1640. — Détention du prince palatin. — Arrestation du prince Casimir. — Le roi de Pologne réclame la mise en liberté de son frère. — Celui-ci sort de Vincennes. — Ambassade envoyée en Pologne. — Caractère du jeune Dauphin. — Préparatifs pour la campagne suivante. — Querelles du roi avec Cinq-Mars. De Poisy, ce 26 février 1640[1]. Je trouve très bon que on loge le prince Casimir[2] a lotel de Chomberg, je ne manqueroy pas denvoyer deniain mes officiers trouver M. de Chavigny pour savoir corne il le faut traiter, je voudrois bien que 'affaire du palatin fut en ausi bon estat[3], je vous donne le bon soir. LOUIS. — (Ibid., fol. 278.) — (Original.) Le 10 mai 1638, le gouverneur du château de Bouc, près de Martigues, s'emparait, dans le port où il commandait, d'une galère génoise qui y relâchait. En agissant ainsi il obéissait aux ordres du comte d'Alais, gouverneur de Provence, qui, informé que cette galère portait le prince Casimir, frère du roi de Pologne, Vladislas VII, avait trouvé suspect qu'un prince, qui venait de servir l'empereur, visitât les côtes de France, en cachant son nom. En effet, le prince Casimir, après avoir traversé toute l'Italie du nord, s'était embarqué à Gênes, puis était débarqué à Saint-Tropez pour aller de là, par terre, jusqu'à Marseille, où il avait séjourné plusieurs jours, sous un nom supposé. La France était en guerre avec l'Espagne, le gouverneur de Provence pouvait supposer que le prince polonais agissait, ainsi qu'il le faisait, pour fournir à l'Espagne tous les renseignements qu'il recueillait dans son excursion en France ; aussi, en ordonnant d'arrêter le prince, le comte d'Alais fit-il son devoir. Ce fut l'avis de Richelieu, qui donna ordre d'interner le prince Casimir au château de Sisteron, malgré deux protestations que lui adressa le prince, le 28 mai et le 20 juillet, dans lesquelles il affirmait qu'il était venu visiter la France et non la trahir[4]. Richelieu n'accueillit pas davantage les réclamations du roi de Pologne qui, dès qu'il connut l'arrestation de son frère, s'empressa de demander sa mise en liberté[5]. Le cardinal lui répondit que le prince Casimir s'en alloit pour s'attacher à l'Espagne... et que la prudence ne vouloit pas qu'il fût délivré sans des précautions si mesurées qu'il n'agiroit point contre la France ny directement ny indirectement, ny qu'il y puisse contrevenir[6]. Bien loin de rendre la liberté au prince polonais, le cardinal le fit amener à Vincennes, pour y être gardé plus sûrement, et, malgré plusieurs ambassades, envoyées par le roi de Pologne, pendant deux ans, il ne voulut rien entendre au sujet de la liberté du prince. Le 15 décembre 1638, il écrivait à Chavigny que le roi ne délivrerait pas le prince sur les simples assurances du roi de Pologne[7]. Cependant les événements l'obligèrent à changer de conduite. Le roi Vladislas, outré de voir la France, son alliée jusqu'alors, retenir son frère prisonnier malgré toutes ses réclamations, se rapprocha de l'empereur et s'apprêta à traiter avec les Espagnols. Ceux-ci se vantaient bien haut que le roi de Pologne leur promettait la levée en Pologne de six mille cavaliers[8]. Cela fit réfléchir Richelieu, qui se décida enfin à renvoyer le prince polonais. Vers le milieu de février 1640, il fit rendre à Louis XIII une ordonnance de mise en liberté[9]. Le 25 du même mois, l'ambassadeur de Pologne s'engagea, au nom de son souverain, à empêcher le prince Casimir de combattre contre la France[10], et le lendemain, 26, le