Voici l'époque critique dans l'histoire du comte de Bothwell et de Marie Stuart, c'est-à-dire le temps où l'on place le commencement de leurs amours. Mais avant d'engager la question au fond, une question préjudicielle de grande importance se présente. Les accusations portées contre Marie ont-elles été la conséquence naturelle d'habitudes ou d'actions de sa part, au moins imprudentes et suspectes, qui même sans aller jusqu'au crime auraient autorisé des jugements sévères chez ceux qui en étaient témoins ? ou bien procédèrent-elles d'un parti pris chez ses ennemis de tout dénaturer, tout diffamer ? Et s'il en est ainsi, à quelle époque et pour quel motif commença le système de diffamation ? Les correspondances officielles mettent aujourd'hui l'histoire en mesure de fixer ce point, si propre à éclairer la suite des faits. Lorsqu'on accuse Marie Stuart, la raison déterminante n'est pas quelque faute grave, un scandale de mœurs comme elle en avait tant vu à la cour corrompue d'Henri II, et où elle se serait laissé entraîner dans une heure de faiblesse : c'est son mariage avec Darnley, c'est-à-dire une déconvenue politique d'Élisabeth, qui avait mis en avant l'étrange candidature du comte de Leicester, son favori, et qui, en réalité, ne voulait pas que la reine d'Écosse se mariât ; déconvenue de Randolph, qui avait fait de ce personnage l'objet de ses soins les plus chaleureux ; déconvenue de Murray, qui prétendait confiner sa sœur dans le veuvage pour le plus grand bien du pur Évangile, si nous voulions l'en croire, en fait pour se perpétuer au pouvoir. Randolph, Murray, voilà les hommes qui les premiers, et dès ce moment, mirent en œuvre le système de diffamation contre Marie Stuart. Ils amassèrent alors sur elle cette atmosphère de calomnies, où elle marche encore tout obscurcie et dérobée à la vérité. Rien de plus frappant ni de plus instructif que le contraste dans le langage qu'on tient sur Marie, avant et après son mariage. Précédemment on n'avait pu s'empêcher de lui rendre justice. Un de ceux qui avaient accueilli son retour en Écosse par la trahison la plus gratuite, Maitland de Lethington, disait dans une lettre à Cecil, à propos du comte d'Huntly, tombé victime en 1562, non pas de sa révolte prétendue, mais des intrigues du lord James Je m'afflige que le sol de ma patrie produise des sujets aussi dénaturés que le comte d'Huntly s'est montré en dernier lieu à l'égard de sa souveraine, une princesse si aimable, si douce, et dont la conduite envers tous ses sujets a toujours été telle, que ce serait merveille qu'il se trouvât quelqu'un d'assez méchant pour lui vouloir le moindre mal[1]. De 1562 à 1565, elle n'avait pas démérité. Randolph, l'œil attaché sur elle, comme le faucon sur la proie, est obligé de louer près de son gouvernement celle qu'il a fonction de perdre. En vain il capte les bonnes grâces de Marie Beton, l'une des quatre Maries que la reine admettait dans son intérieur le plus familier : il n'apprend rien dont sa plume acérée puisse faire hommage à la malignité d'Élisabeth[2]. Mais lui-même, tout irrité qu'il soit de son échec, va rendre témoignage en faveur de celle qu'il veut décrier. Le 21 mai 1565, six jours après que Marie a déclaré aux nobles d'Écosse sa résolution d'épouser Darnley, il écrit à Cecil : Je ne sais que dire de la triste et déplorable situation de cette pauvre reine. Elle que je regardais comme si digne, si sage, si honorable dans toutes ses actions, la voir aujourd'hui si changée par cet amour pour Darnley[3]. Supposons qu'elle eût préféré Leicester, elle fût restée parfaitement digne et sage, etc. Marie a persisté dans son choix ; elle se met vivement en défense contre son frère, alors rebelle, et contre le gouvernement anglais, fauteur de la rébellion. Indignation naïve et amusante de l'ambassadeur. Le 19 juillet, dix jours avant la célébration du mariage, il s'écrie : Je dois vous dire franchement que la reine s'est tellement départie de cette majesté que j'avais vue dans sa personne, de cette modestie que j'admirais en elle, qu'elle n'est plus comptée par ses sujets comme la femme qu'elle était auparavant[4]. Toutefois, n'en déplaise au diplomate courroucé, les sujets trouvaient leur reine si peu différente d'elle-même, qu'ils la soutinrent en masse contre l'insurrection. L'insurrection vaincue et Murray rejeté en Angleterre, on
commença de distiller la calomnie. Le jour même où l'on apprenait à Édimbourg
la fuite définitive du comte, Randolph écrivit à Cecil (13 octobre 1565) : La
haine conçue ici contre milord de Murray ne provient ni de sa religion, nt,
comme la reine le prétend maintenant et me le dit naguère, de ce qu'il
