JEAN JOUVENEL

 

CHAPITRE VI. — JOUVENEL AVOCAT GÉNÉRAL DU ROI AU PARLEMENT. PREMIÈRE PARTIE, 1400-1406.

 

 

Dans le courant de l'année 1400, entre avril et juillet, eut lieu au parlement de Paris une élection pour la nomination d'un avocat du roi. Jouvenel obtint la majorité des suffrages ; il fut élu[1].

Sous Charles VI, en effet, tous les membres du parlement ont été choisis au scrutin par le parlement lui-même et non désignés par le roi. Le principe des élections judiciaires se trouvait posé dans l'article 5 de la grande ordonnance de 1389 conçu en ces termes : Que nul ne soit mis au lieu et nombre dessus dit, quand le lieu vacquera, se premièrement il n'est tesmoigné à nous par nostre amé et féal chancelier et par les gens de nostre dit parlement estre souffisant à exercer le dit office et pour estre mis au dit lieu et nombre dessus dit ; et se pluseurs le requéroient ou estoient à ce nommez, que on preigne et élise le plus souffisant[2].

Plusieurs autres ordonnances avaient précisé et réglementé ce droit d'élection. Le scrutin devait avoir lieu devant le chancelier, les chambres réunies[3].

Dans la pratique, ce système avait eu quelque peine à s'établir. On ne paraît pas avoir profité régulièrement, dès la première heure, de ce droit. Cependant, à partir de 1400, des textes nombreux montrent que l'institution s'était régularisée.

Les candidats écrivaient une lettre pour poser leur candidature ; lecture était donnée de ces lettres en séances du conseil[4]. Le vote était présidé par le chancelier ; si celui-ci ne pouvait venir, il chargeait un des présidents de le remplacer[5]. Le candidat n'assistait pas au scrutin. En cas de partage des voix, le chancelier tranchait la difficulté en choisissant[6] ; ou bien l'élection était renvoyée à huitaine. Avant d'aller aux voix, on discutait les titres des candidats, les uns soutenaient, les autres combattaient. C'était le greffier qui recueillait les suffrages. Il portait le registre chez le chancelier, si celui-ci n'avait pas assisté à l'élection, ou au conseil du roi, pour faire approuver le résultat[7]. Plus tard, à partir de 1414, le résultat du scrutin sera sur-le-champ proclamé par le président. L'élu n'était reçu qu'après avoir prêté serment[8]. A ce moment, il recevait du chancelier les lettres scellées du sceau royal, qui contenaient sa nomination définitive[9].

Ce qu'on appelait les gens du roi, le procureur général et les avocats généraux, avaient suivi le même sort que les conseillers et les présidents ; comme eux ils avaient fini par être élus.

On sait en quoi consistaient leurs fonctions. Ils représentaient le roi dans les procès qui intéressaient la couronne[10]. Le procureur ressemblait aux autres procureurs ; et l'avocat — il n'y eut qu'un avocat au début — aux autres avocats ; seulement ils étaient pensionnés par le roi, et portaient le titre de procureur et avocat du roi. Au milieu du XIVe siècle, on avait créé un second avocat. En 1400, il n'y en avait toujours que deux.

De très bonne heure, dès le début du XIVe siècle, on donna à ces personnages le nom de procureur général et d'avocat général[11].

Le procureur avait la préséance sur les avocats ; il pouvait se donner des substituts qu'il payait[12]. Avant tout, il avait à défendre les droits du roi[13], et, par surcroît, veillait à la poursuite d'office des criminels, attribution qui s'étend dans le courant du XIVe siècle[14].

L'avocat du roi plaidait pour le roi. Nous avons vu que les grands personnages du temps avaient au parlement des avocats pensionnaires chargés de défendre leurs causes. Le roi était dans le même cas. Il choisissait, au XIVe siècle, ses avocats parmi les plus célèbres orateurs du temps ou les plus réputés jurisconsultes. Nous relevons dans la liste des avocats généraux de ce siècle des noms comme ceux de Jean du Bois, Robert le Coq, Guillaume de Dormans, Jean Des Mares, Guillaume de Sens, Jean le Coq[15]. Ces avocats avaient le droit de plaider en dehors des affaires spéciales au roi pour qui bon leur semblait. Toutefois, il ne leur était pas permis de prendre la parole contre la couronne. A la fin du siècle, nous l'avons vu, le roi ne les nomme plus ; ils sont soumis comme tous les magistrats à l'élection. De ce jour, il leur fut interdit de plaider pour d'autres que pour le roi, sauf dispense spéciale[16].

Des deux avocats du roi, l'un était clerc et s'occupait des affaires civiles, l'autre était laïque et avait dans ses attributions les affaires criminelles. L'avocat clerc avait le pas sur son collègue[17] ; il était dit premier avocat du roi[18].

A eux deux ils formaient le conseil du procureur général, prenaient la parole en son nom, assistaient à toutes les audiences et séances du conseil du parlement, présentaient des conclusions dans les procès des particuliers où se trouvait engagé l'intérêt du roi, et plaidaient pour le roi. Ils étaient assistés de clercs[19].

Telles étaient donc les nouvelles fonctions pour lesquelles Jean Jouvenel posa sa candidature en 1400, et auxquelles il fut élu. Il quitta la prévôté des marchands où il s'estoit grandement gouverné et honorablement[20], et où allait lui succéder Jean Ailgembourse[21].

