LA TERREUR

TOME SECOND

 

LES PRISONS DE PARIS.

 

 

VI. — LA CONCIERGERIE.

 

Si dans d'autres maisons régnaient le désœuvrement, l'ennui — un prisonnier de Sainte-Pélagie lui adresse une épître — et aussi l'inquiétude, la souffrance, la misère, à la Conciergerie, ce qui dominait, c'était la terreur.

La Conciergerie était le vestibule du tribunal révolutionnaire, la dernière station avant l'échafaud.

C'est la prison dont il est le plus parlé ; c'est là en effet que l'on arrivait de toutes les autres. La plupart des détenus, il est vrai, n'avaient guère le temps de la visiter en détail, et encore moins de la décrire. Des lettres d'adieux, des chants suprêmes, c'est tout ce qu'ils ont laissé en la traversant. Mais quelques-uns eurent l'heureuse fortune d'y être comme oubliés, et ils ont eu le loisir de raconter ce qu'ils y avaient vu.

Un anonyme en a fait une description assez détaillée qui a paru d'abord dans l'Almanach, des prisons de l'an III (94-95) et qui figure en tête du deuxième volume de l'Histoire des prisons. Elle y est accompagnée de deux récits d'un caractère plus personnel : Les Mémoires d'un détenu, pour servir à l'histoire de la tyrannie de Robespierre, par Riouffe, et l'Humanité méconnue au les horribles souffrances d'un prisonnier, par Jos. Paris de l'Épinard. La publication des Mémoires du comte Beugnot y a joint un complément d'une autorité imposante et d'un grand intérêt. En les envoyant tous les quatre à la Conciergerie, le Comité de salut public ne se doutait pas qu'il se donnait contre lui-même des témoins accablants devant le tribunal de la postérité.

La description que nous avons citée rend aux lieux dont on peut voir aujourd'hui encore une partie dans son ancien état, l'aspect redoutable, l'agitation funèbre que leur donnait la Terreur.

L'entrée, qui était sur la cour du Palais (la cour du Mai), était fermée de deux guichets, à trois pieds l'un de l'autre, gardés par des porte-clefs vigoureux. Dans la première pièce, appelée guichet aussi, siégeait le gouverneur de la maison. — Ces gouverneurs-là, dit l'auteur, sont devenus, dans le temps où nous sommes, des personnages très-considérables. Les parents, amis ou amies des prisonniers font ordinairement une cour très-assidue au concierge Richard pour se faire entr'ouvrir un guichet. On le salue profondément. Quand il est de bonne humeur, il sourit ; quand, au contraire, il est morose, il fronce le sourcil : c'est Jupiter qui fait trembler l'Olympe[1]. A main gauche, en entrant dans le guichet, était le greffe, pièce partagée en deux par des barreaux[2] ; l'une, destinée aux écritures, ayant vue sur la cour du Palais ; l'autre servant de dépôt des condamnés : c'est là qu'ils attendaient l'exécution et subissaient les apprêts du supplice que l'on appelle la toilette[3]. Vous n'avez pas vu, s'écrie l'auteur, vous qui lisez ceci, des êtres pleins de vigueur, de santé, qui portaient la sérénité de l'innocence sur le visage ; vous ne les avez pas vus à quelques heures, à quelques minutes d'une mort aussi certaine qu'affreuse, mais pourtant qu'ils attendaient avec calme. Comme moi, vous n'avez pas été à même de dire : Cet être qui respire, qui marche, qui pense, qui tout a l'heure me serrait encore la main, eh bien ! dans quelques instants il ne sera plus ; ce corps, que je vois animé, ne sera plus qu'un cadavre.... Et moi, dans quelques jours peut-être, j'aurai subi le même sort[4].

