L'HOMME AU MASQUE DE FER

 

CHAPITRE XVII.

 

 

Brusque et singulière arrivée de Lauzun dans la chambre de Fouquet. — Celui-ci l'a connu autrefois sous le nom de marquis de Puyguilhem. — Lauzun énumère ses titres, ses dignités et se dit cousin du roi. — Fouquet croit son visiteur fou. — Portrait de Lauzun. — Ses aventures. — Son arrivée à Pignerol. — Il continue ses visites à Fouquet. — Récits qu'il lui fait. — Belle conduite de Louis XIV envers Lauzun. — Audacieux moyen que celui-ci emploie pour surprendre une conversation entre Louis XIV et madame de Montespan. — Diversité de la conduite de Lauzun et de celle de Fouquet. — Emportements de Lauzun contre Saint-Mars. — Perplexité de celui-ci. — Singulier moyen de surveillance auquel il a recours. — Adoucissement progressif dans le sort des deux prisonniers. — Ils reçoivent l'autorisation de se voir. — Arrivée à Pignerol de la fille de Fouquet. — Mésintelligence entre Fouquet et Lauzun. — Causes de cette mésintelligence.

 

Dans les premiers mois de l'année 1672, Fouquet entend un jour renverser tout à coup un des meubles de sa chambre, et il aperçoit un homme de petite taille, au corps fluet et maigre, se glissant dans une étroite ouverture et s'avançant vers lui en souriant. Il est vêtu du grand costume bleu, aux parements rouges, de capitaine des gardes du roi. Rien, sauf l'épée, ne manque à ce costume, dont les riches broderies et les brillants insignes forment un singulier contraste avec le lieu où il est porté. L'attitude du nouveau venu est hautaine et son air presque protecteur. Fouquet hésite à reconnaître en lui un petit cadet de Gascogne, marquis de Puyguilhem, n'ayant pas de fortune, point de situation, et qui était venu parfois, au temps de sa puissance, lui emprunter quelque argent[1]. Trop heureux d'avoir été recueilli chez le maréchal de Grammont, son parent, il faisait très-triste figure à la cour à l'époque où Fouquet avait été arrêté. Aussi quel n'est pas l'étonnement de ce dernier, lorsque l'étrange visiteur, interrogé sur les causes de sa détention à Pignerol, répond qu'elles ont été exposées par le roi dans une lettre adressée à tous les ambassadeurs français à l'étranger[2]. La stupéfaction de Fouquet redouble quand il apprend que ce costume n'est pas une mascarade, et que celui qu'il a laissé au dernier rang à Versailles, est bien capitaine des gardes, en outre gouverneur du Berri, colonel général des dragons, et qu'il a été pourvu d'une patente de général d'armée. Mais, lorsque celui-ci, continuant ses confidences[3], énumère ses titres et se nomme comte de Lauzun, duc de Montpensier, dauphin d'Auvergne, souverain de Dombes, comte d'Eu et de Mortaing, enfin époux de la grande Mademoiselle et cousin germain de Louis XIV, Fouquet cesse d'être surpris. Tout s'explique : son interlocuteur est fou ; les souffrances d'un isolement prolongé l'ont égaré et conduit à admettre pour réelles toutes ces visions. Chacun aurait pensé comme Fouquet, et cette supposition était certainement la plus vraisemblable.

