LES EMPEREURS ROMAINS

QUATRIÈME PARTIE. — L'EMPIRE ADMINISTRATIF

V. — VALENTINIEN ET VALENS. - (364-376 ap. J.-C.).

Administration, administrateurs, administrés.

 

 

A la mort de Julien, la cour, l'armée, l'Empire étaient effrayés de la possibilité d'une lutte prochaine, suprême, entre le christianisme et le paganisme. Au delà de l'Euphrate. les chefs chrétiens Arinthée et Victor, et les païens Nevita et Dagolaïf étaient prés peut-être à se disputer l'Empire, après le refus du préfet d'Orient, Salluste, quand l'armée, plus sage cette fois, acclama le primicier des gardes, Jovien, fils du comte Varronien.

Jovien n'eut que le temps de faire un acte honteux et un acte sage. Pressé de s'assurer de l'Empire, il acheta la paix aux Perses par la cession des cinq provinces transtigritanes et de la malheureuse Nisibe. Plus heureux, en voulant donner la paix morale à l'empire, il rendit un édit qui assurait la liberté, l'égalité aux deux cultes rivaux. Le célèbre Thémistius, orateur païen et préfet de Constantinople, le remercia d'avoir donné ainsi à chacun la faculté d'adorer Dieu selon son cœur, à l'imitation de la divinité qui, ayant mis le sentiment religieux dans le cœur de tous les hommes, leur laisse le droit de le manifester à leur manière. Arrivé dans la petite ville de Dadastane, aux confins de la Galatie et de la Bithynie, sur le chemin de Constantinople, Jovien mourut subitement la nuit, sans qu'on ait jamais bien su la cause de cette fin brusque et prématurée[1].

Les généraux, appelés une seconde fois, en si peu de temps, à faire usage de leur prérogative, réunirent leurs suffrages sur le fils d'un excellent militaire, bon soldat lui-même, du nom de Valentinien, qui était alors à quelque distance du gros de l'armée, à Ancyre. Lorsque celui-ci monta, pour la première fois, la pourpre sur les épaules et la couronne en tête, sur le tertre ou tribunal dressé au milieu de l'armée, afin de la remercier, une clameur violente partit de tous les rangs. L'armée demandait tout d'une voix un second empereur, et exigeait qu'il partageât l'Empire. La demande n'était peut-être plus maintenant déraisonnable. Valentinien apaisa du geste ces cris : Tout à l'heure, dit-il aux soldats, vous aviez encore l'autorité ; mais vous venez de vous en dépouiller pour m'en revêtir. Le partage de l'Empire veut être mûrement délibéré. Mais cette délibération n'appartient plus qu'à moi. Rentrez donc dans vos quartiers ; vous y recevrez la gratification, et j'aviserai bientôt aux besoins de l'Empire. Arrivé à Constantinople, en effet, Valentinien, songeant surtout à la nécessité de la concorde, prit pour collègue et couronna dans l'Hebdome son propre frère, Valens.

Les deux fils du comte Gratien avaient tous deux des mœurs, chose si rare chez les premiers empereurs, plus fréquente chez les derniers. Pour le reste, ils se ressemblaient aussi peu au physique qu'au moral. De haute stature, blond, avec les yeux bleus, le regard dur et oblique, Valentinien, l'aîné, général habile, convenait à l'Occident qu'il avait à défendre. Intrépide sur le champ de bataille, passable administrateur s'il n'avait eu un peu trop de confiance dans son coup d'œil, et s'il n'avait confondu la cruauté avec la sévérité, il était sujet à des emportements qu'il chercha d'abord à maîtriser, mais qui prirent bientôt le dessus, et qui tinrent dans une sorte de terreur tous ceux qui l'approchaient. Petit, noir, laid, avec une taie sur un œil, poltron devant l'ennemi, vain sur le trône, 'étroit d'esprit et faible de caractère, Valens, empereur tout oriental, était destiné à devenir la proie et le jouet des officiers, eunuques, valets et intrigants, plaie ordinaire de cet Empire. Les deux frères furent au moins animés l'un envers l'autre d'un excellent esprit. En se' réservant une certaine supériorité 'sur les deux empires, Valentinien eut soin de rendre douce et peu gênante pour son frère cette prépondérance. Valens, plein de respect ou de crainte pour son alité, sut se contenter de la légitime part de puissance et d'indépendance qui lui avait été laissée. C'était là une excellente condition de paix.

Le gouvernement des deux empereurs ne différa essentiellement que dans les affaires religieuses.

