ESSAI SUR LE RÈGNE DE TRAJAN

 

CHAPITRE PREMIER. — HISTOIRE DE TRAJAN JUSQU'À LA MORT DE NERVA.

 

 

Trajan — Marcus Ulpius Trajanus[1] — naquit à Italica, municipe de l'Espagne ultérieure ou Bétique[2], le XIV des calendes d'octobre de l'an de Rome 805[3], c'est-à-dire le 18 septembre 52 après Jésus-Christ. Il appartenait à une famille ancienne, mais qui ne devint illustre que sous la dynastie Flavienne : aucun de ses membres n'avait obtenu les honneurs curules avant M. Ulpius Trajanus, père de celui dont nous écrivons l'histoire[4].

La Bétique, dont Italica était un des principaux municipes, jouissait depuis longtemps d'une civilisation presqu'aussi avancée que celle de Rome. La douceur du climat, les richesses variées et inépuisables du sol, l'heureuse disposition des montagnes et des fleuves, fixèrent de bonne heure l'attention des Carthaginois sur cette partie de l'Espagne. Ils y installèrent des colonies et des établissements de premier ordre, dont les triomphes de Scipion assurèrent la possession aux Romains. Le vainqueur de Carthagène fonda Italica pour servir d'asile à ses vétérans blessés, et la petite ville conserva toujours des relations étroites avec la mère patrie. Mummius l'Achaïque, quand il distribua aux colonies italiennes le butin fait à Corinthe, n'oublia pas les Romains de cette région lointaine : l'inscription qui conserve ce souvenir intéressant nous apprend qu'Italica n'était encore qu'un vicus[5]. Mais sa population était considérable au temps de Jules-César ; peut-être avait-elle déjà alors le rang de municipe[6]. Sa prospérité augmenta encore sous les premiers empereurs, comme le prouvent les débris de monuments qui couvrent son sol et qui le cèdent peu aux plus beaux restes de Cordoue, d'Hispalis et de Gadès[7]. Au sein de la paix heureuse et de l'abondance dont ils jouissaient, les mœurs des Turdétains s'étaient adoucies et policées : ils s'étaient entièrement convertis à la manière de vivre des Romains, jusqu'à renoncer à leur idiome national[8]. Cette civilisation, qui contrastait avec la rudesse de leurs ancêtres, leur a valu de la part de Tite-Live une qualification sévère[9], que la vie de Trajan, pleine des bruits de la guerre, réduira à sa juste valeur. Rappelons-nous, d'ailleurs, que les Espagnols avaient pris, depuis un siècle et demi, une place importante à Rome dans la politique aussi bien que dans la littérature. Un Gaditain, Balbus, avait été consul : son frère avait, le premier de tous les étrangers, reçu les honneurs du triomphe. Des écoles de Cordoue, déjà célèbres à cette époque, on avait vu sortir Sénèque et Lucain. Il ne faudra donc nous étonner ni de la haute fortune réservée à l'Espagnol Trajan, ni des qualités toutes romaines qu'il déploiera dans l'exercice du pouvoir.

Le souvenir des faits qui se rattachent à son enfance a complètement disparu[10], et nous sommes privés de ces détails familiers, de ces anecdotes où se révèlent le caractère des grands hommes, et où l'on aime à chercher des présages de leur destinée. Pline prend son héros lorsqu'il est déjà tribun militaire. Entré au service avec ce grade, comme tous les fils de sénateurs, Trajan fit ses premières armes en Syrie, sous le commandement de son père, et passa de là aux armées de Germanie[11]. Il fut tribun militaire pendant dix ans[12]. Son courage, sa constance à supporter les fatigues, l'équité qu'il montrait à l'égard de ses compagnons d'armes et de ses soldats, enfin l'étude approfondie qu'on lui voyait faire de son art lui conquirent rapidement l'amour des légions[13].

Il revint à Rome l'an 78 pour exercer une des charges du vigintivirat[14], puis revêtir successivement les magistratures réservées aux sénateurs et qui précédaient le consulat (questure — tribunat du peuple ou édilité — préture). Le silence gardé par Pline sur cette période de la vie du prince, dont il relève ailleurs tant de détails avec un soin minutieux, nous autorise à penser que Trajan ne se signala par aucun acte remarquable dans l'exercice de ces charges civiles. Spartien rappelle incidemment sa préture[15] ; lorsqu'Hadrien, âgé de dix ans (il était né le 24 janvier 76) perdit son père, Trajan, alors ancien préteur, fut l'un de ses tuteurs. Cette préture se place donc au plus tard en 85. En combinant cette date avec les règles alors prescrites, tant pour la succession des charges, que pour le temps qui devait s'écouler entre l'exercice de chacune d'elles, et la date de l'entrée en fonction des magistrats[16], on arrive à dresser le tableau suivant, assez conjectural je l'avoue, mais dont il faut se contenter jusqu'à ce qu'un hasard, aussi heureux que celui auquel nous devons le cursus honorum d'Hadrien, nous rende celui de Trajan :

Trajan, né le 18 septembre

52

prend la toge virile à 15 ans accomplis, à la fin de l'an

67

reste dix ans aux armées avec le grade de tribun laticlave

68-77

exerce l'une des charges du vigintivirat en

78

et obtient successivement :

La questure ; il reste en charge du

1er juin 80 au 1er juin 81.

