhoxane et son fils, Alexandre IV, internés à Amphipolis, en attendant qu’il se décidât à s’en débarrasser par un crime ; le vicaire-général de l’empire, le vieux Polyperchon, était un soudard imprévoyant qui pouvait servir comme allié et ne pouvait nuire comme ennemi. Antigone semblait toucher au but ; il allait être en Asie le successeur de Darius et d’Alexandre. Mais ni Ptolémée, ni Séleucos, ni Cassandre, ni Lysimaque, stratège de Thrace investi par Perdiccas et maintenu depuis en possession de sa province, n’étaient d’humeur à laisser le champ libre aux prétentions d’Antigone et à se contenter des protestations d’amitié par lesquelles il cherchait à les amadouer. Ils demandèrent, par un ultimatum commun, à partager l’argent rapporté de la Haute-Asie, exigeant en outre que la Syrie et la Phénicie fussent annexées à l’Égypte ; que la Babylonie fût restituée à Séleucos ; que les Étals de Lysimaque fussent accrus de la Phrygie sur l’Hellespont et séparés des possessions d’Antigone par un grand gouvernement (Carie-Lycie-Cappadoce) confié au satrape de Carie Asandros ; enfin, que Cassandre fût reconnu connue stratège d’Europe[25]. La guerre éclata entre Antigone et la coalition (315). Cette lutte, qui ne devait prendre tin qu’au bout de quatorze ans, se poursuivit d’abord avec des vicissitudes très diverses, mais, dans l’ensemble, favorables à Antigone. Celui-ci avait eu le bon esprit de se concilier la sympathie des villes grecques d’Asie en les protégeant contre les entreprises des satrapes qui les molestaient. C’est ainsi qu’il avait pris la défense de Cyzique contre Arrhabæos, expulsé le satrape de Lydie, Clitos, qui traitait les villes d’Ionie en pays conquis, et qu’un de ses premiers actes, au début de la guerre, fut d’émanciper les villes de Carie de la tutelle d’Asandros. Il ne s’interdit pas sans doute de leur demander des subsides, mais il les traitait en alliées, et non plus en sujettes. Il fit parade du même zèle pour l’indépendance des villes grecques d’Europe, occupées par les garnisons de Cassandre. Allié avec Polyperchon, rival de Cassandre, il fit publier en tous lieux un décret, solennellement délibéré en congrès et ratifié par son armée, sommant Cassandre de rendre aux villes leur pleine autonomie et de faire sortir de la prison où il les retenait le jeune roi Alexandre et sa mère Rhoxane. Cette pitié pour les malheureuses victimes de la politique était un simple prétexte : il savait bien que Cassandre avait plus d’intérêt que lui à les garder sous sa main, et il ne protesta pas quand Cassandre les fit périr quelques années plus tard. Antigone commença par mettre la main sur la Syrie, et par se construire en toute hâte une flotte dans les ports de la Phénicie. Les Rhodiens lui prêtèrent leurs chantiers et devinrent, en fait, ses alliés. Il fit aussi venir des navires de l’Hellespont et parvint ainsi à réunir 20 vaisseaux de guerre, une flotte capable d’interdire l’accès des côtes à la flotte égyptienne, commandée par Séleucos. En effet, Séleucos, qui paraît avoir été en l’occurrence un médiocre tacticien, ne fit guère que croiser le long du littoral sans pouvoir secourir ni Joppé, ni Gaza, ni Tyr, et sans réussir davantage à arrêter les renforts expédiés par mer à Antigone. Pendant ce temps, Polémée[26], neveu et stratège d’Antigone en Cappadoce, débloquait Amisos sur le Pont, assiégée par Asclépiodore, lieutenant d’Asandros, forçait le dynaste de Bithynie, Zipœtès, à lever le siège d’Astacos et de Chalcédoine, et, rappelé par Antigone, arrivait à temps en Ionie pour obliger Séleucos à abandonner le blocus d’Erythræ (315). Séleucos alla hiverner à Cypre, où il rejoignit Ménélas, frère de Ptolémée, et surveilla avec lui la fidélité ébranlée des dynastes qui tenaient encore pour la cause de l’Égypte. D’après Diodore, il assiégea Cérynia, Lapethos, Amathonte et Cition. On le retrouve, l’année suivante (314), dans les eaux de Lemnos, où il rallie vingt navires expédiés d’Athènes par ordre de Cassandre et ne peut détacher les Lemniens du parti d’Antigone ; puis