Valentinien, tout occupé des soins de la guerre ou du gouvernement, sut pratiquer seul avec sincérité et fermeté la nouvelle politique inaugurée, dans cette matière, par son prédécesseur Jovien : la tolérance. Après avoir renouvelé l'édit de celui-ci, comme le dit Ammien Marcellin, il demeura toujours impartial entre les religions opposées, n'inquiéta personne pour lui faire suivre tel on tel culte, et laissa les choses dans l'état où il les avait trouvées. Seulement, pour mettre d'accord les deux cultes païen et chrétien, qui se disputaient maintenant les terres et les revenus affectés par les villes à l'entretien de la religion, il les réunit au domaine ou les affecta au trésor, c'est-à-dire à lui-même. Entre les chrétiens mêmes, il eut grand soin de ne point intervenir dans les questions de dogme, disant que c'était affaire à vider entre les évêques. Il n'exerça que la police extérieure des cultes. On le vit intervenir dans la querelle où Ursin et Damase se disputèrent, les armes à la main, le siège de Rome, et il maintint le dernier. Il interdit la magie et défendit le trop facile accès des directeurs chrétiens auprès des femmes et des filles[2].

Le faible Valens, en Orient, avait été préparé par sa femme, Albia Dominica, à subir l'influence d'Eudoxe, évêque de Constantinople, arien décidé. Ce fut l'Ève, disent les historiens ecclésiastiques, qui fit tomber le nouvel Adam dans les pièges du démon. A l'instigation d'Eudoxe ou à celle d'Euzoïus, évêque arien d'Antioche, non moins ardent, il troubla par ses tracasseries toute l'Église d'Orient. Les ariens, maîtres avec lui, condamnèrent les semi-ariens aussi bien que les orthodoxes, et se poussèrent sur tous les sièges épiscopaux, aux dépens de leurs adversaires. Valens fut cependant bien obligé de respecter, sur son siège, le vieux champion du concile de Nicée qui, revenu pour la cinquième fois à Alexandrie, y termina tranquillement ses jours. Il ne put qu'introniser violemment son successeur. Il dut respecter également le grand saint Basile, auquel il rendit même hommage sur son siège de Césarée.

Sans être d'excellents empereurs, dans le maniement des affaires politiques, Valentinien et Valens furent des souverains d'assez bonne volonté. Simples dans leurs goûts, ils étaient assez ménagers des ressources publiques. Bien qu'ils tinssent à avoir leurs coffres et leurs trésors pleins, pour l'entretien de l'armée et de l'administration, ils eurent à cœur de ne point écraser les provinces. S'ils firent de mauvais choix, c'était, Valentinien, par trop de confiance en lui-même, et Valens, par excès de faiblesse, plutôt que par désir de mal faire. Tous deux, ils prirent même à tâche, Valentinien surtout, de perfectionner, autant qu'il était en eux, le régime administratif de l'Empire. Ils achèvent de constituer les curies ou municipalités des principales villes de l'Empire, en abolissant un certain nombre d'exemptions des charges publiques, accordées d'abord aux nobles et aux clercs. Ils instituent, pour la protection du petit peuple des cités, un magistrat populaire ou défenseur chargé des intérêts des humbles. D'autres lois descendent dans de plus petits détails. D'excellentes réformes sont introduites dans la procédure ; les licences et la cupidité du barreau sont réprimées ; des avocats d'office sont institués pour les procès civils ; tout avocat qui refusera de plaider une cause, sur la délégation du juge, sera noté d'infamie. A côté des avocats des pauvres, une loi institue dans les quatorze quartiers de Rome quatorze médecins avec traitement et privilèges pour soigner les indigents. L'abandon des enfants nouveau-nés est puni. Enfin, l'administration académique des deux principales villes de l'Empire est régularisée. Les professeurs sont classés, leur tâche fixée, leur position assurée ; et la jeunesse studieuse des deux capitales mise, en cas de tumulte ou de négligence, délits quelquefois en usage au IVe siècle, sous la surveillance immédiate des préfets de ces deux villes[3]. Chose extraordinaire ! à ce perfectionnement de l'administration correspondent les plus criants abus de la part des administrateurs et les plus profondes misères chez les administrés. La plus grande faute ne vient ni de Valens, ni de Valentinien. Ils recueillent les résultats de toute la tradition impériale, qui éclatent alors comme pour annoncer la dissolution, la fin même de ce régime qui avait si longtemps duré, et même avec quelque prestige.

Valentinien savait à quelle société il avait affaire. D'un naturel d'ailleurs emporté et violent, il crut pouvoir tout sauver par l'excès de la cruauté dans la répression. A l'exception de l'armée, sur les vices mêmes de laquelle, au dire d'Ammien Marcellin, il fermait les yeux, il fit peser une sorte de terreur sur tout l'Empire. Son préfet, Florentius, fut seul assez influent d'abord pour le tempérer ; encore n'y parvint-il pas toujours. Son chambellan, l'eunuque Rhodanius, condamné à restituer à une veuve les biens qu'il avait usurpés, s'y refusait ; il le fit prendre sur les bancs du cirque et briller au milieu de l'arène. Le trésorier des largesses, en Illyrie, subit le même supplice, pour une faute même plus légère. Un accusé récusait-il un juge, Valentinien l'envoyait justement devant lui pour être plus sûr d'une condamnation. Sévère surtout pour les décurions des villes impériales, responsables de l'impôt, cet empereur aurait dépeuplé les corps municipaux que ses lois essayaient de conserver, si Florentius ne l'en avait empêché. Un jour, il avait lancé un arrêt de mort contre trois des décurions d'un certain nombre de villes : Et si quelqu'une de ces villes, dit Florentius, ne compte pas trois magistrats, faudra-t-il ajourner l'exécution jusqu'à ce qu'elle ait complété ce nombre ?