Lauzun en effet, dont la Bruyère a dit qu'il n'est pas permis de rêver comme il a vécu[4], a eu, dans son existence de quatre-vingt-onze années, de telles diversités de fortune, des contrastes si saisissants, des péripéties tellement imprévues, qu'il est peu de héros d'imagination auxquels on ait osé attribuer de pareilles aventures. Rien de plus singulier que la destinée de ce cadet de Gascogne, réduit d'abord à tendre la main au surintendant ; élevé par Louis XIV aux plus hautes dignités et tout à coup enfermé à la Bastille ; parvenant à en sortir et épousant la petite-fille légitime d'Henri IV ; commandant une armée, puis prisonnier durant dix années à Pignerol ; recevant sa grâce, la refusant, emprisonné pour la troisième fois, exilé ensuite, semblant banni pour toujours de la présence du roi qu'il a grossièrement insulté, et néanmoins réussissant à retrouver le chemin de Versailles en passant par Londres[5]. et en s'y faisant un ami de Jacques II ; tour à tour favori et victime de la fortune, sans qu'il ait été jamais ni éclairé par ses disgrâces, ni satisfait de ses faveurs ! Pour les obtenir, il ne reculait devant aucune bassesse[6], et l'extrême audace dont il a parfois fait preuve était calculée. Il avait une certaine hardiesse dans l'esprit, niais point dans le cœur, naturellement bas. Rien, si ce n'est la servile humilité de ses débuts, n'égala la morgue avec laquelle il se vengea de ses premiers abaissements. Cruellement railleur, prompt aux saillies[7], il excellait à découvrir et à flageller les ridicules auxquels il se piquait d'être lui-même supérieur. C'est le plus insolent petit homme, dit la Fare, qu'on ait vu depuis un siècle[8]. Dépourvu de dignité et doué d'une souplesse prodigieuse, il ne craignait pas de se ravaler aux rôles les plus humiliants et réussissait à affecter les qualités qu'il possédait le moins. Mais lorsque, arrivé à ses fins, il jetait le masque et n'était plus que lui-même, il inspirait du mépris. De toutes les femmes qu'ont séduites son jargon de galanterie et des apparences bien trompeuses, il ne s'en est attaché aucune, et la cousine de Louis XIV, sur laquelle il a d'abord exercé un si grand empire, est morte remplie de haine et honteuse d'un aussi indigne époux[9].

Mais tant que Lauzun fut à Pignerol, les illusions de cette princesse ne furent pas dissipées, et son amour, accru par l'éloignement, se manifestait en plaintes vives, en scènes violentes et en tentatives de délivrance. A plusieurs reprises elle envoya à Pignerol ses agents, qui devaient essayer d'entrer en communication avec Lauzun. Mais ils échouèrent dans leur entreprise, et furent chassés de la ville, avec défense d'y rentrer jamais[10]. De son côté, Lauzun, toujours et partout destiné aux aventures, ne demeura pas inactif. Il pensa pouvoir fuir au milieu du désordre et du trouble d'un incendie, et dans cette intention, il mit le feu au plancher de sa chambre. L'incendie, bientôt aperçu, fut aussitôt éteint. Incapable de se résigner à son sort et de trouver quelque soulagement dans l'étude, Lauzun, brisant ses meubles, se livra à toutes sortes d'emportements et de violences, mais-sans réussir à émouvoir Saint-Mars. D'une froide impassibilité, celui-ci était également insensible aux menaces de vengeance et aux injures de son prisonnier. C'est alors que, poussé par la curiosité, il entreprit, cette fois avec patience, et sans attirer l'attention de son geôlier, de tailler dans la muraille[11] une ouverture qui pût le mettre en communication avec la chambre placée au-dessus de la sienne. Nous avons vu qu'il y parvint, et comment il fut accueilli par Fouquet.

Par la même voie, et grâce à quelques précautions, les visites de Lauzun se multiplièrent. Mais en continuant ses confidences, il persuada de plus en plus qu'il était fou.

C'est ainsi que Fouquet l'entendit, sans y ajouter foi, raconter comment, à toutes les hautes charges obtenues, il avait failli réunir une dignité plus élevée encore, celle de grand maître de l'artillerie, et de quelle manière il s'était vengé de son insuccès. Le roi lui avait promis sa nomination, et, aussi vain que léger, Lauzun s'était hâté de l'annoncer, malgré le secret convenu entre eux. Louvois, bientôt informé des projets de Louis XIV, a réussi à l'en détourner, en lui représentant les inconvénients d'un tel choix. Après plusieurs jours de vaine attente, le favori, habitué à plaire, et espérant pouvoir intimider, épie et saisit un tête-à-tête avec le roi. Il ose le sommer de tenir sa parole, et Louis XIV lui ayant répondu qu'il en est dispensé par l'indiscrétion commise, Lauzun tire son épée, et, la brisant en morceaux, s'écrie qu'il ne veut plus servir un prince ainsi capable de manquer à ses promesses. Pâle de colère, le roi prend sa canne ; mais, aussitôt maître de lui-même, il la jette par la fenêtre, en disant qu'il serait trop fâché d'avoir frappé un gentilhomme[12]. Le lendemain, Lauzun était conduit à la Bastille.