Du greffe on entrait de plain-pied dans des cachots appelés la Souricière[5]. Il faudrait plutôt, dit l'auteur, les nommer la Ratière. Un citoyen, nommé Beauregard, fut mis à son arrivée dans ce cachot ; les rats lui mangèrent à différents endroits sa culotte.... et il fut obligé de se couvrir toute la nuit la figure de ses mains pour sauver son nez, ses oreilles, etc.[6]

En face de la porte d'entrée était le guichet qui conduisait à la cour des femmes[7], à l'infirmerie et à ce qu'on nommait le côté des Douze. A droite deux cabinets où couchaient les guichetiers de garde pendant la nuit : c'est là aussi qu'on déposait les femmes condamnées à mort[8]. Près de ces cabinets était la porte qui menait au préau[9]. Il fallait, pour y arriver, franchir quatre guichets[10], laissant à gauche la chambre du conseil et la chapelle, deux pièces alors remplies de lits. La première fut la prison de Marie-Antoinette[11] ; la seconde, le lieu où les Girondins passèrent leur dernière nuit ; et ces souvenirs les feront respecter, je l'espère, au milieu des reconstructions de la maison. A droite en entrant dans la cour, à l'extrémité d'une espèce de galerie, était une double porte dont l'une entièrement de fer qui fermait le cachot surnommé, depuis les journées de septembre, la Bûche nationale, en souvenir des prisonniers qu'on y avait assommés[12]. Au fond était un escalier obscur qui menait aux salles du Palais. C'est par cette voie sanglante et par une autre pareille[13] que les accusés allaient au tribunal et en revenaient pour l'échafaud.

Grandpré, dans son rapport sur la Conciergerie en date du 17 mars 1793, déplorait déjà l'état de cette prison qui servait tout à la fois de maison d'arrêt, de justice et de force. Il y voyait des périls d'évasion, des périls de révolte ; et ce qui lui faisait craindre le soulèvement des détenus, c'était l'inhumanité avec laquelle on les entassait dans la même chambre, et les tourments incalculables qu'ils éprouvaient pendant la nuit. Je les ai, disait-il, visités à l'ouverture, et je ne connais pas d'expression assez forte pour peindre le sentiment d'horreur que j'ai éprouvé en voyant dans une seule pièce vingt-six hommes rassemblés, couchant sur vingt et une, paillasses, respirant l'air le plus infect et couverts de lambeaux à moitié pourris. Dans une autre, quarante-cinq hommes et dix grabats ; dans une troisième, trente-huit moribonds sur neuf couchettes ; en trois autres pièces, quatre-vingts malheureux sur seize paillasses remplies de vermine ; et pour les femmes, cinquante-quatre ayant neuf paillasses et se tenant alternativement debout. Il sollicite une réforme et réclame la suppression des chambres à la pistole, comme constituant un privilège et faisant une distinction barbare entre des prévenus tous égaux devant la loi. Mais les chambres à la pistole rapportaient beaucoup ; et ce n'est pas quand le nombre des prisonniers s'accrut dans des proportions si considérables que l'on pouvait modifier l'état de choses qu'il signalait par son rapport[14].

A l'époque, dit Beaulieu, où les cachots de la Conciergerie furent ouverts pour ceux qu'on appelait les contre-révolutionnaires, cette prison, la plus affreuse, la plus malsaine de toutes, était encore remplie de malheureux prévenus de vol et d'assassinat, rongés et dégoûtants de misère, renfermant enfin dans leur personne tout ce que la nature humaine peut réunir de plus horrible et de plus repoussant. C'était avec ces malheureux qu'étaient renfermés, pêle-mêle, dans les plus infects cachots, des comtes, des marquis, de voluptueux financiers, d'élégants petits-maîtres, et plus d'un malheureux philosophe ; on attendait là que les premiers venus laissassent, par leur condamnation à mort, des places vides dans des réduits à peu près aussi tristes, mais où au moins on pouvait placer un lit de camp. Jusqu'à l'obtention de ce malheureux lit, on était renfermé pendant la nuit avec les misérables appelés pailleux, au milieu d'une fange plus dégoûtante que celle où reposent les animaux les plus immondes. C'est presque toujours par là qu'il fallait passer en arrivant. On attendait les chambres à lits quelquefois plus de quinze jours ; on les payait 18 francs par mois, quoique souvent on ne les occupa qu'une nuit[15].

