LA TERREUR

TOME SECOND

 

LES PRISONS DE PARIS.

 

 

III. — L'ABBAYE. — SAINTE-PÉLAGIE. — SAINT-LAZARE. — LES MADELONNETTES.

 

L'Abbaye, non pas l'ancienne habitation des moines, mais la vieille prison de la justice abbatiale, avec ses cachots du moyen âge et son appropriation plus moderne en prison militaire, faisait un entier contraste avec les salons ornés de glaces et de peintures de l'hôtel Talaru. Paris de l'Épinard, envoyé de bille comme suspect ou criminel d'État, et d'abord mis au secret, fait de toute cette maison, de son geôlier, de ses guichetiers, de ses logements et de son régime un tableau qui ne répond que trop bien à son titre un peu emphatique : l'Humanité méconnue, etc. Il ne s'y fit un peu considérer, à ce qu'il nous dit, que quand il eut jeté un ou deux guichetiers du haut en bas de l'escalier[1].

C'est à l'Abbaye que madame Roland fut envoyée d'abord, quand elle fut arrêtée (1er juin 1793), au lendemain de la révolution du 31 mai, la veille de l'arrestation des Girondins ; et elle en parle d'une manière moins tragique : Lorsque j'entrai, dit-elle[2], entre quatre murs assez sales, au milieu desquels était un grabat sans rideaux, que j'aperçus une fenêtre à double grille et que je fus frappée de cette odeur qu'une personne accoutumée à un appartement très-propre trouve toujours dans ceux qui ne le sont pas, je jugeai que c'était bien une prison qu'il s'agissait d'habiter... Cependant l'espace était assez grand, il y avait une cheminée ; la couverture du lit était passable, on me donnait un oreiller ; et, en appréciant les choses par comparaison, j'estimai que je n'étais pas mal. Elle y demeura vingt-quatre jours, visitée avec une extrême sollicitude par le citoyen Grandpré, que jadis elle avait fait nommer par son mari inspecteur des prisons[3] ; elle partageait ses loisirs forcés entre ses auteurs favoris, et tout en réclamant contre sa captivité, elle travaillait à se faire au régime des prisons : retranchant chaque jour quelque chose aux adoucissements qu'elle avait acceptés d'abord, non par économie, mais au profit des malheureux et sans dommage pour personne ; elle consacrait aux détenus à la paille ce qu'elle ne dépensait pas pour elle, et récompensait les gens de la maison des services qu'elle ne demandait pas[4]. Après elle, ou vit à l'Abbaye une femme non moins célèbre, Charlotte Corday ; puis Adam Lux, le jeune député de Mayence, son admirateur enthousiaste, qui proposa dans un écrit public de lui élever une statue avec cette inscription : Plus grande que Brutus ! et qui ne put que mourir après elle ; Biron, Clavière, que nous retrouverons à la Conciergerie, et Kellermann, l'homme de Valmy, que sauva le 9 thermidor.

Madame Roland sortit de l'Abbaye le 24 juin 1793 ; mais le même jour un mandat d'arrêt était lancé contre elle. A peine avait-elle franchi le seuil de sa demeure qu'elle fut reprise et envoyée cette fois à Sainte-Pélagie.

 

Sainte-Pélagie ne valait guère mieux que l'Abbaye. Le corps de logis destiné aux femmes, dit Mme Roland[5], est divisé en longs corridors fort étroits, de l'un des côtés desquels sont des petites cellules telles que j'ai décrit celle où je fus logée — six pieds de large sur douze de long —. C'est là que, sous le même toit, sur la même ligne, séparée par un plâtrage, j'habite avec des filles perdues et des assassins... Chaque cellule est fermée par un gros verrou à clef, qu'un homme vient ouvrir tous les matins en regardant effrontément si vous êtes debout ou couchée ; alors leurs habitantes se réunissent dans les corridors, sur les escaliers, dans une petite cour ou dans une salle humide, digne réceptacle de cette écume du monde.