voudrait lui ravir sa couronne, mais de ce qu'elle sait qu'il tonnait
certaines choses secrètes que le respect empêche de nommer, et qui ne sont
pas à son honneur à elle ; choses qu'il déteste si fort, étant son frère, que
ni lui ne peut plus être ce qu'il a été, ni elle ne peut plus avoir pour lui
d'autres sentiments que ceux d'une haine mortelle. Voilà le malheur — voilà la blessure. — Quel
moyen de guérison et de réparation ? C'est là ce qui, selon moi, dépasse les
forces de l'esprit. Il a tant de respect pour sa souveraine en toutes choses,
qu'assurément bien peu d'hommes sont instruits de cette douleur, et afin
d'écarter d'elle le blâme et l'opprobre, aujourd'hui publics, il
abandonnerait, je crois, ce pays pour tout le reste de ses jours[5]. Quel est donc le
secret qui confond l'honnête correspondant, secret que milord de Murray a
confié à si peu de monde, et qui pourtant est dans toutes les bouches,
puisque le blâme est général ? Si le fait est déjà public en Écosse, pourquoi
ces demi-mots ? Pourquoi l'ambassadeur, au lieu d'instruire son gouvernement
par des indications précises et catégoriques, lui donne-t-il une énigme à
deviner ? Pourquoi aussi les autres documents de l'époque sont-ils muets à
cet égard ? Nous sommes obligés de descendre jusqu'en 1836, à M. Frédéric de
Raumer qui, prenant toutes ces dépêches au pied de la lettre, conjecture
qu'il doit être question de certaines habitudes de mœurs regardées, dit-il,
comme licites chez les Séleucides et les Lagides, et que l'on a imputées aux
Valois[6]. Il ne va pas
plus loin ; mais soyons plus hardi et tranchons le mot : ces mœurs d'Antioche
et d'Alexandrie, c'est l'amour incestueux du frère et de la sœur. Il faudrait, pour motiver une accusation si monstrueuse et concordant si peu avec l'attachement de Marie pour Darnley, autre chose que des paroles vagues débitées en style sibyllin. Il faudrait aussi d'autres garants que Randolph et Murray. Le premier est un ennemi connu ; le second, dépeint comme si respectueux envers sa souveraine, au point que, pour purger sa bonne renommée de telles ombres, il se condamnerait volontiers à un exil perpétuel, n'a pas fait autre chose que de bâtir complots sur complots, résolu à tout prix de la renverser et de prendre sa place. Méditant contre sa sœur l'agression la moins motivée, il prend la précaution de la calomnier près des Anglais et d'armer contre elle la pudeur fardée d'Élisabeth. S'il y avait ici le moindre fondement, comment les lords n'en auraient-ils pas argué deux ans plus tard, lorsque, ayant à motiver la déposition de la reine, ils ne craignirent pas de l'accuser d'avoir machiné la mort de son propre fils ? Et Buchanan, qui a entassé tant de calomnies, sans reculer jamais devant l'excès de l'exagération, comment a-t-il fait grâce à cette grande coupable de la plus révoltante de ses aberrations ? Cela suffit sur ce chef qui ne s'est jamais affirmé, qui jamais n'a pris fin corps. Mais l'examen en est instructif, parce qu'il manifeste la tactique des ennemis de Marie Stuart. Cependant Randolph, naguère avocat si pressant de la candidature du comte de Leicester et prôneur des perfections de la reine d'Écosse, dont il vient de se faire subitement le détracteur passionné, sent qu'il doit s'expliquer avec le comte sur cette palinodie. Il s'en acquitte le 18 octobre 1565, cinq jours après la dépêche précédente[7]. Il déclare qu'elle n'est plus cette Marie Stuart qu'il a scrutée – scrutinised — pendant quatre ans presque jour par jour, et décrite comme une créature dont les perfections passaient la croyance de qui ne l'avait pas vue. Mais, ajoute-t-il, c'était le temps où il s'imaginait qu'elle allait épouser son noble patron, et tout le changement qu'il déplore en elle est l'effet de l'infatuation, depuis qu'elle est devenue la femme de Darnley. — Tant que j'ai vu Votre Seigneurie en créât à cette cour, ce n'était pas un faible plaisir pour moi que de vous informer de temps en temps de la situation. Quelquefois je vous entretenais de la reine, quelquefois des dames et des jeunes filles. Alors je me sentais heureux, et je jouissais de la vie, et je ne me félicitais pas médiocrement en moi-même de la vie que j'aurais menée, si, grâce à mes services et à mes efforts, les deux pays avaient pu s'unir en un seul ; et que Votre Seigneurie, à qui j'ai tant d'obligations, eût possédé la reine de céans. Mais Marie s'y est refusée, et alors quel changement ! Je peux bien affirmer que je n'ai jamais connu par moi-même ou par ouï-dire de femme plus volontaire, pour abonder plus obstinément dans son sens, sans ordre, raison ni discrétion. Son mari, sur tous ces points, et bien pis encore, la laisse loin derrière lui. Son conseil n'est