Le second avocat général dont il devenait le collègue était Jean le Picart, de la famille des Vitry et de Jean Le Mercier, par conséquent son parent[22]. Il est probable que, la place d'avocat du roi étant devenue vacante, ce fut Jean le Picart qui conseilla à Jouvenel de se présenter pour la remplir et s'entremit afin d'assurer son élection.

Jouvenel alla habiter devant Saint-Gervais l'hôtel du sire d'Estouteville[23].

Son nouveau titre d'avocat général ne l'empêcha pas de continuer l'exercice de ses fonctions au Châtelet. Deux quittances de lui, datées du 16 juillet 1400 et du 2 décembre 1401, par lesquelles il reconnaît avoir reçu de Jean de la Cloche, receveur de Paris, par l'intermédiaire de Pierre de Fresnes, notaire du roi au Châtelet et clerc de la prévosté de Paris, les dix livres qui lui étaient payées à chaque terme pour son office de conseiller en font foi[24].

C'est vers cette époque qu'il paraît avoir fait l'acquisition d'un domaine situé à Rueil, dont nous aurons occasion de reparler à propos de la lutte entre les Armagnacs et les Bourguignons. Ce domaine devait dépendre du monastère de Saint-Denis ; le 11 juillet 1402, nous trouvons un accord en parlement sur sentence des requêtes du Palais fait au préjudice de Jouvenel, et par lequel celui-ci doit payer au fermier des religieux de Saint-Denis les arrérages des cens à rente indiqués dans la sentence et échus pendant son bail. Le paiement fait, la maison de Jouvenel était déchargée à la réserve de douze deniers par reconnaissance de seigneurie[25].

Le 1er septembre 1402, Jouvenel fat désigné pour être l'avocat du roi dans la session des Grands Jours, qui allaient avoir lieu à Troyes cette année-là.

On appelait Grands Jours des sortes d'assises qu'allait tenir en Champagne une délégation du parlement de Paris. Cette délégation jouissait des mêmes droits que le parlement. Elle rendait la justice haute, moyenne et basse ; elle faisait des règlements de police ou autres ; elle avait tous les privilèges de la cour judiciaire qu'elle représentait[26].

Les Grands Jours n'avaient pas lieu régulièrement. C'était le chancelier de France qui décidait si on irait ou non à Troyes[27]. Le roi convoquait par ordonnance la cour des Grands Jours, fixait l'époque de sa réunion, et souvent les matières qui seraient soumises aux maîtres et aux commissaires[28]. Du XIIIe au XVIe siècle, il n'y a pas eu plus de vingt-huit sessions de Grands Jours[29].

La session s'ouvrait le 1er septembre et devait se terminer en octobre. Elle était décidée vers la fin de l'année judiciaire. La délégation comprenait deux présidents, douze conseillers de la grand'chambre et des enquêtes, dont six clercs et six laïques, les trois greffiers, le procureur du roi et un avocat du roi[30].

En 1402, les deux présidents étaient Jean de Popincourt, premier président du parlement et Pierre Boschet[31]. L'avocat général était donc Jean Jouvenel. Ce dut être pour celui-ci un juste sujet de fierté que de rentrer dans sa ville natale après l'avoir quittée inconnu, occupant maintenant une des plus hautes fonctions de l'État, et entouré de tout l'éclat d'une réception telle qu'on la faisait au parlement.

Ce fut le vendredi 1er septembre, à neuf heures du matin, que Jean de Popincourt, suivi des autres magistrats, fît son entrée solennelle à Troyes. L'évêque de la ville, Etienne de Givry, était allé au devant de lui avec une grande foule de bourgeois et d'ecclésiastiques. Les cloches du beffroi et celles des églises sonnaient à toute volée. Il y avait un grand concours de peuple pour voir passer le cortège[32].

La session ne fut pas très importante, ni le rôle des affaires très chargé. Les Grands Jours eurent des procès de peu de valeur à régler, et quelques arrêts de règlement à rendre. Parmi les questions qu'ils eurent à trancher, nous n'en relèverons qu'une.

Après la célèbre peste de 1348 qui avait ravagé la France, et ruiné un très grand nombre de villes, les municipalités, s'assurant que la malpropreté des rues était une cause importante de la propagation rapide de l'épidémie, avaient voulu prendre des mesures pour faire procéder au nettoyage et à l'assainissement des voies publiques. Le besoin s'en faisait sentir. Dans ces petites rues des villes du moyen-âge, étroites, tortueuses, mal pavées et obscures, les habitants avaient l'usage de n'enlever ni les boues ni les ordures. Les fumiers séjournaient dans les cours. A Troyes, particulièrement, les bourgeois élevaient chez eux des lapins, des volailles et surtout des porcs. Les porcheries ou seuils étaient extrêmement nombreuses, soit que beaucoup de gens fissent le commerce des porcs, soit qu'on voulût généralement se munir d'approvisionnements en cas de siège. Ces seuils étaient des foyers de pestilence. La municipalité avait fait de vains efforts pour remédier à cet état de choses ; elle avait cherché à assainir la ville par tous les moyens, avait commencé par expulser entre autres les vagabonds, défendu aux hôpitaux et aux hôteliers de les recevoir, mis dehors et parqué scrupuleusement les lépreux, interdit aux bouchers, aux boulangers et aux pâtissiers de laisser toucher les vivres qu'ils vendaient, avant qu'ils ne fussent achetés[33].