Fouquet apprit de lui, sans y croire davantage, une aventure plus audacieuse encore. Lauzun était bientôt sorti de la Bastille et avait recouvré la faveur du roi. Aimé de Mademoiselle, il obtint l'autorisation de l'épouser. Mais, une fois de plus, sa vaniteuse légèreté le perd. Au lieu de hâter une union aussi inespérée, il veut attendre que de somptueuses livrées soient faites, et que le mariage soit solennellement célébré, à la messe du roi, en présence de toute la cour, et comme de couronne à couronne[13]. Il laisse ainsi aux princes et à madame de Montespan le temps d'agir, et Louis XIV, cédant à leurs représentations, retire le consentement d'abord accordé. Lauzun, qui se défie avec raison de madame de Montespan, malgré les assurances d'amitié qu'elle ne cesse de lui donner, ose, pour connaître la vérité, concevoir le projet le plus périlleux[14]. Prenant pour complice nécessaire la femme de chambre de la puissante favorite, il se glisse sous le lit un peu avant l'arrivée du roi, et, témoin de leur entretien, il peut se convaincre que madame de Montespan est son ennemie acharnée, aux conseils de laquelle a cédé Louis XIV. Une toux, dit Saint-Simon[15], le moindre mot, le plus léger hasard, pouvaient déceler ce téméraire, et alors que serait-il devenu ? Ce sont de ces choses dont le récit étouffe et épouvante à la fois. Heureusement Lauzun peut demeurer immobile. Une heure après l'entrevue, rencontrant au ballet madame de Montespan, il lui demande avec douceur si elle a bien voulu le servir auprès du roi. Elle l'assure que, loin d'y manquer, elle s'est complu, comme toujours, à vanter ses services. Lauzun la laisse longuement parler ; puis tout à coup, s'approchant de son oreille, il lui répète mot pour mot la conversation qu'elle vient d'avoir avec le roi, et il termine en la traitant de menteuse, de friponne, de coquine. Madame de Montespan était parvenue à dominer son trouble ; mais elle n'oublia jamais celte scène, et un an après, se joignant à Louvois[16], elle avait entraîné la chute du favori el son envoi à Pignerol.

De ces aventures, qui n'étaient que trop réelles, Fouquet entendait le récit comme on lit un roman invraisemblable. Beaucoup plus tard seulement, il fut convaincu par ses parents et ses amis de la véracité de son compagnon de captivité[17]. Mais pendant plusieurs années, ne doutant pas de sa folie, il se résignait à l'écouter par complaisance, ne recherchant pas les occasions de le voir, mais se gardant bien de le contredire ; se conduisant en un mot avec lui comme on le fait avec un infortuné atteint d'une manie douce, peu dangereuse, mais opiniâtre.