Il y avait donc toujours à la Conciergerie les trois régimes, des cachots, des chambres à la paille et des chambres à la pistole. Les cachots ne s'ouvraient que pour donner la nourriture aux prisonniers et vider les griaches. Rien de si horrible que les cachots de la Conciergerie, dit un auteur. Dans celui appelé Bombec, des cadavres vivants étaient couchés sur des planches dont la forme représentait des bières. Dans celui appelé Saint-Vincent, les prisonniers étaient si pressés pendant un hiver que, sur trente-neuf malheureux qui y étaient renfermés, vingt en ont été retirés vivants[16].

Allez visiter, dit notre anonyme, les cachots qui sont pratiqués dans les grosses tours que vous voyez du quai de l'Horloge, ceux qu'on appelle le Grand-César, Bombec, Saint-Vincent, Bel-Air, etc., et dites si la mort n'est pas préférable à un pareil séjour[17]. Plus d'une fois, en effet, des prisonniers détenus là provoquèrent une mort trop lente à venir : Un pauvre marchand de serre-têtes, ennuyé de ce que son tour ne venait pas assez vite, envoya à l'accusateur public une lettre datée de l'an Il de la persécution, dans laquelle il vouait à l'exécration le tribunal, demandait un roi et des prêtres. Appelé à un interrogatoire secret, on lui demanda s'il reconnaissait cette lettre : Oui, répondit-il, c'est moi qui l'ai écrite, et la preuve, c'est qu'en voici la copie, ajouta-t-il en tirant un papier de sa poche. Le malheureux fut expédié le lendemain[18].

Les chambres à la paille ne différaient des cachots qu'en ce que les détenus étaient forcés d'en sortir entre huit et neuf heures du matin pour n'y rentrer qu'au coucher du soleil. Jusque-là il fallait se morfondre dans la cour, ou, s'il pleuvait, s'entasser dans les galeries infectes qui la bordaient : destin meilleur encore, après tout, que de demeurer sur cette paille pourrie, dans ces lieux sans air, entassés jusqu'à cinquante dans le même trou[19]. C'était là qu'on voyait confondus ensemble des assassins, des philosophes, des ducs, des princes, des poètes, des financiers, des voleurs. Barnave, à ce propos, disait un jour à Beaulieu : En considérant ces hautes puissances, ces philosophes, ces législateurs, ces vils misérables ici confondus, ne vous semble-t-il pas qu'on est transporté sur ces bords du fleuve infernal dont nous parle la fable et qu'on doit passer sans retour ?Oui, dit Beaulieu, et nous sommes sur l'avant-scène. Le malheureux, ajoute-t-il, fut assassiné quelques jours après[20].