Le quartier des hommes n'était pas autrement disposé. Nous le connaissons par cet infortuné Boucher, poêle bucolique, ayant pris à cœur, en 1789, son titre de citoyen : ami de la Révolution, ennemi de ses excès, et à ce titre désigné pour être une de ses victimes. C'est par Sainte-Pélagie qu'il débuta, le 11 octobre 1793 (20 du 1er mois an II)[6]. Après huit jours de captivité, voici ce qu'il en disait dans la première lettre de son intéressante correspondance : Habiter un espace de neuf pieds justes carrés, avoir pour tout meuble un lit de sangle, un matelas, un traversin, des draps, une sale couverture de laine, une chaise et une table ; être deux à deux sur un étroit espace, entendre à huit heures du soir les gros verrous, les grosses serrures se fermer sur vous, ne les entendre s'ouvrir que le lendemain matin après huit heures ; le reste du jour n'avoir pour exercer ses jambes qu'un corridor de cent pieds de long sur quatre de large, n'y respirer que par une fenêtre placée à l'une des extrémités et garnie de gros barreaux ; s'y heurter, s'y croiser contre cinquante compagnons d'infortune de tous les âges, qui n'ont pas tous le même courage, ni peut-être les mêmes raisons d'en avoir : tel est, en deux mots, le sort des citoyens qui, comme moi, ont voulu un gouvernement libre et le règne seul de la loi[7].

Ces cellules, ce triste corridor sont décrits de la même sorte par l'anonyme qui nous a déjà parlé de Sainte-Pélagie dans l'Almanach ou dans l'Histoire des prisons, Ce qui choqua le plus Roucher à Sainte-Pélagie, comme Mme Roland à l'Abbaye, c'est la malpropreté de ces murs : Ah ! Sainte-Pélagie ! Sainte-Pélagie ! s'écriait-il dans une lettre à son ami Des..., vous êtes une sale demoiselle ! On lui trouva pourtant une cellule à un lit dont il fait à sa femme une tout autre description[8] ; il y put même recevoir et garder quelques jours avec lui son fils, le petit Émile, âgé de quatre à cinq ans ; et le gracieux enfant faisait le charme de la petite société dont il partageait la demeure. Émile est toujours charmant ; il plaît à tout le monde. Il faut que mon Émile se souvienne, pour le redire un jour à nos petits-enfants, qu'à l'âge de quatre ans et demi, il a vu à Sainte-Pélagie, prisonniers avec papa Roucher, d'Estaing, Biron et Robert[9]. Ce n'était pas le régime de tout le monde ; mais là encore, et pour les plus mal traités, sous la triple garde des verrous, des guichetiers et des chiens, on trouvait moyen de former société. C'est sous ce régime de fer, dit l'anonyme[10], que les prisonniers détenus au secret imaginèrent, pour charmer l'ennui dont ils étaient dévorés, de former entre eux une espèce de club dont ils avaient fixé la séance à huit heures du soir. Quoique les portes de chaque chambre fussent d'une épaisseur prodigieuse, on s'était néanmoins aperçu qu'il était possible de se faire entendre d'un bout du corridor à l'autre, en criant un peu haut. A l'aide de cette invention, on s'instruisait réciproquement, et avec ordre, de tout ce qu'on avait appris des porte-clefs dans le courant de la journée, et pour n'être pas compris, dans le cas où l'on serait entendu de quelques-uns d'entre eux ou des gendarmes qui étaient apostés sous les fenêtres, au lieu de dire : J'ai appris telle chose, on disait : J'ai rêvé telle chose. — C'était bien l'enfance de l'argot, et si les gendarmes n'y entendaient rien, c'était l'enfance de la gendarmerie !

La maison de Saint-Lazare, de maison de correction devint maison de suspects dans les premiers jours de 1794 (20 nivôse an II[11]), quand l'encombrement des prisons leur fit chercher des succursales.

Boucher y fut transféré le 31 janvier (10 pluviôse an II) avec quatre-vingts autres compagnons de captivité ; et ses lettres nous peignent les angoisses où la brutalité des agents de la force publique savait encore jeter ceux mêmes qui n'avaient qu'à gagner à ces sortes de changements : le sommeil brusquement interrompu par les cris des guichetiers, le grincement des clefs et le bruit des ver-roux ; les prisonniers tirés des cellules, empilés le long des corridors, l'appel à la lueur des torches, le chargement sur les chariots et le départ comme pour la mort.

