LA TERREUR

TOME SECOND

 

LE TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS.

 

 

VIII. — LA CONSPIRATION DES PRISONS : BICÊTRE. — LE LUXEMBOURG.

 

Depuis longtemps, l'idée d'une extermination en masse des prisonniers était entrée dans l'esprit des hommes du Comité de salut public. Les retenir en prison devenait impossible avec le nombre croissant des arrestations. Les déporter ne paraissait pas sûr : Il n'y a que les morts qui ne reviennent pas, disait Barère[1]. Le jour même où était votée la loi des suspects (sinistre coïncidence), Collot-d'Herbois, à propos d'un projet de déportation à la Guyane Française, s'écriait : Il ne faut rien déporter[2]. Pour se donner le droit de traiter tous les prisonniers à. peu près de cette façon, il ne s'agissait que de les transformer en conspirateurs.

Cette forme de condamnation en masse, sous prétexte de conspiration, reçut bientôt une extension redoutable.

Un ancien membre d'un comité révolutionnaire, condamné pour abus de pouvoir à douze ans de fers, et détenu provisoirement à Bicêtre, dénonça, pour gagner la faveur de la police, le complot d'un certain nombre de condamnés aux fers, qui, disait-il — car il est possible qu'il l'ait inventé —, voulaient s'évader pendant leur translation au lieu où ils devaient subir leur peine. Une première lettre resta sans réponse ; une seconde fut communiquée au Comité de salut public[3]. Là, on eut l'idée de transformer ce projet d'évasion en une conspiration contre la République, et d'y comprendre ceux des détenus dont on voudrait se débarrasser. En vertu d'un arrêté du Comité, daté du 25 prairial, Fouquier fut chargé d'aller à Bicêtre et de rechercher les ramifications du complot[4]. Il s'en acquitta à merveille. L'attentat, tel qu'il le définit, avait pour but de s'emparer des citoyens formant la force armée de la maison d'arrêt de Bicêtre, de forcer les portes de ladite maison, pour aller poignarder les représentants du peuple, membres des Comités de salut public et de sûreté générale de la Convention, de leur arracher le cœur, le griller et le manger, et faire mourir les plus marquants dans un tonneau garni de pointes. (t. I, p. 350.) C'est sur cette question posée au jury que trente-sept individus, détenus à Bicêtre pour des condamnations antérieures, furent le 28 prairial envoyés à la mort[5].

Ce procédé parut applicable à toute la foule de détenus d'une autre sorte qui encombraient les prisons ; et ce fut un moyen tout trouvé de perdre ceux contre lesquels on n'avait vraiment rien à dire[6]. Deux mois auparavant (16 germinal), Grammont le père, ancien acteur, officier de l'armée révolutionnaire, qui avait eu le triste courage d'insulter Marie-Antoinette sur le chemin de l'échafaud, Grammont le fils qui ne valait pas mieux, Lapalue, un des égorgeurs de Lyon, et quelques autres sans-culottes détenus au Luxembourg et ailleurs avaient été dénoncés comme ayant été d'intelligence avec le général Arthur Dillon d'une part et de l'autre avec le parti d'Hébert, pour forcer les prisons, égorger les Comités, etc.[7] : ce qui les fit envoyer au tribunal révolutionnaire et à la mort avec Chaumette, le fameux procureur de la Commune, Gobel, l'évêque apostat de Paris, la veuve d'Hébert et la malheureuse Lucile, la veuve de Camille Desmoulins (24 germinal). On imagina de greffer une nouvelle conspiration sur cette tige à peine coupée[8]. Étrange imagination ! Jamais religieux, jamais séminaristes, dit Beaulieu, n'obéirent avec plus de docilité à la voix de leurs supérieurs que les malheureux prisonniers de la Conciergerie et du Luxembourg. J'ai vu, ajoute-t-il, depuis ma sortie, plusieurs personnes qui ont vécu dans les autres prisons, et elles m'ont assuré que partout on avait vu la même tranquillité[9]. Et avec qui les accusait-on de conspirer ? avec ces révolutionnaires violents qu'ils méprisaient, qu'ils détestaient, qu'ils eussent plus volontiers dénoncés que servis ; avec des hommes qui, si leurs projets avaient réussi, auraient plutôt forcé les portes des prisons pour y renouveler les massacres de septembre[10].

Dans les Observations mêmes que l'auteur de la note transmet au Comité de salut public sur la prétendue conspiration de Grammont, on trouve l'aveu que la grande masse des détenus de Saint-Lazare était entièrement étrangère aux vues, quelles qu'elles aient été, de ces hommes : On ne conçoit pas, dit-il, comment on a laissé séjourner plus longtemps dans cette maison les partisans avoués, reconnus des Ronsin, des Peyreire et des Deslieux ? Comment la majeure partie des individus ci-dessus dénommés, gravement impliqués dans cette conjuration, ont été laissés avec le surplus des accusés. Surtout quand on fait la réflexion que sur six cents détenus de cette maison, tout au plus dix ou douze ont plus ou moins participé à la conjuration et que la défaveur entière est retombée indistinctement sur tous[11].

