II. — LA RENCONTRE. Départ d'Alexandre malgré les frayeurs de sa mère. — Sa manière de voyager. — Spéranski. — Passage à Kœnigsberg. — L'empereur Alexandre et la comtesse Voss. — Le baron de Stein. — Napoléon fait communiquer au Tsar une lettre interceptée de ce ministre. — Le maréchal Lannes envoyé au-devant de l'empereur Alexandre : l'armée française en Allemagne. — Aspect d'Erfurt : une ville transformée. — Préparatifs magnifiques, affluence d'étrangers, mesures de précaution, police secrète. — Les rois de Bavière, de Saxe et de Wurtemberg : lettre éplorée du premier. — Arrivée en masse des princes allemands : leur attitude obséquieuse et servile. — Leurs suppliques. — Apparition de Napoléon. — Rencontre avec l'empereur Alexandre et entrée solennelle ; spectacle incomparable. — Principaux personnages réunis à Erfurt : leur attitude extérieure et leurs sentiments intimes. — Le baron de Vincent. Talleyrand. — Sa défection. — Il veut négocier sa paix particulière avec l'Europe ; action qu'il exerce sur le Tsar. — Alexandre Ier. — Napoléon. — Conversation significative de l'Empereur sur les affaires d'Espagne : il prépare un grand effort pour ressaisir Alexandre. Alexandre avait quitté Pétersbourg le 14 septembre, non sans avoir eu à subir les larmes et les remontrances de sa mère. A la cour et en ville, on disait que le Tsar ne reviendrait pas d'Allemagne, qu'il donnait dans un piège, que Napoléon le ferait conduire et interner en France, comme les Bourbons d'Espagne, qu'Erfurt serait la répétition de Bayonne. Ces bruits s'étaient répandus jusqu'à Gatchina, où l'impératrice mère passait l'été, et lui avaient donné l'alarme. Au moment des adieux, on assure qu'elle dit au grand maréchal Tolstoï, qui partait avec Sa Majesté : Vous répondrez de ce voyage devant l'empereur et devant la Russie[1]. Alexandre allait plus vite qu'aucun courrier, sans nul appareil, avec une simple calèche[2]. Il n'avait pas emmené sa maison, et n'avait pour compagnon que le grand maréchal, un aide de camp et son chirurgien. Son frère Constantin l'avait précédé, ainsi que les personnages qui devaient composer son escorte à Erfurt : on remarquait parmi eux le prince Galitsyne, procureur du Saint-Synode, plusieurs aides de camp généraux et, au milieu de ces grands seigneurs, Nicolas Spéranski, le fils de pope. Ce jeune homme aux vues originales et profondes, à la volonté forte, à l'enthousiasme d'apôtre, était devenu subitement le favori du Tsar et le confident de ses pensées rénovatrices : par lui, Alexandre espérait opérer dans l'administration et le gouvernement cette réforme dont le désir l'obsédait, et de son rêve généreux faire sortir une réalité. En 1808, Spéranski était à l'aurore de sa fortune ; il venait d'être nommé conseiller privé et secrétaire du cabinet. Alexandre voulait qu'il vit Napoléon, qu'il écoutât ces conversations suggestives dans lesquelles l'empereur des Français détaillait sa manière de gouverner, qu'il se mit à cette grande école d'ordre et de méthode. Spéranski ne devant être à Erfurt qu'un auditeur, c'était sur Roumiantsof que comptait le Tsar pour l'aider à supporter le poids des discussions. Quant à Caulaincourt, il était naturellement du voyage : Alexandre l'y avait gracieusement invité, et Napoléon avait jugé utile qu'il assistât à l'entrevue. La première étape de ce voyage, qui éveillait tant d'espérances, fut douloureuse. Avant de traiter avec la fortune et le génie, Alexandre ne put se dispenser de rendre visite au malheur. Passant par Kœnigsberg, il s'y arrêta deux jours. Dans cette triste capitale, où tout se ressentait de la misère publique, on essaya pourtant de le recevoir dignement et de faire encore figure de puissance. Il y eut entrée solennelle, troupes rangées sur le passage des souverains, dîner de gala au château. La fin de la seconde journée fut donnée à l'intimité. Frédéric-Guillaume emmena son hôte dans une maison de campagne qu'il s'était procurée aux environs : c'était dans cette retraite sans prétentions qu'il venait donner satisfaction à ses goûts d'existence bourgeoise et se distraire, au spectacle de la nature, d'accablants soucis. Dans toutes les occasions, Alexandre montra sa courtoisie ordinaire ; il fut attentif auprès des dames, aimable avec tout le monde : reconnaissant plusieurs de ses compagnons d'armes de 1807, il eut pour chacun d'eux une parole gracieuse. La cause de la Prusse, qu'il promit de plaider à Erfurt, semblait lui inspirer le plus vif intérêt ; cependant, il parut en général que sa fermeté pourrait ne pas répondre à ses bonnes intentions. Dans sa chronique intime de la cour, la comtesse Voss se fait l'écho de cette déception, bien qu'elle fût, comme toutes les femmes, du parti d'Alexandre ; elle l'avait trouvé charmant, mais si faible[3]. Seul, le ministre Stein concevait meilleur espoir : il avait relevé chez Alexandre des craintes croissantes au sujet de l'ambition napoléonienne