prince lui-même signait un engagement semblable[11]. Le prince sortit de Vincennes à la fin de février et fut logé, ainsi que nous l'apprend Louis XIII, dans la lettre précédente, à l'hôtel de Schomberg[12]. Le 8 mars, il fut reçu par le roi, à Saint-Germain, et, le même jour, à Rueil, par le cardinal. Pendant les quelques jours qu'il resta encore à Paris, on le fit traiter, avec de grands honneurs, par les officiers du roi, pour lui faire oublier, sans doute, le séjour peu agréable du donjon de Vincennes. Enfin, le 20 mars, le prince prit congé de Louis XIII, qui lui fit présent d'un diamant de grand prix, qu'il tira de son doigt pour le lui donner[13]. Casimir partit peu de jours après. Cette affaire ne pouvait se terminer ainsi. Richelieu avait à craindre que le roi de Pologne conservât du ressentiment et le témoignât. On résolut de lui envoyer un ambassadeur. Le 7 avril, le roi signa l'Instruction destinée au baron d'Avaugour, chargé de cette mission[14], et celui-ci, qui se trouvait en Hollande, partit pour la Pologne. Dès la fin de juin sa mission était remplie. Le roi Vladislas, qui ne s'était tourné du côté de l'Empire que par dépit, comprenait trop bien que les véritables intérêts de son pays l'attachaient à la France, pour abandonner définitivement l'alliance de celle-ci. M. d'Avaugour, à son retour, put rassurer complètement Richelieu sur les intentions du roi de Pologne et l'on ne parla plus de cette malheureuse affaire. En résumé, le gouverneur de Provence avait été fort naturellement induit à soupçonner les intentions d'un prince voyageant sous un nom supposé. Mais en maintenant son arrestation, et en la prolongeant sans tenir compte des légitimes protestations du prisonnier, Richelieu a commis un abus de pouvoir, qui se distingue de ses autres actes arbitraires en ce qu'il a été entièrement inutile, et qu'il pouvait entraîner des conséquences fâcheuses pour la France. De Chantilly, ce 4 mars 1640. Je vous remercie du soin que vous avés de moy je ne me suis point santi de la goute depuis St Germain, jay fait ma feste ce matin ou je nay pas manqué de prier le bon Dieu pour vous, jespère vous aler voir mardy a Ruel, je vous prie davoir soin de vostre santé et de vostre personne. — LOUIS. — (Ibid., fol. 279.) (Original.) (mars 1640)[15]. Jacorde volontiers au lieutenant Laboye ce quil me demande je me porte très bien et je suis trais ayse de ce que vous vous j portés mieux que quand je vous ay veu la dernière fois. — LOUIS. — (ibid., fol. 281). — (Original.) De St Germain, ce 7 avril 1648. Je vous prie de faire savoir a M. de Chavigny dès ce soir ce quil faut quil die au Palatin parce que cest demain matin quil doit aler au presche a Charenton[16]. La Fargue ma dit que vous vous estiés mieux porté depuis que je vous avois veu, si je croyiois que ma vue peut vous reeller la vie je ne partirois pas dauprès de vous[17], je vous chine le bon soir. — LOUIS. — (Ibid., fol. 282.) — (Original.) De Chantilly, ce 6 may 1640. Jay regardé mes cartes pour voir le chemin que nous pouvions prendre jen ay trouvé 2 lesquels je vous envoie afin que vous choisisiés, les logements sont bons par tout[18], je prie le bon Dieu qu'il vous line santé parfaite. — LOUIS. Chemin sans passer a Soisons : — Crepy pour le roy, Nanteuil pour M. le cardinal ; — la Ferté Millon ; — Fère entretenois ; — Fimes ; Reins. Chemin passant a Soisons[19] : Crepy pour le roy, Nantueil[20] pour M le cardinal ; — Vilres Cotrets ; — Soisons ; — Fimes ; — Reins. — (Ibid., fol. 