Mais elle s'était vainement épuisée à empêcher l'élevage des porcs et des volailles, et à vouloir faire fermer les seuils. Les habitants avaient persisté à conserver ces sources d'infection.

C'est pourquoi on voulut profiter de la présence des Grands Jours à Troyes pour obtenir d'eux un arrêt formel qui fît supprimer toutes les porcheries. Par la même occasion, on leur demanderait un règlement de police sur l'entretien et la propreté de la ville en général. On espérait, en particulier, faire interdire aux pelletiers de venir battre leurs peaux près des puits, qui servaient à l'alimentation des bourgeois.

La tâche n'était pas facile pour les Grands Jours. Non-seulement une foule de gens avaient des seuils, mais aussi les corporations les plus puissantes, des maisons religieuses, des établissements hospitaliers. Certaines rues, comme les rues Notre-Dame, de la Madeleine, du Temple, de la Tannerie, du Four- l'Évêque étaient plus particulièrement remplies de ces porcheries.

Les Grands Jours décidèrent de nommer une commission pour faire une enquête et s'assurer de l'état de la question. Cette commission fut composée de deux conseillers, Robert Wagner et Robert Mauger, et de l'avocat du roi, Jouvenel. Les habitants de Troyes furent si heureux de ce premier pas fait pour leur donner satisfaction qu'ils traitèrent cette commission avec les plus grands honneurs. Ils offrirent à ses membres des dragées perlées, des citrons, du sucre en plaque, de l'orangeat, de la cire en bougies et en torches et encore de l'hypocras, du sucre pour faire des oublies le jour de la saint Mathieu, et, de plus, 6 écus valant 6 livres 15 sous tournois ; trente-deux paires de gants rouges, blancs, noirs, et quelques unes fourrées[34].

L'enquête faite et le rapport présenté à la cour, celle-ci prit un arrêt qui ordonnait la suppression de tous les seuils. Cet arrêt est du 14 octobre 1402[35].

Cette session de 1402 devait être une des dernières des Grands Jours. Il y en aura encore une en 1409. Jouvenel y prendra part de nouveau comme avocat du roi[36].

Vers cette époque, Jouvenel eut à subir ou à provoquer une série de procès, sur lesquels nous n'avons que des renseignements peu précis. A la date du 17 octobre 1402, nous relevons une action intentée par lui contre Etienne Garin et Golot Bonnot, charbonniers. Jouvenel percevait en un lieu déterminé un droit fixe sur chaque charbonnier qui venait s'y installer. Ce droit était de cinq sous, plus pour son past, un blanc de porc qui est une longe, et un pain blanc de prébende et une quarte de vin de Beaune ; et si le dist charbonnier fait son past à jour de poisson, au lieu dudit blanc de porc, il doit une carpe et un petit bichet. Jouvenel disait que ces deux charbonniers ne s'étaient pas acquittés de leurs droits. Etienne Garin et Colot Bonnot répliquaient qu'ils étaient quittes, qu'ils étaient en cas d'absolucion. Nous ignorons ce qu'il en advint. Ce revenu était un héritage que Jouvenel avait eu de son aïeul maternel, J. Barrau[37].

Une seconde affaire beaucoup moins claire fut celle qu'il eut avec maître Louis Blanchet et Jeanne la Gencienne. Louis Blanchet est le secrétaire du roi dont on retrouve la signature au bas de tous les documents émanés de l'autorité royale de ce temps. Blanchet a été en perpétuel procès avec la Gencienne de 1400 à 1409[38] ; et, de concert avec la Gencienne, il a intenté encore d'autres procès. A la date du 1er décembre 1400, il est question d'une somme de 3.000 écus que Blanchet doit à maître Jean Chanteprime, conseiller du roi[39]. Le 15 décembre, nous apprenons que la reine a prêté à Blanchet 400 écus, en gage de quoi celui-ci a donné les joyaux de sa femme. Blanchet ne paie point sa dette ; on parle de mettre en vente les joyaux. Là-dessus procès avec la reine, — Blanchet revendiquant ses joyaux comme appartenant à la succession de sa femme, — procès avec la Gencienne et un conseiller du roi, Nicolas de Biencourt, nous ne savons pourquoi[40]. L'affaire revient au rôle le samedi 10 juin 1402, mais elle n'est pas conclue[41]. Jean Jouvenel avait été cité à comparaître comme témoin.

Nous apprenons, le 24 janvier 1403, la raison pour laquelle Jouvenel a été appelé. Ce jour-là se présentent devant la Tournelle, présidée par Henri de Marie : Blanchet, Oudard Gencien, conseiller au parlement, comme procureur de sa mère la Gencienne, Nicolas de Biencourt et Hémon Raguier, trésorier des guerres, qui parle au nom de la reine. C'est Hémon Raguier qui a en dépôt les joyaux mis en gages, lesquels joyaux se composent d'une ceinture, d'un chapeau d'or et d'une coiffe. Il demande que l'on fasse enfin vendre ces gages pour restituer à la reine la somme que celle-ci a prêtée. Les autres s'y opposent. L'accord se fait par un moyen terme aux dépens de Jouvenel. Il paraît que Jouvenel a eu un procès avec Blanchet et la Gencienne, qu'il a perdu, et qu'il a été condamné à leur payer une certaine somme. La Tournelle décide que les quatre cents écus que Blanchet doit à la reine et ne peut pas payer seront pris sur ce que Jouvenel doit au secrétaire du roi[42].