et jugeait que sa pitié s'était sincèrement émue au spectacle des misères de la Prusse[4]. Napoléon avait prévu cette impression ; c'était un mal inévitable, mais auquel le hasard venait de fournir un remède. Quelques semaines auparavant, la police française de Berlin avait saisi, sur un agent prussien accusé d'espionnage, une lettre de Stein au prince de Sayn-Wittgenstein. Cette pièce ne prouvait pas seulement que la Prusse mentait en protestant de son repentir, mais qu'elle essayait de fomenter le trouble et la révolte dans le nouveau royaume de Westphalie. L'Empereur lut la lettre saisie avec colère et mépris : Ces Prussiens, dit-il, sont de pauvres et misérables gens[5]. Il résolut d'exiger le renvoi et le bannissement de Stein, de lui faire refuser asile dans les pays voisins, de le mettre hors la loi européenne ; mais en même temps, habile à profiter de toutes les circonstances, si déplaisantes qu'elles fussent, il sut tirer parti de sa découverte. Après s'en être servi pour hâter la signature de la convention du 8 septembre, en menaçant le prince Guillaume et le ministre de Prusse à Paris, s'ils hésitaient à se soumettre, de rompre la négociation et d'accabler leur pays de rigueurs plus que jamais justifiées, il ordonna d'insérer la lettre de Stein dans le Journal de l'Empire, en l'accompagnant d'un commentaire virulent[6]. Puis, il fit expédier à Caulaincourt la feuille accusatrice ; l'ambassadeur devait la communiquer à Roumiantsof d'abord, à l'empereur Alexandre ensuite, au cours même de leur voyage, à titre d'antidote contre les effets de leur séjour à Kœnigsberg. Le Tsar avait à peine quitté cette ville, lorsqu'il reçut avis de l'incident : il en fut consterné, comprit tout de suite que la Prusse venait de fournir contre elle-même une arme terrible : C'est de l'esprit de vertige, dit Roumiantsof, et inexplicable[7]. Dès qu'il eut passé la Vistule, Alexandre aperçut nos couleurs et nos uniformes. Un peu plus loin, à Friedberg, il fut complimenté par le maréchal Lannes, le prit dans sa voiture et entama avec lui une conversation familière. Lorsqu'un étranger, fût-ce un souverain, se rencontre avec un Français, c'est de Paris qu'il l'entretient presque immédiatement : Alexandre ne manqua pas à cette tradition : Il m'a beaucoup parlé de Paris, écrivait le maréchal, il m'a même dit que, si les choses s'arrangeaient comme il l'espérait, il désirerait infiniment voir cette capitale, pour rester plus longtemps avec l'empereur Napoléon[8]. Il ne tarissait pas sur son attachement pour ce prince et montrait pour nos troupes autant d'admiration que de curiosité. Sur la Vistule, il avait particulièrement remarqué le 2 6e d'infanterie légère et le 8e de hussards, pour la tenue[9] ; à Kustrin, il voulut s'arrêter quelques heures pour voir une division de cuirassiers en garnison dans cette ville. On avait eu soin, d'ailleurs, que, parmi nos régiments, les plus remarquables par leur allure martiale ou la magnificence de leur équipement pussent lui être montrés aux différentes étapes de sa route.. D'incomparables troupes, échelonnées de ville en ville, faisaient la haie sur son passage à travers l'Allemagne. A mesure qu'il approchait du but, le Tsar accélérait sa course. Évitant Berlin, brûlant Leipzig, il ne s'arrêta plus qu'à Weimar, tout près d'Erfurt ; il voulait s'y reposer quelques heures et y faire sa toilette[10], avant de se rendre au lieu de l'entrevue, où Napoléon devait l'attendre et le recevoir le 27. Située à mi-chemin entre le Rhin et l'Elbe, à l'un des carrefours de l'Allemagne, l'ancienne ville hanséatique d'Erfurt avait dû jadis au commerce son importance et sa richesse. Puis, son animation avait disparu avec sa liberté ; la vieille cité s'était assoupie sous le gouvernement d'un prince ecclésiastique, médiatisé plus tard par la Prusse. Après Iéna, elle était demeurée à la disposition de l'Empereur, confondue parmi les dépouilles dont il se réservait d'opérer plus tard la distribution. Elle attendait son sort, ignorant si elle serait saxonne ou westphalienne, adjugée au prince primat ou abandonnée à un grand-duc, lorsqu'elle apprit que les puissances de la terre s'étaient donné rendez-vous dans ses murs, et que les affaires du monde allaient s'y traiter. Cette nouvelle la troubla tout d'abord. Ville paisible de bourgeois et de fonctionnaires, Erfurt n'avait pas le goût des grandeurs, et d'ailleurs sa disposition ne se prêtait guère à sa nouvelle fortune. Ses rues tortueuses, mal pavées, point éclairées le soir, ses places irrégulières, semblaient peu propres au déploiement des cortèges et aux évolutions de la troupe. Ses maisons étroites, à pignons aigus, à façades pittoresques, où l'art du seizième siècle avait sculpté ses ornements délicats, si elles avaient suffi naguère à abriter le luxe tout intime d'une bourgeoisie opulente, ne répondaient pas aux nécessités des grandes existences de cour. N'importe, le