Le plan n'en fut pas moins exécuté. Le 3 messidor, un rapport de la commission des administrations civiles, police et tribunaux, instrument direct du Comité de salut public, lui faisait un rapport où se trouvaient indiqués le but à atteindre et les moyens d'y parvenir :

C'est une chose démontrée et trop notoire, disait-elle, que toutes les factions qui ont successivement été terrassées avaient dans les diverses prisons de Paris leurs relations, leurs affidés, leurs agents dans l'intérieur de ces prisons, les acteurs pour le dehors dans les scènes projetées pour ensanglanter Paris et détruire la liberté....

Il serait possible de connaître ceux qui, dans chaque prison servaient et devaient servir les diverses factions, les diverses conjurations....

Il faudrait peut-être purger en un instant les prisons et déblayer le sol de la liberté de ces immondices, de ces rebuts de l'humanité. Justice serait faite, et il serait plus facile d'établir l'ordre dans les prisons.

La commission demandait à être autorisée à faire ces recherches et proposait un arrêté[12].

Son projet, qui porte le mot approuvé et les signatures de Robespierre, Billaud-Varenne et Barère, fut suivi à la date du 7 messidor, d'un arrêté qui le reproduit en ces termes un peu plus étendus :

Le Comité de salut public charge la commission des administrations civiles, police et tribunaux de rechercher dans les diverses prisons de Paris ceux qui ont particulièrement trempé dans les diverses factions, dans les diverses conjurations que la Convention nationale a anéanties et dont elle a puni les chefs, ceux qui, dans les prisons, étaient les affidés, les agents de ces factions et conjurations, et qui devaient être les acteurs des scènes tant de fois projetées pour le massacre des patriotes et la ruine de la liberté, pour en faire son rapport au Comité dans un court délai, etc.

Signé : Robespierre, B. Barère, Carnot, etc.[13].

Par un arrêté du 17, le Comité mettait la commission en rapport direct et journalier avec l'accusateur public et enjoignait au tribunal révolutionnaire de juger dans les vingt-quatre heures ceux qu'elle lui aurait dénoncés :

Le Comité de salut public arrête qu'il sera fait chaque jour par la commission de l'administration de police et tribunaux un rapport à l'accusateur public du tribunal révolutionnaire sur la conduite des détenus dans les diverses prisons de Paris ; le tribunal révolutionnaire sera tenu, conformément à la loi, de juger dans les vingt-quatre heures ceux qui auroient tenté la révolte et auroient excité la fermentation.

Signé au registre :

Saint-Just, Collot-d'Herbois, Billaud-Varennes, Carnot, C. A. Prieur, Couthon, Robespierre, B. Barère, Robert-Lindet[14].

La commission ne perdit pas son temps. Elle commença par la maison du Luxembourg et ne manqua pas d'y trouver ce qui était l'objet de son enquête :

Il en résulte, dit-elle dans son rapport, qu'il s'y trouve un grand nombre de conspirateurs qui n'ont cessé de conjurer et conjurent encore la ruine de la liberté.... Un des leurs tombe-t-il sous le glaive de la loi, c'est pour eux un supplice sans égal ; nos armées emportent-elles une victoire sur les tyrans coalisés, c'est encore une tristesse peinte sur leur visage ; ils osent même la manifester hautement ; s'adressent-ils la parole entre eux, c'est M. le prince, M. le comte : l'égalité, en un mot, est pour eux un supplice[15].

Et elle présentait au Comité de salut public un arrêté de renvoi devant le tribunal révolutionnaire, qui contenait cent cinquante-sept noms ; noms qui furent déférés en effet, avec quelques intercalations, au tribunal révolutionnaire, le 17 messidor, comme on le voit par l'acte d'accusation de Fouquier-Tinville en date du 18. La règle des vingt-quatre heures était ici ponctuellement observée.

L'accusateur public expose :

Qu'examen fait des pièces remises à l'accusateur public, il en résulte que, si les chefs de la conspiration formée contre le gouvernement révolutionnaire sont tombés sous le glaive de la loi, ils ont laissé des complices qui, dépositaires de leurs plans, emploient tous les moyens pour les mettre à exécution. Le tribunal a connu leurs tentatives toujours infructueuses et toujours renaissantes dans les maisons de la commune de Paris appelées maisons d'arrêt, et le châtiment mérité déjà infligé à plusieurs coupables n'a pas découragé les conspirateurs.... Ils viennent encore de renouveler ces tentatives dans la maison d'arrêt du Luxembourg, ce foyer de la conspiration des Dillon, des Ronsin, Vincent, Chaumette, Hébert, Momoro et autres.