que gens sans prudence, ni honnêteté. Elle-même et tout ce qui lui appartient, sont l'objet de mauvais bruits et de discours tels qu'on ne peut rien imaginer de pire que ce qui est dans toutes les bouches. Ces choses, je n'en doute pas, Votre Seigneurie va les trouver étranges, et surtout que ce soit moi qui les confirme ! moi qui tant de fois, en parlant et en écrivant, ai célébré ses louanges :avec tout ce que ma langue pouvait dire et mon esprit inventer, en tout lieu et place où j'allais, tellement que Votre Seigneurie sait quelle peine j'avais à trouver créance chez bien des gens. Et maintenant, je crains de donner prise au reproche, ou bien d'inconstance, puisque me voilà si loin de mon opinion première, ou bien de manque de jugement, puisque je n'ai pas su voir ce que je découvre aujourd'hui. A cela je réponds que si j'avais été le seul à la juger ainsi, et que mon sentiment n'eût pas été confirmé par mainte autre personne à qui je devais m'en rapporter d'après une étude approfondie des circonstances et des relations, on pourrait fort bien penser en effet que mes jugements ont été légers et mes rapports irréfléchis. Mais si. Votre Seigneurie a trouvé que tout ce que j'ai pu dire ou écrire à la louange de la reine était confirmé au monde entier par l'un, l'autre et chacun, que dire de moi, sinon qu'avec eux tous je racontais ce que je trouvais, et qu'aujourd'hui elle est tellement changée de nature, qu'elle ne garde plus que l'apparence de la femme qu'elle était auparavant ? Epuisons ce curieux plaidoyer. Leicester dira peut-être qu'il l'a échappé belle, et qu'en épousant Marie il se serait mis une étrange femme sur les bras. Randolph le rassure : Il n'aurait pas été déçu en contractant ce mariage sur ses recommandations ; car tout ce qui s'est montré de mauvais en elle provient de son désappointement d'avoir manqué un si bon mari. Quand elle vit qu'elle ne pourrait pas l'avoir, elle donna pleine licence à l'humeur générale du sexe, et ne s'inquiéta plus de ce qu'il adviendrait d'elle-même et du pays. — Conclusion : Non, je ne me trompais pas dans mon premier jugement sur elle ; et je ne puis que déplorer sa malheureuse destinée et son déshonneur — her hard fortune and defame — de la voir arrivée à cette extrémité que la grande réputation et renommée qu'elle avait acquise par sa vertu et sa sagesse s'en est allée à vau l'eau, comme si elle n'avait jamais possédé ni l'une ni l'autre. Le comte de Leicester ne fut pas convaincu et fit des reproches à l'injurieux ambassadeur[8]. L'histoire non plus ne se paye pas de telle monnaie. Nous n'admettrons pas que Marie Stuart ait changé du tout au tout, de ce qu'il y a de plus parfait à ce qu'il y a de pire, soit par l'orgueil d'avoir ;épousé Darnley, soit par le dépit de n'avoir pas épousé Leicester : car Randolph nous offre l'une et l'autre explication, bien que l'une soit exclusive de l'autre. Mais nous recueillerons ce précieux aveu, de l'homme qui l'avait étudiée quatre années durant, qu'elle était toute vertu et sagesse ; nous mettrons le doigt sur l'époque où l'on commença de diffamer Marie Stuart et sur les motifs véritables qui inspirèrent cette odieuse tactique.. Il semble que, le système général de calomnie étant admis, on ait été incertain quant à l'application. Randolph, en faisant part à Cecil (19 novembre 1565) de la grossesse de Marie, ajoute : Je ne vous écris rien des bruits ou contes qui circulent, si ce n'est qu'assurément la liberté de parler est grande ici ; vous en penserez ce que vous voudrez[9]. Ceci n'est encore qu'une attaque à la cantonade, si l'on peut parler ainsi. Mais il y avait près de la reine deux hommes, également détestés, parce qu'ils lui étaient fidèles, Bothwell et l'Italien David Riccio. D'abord ils sont dénoncés simultanément dans ces correspondances[10]. Puis les traqueurs choisissent Riccio, secrétaire de la reine pour la correspondance de langue française, plus facile à immoler étant étranger, et à calomnier, la nature de ses fonctions l'appelant à de fréquents tête-à-tête avec Marie Stuart. Ils l'assassinèrent le soir du 9 mars 1566, à Holyrood, avec la participation de Darnley présent, sous les yeux de Marie, grosse de six mois, au risque de tuer du même coup et la jeune mère et l'enfant qu'elle portait dans son sein. Les détails de cet atroce événement ne. sont pas de notre sujet, non plus que la peinture de l'horreur et de l'indignation de la reine ; mais ses causes nous appartiennent, car elles sont inhérentes à l'état de l'Écosse et elles engendreront les malheurs de Marie Stuart. On le représenta d'abord comme le châtiment que l'époux aurait infligé au vil suborneur d'une reine sans vergogne. Depuis