Ces deux disgraciés de la fortune, réunis à Pignerol pour des causes si diverses, et dont l'un devait en sortir mort, tandis que l'autre quittera sa prison pour être encore le héros de singulières aventures, supportaient leur captivité d'une manière bien différente. M. Fouquet ne songe qu'à prier Dieu, écrit Saint-Mars le 20 juin 1672[18]. Il est austant patient et modéré que mon autre prisonnier est furibond. Les emportements de Lauzun avaient pour cause, non-seulement l'insuccès de ses tentatives de fuite[19], mais encore la conduite fort arbitraire de Louis XIV, inspiré par Louvois. L'ancien favori expiait cruellement les faveurs dont il avait été l'objet. On ne se contentait pas de le priver de sa liberté ; on essayait aussi de lui enlever les charges et les biens immenses qu'une générosité excessive avait réunis sur sa tête, mais dont il n'aurait pas fallu le dépouiller au moyen de la pression facilement exercée sur un captif. Capitaine des gardes du corps, il reçut de Seignelay l'invitation de se démettre de cette charge[20]. Pourvu par Mademoiselle du comté d'Eu, du duché d'Aumale, de la principauté de Dombes, de la terre de Thiers, il ne recouvrera sa liberté qu'à la condition de renoncer à tous ces biens au profit du duc du Maine, fils naturel de Louis XIV et de madame de Montespan. Tout d'abord il repoussa avec colère la proposition de Seignelay et accabla d'injures Louvois, dont il reconnaissait l'influence, et Saint-Mars, interprète des ordres de Seignelay[21]. Peu à peu cependant le calme rentra dans cette âme jusque-là agitée et inquiète. Il comprit avec raison qu'il devait tout sacrifier à la liberté, et il espéra pouvoir un jour revenir à ce point culminant de fortune d'où l'avait précipité sa conduite inconsidérée, et qu'il atteindra en effet de nouveau par un suprême effort d'audace. A la cour, il faut toujours prendre : tout vient l'un après l'autre, disait madame de Montespan à la grande Mademoiselle[22]. Lauzun finit par suivre cette maxime, et, en se résignant à son sort, il permit enfin à Saint-Mars de goûter quelque repos.

Le malheureux geôlier en effet s'était vu réduit, par ses scrupules excessifs et par la conduite de Lauzun, aux extrémités les plus singulières. A peine Fouquet avait-il renoncé à l'espoir de fuir et s'était-il livré à l'étude et à la prière, que Lauzun était venu renouveler et accroitre les inquiétudes de Saint-Mars. L'humeur et le désespoir du nouveau captif étaient tels, qu'il s'abandonnait à l'égard de son gardien aux derniers actes de violence[23]. Longtemps insensible à ses injures, Saint-Mars les avait d'abord subies avec indifférence. Ce ne fut bientôt plus possible, et il dut interrompre ses visites. Comment dès lors exécuter les ordres reçus et exercer sa surveillance ? L'infortuné gardien, trop maltraité pour pouvoir revenir chez Lauzun, et trop scrupuleux pour cesser de l'observer, se trouva dans mir perplexité extrême. Ses alarmes s'accroissaient par l'impossibilité de faire ses habituelles perquisitions, et il se représentait constamment son captif imaginant et réalisant un projet de fuite. Il se délivra enfin de cette situation intolérable, mais à quel prix ! Pendant longtemps les employés subalternes de Pignerol aperçurent leur chef se glissant à la dérobée au milieu des quelques arbres qui entouraient le donjon. Là, il choisissait le plus touffu[24], le plus élevé, et domptant les infirmités de l'âge, retrouvant un instant la vigueur de la jeunesse, il s'attachait aux flancs du tronc noueux, s'élevait peu à peu jusqu'aux branches les plus hautes, et là, caché par le feuillage, il tenait ses regards avidement fixés sur cette chambre de Lauzun d'où l'avaient banni de grossières injures. De ce point élevé, il observait la conduite du prisonnier sans être vu de lui[25], et il pensait concilier ainsi les devoirs de sa charge avec les exigences de sa dignité. Assurément, jamais serviteur n'a mieux mérité la confiance de son maître, et Saint-Mars restera sans émule parmi les geôliers de tous les temps.

Ce lieu d'observation cessa d'être impénétrable. Louvois l'avait prévu : Comme les feuilles sont tombées présentement, écrivait-il à Saint-Mars le 10 novembre 1675, vous ne pourrez plus voir ce que M. de Lauzun fera dans son appartement[26]. Mais cette fatigante surveillance était alors rendue moins nécessaire par la résignation et le calme du captif longtemps si indocile. Sa soumission aux ordres de Louis XIV, des preuves d'une piété plus ou moins sincère[27], les instances de madame de Nogent, sa sœur, et de plusieurs amis, valurent à Lauzun les mêmes adoucissements que, depuis plusieurs années, Fouquet devait à l'arrivée au pouvoir d'Arnauld de Pomponne, son ami, et sans doute aussi à l'influence de plus en plus grande de madame de Maintenon[28].