L'année suivante, le 28 mai 1404, le parlement intervient encore de la même manière. Jeanne la Gencienne devait 200 écus à Gauchier Chanteprime. La Gencienne ne voulait ou ne pouvait pas payer. La cour décide que ces deux cents écus seront pris sur la somme que doit toujours Jouvenel à Blanchet et à la Gencienne. Cette somme, Jouvenel l'a versée entre les mains de Jean du Bois, notaire du roi et receveur des amendes du parlement. C'est donc du Bois qui effectuera le paiement. Ces deux sommes de 400 et de 200 écus, c'est-à-dire de 600, ne représentaient pas encore la somme totale à laquelle Jouvenel avait été condamné ; car le parlement décide que le restant de l'amende sera employé à l'exécution du testament de feu damoiselle Guillemette, jadis femme dudit maistre Loiz[43].

Au surplus, ce Louis Blanchet, qui ne vivait que de dettes, finit par se faire jeter en prison[44].

Le samedi, 4 août 1403, nous trouvons un arrêt du parlement qui nous apprend les détails suivants : la sœur d'un certain Gauchier d'Augiz était morte, et Gauchier avait détourné de l'héritage de son neveu, dont il devenait le tuteur, la somme de cent vingt écus, ainsi que quatre cent cinquante pièces d'or. Il avait donné à Jouvenel trente sous, on ne dit pas pourquoi. A la requête du procureur du roi, la cour condamne Gauchier d'Augiz à restituer les sommes détournées, à partager entre ses neveux et lui les joyaux qu'il tenait de sa mère, et à payer comme amende pour le fait délictueux quarante livres tournois. Jouvenel fut obligé de rendre les trente sous qu'il avait reçus, dont quinze sous aux enfants, et sera contrainct, ajoute l'arrêt, à ce que dit est pour prese et expletation de son temporel[45].

Ces divers incidents étaient de peu d'importance. Jouvenel n'en continuait pas moins le rôle même politique auquel ses fonctions l'appelaient.

A la date du 4 février 1403 (n. st.), il est choisi par le connétable de France, Louis de Sancerre, comme exécuteur testamentaire, en compagnie du duc d'Orléans, du chancelier de France, Arnauld de Corbie, du premier président du parlement, Henri de Marie, d'archevêques et d'évêques[46].

Charles VI avait ordonné par lettres royales du 26 avril 1403 que la reine, les princes du sang, les prélats, barons et tous les autres sujets prêtassent serment de n'obéir qu'à lui seul et aux officiers qu'il nommait, et, après sa mort, de reconnaître pour roi son fils aîné. Les gens du parlement prêtèrent serment comme les autres, le 11 mai de cette même année. Jouvenel est expressément nommé à cette occasion comme avocat du roi.

C'est vers cette époque que Jouvenel quitta l'hôtel d'Estouteville pour aller habiter, rue Glatigny, une demeure qui devait plus tard porter à travers les âges le nom d'hôtel des Ursins.

Denis Godefroy, invoquant l'autorité de papiers de famille, a le premier affirmé que c'était la ville de Paris qui avait fait don de cette maison à l'ancien prévôt des marchands, comme marque de gratitude pour les services qu'il avait rendus à la cité[47].

Il n'y a d'abord pas de doute sur l'emplacement de cet hôtel. Les uns le croyaient sur le parvis Notre-Dame, les autres sur remplacement qu'occupa plus tard le Marché-Neuf, à droite de la rue de la Juiverie[48]. Nous avons un acte de Charles VII, daté du 14 juillet 1437, par lequel il fait don à Jacques Juvenel des Ursins d'une rue au long de laquelle d'un côté estoit et est située et assise la maison de feu Jehan Jouvenel, chevalier, seigneur de Treynel[49]... Cette rue est nommée ; c'est la rue Glatigny. La rue Glatigny était un étroit passage de la cité, qui allait de la rue des Marmousets à la Seine, et qui existait encore au commencement de ce siècle-ci[50]. C'est bien là, d'ailleurs, que s'est élevé au milieu du XVIe siècle l'hôtel des Ursins. Sous François Ier, la maison, étant tombée en ruines, fut démolie ; on modifia la disposition des lieux ; on perça au milieu du jardin de l'hôtel une petite rue qui a porté jusqu'à nos jours le nom de rue du Milieu-des-Ursins[51].

Il n'est pas possible que cet hôtel ait été donné à Jouvenel par la ville de Paris, malgré l'affirmation contraire de la plupart des historiens les plus récents des Juvenel des Ursins[52]. On n'a pas pu d'abord retrouver la moindre trace de cette libéralité[53]. En second lieu, on ne voit pas qui a pu faire cette donation. Godefroy nous dit que c'est l'Hostel de ville, sans doute la municipalité. Mais nous avons vu qu'il n'y a pas de municipalité en ce moment à Paris, qu'il n'y a qu'un garde de la prévôté des marchands, que ce garde n'a ni droits, ni revenus, qu'il ne possède rien, et que, par conséquent, il ne peut aliéner un bien de la ville, la ville n'ayant pas de biens.