La cruauté draconienne de Valentinien parvint-elle à remédier au mal ? Pour en juger, il suffit d'ouvrir Ammien Marcellin[4].

Le comte militaire d'Afrique, Romanus, était accusé devant Valentinien, par deux députés de la ville de Leptis, Flavien et Sévère, pour avoir refusé de la protéger contre les incursions d'une peuplade de l'Atlas, si elle ne lui payait pas un tribut. Il fut défendu longtemps auprès de lui par le maitre des offices, Remigius, peut-être son complice. Enfin, l'empereur envoya un certain Palladius, officier du palais, sur les lieux pour juger l'affaire et en même temps pour distribuer l'argent des gratifications aux soldats d'Afrique. Romanus, effrayé, persuada à ses officiers et soldats de laisser entre les mains de Palladius une partie de la gratification, pour se faire bien venir de lui. Palladius informa, avec deux magistrats municipaux de Leptis, et voulut parler haut ; mais le comte militaire le menaça de l'accuser de concussion, pour avoir gardé la moitié de la gratification des soldats. Solidaires désormais, le comte militaire et l'officier du palais s'entendirent pour tout dissimuler, tout cacher. Les deux magistrats de la ville de Leptis eurent la langue coupée pour faux rapports. Des deux députés envoyés à Valentinien, l'un se sauva avec peine en avouant qu'il avait menti à l'empereur ; l'autre eut la tête tranchée comme un imposteur obstiné. La ville de Leptis prit le parti de se résigner et de se taire.

Valentinien changea fréquemment ses administrateurs et gouverneurs. A Mamertin, préfet d'Italie, accusé de concussion, on voit succéder Vulcace Rufin, caractère, dit Ammien Marcellin, à citer, comme parfait de tous points, à cela près qu'il ne laissait échapper aucune chance de gain, quand il pouvait en profiter sans scandale. Après Rufin vient Probus, recommandable par une naissance illustre et d'immenses richesses, bien ou mal acquises ; ami généreux et dévoué, ennemi dangereux et vindicatif, arrogant avec les humbles, plat en face de ceux qui lui parlaient haut, roi de théâtre quand il était sûr de lui, Dave quand il avait peur, souvent malmené par Valentinien, qui n'appréciait en lui que la fertilité des inventions fiscales avec lesquelles il atteignait, au profit du trésor impérial, les fortunes grandes et petites. Maximin, le dernier des préfets du prétoire de Valentinien, fut vraiment l'homme selon son cœur, et l'administrateur modèle.

Quand il n'était encore que vice-préfet en Italie, ce Maximin avait remarqué que la sévérité était le meilleur moyen d'arriver dans l'administration et de mériter la faveur du maitre. L'objet principal de la surveillance et des poursuites des magistrats était alors la magie et la sorcellerie, vice commun à ces temps de despotisme et d'avilissement, et où les empereurs chrétiens particulièrement soupçonnaient toujours quelque tentative de révolte ou d'usurpation. Fils lui-même d'un homme très-versé dans l'art des aruspices et des augures, désireux de profiter des bénéfices de la science de son père et de conjurer ses menaces, il procéda sur une grande échelle contre la magie et avec une ardeur toute particulière. Le premier procès de ce genre qui lui tomba sous la main fut pour lui l'occasion d'adresser à l'empereur un formidable rapport sur l'extension que prenaient ces sortes de crimes et sur la nécessité d'une répression prompte et efficace. Valentinien le pourvut d'une commission particulière avec pleins pouvoirs même d'appliquer à la torture des sénateurs, comme dans les accusations de lèse-majesté. On vit alors ce que Maximin savait faire. A une fenêtre écartée de son prétoire, un panier suspendu à une corde recevait des dénonciations de toutes mains. Un jour il imagina de chasser, au su et au vu de tout le monde, deux de ses appariteurs, Mucien et Barbarus, fourbes consommés, qui répandirent le bruit, en se plaignant, que les accusés ne se pouvaient sauver qu'en dénonçant les grands. La ruse, la torture, la terreur aidant, les victimes se multiplièrent. Un avocat, Marin, périt pour s'être procuré, par maléfice, la main d'une riche héritière, Hispanilla ; un Céthégus, pour s'être fait aimer au moyen d'un philtre Un Hymetius, ancien proconsul d'Afrique, perdit la vie, comme coupable d'avoir voulu abuser des secrets de la science occulte pour jouer à la hausse et à la baisse sur les blés. Un enfant fut poursuivi pour avoir copié, sans savoir ce qu'il faisait, un recueil de formules magiques. Une véritable terreur pesait sur toute l'Italie. Le sénat de Rome, effrayé, députa auprès de Valentinien trois de ses membres, pour réclamer une plus juste proportion entre les délits et les peines, et faire révoquer la faculté de mettre les sénateurs à la torture. Valentinien nia d'abord avec colère qu'il eût jamais autorisé de pareilles violences et distingua, dans un décret, les auspices publics des pratiques privées de la magie ; mais, à quelque temps de là, il appela Maximin près de lui à la préfecture même des Gaules.