Dès 1672, Fouquet avait eu l'autorisation de recevoir une lettre de sa femme[29]. Moins de deux ans après, il lui avait été permis d'écrire cieux fois chaque année à sa famille[30]. Enfin, à partir du 20 janvier 1679, les faveurs se multiplièrent, et les deux illustres captifs obtinrent tout ce qui pouvait adoucir leur situation. Louis XIV les autorisa à se voir en toute liberté, à prendre leurs repas et à se promener ensemble, à causer avec les officiers du donjon et à lire toutes sortes de livres et de gazettes[31]. Tandis que madame de Nogent et le chevalier de Lauzun recevaient la permission de venir visiter leur frère, Fouquet avait enfin le bonheur de revoir sa femme, sa fille, le comte de Vaux son fils, l'évêque d'Agde et M. de Mézières, ses frères[32]. Seul et isolé depuis quinze années, le surintendant eut cette suprême consolation, dont, hélas ! il ne devait pas jouir longtemps. Ces divers membres de sa famille firent un séjour assez long dans la citadelle. Mais la fille du prisonnier s'y fixa d'une manière définitive et prit un logement placé au-dessus de celui de son père[33]. Presque aussitôt après son arrivée, Lauzun et Fouquet cessèrent de se voir[34]. La cause de cette soudaine mésintelligence est dans l'humeur galante et l'audace entreprenante de Lauzun. L'insolent favori ne vit pas ce qu'offrait de respectable la conduite de la fille de Fouquet, prisonnière volontaire et touchante victime de son amour filial. Ce qui se passa entre ces trois personnes, on ne peut que le soupçonner, car il n'existe aucun document à cet égard. On sait seulement que, longtemps après, Lauzun faisait à Paris à mademoiselle Fouquet des visites si fréquentes et dans lesquelles il se montrait si familier, que la jalousie de la cousine de Louis XIV en fut très-vivement excitée[35]. Il était dans la destinée du surintendant de subir toutes les infortunes, et, au moment où il semblait appelé à recevoir quelque soulagement, de trouver tout à coup, dans la présence de sa fille auprès de lui, une source nouvelle de chagrins et d'amertumes.

Cette douleur fut-elle du moins la dernière ? mourut-il le 22 mars 1680, comme on l'a dit ? ou bien, à cette expiation de ses fautes courageusement supportée à Pignerol depuis seize années, en faut-il ajouter une plus longue encore ? Fouquet a-t-il continué à traîner pendant vingt-trois ans sa misérable existence, et est-ce à la Bastille qu'il est venu obscurément la finir, mort pour tous, le visage caché à tous les regards, et se survivant en quelque sorte à lui-même ?

 

 

 



[1] Mémoires de Brienne, t. II, p. 195-197. — Mémoires sur Nicolas Fouquet, t. II, p. 237.

[2] Dans cette lettre, Louis XIV crut devoir expliquer pourquoi, après avoir autorisé le mariage de Lauzun avec Mademoiselle, il avait retiré sa parole. La lettre est du 19 décembre 1670. Elle se trouve aux archives des affaires étrangères, France, vol. CXCII, p. 150. (Voyez Madame de Montespan et Louis XIV, de M. P. Clément, p. 52.)

[3] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 73.

[4] La Bruyère, Caractères, chapitre de la Cour. Lauzun y est désigné sous le nom de Straton.

[5] Madame de Sévigné.

[6] M. P. Clément a donné à cet égard une lettre de Lauzun à Colbert bien caractéristique. (Voyez Madame de Montespan et Louis XIV, p. 30, note 1.)

