V. — LA FORCE ET LE PLESSIS. Bicêtre, la Force, le Plessis, la Conciergerie, étaient les plus dures des prisons. Bicêtre était la demeure des plus vils condamnés. Y envoyer des suspects eût été dépasser toute mesure. Et puis surtout, on ne les aurait pas eus si facilement sous la main. La Force et le Plessis nous ont été décrits par un même prisonnier qui eut le triste avantage d'en pouvoir faire la comparaison[1]. C'est un ancien soldat qui, le 12 septembre 1793, à la veille de la loi des suspects, apprenant qu'une loi ordonnait à tous les militaires démissionnaires de quitter Paris et de s'en éloigner à vingt lieues, était venu au bureau de la guerre, pour s'assurer si le domicile dont il pouvait faire preuve l'en exemptait, ou prendre ses passeports. Il y tombe au milieu d'une foule de gendarmes, de suppôts de police, de commis insolents. Il est bien mis, il a l'air martial, le regard fier. Suspect ! On l'entraîne dans une écurie, puis on le jette dans un cachot ; après quoi on le mène avec quelques autres à la section du Mont-Blanc. Là, ils sont visités, fouillés. Autres motifs de prévention. Qui a de l'or doit le tenir de Pitt et Cobourg : conspirateur ! des assignats : contre-révolutionnaire ! des bijoux : suspect ! — On saisit les bijoux eux-mêmes comme suspects. On laissa pourtant à nos suspects un peu d'argent, et le président en prit occasion de leur adresser un discours pathétique pour les engager à contribuer, selon leurs facultés, au soulagement des autres détenus que la misère rendait plus à plaindre. Puis on les envoya à la Mairie, entrepôt général de tous ceux qui étaient arrêtés sans motifs énoncés. Cela nous vaut une première description de la Mairie, je veux dire de ses cachots[2]. On y était à la gêne : sans lit, sans chaise, rien que d'affreux matelas, où l'on faisait provision de ces compagnons parasites qui s'accommodent si bien des prisons et surtout des prisonniers. Pour la nourriture, on pouvait se ménager quelques douceurs moyennant de l'argent. Le concierge en prêtait même à qui pouvait lui rendre : petit commerce où il gagna beaucoup, plus même qu'il ne devait, et qui finit par le mener à la guillotine[3]. Notre ancien militaire resta là huit jours oublié, visité pourtant quelquefois par des administrateurs qui faisaient mille questions et n'écoutaient pas une réponse. Enfin, sur un ordre de police, il fut mené à la Force par deux gendarmes, les plus insignes coquins qui jamais aient porté l'habit bleu. Ils s'informèrent d'abord s'il avait de l'argent. D'autres ont été plus pressés, leur dit-il, et ils ne m'ont rien laissé. Ils le lièrent alors et le traînèrent ainsi jusqu'au lieu de son nouveau domicile, en l'assurant qu'incessamment il voyagerait en sens inverse. Ils s'y connaissaient bien. Il était sept heures du soir quand il arriva à la Force. Les guichetiers étaient à table, et ne crurent pas devoir se déranger pour un simple suspect : Qu'on le f..... à la souricière ! articula une voix forte. Il fallut aller à la souricière. La souricière, continue-t-il, est un cachot obscur et incommode où l'on dépose les prisonniers jusqu'à leur comparution devant le concierge. On est là livré à ses tristes réflexions. Un baquet au milieu, un pot et de la paille aux deux coins, voilà tout le mobilier. Un malheureux que j'y trouvai m'accueillit avec intérêt, me donna une partie de sa litière. — Lorsqu'au bout de quelques heures on lui apporta du pain, il se réclama d'un détenu de sa connaissance, arrivé de la Mairie la veille, et promit de payer honnêtement l'humanité de ceux qui lui procureraient un lit. Cela toucha le gardien. Le citoyen Vallez[4], monsieur grand, bien planté, ayant des façons tout à fait aimables, d'un ton vraiment imposant, me dit de le suivre. Je pris congé de mon compagnon, escorté de deux chiens monstrueux. Je fléchis la tête sous dix portes de fer et je traversai ces cours fatales où tant de victimes innocentes avaient péri dans les massacres des 2 et 3 septembre. On me signala, et je fus placé dans le département de la police. Le chien de garde vint me flairer. Dès lors je fus sous sa responsabilité, et vainement j'aurais cherché à fuir. Je l'ai vu ramener par le poignet, et sans lui faire du mal, un prisonnier qui s'était un moment soustrait à sa vigilance. Il n'y avait pourtant pas bien longtemps que cette maison était une des fastueuses demeures de l'aristocratie. En 1754, Louis XV l'avait achetée du duc de la Force pour en faire une école militaire ; elle