Le tribunat du peuple

10 décembre 82 au 10 décembre 83.

ou l'édilité

1er janvier 83 au 31 décembre 83.

La préture

1er janvier 85 au 31 décembre 85.

En 88, nous trouvons Trajan dans les armées de la Germanie supérieure. L'empire était menacé de deux côtés à la fois, par les barbares qui attaquaient et franchissaient même la ligne du Danube, et par la révolte des légions cantonnées près de Vindonissa (Windisch). Celle-ci fut promptement réprimée, et ne se prolongea pas après la mort du légat Antonins Saturninus qui l'avait excitée. Mais dans ces conjonctures périlleuses, il avait fallu augmenter l'effectif des armées de Germanie, de Pannonie et de Mésie, et Trajan fut chargé de conduire dans la Germanie supérieure une des légions de l'armée d'Espagne, la Ia Adjutrix[17]. Malgré la distance qui sépare l'Ebre du Rhin, ce mouvement n'a rien d'extraordinaire, car les troupes d'Espagne étaient alors, dans l'Europe occidentale, les seules dont le déplacement n'offrît aucun danger. Les corps du Danube devaient être maintenus au complet pour empêcher l'invasion des Daces ; ceux de Bretagne faisaient la guerre sous la conduite d'Agricola ; enfin ceux qui avaient leurs quartiers dans les Gaules marchaient déjà contre les rebelles, mais on pouvait craindre qu'ils ne fussent pas assez nombreux pour comprimer la révolte[18].

Pline, décrivant à grands traits la marche rapide de Trajan à la tête de ses troupes, lui fait franchir les Pyrénées et les Alpes[19]. Ce mouvement n'a pas été bien compris. Comme Trajan était à Cologne à la mort de Nerva (janvier 98), on a supposé qu'il y avait été envoyé par Domitien et on ne s'expliquait pas comment il avait traversé les Alpes pour s'y rendre. Mais c'est confondre des faits séparés par un espace de dix ans. Domitien envoya Trajan dans la Germanie supérieure, en lui assignant probablement pour objectif Augst ou Windisch. Trajan passa par Narbonne, Arles, Vienne. Là il suivit la grande route de Lyon à Milan, qui traversait Chambéry, Moutiers (Darantasia), le Petit Saint-Bernard, Aoste (Augusta Prætoria). A ce point, il l'abandonna pour prendre l'embranchement qu'elle jetait sur Windisch par Avenches (Aventicum). Les termes de Pline s'expliquent très-bien ainsi[20].

Lorsque la Ia Adjutrix arriva en Germanie, Antonius s'était donné la mort, et l'ordre était rétabli. Trajan ne prit donc aucune part effective à la guerre. Mais l'activité dont il avait fait preuve, et le zèle qu'il avait déployé furent récompensés par le consulat, dont il fut revêtu en 91, avec Acilius Glabrion. Des présages, dit Dion[21], annoncèrent les destinées bien différentes qui attendaient chacun des consuls[22], mais il ne les fait pas connaître[23]. M. Dierauer[24] remarque avec raison que c'était pour un sénateur une grande faveur d'obtenir sous Domitien un consulat ordinaire, et de marquer ainsi de son nom l'année et les actes publics, car l'empereur était fort jaloux de cette prérogative[25].

Une nouvelle lacune dans les documents historiques nous dérobe ici le sort de Trajan pendant les dernières années du règne de Domitien. En octobre 97, quand il fut adopté par Nerva, il gouvernait, comme légat impérial, la Germanie supérieure[26], mais on ignore depuis quelle époque il occupait ce poste important, et s'il le tenait de Domitien ou de Nerva[27]. Au moment où il partit de Rome pour en prendre possession eut lieu un incident qui fut remarqué dans la suite. Conformément à un antique usage, il se rendit au Capitole pour invoquer les dieux[28] et particulièrement Jupiter Imperator. Quand les portes du temple s'ouvrirent et que la statue[29] de cette divinité apparut, le peuple, ne songeant qu'à saluer le Dieu, s'écria Salve Imperator. Après l'élévation de Trajan au rang suprême, on se souvint de cette exclamation à double sens, et on l'interpréta comme l'expression anticipée du vœu public[30].

Le Panégyrique de Pline, unique et précieux guide pour l'histoire des premières années de Trajan, nous apprend que le général n'eut à livrer aucune bataille, son nom seul ayant effrayé les barbares et mis fin à leurs déprédations. A la tête de ses troupes, il parcourait les bords déserts du fleuve, souhaitant vivement des combats où il était sûr de vaincre, mais ne provoquant point l'ennemi pour ne pas acheter sa gloire au prix du sang de ses soldats.