longtemps personne n'admet plus cette fable d'adultère. Ce fut un assassinat politique et religieux[11]. Le complot eut pour auteurs les nobles restés à la cour, Argyle, Morton, Ruthven, Maitland, etc. ; les nobles réfugiés en Angleterre, Murray, Glencairn, Rothes, Kirkcaldy de Grange et autres, qui frappèrent par la main des premiers. Leur but était de prévenir une réaction catholique imminente selon eux, et dont Riccio aurait été l'âme ; d'empêcher la reine d'user devant le prochain parlement du droit, dont l'armaient les lois d'Écosse, de révoquer les aliénations du domaine royal que les grands avaient mis au pillage pendant sa minorité ; de lui arracher de force la réintégration des bannis et la dissolution du parlement, qui devait prononcer aussi contre les fugitifs la peine de la forfaiture ; on méditait plus encore, la déposition de Marie Stuart, disons même la mort. Vieux complot, ourdi dès l'année 1561, tenté et manqué un peu avant la célébration du mariage en 1565, repris maintenant en 1566, mais qui, exécuté seulement à moitié dans le sang de Riccio, et toujours renaissant, s'accomplira eu 1567 sur le cadavre de Darnley[12]. Les grands n'osant pas prendre la responsabilité entière d'un pareil coup, avaient attiré Darnley parmi eux. Il revendiquait la couronne matrimoniale, c'est-à-dire le partage du pouvoir suprême d'égal à égal avec la reine. Elle la lui avait promise ; mais elle ajournait, effrayée du caractère despotique qu'il montrait, et de ses habitudes d'ivrognerie. Il attribuait cette résistance à Riccio. Les nobles firent miroiter devant lui l'appât de régner seul sous le titre de roi d'Écosse[13]. Ils affectèrent de lui dire, et il affecta de croire que ce misérable David souillait son honneur : prétexte hypocrite, qu'il abandonna dès que le crime eut été consommé. Jamais il n'incrimina directement, ni par allusion, la fidélité de sa femme Leurs dissentiments furent toujours politiques. Darnley, appliquant mal à propos le droit civil à la gestion des affaires d'État, prétendait gouverner en qualité d'époux, chef de la communauté. Près de lui, un mauvais génie attisait son ambition également écervelée et criminelle : c'était son père. Peu d'hommes, même à cette époque, méritent autant la flétrissure que ce comte de Lennox. Qu'on en juge. Ayant pris part avec les Anglais à leur invasion de 1547 en Écosse, il fut abandonné de plusieurs Écossais qu'il avait forcés de reconnaître la souveraineté de l'Angleterre et de lui livrer douze enfants en otage. De retour à Carlisle, le monstre se saisit des enfants ; il en fit pendre onze. Le douzième avait la corde au cou, quand le soldat qui devait l'exécuter se trouva mal et ne voulut jamais l'achever. Il fallut bien l'épargner[14]. A partir de ce moment, Lennox eut horreur de la solitude. Il ne pouvait pas être quelque part livré à lui-même, sans éprouver des angoisses de terreur, non pas de remords, car il n'était pas homme à se repentir. S'étant jeté de nouveau sur sa patrie, il parut saccager de préférence les châteaux où vivait son beau-père, ou qui avaient abrité les jeunes années de sa propre femme. Il ressentit toute sa vie le fiel et la fureur des
convoitises inassouvies. Avant d'être père de Marie, Jacques V, en haine des Hamiltons,
lui avait promis de l'adopter pour son successeur[15]. La naissance de
Marie avait dissipé ce rêve, mais déposé au fond de son cœur les ferments de
la haine contre celle qui venait lui fermer ce brillant avenir à peine
entrevu. En 1551, il avait été compromis dans un complot de Robert Stuart,
archer de la garde écossaise en France, dont l'objet, d'après l'aveu du
coupable lui-même, était d'empoisonner Marie Stuart afin
de placer le comte de Lennox, qui était bien disposé pour la foi réformée,
sur le trône d'Écosse en écartant le seul obstacle qui l'en séparât[16]. Tout autre se
serait tenu pour satisfait après le mariage de son fils, puisque désormais
les aspirations des Lennox et les droits incontestables des Stuarts devaient
se confondre chez l'héritier issu de leur sang. Mais il lui fallait la
satisfaction actuelle et personnelle. Le comte ne cessa pas d'exciter son
fils à exiger la couronne matrimoniale, et de semer la zizanie entre les deux
époux, au point que Marie Stuart s'écria, dans une douloureuse impatience,
qu'il eût mieux valu que son beau-père ne remit jamais le pied en Écosse[17]. Le pardon
qu'elle accorda sagement au duc de Châtelleraut, complice peu dangereux de la
révolte de Murray, à condition toutefois qu'il passerait cinq années en
France, exaspéra Lennox qui visait le comté d'Arran dans les dépouilles des
Hamiltons, mais qui surtout aurait voulu être débarrassé d'une famille dont