Ce gouvernement fonctionna alors avec ensemble. De la Gaule, Maximin tout-puissant et en possession de la faveur du maitre, tua, dit Ammien Marcellin, à distance. Il fit destituer Ursicin, qui lui avait d'abord été donné pour successeur, comme manquant d'énergie, et envoya à sa place un autre lui-même, Simplicius, qui trouva encore amplement à glaner après lui. Le système de la sévérité à outrance l'emporta alors dans les conseils de Valentinien. Le maitre et le ministre ne faisaient plus qu'un. Le nouveau préfet du prétoire, tombant cette fois justement, fit rechercher le maitre des offices Remigius, alors en retraite, et compromis dans l'affaire du comte d'Afrique, Romanus. Remigius, effrayé, se pendit. L'empereur ne se contraignait plus maintenant. Un piqueur en chasse lâcha trop tôt un chien devant lui sur le gibier ; un armurier lui apporta une cuirasse qui n'avait pas le poids un officier aux remontes changea quelques chevaux : tous trois payent ces délits de la vie. Les débiteurs insolvables de l'État étaient condamnés avec la vieille sévérité romaine. Un fonctionnaire, un jour, appuyé par ses chefs, demandait un avancement : Envoyez-le, dit l'empereur, dans l'autre monde. Valentinien ne cachait même plus la  férocité de son caractère. Il aimait à assister aux supplices, présidait souvent lui-même aux tortures judiciaires. Il tenait, nous assure Marcellin, historien contemporain, deux ourses près de sa chambre à coucher : Dorée, ainsi nommée à cause de sa fourrure, et Innocente, pour sa douceur. Il les nourrissait de chair humaine. Après de longs services, plus humain pour ces animaux que pour ses fonctionnaires, il accorda à Innocente la retraite qu'elle désirait sans doute le plus, en la rendant à ses forêts.

L'excès de la sévérité n'était point le défaut de Valens, empereur d'Orient. Sa pusillanimité, sa faiblesse de caractère eurent les mêmes résultats. Une fois, ses propres soldats lui avaient mis le fer sur la gorge. Un autre jour, un scutaire chercha à le tuer, entre Séleucie et Antioche, pendant qu'il faisait sa méridienne. Modestus, préfet du prétoire, fut le Maximin de Valens, mais un Maximin oriental. Il n'eut pas de peine à persuader à son pusillanime maître de ne plus prodiguer sa personne en public, et surtout de n'intervenir plus dans la justice. Valens saisit ce prétexte de mettre sa peur et sa responsabilité à couvert. Modestus, désormais sans surveillance, poursuivit, avec sa séquelle d'avocats, l'œuvre criminelle de sa fortune particulière, aux dépens de tout l'Empire. La magie fut encore l'instrument du règne. Un seul procès en fournira la preuve.

Deux chevaliers d'industrie en fait d'œuvres ténébreuses et de criminelles pratiques, un Pallade, fabricant de drogues empoisonnées, un Héliodore, tireur d'horoscope, étaient impliqués dans une accusation de péculat. On nous tourmente, dit Pallade au milieu de la torture, pour des vétilles, tandis que nous avons des secrets d'État bien plus importants. Aussitôt on met nos deux hommes de côté, on les choie ; ils parlent. Pallade raconta que, dans une réunion de personnes initiées aux secrets mystères, on était parvenu à découvrir le nom du futur empereur, du successeur de Valens ; il nomma Fidustus, ex-président de province, tombé en disgrâce, et quelques autres encore. Le préfet du prétoire, Modestus, les fit appréhender au corps, torturer ; ils parlèrent aussi. Réunis dans une maison purifiée par les parfums d'Arabie, ils avaient placé un plateau rond en métal, au bord duquel étaient gravées les vingt-quatre lettres de l'alphabet, sur un trépied semblable à celui de Delphes. L'un d'eux, vêtu et chaussé de lin, le front ceint d'une bandelette, tenant un rameau de verveine d'une main, et de l'autre un anneau suspendu à un long cordon, avait, avec les formules consacrées, dirigé sans faire un mouvement, par la seule force du désir divinatoire, le fatal anneau sur les lettres suivantes : θ ε ο δ. Aussitôt l'un des assistants avait crié : Théodore. Un descendant d'une illustre famille gauloise, homme d'une éducation libérale, d'un doux caractère, et qui avait fait un assez beau chemin dans les emplois, portait ce nom. Le malheureux était ambitieux. Il avait consulté un maître de la science, Maxime, le précepteur de Julien, qui répondit que tous ceux qui avaient interrogé le sort périraient du dernier supplice. Théodore fut arrêté à son tour, mis à la torture. Il avoua qu'il avait eu connaissance des faits et qu'il avait voulu en avertir l'empereur ; il fut démenti par d'autres délations. Bref, on rechercha tous ceux qui s'occupaient de science occulte ou qui tenaient de près ou de loin aux accusés. On crut être sur la piste d'une vaste conspiration de toutes les puissances païennes. On fit venir des extrémités de l'Empire les philosophes, les rhéteurs, les mathématiciens, les païens ; un procès monstrueux commença et fit un nombre considérable de victimes. Maxime, le premier, détesté de la cour, périt ; un Pasiphile, vrai stoïcien, refusa d'ouvrir la bouche dans les souffrances de la torture ; un Simonide, tout jeune, dit qu'il savait tout, mais qu'il tairait tout. Théodore le Gaulois ne fut pas seul décapité ; beaucoup de ceux qui s'appelaient comme lui, ou dont les noms commençaient par les fatales lettres, comme Théodose, Théodote ou Théodule eurent le même sort. Cette furieuse manie de procès se propagea enfin de la capitale clans les provinces.