ne devint pas école militaire. En 1780, Louis XVI en fit une prison civile, qui remplaça le Fort-l'Évêque et le Petit-Châtelet, et ne tarda guère à recevoir son baptême de sang. Un bâtiment nouveau, tout en pierre de taille et voûté à chacun de ses étages, s'éleva au milieu des jardins qui formèrent plusieurs cours plantées d'arbres[5]. Un autre hôtel, l'hôtel de Brienne, dont l'entrée était par la rue Pavée-Saint-Antoine, avait déjà été distrait de l'hôtel de la Force. En 1785, on en fit une prison de femmes, sous le nom de Petite-Force, et ce fut encore le quartier des femmes sous le régime de la Terreur[6]. Les femmes étaient donc entièrement séparées des hommes à la Force et les journées s'écoulaient tristement. Il fallait, dit notre prisonnier, vaciller aux devoirs du ménage, faire nos lits, balayer, assister aux différents appels, obéir à ces féroces geôliers, sourire à leurs cruelles inepties, payer largement le plus léger de leurs services, et recevoir souvent leurs dégoûtantes accolades. La cour où notre prisonnier allait, pendant le jour, respirer, comme il dit, un
peu d'air et beaucoup d'ennui, était séparée par un seul mur du
département occupé par les femmes, c'est-à-dire de la Petite-Force. Ce mur ne
séparait pas seulement les hommes des femmes ; il séparait les mères de leurs
enfants. Une seule voie de communication imparfaite leur était ouverte : un
égout. C'est là, dit notre auteur, que se rendait tous les matins et chaque soir le petit
Foucaud, fils de la citoyenne Kolly, condamnée à mort et qui depuis a subi
son jugement. Ce pieux enfant qui, à peine à son adolescence, connaissait
déjà toutes les misères de la vie, s'agenouillait devant cet égout infect et
la bouche collée sur le trou, échangeait les sentiments de son cœur contre
ceux de sa mère. C'est là, que son plus jeune frère, âgé de trois ans, le
seul compagnon de ses derniers moments, beau comme l'Amour, intéressant comme
le malheur, venait lui dire : Maman a moins pleuré cette nuit, un peu reposé,
et te souhaite le bonjour ; c'est Lolo qui t'aime bien, qui te dit cela. Enfin,
c'est par cet égout que cette malheureuse mère, allant à la mort lui remit sa
longue chevelure comme le seul héritage qu'elle pouvait lui laisser, en
l'exhortant à faim réclamer son corps, ainsi que la loi le lui permettait,
pour le réunir aux mânes de son époux et de son ami qui périrent le même jour[7]. Dans le temps que notre ancien militaire passa à la Force, il eut l'occasion d'y rencontrer encore plusieurs des plus notables entre ceux qui payèrent tribut à la loi des suspects et aux vicissitudes de la Révolution : nommons le duc de Villeroi, le plus nul des hommes et le plus circonspect. Personne n'avait fait plus de dons à la nation : sommes immenses, équipages, il avait tout offert à son pays. Ses gens avaient l'ordre de ne le plus servir, de faire exactement leur service dans la garde nationale ; à ces conditions, ils étaient par lui nourris, logés, vêtus. Il était riche, il faisait le bien, il fut à l'échafaud[8] ; le banquier Van Deniver, fameux par ses richesses et sa probité ; le jeune Sombreuil, que sa jeunesse, tout entière aux plaisirs, ne sauva pas du sort des conspirateurs ; Achille Duchâtelet, jeune et vaillant soldat, mutilé dans les batailles, et qui n'échappa à la guillotine que par le poison ; Custine, fils du général, le baron de Trenck, etc. C'est de là que notre prisonnier vit partir, pour n'y plus reparaître, Vergniaud et Valazé, amenés d'abord du Luxembourg en ce lieu[9], puis transférés à la Conciergerie ; là qu'il vit venir le plus grand nombre des soixante-treize députés, tirés de la Convention sur appel nominal et mis en arrestation par le décret du 3 octobre 1793, pour avoir signé une protestation secrète contre la proscription de leurs collègues de la Gironde[10]. L'un d'eux, le citoyen Blanqui, nous a raconté leur translation de la salle des séances dans un réduit infect, puis au corps de garde du pavillon national, de là à la Mairie, dans le dépôt que nous avons vu tout à l'heure, et de la Mairie à la Force ; et il ajoute quelques traits nouveaux au tableau fait de cette prison par le captif qui l'y avait précédé. Il y décrit le bâtiment neuf avec ses étages tous voûtés en pierre de taille jusqu'au plus haut[11]. Chaque étage, dit-il, ne consiste qu'en un long salon, où sont placées le long du mur des crèches ou bières, garnies de sacs de paille, avec une couverture sur chaque paire de sacs, sur lesquels il est impossible