Les meurtriers et les voleurs finirent par ne plus trouver place à la Conciergerie ; mais il en resta quelques-uns, avec une sorte d'autorité sur les philosophes et sur les ducs, témoin ce Barassin dont parle Beaulieu : Voleur insigne, condamné à quatorze ans de fers (dans ses moments d'ivresse, il avouait qu'il avait bien mérité la roue), on l'avait retenu à la Conciergerie pour y passer son temps de galères dans les services les plus dégoûtants de la prison et dans l'espionnage des prisonniers. La noblesse, on le comprend, n'avait guère de titre aux égards par-devant un pareil sans-culotte. Lorsqu'il appelait le duc du Châtelet : Eh ! Châtelet, criait-il, eh ! aboule ici, eh Châtelet !Il y avait, ajoute Beaulieu, une telle égalité dans les prisons, que l'affreux Barassin avait, comme à nous, été donné pour valet de chambre à la reine[21]. Je l'interrogeais un jour sur la manière dont on traitait cette princesse infortunée : Comme les autres, me répondit-il. — Comment ! comme les autres ?Oui, comme les autres ; ça ne peut surprendre que les aristocrates. (Le malheureux était jacobin.)Et que faisait la reine dans sa triste chambre ?La Capet ! va, elle était bien penaude ; elle raccommodait ses chausses pour ne pas marcher sur la chrétienté. — Comment était-elle couchée ?Sur un lit de sangle, comme toi. — Comment était-elle vêtue ?Elle avait une robe noire, qui était toute déchirée ; elle avait l'air d'une Margot. — Était-elle seule ?Non, un bleu (un gendarme) montait toujours la garde à sa porte. — Ce bleu était avec elle ?Je t'ai dit qu'il montait la garde à la porte, mais elle n'en était séparée que par un paravent tout percé et à travers lequel ils pouvaient se voir tout à leur aise l'un et l'autre. — Qui est-ce qui lui apportait à manger ?La citoyenne Richard. — Et que lui servait-elle ?Ah ! de bonnes choses : elle lui apportait des poulets et des pêches ; quelquefois elle lui donnait des bouquets, et la Capet la remerciait de tout son cœur[22].

Barassin accompagnait encore le guichetier, lorsque, le soir, les détenus devaient rentrer dans les cachots et qu'on les parquait par chambrées : On nous comptait comme un troupeau de bêtes, dit Beaulieu ; et le prisonnier anonyme de la Conciergerie nous montre que ce n'est pas dire assez. Figurez-vous, dit-il, trois ou quatre guichetiers ivres, avec une demi-douzaine de chiens en arrêt, tenant en main une liste incorrecte qu'ils ne peuvent lire. Ils appellent un nom : personne ne se reconnaît. Ils jurent, tempêtent, menacent ; ils appellent de nouveau : on s'explique, on les aide, on parvient enfin à comprendre qui ils ont voulu nommer. Ils font entrer en comptant le troupeau ; ils se trompent. Alors, avec une colère toujours croissante, ils ordonnaient de sortir ; on sort, on rentre, on se trompe encore ; et ce n'est quelquefois qu'après trois ou quatre épreuves que leur vue brouillée parvient enfin à s'assurer que le nombre est complet[23].

Les chiens, on le voit, ont leur rôle ici, comme ils l'avaient dans toutes les prisons. J'ai dit qu'à Port-Libre les détenus avaient dû acheter celui qui les gardait la nuit. A l'Abbaye, la geôlière se présenta devant Paris de l'Épinard, escortée de trois guichetiers et de quatre chiens[24]. C'était aussi l'escorte ordinaire d'Haly quand il parcourait les corridors du Plessis[25]. On a vu tout à l'heure les chiens de la Force et comme on les dressait ; il n'y en avait pas moins à Sainte-Pélagie :

Ou si jamais je dors quelques moments,

De vingt gros chiens, renforts de nos gendarmes,

La voix bruyante et les longs hurlements

Dans tous mes sens réveillent les alarmes[26].

Mais malgré tout ce bruit, malgré leur air farouche, ils n'étaient pas toujours aussi redoutables que les guichetiers leurs collègues : témoin ce cerbère, nommé Ravage, qui, à la Conciergerie, était chargé, la nuit, de la cour du préau. Des prisonniers avaient, pour s'échapper, fait un trou (en argot un housard) : rien ne s'opposait plus à leur dessein, sinon la vigilance de Ravage et le bruit qu'il pouvait faire. Ravage se tait ; mais le lendemain matin on s’aperçoit qu'on lui avait attaché à la queue un assignat de cent sous avec un petit billet où étaient écrits ces mots : On peut corrompre Ravage avec un assignat de cent sous et un paquet de pieds de mouton. Ravage promenant et publiant ainsi son infamie fut un peu décontenancé par les attroupements qui se formèrent autour de lui, et les éclats de rire qui partaient de tous côtés. Il en fut quitte, dit-on, pour cette petite humiliation et quelques heures de cachot[27].