les titres primaient les siens dans l'ordre de la succession au trône. Ce fut
cet appât de royauté qui jeta le père et le fils dans la conspiration contre
celle qui leur avait rouvert l'Écosse, le chemin de la grandeur après le long
exil, contre leur belle-fille et femme, contre leur enfant, celui qu'elle
allait bientôt leur donner et qui tiendrait de la nature la plénitude de tous
leurs droits. Ils signèrent donc avec les mêmes nobles qui, en juillet
précédent, avaient tenté de les assassiner l'un et l'autre, un bond, ou acte
d'association portant que ceux-ci procureraient à Darnley la couronne
matrimoniale, et, en cas de mort de la reine, le feraient déclarer légitime
successeur, et son père héritier immédiat de la couronne après lui ; et
qu'ils poursuivraient, tueraient, extirperaient tout opposant[18]. Ce fut Lennox
en personne qui alla en Angleterre, à Newcastle, chercher
la signature de Murray[19]. Ces abominables
projets sont attestés dans la correspondance des agents anglais : Je sais, écrit Randolph à Leicester (Édimbourg, 13 février 1566), je sais d'une manière certaine que la reine se repent de
son mariage, qu'elle hait Darnley et tous ses parents. Je sais que lui-même
n'ignore pas que quelqu'un partage ses faveurs avec lui ; je sais qu'il
existe des pratiques conduites par le père et le fils pour s'emparer de la
couronne malgré elle. Je sais que si le projet réussit, on coupera la
gorge à David du consentez ment du roi, d'ici dix jours. J'ai appris des
choses encore plus atroces que celles-ci, des choses dirigées contre la
personne de la reine[20]. Naturellement, les conjurés avaient demandé et obtenu
l'assentiment secret de l'Angleterre. Le 6 mars 1566, Randolph et Bedfort
écrivirent de Berwick à Élisabeth qu'un événement qui n'était pas de petite
conséquence était imminent en Écosse ; quant aux détails, ils s'en référaient
à leurs dépêches à Cecil. Le même jour, ils écrivaient à ce dernier qu'ils avaient
promis que personne, sauf la reine – Élisabeth —, Leicester, lui, et eux, ne
saurait la grande entreprise qui était à la veille de s'exécuter. Ils
ajoutaient quant aux choses convenues entre le roi et les conjurés : si la reine ne cède pas à la persuasion, ils comptent agir
nous ne savons pas comment — lisons, assassinat. — Si elle est en état de ramasser quelques forces indigènes,
on lui résistera et on la mettra à l'abri de tous autres conseils que ceux de
sa noblesse — lisons, captivité ; — c'est exactement la formule que
l'on emploiera plus tard pour l'emprisonner à Lochleven. Si elle cherche de l'appui à l'étranger, alors Sa Majesté
la reine, notre souveraine, sera requise et suppliée de se charger de la
défense du roi et des lords avec des offres raisonnables, propres à la
contenter[21]. Exactement
encore ce que l'on dira en 1567. On invoquait l'intérêt de l'Angleterre, et aussi celui de la foi. Que n'auraient-elles pas à craindre si Marie et son époux succédaient un jour à la couronne ? Il faut, mandait Randolph à Cecil, faire quelque chose pour rendre impossible une telle éventualité[22]. — A Leicester : Si jamais Votre Seigneurie donnait son consentement à ce qu'elle ou son mari succédassent à notre souveraine, vous agiriez contre Dieu et votre patrie, et vous attireriez sur notre nation le plus grand fléau que l'enfer eût vomi[23]. Se débarrasser par Darnley de la mère et de l'enfant, héritiers importuns des Tudors, voilà quel but au fond se proposait la politique anglaise[24]. Enfin, pour terminer cette analyse des causes de la mort
cruelle de Riccio et des passions de toutes sortes qui déchiraient l'Écosse,
les fanatiques avaient soif du sang du papiste. Knox et les ministres
s'efforcèrent d'allumer la furie du peuple avec Darnley lui-même, à ce qu'ont rapporté ses complices, voulut que le coup fût frappé en présence de sa femme[26]. Mais aussi aveugle que féroce, ce malheureux enfant gâté ne comprenait pas qu'aussitôt le crime consommé, la conscience publique éclaterait contre lui avec tant de force, que Murray, Morton n'auraient plus que l'embarras du choix entre les moyens de le renverser ou de l'envoyer rejoindre ses victimes, et qu'il n'aurait fait que leur livrer l'accès du pouvoir au prix de son honneur et de sa vie. Bothwell n'était pas de la conspiration. Il se conduisit honorablement dans cette crise. Surpris à Holyrood avec Athol, Huntly, Sutherland et sir James Balfour, aussi bien que Marie Stuart, il essaya d'abord, à la tête de quelques valets et des gens de cuisine armés au hasard, de dégager sa souveraine ; mais la troupe de Morton, beaucoup plus nombreuse et mieux équipée, leur barra le chemin et les repoussa dans une galerie basse. On leur réservait