de coucher à cause de leur forme cylindrique... Nous fûmes placés, ajoute-t-il, au sixième étage avec une trentaine de malheureux qui y étaient déjà. Nous étions sans lit, et il fallut bien nous accommoder des sacs de paille qui ressemblaient bien plus à des tronçons de bois, si mieux n'aimions passer une seconde nuit debout. Le salon ne reçoit d'air que par de petites lucarnes ; le méphitisme [était] effrayant, et par surcroît d'horreur, un gros baquet, destiné aux besoins naturels de la nuit, était placé à la tête du salon[12]. Cette partie de la prison, réservée aux prévenus de vols, d'assassinats, etc., ou à la détention provisoire des criminels déjà condamnés, était alors, comme aux Madelonnettes, occupée presque en totalité par des citoyens détenus en vertu de la fameuse loi du 17 septembre 1793. Notre conventionnel finit par y trouver cette chambre de 14 pieds en carré, où ils étaient logés à huit à raison de 22 livres par mois chacun : Les lits se touchaient : la moitié
du mien était même sous celui de mon voisin, et deux autres collègues
couchaient par terre faute d'espace. Pour se mettre au lit, il fallait entrer
par les pieds, et pour rester dans la chambre, il fallait se tenir sur les
lits ou en démonter quatre ou cinq[13].... Pour y arriver, il fallait traverser une loge de cochons,
placée au pied de l'escalier. Ces animaux venaient nous incommoder jusque
dans notre gîte. Sous les fenêtres, une autre loge de cochons, et à l'autre extrémité
les latrines communes... Parlerons-nous de l'infirmerie ? On n'obtenait d'y être transféré île quand on était mourant. Et qu'était-ce que cette infirmerie ? un véritable cimetière. Là deux et souvent trois malades occupaient le même grabat, sans soins, sans ressource, sans consolation. Les maladies y étaient amalgamées de la manière la plus révoltante. La fièvre lente y gisait à côté de la putride, à côté de l'aiguë. Les visites des parents, des amis y étaient interdites. Rarement on y passait trois jours, et jamais on n'en sortait vivant. Au risque de mourir dans les bras les uns des autres, nous nous étions engagés à ne jamais permettre qu'aucun de nous allât s'ensevelir dans le tombeau fétide de l'infirmerie[14]. Il y avait, je l'ai dit, à la Force, deux cours qui pouvaient servir de promenade. Celle qui était ouverte à nos représentants se trouvait encore remplie de pierres, de briques ou de décombres. Mais nos détenus avaient a leur service des bras et du temps. Ils se mettent donc à la déblayer ; ils disposent les briques en sièges avec dossiers, en autels (ce n'était pas pour les saints) ; ils forment des terrasses qu'ils plantent d'arbustes, de gazon et de fleurs. Un prisonnier avait, à l'aide de son couteau, fait d'une pierre brute le buste de Linnée, qui fut placé au centre. Mais ils avaient compté sans les maîtres de la maison : Pour avoir une idée des vexations inouïes qu'on imaginait pour inquiéter les prisonniers, il est bon de dire que cet arrangement ne fut pas plutôt achevé qu'un brutal architecte ou maître maçon, envoyé sans doute par nos persécuteurs, se présente avec des manœuvres et fait main basse sur les autels, les sièges, les fleurs, les arbustes et tout ce qu'il rencontre, sous le prétexte de prendre des briques dont il dit avoir besoin, lui qui n'avait jamais daigné en faire enlever une seule, lorsqu'elles encombraient la promenade. Les prisonniers furent obligés de racheter leur ouvrage à prix d'argent. Cette vexation fut renouvelée plus d'une fois[15]. Et cette prison n'avait pourtant pas un mauvais geôlier : Le concierge, dit Blanqui, était un bonhomme qui n'inquiétait guère les prisonniers. Rarement on le voyait à l'intérieur, et, quand il y paraissait, il s'y comportait avec humanité, souvent avec douceur. Mais cette douceur n'était pas sans faiblesse. C'est peut-être à son apathie, continue l'auteur, qu'il faut attribuer l'empire que certains intrigants avaient usurpé dans les prisons[16]. Du reste, les guichetiers eux-mêmes n'étaient pas généralement mauvais à la Force, au moins dans la partie que Blanqui et ses collègues habitèrent ; et Blanqui l'attribue à la bonne influence du guichetier-chef : Cet homme, vraiment au-dessus de son état, dit-il, était d'une douceur surprenante. Par l'humanité dont il accompagnait toutes ses démarches, il cherchait à adoucir ce que son emploi avait de dur et de rebutant. Sans jamais manquer à ses devoirs, il les remplissait avec une aménité qui le rendait intéressant. Il s'appelle Ferney ; il a depuis été employé à l'hospice, ci-devant l'Évêché[17]. Blanqui fait observer qu'il témoignait particulièrement des égards aux députés détenus, et il osait, pour les défendre, tenir tête à l'administrateur de police ; mais il se montrait aussi très-bon envers les autres : Quand le régime de la gamelle fut institué, ajoute-t-il, l'arrêté du comité portait qu'il serait défendu aux guichetiers de boire avec les détenus, à qui on avait enlevé tout moyen d'avoir du vin. On sent que cette loi n'était qu'une ironie insultante. Ferney, touché de compassion pour les vieillards et les infirmes, leur dit : Citoyens, si la loi défend aux guichetiers de boire avec les détenus, elle ne défend pas aux détenus de boire avec les guichetiers. Quand vous aurez besoin d'un verre de vin, passez au guichet, et vous trouverez toujours sur la table une bouteille de vin à votre service[18]. Il y avait donc de bons guichetiers, même à la Force ; et il y avait là aussi quelques parties qui auraient pu faire ranger cette prison parmi les bonnes : c'est du moins le témoignage d'un homme qui s'y rencontra avec plusieurs des collègues de Blanqui, d'un prisonnier qui sortait, il est vrai, de la Conciergerie. Mais attendons, pour en parler, que nous ayons passé par cette maison. Après bien des épreuves, Blanqui et quelques uns de ses collègues sortirent de la Force pour aller aux Madelonnettes[19] ; notre ancien militaire en sortit pour être mis en liberté. Il ne se reconnaissait plus dans Paris. En quelques mois, tout était changé, les mœurs, les costumes : les carmagnoles, les bonnets rouges remplaçaient les habits, les chapeaux. Des insensés, au nom du peuple, couraient les rues couverts de chappes et d'aumusses.... Ne se croyant plus en sûreté dans la ville, il se choisit un domicile à la campagne. Il s'établit à Neuilly : c'était bien près de Bagatelle, dont l'un des triumvirs, Couthon, avait fait sa .maison de plaisance ; il fut arrêté, avec cent quatorze autres, accusés d'avoir voulu exciter à la révolte la nouvelle École militaire, le camp des élèves de Mars, établi au voisinage, dans la plaine des Sablons : et voilà comment, à peine sorti de la Force, il fut cette fois envoyé à la maison d'arrêt de l'Égalité. Le Plessis, qu'on avait revêtu de ce beau nom, était une des prisons les plus rigoureuses et les plus redoutées. Notre prisonnier n'y fut conduit, il est vrai, que vers le 9 messidor, à une époque bien voisine de thermidor ; mais nous avons sur la maison les récits d'une dame[20] qui, arrêtée à Senlis le 15 août 1793 et enfermée d'abord à Chantilly, fut transférée, avec d'autres suspectes, au Plessis, trois mois plus tôt, dès le lendemain de la mort de Camille Desmoulins (16 germinal), et les deux témoignages ne sont que trop bien d'accord. Le Plessis recevait ceux que la Conciergerie ne pouvait admettre et lui tenait lieu de réservoir. Aussi l'avait-on placé sous la dépendance immédiate de l'accusateur public : C'était, dit notre narratrice, une prison exclusivement réservée au tribunal révolutionnaire, où l'on ne pouvait être enfermé que par un ordre exprès de Fouquier-Tinville[21]. Les dames amenées de Chantilly n'avaient pas été honorées d'un pareil mandat. On les avait présentées d'abord à Saint-Lazare, puis à Sainte-Pélagie, puis aux Madelonnettes, puis à la Conciergerie, et toujours sans succès : car il n'était pas si facile alors de trouver une place à Paris dans les prisons. Il l'avait bien éprouvé, ce suspect, homme d'esprit, qui, voyant que son ordre d'arrêt ne désignait aucune prison, demanda à l'agent exécuteur s'il pouvait en avoir le choix : ce à quoi l'autre répondit honnêtement qu'il ne demandait pas mieux que de : De m'obliger ! L'aimable politesse ! Je demandai le Luxembourg. Il me fut [ait ce refus net et court : Citoyen, je ne peux ; car on s'y trouve en presse. — Les Carmes ? citoyen. — Hélas ! c'est même cas. — Picpus ? — C'est encor pis, ainsi qu'a Saint-Lazare. Enfin, pour sortir d'embarras, Je pensai demander d'aller droit au Ténare[22]. Il s'en remit à l'humanité de son honnête agent et ne fut pas trompé dans sa confiance : il fut mené à l'hôtel Talaru. Les détenues de Chantilly n'eurent pas si bonne fortune : on les déposa au Plessis, mais là même elles faillirent n'être pas accueillies. L'inspecteur des prisons, Grandpré, survenant presque au moment où elles arrivaient, ne vit en elles que des prévenues vulgaires, et reprit vivement le concierge de les avoir reçues. Celui-ci qui, à la