Il avait atteint l'âge de quarante-cinq ans, et aucune pensée ambitieuse n'était venue le troubler dans l'accomplissement lent et régulier de ses devoirs obscurs, lorsqu'il apprit qu'il était adopté par l'empereur régnant, et associé à sa puissance.

A la mort de Domitien (18 septembre 96), Nerva se vit acclamer par Rome entière, moins les prétoriens, qui, aussi bien que l'armée, regrettaient ce tyran prodigue seulement pour les soldats[31]. Les violentes représailles exercées par le sénat sur la mémoire, les monuments et le corps même de celui qu'on ne craignait plus, les indignèrent et ils l'auraient vengé sans tarder s'ils avaient trouvé des chefs[32] ; mais un de leurs commandants, Petronius Secundus, avait lui-même pris part à la conjuration. L'année suivante, Nerva, inspiré par une équité poussée jusqu'à l'imprudence, nommait à la préfecture du prétoire Casperius Ælianus, une première fois revêtu de cet office sous Domitien. Fidèle au souvenir du dernier empereur, comme tous les hommes placés sous ses ordres, Ælianus vint à leur tête demander à Nerva la punition des meurtriers de Domitien. Au milieu du tumulte et des cris, Nerva, enfermé et comme assiégé dans son palais, se crut perdu. Il donna les marques physiques de la plus grande frayeur[33], offrit aux rebelles sa gorge nue, se déclara prêt à mourir, mais refusa noblement de livrer les hommes auxquels il devait l'empire. Bientôt pourtant il céda, vaincu par les instances et les menaces de ses gardes, et pour éviter de plus grands malheurs. Petronius Secundus et Parthénius, saisis par les prétoriens, furent mis à mort après avoir subi les plus indignes traitements et les derniers outrages[34].

Une guerre civile, aussi terrible que celle qui avait ensanglanté Rome après la mort de Néron, paraissait imminente. Comme en 68, le chef de l'état était un vieillard[35] sans autorité sur les soldats. Nerva comprit qu'il ne sauverait le pouvoir suprême que lui avaient remis les Romains qu'en le partageant avec un homme plus jeune, plus actif, aimé à la fois du sénat, du peuple et de l'armée. Tel avait été aussi le dessein de Galba quand il adopta Pison et l'associa à l'empire ; mais, plus heureux que ce prince éphémère, Nerva vit le calme renaître aussitôt que l'adoption de Trajan fut connue.

C'est qu'elle avait lieu dans des conditions beaucoup moins défavorables. En 69, les armées étaient soulevées dans les différentes parties du monde romain : aujourd'hui, tout était tranquille. Les légions de Syrie n'avaient inspiré qu'une crainte passagère[36] ; celles du Danube, émues à la mort de Domitien, s'étaient calmées à la voix du philosophe Dion Chrysostome réfugié dans leurs lointains cantonnements[37]. Les troupes du Rhin étaient restées dans le devoir, maintenues par leurs dignes chefs Spurinna et Trajan[38]. D'autre part, l'adoption d'un jeune homme par Galba était attendue, et, pour ainsi dire, escomptée[39] : Othon, Pison, espéraient être choisis, et chacun de ces prétendants avait derrière lui, dans Rome même, un parti armé. Au contraire, la résolution de Nerva était imprévue, et aucun rival de Trajan n'était préparé à y mettre obstacle. Enfin Galba, timoré à l'excès, agit avec une sorte de mystère. La mesure fut prise dans le palais, discutée avec quelques conseillers intimes, et on fut bien embarrassé au moment de la révéler au public[40]. Nerva, plus honnête à la fois et plus habile, ne fit rien qu'au grand jour, et par là mit sous la garantie du peuple l'acte solennel accompli en sa présence.

On apportait de Pannonie la nouvelle d'un succès militaire[41] et Nerva devait déposer sur les genoux de la statue de Jupiter Capitolin les lauriers entourant la lettre que lui adressait le général victorieux[42]. La cérémonie avait attiré un grand concours de peuple sur le Forum. Quand elle fut terminée, l'empereur annonça qu'il adoptait Trajan, et qu'il l'associait à l'empire.

Il y a ici un acte civil et un acte politique. L'adoption est d'ordre purement civil : toutefois, le caractère de l'adoptant permit d'introduire quelques modifications dans les formalités qui la précédaient et la constituaient. On sait que les Romains distinguaient deux espèces d'adoption, l'une faite imperio magistratus, l'autre auctoritate populi. La première s'appliquait aux personnes encore placées sous l'autorité paternelle. Leur père les cédait en droit (in jure cessio), par une vente simulée, à l'adoptant. C'est ainsi qu'Auguste adopta ses petits-fils, Caius et Lucius César, du vivant de leur père Agrippa[43]. La deuxième sorte d'adoption, nommée aussi adrogatio, était employée quand il s'agissait de faire entrer dans une nouvelle famille une personne sui juris. Elle avait lieu par le ministère du grand pontife, dans les comices par curies, et elle était sanctionnée par une loi curiate. Tel est le mode suivant lequel Tibère et Agrippa Posthume entrèrent dans la famille Julia, et Néron dans la famille Claudia[44].