Fouquier-Tinville savait tirer parti même de la disparate du rang, de la condition, des antécédents de ces prétendus conspirateurs :

En effet, continuait-il, on remarque parmi les prévenus les dignes agents de Dillon, des ex-nobles comme lui, et qui ont voulu lui succéder sous le titre de chefs de la conspiration ; on y remarque aussi des hommes masqués en patriotes pour en imposer au peuple, et qui, sous les apparences d'un patriotisme immodéré, voulaient déchirer l'empire pour le livrer aux despotes coalisés et à toutes les horreurs de la guerre civile. Enfin, on y voit les cruels ennemis de la liberté et de la souveraineté des peuples, ces prêtres dont les crimes ont inondé le territoire français du plus pur sang des citoyens. Les moyens étaient les mêmes que ceux des conspirateurs déjà frappés du glaive de la loi. Le despotisme, le fanatisme, l'athéisme, le fédéralisme sont réunis pour ces exécrables forfaits.

Il concluait par la formule convenue :

D'après l'exposé ci-dessus, l'accusateur public a dressé la présente accusation contre...

Pour s'être déclarés les ennemis du peuple, en tentant d'ouvrir les maisons d'arrêt, d'anéantir par le meurtre et l'assassinat des représentants du peuple, et notamment des membres des Comités de salut public et de sûreté générale, le gouvernement républicain et de rétablir la monarchie.

En conséquence, l'accusateur public requiert, etc.[16].

Dans la nuit du 18 au 19 messidor, les cent cinquante-sept prisonniers furent amenés du Luxembourg à la Conciergerie pour comparaître, comme il était ordonné, devant le tribunal. Dumas avait fait élever un immense échafaudage dans la salle, pour les y ranger et les expédier tous en une fois. Chose vraiment inouïe et qui n'a pas été remarquée : on a le jugement des cent cinquante-sept, dans la forme du moins qui a suffi pour envoyer à la mort des fournées entières d'accusés. L'acte d'accusation est transcrit avec les noms des accusés, numérotés de un à cent cinquante-cinq (avec deux numéros bis), et après trois pages et demie de blanc, vers le milieu de la quatrième, on lit, de la main du greffier, la formule ordinaire :

Fait et prononcé le 19 messidor l'an II de la République française une et indivisible à l'audience publique du tribunal à laquelle siégeaient les citoyens Dumas président, Deliége et Barbier juges qui ont signé le présent jugement avec le greffier.

Suivent les signatures Dumas, Deliége, Barbier.

Les deux premières pages de noms sont bâtonnées ainsi que la formule ; et les signatures, biffées. Mais mises après ou avant, elles n'en validaient pas moins ce jugement monstrueux[17]. Il était consommé avant même que l'on pût savoir si les accusés comparaîtraient oui ou non : et sils n'ont pas comparu ! Ce fut Fouquier-Tinville [qui recula devant la tâche ; il obtint que l'on ne procédât que par cinquante ou soixante, en trois fois. L'échafaudage fut enlevé ; et les gradins ordinaires reçurent pour la première journée (19 messidor) soixante accusés[18] : François-Gabriel de Fénelon, ancien colonel, et J. B. de Salignac-Fénelon, octogénaire, ancien prieur de Saint-Sernin, Jean - Dominique Maurin, les deux Goussainville, père et fils, les deux Mique, père et fils, les deux Lamarelle, père et fils, deux frères de Hautefort, Jos.-Ant.-Aug. de Damas, sous-lieutenant de vingt ans, Charles de Bossut-Chimay, prince d'Hénin, Aimar de Nicole premier président de la cour des comptes, Ysabeau de Monval, ex-greffier en chef au Parlement, etc. Dumas, voyant Ysabeau de Monval, lui dit d'un ton ironique : Tu dois reconnaître cette salle ?Oui, répondit Monval, je la reconnais ; c'est ici qu'autrefois l'innocence jugeait le crime et où maintenant le crime condamne l'innocence. Jean-Dominique Maurin entendant son nom accompagné d'autres prénoms, dit : Ce n'est pas moi ! — Ce n'était pas lui en effet. Il y avait un autre Morin (Jean-Clerc) sur la liste des cent cinquante-cinq. Fouquier rétablit les prénoms du réclamant sur l'acte, et le maintint sur les gradins[19] ; l'autre viendra trois jours plus tard (le 22). Le premier témoin à entendre, c'était le geôlier. Lesenne, porte-clefs du Luxembourg, interrogé, déclara qu'il n'y avait pas eu de conspiration et que s'il y en avait une, il ne pourrait manquer de la connaître. Fouquier le fit arrêter pour faux témoignage et écrouer lui-même à la Conciergerie[20]. Mais il y avait les dénonciateurs, les agents du comité dans cette trame odieuse, les Boyaval, les Beausire, les Benoît[21] ; dont un autre réquisitoire révéla plus tard l'infamie :

Un de ces témoins, dit Réal, eut la franchise de découvrir une atrocité qui avait eu lieu au tribunal. Un des accusés interpellait ce témoin de déclarer des faits à sa décharge ; et celui-ci (oubliant son rôle), faisait avec sa tête des signes qui marquaient que ce que l'accusé disait était la vérité. Lorsqu'il voulut prendre la parole, le président et l'accusateur public (qui l'avaient observé) lui dirent : Tais-toi, ne parle que lorsque tu auras quelque chose à dire contre l'accusé.