283 et 284.) — (Original.) De Varennes, ce 12 may 1640. Depuis vous avoir quitté jay esté au seul buisson ou javois encore quelque espérance auquel je nay rien trouvé ce qui ma fait prendre résolution dexécuter la proposition que vous mavés faite daler demain a Magny si il ny a rien qui men empesche, je finirois ce billet en nous déliant le bonsoir. — LOUIS. — (Ibid., fol. 286.) — (Original.) De Varennes, ce 20 may 1610. Jay esté extresmement surpris quand jay seu par le gentil-Mme que javois envoyé savoir de vos nouvelles que vous aviés eu la fiebvre je vous annonce que cela me met extresmement en peine et ne seroy point en repos que ce porteur ne maye Tardé de vos nouvelles que je prie le bon Dieu estre telles que je les souhaite, si japrens que vostre mal continue je ne manqueroy de vous aler voir. — LOUIS. Je vous puis asurer que M. le Grand[21] et moy Bômes en très parfaite intelligence. (Ibid., fol. 287.) — (Original.) De St Germain, ce 7 septembre 1610. Je suis arivé aujourduy[22] en ce lieu ou jay trouvé la Reyne et mon fils en très bonne santé[23], mon fils est extresmement embelly mais très opiniâtre[24], je ne suis nullement résolu de luy soufrir ces mauvoises humeurs[25] pour les recrues jay songé que pour faire les levées plus diligemment et suivant nostre avis il est plus apropos de mettre des a cette heure les 4 vieux Regiments qui sont de dela a 30 compagnies je trouve quantité de capitaines depuis que je leur chine jusque au 10 octobre, si vous trouvés lexpédiant apropos vous me feres envoyier les commissions au plus tost, sur mon estat jy mets la marine et la mellerais, mandés moy si je les comprandray dans l'estat ou non, je garde encor la généralité de Rouan qui est très grande en cas quil falut encor augmenter les recrues et encore par dessus celle dalancon. LOUIS. Monsieur de Bulion ne faisant estat que de donner levée que pour 8 mil hômes, par ce moyen nous trouvons de quoy en lever 10900 parce que on ne donne aux capitaines que 2 escus pour Mmes et que aux autres levées des généralités M. de Bu-lion a fait estat de dôner 4 escus, voicy le projet que jen ay fait, a Picardie 10 companies daucmentation, Champagne id, Piémont id, Navare id, la marine id, Renbures 9 compagnies, la mellerais 10 compagnies par levées des généralités, dans Paris 2000 hômes, généralité de Paris 1000 hômes, Chalons 600 hômes, Soisons 400, tout cela ensemble fait le nombre de 10900 hômes, jay dôné les lieux dasamblée en chaque généralité. jay ordôné ceux qui iront faire les levées jay fait les routes pour se rendre a Amiens et tout cela sans que Desaire sen soit mellé lequel nest pas icy nous aurons 400 hômes prets a paris le 14 ou 15 de ce mois test pourquoy il est nessesaire denvoyer 6 off. en ce temps la a paris pour les conduire Picardie estant le premier Regiment il me semble que on doit cômancer par luy, je ne manqueroy de temps en temps a vous dôner avis du temps et des lieux ou il faudra envoyer les officiers pour quérir les recrues, jay dôné a tubeuf tous les lieux dasemblée et le menu de tous les ordres pour les porter a M. de Bulion a qui je dône ordre de vous les faire savoir je leuse bien fait mais frère qui vous rendra cette lettre estant pressé de partir je nay pas voulu larester plus longtemps, je vous recomande vostre santé. LOUIS. — (Ibid., fol. 290 et 288.) — (Original.) On a pu remarquer que toujours Louis XIII laissait à son ministre la haute direction des affaires, mais on a pu remarquer aussi que, loin de se