maitre avait parlé : Erfurt cessait de s'appartenir. Il lui fallut se laisser aménager et transformer, se faire capitale pour quelques jours, s'accommoder aux honneurs et aux charges de sa destination improvisée. Ce fut d'abord une prise de possession militaire ; des troupes partout : artillerie à la citadelle, avec le général comte Oudinot, gouverneur de la place ; compagnies d'élite en ville, régiments d'infanterie cantonnés dans les villages environnants. Les bourgeois regardaient passer ces belles troupes avec admiration, puis songeaient qu'il faudrait leur fournir vivres et logement, et cette réflexion tempérait leur enthousiasme. A l'invasion des soldats succéda celle des employés, agents et ouvriers : ils parurent en longues files, amenant des convois d'objets précieux. Par leurs mains, tout se restaurait et s'embellissait. Le palais du gouvernement échangeait son mobilier d'autrefois contre un décor dans le style du jour, renouvelé de l'antique, se parait de bronzes, de vases, de statues ; les murs des appartements, fleuris d'ornements gracieux, disparaissaient sous les lourdes étoffes et les tapisseries des Gobelins ; les portraits des vieux princes, des duchesses à falbalas, souriant sous la poudre, cédaient la place aux emblèmes de l'Empire ; partout des aigles, partout des abeilles d'or, semées sur la pourpre des tentures. L'ancien théâtre de la cour, délaissé et transformé en hangar, brillait à nouveau sous ses dorures avivées ; certaines demeures bourgeoises, désignées pour loger les hôtes de l'Empereur, recevaient une décoration somptueuse et prenaient figure de palais[11]. A ces apprêts publics s'ajoutaient de mystérieuses précautions. A Erfurt, comme partout en Allemagne, il y avait des mécontents ; leur nombre grossissait chaque jour, et on les désignait sous le nom générique de Prussiens, car c'était vers la Prusse que se tournaient instinctivement leurs regards et leurs espérances. Il importait d'avoir l'œil sur eux : il y aurait, pendant l'entrevue, un esprit public à surveiller, à diriger, et, dans ce but, la police impériale, dont le rôle grandissait sans cesse clans le gouvernement, avait mis sur pied toutes ses réserves. Paris avait envoyé un service complet, un autre fut organisé sur place, recruté dans le pays[12]. On le composa d'agents de toute sorte, publics et secrets, patentés ou officieux. Des observateurs notaient les mal pensants, s'enquéraient de leurs mouvements, se Glissaient dans toutes les réunions, écoutaient ce qui se disait dans les cercles particuliers, dans les cafés, dans les casinos. Et chaque jour leur tache devenait plus lourde, car la population d'Erfurt doublait, triplait à vue d'œil. Les vingt auberges de la ville étaient assiégées, les maisons particulières envahies. A toute heure, c'étaient de nouvelles arrivées : hier, un groupe de diplomates, précédant leurs 'mitres ; aujourd'hui, la Comédie française, appelée par levée en masse, au nombre de trente-deux sujets ; puis des curieux, des fonctionnaires en congé, des joueurs de profession, des oisifs venus des eaux d'Allemagne, de Carlsbad et de Tœplitz, de tous ces lieux de plaisir et de conversation que Metternich appelait les cafés de l'Europe[13] ; enfin, au milieu de cette foule bourdonnante et confuse, des personnages à sensation, des grands seigneurs de toute provenance, des maréchaux d'Empire, des princes souverains, des rois. Au premier bruit de l'entrevue, il y avait eu grand émoi dans les cours allemandes. Les plus importantes furent les plus embarrassées. Les souverains de Bavière, de Saxe, de Wurtemberg, rois par la grâce de Napoléon, désiraient présenter leurs hommages à leur chef et suzerain, au protecteur de la Confédération. Seulement, comme le rang de ces princes leur donnait droit à un traitement spécial, à une place officielle auprès de Napoléon et d'Alexandre, leur présence ne risquait-elle point de déplaire aux deux empereurs, qui préféreraient peut-être la solitude à deux, et de troubler leurs épanchements ? Les rois hésitaient donc, partagés entre le désir de faire leur cour et la crainte de gêner. A la fin, ils prirent le parti d'écrire a l'Empereur et de lui poser la question : ils lui exprimèrent leur bonne volonté et leurs scrupules, sollicitèrent respectueusement leur admission à Erfurt. Le grand-duc de Bade, retenu par l'âge, essaya de se faire pardonner par une lettre particulièrement humble, dans laquelle il présentait au maître l'hommage d'une profonde vénération, et des vœux qu'il formait invariablement pour sa gloire et sa précieuse conservation[14]. Tel était le ton qui régnait entre l'Empereur et ses grands vassaux d'Allemagne. Napoléon permit aux rois de venir à Erfurt. Les premiers prévenus furent ceux de Saxe et de Wurtemberg, qui partirent aussitôt. La réponse au souverain de Bavière ayant tardé quelque peu, ce prince en éprouvait de mortelles inquiétudes : il écrivit de sa main à notre