Galba essaya une innovation dans les adoptions impériales. Il adopta Pison sans se préoccuper des formes légales, et n'annonça même pas au peuple, mais seulement au sénat et à l'armée, ce qu'il avait fait[45]. Ainsi que nous l'avons dit, ce mépris des formes choqua les Romains et contribua sans doute à la chute de Galba. Au contraire, Nerva, grand pontife, annonçant l'adoption au peuple sur le forum, prononçait une adrogation régulière, sauf l'absence de l'adopté[46]. Depuis longtemps, les trente curies étaient représentées, pour le vote des lois curiates, par trente licteurs[47] qu'il avait été facile de convoquer pour donner immédiatement force de loi à l'adoption projetée. Elle était donc imprévue, mais parfaitement légale[48].

Quant à l'association de Trajan à l'empire, c'est un acte politique, ou plutôt une série d'actes politiques pour lesquels le vote du sénat fut nécessaire. Déclaré en même temps fils du prince et César, puis imperator et associé à la puissance tribunitienne, Trajan, dit Pline[49], reçut dès le premier moment ce qu'un père véritable n'avait donné naguère qu'à l'un de ses enfants.

Il s'agit évidemment de Titus, associé à l'empire par Vespasien dès l'an 71. Plusieurs inscriptions nous ont appris quelles furent les conditions de cette association, et Titus y porte précisément les titres que Pline attribue à Trajan[50]. Trois sénatus-consultes furent nécessaires pour les lui conférer, car aucun de ces titres n'appartenait, ipso facto, au fils de l'empereur. Ainsi les fils de Marc Aurèle, Commode né en 161, et Annius Verus né en 163, n'obtinrent qu'en 166 le titre de Cæsar, et L. Ceionius Commodus, adopté par Hadrien (c'est alors qu'il prit le gentilicium Ælius), Marc Aurèle adopté par Antonin, furent revêtus de la puissance tribunitienne sans recevoir l'imperium[51].

Nous ne connaissons point de monnaie de Trajan frappée dans le court intervalle pendant lequel il fut associé à l'empire. Eckhel[52] en a conclu que Nerva s'était réservé, avec les titres d'Auguste et de grand pontife, le droit de battre monnaie. Mais on ne doit, je pense, attribuer qu'à la brève durée du double règne cette absence de monuments numismatiques, puisqu'on possède, d'autre part, des monnaies de Titus et d'Ælius Verus, frappées du vivant de Vespasien et d'Hadrien[53].

L'adoption de Trajan apportait dans la constitution, ou plutôt dans la tradition impériale, un changement dont l'importance n'a pas échappé aux contemporains, et que nous étudierons plus tard. Ici nous voudrions simplement chercher quelles raisons désignèrent Trajan au choix de Nerva ; mais les renseignements sur ce point nous manquent. Pline, qui nous a jusqu'à présent donné des indications précises, entre à ce sujet dans une série de flatteries banales, dont la moindre est de répéter à satiété que ce choix avait été inspiré par les dieux. Nous lisons seulement, chez le deuxième Aurelius Victor, que Trajan dut l'empire aux instances faites auprès de Nerva par Licinius Sura[54]. Ce personnage, qui demeura le meilleur et le plus constant ami de Trajan, appartenait à une famille considérable de l'Espagne citérieure[55], liée sans doute par des bienfaits ou des souvenirs à la gens Ulpia. D'un autre côté, Trajan, en raison de ses services militaires dans tant de légions, avait partout des amis que son élévation devait satisfaire et qui défendraient la résolution de Nerva. Enfin, s'il n'y avait pas eu de révolte sur le Rhin à la mort de Domitien, c'était grâce à la fermeté de Trajan, et cette fermeté même dut le recommander à Nerva, qui le jugea dès lors capable de supporter le difficile fardeau du pouvoir.

Quoi qu'il en soit, ce choix répondait admirablement au vœu public, comme le prouva la suite des événements. Nerva envoya à Trajan un anneau enrichi d'une gemme[56] qu'il portait habituellement, et une lettre qui lui annonçait son élévation au pouvoir suprême, en même temps que par ce vers d'Homère

Τίσειαν Δαναοί έμά δάκρυα σοΐσι βέλεσσιν[57]

elle lui recommandait de punir les prétoriens coupables. Ceux-ci furent en effet mandés auprès de Trajan, et mis à mort[58].