mine, les avait reconnues pour des aristocrates, jugea qu'elles étaient selon le cœur de Fouquier-Tinville. Ce ne sont pas des voleuses, dit-il, mais de grandes dames, des agitatrices. Et l'écrou fut régularisé[23]. Ce concierge, l'homme de Fouquier-Tinville, c'était notre petit Haly, de Port-Libre, petit despote — dont le cœur au fond était bon, selon Coittant, mais qui était ou était devenu, au jugement de ses hôtes du Plessis, tout à fait digne de son chef. C'était, dit l'ancien détenu de la Force, un premier bourreau. Jamais homme, ajoute-t-il, ne poussa plus loin l'impudence et la cruauté. Fripon tant que durait le jour, le soir féroce quand, au nom de Fouquier-Tinville, on venait lui demander les quarante victimes que journellement on envoyait à la mort. Tout lui était égal, l'un ou l'autre, le militaire ou le chanoine : selon lui, on devait s'expliquer au tribunal, et Dieu sait s'il en revint un seul de ceux que l'erreur y porta[24]. Le Plessis recevait alors chaque matin des convois de quatre-vingts à cent cinquante prisonniers, dirigés sur la Conciergerie et qu'on envoyait là faute de place : et cependant, en ce temps-là, la Conciergerie se vidait vite ; mais on lui rendait souvent le soir l'équivalent de ce qu'on en avait reçu le matin. On amenait au Plessis ceux dont l'affaire n'était pas immédiatement au rôle. On y amenait, par exemple, en grand nombre, les prévenus des départements, depuis qu'avait prévalu le système de les faire juger à Paris ; et la souricière ne suffisant pas à les recevoir jusqu'au moment de leur répartition, on les voyait communément passer la première nuit sur le pavé de la cour[25]. La maison elle-même, se trouva bientôt trop étroite, en telle sorte qu'on fut obligé de percer les murs qui la séparaient du collège Louis-le-Grand : et les deux collèges ne firent plus qu'une seule prison[26]. Mme de Böhm parle de l'arrivée des suspects de Neuilly : Je m'approchai de la croisée, dit-elle, et, à la lueur de vingt flambeaux, j'aperçus les huissiers du tribunal, les nôtres, Haly, les guichetiers, précipitant sur le pavé de nombreux prisonniers que trois vastes tombereaux amenaient de la Conciergerie[27], excédés de fatigue, de besoins, de crainte. Ils s'étendirent sur la terre comme de vils troupeaux. Je vis les chiens préposés à leur garde rôder autour de ces arrivants, tandis que les geôliers, par un raffinement de cruauté, passaient continuellement des torches enflammées sur ces pauvres captifs qui, éblouis par la clarté, couverts de flammèches, suffoqués par la fumée, ne pouvaient, dans leur triste position, jouir d'un moment de tranquillité 2[28]. La souricière n'était pas faite pour une telle foule. On
en remplit les cachots, et plusieurs regardèrent comme une faveur de passer
la nuit dans la cour, à la belle étoile. Le matin venu, ils allaient jouir du
régime ordinaire de la prison[29]. La comtesse de Böhm
s'est exprimée en termes discrets sur une cérémonie préalable, appelée le rapiotage, qu'elle eut à subir à l'arrivée.
Notre ancien militaire en parle plus librement : Les
femmes, dit-il, furent les premières à passer
au rapiotage. Cette expression technique, ajoute-t-il, a besoin d'être expliquée : à l'instant où l'on se propose
de sortir un prisonnier de la souricière et de le rendre à ses nouveaux
compagnons, il est fouillé, volé ; on ne lui laisse que son mouchoir.
Boucles, couteaux, ciseaux, argent, assignats, or et bijoux, tout est pris ;
vous vous trouvez nu et dépouillé. Ce brigandage s'appelle rapioter,
et les femmes étaient soumises au rapiotage. La vertu, alors, était à l'ordre
du jour, et la multitude célébrait l'Être suprême, Robespierre et la
guillotine[30]. Le lendemain, ce fut le tour des hommes. On ne leur laissa
que cent sous : l'excédant fut mis de côté[31]. Alors on les
installa dans des chambres déjà complètes : Un lit
de sangle se place partout, nous dit-on. La chaleur était excessive.
On avait bouché à demi les fenêtres, et pour ce qui restait on y mettait des abat-jours[32]. Les femmes
étaient, au Plessis, renfermées dans les greniers ; on leur donnait une heure
pour venir respirer dans la cour. Les hommes étaient relégués dans les bâtiments
de Louis-le-Grand. On y comptait, dit un peu
emphatiquement notre second récit, des jeunes gens
qui avaient fait leurs études dans ce collège, sous le despotisme des
prêtres, et qui, en sortant, étaient bien loin de penser qu'ils y
reviendraient encore faire un cours de patience sous un despotisme plus dur.