ambassadeur auprès de lui le billet suivant : Le roi de Saxe est à Erfurt depuis hier, et mon beau-frère, le duc de Bavière, me mande qu'il y va aussi. Serai-je donc le seul exclu ? Je sais que l'Empereur a de l'amitié pour moi, j'ose même me flatter qu'il me compte parmi ses plus fidèles alliés ; cela n'empêchera pas que, s'il ne m'appelle pas auprès de lui, ne fût-ce que pour vingt-quatre heures, il me fera perdre nécessairement une partie de ma considération politique et m'affligera personnellement. Si vous croyez que ces réflexions ne déplairont pas à Sa Majesté, je vous autorise, Monsieur Otto, à les lui faire parvenir[15]. Lorsqu'il sut enfin que l'Empereur l'autorisait à se présenter, Maximilien-Joseph ne se posséda plus de plaisir : Jamais Sa Majesté, écrivait Otto, ne m'a paru plus contente ni plus joyeuse[16]. Quant aux principicules que l'Allemagne possédait à foison, leur médiocrité les affranchit de tout embarras : ils parurent sans se faire annoncer, sachant que leur présence ne tirerait pas à conséquence et espérant qu'un regard du maitre s'abaisserait sur eux. Il en vint de tous côtés, du Nord et du Sud ; ils arrivaient isolément ou par familles, et on les voit figurer pêle-mêle, à côté de colonels polonais et de comtesses allemandes, sur la liste des étrangers recherchant la grâce d'être présentés à Sa Majesté. Et chacun de ces courtisans se double d'un solliciteur : chacun a sa requête à produire, sa supplique à présenter. Qui veut une ville, qui une somme, un titre, une faveur quelconque : nul n'a entendu faire un voyage désintéressé, ni revenir les mains vides. Le duc d'Oldenbourg revendique quelques lambeaux de territoire aux dépens de la Hollande ; le duc de Weimar demande Erfurt, le duc de Cobourg demande Baireuth et Culmbach, avec un arrondissement qui le fasse joindre au duché de Cobourg. Le duc de Mecklembourg-Schwérin réclame le titre de grand-duc, celui de Mecklernbourg-Strélitz désire qu'une parfaite égalité soit observée entre sa maison et celle de Schwérin. — Le prince de la Tour-et-Taxis désire une indemnité des revenus qu'il a perdus par le nouvel arrangement des postes de l'Empire. Le duc Alexandre de Wurtemberg désire une abbaye en compensation de la perte de ses apanages[17]. Confondus dans la foule des visiteurs, ces princes cherchaient cependant à s'en distinguer par le luxe un peu suranné de leurs livrées, de leurs équipages et de leur maison. Les charges, les titres de l'Allemagne féodale reparaissaient autour d'eux ; le nombre était incalculable de chambellans, de conseillers privés, d'écuyers cavalcadours qui se trouvaient réunis à Erfurt, tous gonflés de leur importance. Mais se présentait-il quelque Français, touchant de près ou de loin à l'état-major impérial, chacun de s'effacer respectueusement, tant était inné chez ces Allemands le culte de la force. L'ancien régime s'inclinait devant le nouveau ; les princes de maison régnante cédaient le pas aux ducs créés par Napoléon. Pour se venger de cette humiliation commune, ils rivalisaient entre eux, ressuscitaient de vieilles prétentions et de vieilles querelles, et ces comparses remplissaient bruyamment la scène, attendant que l'apparition des acteurs principaux les réduisit au silence. Le 27 au matin, Napoléon arriva brusquement, en voyageur, accompagné du seul prince de Neufchâtel. De beaux escadrons de sa garde galopaient autour de sa voiture, et la vue de ces guerriers aux exploits fabuleux, de cette légende vivante, produisit sur le peuple son effet ordinaire de saisissement. Napoléon n'avait point voulu de réception officielle ; on avait préparé des arcs de triomphe, il les fit décommander. II entendait que tous les honneurs, tous les hommages fussent communs aux deux empereurs, et se refusait à en distraire prématurément aucune part. Il prit logement au palais, expédia quelques ordres, écrivit à Cambacérès, rendit visite au roi de Saxe, puis monta à cheval avec toute sa maison pour se rendre au-devant de l'empereur de Russie. A quelque distance de la ville, on aperçut la voiture d'Alexandre venant en sens inverse, au milieu d'un groupe brillant d'officiers. Les deux empereurs mirent pied à terre, allèrent l'un à l'autre, s'embrassèrent, puis causèrent quelques instants avec effusion, en amis heureux de se retrouver. Par ordre de Napoléon, on avait amené pour Alexandre un cheval de selle pareil à ceux dont le Tsar se servait d'ordinaire, harnaché à la russe, avec une housse de fourrure blanche ; Alexandre le prit, Napoléon remonta à cheval ; leurs suites se confondirent, et, en une seule colonne, on se dirigea vers la ville, qui dressait au loin sa silhouette gothique. Les troupes étaient massées à l'entrée d'Erfurt, en tenue de parade. L'artillerie tonnait par salves répétées, les vieilles pièces des remparts répondaient aux batteries françaises, et, dans l'intervalle des décharges assourdissantes, le son des cloches s'élevait