L'adoption avait eu lieu le 27 octobre 97[59], et Trajan compta sa première puissance tribunitienne à partir de ce jour. Mais il ne les renouvela pas tous les ans à cette date. En effet, il mourut le 11 août 117. Si sa deuxième puissance tribunitienne correspondait au 27 octobre 98, c'est la vingtième qui correspondrait au 27 octobre 116, et Trajan n'aurait jamais été revêtu de la vingt-et-unième, étant mort avant le 27 octobre 117. Cependant, ce vingt-et-unième tribunat est mentionné sur des monuments très-authentiques ; deux médailles d'Antioche sur l'Oronte[60], et une inscription trouvée près de Malaga. Eckhel déclarait ne pouvoir expliquer ces chiffres.

En 1858, on a trouvé près de Wiesbaden un fragment de diplôme militaires daté de la XXe puissance tribunitienne de Trajan et du VI des ides (= 8) de septembre.

Cette date est également inexplicable dans l'ancien système, suivant lequel Trajan aurait revêtu la XXe puissance tribunitienne le 27 octobre 116, car notre diplôme serait du 8 septembre 117, et l'empereur était mort le 10 août de la même année.

Heureusement un diplôme militaire trouvé en Autriche et aujourd'hui perdu, mais dont Eckhel avait pris copie et qu'Arneth a publié d'après lui — diplôme daté de la XIVe puissance tribunitienne de Trajan, du XIII des calendes de mars (17 février), et du consulat de Salvidienus Orfitus et de Peducæus Priscinus —, nous permet de lever toutes les difficultés auxquelles on se heurtait jusqu'ici. En supposant que Trajan ait compté ses puissances tribunitiennes suivant le même mode que ses prédécesseurs, la XIVe commencerait le 27 octobre 110. Or les consuls ici nommés sont les consuls ordinaires de l'an 110, connus par les fastes. Le décret, dont le diplôme est une copie, fut donc rendu le 17 février 110, et Trajan était déjà dans son XIVe tribunat.

En comparant ce diplôme à un monument du même genre, trouvé à Bath, en Angleterre, et daté de la VIIe puissance tribunitienne de Trajan, Borghesi avait cru pouvoir établir que ces puissances, à partir de la deuxième, furent comptées et renouvelées le 28 janvier, anniversaire de la mort de Nerva, et, pour Trajan, date de la souveraineté sans partage[61]. Mais M. Mommsen a démontré, par une discussion approfondie, qu'il faut placer ce renouvellement, non pas au 28, mais au 1er janvier de chaque année[62]. Autrement on est obligé d'intervertir, pour les années 103 et 104, les consulats donnés par toutes les listes de fastes, entre autres par celle du chronographe de 354[63] dont l'exactitude est avérée. C'est donc à partir de Trajan, et non à partir d'Hadrien[64], que fut inauguré le mode, en usage jusqu'à la fin de l'empire, de compter les puissances tribunitiennes de l'empereur, en affectant à la première le temps écoulé depuis le jour de l'avènement jusqu'au ter janvier suivant, et en faisant coïncider la deuxième, ainsi que les suivantes, avec l'année civile.

Nous possédons maintenant une base solide pour toute la chronologie du règne, et les moyens d'assigner leur date aux monnaies et aux inscriptions où se lit le chiffre d'une puissance tribunitienne[65].

Dion[66] et Eutrope[67] s'accordent à faire régner Trajan 19 ans 6 mois et 15 jours. Ces chiffres sont exacts ; en effet, si de la date 10 août 117, qui est celle de la mort de Trajan[68], nous retranchons l'intervalle précédent, nous retombons sur le 27 janvier 98. On voit que les deux historiens grec et latin n'ont pas fait entrer, dans leur calcul, le temps pendant lequel Trajan régna avec Nerva.

Du reste, nous ignorons absolument ce qui se passa dans ces trois mois, sauf la punition des prétoriens rebelles. Nous savons aussi que Trajan échangea pour le gouvernement de la Germanie inférieure celui de la Germanie supérieure, où il fut remplacé par Julius Ursus Servianus, beau-frère d'Hadrien. En effet, c'est à Cologne qu'il apprit, de la bouche même d'Hadrien, la mort de Nerva, et son avènement définitif au pouvoir suprême[69]. Assurer la sécurité de l'empire à la frontière du Rhin était un intérêt de premier ordre. Trajan le sentait, et malgré les vœux du peuple entier qui l'appelait à Rome[70], il resta dans la province jusqu'à ce que le but proposé à ses efforts eût été atteint complètement.

 

 

 



[1] Eutrope, seul parmi les auteurs latins, lui donne un deuxième surnom, Crinitus. Suivant Jean le Lydien (de Mensib., Januar., c. 7) il aurait dû ce surnom aux soins qu'il prenait de sa chevelure, assertion sans fondement et très-invraisemblable. M. Ulpius Crinitus, général sous le règne de Valérien, prétendait appartenir à la famille de Trajan (Vopisc., Aurelian., 10), ce qui explique comment le surnom de Crinitus a été attribué plus tard à l'empereur.