Un certain Festus, proconsul d'Asie, honnête homme jusque-là, crut devoir chercher son avancement par la même voie. Il se mit à son tour à rechercher les philosophes et les magiciens. Tout l'Orient en fut troublé. Partout, dit Zosime, les prisons se remplirent de personnes que leur mérite ne put sauver de la captivité ; on y traîna plus de prisonniers qu'il ne restait d'habitants dans les villes. Les soldats eux-mêmes disaient qu'ils n'étaient point assez nombreux pour surveiller les prisonniers. Un livre suspect, dit Ammien Marcellin, une amulette, un philtre, suffirent comme pièce de conviction, pour conduire à la mort. Un père consulta l'horoscope pour savoir le sexe de son futur enfant ; ses biens furent confisqués. Une vieille prétendait avoir le secret de charmer par des chants la fièvre intermittente ; un pauvre jeune poitrinaire avait, au bain, porté alternativement chaque doigt de ses deux mains, de la clepsydre, qui marquait les degrés de chaleur, à la poitrine et de la poitrine à la clepsydre, en prononçant les sept voyelles de l'alphabet ; ils périrent de la main du bourreau. Les philosophes quittèrent leur manteau, coupèrent leur longue barbe ; tous ceux qui possédaient quelque livre suspect de magie les brûlèrent. Libanius, le célèbre rhéteur, faillit périr. Jean Chrysostome crut être en grand danger pour avoir ramassé un livre de magie. Pour les deux instigateurs de ces horribles procédures, Pallade le droguiste, et Héliodore le mathématicien, ils vécurent et moururent riches et honorés. A la mort d'Héliodore, Valens exigea qu'on accompagnât cet utile serviteur de l'État à sa dernière demeure, nu-tête, pieds nus et les mains jointes ; et il regretta que sa dignité lui interdit d'en faire autant[5].

Il n'eût-manqué à cette tyrannie, pour devenir aussi célèbre que celle des Tibère et des Domitien, que le pinceau d'un Tacite, si ce qu'elle avait de bas et de mesquin n'eût rebuté le grand peintre. Ammien Marcellin, l'honnête soldat qui nous a transmis une partie de ces détails, laisse échapper cependant, après les avoir racontés, quelques accents généreux d'indignation et de douleur. Nous marchions, dit-il, comme à tâtons, au milieu des ténèbres cimmériennes, ne sachant où était l'innocence ou le crime, semblables au convive de Denys qui voit toujours le glaive suspendu sur sa tête. Ô sublimes lumières de la philosophie, don céleste départi seulement à quelques âmes privilégiées, et qui peut transformer les plus ingrates natures ! Que de maux épargnés à cette époque de ténèbres, si nos empereurs eussent appris de toi que posséder le pouvoir, suivant la définition du sage, c'est avoir à charge le bonheur de tous, et que bien gouverner c'est limiter son autorité, comprimer ses désirs, dompter ses colères et avoir, toujours à l'esprit ce mot du clément César : Souvenir de sang est mauvais compagnon de vieillesse.