Au milieu de ces opérations qui prirent quatre ou cinq heures, le poète, calme et maitre de lui, traduisait pour sa fille ces vers si beaux et si touchants de Virgile :

Qualis populea mœrens Philomela sub umbra

Amissos queritur fœtus ;

et il pouvait les méditer douloureusement quand le funèbre convoi passa par la rue des Noyers, devant la maison où dormaient ses enfants et sa femme[12]. Il était petit jour quand ils arrivèrent à Saint-Lazare, et, même à cette heure matinale, ils trouvèrent des gens pour les insulter. Dans la rue Saint-Martin, dit Roucher écrivant à sa fille, une vieille revendeuse de fruits, accroupie contre une borne, nous a salués d'un mot que le genre de nos voitures lui a dû inspirer, aussi bien que la vue de nos gendarmes à cheval et tenant toujours leurs flambeaux allumés. Qu'on les f.... tous à la guillotine, tous à la guillotine !Grand merci, ma bonne, il serait possible d'être patriote, républicaine, et pourtant moins féroce[13]. Mais dans la prison même, on avait fait quelques frais pour recevoir ces nouveaux habitants : les corridors qui régnaient dans toute la longueur de chaque étage avaient été nouvellement blanchis ; et, parmi les chambres où l'on devait se loger à trois ou quatre, il est vrai, sinon à six ou sept, il y en avait qui n'étaient pas désagréables. Chabroud, dit Roucher, s'était déjà emparé d'une chambre à trois, à grand air, à belle vue, donnant sur la cour intérieure, le jardin, la ville et la campagne. Je m'attache à lui. M.... s'attache à nous ; notre demeure est fixée. Le régime, d'ailleurs, n'était pas très-rigoureux. On t'a bien informée, ma chère Minette, écrit-il à sa fille[14] : point de barreaux aux fenêtres, mais de belles et grandes croisées. Point de verrous aux portes, mais des serrures intérieures dont on a la libre disposition. Point d'heure fixe de retraite, mais liberté de voisiner toute la nuit dans, le même corridor. Durant tout le jour, communication permise entre tous les étages, et dans peu, jouissance d'une grande et vaste cour qu'on bat en ce moment et qu'on sable.

Une chose non moins précieuse pour les détenus que les aménagements nouveaux de la maison, c'était l'excellente nature du concierge, le citoyen Naudet, homme d'un caractère très-doux et n'ayant d'un concierge que le nom effrayant. L'humanité avec laquelle nous fûmes traités, tant par Naudet et sa femme que par ses porte-clefs, dit un détenu, amené de la caserne des Gardes-Françaises, l'empressement que mirent ses garçons à nous procurer les objets de première nécessité, nous firent croire que nous passions des Enfers aux Champs-Élysées[15].

Les relations entre détenus étaient faciles et agréables. On s'y entretenait familièrement, on échangeait des compliments et des vers[16]. On se faisait visite, plus même qu'il ne convenait à Roucher, par exemple, dont la principale occupation, quand il laissait sa traduction des Saisons de Thompson, était de causer par lettres avec sa fille[17], de diriger son instruction en littérature, en botanique, et surtout de former, d'élever, de fortifier son cœur[18]. Il rassurait sa femme qui craignait de voir suspendre les relations épistolaires qu'elle gardait avec lui : Rassure-toi, ma chère amie, lui disait-il, la loi qui suspend toutes communications avec l'extérieur ne frappe que sur les détenus prévenus de conspiration ; et, grâce à mes principes, jamais la calomnie elle-même ne pourrait me faire comprendre dans cette catégorie 2[19]. Heureuse illusion ! Il obtenait de recevoir à demeure son petit Émile, qu'il faisait coucher près de lui sur un matelas mis en double entre les six feuilles de son paravent ; et le jeune enfant, notre petit suspect, comme l'appelle sa sœur, resta près de lui, choyé de tout le monde, jusqu'à la veille de l'éternelle séparation[20].

En d'autres lieux encore, l'humanité des geôliers sut adoucir la rigueur de la prison. Coittant, avant de passer à Port-Libre, qu'il nous a décrit, l'avait éprouvé aux Madelonnettes[21], son premier lieu de détention.