[2] Appien, Hisp., 38. Eutrope, VIII,2. Victor, Cæs., 13. Dion, LXVIII, 4 : οκ ταλς οδ´ ταλιτης ν : il n'était ni italien ni né en Italie. Sur Italica voyez Aulu-Gelle, Noct. Attic., (XVI, 13) et les médailles Mionnet, t. I, p. 17, n° 130 et suivants. Suppl., t. I, p. 30, n° 167 et suivants.

[3] V. l'appendice I.

[4] V. l'appendice II.

[5] Corp. Inscr. Latin., vol. I, p. 152, n° 546.

[6] Bell. Alexandr., 52.

[7] Hübner, Corp. Insc. Latin., vol. II, n° 1108, et Bulletin de l'Institut archéol. de Rome, 1862, p. 99-107.

[8] Strabon, III, 2, 15.

[9] XXXIV, 17 : Omnium Hispanorum maxime imbelles habentur Turdetani.

[10] Depuis longtemps on a reconnu mal fondée la tradition suivant laquelle Plutarque aurait été le précepteur de Trajan. V. Oct. GRÉARD, Morale de Plutarque, 5-18, et VOLKMANN, Leben, Schriften und Philosophie des Plutarch von Chæronea, I, 210-234.

[11] Paneg., 14. Probablement en Germanie inférieure, car M. Henzen a démontré qu'il était de règle, sous l'empire, que les légats propréteurs ne gouvernassent point les provinces où ils avaient séjourné comme tribuns militaires. Or Trajan fut légat de Germanie supérieure sous Domitien.

[12] Paneg., 15 : Tribunus vero disjunctissimas terras, teneris adhuc annis, viri firmitate lustrasti... Cognovisti per stipendia decem, etc.

[13] Pline, Paneg., 15.

[14] BORGHESI, IV, 110. Fu costume ordinario che i figli dei Senatori, o prima o dopo il vigintivirato ricevessero il tribunato militare coll' onore del latoclavo. Pour se faire une idée des débuts d'un jeune homme de la classe de Trajan dans la vie politique, voyez l'histoire de Pline le Jeune, dans l'Etude de Mommsen, celle d'Hadrien dans le Mémoire d'Henzen (Annali dell' Inst., 1862), celle d'Agricola dans la dissertation de C.-L. Urlichs : De vita et honoribus Agricolæ.

[15] Spart., Hadr., I : Natus est Romæ VIIII kal. Feb. Vespasiano septies et Tito quinquies consulibus. Ac decimo ætatis anno patre orbatus Ulpium Trajanum prætorium tunc, consobrinum suum, qui postea imperium tenuit, et Cælium Attianum equitem Romanum tutores habuit.

[16] Mommsen, Etude, etc., p. 53.

[17] A la mort de Néron, il y avait trois légions en Espagne, la Ia Adjutrix, la VIa Victrix, la Xa Gemina (Borghesi, IV, p. 240). Galba, en quittant la Tarraconaise qu'il gouvernait pour prendre la pourpre, créa la légion VIIa Gemina et l'envoya en Pannonie, mais elle revint en Espagne après la mort de Vitellius (Tacite, Hist., IV, 39). D'autre part les VIa Victrix et Xa Gemina furent appelées sur le Rhin inférieur au moment de la guerre de Civilis (Tacite, Hist., IV, 68) et y restèrent. Ainsi la Ia Adjutrix et la VIIa Gemina seulement étaient en Espagne quand Domitien eut besoin d'y prendre des troupes. La dernière ne quitta pas la province jusqu'à la dissolution de l'empire romain, sauf un court séjour en Germanie sous Alexandre Sévère (Borghesi, IV, p. 221, note). Elle était cantonnée dans la ville de Léon, dont le nom même rappelle ce séjour des troupes romaines (legio). C'est donc la Ia Adjutrix que Trajan mena en Germanie supérieure, où elle a laissé des monuments (V. Borghesi, IV, 204).

[18] Ils le furent néanmoins : une débâcle subite, rompant les glaces dont le Rhin était couvert, empêcha la jonction projetée des Barbares avec Antonius Saturninus, et L. Appius Norbanus, commandant de la légion VIIIa Augusta, défit Saturninus dans une bataille livrée sur les confins de la Vindélicie. L. Renier, Comptes-rendus de l'Acad. des Inscr., 1872, p. 423 et suivantes.

[19] Panég., 14.

[20] Voyez la carte jointe à l'Itinéraire d'Antonin, dans l'édit. de Parthey et Pinder, et Alex. Bertrand : Voies romaines en Gaule. Mommsen (Étude, etc., p. 93) a très-nettement éclairci les faits. On a supposé que Trajan, au moment de son départ, était gouverneur de la Tarraconaise. C'est impossible, ce gouverneur étant toujours un ancien consul. Trajan était simplement légat de la légion Ia Adjutrix, commandement auquel il avait été élevé après sa préture. Burnouf (Panég., XIV, note 2) croit que le départ de Trajan pour l'Espagne eut lieu après son consulat en 91. C'est une erreur.