On ne s'étonnera point que, sous une pareille administration, la dépopulation, la misère, les désordres des provinces aient augmenté dans une effrayante proportion. Les preuves de cette progression surabondent encore dans Ammien Marcellin. Il fallut toute la vigueur et toute l'honnêteté de Théodose, le père, pour ramener, en Bretagne et en Afrique, l'ordre troublé plus encore par les mauvais gouverneurs que par les incursions des Barbares ; et le seul homme honnête de ce temps, n'échappa point cependant au bourreau. En Gaule commence une nouvelle Bagaudie ; dans une révolte, des paysans poussent l'audace jusqu'à enlever, sur la grande route, un des fonctionnaires de la cour, parent de l'empereur Valentinien, le grand écuyer Constancius. Le préfet Syra-maque, à Rome, se plaint, dans une lettre, que les environs de Rome sont si infestés de voleurs qu'il ne peut aller à sa maison de campagne sans être accompagné. Dans mainte province de l'Empire, les soldats s'entendent avec les bourgs qui les logent, pour les protéger contre les collecteurs d'impôts ; ou ils pillent de compagnie avec les colons. Valens et après lui Théodose sont obligés de faire des lois contre cette connivence funeste au gouvernement et à tous. En Syrie, les habitants d'un bourg tout entier, près d'Apamée, se constituent en troupe de brigands et désolent pendant longtemps toute la contrée. Un jour, une troupe de ces scélérats, déguisés en officiers du fisc, se font annoncer par le crieur public dans une riche villa, gardée par de nombreux serviteurs, entrent, font main-basse sur les maîtres, les gens et les meubles, et tuent ou prennent tout. Faiblesse, sévérité impériale, avaient même résultat. La voix publique flétrit vainement une administration si impitoyable et si impuissante. Valentinien lui-même ne vit ou n'entendit rien. Il y avait une province qu'il aimait particulièrement, la Pannonie, où il était né, où il avait de nombreux amis ; pour elle, il eût fait volontiers quelque chose. A la fin de son règne, un député pannonien, le philosophe Iphiclès, vint le remercier du bonheur de la province. Est-ce du fond du cœur, demanda Valentinien, que mes compatriotes me complimentent ? Le philosophe hésita, puis : C'est en gémissant, répondit-il enfin, et comme contraints et forcés. L'empereur demanda alors des nouvelles des gens notables qu'il avait connus : l'un s'était pendu, l'autre était en exil, un troisième ruiné, etc., presque tous victimes de la tyrannie administrative. Valentinien se retourna vers ses grands officiers, en les apostrophant dans une via, lente colère ; mais, l'orage passé, le système ne changea pas.

Les nombreuses lois des derniers empereurs, destinées à sauver cette effroyable machine administrative qui se démonte ou se brise d'elle-même, et à retenir la société qui lui échappe par toutes les issues, sont une condamnation plus accablante encore de ce déplorable temps.

Dioclétien et Constantin avaient essayé de donner un appui à l'Empire, en créant l'aristocratie nouvelle des illustrissimes, perfectissimes, nobilissimes, qui remplissaient les sénats de Rome ou de Constantinople et les hautes charges des provinces. Cette noblesse jouissait de privilèges précieux ; elle était exemptée des charges onéreuses ou des peines avilissantes. Le seul impôt qui pesait sur elle était le Follis senatorius. Cet impôt leur devient insupportable. Les dignités de consuls, de préteurs qu'ils revêtent, ont si peu de puissance réelle, et les obligent à donner des jeux, à faire des distributions si coûteuses, qu'ils quittent les cités et se dérobent aux honneurs au fond des provinces. Mais la loi vient bientôt les y chercher[6]. Noblesse oblige ; et il leur est bientôt défendu de tenter, par vente, substitution de biens ou autre moyen frauduleux, de soustraire leurs fils à cette servitude de la glèbe sénatoriale.

Les deux carrières administrative et militaire semblaient devoir, dans cet Empire administratif et militaire, offrir les conditions les plus enviées. Mais l'arbitraire, le caprice qui se font sentir, en l'absence de toute garantie et de tout droit, du haut en bas de cette savante administration, et exposent les employés de justice ou de finance, à chaque instant, aux destitutions, aux peines et aux tortures les plus inouïes, font des despotes civils de l'Empire les premiers esclaves. La loi interdit aux chefs d'offices (principes) de quitter la carrière avant l'âge de la vétérance ; et, avant de leur délivrer leur congé, elle exige qu'ils laissent leurs charges à leurs enfants. Dans les guerres civiles, les défaites, aussi fréquentes que les victoires, et accompagnées de la proscription des officiers et de la décimation des soldats, rendent la carrière militaire aussi peu enviable. Recrues forcées pour la plupart, arrachés à là plèbe des champs et des villes par ceux qui peuvent payer, les derniers soldats levés dans l'Empire sont, dès leur entrée au corps, ignoblement marqués à l'épaule ou à la jambe, pour être reconnus en cas de désertion. Une constitution porte la peine de mort contre ceux qui, pour se soustraire au service militaire, se coupent le pouce ; et les fils des vétérans, qui connaissent par tradition les misères du métier, sont esclaves-nés du drapeau qui les a vus naître[7].