J'ai déjà rapproché les Madelonnettes de Sainte-Pélagie. Même origine, même transformation avant et depuis la République. Ces maisons n'étaient que trop bien disposées à. devenir prisons. Dès le mois de septembre 1793, les suspects y affluèrent en tel nombre, que les derniers venus durent être relégués dans les chambres des pailleux, chambres qui ne le cédaient pas aux cellules de Sainte-Pélagie : c'étaient des chambres de cinq pieds carrés, de neuf de haut, donnant sur les derrières, ayant chacune deux fenêtres de six petits carreaux et ornées de grilles bien solides. Dans chacune de ces chambres, se trouvaient douze crèches accolées trois ensemble ; chaque crèche avait un pied et demi de large sur six pieds de long, et était garnie d'une mauvaise paillasse toute chargée de vermine[22].

Le premier jour, les suspects avaient dû coucher sur cette paille ; mais le lendemain on leur donna des matelas, et, quelques jours après, leurs chambres furent décorées de tablettes et de petits meubles très-commodes.

C'est au concierge qu'ils devaient en grande partie ces allégements à leur sort. Le concierge de cette maison, Vaubertrand fils, homme exact, mais sensible, dont le caractère, dit notre auteur, ne s'est jamais démenti pendant cent jours que je suis resté dans cette maison, cherchait toutes les occasions d'adoucir le sort des citoyens qui n'étaient que suspects. L'institution des crèches, inventées pour avilir l'espèce humaine, disparut par ses soins, et les objets de première nécessité furent distribués avec affabilité aux prisonniers[23].

Mais c'est surtout la jeune femme du geôlier, belle, gracieuse, douce et affable, qui faisait leur consolation dans la prison. Quand elle les visitait, c'était comme un rayon de lumière qui éclairait leurs sombres réduits. Elle venait suivie de son enfant de quatre ans, gage innocent de sa pudeur. Dans une épître consacrée aux grâces et aux vertus de la mère, un prisonnier exprime la crainte que cette vue de la souffrance n'endurcisse l'enfant :

Toi, dont le jeune cœur paroi t doux et sensible,

Qui joins cet heureux don au don de la beauté,

Combien tu dois souffrir dans ce séjour horrible

Et de notre destin plaindre la cruauté.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je vois avec regret ton fils suivant tes pas,

S'accoutumer si jeune au tableau de nos peines,

Et faire sans effroi dans ses joyeux ébats

Ses jeux habituels de nos fers, de nos chaînes.

Ah ! crains de l'endurcir ; qu'il connaisse nos maux,

Mais qu'il les plaigne aussi ; ton âme douce et bonne

Saura former la sienne à chérir ses égaux,

A plaindre le malheur, à n'affliger personne.

(Histoire des prisons, t. III, p. 155-156.)

Mais l'enfant avait appris lui-même de son père et de sa mère à aimer ces tristes captifs. Notre petit ange, Vaubertrand fils, dit Coittant, nous donnait aussi des consolations. Voici la conversation qu'il eut un jour avec son aimable mère, femme aussi estimable que sensible, qui venait souvent examiner s'il ne nous manquait rien de ce que la loi nous accordait. Il y avait dans la maison un petit jardin où le concierge seul avait droit d'entrer. Nous ne voyons personne dans le jardin, dit l'enfant ; allons rendre visite à nos pigeonniers — c'est ainsi qu'il nous appelait. — Eh bien I mon fils, allons-y. — Maman, il faut leur ouvrir les portes ; ils n'ont rien fait de mal ; oh ! je t'en assure, ils n'ont rien fait. — Mais, mon fils, tu veux donc me faire guillotiner ? — Non, maman. — Mon ami, ce n'est pas moi qui ai les clefs, ce sont les gardiens. — Oh bien ! si tu veux, je vais les amuser, et pendant ce temps tu les prendras, et nous leur ouvrirons les portesAinsi s'exprimait ce charmant enfant[24].