Ce serait donc le roi qui aurait donné cette marque publique de sa faveur à Jouvenel. Le fait n'est pas plus vraisemblable. Juvénal des Ursins ne nous en dit rien, ce qui ne serait point étrange s'il n'était pas dans les habitudes du chroniqueur de tirer vanité de la moindre parole adressée par Charles VI à son père. Dans les actes de Charles VII, où il est question de l'hôtel de la rue de Glatigny, on ne voit pas qu'il s'agisse d'un ancien don royal. Il faut reconnaître enfin que cette libéralité du roi eût été un peu singulièrement placée. Située dans la partie la plus triste et la plus infime de la cité[54], la rue Glatigny a été au moyen-âge une des rues mal famées de Paris. C'était, avec les rues Baillehoc et Robert de Paris, une des trois célèbres voies publiques renommées pour la facilité de mœurs de ses habitants[55]. La rue Glatigny finit même par prendre le nom de Val d'amour[56]. Si le roi Charles VII donne, comme nous venons de le voir, cette rue aux Jouvenel, c'est expressément pour mettre un terme à ce scandale, et faire déloger les fillettes de joye qui déshonorent ce passage. Le roi n'a pas donné un hôtel aussi mal entouré à son avocat général.

La manière dont Jouvenel a pris possession de sa nouvelle demeure est beaucoup plus simple. Cette maison s'appelait maison de l'Image-Sainte-Catherine. Elle avait été vendue, en 1396, par Guillaume d'Hermanville, écuyer, preuve qu'elle n'appartenait pas au domaine du roi, et vendue à Jean le Picard, avocat au parlement[57]. Or, Jean le Picard est l'oncle de Jouvenel par sa femme Michelle de Vitry ; c'est lui qui a cédé l'hôtel à son neveu. De la sorte, on n'a pas à faire intervenir la ville de Paris, ce qui est impossible, ni le roi, ce qui est peu certain[58].

Ainsi la fortune de Jouvenel s'accroissait ; il achetait des biens, ou peut-être ceux-ci lui venaient par héritage soit directement, soit du chef de sa femme. Les fortunes des deux époux devaient être pareilles. Ils décidèrent d'un commun accord de régler la situation de leurs héritages en cas de mort de l'un des deux, et, par acte du 15 novembre 1403 passé devant Guillaume de Tignonville, conseiller chambellan du roi et prévôt de Paris, ils se firent le don réciproque de tous leurs biens, meubles et conquestz immeubles pour que, après le trépassement de l'un d'eulx, le survivent et derrenier mourant de eulx deux ait et tiegne plainement et franchement, durant le cours de sa vie, toute la partie et portion des dis biens meubles et conquestz immeubles appartenans ou aians cause dudit premier mourant. Réserve était faite d'un certain nombre de legs que le premier défunt croirait devoir faire à certaines personnes[59].

Cet acte est un indice de l'union qui régnait dans la famille de Jouvenel.

Cette famille augmentait toujours. Le onzième enfant venait de naître le 10 mars 1403 (n. st.)[60] ; le douzième suivit le 18 juillet 1404 ; il vint au monde dans l'hôtel de la rue Glatigny. La preuve en est que nous le voyons baptiser à l'église de Saint-Landry[61], une des vingt et une paroisses de la cité, et qui ne comprenait pas plus dans sa circonscription de six à sept rues, dont était le passage où donnait la maison de l'avocat général[62].

A part ses fonctions au parlement, Jouvenel ne ces sait pas d'être conseiller et avocat du duc d'Orléans. Nous constatons vers cette époque qu'il touche toujours une pension annuelle de vingt livres tournois parisis à la trésorerie du duc, aux titres que nous venons de dire[63].

Jouvenel recevait également une pension annuelle de dix livres comme avocat du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Nous le relevons à la même date du 1er octobre 1404[64].

Et, d'ailleurs, Jouvenel remplissait ponctuellement ses devoirs d'avocat général. Dans une circonstance délicate même, il eut à se substituer au procureur général. Le cas suivant nous offre un exemple des gens du roi s'acquittant des fonctions modernes de notre ministère public, et poursuivant d'office un criminel.

En l'année 1405, la ville de Brive-la-Gaillarde avait envoyé à Paris un de ses consuls, le notaire Aimeri de Montragoux pour porter plainte contre Raymond de Turenne, comte de Beaufort, seigneur voisin de la ville, qui, ne tenant aucun compte des privilèges de la cité, exerçait des violences continuelles à l'égard des habitants. Raymond de Turenne, apprenant l'envoi à Paris de ce député, et la raison de son voyage, expédia immédiatement après lui deux spadassins qui, un beau matin, le 7 août, le joignirent sur le pont Saint-Michel, l'attaquèrent et le tuèrent.

A la première nouvelle d'un meurtre aussi audacieux, accompli tout près du palais, en plein jour, au cœur de Paris, Jouvenel fit réunir immédiatement la grand-chambre du parlement sous la présidence du premier président Henri de Marie. Les quatorze membres dont se trouva composée la cour tinrent conseil à la Tour criminelle. Après en avoir délibéré, on décida que les complices de la bature et navreure huy faicte seraient sur-le-champ arrêtés soit en lieu saint ou dehors sans préjudice de l'église, et qu'ils seraient sans retard traduits en jugement.