[21] LXVII, 12.

[22] On sait que Glabrion fut exilé puis condamné à mort. Suet., Domit., 10.

[23] Peut-être au nombre de ces présages faut-il ranger le songe raconté par Dion (LXVIII, 5). Trajan crut voir un vieillard revêtu du costume que les artistes donnaient au Sénat personnifié (Cf. de Witte, Rev. Numism., 1862, p. 107), lui toucher le cou de son anneau, à droite et à gauche. J'ignore quelle signification les anciens attribuaient à un rêve de ce genre. Dion (LXIX, 2) rapporte qu'Hadrien, la veille du jour où il fut proclamé empereur, eut un songe où il crut voir le feu du ciel lui tomber sur le côté gauche du cou et passer sur le côté droit sans lui causer ni effroi ni mal. Pour Trajan, voyez encore Victor, Épitomé, XIII, 10.

[24] P. 14.

[25] Dans les quinze années de son règne, il fut dix fois consul ordinaire. Cf. Pline, Panég., 58.

[26] Spart., Hadr., 2.

[27] Mommsen (Étude, etc., p. 10) et M. Dierauer (p. 16) adoptent la deuxième hypothèse.

[28] Cette cérémonie s'appelait nuncupatio votorum. Voyez Tite-Live, XXI, 63, XLI, 27, XLII, 49. Festus v° nuncupata : Vota nuncupata dicuntur quæ consules, prætores, quum in provinciam profiscuntur, faciunt.

[29] En 374 de R. (380 av. J.-C.) T. Quinctius rapporta de Préneste à Rome une statue de Jupiter Imperator qui fut consacrée dans le Capitole (T. Liv., VI, 19). Elle dut périr dans l'incendie de 671, et celle qu'on voyait du temps de Trajan n'était qu'une restitution. Cicéron (Verrin., IV, 57) dit, à tort, que cette statue fut rapportée de Macédoine par Flamininus, et il compare cette divinité au Ζευς Οΰριος des Grecs (simulacrum Jovis Imperatoris, quem Græci Οΰριον nominant), ce qui doit s'entendre de ce que leurs représentations offraient même attitude, même costume, mêmes attributs. Malheureusement nous n'avons aucune image de Ζευς Οΰριος ni de Jupiter Imperator. Les médailles où l'on a cru voir le nom de ce dernier sont fausses ou mal lues (Voyez O. Jahn, Arch. Aufsætse, p. 33. Il explique l'erreur de Cicéron).

[30] Pline, Paneg., 5.

[31] Il avait augmenté leur paie d'un quart (Zonar., XI, 19. Suet., Domit., 8) ce qui la portait de 0 fr. 44 c. à 0 fr. 57 c. Voyez Letronne, Considérations sur l'évaluation des monnaies, etc., p. 28 et 86.

[32] Suet, Domit., 23.

[33] Victor, Epit., 12.

[34] Victor, Epit., 12 Cet auteur dit même que les meurtriers forcèrent Nerva à les remercier devant le peuple de l'avoir débarrassé des plus méchants des hommes.

[35] Nerva était né en 32, puisqu'à sa mort, en 98, il avait 66 ans (Dion, LXVIII, 4). Merivale (VII, 197) pense que l'âge avancé de Nerva détermina le choix que firent de lui les sénateurs, qui comptaient rester les maîtres du pouvoir et profiter bientôt d'une nouvelle vacance du trône.

[36] Pline, Ep., IX, 13.

[37] Philostr., Sophist., 7, 1.

[38] Vestricius Spurinna était légat de Germanie inférieure. Mommsen, Etude, etc., page 10.

[39] Tacite, Hist., I, 12.

[40] Tacite, Hist., I, 17.

[41] Remporté sur les Suèves, ce qui valut à Nerva le surnom de Germanicus. Henzen, n° 5439 et Mommsen, Etude, etc., p. 91.

[42] Pline, Panég., 8. Sur les litteræ laureatæ, voy. Dion, XLIV, 25. Pline, Hist. Nat., XV, 40.

[43] Suet., Oct., 64 : Caium et Lucium adoptavit domi per assem et libram, emptos a patre Agrippa.

[44] Suet., Oct., 65 : Nepotem Agrippam, simulque privignum Tiberium adoptavit in foro lege curiata. Tacite, Ann., XII, 25 : Rogata lex qua in familiam Claudiam et nomen Neronis transiret.