Même aux Madelonnettes, dans les premiers temps, les suspects ne furent pas traités autrement qu'ailleurs pour ce qui était de leurs rapports avec leurs parents, leurs amis du dehors ; et dans leur vie commune à l'intérieur, ils s'étaient fait comme une image de la société avec ses privautés et aussi ses cérémonies : Dans le commun malheur, tout le monde fraternisait. Ceux qui jadis, dans le monde, avaient joué les personnages les plus brillants, se trouvaient fort heureux de venir prendre leur café dans le passage d'un étroit corridor qui servait de chauffoir commun, modestement assis sur une mauvaise paillasse ou sur une pile de bûches. Quand le

petit ménage était fait, qu'on s'était seulement salué en allant vider la fortune du pot de Champville (artiste du Théâtre-Français) et qu'on avait déjeuné ; on voyait le ci-devant lieutenant de police, perruque bien poudrée, souliers bien cirés, chapeau 'sous le bras, se rendre chez les ci-devant ministres, :la Tour-du-Pin, Saint-Priest, le frère de l'ex-ministre, et puis chez Boulainvilliers ; puis enfin chez les ci-devant conseillers au parlement. De retour chez lui, venaient à leur tour, Boulainvilliers, la Tour-du-Pin, les ex-conseillers, en grande cérémonie, qui rendaient la visite : c'était là l'occupation de la matinée[25].

Ce sont des habitudes que Beaulieu constate en général pour les maisons de suspects. La société, dit-il[26], avait transporté dans ces maisons une partie de ses usages. On s'y tenait sur la réserve ; on s'y traitait avec les égards habituels entre gens qui se fréquentent sans se connaître. Souvent même on les affectait. M. de Nicolaï, président de la chambre des comptes, détenu au Luxembourg, ne passait jamais une porte où il rencontrait quelqu'un, sans un combat de politesse pour savoir qui passerait le premier.

J'ai dit l'emploi de la matinée aux Madelonnettes. D'autres soins remplissaient les loisirs de l'après-midi : Pour nous distraire, dit encore notre prisonnier, nous faisions de la musique. On exécutait, tant bien que mal, des quatuors de Pleyel. Notre charmante concierge ne nous abandonnait pas et assistait régulièrement à ces petits concerts. C'était la seule femme que nous voyions[27]. Aussi les couplets, les bouts-rimés, ne lui étaient-ils pas épargnés, et le père et l'aimable enfant y étaient aussi célébrés avec elle :

On voit l'amour et la beauté

En voyant le fils et la mère ;

De même on voit l'humanité

En voyant le fils et le père.

Oh ! mes amis, qu'on est heureux

De trouver en lui le bon frère,

L'ami sincère et généreux,

Qui souffre de notre misère[28].

 

 

 



[1] Mémoires des prisons, t. I, p. 139 et suiv.

[2] Mémoires, t. II, p. 80.

[3] Lettres inédites de madame Roland à Buzot, publiées par M. Daubas, 1864, p. 21.

[4] Mémoires, t. II, p. 90 ; cf. Lettres à Buzot, p. 48. — J'ai eu la fantaisie de me réduire au régime particulier qu'établit l'État pour les détenus. J'y trouvais le plaisir qu'on aime à avoir sur soi-même, dans la diminution de ses besoins, le moyen de faire du bien à ceux qui sont plus malheureux que soi. Mais les forces physiques n'égalent plus les autres chez moi, il m'a fallu abandonner mon entreprise.

[5] Mémoires de madame Roland, t. II, p. 115, 116.

[6] Voici l'ordre d'incarcération de Roucher dans son orthographe :

Ce 20 du 1er mois de l'an 2 de la République une et indivisible.

COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE.

SECTION DU PANTHÉON FRANÇAIS.

Le consierge de Sainte-Pélagie recevera le nomé Rouché, conduit par le citoyen Merceran officié de paix, en vertu d'un areté du comité revolutionnaire du Panthéon français.

Suivent six signatures.

(Archives de la Préfecture de police. Arrestations. Carton comprenant vendémiaire et mois suivants.)

[7] Consolations de ma captivité, ou Correspondance de Roucher, publiée par Guillois, son gendre, 1797. 2 vol. in-8°, t. I, p. 2 ; cf. p. 5, Lettre à sa femme.

[8] Correspondance, t. I, p. 48. — Je m'y trouve, dit-il, aussi bien qu'on peut se trouver en prison. Je suis pavé en pierre de taille, mes murs sont blancs comme la neige ; nul insecte, nulle ordure ; ma chambre ressemble à mon lit. (Ibid., p. 53.)

[9] Correspondance, t. I, p. 58. — Le duc du Châtelet entra à Sainte-Pélagie quelques jours plus tard (14 frimaire an II). Ibid., p. 67.