Depuis l'édit de Caracalla, on avait essayé de faire une classe moyenne des possesseurs de 500 arpents qui pouvaient composer le corps municipal ou curie, avec pouvoir d'administrer les revenus de la ville, d'en occuper toutes les charges et d'en revêtir tous les honneurs, sous la seule obligation d'acquitter, à leurs risques et périls, les impôts exigés par l'État. Ces petits sénateurs provinciaux, les curions, avaient trouvé ainsi d'abord les moyens, tout en s'acquittant envers l'État, de recommander leur nom à leurs concitoyens, en décorant de fastueux monuments leur ville natale. Mais la curie n'étant point admise à discuter avec l'État, les conditions de la ferme, quelque révolution qui s'accomplisse d'ailleurs dans les propriétés particulières, ou dans la prospérité toujours aléatoire des cités, les curions arrivent, par suite du malheur des temps et de l'augmentation des impôts, à trouver enfin que les charges de leur état dépassent de beaucoup ses avantages. Responsables et passibles même de la flagellation, ils épuisent, pour satisfaire l'État, et leurs propres fortunes et celle de la cité ; ils se ruinent, puis ils périssent à la peine et diminuent. Mais les survivants héritent des obligations des ruinés, des morts ; ils cherchent donc à sortir de la curie. La loi les y retient également. Les constitutions des derniers empereurs interdisent au curion les fonctions de l'armée et du sacerdoce. Serf du municipe, celui-ci n'aura pas même la ressource de soustraire son lits à cette servitude en prenant une esclave pour femme ; la loi n'est plus si dédaigneuse qu'elle ne prodigue ses honneurs au fils de l'esclave ; et si le curion ne se marie point, s'il n'a pas d'héritier sien, l'État trouvera quelqu'un à qui imposer le fardeau de son héritage[8].

Le progrès des lois et des mœurs avait, dans les beaux temps de l'Empire, diminué le nombre des esclaves et créé, pour l'exercice des métiers et les travaux de l'agriculture, un grand nombre d'hommes libres. En se multipliant, les nouveaux citoyens avaient trouvé naturellement, même à Rome, et ce n'était point un mal, les distributions moins fréquentes, moins grasses, et les jeux plus rares, à la fin de l'Empire. Les ouvriers des villes furent heureux de rencontrer d'abord :une protection et des ressources dans les corporations formées par l'État pour l'exploitation des mines, la construction des monuments ou des routes, les transports sur terre et sur mer de l'annone ou des approvisionnements, la fabrication du pain ou le dépeçage de la viande. Ils en formèrent d'ailleurs eux-mêmes pour les métiers de luxe, le travail des métaux, la taille de la pierre, la préparation des peaux, la teinture des étoffes. Mais ce qui avait été d'abord une garantie, n'est plus à la fin qu'une oppression. L'État, devenu tous les jours plus exigeant pour ses corvées, est obligé de jeter, dans ses corporations désertes,. tous les oisifs (vacantes) ; l'impôt du chrysargire, mis sur les industries libres, les ruine également, au point que les empereurs, pour assurer la continuation du travail et la fabrication des produits, rendent par décrets plus d'un métier héréditaire, et attachent le fils à l'échoppe ou à l'outil du père, bien qu'ils ne nourrissent plus l'ouvrier. Dans les campagnes, le colonat, qui a succédé souvent à l'esclavage, n'a pas fait mieux. Au lieu des révoltes des esclaves, on a les révoltes des colons. Il est à chaque instant question, dans l'histoire des dernières années de l'Empire, de colons qui se font brigands, bagaudes, pour échapper aux exigences du propriétaire, ruiné lui-même par l'État. Quand le soldat ne s'entend pas avec le colon pour piller de compte à demi avec lui, les légions, composées de gens arrachés de force aux champs, poursuivent et traquent ceux qui s'en échappent pour vivre sur les grandes routes de brigandage ; et les propriétaires sont obligés de faire, à leur compte privé, la chasse aux hommes, pour pouvoir mettre leurs terres en rapport. L'administration romaine aboutit au régime des castes. L'Empire romain, au Ve siècle, n'est plus qu'une geôle, un ergastule où le souverain s'efforce de retenir chacun à sa chaîne. Les derniers empereurs ne le dissimulent point ; ils condamnent les auteurs de certains délits au travail de certaines corporations, aux mines, à la rame, aux moulins, aux relais publics, etc. ; et les fils de soldats impropres au service, ou les prêtres indignes, sont envoyés... à la curie[9].