grave et clair, s'envolant de toutes les églises, de tous les beffrois. Des hauteurs qui contournent Erfurt, tribunes naturelles, une foule innombrable de curieux contemplait l'imposant spectacle qui s'avançait vers la ville. Au delà des lignes d'acier formées par la cavalerie d'avant-garde, on distinguait maintenant les splendeurs de l'état-major, l'étincelante diversité des uniformes, l'or des broderies, les couleurs variées des grands cordons, depuis le rouge de la Légion d'honneur jusqu'au bleu pâle de Saint-André, la blancheur neigeuse des panaches ; et peu à peu, en avant du groupe, les deux empereurs se détachaient. Ils s'avançaient de front. Alexandre, maniant son cheval avec grâce, correct dans l'habit vert foncé d'officier général russe, tenait la droite ; sa taille haute et svelte dépassait celle de son allié. Lui, cavalier négligent, ramassé dans sa courte et forte stature, simple dans l'uniforme des chasseurs de sa garde, attirait pourtant et fascinait tous les regards ; auprès de lui, toute grandeur, toute magnificence rentrait dans l'ombre, car ses actions immortelles l'environnaient de leur éclat, le désignaient aux peuples et lui faisaient un magique cortège[18]. L'entrée en ville fut solennelle : les tambours battaient aux champs, les drapeaux s'inclinaient, et, à mesure que le double état-major passait devant le front des troupes, une clameur s'élevait des rangs : Vivent les Empereurs ! Dans la journée, Napoléon et Alexandre se montrèrent plusieurs fois avec de nombreuses escortes, et la curiosité publique se satisfit amplement. On cherchait autour de l'Empereur, on voulait voir ces hommes fameux à tant de titres, ces généraux qui portaient des noms de victoires, fils du peuple et vainqueurs des rois, ces serviteurs dévoués que l'imagination populaire ne séparait jamais de Napoléon et mettait toujours à ses côtés : Lannes, Berthier, Duroc en colonel général des chasseurs, Caulaincourt qui reprenait ses fonctions de grand écuyer. Les ministres, les hommes d'État étaient plus difficiles à découvrir au fond de leur carrosse ; on citait les noms de Talleyrand, de Champagny, de Roumiantsof. Les costumes des dignitaires français, les uniformes russes étonnaient par leur nouveauté. Des anecdotes circulaient ; l'attitude, les moindres gestes des deux souverains étaient commentés ; on répétait qu'ils n'avaient cessé de se parler amicalement, que leurs visages exprimaient cordialité et confiance, qu'ils étaient entrés en se donnant le bras dans la maison réservée à l'empereur Alexandre. Ces circonstances étaient acceptées comme d'heureux présages et atténuaient les craintes pour l'avenir. Quand on sut que l'Empereur, pour don de joyeuse arrivée, exonérait les habitants du logement et de la nourriture des troupes, le contentement fut sans mélange, et l'aspect de la ville, suivant le rapport d'un policier prétentieux, donnait une douce satisfaction à l'observateur[19]. Le soir, dans la ville illuminée, garnison et peuple purent se mêler librement sans qu'il en résultât aucun trouble : la tranquillité fut complète, et l'enthousiasme parut unanime, chacun demeurant sous l'impression des événements de la journée et de l'inoubliable grandeur du spectacle[20]. Le lendemain, les deux empereurs organisèrent leur vie en commun. Ils convinrent de se réserver la matinée pour leurs affaires personnelles ; l'après-midi serait consacrée au travail politique, aux réceptions de monarques et de personnages, à la promenade, la soirée au monde et aux plaisirs. Le même jour fut signalé par un incident remarquable : on vit arriver un envoyé extraordinaire d'Autriche, le général baron de Vincent, apportant une lettre de son maître pour Napoléon, une autre pour Alexandre, toutes deux affectueuses et vides. Sous prétexte de cette amicale démarche, il semblait que François Ier, suivant à demi le conseil de Talleyrand, voulût se rappeler à l'attention des deux empereurs et intervenir par procuration à leur débat. Napoléon donna immédiatement audience à M. de Vincent et reçut son message avec solennité. C'est l'instant qu'a choisi un peintre officiel pour grouper dans une scène idéale, dans un tableau conservé au musée de nos gloires, les principaux personnages d'Erfurt, avec l'attitude que leur ont prêtée la tradition et la légende. La réception a lieu dans le cabinet de l'Empereur. Auprès d'une table massive, Napoléon est debout. Son large front pensif, illuminé de gloire, s'incline légèrement : d'un geste majestueux, sa main se tend pour recevoir la lettre que M. de Vincent lui présente, le corps plié en deux par un profond salut. A quelques pas, l'empereur Alexandre contemple d'un œil satisfait cette scène d'apaisement : il est posé à souhait pour laisser admirer la finesse de son profil, son port noble et charmant. Au second plan, entre les deux monarques, Talleyrand apparaît ; son costume sombre, agrémenté de broderies d'un bleu pâle, met