désintéresser de toutes choses et de laisser à Richelieu seul le poids du gouvernement, il lui venait en aide de toutes les façons. On a dit, pour expliquer que le roi ait gardé le cardinal, comme principal ministre, pendant dix-huit ans, quoique le haïssant, que le détail des affaires accablait Louis XIII et qu'il attendit toujours que l'horizon politiqué s'éclaircît pour renvoyer Richelieu. Le fils aîné d'Henri IV a été présenté, par l'histoire, comme un homme indolent et un roi incapable, ne pouvant prévoir ni résoudre la moindre difficulté, et se laissant duper par son ministre qui, pour conserver sa puissance dans l'État, ne craignit pas de faire surgir constamment des complications nouvelles, de telle sorte que le pauvre roi garda toujours Richelieu parce qu'il le croyait seul capable de surmonter tous les obstacles et de parer à tous les périls. Nous n'avons à citer personne, car tous les auteurs de Mémoires ont émis cette opinion, et tous les historiens l'ont répétée, sans jamais rechercher jusqu'à quel point elle pouvait être juste. Cependant, si on était allé au fond des choses, l'erreur eût été reconnue rapidement. L'homme faible admire toujours l'homme fort, le paresseux admire toujours l'homme laborieux, le poltron admire toujours le brave. En admettant que Louis XIII ait été aussi nul qu'on l'a dit, ne devait-il pas admirer cet infatigable Richelieu qui, avec des ressources très-faibles d'abord, ne craignit pas d'entrer en lutte avec la noblesse et les protestants du royaume, et qui, reprenant la politique d'Henri IV et de Luynes, n'hésita pas à lancer la France dans une guerre aventureuse avec la puissance la plus formidable de l'époque ? Si Louis XIII admira Richelieu, pourquoi croire qu'il ne l'aima point ? Non-seulement il l'admira, mais il l'aima. Comment en douter, lorsque nous voyons tous les auteurs de Mémoires, après avoir attaqué violemment le cardinal et critiqué amèrement son administration, reconnaître ensuite que cet homme fut un grand politique, un administrateur incomparable, qu'il rendit incontestée, au dehors, la puissance de la France, qu'il fut un homme nécessaire, un homme providentiel ? Si ses ennemis, qui l'ont méconnu durant sa vie, parce qu'ils ont été atteints par son impitoyable politique, ont su reconnaître son génie après sa mort, parce qu'alors, moins aveuglés par la passion, ils le jugeaient, non en hommes, mais en historiens, pourquoi ne pas croire que Louis XIII, qui connut tous les ressorts de l'administration de son ministre, qui le vit dévoué, comme lui, à la politique nationale d'Henri IV, ne devança pas l'opinion de l'histoire, en admirant et en aimant Richelieu, dans lequel il vit seulement le grand politique et l'homme de génie, et non le despote implacable que connurent seuls les ennemis du cardinal ? Louis XIII aimait la France et voulait rendre la puissance royale tout à fait prépondérante. Il ne se sentait pas assez de force pour obtenir ce résultat. Voilà pourquoi il accepta un collaborateur, car Richelieu ne fut pas autre chose. Louis XIII n'eût pas accepté un maître, même un maître de génie. Il avait supprimé l'incapable maréchal d'Ancre, il avait éloigné l'ambitieuse et inconsidérée Marie de Médicis, parce que tous deux voulaient dominer dans l'État, à côté et même au-dessus du roi. Richelieu ne tomba jamais dans une pareille faute. Il respecta toujours le roi et la royauté ; Louis XIII en fit son second et son ami. Mais le père de Louis XIV ne fut ni incapable ni indolent.