Ils se rappelaient les plaisirs de leur enfance, et le jeu de balle auquel
ils s'étaient exercés autrefois servait à tempérer l'ennui de leur captivité[33]. Les corridors qui régnaient aux étages supérieurs avaient été baptisés par Haly, pour les femmes, corridor des Grâces, corridor des Parques ; pour les hommes, corridor Brutus, Scævola, etc. Ces noms républicains dans une prison scandalisèrent l'agent national de la Commune de Paris. Dans une séance du Conseil général, après avoir signalé avec indignation le nom de bréviaire républicain donné à quelque livre consacré aux idées jacobines, il ajoutait : Mais pendant que l'on tâche de bons ouvrages, comment se fait-il que l'ancienne administration de police ait fait graver sur les portes des maisons de détention : Liberté, égalité, unité, indivisibilité ? Comment se fait-il que l'on voie inscrit sur les salles de ces maisons : salle de Marat, salle de Brutus ? Eh ! certes, si les ombres de ces grands hommes revenaient sur la terre, ne s'indigneraient-elles pas de voir des conspirateurs renfermés dans des salles qui portent leurs noms ? Les maisons de détention sont censées n'être pas dans le sein de la République ; il ne faut rappeler son existence aux conspirateurs qu'alors qu'ils sont frappés par le glaive de la loi. Et le compte rendu ajoute : Le Conseil renvoie à l'administration de police les observations de l'agent national pour qu'elle fasse effacer à l'instant les inscriptions qui sont sur les portes et dans l'intérieur des maisons de détention. i (Séance du 4 messidor, Moniteur du 12, p. 1150.) On avait mis les prisonnières de Chantilly dans le corridor des Grâces. Beaucoup de malheureuses amenées des départements étaient entassées dans le corridor des Parques[34]. Lorsque Fouquier-Tinville venait avec les Sanson rendre visite à son bon ami Haly, le concierge, après les avoir bien traités, voulant leur donner une fête complète, les menait au corridor des Grâces. Nous étions pour eux une véritable ménagerie, dit la comtesse de Böhm. La vue d'une duchesse, d'une marquise, d'une comtesse, d'un prêtre, d'une religieuse, les réjouissait comme s'ils eussent regardé un animal rare[35]. Ce n'était pourtant pas chose si rare dans les prisons, en ce temps-là. Le Plessis avait sur la Conciergerie cet avantage que les
portes n'en étaient pas assiégées par ces furies de la guillotine, dont les
journées se passaient à épier leurs victimes et à leur faire entendre des
cris de mort. Les habitants du quartier leur étaient généralement favorables
: on le vit au 10 thermidor ; mais les communications avec l'extérieur
étaient peut-être plus rigoureusement interdites, et le régime s'en
ressentait : La nourriture était détestable ; rien
ne pouvait parvenir du dehors. Un mauvais vin nous était vendu fort cher,
c'était le bénéfice des gardiens. A trois heures, on dressait au milieu de la
cour une longue table mal fixée, on y rangeait cent assiettes malpropres, on
la couvrait de trois plats dégoûtants. Il fallait déchirer la viande avec les
doigts : privés de couteaux, nos seuls meubles utiles étaient un pot, un
couvert de buis, une coupe.... Un barbier
venait tous les jours raser et friser ceux qui en avaient besoin : le même
bassin, le même savon, le même rasoir servaient aux galeux, aux teigneux, aux
dartreux, il en coûtait cinq sous. Cela explique, du reste, la
concurrence que lui faisait subrepticement La Fortune, ce malheureux
perruquier qui, depuis un an, courait les prisons, et qui, sans doute,
n'était pas pressé d'en sortir. Il avait eu l'adresse de soustraire un rasoir
au rapiotage des geôliers ; il s'en
servait journellement pour ceux qui le payaient bien. Il avait une sentinelle
pour le temps qu'il opérait. Son rasoir était sa fortune, et lui rapportait
beaucoup ; il en avait refusé cent écus, car, malgré la vigilance des
guichetiers, les assignats passaient dans les paquets de linge, dans les
semelles des souliers[36]. A l'intérieur, il y avait quelques rares communications
entre le quartier des hommes et celui des femmes. La fontaine était dans le
bâtiment des femmes ; on ambitionnait la corvée d'aller chercher de l'eau :
on pouvait, au passage, voir une femme, une sœur ; mais le concierge s'en
aperçut et ne recula pas devant la dépense d'un aqueduc pour épargner aux
hommes cette jouissance. Ce cruel Haly, dit
notre prisonnier, ne savait qu'imaginer pour
tourmenter et nuire ; son cousin, grand sommelier de la maison, insolent et
fripon, faisait transférer à Bicêtre ceux qui trouvaient son vin mauvais ou
trop faible. Le cuisinier avait le même pouvoir, employait la même ressource
quand on lui représentait que ses viandes étaient gâtées. Les
prisonniers étaient dans la conviction que le petit-salé qu'on leur donnait
était de la chair de guillotiné ; et le geôlier, par un raffinement de
barbarie, ne disait pas non. Il appelait cela un plat
de ci-devants, et il riait aux éclats ! Tel était Haly. Quant à Mme Haly, jeune femme de
complexion délicate et d'une finesse de traits remarquable, fille de Bault,
le successeur de Richard à la Conciergerie dans les derniers jours de
Marie-Antoinette, et qui elle-même y avait servi la reine[37] : Jamais âme aussi insensible ne fut revêtue d'une enveloppe
plus gracieuse, dit notre prisonnière, et
voici un trait qui la peint : Un soir, elle appela indistinctement les
prisonnières et, d'un air riant, leur dit : Vos vêtements sont usés.