une note discrète au milieu de l'éclat des uniformes ; ses cheveux blanchis par la poudre adoucissent l'expression heurtée de ses traits et rappellent les grâces d'autrefois ; placé derrière la table, il semble se borner au rôle de secrétaire impassible, se prépare à écrire sous la dictée des deux empereurs et à prendre acte de leurs décisions. Au fond de la salle se distinguent les rois, princes et ministres allemands, puis Duroc, Berthier, Maret, Caulaincourt, d'autres serviteurs de l'Empereur, le comte Roumiantsof enfin, et le grand-duc Constantin, dont la face tartare s'accuse dans la pénombre. Tous ces personnages sont groupés dans des poses diverses, mais de manière à former autour de Napoléon, qui occupe le milieu de la scène, saisit et concentre l'attention, un cercle de courtisans. Les visages, de même que les costumes et les accessoires, sont reproduits avec fidélité : chaque figure est un portrait. Quant à l'expression des physionomies, volontairement ou non, l'artiste nous la montre telle qu'elle se composait pour les scènes d'apparat qui se succédaient à Erfurt, c'est-à-dire froide, uniforme et solennelle. Chez tous les assistants règne la même satisfaction de commande, le même air de contentement officiel, où rien ne transparaît des sentiments intérieurs qui agitent et soulèvent les cœurs. Essayons toutefois, sous ces dehors compassés, d'atteindre les âmes : chez ces personnages dont la plupart vont jouer leur rôle, exercer leur action à Erfurt, essayons de démêler le jeu ardent des passions, des haines, des convoitises, prêtes à s'allier ou à se combattre, à s'associer pour l'intrigue ou à se livrer courtoisement une lutte opiniâtre. L'envoyé autrichien, qui se courbe dans une attitude de craintive déférence, ne présente qu'un acte de feinte soumission, accueilli par l'Empereur avec défiance ; Napoléon ne veut plus juger l'Autriche à ses paroles, mais à sa conduite, et il n'a encore reçu aucun témoignage probant de ses intentions. M. de Vincent est lui-même un ennemi ; notre ambassadeur à Vienne le signale comme tel et le montre comme l'affidé et la créature de Stadion, cet incorrigible adversaire[21]. A Erfurt, M. de Vincent sera surtout un observateur ; sa mission est de s'initier au secret des deux empereurs, de percer le mystère de leurs délibérations, et de soustraire, s'il est possible, Alexandre à l'influence de Napoléon. Déjà il a reconnu le terrain et s'est senti encouragé dans sa tâche en se découvrant, chez les Français eux-mêmes, des auxiliaires et un allié, le plus précieux de tous. Aussi bien, le prince de Talleyrand, qui s'efface en apparence et se retire au fond de la scène, aspire à jouer dans l'ombre un rôle prépondérant et tout personnel. Erfurt est le terrain où va s'engager à fond le jeu auquel il prélude depuis quelques mois ; désormais, il est en insurrection sourde, mais formelle, contre son maître, et, loin de servir ses volontés, vient conspirer contre ses desseins. Ce qu'il veut tout d'abord, c'est négocier sa paix particulière avec l'Europe, cimenter ses bons rapports avec Vienne, se ménager auprès du Tsar un crédit destiné à l'assurer contre les risques de l'avenir ; à Erfurt, il inaugurera avec Alexandre les relations qui lui permettront, six ans plus tard, de faire au monarque russe les honneurs de Paris conquis. Sa défection s'inspirait aussi de motifs plus élevés. Voyant avec une juste terreur Napoléon s'engager de plus en plus dans la voie de l'impossible et s'acheminer vers de suprêmes périls, mais appréciant mal les nécessités inéluctables qui Gouvernaient la politique de l'Empereur, il jugeait qu'un moyen restait de l'arrêter, de le tempérer, et que c'était d'encourager les puissances à lui tenir tête. Il se range donc contre lui aux côtés de l'étranger et trahit sa cause en se flattant de servir ses intérêts. Prenant le contre-pied de tout ce que l'Empereur désire et poursuit, il essayera de faire en sorte que l'Autriche ne se courbe pas trop bas, que l'empereur Alexandre ne se livre pas trop complètement : il avertira ce monarque, le mettra en garde contre la séduction, essayera de dissiper à ses yeux le prestige de Napoléon, le suppliera de ne point sacrifier à ses propres ambitions l'indépendance de l'Europe ; s'il désire que la conférence aboutisse et que l'entente s'opère entre les deux souverains, il tient à ce que cet accord demeure incomplet, entouré de précautions, muni de stipulations restrictives : à ses yeux, l'alliance russe doit devenir pour Napoléon un frein plutôt qu'un levier. Idée qui eût été juste et profonde, si l'Angleterre eût été disposée à traiter et que la paix du monde n'eût dépendu que de la modération de son vainqueur : en fait, idée fausse, jeu coupable et fatal, puisque l'Angleterre, — elle allait le prouver, — demeurait inébranlablement résolue à ne point céder tant qu'elle conserverait l'espoir de diviser le continent et que l'Europe ne se