le sort de Riccio. Le malheureux Italien égorgé, lord Ruthven redescendit à la hâte. Il voulut d'abord avec de belles paroles attirer les lords dans son parti ou bien endormir leurs soupçons. Bothwell, Huntly et sir James Balfour feignirent de s'y prêter ; puis, à la faveur de la confusion qui remplissait le palais, ils se laissèrent glisser par des cordes, d'une fenêtre dans un jardin écarté[27]. Darnley cependant, éclairé trop tard sur sa propre folie, son crime et les vues des meurtriers qui délibéraient sur la vie ou la mort de la reine captive, reconnaissant qu'il avait été leur dupe, revint à sa femme. Elle lui pardonna ; et tous deux cherchèrent les moyens de se sauver de l'abîme où il s'était jeté les yeux ouverts. Il repoussa comme trop hasardeux un plan d'évasion que Bothwell lui fit parvenir pour la nuit suivante. Prudent et habile pour la première fois, il trompa la surveillance de ses maîtres dans la nuit du 11 au 12 mars. Dès que le couple royal eut gagné Dunbar en sûreté, Bothwell et Huntly y accoururent. L'Écosse soulevée ramena Marie Stuart en triomphe à Édimbourg, le 18 mars, tandis que les assassins de Riccio allaient chercher près d'Élisabeth la protection qu'elle ne refusait à aucun des attentats commis contre sa cousine. Ainsi la conjuration contre Riccio avait réussi en tant qu'assassinat ; mais elle avait manqué comme coup politique par l'évasion de Bothwell et de ses amis, l'évasion de la reine et la rupture de Darnley avec ses complices. Dès lors entre eux et lui s'éleva une haine à mort. Ruthven, devinant à Holyrood qu'il voulait leur dérober la prisonnière, avait protesté que, s'il s'ensuivait une effusion de sang ou quelque dommage, tout retomberait sur sa tête et celle de sa postérité, et non sur la tête des lords[28]. Le roi fut dès ce moment l'obstacle essentiel contre lequel se tramèrent leurs nouvelles machinations avant d'en venir directement à la reine. Ils y employèrent tout un an (mars 1566-février 1567). Cependant la cause principale qui avait tourné le crime à la confusion de ses auteurs, c'était la popularité dont la reine jouissait. Ils avaient dû fuir, parce qu'ils s'étaient trouvés dans le vide. Dès lors aussi, et plus que jamais, ayant éprouvé à leur dam combien la position de la jeune princesse était solide, ils s'attachèrent à la déshonorer, seul moyen de lui ôter l'affection et le support du peuple, et d'éloigner d'elle par le dégoût et l'horreur l'opinion publique en Europe. Ce plan s'exécuta dans sa plénitude en ce qui regarde
Bothwell. Leur instrument d'élection fut un des cicéroniens écossais, George
Buchanan (1506-1582). Pendant les
agitations d'une vie aventureuse qu'il partagea entre Quand vint le malheur, par où elle les surpassa tous,
Buchanan se mit du côté du plus fort et du plus riche. Cela n'est pas tare
sans doute ; mais ce qui est rare, c'est l'incroyable impudeur de son
apostasie, la rage avec laquelle il déchira sa bienfaitrice, l'énormité des
calomnies qu'il vomit contre elle. En 1568, il écrira sur la commande du
comte de Murray, pour l'instruction du gouvernement anglais, le pamphlet de Mais un instant traversons les années ; écoutons les
artisans de ces trames ; écoutons-les se dénoncer plus tard eux-mêmes Tout bien considéré, écrit à Cecil (Bolton, 20 octobre 1568) sir Francis
Knollys, un des premiers gardiens de la captive sur le sol anglais, tout bien considéré, je ne vois pas que Sa Majesté –
Élisabeth — puisse avec honneur et sûreté détenir
celte reine, à moins de la perdre absolument aux yeux du monde[34]. Et lord Cecil à
l'ambassadeur d'Angleterre en France en 1571 : Vous
ferez bien d'avoir plusieurs exemplaires du petit livre latin de Buchanan
— Toutefois, ceux qui ont fabriqué après coup ces pièces accusatrices n'ont pas songé qu'il existait de véritables pièces historiques, qui, écrites sincèrement aux époques qu'ils voulaient décrier, les convaincraient un jour d'imposture. Buchanan et l'auteur du Journal de Murray ont dépeint les déportements supposés de Marie et de Bothwell ; ils ont simulé audacieusement la vérité par un détail circonstancié de dates, de lieux et de personnages ; voici que des archives d'Angleterre et d'Ecosse sortent les documents authentiques, les uns trop négligés jusqu'ici, les autres ignorés. Ils démentent fait par fait, jour par jour, les imputations dirigées contre Marie Stuart. Ils détruisent de fond en comble l'édifice de calomnies dont nous venons de voir les assises premières, et qu'avec un art inouï la faction triomphante éleva, pour y ensevelir sa victime dans l'ignominie et l'exécration. Reprenons le récit. |
[1] Lettre du 14 novembre 1562 ; Keith, p. 232 ; Chalmers, III, p. 544-5.