Fouquier-Tinville ordonne que vous les renouveliez. Puis, accompagnée
d'une trentaine de pauvres détenues qui s'étaient rendues à cette sommation,
elle entra dans une des salles du greffe où étaient amoncelés des
habillements d'hommes et de femmes.... Elles
en choisirent chacune à leur convenance, sans trop les voir, car la salle
était obscure. A leur sortie, la lumière venant à les éclairer, elles les
rejetèrent avec horreur : c'était la dépouille des victimes qui avaient achevé
leur sacrifice ; tous ces habits étaient teints de leur sang[38]. La vie était donc dure au Plessis, et les heures s'écoulaient tristement jusqu'à la tombée du jour. Alors on entendait le bruit des charrettes : le messager de Fouquier-Tinville paraissait et appelait quarante noms pour la fournée du lendemain. En se couchant, on voyait vide auprès de soi la place occupée la veille par l'un des appelés ; et, en s'endormant, on n'était pas même bien sûr de ne pas recevoir, pendant la nuit, son extrait mortuaire : c'est ainsi qu'on appelait l'assignation à comparaître le lendemain devant le tribunal. Parmi ceux qu'on appela un jour était un colonel de hussards, jeune homme d'une belle figure, vigoureusement constitué : cinq pieds cinq pouces, œil noir, jambe nerveuse, nez aquilin. On était au 6 thermidor. Il descend fièrement, prend gaiement congé de tout le monde, va chercher les officiers de son corps avec lesquels on l'avait envoyé à Paris. Ne les trouvant pas près de la fatale charrette, il refuse d'y monter, assure que c'est une erreur, et que, puisque ses camarades ne sont pas avertis, il ne peut pas être appelé. II comptait marcher à leur tête comme à la bataille. Un gendarme insiste : le jeune homme le repousse vigoureusement ; d'autres s'approchent, il les terrasse. Il impose si fortement au reste, qu'on se décide à faire partir les voitures déjà pleines et à ordonner qu'on le mette au cachot, en attendant qu'on le vienne reprendre. Il y fut oublié trois jours : le 10 thermidor lui rendit la vie et la liberté[39]. Ce bonheur fut rare ; plutôt que de laisser vide la place du détenu appelé, on en prenait un autre qui ne l'était pas : témoin cet ancien militaire, Courlet-Vermantois, fils d'un conseiller de Dijon. Le 8 thermidor, on avait demandé un Vermantois, chanoine de Chartres : point de chanoine. Il me faut un chanoine ! criait l'envoyé de Fouquier. A la fin on trouve l'ancien militaire qui, du moins, portait un nom assez semblable au nom demandé. On lui remet l'acte d'accusation du chanoine ; il s'en défend : jamais il n'eut rien de commun avec aucune cathédrale. N'importe, il s'expliquera avec l'accusateur public. Il fut exécuté le lendemain, 9 thermidor[40]. C'est vers la Conciergerie que s'acheminaient les convois du Plessis. C'est à la Conciergerie que nous arrivons. |
[1] Mémoires sur les prisons, t. Il, p. 230 et suiv.
[2] C'est aujourd'hui le dépôt de la Préfecture de police. Cet hôtel, qui était celui du premier président du Parlement, fut occupé par Pétion, deuxième maire de Paris, et c'est depuis lors qu'on l'appelait la Mairie.
[3] 5 prairial an II. Il se nommait Jean-Baptiste Gauthier.
[4] Le citoyen Bault, que nous retrouverons dans d'autres récits comme concierge de la Force, était à cette date à la Conciergerie (du 11 septembre au 21 novembre 1793).
[5] La prison était divisée en six départements et comptait huit cours, dont quatre très-spacieuses. Voyez Saint-Victor, Tableau pittoresque de Paris, t. II, p. 652.
[6] Dulaure, Histoire de Paris, t. IX, p. 272-275.
[7] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 246. — Kolly, fermier général, et François Beauvoir, son ami, avaient été exécutés le jour de leur condamnation (2 mai 1793). En ce qui touche la femme de Kolly, il faudrait donner à Beauvoir un autre titre, comme le prouve leur correspondance (Archives W 269 dossier 23). La malheureuse femme, condamnée avec eux, ayant allégué à plusieurs reprises un état de grossesse, prolongea sa triste existence jusqu'au 29 brumaire an II (19 novembre 1793). Beauvoir, Kolly et Bréard leur associé furent exécutés le jour de la condamnation, dit Tisset dans son abominable Compte rendu de Dame Guillotine ; mais la Kolly ne se décide que sept mois plus tard, ayant un petit Beauvoir à mettre au monde.