Cette prison était au moins, au temps des Antonins, s'il faut en croire le rhéteur Aristide, un immense et fécond jardin orné de villes splendides. Mais en traitant la question économique comme la question politique, les derniers empereurs ont fini par dépeupler, ruiner ce magnifique héritage. Soucieux de leur propre autorité et non de la liberté des citoyens, ils n'avaient point restauré l'État. Occupés seulement à faire rentrer l'impôt, sans songer à entretenir les sources de la richesse, ils ruinèrent l'Empire. La maladie des grandes propriétés, qui avait dépeuplé le sol italien, atteint à la fin de l'Empire toutes les provinces. Ce ne sont plus seulement les pâturages qui s'étendent avec elles, aux dépens de la terre cultivée, c'est le désert. Après avoir offert en toute propriété des terres désertes, à la seule condition de les faire valoir, les empereurs transportent au sein de l'Empire, en Gaule, en Italie, en Asie Mineure, des populations barbares entières, pour remplacer celle de l'Empire qui disparaît ; et ils ne parviennent pas à combler les vides. Il y avait des contrées considérables, fertiles autrefois, comme la Campanie, où, dit le pape Gélase, au IVe siècle, on ne rencontrait pas un homme. Le luxe des monuments avait autrefois, de Rome, gagné les villes de province. Toutes ne montrent plus guère maintenant que des temples, des théâtres, des thermes, des aqueducs en ruine, où le peuple se creuse des tanières. Ce ne sont plus, dit saint Ambroise, que des cadavres de villes, cadavera urbium.

L'Empire en était là quand, vers la fin du règne de Valentinien et de Valens, l'arrivée des Huns en Europe vint communiquer à la barbarie germaine, depuis si longtemps suspendue sur la société romaine, cette commotion qui, en se communiquant de proche en proche, devait enfin la détruire. Sur le moyen Danube, Valentinien marcha au-devant des Quades et Sarmates, qui passaient alors le fleuve et se répandaient jusqu'aux Alpes, ravageant tout devant eux. Son arrivée terrifia encore les Barbares, qui demandèrent grâce par députés. Valentinien, dans un de ses fréquents accès de colère, s'emporta contre leur inconstance et leur ingratitude ; tout à coup, sa voix s'arrêta dans son gosier, ses yeux se voilèrent ; il tomba frappé d'un coup de sang. Valens, moins hardi, reçut d'abord, en deçà du bas Danube, dans la Mœsie, la nation des Visigoths, qui fuyait devant les Huns vainqueurs ; mais ses officiers traitèrent si mal ces Barbares que leurs chefs plièrent leurs tentes, sonnèrent leur corne de guerre et marchèrent, au nombre de plus de cent mille, sur Constantinople. Valens, avec ses généraux, marcha au-devant d'eux jusqu'à Andrinople. Là, la petite armée romaine fut bientôt resserrée, et comme étouffée, par l'immense cohue barbare. Les légionnaires pouvaient à peine allonger la lance ou dégainer l'épée. Valens prit peur et s'enfuit ; les généraux romains crièrent : Sauvez l'empereur ! Une panique générale saisit l'armée. Au milieu des fuyards, Valens, avec quelques serviteurs, se réfugia dans une chaumine de paysan. Arrivés là, les Goths, se voyant reçus à coups de flèches et ne sachant quelle proie ils avaient sous la main, mirent le feu à la bicoque et poussèrent plus loin leur course. Les deux frères étaient morts comme ils avaient vécu, victimes l'un de sa colère, et l'autre de sa lâcheté.

Après avoir raconté cette catastrophe de mauvais augure, dernier événement qui termine son histoire, le soldat Marcellin ne peut se défendre de quelques sombres réflexions. Il rappelle cette formidable invasion des Cimbres et des Teutons à laquelle Marius fit mordre la poussière en Italie. Il représente les vingt nations conjurées contre lesquelles Marc-Aurèle lutta vingt ans. Après chacune de ces commotions, dit-il, l'ordre et la sécurité furent rétablis, et l'Empire continua le cours de ses prospérités. Mais c'est qu'alors régnait encore, chez nos ancêtres, cette simplicité de mœurs remplacée aujourd'hui par la mollesse, le luxe de la table et l'âpre avidité du gain ; c'est qu'alors surtout, tous étaient animés de ce patriotisme ardent qui, dans le péril commun, obtenait de chacun le sacrifice volontaire de sa vie.

 

 

 



[1] Ammien Marc., XXV. — Zos., III. — Them., Or., 5.

[2] Cod. Théod., VIII, 8 ; IX, 38 ; XII, 1, 75 ; XVI, 5, 6.

[3] Cod. Théod., I, 11 ; XIII, 3, 6 ; XIV, 9. — Cod. Just., I, 55.

[4] Il me suffira de citer, pour la fin du chapitre, Ammien Marc., livres 27, 28, 29, 30.

[5] Ammien Marc., XXXI, 15. — Zos., IV. — Socr., H. E., VI, 15. — Chrys., Homil. 38.

[6] Code Théod., VI, 4. — Zos., II, 447.

[7] Cod. Just., XVI, titr. 54, I, 2. — Cod. Th., VII, titr. 22, I, 1, 2. — Végèce, De re milit., I, 7.

[8] Cod. Théod., XII, tit. 1, I, 6.

[9] Cod. Just., XI, tit. 50, I, 51, I, 1. — Sal., de Gub. Dei., V, 8, 9. — Voir le dernier volume de l'Hist. de l'esclavage de M. Wallon.