Un des endroits les plus singuliers de ce récit, c'est la description que l'on y trouve de cette enceinte formée toute de barreaux de fer, où l'on entrait après avoir franchi la première grille, et où l'on était admis par faveur à visiter les prisonniers. Là sur ce seuil de la mort, les femmes, les maris, les amants oubliaient tout dans le bonheur de se revoir ; mais tout à coup les condamnés, ramenés du tribunal, apparaissaient s'acheminant vers le guichet funèbre : Alors il se faisait un moment de silence, on se regardait avec crainte, puis on s'embrassait avec un tendre intérêt, et les choses reprenaient insensiblement leur cours. Mêmes scènes dans le guichet d'entrée occupé par les prisonniers du côté des Douze[28]. Rangés sur des bancs, contre les murs, les uns se caressent avec autant de sécurité et de gaieté que s'ils étaient sous des berceaux de roses ; les autres s'attendrissent, versent des larmes. Dans le greffe sont des hommes condamnés à mort qui, quelquefois, chantent. Par une fenêtre de ces cabinets dont j'ai parlé, on aperçoit, sur un lit de douleur, une malheureuse femme, veillée par un gendarme, qui attend, la pâleur sur le front, l'instant de son supplice. C'était, vers ces premières grilles, un perpétuel mouvement. Des gendarmes remplissent les guichets : ceux-ci conduisent des prisonniers dont on délie les mains et que l'on précipite dans des cachots ; ceux-là demandent d'autres prisonniers pour les transférer, les lient et les emmènent, tandis qu'un huissier à l'œil hagard, à la voix insolente, donne des ordres, se fâche, et il se croit un héros parce qu'il insulte impunément à des malheureux qui ne peuvent lui répondre par des coups de bâton[29].

Tout était ainsi en mouvement pour un départ funèbre quand M. Beugnot fut amené en ces lieux.

 

 

 



[1] Histoire des prisons, t. II, p. 4.

[2] Cette pièce est occupée aujourd'hui par le bureau du commissaire de police. Pour la retrouver tout entière, il faut faire abstraction de la cloison qui la termine et aller jusqu'au gros mur, en y réunissant ainsi le couloir sombre, compris aujourd'hui dans la Conciergerie, entre ce gros mur et celte cloison. — Il en faut dire autant du guichet où siégeait le concierge. Ce lieu se trouve aujourd'hui réduit aux proportions d'un simple vestibule, par le rétrécissement de la porte et l'élargissement de la partie à droite dont on a fait le cabinet du commissaire.

[3] Mémoires du comte Beugnot, t. I, p. 159.

[4] Histoire des prisons, t. II, p. 7.

[5] Elle avait, dit un autre récit, son entrée à gauche du greffa (Moelle, Six jours passés au Temple, etc., p. 69), et s'étendait ainsi sous le vestibule du Palais qui suit le perron, ou, par rapport à l'entresol, sous la partie obscure du dortoir actuel des cochers.

[6] Histoire des prisons, p. 8.

[7] Cette cour, aujourd'hui un peu réduite par le déplacement d'un mur, forme le préau des cochers arrêtés pour quelque délit commis dans l'exercice le leur état. — M. Dauban a publié dans son Histoire des prisons de Paris sous la Révolution, un plan de la partie restant de la Conciergerie, et quelques vues qui aident beaucoup à éclaircir la description de ces lieux.

[8] Ces deux cabinets à droite du guichet d'entrée devaient être sur l'emplacement du cabinet actuel du commissaire de police.

[9] Le préau de l'ancienne Conciergerie occupait la place qui a encore cette destination au milieu des nouveaux bâtiments ; mais il était plus grand, même sans y comprendre ses galeries.