à Cos, où l’on perd sa trace. Nous ne savons où il était quand Ptolémée, après avoir étouffé la révolte des Cyrénéens (313), vint à Cypre châtier les rois qui lui avaient désobéi, confia le gouvernement de l’île au roi de Salamine, Nicocréon [note 3], et partit de là pour piller les côtes de la Haute-Syrie et de la Cilicie[27]. C’était, pour Ptolémée, le commencement de la revanche. Il la voulut plus complète. Au printemps de 312, avec une forte armée et Séleucos pour lieutenant, il marcha sur la Syrie. A Gaza, il rencontra Démétrios, le fils d’Antigone, qui accourait à marches forcées pour lui barrer le passage. La bataille fut sanglante et la victoire longtemps disputée. Enfin l’armée de Démétrios, inférieure en nombre, fut mise en déroute, et Ptolémée n’eut qu’il poursuivre ses débris pour reprendre possession de toute la Syrie, y compris la Palestine et la Phénicie. Séleucos, qui avait vaillamment payé de sa personne à Gaza, se hâta de recueillir sa part des fruits de la victoire. Avec 800 hommes d’infanterie et environ 200 cavaliers[28] que lui donna Ptolémée, il prit la route de Babylone. Si la grande ville résistait, l’entreprise était plus que téméraire : au lieu d’une escorte, il eût fallu une armée. Mais Séleucos avait dû prendre ses renseignements : il comptait sur les souvenirs qu’il avait laissés dans la province et sur l’impopularité qui s’attachait partout à la domination brutale d’Antigone, exercée par des fonctionnaires formés à l’école du maître. Il rassura ses gens alarmés en faisant appel à la fois à leur amour-propre de vétérans et à leur crédulité. Ne savaient-ils pas que mille présages lui garantissaient le succès ; qu’il avait ceint un jour par hasard, tuais par un hasard significatif, le diadème d’Alexandre : que l’Apollon de Milet, qu’Alexandre lui-même, apparu en songe, lui avaient prédit sa grandeur future[29] ? S’il y avait quelques périls à affronter, les vieux compagnons d’Alexandre n’étaient pas hommes à reculer. Séleucos vit se vérifier de point en point ses prévisions.
En Mésopotamie déjà, les garnisons macédoniennes se déclarèrent pour lui après
un semblant de résistance. Lorsqu’il entra en
Babylonie, un grand nombre d’indigènes vinrent à sa rencontre, lui offrant de
l’aider en tout ce qu’il lui plairait de faire. C’est que Séleucos, ayant été
quatre ans satrape de la contrée, s’était montré bienveillant pour tous ; il
s’était concilié l’affection des masses et s’était de longue main préparé des
auxiliaires pour le cas où il lui serait donné de disputer l’hégémonie. Il
fut rejoint par Polyarchos, un préposé de district, avec plus de mille
soldats. Les partisans restés fidèles à Antigone, voyant l’élan irrésistible
de la multitude, se réfugièrent dans la citadelle, dont la garde était
confiée à Diphilos. Séleucos assiégea la citadelle, la prit d’assaut et en
fit sortir les enfants et amis qui y avaient été détenus comme otages, après
son départ pour l’Égypte, par ordre d’Antigone. Cela fait, il enrôla des
soldats, acheta des chevaux et les distribua à ceux qui étaient capables de
les monter. Son affabilité envers tous fit naître les meilleures espérances,
et il put compter sur l’empressement d’une population prêle à partager ses
périls en toute circonstance. Voilà de quelle façon Séleucos recouvra la
Babylonie[30] ». La rentrée de Séleucos à Babylone fut un événement assez insignifiant en soi, car Séleucos, qui avait déjà été dépossédé une fois, pouvait litre encore par la suite ; mais il prit plus tard dans le souvenir des peuples une telle importance que la date de cette restauration servit de point de départ à une nouvelle ère, l’ère des Séleucides (1er octobre 312. a. Chr.) [note 4]. On aurait pu aussi bien la dater, comme l’Hégire de Mahomet, de la fuite en Égypte, si l’on n’avait voulu se conformer à un usage monarchique. La persécution ne grandit que les chefs de religions ; elle est un souvenir plutôt importun pour les rois, dont la grandeur se mesure au succès. |
[1] Curt., X, 5, 5 (ei qui esset optimus), et son anneau à Perdiccas.