On retrouva sans peine les deux assassins ; ils se nommaient Jehan le Gault et Guillaume Chavocin. Ils furent pendus le 26 août, après avoir eu le poing coupé[65].

La situation de Jouvenel dans la famille royale et la faveur du roi à son égard n'avaient pas diminué. Nous venons de voir qu'il était toujours l'avocat conseil du duc d'Orléans.

Mais Charles VI, il est vrai, était bien changé ! Ce n'était plus le jeune homme d'autrefois tout aux fêtes, aux jeux et aux plaisirs. La maladie avait atrophié son intelligence et singulièrement atteint son corps. Il mangeait gloutonnement et comme pris d'une faim insatiable. Jamais on ne le changeait de vêtements ; il était plein de poux, de vermine et ordure. Il s'était mis un morceau de fer contre la peau, ce qui avait produit une plaie continuellement en état de suppuration. Le jour où son médecin, s'en étant aperçu, avait voulu y porter remède pour éviter quelque complication, il avait fallu tout un stratagème pour venir à bout de l'entêtement du prince fou. On avait fait entrer dix ou douze individus noircis et déguisés dans la chambre du malade, après avoir eu la précaution de les munir de cuirasses dissimulées sous des vêtements épais ; ces gens avaient pris le roi stupéfait et lui avaient changé tous ses habits de gré ou de force, chemise, gippon, robbe, chausses, bottes. C'était pitié à voir : son corps estoit tout mangé de poux et d'ordure.

Il reconnaissait peu ceux qui l'entouraient ; son regard restait fixe ; il parlait rarement et d'une façon incohérente. Jouvenel était une des personnes qu'il voyait avec quelque plaisir. Il conservait toujours pour lui cette ancienne affection dont il lui avait souvent donné des preuves ; il l'accueillait avec joie, et, s'imaginant que l'avocat général avait part aux affaires publiques, qu'il pouvait à sa volonté les diriger et les régler, il lui répétait d'un ton triste de recommandation pressante : Jouvenel, regardez bien que nous ne perdions rien de notre temps[66].

Mais ce n'était pas Jouvenel qui dirigeait les affaires de l'État.

Le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, était mort en 1403, et son fils Jean sans Peur lui avait succédé. Le duc d'Orléans avait profité de la mort de son oncle pour mettre la main sur le pouvoir avant que le nouveau duc son cousin eût eu le temps de s'emparer de toutes les situations du prince défunt. Le gouvernement du frère du roi ne valait pas mieux que les autres. Les prodigalités, les scandales, les éclats, faisaient du duc d'Orléans un objet de mépris pour le peuple. Le duc de Bourgogne se mit à profiter peu à peu du mécontentement général ; il l'entretint sous main ; il excita les colères ; et les choses en étaient venues à un tel point que la guerre civile avait manqué éclater dès 1405. Le duc d'Orléans avait levé 20.000 hommes en province. Jean sans Peur avait fait procéder à l'armement général des Parisiens ; on avait pu heureusement éviter le conflit ; mais ces troubles menaçants étaient le prélude des désordres qui allaient suivre[67]. Encore deux ans de calme relatif, et un nouveau crime allait ouvrir la série des guerres civiles et étrangères.

Provisoirement, l'affaire qui mettait aux prises les partis ennemis, nous en avons déjà parlé, c'était le schisme. Jouvenel ayant joué un certain rôle dans la question, il est besoin d'indiquer où en était la querelle en 1406.

Le pape Grégoire XI, qui était mort le 27 mars 1378, était français ; il avait rempli le sacré collège de cardinaux français. Lorsque le conclave se réunit pour lui nommer un successeur, le peuple de Rome se souleva et obligea l'assemblée à élire un pape italien. On choisit donc l'archevêque de Bari, Barthélemy Prignano, qui prit le nom d'Urbain VI. Mais cela fait, le sacré collège se retira à Fondi ; et là, déclarant qu'il n'avait pas été libre dans son choix, qu'il avait été violenté, il déposa le nouveau pape, et, à sa place, il élut l'évêque de Cambrai, Robert de Genève, lequel se fit appeler Clément VII. Urbain VI ne céda pas : les deux papes s'excommunièrent. C'est la coexistence de ces deux papes, entre lesquels la chrétienté troublée ne sait et ne peut choisir, qui constitue ce qu'on appelle le grand schisme.

Clément VII s'installa à Avignon avec les cardinaux qui l'avaient nommé ; il mourut le 16 septembre 1394. L'université de Paris, qui a joué à l'époque où nous sommes, et plus particulièrement dans l'affaire du schisme, un rôle considérable, représenta au roi, par l'organe de Nicolas de Clémengis, un des réputés docteurs de ce temps, qu'il fallait profiter de cette circonstance pour mettre fin au schisme en empochant la nomination du successeur de Clément VII, Le duc de Bourgogne, qui était de cet avis, envoya le maréchal de Boucicaut et Regnault de Roye à Avignon avec une petite armée. Le conclave se joua des représentants du roi et nomma pape le cardinal de Luna, l'ancien légat à Paris. Le cardinal de Luna avait promis, il est vrai, de tout faire pour rétablir l'ordre dans l'Eglise, et notamment de se retirer. Devenu le pape Benoît XIII, il éluda ses promesses, fît des réponses dilatoires, attendit et finalement resta.