[10] On retrouve encore ou ces guichets ou les traces qu'ils ont laissées.

[11] Il y avait non-seulement à la Conciergerie, mais à Sainte-Pélagie, à la Force, et probablement aussi dans les autres prisons, une chambre du Conseil. C'était le lieu où jadis, à la Conciergerie, les magistrats venaient recevoir les plaintes des prévenus ; le lieu où les administrateurs de pence se tenaient quand ils avaient à faire quelque interrogatoire. C'est la destination que Mme Roland lui assigne pendant sa détention à Sainte-Pélagie (Mémoires de madame Roland, t. II, p. 29). On en disposait, au besoin, pour y loger les prisonniers à la Conciergerie. Custine y était et n'en sortit que pour faire place à Marie-Antoinette. Celle de la Force, nous le verrons, était devenue aussi une chambre de détenus.

[12] S'il s'agit, comme je le crois, de la cour des femmes, on trouvait en effet au delà du mur de clôture, rapproché depuis, une petite cour, séparée de l'autre par une grille, dont il reste des traces, et où la tradition place le lieu des massacres de Septembre. On y retrouve les deux portes dont l'une est doublée de fer, et au-delà une espèce de galerie ou couloir qui contourne le fond de la chapelle pour arriver à un escalier obscur par où récemment encore on montait dans les salles du palais.

[13] Il y avait en effet deux escaliers qui menaient aux salles où siégeaient les deux sections du tribunal révolutionnaire : l'un au fond de la chapelle, dont je parlais tout à l'heure, l'autre à l'extrémité S.-O. de la salle ogivale, près de l'entrée de la vaste galerie appelée rue de Paris. Les deux salles du tribunal étaient la salle de la Liberté, ancienne Grand'Chambre, depuis Chambre civile de la Cour de cassation (brûlée), au-dessus de la salle ogivale de la Conciergerie, et la salle de l'Égalité, ancienne Salle St-Louis ou Tournelle criminelle, depuis Chambre des requêtes de la Cour de cassation (démolie), à l'O. de la tour Bombec.

[14] Voyez ce rapport reproduit par M. de Beauchesne, Vie de Madame Élisabeth, t. II, p. 192, 193.

[15] Essais, t. V, p. 290.

[16] Histoire des prisons, t. IV, p. 375. Cf. Sirey, Le tribunal révolutionnaire, p. 8. La salle ogivale avait deux étages de cachots.

[17] Histoire des prisons, t. II, p. 10. Ces dénominations ne sont pas toutes conservées. A partir de la tour de l'Horloge, tour d'angle, que l'on connaît, la tour suivante est le Grand-César, puis la tour d'Argent où était déposé le trésor de saint Louis ; la dernière est la tour Bombec.

[18] Histoire des prisons, t. IV, p. 376.

[19] Les chambres à la paille des femmes étaient au rez-de-chaussée, derrière les arcades que l'on voit encore au sud du préau des cochers (alors cour des femmes) ; les chambres à la pistole pour elles étaient au-dessus, le long de la galerie Sainte-Marie. (Voyez Histoire des prisons, t. II, p. 15, 16.)

[20] Essais, t. V, p. 294.

[21] Ce mot de valet de chambre est forcé. Son service se bornait à enlever la garde-robe. Voyez la Déclaration de Rosalie Lamorlière, publiée par Lafont d'Aussone, dans l'ouvrage déjà cité, p. 334.

[22] Essais, t. V, p. 299, 300.

[23] Histoire des prisons, t. II, p. 11.

[24] Mémoires sur les prisons, t. I, p. 148.

[25] Les prisons en 1793, p. 144.

[26] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 495.

[27] Histoire des prisons, t. II, p. 14.

[28] A l’E. de la cour des femmes, près de l'ancien parloir où fut enfermé Lavalette en 1815 et d'on sa femme le fit échapper.

[29] Histoire des prisons, t. II, p. 14.