Les soixante accusés furent envoyés à l'échafaud.

Le soixantième qui figure sur cette liste fatale, l'abbé de Fénelon, était un vieillard vénérable, connu de tout Paris pour son zèle et pour sa libéralité envers les petits Savoyards. Son séjour dans la prison y avait été un véritable apostolat ; il ramenait les âmes à Dieu, attendant avec une sainte impatience que son tour vînt d'aller à lui. Il disait à un curé de Bretagne — l'auteur de ce récit même — qui se croyait à la veille de comparaître devant le tribunal comme fanatique : Ah ! que je vous félicite ! Je voudrais bien être à votre place. Quel bonheur de mourir pour avoir rempli son devoir !Le jour de la grande levée des détenus du Luxembourg, dit le prêtre breton, après que la troisième bande fut partie — c'était vers les huit heures du matin —, je demandais à tous ceux que je rencontrais : L'abbé de Fénelon est-il du nombre ? Les uns me disaient oui, parce qu'on avait emmené un de ses parents qui portait le même nom. Les autres m'assuraient qu'il n'en était pas. Et en effet on ne l'avait pas appelé.

Mais c'était un oubli. On le rappelle, il part :

Il y avait parmi les détenus deux ou trois Savoyards qu'il avait instruits et à qui il avait fait faire la première communion. Lorsqu'ils le virent aller au greffe, l'un d'eux s'écria, en versant des larmes : Quoi I mon bon père, vous allez aussi au tribunal ! Il leur répondit d'un ton paternel : Ne pleurez pas, mes enfants, c'est la volonté de Dieu. Priez pour moi. Si je vais au ciel, comme je l'espère de la grande miséricorde de Dieu, je vous assure que vous y aurez un grand protecteur. Je ne sais rien de ce qu'il dit, de ce qu'il fit jusqu'à ce qu'il fût dans le chariot qui le conduisit à l'échafaud ; mais ce chariot, et ensuite l'échafaud, furent pour lui deux chaires où il prêcha Jésus-Christ et son évangile : Mes chers camarades, disait-il à ses compagnons d'infortune, Dieu exige de nous un grand sacrifice, celui de notre vie : offrons-la-lui de bon cœur ; c'est un excellent moyen d'obtenir de Dieu miséricorde. Ayons confiance en lui ; il nous accordera le pardon de nos péchés, si nous nous en repentons. Je vais vous donner l'absolution. On dit qu'il avait obtenu de l'exécuteur la permission de parler, et que cet homme s'inclina dans le temps que le saint prêtre prononça les paroles sacramentelles[22].

Le surlendemain, 21 messidor, cinquante autres sont amenés, et dans le nombre le général d'Ornano, Auguste-François de Sainte-Marie, âgé de quatorze ans, Chambon d'Arnouville et sa femme, les deux frères Carbonnier, la maréchale de Lévis et ses deux filles, madame de Bérenger et madame Duluc, et une famille tout entière, la famille Tardieu de Maleissye[23], le père, la mère et les deux filles. Une des deux filles, mariée au comte Dubois-Béranger, avait paru exceptée d'abord ; seule de sa famille, elle n'avait point reçu son acte d'accusation : Dieu ! s'écriait-elle en versant des larmes de désespoir, vous mourrez sans moi ; je suis condamnée à vous survivre ! Elle s'arrachait les cheveux, embrassait tour à tour son père, sa sœur, sa mère et répétait avec amertume : Nous ne mourrons point ensemble ! Pendant qu'elle s'abandonnait ainsi à la douleur, l'acte d'accusation arrive. Elle ne se possède plus, court, vole dans les bras de ses parents, les embrasse de nouveau avec transport : Maman, nous mourrons ensemble ! On eût dit qu'elle tenait dans ses mains leur liberté et la sienne. Dès qu'elle entendit son arrêt de mort, une joie douce se répandit sur sa figure ; elle consolait ceux qu'elle voyait en larmes dans la troupe des condamnés : Je suis mère de famille, leur disait-elle ; voilà mon père, ma mère, ma sœur, qui vont subir le même sort que moi. Je ne saurais m'attrister d'un dénouement qui va me réunir pour toujours à eux. Elle leur parlait du séjour où ceux qu'ils aimaient viendraient bientôt les rejoindre. Et ces infortunés, continue le narrateur, se pressaient autour d'elle pour recevoir des consolations de sa bouche.

Entrée avec sa famille dans la pièce où les exécuteurs devaient venir la prendre, elle tira de son sein une paire de ciseaux qu'elle y avait cachée, et dit à sa mère : Je vais vous couper moi-même les cheveux ; il vaut mieux que cet office soit fait par votre fille que par le bourreau. Elle rendit le même service à son père et à sa sœur. Présentant ensuite à celle-ci les ciseaux, elle la pria de lui donner cette triste et dernière preuve d'amitié. C'est avec le même calme qu'elle s'avança vers le lieu de l'exécution et qu'elle reçut le dernier coup[24].