[2] Diodore, XX, 81.
[3] Ceci était conforme aux préférences manifestées par Alexandre aux fêtes nuptiales de Suse, l’année précédente. Alexandre et Héphestion avaient épousé des filles de Darius ; Cratère, une nièce du Grand-Roi. Perdiccas avait eu pour lot une fille du prince des Mèdes Atropatès.
[4] Arrien, VII, 12, 4. Justin, XII, 12, 9. Suidas, s. v. Άντίπατρος.
[5] Un mois (Justin., XIII, 2, 5) ou trois mois (Curt., X, 6, 9) après la mort d’Alexandre, survenue le 28 ou 29 Daisios (= 13 juin 323 ?).
[6] Corn. Nepos, Eumène, 5, 1.
[7] Diodore, XIX, 90. Justin., XV, 4, 3-6. Appien, Syr., 56. Arrien, VII, 22. Pausanias, I, 16, 1. Libanius, Antioch., p. 319.
[8] A sa mort, en 281/0, Séleucos avait 73 ans, suivant Appien (Syr., 63) ; 75 suivant Porphyre (Eus. Arm., I, p. 219) ; 77 suivant Justin (XVII, 1, 10) : ce qui reporte sa naissance entre 354/3 et 358/7 a. C. Alexandre était né en 356.
[9] Arrien, V, 13, 4.
[10] Arrien, V, 16, 3. Cf. Athénée, VI, 261 b.
[11] Arrien, VII, 4, 6.
[12] Plutarque, Alex., 12.
[13] Plutarque, Alex., 76. Arrien, VII, 26, 2.
[14] Diodore, XVIII, 3. Justin, XIII, 4, 17. Appien, Syr., 57.
[15] Appien, Syr., 57. Suidas, s. v. Σέλευκος. On disait bien aussi que Lysimaque avait terrassé un lion (Justin, XV, 3, 74).
[16] Sur l’emplacement exact, voyez les opinions divergentes de P. Perdrizet (Revue Archéol., XXXII [1898], pp. 38-39 : pour Riblah) et de R. Dussaud (ibid., XXXIII [1898], pp. 113-121 : pour Djousiyé).
[17] A distinguer de Pithon fils d’Agénor, partisan d’Antigone, tué à la bataille de Gaza en 312. L’orthographe du nom (Πείθων — Πύθων dans Diodore —) est la même de part et d’autre.
[18] De compte à demi avec Antigone (Arrien, Succ. Alex., 33. Polyen, IV, 6, 4).
[19] Diodore, XVIII, 39, 6. La Susiane à Antigène, la Mésopotamie et l’Arbélitide, tout le bassin moyen de l’Euphrate et du Tigre, à Amphimachos.
[20] C’est vers ce temps que Démétrios, fils d’Antigone et de Stratonice fille de Corragos, épouse Phila, fille d’Antipater, alors veuve de Cratère.
[21] Diodore, XIX, 13. Plutarque, Eumène, 13.
[22] Diodore, XIX, 12.
[23] D’après Diodore (XIX, 46. 48. 56), Antigone avait pris à Ecbatane 5.000 tal. d’argent ; à Suse 20.000 tal. Un peu plus tard, il trouva dans le Trésor de Cyinda, 10.000 tal., et il tirait de ses revenus 11.000 tal. par an. Il aurait donc disposé successivement de la somme fabuleuse de 276 millions de drachmes.
[24] Diodore, XIX, 55. Cf. Histoire des Lagides, I, pp. 42 sqq.
[25] Diodore, XIX, 57. Cf. les observations de Droysen (II, p. 309, 2).
[26] L’orthographe Πολεμαΐος (Dittenberger, Syll., I2, 184) a été corrigée à tort dans les mss. des livres XIX-XX de Diodore.
[27] Diodore, XIX, 62. 19.
[28] Ou un peu plus, 1000 + 300 hommes, d’après Appien (Syr., 54).
[29] Voyez la série des présages dans Diodore, XIX, 90. Justin, XV, 4, 2-6. Appien, Syr., 56. Pausanias, I, 16, 1. Versions diverses, dans Justin et Appien, concernant la fameuse ancre des Séleucides, figura quæ in femore Seleuci nata cum ipso parvulo fuit, ou cachet donné à S. enfant par sa mère.
[30] Diodore, XIX, 91.