Nous l'avons vu maintes fois donner son avis au sujet de la direction à
imprimer aux grandes affaires, nous l'avons vu aussi s'occuper des moindres
détails. Dans la lettre précédente, il nous montre bien que les intérêts de
l'État l'occupaient aussi en dehors du conseil, où il donnait toujours de si
sages avis, ainsi que Richelieu le reconnaît lui-même à chaque page de ses
mémoires. Nous le voyons ici contrôler le travail du surintendant des
finances et trouver le moyen de réaliser une notable économie sur la levée
des troupes. Il lui avait certainement fallu réfléchir pour trouver ce moyen,
que ne lui présentaient ni Bullion, ni Richelieu ; le travail d'esprit ne lui
était donc pas antipathique. Et ce n'est pas pour se distraire qu'il s'est
donné à ce travail, car nous apprenons par lui que, non-seulement il a trouvé
le moyen de réunir un plus grand nombre de recrues que ne l'avait fait le
surintendant, avec la même somme, mais encore qu'il a indiqué les routes que
devaient suivre les nouveaux soldats, en se rendant à leurs corps respectifs,
et ce travail n'est pas achevé pour lui, car il dit au cardinal : Je ne manqueroy de temps en temps a vous dôner avis du
temps et des lieux ou il faudra envoyer les officiers pour quérir les recrues.
Tous ces détails n'avaient pas une mince importance à cette époque. Aujourd'hui,
le chef de l'État les confie aux soins des employés du ministère de la
guerre, mais alors ce ministère n'existait, en quelque sorte, qu'à l'état
d'embryon, et Richelieu, comme son maître, était obligé de régler les détails
les plus infimes. Le même jour, 7 septembre, nous voyons le cardinal demander
l'avis du roi sur une question qui, aujourd'hui, serait rapidement résolue.
Le pain coûtait trois sous, à Arras, et les gardes du roi prétendaient ne le
payer qu'un sou. Or Richelieu voulait leur interdire une pareille licence, parce que, disait-il, ils
en prendroient plus qu'il ne leur en faut, parce que les sergens ont grand
gain à le revendre. Et le cardinal demandait au roi de régler le prix
du pain pour les gardes et la quantité qu'il voulait qui leur fût allouée. On
ne pouvait répondre avec plus de bon sens et de justice que le fit Louis
XIII, en marge du mémoire de Richelieu. Je suis
davis, dit-il, quon nen baille point aux
gardes ou bien que ils le peignent au prix commun que on le vend dans la ville,
puisque les Suisses nen prennent point a ce que ma dit Rose je croy que les
gardes sen passeroient bien, pour la quantité je ne la puis savoir je croy
quils font toutes ces difficultés afin que on les tire de la[26]. Celui qui a
écrit de telles choses ne nous paraît pas un homme disposé à subir un joug
quelconque. Nous conseillons à ceux qui douteraient encore de lire les sept
énormes volumes qui contiennent les lettres politiques de Richelieu. Ils y
verront, en marge de chaque rapport du cardinal, des notes analogues à celle
que nous venons de donner, toutes écrites de la main de Louis XIII. C'est là
une lecture peu attrayante, sans doute, mais nous qui l'avons faite, nous en
sommes sorti avec la conviction profonde que la France a eu, sous le règne de
Louis XIII, deux grands politiques. Si Richelieu a su concevoir et accomplir
de grandes choses, Louis XIII en a eu la perception, y a collaboré, parce qu'il
en comprenait la grandeur et l'utilité, et s'est montré plus modeste que son
ministre, car il n'a pas écrit de Mémoires. Aussi est-il resté à peu près