Quelques jours auparavant, cette famille avait été citée devant la commission populaire, séant au Muséum, et condamnée à la déportation comme fanatique : fanatique à l'excès, se trouvant journellement avec des prêtres et entretenant avec eux des relations suivies, ce qui pourrait amener la contre-révolution[25]. Mais M. Tardieu de Maleissye avait soixante-quatre ans, et une loi interdisait de déporter les sexagénaires. L'affaire fut donc soumise au Comité de salut public qui, passant outre, ordonna que la famille tout entière, le père, la mère et les deux filles, seraient déportés (3 thermidor)[26]. Ils étaient guillotinés depuis douze jours ! (t. I, p.383).

On guillotina même des gens acquittés, témoin ce pauvre petit vieillard, ci-devant porte-Dieu de Saint-Sauveur, dont parle Réal. Le tribunal, dit-il, n'avait pas osé pousser l'impudeur jusqu'à le condamner, parce qu'il était trop insignifiant, trop grotesque, pour que le peuple pût penser qu'il eût le secret d'une conspiration. Il l'acquitta donc ; mais en même temps il ordonna qu'il garderait prison pendant vingt-quatre heures, et qu'il serait ensuite remis en liberté, s'il ne venait pas de nouvelles charges contre lui. En conséquence, il fut descendu à la Conciergerie. Deux jours se passent sans que ce malheureux entende parler de sa sortie ; le troisième, son étoile l'avait conduit dans un guichet au moment où l'on faisait la toilette d'un condamné. On l'appelle. Croyant que c'était pour être libre, il accourt ; mais quelle est sa surprise ! on le saisit, on lui coupe les cheveux, on lui lie les mains derrière le dos. Il se démène, il crie, il pleure ; il jure ses grands dieux qu'il a été acquitté, qu'il devait être libre de la veille ; on ne l'en fait pas moins monter dans le chariot mortuaire, et il est guillotiné, quoique acquitté ![27] Mais ceci n'est pas l'affaire du tribunal, c'est une peccadille des employés de la prison.

Sur les cinquante du 21 messidor, un avait été acquitté, un second condamné seulement à vingt ans de détention, n'ayant que quatorze ans.

Le lendemain, 22 messidor, comparurent les quarante-six restant des cent cinquante-sept que Dumas eût voulu juger en une fois. A la manière dont eurent lieu les débats, tous les prisonniers, en effet, auraient pu passer le même jour. On en ale récit par l'un d'eux qui fut acquitté comme ayant un peu cru à la conspiration et l'ayant un peu dénoncée — cela résulte de ce qu'il dit lui-même, t. I. p. 393 —. On entend les témoins, c'est-à-dire les accusateurs ; on interroge les accusés l'un après l'autre sur la conspiration. Ils nient l'avoir connue ; mais on leur allègue leur titre : Tu es noble, — tu es ex-prêtre, — oratorien, — tu étais vicaire de Saint-Roch. — Tu n'as plus la parole. C'est la sentence qui coupe court à toute explication. Huit accusés furent pourtant acquittés cette fois. Quand, après les vingt minutes de la délibération du jury, l'huissier les eut appelés à la Conciergerie, les guichetiers lui demandèrent s'il y en avait d'autres : Non, dit l'huissier. Pour les autres, assez causé. Deux mots qui résument bien les débats et la sentence. Au nombre des condamnés était La Chalotais, ancien procureur général au parlement de Rennes, le général Louis Baraguay-d'Hilliers, Eyriès, capitaine de vaisseau, et, en dernier, lieu le fils de Buffon, qui invoqua vainement le nom de son père. La statue du père restait debout sur son piédestal au Muséum, et le fils montait sur l'échafaud. Parmi les prétendus complices de cette conspiration du Luxembourg, il y avait des prêtres entrés notoirement dans la prison plusieurs mois après la mort de l'auteur désigné du complot ! (t. II, p. 304[28].)

Un Ségur, détenu parmi les suspects, a décrit avec beaucoup de vérité, dans une épître à un ami, une scène de la prison à l'appel des accusés :

Un de nous s'écriait : J'aperçois des gendarmes !

Ce seul cri devenait l'affreux signal des larmes :

Est-ce vous ? est-ce moi ?...

L'incertitude tue : on veut la prolonger.

Quelle position... Dieu ! pour se soulager

Il faut être barbare et désirer qu'un autre...

Ce seul penser déchire... Ô comble de tourment !

On répand un faux bruit. — C'est lui. — Quel nom ? — Le vôtre...

On en nomme encor six. — Ciel !... Qui donc ? On attend...

La vérité funeste enfin se fait entendre :

Aux larmes que l'on voit répandre

On devine déjà tous les noms des proscrits.