[10] Histoire des prisons, t. II, p. 126.

[11] Mémoires sur les prisons, t. I, p. 223.

[12] Correspondance, t. I, p. 266 et suiv. — Il parle aussi de la curiosité indifférente des passants à la vue du cortège. En effet, n'est-ce pas une chose curieuse que quatre-vingts prisonniers, détenus comme suspects, conduits par cinq ou six gendarmes seulement, qui, sans fers, sans liens, se laissent ainsi mener, comme des agneaux, où l'on veut et comme l'on veut, sans se plaindre sans nulle intention de s'échapper, dociles à la loi, parce qu'elle est la loi, et la respectant dans ses rigueurs. (Ibid.)

[13] Correspondance, t. I, p. 266. — Voyez aussi les lettres précédentes, écrites au milieu du trouble de cette translation et du premier établissement à Saint-Lazare, p. 243 et suiv. — Pour accréditer dans le peuple les souhaits de la bonne femme et ôter aux détenus les sympathies mêmes des gens du quartier, on imagina de transférer, un peu après, à Saint-Lazare (25 pluviôse an II, 13 février 1794), en plein jour cette fois, des détenus de Bicêtre. De ce jour-là il devait être bien établi que Saint-Lazare était une des grandes sentines de la République, qu'il n'y avait là que des bandits sur lesquels chacun avait intérêt à veiller. Bien plus, les malfaiteurs de Bicêtre ayant commis des violences dans la maison, Hanriot accourut avec sa troupe, distribua des cartouches, signalant les détenus, suspects ou autres, comme des scélérats qui n'attendaient que la mort. Il fallut qu'on se décidât, sur les instances du concierge Naudet, à renvoyer à Bicêtre ceux qu'on en avait tirés. (Voyez Roucher, Correspondance, t. I, p. 281-283, et Mémoires sur les prisons, t. I, p. 226-228.)

[14] Correspondance, t. I, p. 266, 267.

[15] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 223.

[16] Voyez. Correspondance, t. I, p. 288 et suiv. ; t. II, p. 11 et suiv.

[17] Avons-nous, ma chère Minette, lui disait-il, la même manière de supporter le temps ? Moi je le compte par les lettres que tu m'écris. (30 floréal an II. T. II, p. 184.)

[18] Chabroud me disait avant-hier qu'il commençait à se lasser. Pour moi, je m'applique à tenir toujours mon âme debout, et j'ai mon moyen pour y réussir. Ma chère Minette, devine, ce n'est pas la mer à boire. Est-ce que ton cœur ne t'a point déjà dit le mot de l'énigme ? Il te l'a dit, j'en suis sûr. Eh bien oui, je pense à toi, aux bons effets de ma captivité sur ton âme et sur ton esprit. Minette a trouvé la véritable richesse dans mon malheur, qui est aussi le sien. Elle se forme de jour en jour à l'école de l'infortune. (6 prairial. T. II, p. 201.)

[19] 25 ventôse an II. T. II, p. 40. — Sa correspondance fut suspendue alors pendant quinze jours.

[20] Correspondance, t. II, p. 225 et 300. — Pendant que je laisse ainsi courir ma plume pour toi, ma chère fille, notre Émile est là à ma gauche, dormant profondément sur son matelas mis en double, entre les six feuilles de mon paravent disposées sur trois rangs. (9 germinal. T. II, p. 43.) Emile dort dans son cabinet à six feuilles. (12 floréal. Ibid., p. 138.)

[21] L'éditeur des Mémoires sur les prisons aurait bien dû placer l'article des Madelonnettes, t. II, p. 202, avant celui de Port-Libre, p. 1, qui n'en est que la suite. Il ne paraît pas s'en être aperçu.

[22] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 203.

[23] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 203.

[24] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 212.

[25] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 227, 228. — Je signalerai parmi les hôtes des Madelonnettes et je saluerai en passant l'illustre antiquaire Quatremère de Quincy, député de Paris à l'Assemblée législative en 1791, à qui j'ai eu l'honneur de succéder, quoique indigne ; en 1850, à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

[26] Essais, etc., p. 318.

[27] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 221.

[28] Mémoires sur les prisons, t. II, p. 222.