[8] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 238.
[9] Le 31 juillet 1793. Livre d'écrou du Luxembourg, aux archives de la Préfecture de police.
[10] Leur protestation est exposée au Musée des Archives, vitrine 212, n° 1361. Le vrai nombre des signataires est de 74.
[11] Il en compte six, y comprenant peut-être le rez-de-chaussée et les caves mêmes, qui peuvent être des logements pour les prisonniers. Dulaure n'en a signalé que quatre.
[12] Histoire des prisons, t. I, p. 157, 158.
[13] Le nombre do ceux enfermés à la Force était si considérable, dit un autre détenu, qu'on fut obligé de les joncher les uns sur les autres. (Supplément aux Mémoires de Mme Roland, t. II, p. 285.)
[14] Histoire des prisons, t. I, p. 157-165.
[15] Histoire des prisons, t. I, p. 164.
[16] Histoire des prisons, t. I, p. 70. — Peut-être parle-t-il ici de Bault, qui, comme nous l'avons dit, après avoir occupé la Conciergerie pendant la disgrâce et l'incarcération de la famille Richard (11 septembre-21 novembre. 1793), revint à la Force.
[17] Histoire des prisons, t. I, p. 171.
[18] Histoire des prisons, t. I, p. 171-172.
[19] Histoire des prisons, t. I, p. 173, et Supplément aux Mémoires de Mme Roland, t. II, p. 318. — Ils n'eurent guère à s'en féliciter tout d'abord. Quand le concierge demanda à l'administrateur des logements pour les représentants du peuple : Il n'y a qu'à les mettre aux pailleux, répondit-il froidement, c'est assez bon pour des dépistés. Ils durent faire déblayer à leurs frais quelques chambres cédées par les pailleux. (Histoire des prisons, t. I, p. 114.)
[20] La comtesse de Böhm, née de Girardin. (Les prisons en 1793, Paris, 1820.)
[21] Les prisons en 1793, p. 68. Un arrêté du Comité de salut public en date du 23 germinal an II, porte : Le Comité de salut public arrête que la police de la prison de la Conciergerie et de la maison d'arrêt de la rue Jacques, ainsi que l'hospice établi dans les bâtiments du ci-devant évêché appartiendra au tribunal révolutionnaire et à l'accusateur public.
Signé au registre : Barère, Collot d'Herbois, Carnot, Billaud-Varenne, C.-A. Prieur, Saint-Just, Robespierre, Couthon et R. Lindet. (Archives nationales, W 121, pièce 135.
[22] Histoire des prisons, t. III, p. 91.
[23] Les prisons en 1793, p. 68, 70.
[24] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 256, 257.
[25] Les prisons en 1793, p. 122.
[26] Les corridors qui mènent de l'un à l'autre (corridors que j'ai bien connus quand l'École normale était au Plessis et l'entrée du Plessis au collège Louis-le-Grand, 1831-1834) servirent quelquefois de supplément à !a souricière. (Voyez L'humanité méconnue, dans les Mémoires sur les prisons, t. I, p. 73.
[27] Il y en avait quinze, et ils venaient directement de Neuilly. (Voyez Mémoires sur les prisons, t. II, p. 258.)
[28] Les prisons en 1793, p. 144 ; cf. Mémoires sur les prisons, t. II, p. 258.
[29] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 258.
[30] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 261, 262. Cf. Les prisons en 1793, p. 124, et Sirey, Le tribunal révolutionnaire, p. 8, 9.
[31] Selon un autre rapport, on laissait ordinairement 50 l. (Mémoires sur les prisons, t. II, p. 284). C'était, en effet, la règle dans les derniers temps de la Terreur.
[32] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 262.
[33] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 285. Tristes successeurs des écoliers et malheureux usurpateurs des classes, dit Paris de l'Épinard. On voyait des septuagénaires à cheveux blancs en sixième, tandis que des sourds et muets, des enfants, des femmes, des jeunes filles étaient en rhétorique, en philosophie. Ces rapprochements eussent prêté matière à des allusions plaisantes, s'il eût été permis de rire dans ce grave sujet. (Ibid., t. I, p. 174.)
[34] Les prisons en 1793, p. 77, 78.
[35] Les prisons en 1793, p. 125.
[36] Les prisons en 1793, p. 263.
[37] Voyez le récit de Mme Bault, sa mère, Mémoires de Cléry, appendice T, p. 322, 323.
[38] Les prisons en 1793, p. 125, 126.
[39] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 270.
[40] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 275. Nous en reparlerons.