Que d'horribles tableaux ! L'un pousse de vains cris,

L'autre frappe son sein en des transports de rage.

Ceux qu'on traîne au trépas... eux seuls ont du courage.

A voir ces deux partis, à juger de leur sort,

On pourrait croire absous ceux qu'on mène à la mort[29].

Riouffe complète ce tableau en retraçant le défilé à la sortie du tribunal :

C'était vers les trois heures après-midi, que ces longues processions de victimes descendaient du tribunal et traversaient longuement, sous de longues voûtes, au milieu des prisonniers qui se rangeaient en haie pour les voir passer, avec une avidité sans pareille. J'ai vu quarante-cinq magistrats du parlement de Paris, trente-trois du parlement de Toulouse, allant à la mort du même air qu'ils marchaient autrefois dans les cérémonies publiques. J'ai vu trente-cinq fermiers généraux marcher d'un pas calme et ferme ; les vingt-cinq premiers négociants de Sedan, plaignant, en allant à la mort, dix mille ouvriers qu'ils laissaient sans pain. J'ai vu ce Beysser, l'effroi des rebelles de la Vendée, et le plus bel homme de guerre qu'eût la France ; j'ai vu tous ces généraux que la victoire venait de couvrir de lauriers qu'on changeait soudain en cyprès. Enfin tous ces jeunes militaires si forts, si vigoureux, qu'on entourait d'une armée de gendarmes. Leur jugement semblait avoir fait sur eux l'effet d'un enchantement qui les rendait immobiles. J'ai vu ces longues traînées d'hommes qu'on conduisait à la boucherie. Aucune plainte ne sortait de leur bouche ; ils marchaient silencieusement et semblaient craindre de regarder le ciel, de peur que leurs regards n'exprimassent trop d'indignation. Ils ne savaient que mourir[30].

La prison du Luxembourg fournit encore un supplément à cette moisson sanglante. Le 4 thermidor, dix-huit accusés furent renvoyés, de ce même chef, devant le tribunal révolutionnaire, et dans le nombre, la vieille madame de Noailles, septuagénaire sourde et aveugle, madame d'Ayen, sa belle-fille, et la fille de celle-ci, la jeune vicomtesse de Noailles. A la veille de leur jugement, elles n'avaient eu qu'un seul désir : Rencontrer sur le chemin du supplice la main d'un prêtre qui les bénît ; et ce prêtre courageux qui les assista au péril de sa vie[31], a rendu de leur mort un témoignage bien digne d'être conservé :

Madame la maréchale de Noailles, ayant mis pied à terre, s'assit à cause de son grand âge[32] sur un banc de bois, tout près de l'instrument du supplice. Elle avait les yeux baissés et l'air fort calme, malgré les injures que quelques forcenés ne craignaient pas de lui adresser dans un pareil moment. Elle monta la troisième sur l'autel du sacrifice. Je n'avais pas oublié de faire pour elle, dit l'abbé Carrichon, ce que j'avais fait pour son beau-frère et sa belle-sœur Mouchy. Six dames furent ensuite immolées ; puis vint le tour de la duchesse d'Ayen. Elle était dans l'attitude d'une dévotion simple, noble, résignée, tout occupée du sacrifice qu'elle offrait à. Dieu ; en un mot, telle qu'elle était quand elle avait le bonheur d'approcher de la table sainte. Quelle impression j'en reçus ! Elle est ineffaçable. Je me la représente souvent dans cette attitude. Elle avait encouragé par ses discours ceux qui l'avaient précédée ; elle servit de modèle aux autres. Quand elle fut sur l'échafaud, le bourreau lui arracha son bonnet, qu'une épingle retenait encore à ses cheveux ; la douleur qu'elle en éprouva se peignit aussitôt sur ses traits, mais elle s'effaça à l'instant pour faire place à la plus angélique douceur. Sa fille eut le bonheur d'être sacrifiée aussitôt après elle. Comme sa mère, elle exhortait avant de mourir les compagnons de son supplice et s'était attachée particulièrement à un jeune homme qu'elle avait ouï blasphémer. Elle avait déjà le pied sur le sanglant escalier lorsqu'elle se tourna encore une fois vers lui et lui dit, d'un ton et avec des regards suppliants : En grâce, dites pardon ![33] — Divine parole, mouvement sublime ! N'est-ce pas un ange, l'ange de la miséricorde apportant au blasphémateur lui-même l'inspiration du repentir et la grâce du salut ? Mais que dis-je ? et combien cette image amoindrit la grandeur de la scène ! Ce n'est pas un ange, c'est une simple femme. Cette jeune femme, cette jeune mère, au pied de l'échafaud où sa grand'mère vient d'être immolée, où sa mère la précède, où le bourreau l'attend, ne songe qu'à sauver une âme ; et, déjà sur ces marches sanglantes, elle se retourne vers lé jeune malheureux pour tirer de son cœur le mot qui ouvre le ciel : En grâce, dites pardon !

 

 

 



[1] Vilate, Causes secrètes de la Révolution du 9 au 10 thermidor, p. 20.