serait pas rassemblée contre elle sous la main de l'Empereur. Dès l'arrivée d'Alexandre, — c'est Metternich qui nous l'apprend d'après d'expresses confidences, — Talleyrand s'est fait recevoir en audience intime ; par un trait d'habile témérité, il s'est livré du premier coup au Tsar pour gagner sa confiance : il lui a dit ces paroles audacieuses : Sire, que venez-vous faire ici ? C'est à vous de sauver l'Europe, et vous n'y parviendrez qu'en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l'est pas. Le souverain de Russie est civilisé, et son peuple ne l'est pas : c'est donc au souverain de la Russie d'être l'allié du peuple français[22]. Dans d'autres entretiens, Talleyrand reprend et développe la même pensée : il montre que la France, saturée de gloire, dégoûtée de conquêtes, avide de repos, se confie dans la sagesse et la fermeté d'Alexandre pour lui épargner de nouvelles épreuves et l'implore comme médiateur entre elle et le génie immodéré qui l'épuise. Cette thèse, il la fait reprendre auprès du Tsar par intermédiaires ; il la place dans des bouches différentes ; déployant tous les moyens que lui suggèrent son tact raffiné, sa grâce enveloppante, sa connaissance parfaite des hommes et des choses, il sait enrôler dans son parti les personnages les plus divers. Chez chacun, il s'adresse au penchant favori, fait vibrer la passion maîtresse et, s'emparant d'eux, les emploie à ses fins. Il parvient à se rapprocher de Tolstoï, qui s'est longtemps refusé à ce contact, approuve ses terreurs, le porte à répéter à son souverain, dans la chaleur d'entretiens véhéments, tout ce que contenaient ses dépêches. Il caresse, séduit, endoctrine Roumiantsof, en flattant une vanité qui est le travers dominant du vieil homme d'État et en l'éblouissant par l'illusion d'un grand rôle à jouer. Il n'est point jusqu'aux plus zélés serviteurs de Napoléon qu'il ne sache gagner à ses vues et transformer en complices inconscients. Entretenant chez les maréchaux, les dignitaires, un commencement de lassitude et le désir de goûter en paix les avantages acquis, il fait parvenir à Alexandre l'écho de leurs doléances ; il les a habitués à révérer en lui le génie personnifié de la politique, et plus d'un croit faire preuve d'un dévouement éclairé envers l'Empereur en suivant les directions du prince. En un mot, avec un art consommé et discret, Talleyrand travaille à tisser autour du Tsar un réseau d'intrigues, à l'attirer insensiblement dans ses liens. A Tilsit, Napoléon a fait la conquête d'Alexandre ; pourquoi ne serait-ce point Talleyrand qui le captiverait à Erfurt[23] ? Le Tsar, malgré les caresses qu'il reçoit de Napoléon et celles qu'il lui prodigue, est ému, frappé des paroles qui lui arrivent d'autre part. Elles lui semblent exprimer, — c'est lui-même qui parle, — l'opinion de tout ce qui est sensé en France[24] ; il y voit la confirmation des doutes qui l'assiègent depuis tant de mois, un argument sans réplique à l'appui de ses propres défiances. Puisque les hommes les plus éclairés et les plus sages de la France eux-mêmes[25] suspectent et réprouvent la politique impériale, est-ce à lui d'aplanir les voies à une ambition qui ne connaît plus de bornes et de l'aider à briser tout obstacle ? L'imprudence d'un tel abandon lui semble dès à présent démontrée. Non qu'il veuille répudier l'alliance française avant d'en avoir recueilli les bénéfices ; il consentira à en prolonger l'essai, si Napoléon lui accorde les satisfactions que les services rendus et une longue patience l'ont nuis en droit d'exiger. Seulement, ces avantages si ardemment convoités, il les attend moins aujourd'hui de la complaisance que des embarras de son allié. Ce qu'il espère, c'est que la France, occupée par l'Espagne, tenue en échec par l'Autriche, lui laissera, au prix de services sans trop grandes conséquences, la main libre sur le Danube, lui permettra d'y faire son jeu particulier, de terminer glorieusement les entreprises en cours : ce résultat acquis, il se ressaisira tout entier et verra à se choisir un parti définitif. Son vœu est donc que la Russie obtienne toute latitude pour se consacrer momentanément à ses intérêts propres, et qu'il ne 'soit point porté à l'indépendance européenne, durant ce temps, d'irrémédiables atteintes. Possédé de ce double désir, il s'estime heureux que des difficultés imprévues entravent la marche de Napoléon, et il se sent de moins en moins disposé à les écarter. Il n'est plus susceptible de ces élans passagers, mais enthousiastes, qui le portaient naguère à confondre sa cause avec celle du grand empereur, à s'associer avec lui dans une étroite communauté de vues et de mouvements. S'il persiste à affecter la confiance, l'expansion, la cordialité, si rien n'est changé dans le culte extérieur qu'il rend à Napoléon, sa foi est bien près de succomber sans retour : il pratique encore, mais ne croit plus. Affichant une tranquillité superbe, une