[2] Miss Strickland, IV, p. 21, 161.
[3]
Documents sur l'histoire moderne, 1re partie, Elisabeth ; Marie
Stuart, par Frédéric de Raumer, Leipzig, 1836. (Beitrage sur neueren Geschichte aus dem
britischen Museum und Reichsarchive, erster theil.)
[4] Keith, p. 301 ; miss Strickland,
IV, p. 161 ; Randolph à Cecil, Édimb.
[5] Miss Strickland, IV, p. 214-5 ;
Frédéric de Raumer, p. 91 et suivantes : And to have
this obloquy and reproach of her removed that is now common, I believe he would
quit his country all the days of his life.
[6] Cité plus haut ; voyez p. 93 du volume de M. de Raumer.
[7] Voyez miss Strickland qui a fait usage de cette lettre la première, t. IV, p. 217-9.
[8] Miss Strickland, IV, p. 248.
Throckmorton blâma aussi
[9] Miss Strickland, IV, p. 226.
[10] Miss Strickland, IV, p.
219-229.
[11] Voyez dans Goodall, t. I, p. 264, la lettre de Norton et Ruthven à Thrace merlon, 2 avril 1566, lettre aussi précise que curieuse. Ils ne disent pas un mot de l'intrigue prétendue entre Riccio et Marie. Ils ont été mus par le désir de venir en aide à leurs frères exilés et à la religion. Ruthven mourut un mois après, 6 mai.
[12] Voici ce que Throckmorton, ambassadeur anglais en Écosse, écrira le 26 juillet 1567, à Leicester et à Cecil, après l'abdication forcée de Marie Stuart à Lochleven, et avant le couronnement du jeune Jacques VI : Il est à craindre que cette tragédie ne finisse dans la personne de la reine, après le couronnement du prince, de la même manière qu'elle a commencé avec l'italien David et le mari de la reine. (Miss Strickland, t. V, p. 371.)
[13] M. Mignet attribue (t. I, p. 208) l'initiative de tout ce complot à Darnley qui aurait gagné successivement George Douglas, Ruthven, Lindsay, Morton. Telle est aussi l'opinion de Tytler (t. V, p. 332, édit. 1835). Mais l'historien écossais ne remarque pas qu'il se contredit, puisqu'à la même page il a dit : Cet atroce expédient (le meurtre de Riccio) n'était pas nouveau. Car les semences d'une conspiration ébauchée contre le favori étranger avaient été répandues quelque temps auparavant...., et à la page 333, que les ennemis de Marie Stuart, exploitant le mécontentement de Darnley de œ qu'il n'avait pas la couronne matrimoniale, lui persuadèrent que Riccio en était la cause unique. Ruthven, dans le récit qu'il a laissé de la conspiration, dit que ce fut le 10 février que Darnley lui fit faire les premières ouvertures par George Douglas. (Keith, App. p. 119.) Or une lettre de Randolph à Cecil, citée par Goodall, t. I, p. 274, prouve que déjà le 2 février les nobles songeaient à renverser le gouvernement de Marie Stuart. Nous pourrions apporter encore d'autres preuves.
[14]
Miss Strickland, t. II, p.
[15] Miss Strickland, t. III, p. 34. — Tytler, t. IV, p. 291, édit. 1845.
[16] Miss Strickland, t. II, p. 137, d'après les pièces et documents relatifs à l'Histoire d'Écosse de Teulet.
[17] Miss Strickland, t. IV, p. 229, d'après une lettre de Randolph à Cecil, 3 décembre 1565.
[18] Miss Strickland, t. IV, p. 265-267, d'après le bond encore existant à Melvil dans le chartrier du comte de Leven, et publié par Maitland (Miscellany). Les autres bonds sont semblables à celui-ci, excepté qu'ils ne font pas mention du droit de succession dévolu à Lennox après son fils.
[19] Tytler, t. V, p. 337. — Miss
Strickland, t. IV, p. 266.