[45] Tacite, Hist., I, 18. Tacite prête à Galba un discours en contradiction complète avec ce que nous savons des adoptions faites par Auguste. Ibid., I, 15 : Si te (Pisonem) privatus, lege curiata apud pontifices, ut moris est, adoptarem... nunc me, deorum hominumque consensu ad imperium vocatum præclara indoles tua et amor patriæ impulit ut principatum offeram, exemplo divi Augusti, qui sororis filium Marcellum, dein generum Agrippam, mox nepotes suos, postremo Tiberium Neronem privignum in proximo sibi fastigio allocavit. Cf. I, 18 : apud frequentem militum concionem, adoptari a se Pisonem, more divi Augusti et exemplo militari quo vir virum legeret, pronunciat. Auguste ne fit rien d'aussi contraire aux lois. Sa prudence bien connue ne permettrait pas de le croire, quand même le témoignage de Suétone nous manquerait. Ajoutons que Marcellus et Agrippa, mis ici sur la même ligne que Caius, Lucius et Tibère, furent associés à la puissance tribunitienne, mais non adoptés.

[46] On lui demandait s'il consentait à entrer dans une nouvelle famille : Is qui adoptatur rogatur an id fleri patiatur. Gaïus, Comment., I, 99. Cf. Cic., pro dom., 29. Le peuple était également consulté. C'est seulement à partir de Dioclétien que l'adrogation se fit par un simple rescrit impérial (Cod. Just., VIII, 48 (de adoption.), l. 2. et l. 6).

[47] Cic., Agrar., II, 12. Sur les formes de l'adrogation, voyez aussi Aulu-Gelle, N. Att., V, 19.

[48] Nerva, en déclarant qu'il adoptait Trajan, ajouta qu'il le faisait autant dans l'intérêt du sénat et du peuple que dans le sien propre (Dion, LXVIII, 3). Auguste, suivant Velléius Paterculus (II, 104), dit la même chose en adoptant Tibère.

[49] Panég., 8.

[50] Entre autres celle-ci (Orelli, 743) : T. Cæsari — Vespasieno, — pontif. tr. — pot. II, imp. III, — cos. II. Trajan fut désigné cos II pour l'année 98.

[51] Dion (LXVIII, 3) nous apprend que Nerva déclara (άπέδειξε) César dans le sénat son fils adoptif. Le titre de César était conféré par le sénat, aussi bien que la puissance tribunitienne, l'imperium, les titres d'Auguste, de père de la patrie, de grand pontife (Capitol., Macrin, 7. Lampride, Alex., 8. Vopisc., Prob., 12). Ces sénatus-consultes étaient publiés (renuntiata) dans les comices, et n'avaient force de loi qu'après cette publication. Voyez Henzen, Bull. de l'Inst. arch., 1869, p. 97-99.

[52] Doctrina, VI, p. 412.

[53] On connaît d'ailleurs une monnaie grecque, à l'effigie et au nom des deux empereurs, frappée à Apollonie de Mysie. Cavedoni, Bullet. Arch. Nap., 1856, p. 44.

[54] Epit., 13, 6 : Suræ, cujus studio imperium arripuerat.

[55] Corp. Insc. Lat., II, n° 4282 et 4507. Il fut trois fois consul sous Trajan.

[56] Adamante gemma, quam Trajanus a Nerva acceperat, donatus, ad spem successionis erectus est [Hadrianus], Spartien, Hadr., 3.

[57] Iliade, I, 42.

[58] Dion, LXVIII, 3-5.

[59] Nerva vécut trois mois après avoir adopté Trajan (Victor, Epit., 9). Or il mourut le 27 janvier 98, puisque, succédant à Domitien, assassiné le 18 septembre 96 (Suet., Domit., 17), il régna, suivant Eutrope (VIII, 1), 1 an 4 mois 8 jours (suivant Dion, LXVIII, 4, 1 an 4 mois 9 jours).

[60] Mionnet, V, 176, n° 240, 241.

[61] Œuvres, V, 21.

[62] Etude, p. 100 et suivantes. Cette rectification a été adoptée par M. Dierauer.

[63] Appelé aussi l'anonyme de Noris parce que ce savant publia pour la première fois, à la suite de Annus et Epochæ Syromacedonum (1691) une liste consulaire tirée de cet ouvrage. Voir sur le chronographe de 354 un excellent mémoire de Mommsen : Mémoires de l'Acad. de Saxe, 1850, p. 547-668.

[64] Voir une note de Borghesi jointe à l'inscription 5459 d'Henzen.

[65] La dernière difficulté que présentaient quelques inscriptions (Corpus, II, 4667, 4725. Perrot, Gatatia, p. 3) est levée par la découverte récente d'un diplôme daté du 20 février 98 sur lequel Trajan n'est encore revêtu que de la première puissance tribunitienne, ce qui montre que le changement dont parle M. Mommsen n'eut pas lieu dès le début du règne.

[66] LXVIII, 33.

[67] VIII, 5.

[68] L'adoption vraie ou supposée d'Hadrien était datée du 9. La mort de Trajan lui fut annoncée le 11 (Spart., Hadr., 4).

[69] Orose, VII, 12. Eusèbe, Chron., éd. Schœne, p. 163.

[70] Martial, Epigr., X, 6 et 7.