aisance parfaite dans ses rapports avec son allié, Napoléon n'en sent pas moins que des influences hostiles lui disputent Alexandre ; il découvre en lui des soupçons, des arrière-pensées, le trouve différent de ce qu'il était à Tilsit. Il s'en est plaint à Caulaincourt, dès qu'il a revu cet ambassadeur, et lui a demandé le pourquoi de ce changement. Très courageusement, Caulaincourt lui a exposé que chacun se croit menacé, et que la Russie commence à partager les appréhensions générales. Quel projet me croit-on donc ? — Celui de dominer seul. — On me croit donc de l'ambition ? reprend l'Empereur avec un sourire ; mais la France est assez grande, que puis-je désirer ?... Ce sont sans doute ces affaires d'Espagne. Et sentant là l'irréparable faute, comme s'il éprouvait le besoin de se justifier devant les autres et devant lui-même, il reprend la question, refait à Caulaincourt le récit des entrevues de Bayonne, affirme que la force des choses l'a entraîné, que se fier à Ferdinand eût été livrer l'Espagne à nos ennemis, l'ouvrir aux Anglais, séparer de la France cette alliée naturelle : Ai-je eu tort ? C'est ce que le temps prouvera ; agir autrement, c'eût été relever les Pyrénées : la France, l'histoire me l'eussent reproché ; au reste, la Russie est mal fondée à lui faire un crime d'avoir disposé d'un peuple ; n'a-t-elle point dans son histoire le partage de la Pologne ? Et plongeant dans la pensée d'Alexandre et de ses conseillers, il ajoute : Cela m'occupe loin d'eux ; voilà ce qu'il leur faut, ils en sont donc enchantés[26]. Néanmoins, malgré ce ton hautain et qui veut rester confiant, il se rend compte que les événements d'Espagne, en le montrant insatiable et en prouvant qu'il n'est plus invincible, rendent l'espoir à tous ses ennemis : dans la foule prosternée qui l'entoure, il perçoit des symptômes de révolte, sent les gouvernements et les peuples frémir sous sa main, et comprend que les splendeurs d'Erfurt ne sont qu'un voile jeté sur une situation critique et menaçante. Habitué à vaincre, il espère une fois de plus triompher de tous les obstacles, ressaisir Alexandre et enchaîner l'Europe par le bras de la Russie, mais ne se dissimule point que la lutte sera chaude et serrée, qu'elle exigera toute sa force et toute son adresse. A voir l'impassible sérénité avec laquelle il tient sa cour de souverains, on le croirait uniquement occupé de régner ; cependant il se dispose à combattre, prépare ses moyens, fait appel à toutes les ressources de son génie et vient livrer à Erfurt sa grande bataille diplomatique. |
[1] Caulaincourt à l'Empereur, 5 novembre 1808.
[2] Caulaincourt à l'Empereur, 23 septembre 1808. L'empereur, écrivait encore Caulaincourt à son maitre, a décidé qu'il n'emmènerait ni maison ni cuisine : il compte sur celle de Votre Majesté, dont il fait chaque jour l'éloge, ainsi que de son vin, même du champagne, dont il ne buvait jamais avant. 24 mars 1808.
[3] Neun und Sechszig Jahre am Preussischer Hofe, p. 237.
[4] HASSEL cite, p. 547, une lettre écrite par Stein dans ce sens : Il voit, dit le ministre prussien en parlant d'Alexandre, le danger qui menace l'Europe par l'ambition de Bonaparte, et je crois qu'il n'aura accepté l'entrevue que pour conserver encore quelque temps le repos extérieur.
[5] Napoléon à Soult, 4 septembre 1808, lettre inédite. Archives nationales, AF, IV, 878.
[6] Voyez le Journal de l'Empire (Journal des Débats) du 9 septembre 1808.
[7] Caulaincourt à l'Empereur, 23 septembre 1808.
[8] La lettre du maréchal a été publiée par M. R. BITTARD DES PORTES dans la Revue d'Histoire diplomatique, janvier 1890, 143-144.
[9] Lettre du maréchal Lannes.
[10] Caulaincourt à l'Empereur, 23 septembre 1808.
[11] Rapports de police. Archives nationales, AF, IV, 1696.
[12] Archives nationales, AF, IV, 1696. Brockhausen au roi de Prusse, 20 septembre 1808, HASSEL, 512.
[13] Metternich à Champagny, 3 août 1808. Archives des affaires étrangères, Vienne, 381.
[14] Archives nationales, AF, IV, 1696.
[15] Archives des affaires étrangères, Bavière, 184.
[16] Archives des affaires étrangères, Otto à Champagny, 30 septembre 1808.
[17] Liste des prétentions des princes allemands, dressée par M. de Champagny. Archives nationales, AF, IV, 1696.
[18] THIBAUDEAU, IV, 58 et suivantes, Documents inédits.
[19] Rapport de police du 29 septembre.
[20] Rapport du général gouverneur de la place, rapports de police. Archives nationales, AF, IV, 1696. THIBAUDEAU, loc. cit.
[21] Andréossy à Champagny, 22 septembre 1808. Archives des affaires étrangères, Vienne, 381.
[22] METTERNICH, II, 248.
[23] METTERNICH, II, 247-248. Cf. les Réminiscences sur Napoléon et Alexandre Ier, par la comtesse de CHOISEUL-GOUFFIER, p. 168.
[24] Lettre particulière et autographe d'Alexandre à Roumiantsof, 19 décembre 1808. Archives de Saint-Pétersbourg.
[25] Alexandre à Roumiantsof, 18 décembre 1808. Archives de Saint-Pétersbourg.
[26] Documents inédits.