L'université de Paris, le roi, tout le monde, se tourna alors contre celui que les chroniques appellent le pape Benedict. Son entêtement fut l'objet des malédictions de tous. On chercha les moyens de briser sa résistance ; on employa les prières, les supplications, les menaces ; on fît faire au roi des déclarations par lesquelles il ne reconnaissait plus Benoît XIII et soustrayait le royaume de son obédience ; l'université de Paris prit des résolutions solennelles. C'est au milieu des nombreuses délibérations qui eurent lieu à cette occasion que nous allons voir agir Jouvenel[68].

 

 

 



[1] Nous ne connaissons pas la date précise du jour de l'élection, mais nous avons la date approximative. Dans une quittance datée du 16juillet 1400, Jouvenel s'intitule advocat général du roy nostre sire et son conseiller ou Chastellet de Paris (Bibl. nat,, dép. des mss., fonds Clairambault, tit. scellés, vol. 61, p. 4731, p. 4). D'autre part, Juvénal des Ursins nous dit que son père a été ordonné par élection avocat du roi en 1400. (Hist. de Charles VI, p. 144). Il fait commencer l'année à Pâques. Pâques cette année-là est le 18 avril. La nomination de Jouvenel se place donc entre le 18 avril et le 16 juillet. Le P. Anselme (Hist. généal., t. VI, p. 403) a commis une erreur en disant que Jouvenel ne fut nommé qu'en 1404.

[2] Ordonnance des rois de France, t. VII, p. 223. Arch. nat., X1a 8602, fol. 119, v°, 120.

[3] Voy. F. Aubert, le Parlement de Paris, p. 52.

[4] Arch. nat., X1a 4786, fol. 1 et fol. 195, v°.

[5] Arch. nat., X1a 1480, fol. 116.

[6] Arch. nat., X1a 1480, fol. 113, v°.

[7] Arch. nat., X1a 1479, f° 259.

[8] Arch. nat., X1a 1479, f° 126, v°.

[9] F. Aubert, op. cit., p. 62.

[10] Glasson, Éléments du droit français considéré dans ses rapports avec le droit naturel et l'économie politique, t. II, p. 129.

[11] F. Aubert, op. cit., p. 206.

[12] Ordonnances des rois de France, t. II, p. 450.

[13] Le procureur du roy requiert que le droit du roy soit gardé. Olim, t. III, p. 66.

[14] F. Aubert, op. cit., p. 211.

[15] Voy. la liste des avocats du roi au XIVe siècle, dans Delachenal, Hist. des avocats au Parlement de Paris, p. 389. Al. Delachenal place au 29 nov. 1400 la date de la nomination de Jouvenel. Il n'a pas connu la quittance que nous avons mentionnée plus haut qui montre que, le 18 juillet de cette même année, Jouvenel était déjà nommé.

[16] F. Aubert, op. cit., p. 227.

[17] Delachenal, op. cit., p. 184.

[18] Arch. nat., X1a 1470, fol. 167.

[19] F. Aubert, op. cit., p. 228.

[20] Juvénal des Ursins, p. 144.

[21] Arch. nat., PP 117, 1152, an 1400.

[22] Arch. nat, X1a 4785, f° 12.

[23] Bibl. nat., ms. français 4752, p. 114. C'est là que naquit, le 15 mars 1401 (n. st.), Guillaume Jouvenel qui devait être chancelier de France. Il eut pour parrain Guillaume de Vitry, son oncle, secrétaire du roi, et Boittel, échanson du roi. La marraine fut Marguerite la Maulnie, femme de Nicolas Maulni, bourgeois de Paris. Ibid. — Le sire d'Estouteville était un important personnage qui avait été en 1390 (n. st.) un des trois réformateurs institués par un édit d'Avignon du 28 janvier, pour faire l'enquête prescrite par les Marmousets, sur l'administration du duc de Berry dans le Languedoc. (Ordonnances des rois de France, t. VII, p. 328.)

[24] Bibl. nat., dép. des mss., fonds Clairambault, tit. scellés, vol. 61, p. 4738, pièce 4, et p. 4733, pièce 1.

[25] Arch. nat., LL 1192, f° 410, v°.

[26] Arch. nat., X1a 9187-9188, fol. 1, v°.

[27] Arch. nat., X1a 1478, fol. 151, v°. Journal de Nicolas de Baye, t. I, p. 87.

[28] Th. Boutiot, Recherches sur les Grands Jours de Troyes, Paris, J. Techener, 1852, in-8°, p. 21.

[29] Th. Boutiot, Recherches sur les Grands Jours de Troyes, p. 28.

[30] Voy. P. Chevreux, Recherches sur les Grands Jours de Troyes sous Charles V et Charles VI, dans Positions des thèses soutenues à l'École des Chartes, le 19 janvier 1880.

[31] Journal de Nicolas de Baye, t. I, p. 45.

[32] Arch. nat., X1a 9188, fol. 4, r°. Grands jours de Troyes.

[33] Voy. Boutiot, Études historiques. Recherches sur les anciennes pestes de Troyes, Troyes, Bouquot, 1857, in-8°, p. 7.