[7] Il a eu des réponses fort spirituelles, celle-ci entre autres faite au Régent, auquel il avait demandé une abbaye pour le fameux de Belsunce, évêque de Marseille et son neveu. C'était quelque temps après la peste pendant laquelle le prélat s'est conduit en héros. Malgré la promesse faite à Lauzun, le Régent oublie de comprendre son parent dans la distribution des bénéfices, et, comme Lauzun l'interroge à ce sujet, le Régent, embarrassé, reste silencieux. Alors Lauzun, avec une grande apparence de respect : Monsieur, lui dit-il, il fera mieux une autre fois.

[8] Saint-Simon, dont Lauzun a eu la bonne fortune de devenir sur la fin de sa vie le beau-frère, en épousant à soixante-deux ans la fille du maréchal de Lorges, âgée de seize ans, est plus indulgent pour son parent, dont il ne dissimule pas néanmoins les bassesses.

[9] Lettre de Bussy-Rabutin, t. VIII, p. 265 de l'édition Monmerqué des Lettres de madame de Sévigné. — Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 83.

[10] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 74. — Lettres de Louvois à Saint-Mars, des 14 octobre, 15 et 22 novembre 1672, 16 mars et 25 novembre 1676.

[11] Saint-Mars ne découvrit le trou fait dans la muraille qu'après la mort de Fouquet. (Lettre de Louvois à Saint-Mars, du 8 avril 1680.)

[12] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 70.

[13] Souvenirs de madame de Caylus.

[14] Racine, Fragments historiques. — Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 69.

[15] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 69.

[16] Mémoires de Saint-Simon, t. XIII, p. 72, Un contemporain, Segrais, ajoute madame de Maintenon à ces deux incontestables auteurs de la seconde disgrâce de Lauzun. (Segrais, Mémoires et anecdotes.)

[17] Mémoires sur Nicolas Fouquet, t. II, p. 450.

[18] Lettre inédite de Saint-Mars à Louvois, du 20 juin 1672. (Archives du ministère de la guerre, vol. CCXCIX, f. 48.)

[19] Lettre de Louvois à Saint-Mars, du 16 juin 1676.

[20] Lettre de Seignelay à Lauzun, du 9 novembre 1672.

[21] Lettres de Louvois à Saint-Mars, des 27 novembre et 5 décembre 1672.

[22] Mémoires de mademoiselle de Montpensier, t. IV, p. 456.

[23] Lettres de Louvois à Saint-Mars, des 21 novembre 1672 et 16 janvier 1674. — Delort, Histoire de la détention des philosophes, p. 43.

[24] Lettre de Louvois à Saint-Mars, du 10 novembre 1675. — Delort, Histoire de la détention des philosophes, p. 43.

[25] C'est alors qu'il découvrit que Lauzun avait souvent à la main une lunette d'approche. Elle lui fut enlevée.

[26] Delort, Histoire de la détention des philosophes, p. 241.

[27] Saint-Simon raconte que dans la crainte qu'on ne lui donnât un prêtre supposé qui aurait été son espion, Lauzun avait demandé un capucin, et que, dès qu'il le vit, il lui sauta à la barbe et la tira très-fort et de tous côtés pour s'assurer qu'elle n'était point postiche. Saint-Simon dit tenir ce fait de Lauzun lui-même. (Mémoires, t. XIII, p. 75.)

[28] Mémoires sur Nicolas Fouquet, t. II, p. 450.

[29] Lettre de Louvois à Saint-Mars, du 18 octobre 1672.

[30] Lettre de Louvois à Saint-Mars, du 10 avril 1674.

[31] Lettre de madame de Sévigné, du 27 février 1679. — Mémoire de la manière dont le roy désire que monsieur de Saint-Mars garde à l'avenir les prisonniers qui sont à sa charge, du 20 janvier 1679. — Archives du ministère de la guerre.

[32] Lettres des 10 et 28 mai 1679, de Louvois à Saint-Mars.

[33] Lettre du 18 décembre 1679, de Louvois à Saint-Mars.

[34] Lettre du 24 janvier 1680, de Louvois à Saint-Mars.

[35] Mémoires de mademoiselle de Montpensier, t. IV, p. 401 et 473. Delort, Histoire de la détention des philosophes, p. 52.