[2] Séance du 17 septembre 1793 : Il ne faut rien déporter ; il faut détruire et ensevelir dans la terre de la liberté tous les conspirateurs ; qu'ils soient tous arrêtés ; que le lieu de leur arrestation soit miné : quo la mèche, toujours allumée, soit prête à les faire sauter, s'ils osaient, eux ou leurs partisans, tenter de nouveaux efforts contre la République. (Saladin, Rapport, p. 18.)

[3] Bureau de la Surveillance générale, 14 prairial, 15e cahier. En marge de la main de Robespierre : renvoyer à Herman ; et au-dessous : écrit le 18 prairial. (Archives nationales, F⁷, 4437.)

[4] Voyez Campardon, p. 349, 350. Arrêté du 25 prairial an II, relatif à la conspiration de Bicêtre

Le Comité de salut public arrête que les nommés Lucas, etc., seront traduits au tribunal révolutionnaire.

Autorise, au surplus, la commission des administrations civiles à traduire au tribunal révolutionnaire tous autres individus détenus dans ladite maison de Bicêtre qui seraient prévenus d'avoir pris part au complot. Signé Barère, Carnot, etc. (Saladin, Rapport, pièces n° 17, 18 et 19. Le titre porte à tort le 25 floréal.) Des arrêtés de la commission des administrations civiles, police et tribunaux envoient, en vertu de cette autorisation, des listes nombreuses de prévenus de Bicêtre au tribunal révolutionnaire (26 prairial et 7 messidor). Voyez aux Archives nationales, F⁷, 4438, pièces 10 et 13.

[5] Trente-six autres eurent le même sort le 8 messidor. Campardon, t. I, p. 371, et la liste (comprenant trente-sept noms), p. 495.

[6] Voyez les Renseignements donnés par Bourdon (Léonard) sur la conspiration de Saint-Lazare du 16 germinal : Les restes impies de Peyrère, de Desfieux, depuis la juste punition de ces deux hommes (4 germinal), se sont agités en tout sens pour faire croire qu'ils étaient les dupes de ces scélérats et qu'ils étaient destinés à être massacrés les premiers, si la conspiration de Ronsin et d'Hébert avait réussi, — mais n'ont pas tardé à se démasquer. Dès avant-hier soir, ils ont fait courir le bruit que la Convention était divisée, que le tribunal révolutionnaire avait suspendu ses débats dans la procédure des accusés actuellement en jugement — bruit tellement répandu dans le corridor du troisième, où loge la -majeure partie de ces messieurs, que plus de trente détenus de ce corridor restèrent toute la nuit sur pied, prêts à profiter de l'occasion...Lebois, l'un d'eux, avait même dit que le mouvement ne pouvait manquer de réussir, parce que les femmes dans Paris y étaient déterminées et empêcheraient bien que les accusés fussent guillotinés. (Saladin, Rapport, pièce n° 22.) — L'attribution de ce rapport à Léonard Bourdon paraît erronée.

[7] Voyez les détails que j'ai donnés sur cette prétendue conspiration dans les préliminaires du procès de Chaumette, Arthur Dillon, etc. Histoire du tribunal révolutionnaire de Paris, t. III, p. 193 et suiv.

[8] Pour que le tribunal ne manquât pas de victimes, dit Réal dans son rapport, on avait conservé une queue de la conspiration Grammont. (Histoire des prisons, t. IV, p. 260.) C'est aussi ce que dit Saladin (Rapport, p. 31), et il donne des pièces à l'appui. Voyez aussi la lettre d'Amans, aide-de-camp, à Robespierre, datée de la prison du Luxembourg. Dès le 25 nivôse, il lui dénonçait Dillon. (Courtois, Papiers trouvés chez Robespierre, pièce n° 30.)

[9] Essais, t. V, p. 287.

[10] Essais, t. V, p. 289.

[11] Saladin, Rapport, etc., Pièces, n° 22, p. 172 ; Archives nationales, F⁷, 4438.

[12] Rapport de la commission des administrations civiles, police et tribunaux, du 3 messidor, sur la conspiration des prisons. (Saladin, Rapport, etc., Pièces, n° 24).

[13] Saladin, Rapport, etc., Pièces, n° 25.

[14] Arrêté du Comité de salut public du 17 messidor. (Saladin, Rapport, etc., Pièces, n° 14.)

[15] Saladin, Pièces, n° 20 et 21.

[16] Saladin, Pièces, n. 13.

[17] Archives nationales, W 410, dossier 943, pièce 25.

[18] Sirey, sur le Tribunat révolutionnaire (frimaire an III), p.23.

[19] Ce Maurin ne figurant pas dans l'acte d'accusation, Fouquier-Tinville, au procès-verbal d'audience, se fait donner acte de l'accusation verbale qu'il a portée contre lui. (Archives, W.409, dossier 941, pièce 106.)