[34] Th. Boutiot, Hist. de la ville de Troyes, t. II, p. 301.

[35] Arch. mun. de Troyes, origin. 1, n° 72 ; cartulaire, f° 31, v°.

[36] Th. Boutiot, Nouvelles recherches sur la cour des Grands Jours, dans Annuaire de l'Aube, 1870, p. 61-88.

[37] Arch. nat., X1a 9186, f° 100 ; X1a 9187, f° 146, v° et 147.

[38] Voy. Le journal de Nicolas de Baye, t. I.

[39] Le journal de Nicolas de Baye, t. I, p 1.

[40] Le journal de Nicolas de Baye, t. I, p. 51.

[41] Arch. nat., X1a 1478, f° 69, r°.

[42] Journal Nicolas de Baye, t. I, p. 55.

[43] Arch. nat., X1a 1478, f° 157, v°.

[44] Journal de Nicolas de Baye, t. I, p. 145.

[45] Arch. nat., X1a 1478, f° 122, v°.

[46] Testament de Louis de Sancerre, connétable de France, imprimé par Godefroy, Histoire de Charles VI, preuves, p. 739. Chaque exécuteur testamentaire reçut une gratification de cent francs (p. 740.)

[47] Annotations de l'Hist. de Charles VI, p. 801.

[48] Et. Georges, Juvénal des Ursins, dans Annuaire de l'Aube, 1860, p. 67.

[49] Bibl. nat., dép. des mss., cabinet des titres, pièces originales, vol. 1593, dossier 36602, pièce 12, parch.

[50] Hurtaut, Dict. hist. de la ville de Paris, IV, 339.

[51] Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, I, 205. — Piganiol de la Force, Description de la ville de Paris, I, 19. — Paul Lacroix (bibliophile Jacob), dans son livre Le Moyen-âge et la Renaissance (t. III, fol. XLII, r°), donne une gravure représentant l'hôtel des Ursins. C'est une construction du XVIe siècle ; mais elle est en bordure sur l'eau, ce qui n'était pas le cas de la demeure de Jouvenel.

[52] Voy. l'abbé Péchenard, Jean Juvénal des Ursins, étude sur sa vie et ses œuvres, p. 12. — Et. Georges, op. cit., p. 67. Et avant eux, Gallia christiana, t. I, col. 1155.

[53] Voy. dans ce sens une note de M. Berty, dans la Biographie gén. de Didot, t. XLV, p. 502, note 3.

[54] Troche, Notice historique sur le quartier de la Cité à Paris, dans Rev. arch., t. III, p. 743.

[55] Voy. Le dit des rues de Paris, par Guillot de Paris, éd. Edgard Mareuse, p. 34 et 35. — Hurtaut, op. cit., IV, 359. — Félibien, Hist. de Paris, preuves, t. IV, p. 538.

[56] Hurtaut, op. et loc. cit.

[57] Vallet de Viriville, art. Jouvenel des Ursins, dans Biog. gén. de Didot, t. XLV, col. 802, note 3.

[58] Voy. sur cette question notre article : Le nom de la famille Juvénal des Ursins, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, année 1889, p. 537-558, que nous venons de résumer.

[59] Bibl. nat., dép. des mss., cabinet des titres, vol. 1593, dossier 36662, pièce 2, parch.

[60] Bibl. nat., ms. français 4752, p. 114. Ce fut une fille qu'on nomma Michelette. Elle eut pour marraines Michelette, femme de Laurent de l'Ymage et Jehannette, femme de messire Vodard Bailler, belante du nouveau-né. Le parrain fut Jean de Vitry, son oncle.

[61] Bibl. nat., ms. français 4752, p. 114. Ce fut encore une fille qui porta le nom de Benoite. Son parrain fut Jean de Ruyt, et ses marraines Marie Marnelle et Jeannette Alexandre, femme de Gilles de Vitry.

[62] Arch. nat., N1, Seine, 56. Plan des paroisses de Paris, dressé par Juiné.

[63] Arch. nat., KK 267, f° 62, v°. Trésorerie de Louis, duc d'Orléans. A maistre Jehan Jouvenel, conseiller et advocat de monseigneur le duc, japicça retenu de par mon dit seigneur le duc à XX livres tournois de pension chascun an, comme il appert par les comptes précédens, pour ce à lui paié pour sa ditte pension de ceste présente année commençant le premier jour d'ottobre derrenièrement passé et fenissantle derrenier jour de septembre ensuivant l'an mil CCCC et quatre par des lettres de recognoissance donnée le XVIe jour de juing l'an mil CCCC et cinq.

[64] Arch. nat., LL 1381, fol. 103, v° et 106.

[65] Arch. nat., X2a, fol. 265, v°, 267, 276, r°. Voy. Testaments enregistrés au Parlement de Paris sous Charles VI, par Alex, Tuetey, dans Documents inédits, mélanges historiques, t. III, p. 411.

[66] Juvénal des Ursins, p. 177.

[67] Religieux de S. Denis, t. III, p. 307.

[68] Nous avons suivi, et nous suivrons, pour toutes ces affaires du schisme, le Religieux de S. Denis (t. III, liv. XV), qui est beaucoup plus complet et mieux renseigné sur cette affaire que les autres chroniqueurs contemporains, notamment que Juvénal des Ursins, lequel, du reste, ne fait ici que l'abréger.