[20] Traduction de M. Mignet, t. I, p. 209, d'après Tytler, t. V, p. 334, édit. 1845. Nous étant imposé la stricte loi de ne pas remanier les textes dans nos citations, nous avons donné ce passage en entier. Les premières lignes qui accusent les mœurs de Marie Stuart sont depuis longtemps reconnues calomnieuses par tout le monde. C'est le mot d'ordre, le prétexte de la conspiration dans la bouche d'un méchant homme ; déjà le lecteur a pu apprécier ce que vaut Randolph. Veut-on sur lui le jugement de James Melvil, qui pourtant avait trahi Marie Stuart quand il écrivit ses mémoires ? Comme Néron se tenait sur un endroit élevé de Rome pour contempler l'incendie de la ville que lui-même avait allumé, ainsi martre Randolph se délectait à suivre de l'œil les flammes qui dévoraient l'Écosse ; et dans ses lettres à quelques-uns de la cour d'Angleterre, il se glorifiait d'avoir mis les choses en tel état que le feu ne s'éteindrait pas aisément. Alors, dès que sir Nicolas Throckmorton en fut informé, il l'écrivit en Ecosse à mon frère et à moi, et nous avertit de quelle manière on nous traitait, flétrissant à la fois mettre Cecil comme le chef, et martre Randolph comme l'exécuteur. Cité par miss Strickland, t. IV, p. 252.
[21] Tytler t. V, p. 340, 341, édit. 1845.
[22] Lettre du 10 février 1566. — Miss Strickland, t. IV, p. 251.
[23] Lettre du 10 février 1566. — Miss Strickland, t. IV, p. 250.
[24] C'est ce que miss Strickland, si sûre et si véridique, affirme résulter de la correspondance de Bedford et de Randolph avec Elisabeth et Cecil, pendant les mois de février et de mars 1566 ; t. IV, p. 262.
[25] Goodall, t. I, p. 247-9.
[26] Récit de Ruthven, rédigé à Berwick, sur le territoire de la complaisante Elisabeth et daté du 30 avril 1566. Cette pièce à laquelle on a donné une importance excessive (voyez Keith, App. p. 119), se complète par une lettre de Bedford et de Randolph, Berwick, 27 mars, d'après les indications de Ruthven (Robertson, pièces hist. XV). Elle tend à établir que la reine n'aimant plus son mari, était très-froide et réfractaire à l'amour de ce dernier. Ruthven, aussitôt après le meurtre, revient lui faire un beau sermon sur le devoir du mariage. Séance tenante, il obtient que Marie donne un rendez-vous à Darnley. Celui-ci n'y vient pas, parce qu'il s'est endormi trop profondément (il semble qu'il ne se soit rien passé dans ce palais). Cette histoire, déjà ridicule en elle-même, achève de perdre tout crédit par un billet du 2 avril que Ruthven et Morton adressèrent de Berwick à Cecil, en même temps que leur premier travail, et que l'on conserve au Paper-Office : ils lui envoient, disent-ils, le brouillon de leur récit du meurtre de David. Ils expriment le désir qu'il le corrige et le leur renvoie, afin qu'on le fasse circuler en Ecosse et ailleurs, pour empêcher les faux rapports. (Chalmers, t. II, p. 352, note u.) Or en principe, Keith, ce modèle de la sincérité historique, fait observer (p. 364, note g) qu'il n'y a pas de papiers plus trompeurs sur Marie Stuart que les papiers de Cecil ; qu'il en a vu à la bibliothèque Cotton un très-grand nombre dénaturés et interpolés de la main du ministre, pour noircir la reine d'Ecosse. Tout ce qui, dans l'écrit de Ruthven, concerne la vie conjugale de cette princesse, avec l'intention d'insinuer qu'elle réservait pour d'autres l'amour qu'elle aurait refusé à Darnley, est donc très-suspect et de nul poids. Mais ce qui est frappant, c'est l'assertion réitérée que Riccio était l'ennemi de la noblesse.
[27] Voyez le récit riche et complet de miss Strickland, IV, p. 293, 294, 307.
[28] Keith, Append., p. 128, 179.
[29] Dargaud, Histoire de Marie Stuart, I, p. 62.
[30] Miss Strickland, III, p. 62, 63, 75, 96, 124. — Brantôme, Marie Stuart, p. 140, édit. Panthéon littéraire.
[31] Lettre de Randolph à Cecil, 3A avril 1562, citée par miss Strickland, III, p. 298.
[32]
Buchanan, t. II, Épigrammes, lib. III :
Virtute, ingenio, Regina,
et ratinera formae
Felicibus felicior majoribus,
Conjugii fructu sed felicissima....
[33] Voici le titre de ce pamphlet :
Detectio sive de Maria Scotorum regina, totaque ejus
contra regem conjuratione, foedo cum Bothuelio adulterio, nefaria in maritum
crudelitate et rabie, horrendo insuper et deterrimo ejusdem parricidio, plena
et tragica plane historia. — Item. Actio contra Mariam, In qua ream et conscium
esse eam hujus parricidii, necessariis argumentis evincitur ; ad illustrissimam
Elizabetham, serenissimam Angliae reginam, auctore Georgio Bucbanano Scoto.
[34] Unless she
shall be utterly disgraced to the world. Goodall,
Append., p. 161. Chalmers, II, p. 315, note k.
[35] For they will serve to good effect to disgrace her ; which must be done, before other purposes can be attained. Goodall, t. I, p. 25. — Chalmers, III, p. 345, note 9.