[20] La justification de Fouquier sur ce point est misérable. Il dit que Lesenne n'a pas été arrêté comme ayant déclaré qu'il n'y avait pas de conspiration dans la maison du Luxembourg, mais bien à raison de ses incertitudes, tergiversations, ambiguïtés et vacillations dans sa déclaration, ce qui a paru déceler un homme de mauvaise foi. (t. II, p. 293.) — Mais le procès-verbal d'audience le réfute. Il y est dit : Attendu qu'il est constant qu'il a existé dans la maison d'arrêt du Luxembourg une conspiration contre la sûreté du peuple et tendant à égorger la Convention nationale, et qu'il résulte de la déposition du témoin qu'il est impossible qu'il n'ait pas eu connaissance de cette conspiration, l'accusateur public requiert et le tribunal ordonne que Lesenne sera mis en arrestation, etc. (W 409, dossier 941.)

[21] Benoît n'est pas l'ancien et respectable concierge du Luxembourg. Il est qualifié dans la liste des témoins : ex-commissaire du pouvoir exécutif (W 410, 943, pièce 27 ; 411, dossier 945, pièce 2 ; cf. W 409, dossier 941, pièce 106). Voyez, sur chacun de ces dénonciateurs de profession, Mémoires sur les prisons, t. II, p. 170-174, et le réquisitoire qui les concerne, dans le livre de M. Campardon, t. II, p. 299, 300. — Voyez aussi, dans les Pièces jointes au Rapport de Saladin (n° 26), la déclaration d'un de ces témoins, Denis Julien, devant le Comité de sûreté générale, le 22 thermidor. (La pièce est aux Archives, F⁷, 4438.) Le 10 messidor, il avait été appelé chez le concierge par des membres de la commission de police, et interrogé sur la conspiration Ronsin et Dillon ; il n'en avait dénoncé comme complices que deux septembriseurs, Bertrand et Langlois. Quant aux rassemblements d'aristocrates, il n'en savait rien de visu, n'étant pas logé dans le même quartier. Il avait désigné un détenu, nommé Vanchelet, comme lui en ayant parlé. Pour ce qui est de ses dépositions devant le tribunal, le premier jour il ne fut pas interrogé ; le second, il ne fut même pas assigné ; le troisième, il convient qu'il a parlé contre Buffon : Je rendis compte, dit-il, du bruit public qui me l'avait signalé, dès le jour de mon entrée au Luxembourg, comme complice des égorgements que Lapalue, Bertrand et Langlois devaient exécuter dans la prison lors de la conspiration de Vincent et d'Hébert. Mais il se vante d'avoir parlé en faveur d'autres accusés ; il charge surtout d'autres témoins, et il prétend qu'il a dénoncé des projets tendant à faire périr, comme conspirateurs, même des patriotes.

[22] Traits édifiants arrivés dans diverses prisons, tirés des œuvres de M. Cormeaux, curé de Bretagne, chef de mission, décapité lui-même, un peu plus tard, cette même année. (Histoire des prisons, t. IV, p. 390.) — Le souvenir de l'abbé de Fénelon est encore vivant dans la petite commune de Saint-Sernin-des-Bois, où était son prieuré.

[23] Le nom de cette famille, dont les descendants vivent encore, a été défiguré comme le sont beaucoup de noms dans les actes. Dans les questions posées au jury, il est écrit Malesy ; dans le jugement Malesy. Dans la liste générale des prétendus conspirateurs du Luxembourg et dans le jugement biffé qui les condamnait tous les cent cinquante-cinq en une fois, on le lit avec la simple transposition d'une lettre Maliessye. (Archives, W 410, dossier 943, pièces 18, 28 et 25.) La vraie forme ne se retrouve que dans l'acte d'accusation et l'arrêt de renvoi contenant les cent cinquante-cinq accusés : MALEISSYE. (W 409, dossier 941, pièce 104.)

[24] Histoire des prisons, t. IV, p. 304-395. Le dernier trait est donné par Riouffe, un esprit fort. (Mémoires sur les prisons, t. I, p. 90.)

[25] Note commune au père et à la mère. Note analogue pour les deux sœurs. (Saladin, Rapport, etc. Pièces, n° 10, p. 127.)

[26] Saladin, Rapport, etc., Pièces, n° 10, p. 123.

[27] Mémoires sur les prisons, t. I, p. 300.

[28] Par là est confirmé ce que dit Réal dans son rapport : Ce qu'il y a de plus affreux, c'est que des citoyens qui n'étaient en prison que depuis quinze jours étaient mis sur la liste des conspirations qui avaient existé longtemps avant leur entrée. (Mémoires sur les prisons, t. II, p. 489.)

[29] Histoire des prisons, t. III, p. 146.

[30] Mémoires sur les prisons, t. 1, p. 84, 85.

[31] Le Père Carrichon, dont le récit a fourni la matière de cette partie des Mémoires de Mme de Montagu (née de Noailles).

[32] Elle avait plus de soixante-dix ans.

[33] Dauban, Paris en 1794, p. 430-435.