méconnu jusqu'à ce jour. (septembre 1640.)[27] Vous ferés presser les mestre de camp de Piémont et de Champagne de menvoyier ceux qui me doivent nomer pour les compagnies que je leur ay accordées, il y a un lieutenant de Picardie mimé Blancofort qui a espousé une femme très riche qui je croy seroit bien propre a faire une compagnie il faudroit me lanvoyier il est a larmée du halier lequel ma parlé souvant pour luy, je croy que je feroy marché pour quantité de mèches, ils mont demandé 8 jours pour voir la quantité quils men pourront fournir, ils me la bailleront a 3 sols pour le plus ce sont marchant de toilles qui demeurent a Sanlis qui sont bien solvables ils sont alés visiter les lieux ou ils espèrent prandre les chanvres, ils demandent une chose qui est que ils puissent acheter dans les marchés tous les chanvres propres a faire mèche au piesme prix que les autres marchands la prandroient en présance des juges des lieux jay vu une espreuve de la mèche qui veuille bailler qui est beaucoup meilleure que celle de Hollande, je nay receu que ce matin toutes les comissions pour les compagnies. LOUIS. — (Ibid., fol. 289.) — (Original.) De Ecouan, ce 27 septembre 1640[28]. Je viens de resevoir de vos nouvelles par Boisgency, puisque vous estes davis que je ne passe pas plus outre je men vas coucher a Chantilly ou je vous atandroy, ce qui me feroit avancer jusques a Compiègne estoit limpatiance que javois de vous voir[29]. LOUIS. (Ibid. fol. 291.) — (Original.) — (Ibid., 1640, cinq derniers mois, fol, 161.) — (Copie.) De Chantilly, ce 28 septembre 1640. Je vous atandroy avec impatience a Chantilly a leure que vous me mandés si jeuse esté en estat de marcher je vous euse atandu a Royaumont, la goute ma repris au pied gauche corne Nogent vous aura dit de façon que je ne puis du tout soutenir ce qui me fâche bien et me rend tout mélancolique, jespère que vostre arrivée me remettra en meilleure humeur. LOUIS. — (Ibid., t. V, fol. 292.) — (Original.) De Monceaux, ce 17 octobre 1640. Je men vas demain coucher au plesi du Bois le mauvois temps m'ayant contraint de partir dicy[30] je y demeuroy vandredy et me randroy samedy a St Germain et dimanche je vous iroy voir a Ruel je me porte très bien et suis fort gaillart, je vous recomande davoir toujours soin de vous. LOUIS. — (Ibid., fol. 293.) (Original.) De St Germain, ce 25 octobre, a 6 heures du soir. Je viens de resevoir présentement vostre mémoire par lequel japrend 2 bones nouvelles vous mavez fait grand plesir de me les faire savoir jay esté 10 heures a la chasse ou je nay pas eu plesir jen auroy un autrefois davantage, je trouve bon que vous soyiés allé a Paris[31], jiroy samedy a Versailles, je vous done le bon soir. LOUIS. — (Ibid., fol. 294.) —Original.) De Versailles, ce 11 novambre 1640. Vous mavés fait grand plesir de me mander les nouvelles que on a eu despenan car jen estoit un peu en peine[32]. Jay pris médecine cette nuit qui ma fait tres grand bien et men porte fort bien, je men vas coure le loup a Verrière avec tous les paizans que jay asamblés ou jespère avoir du plesir, je vous aseureroy par cet écrit des mesmes choses que M. de Noyiers vous a dites de ma part. LOUIS. — (Ibid., fol. 295.) (Original.) De St Germain, ce 14 novambre 1640. Je vous envoyeroy dans une heure les 2 lettres par un gentillôme exprès afin que (je sache) si vous jugés a propos que il baille ma lettre a M. de la Force, je me trouvé encore ier au soir fort abatu et le suis encor jay pris médecine ce matin M. Bouvard en escrit a M. Citon, je vous recomande davoir toujours soin de vous. LOUIS. — (Ibid., fol. 296.) — (Original.) De St Germain, ce 17 novambre 1640. Envoyiant ce gentillôme pour savoir de vos nouvelles je vous escris pour vous dire que je ne manqueroy de me rendre demain a Ruel entre midy et une heure puis de la si il ny a point dafaires qui men ampesche aler coucher en quelque lieu — lequel je nay pas encor choisi — à 2 lieues de Ruel sur le chemin de livry, je me porte bien à cette heure et espère en estre quitte pour ce coup je vous dône le bon soir. LOUIS. — (Ibid., fol. 297.) — (Original.) De St Germain, ce 1 décembre 1640. Je vous prie de ne point adjouter de foi a tout ce que M. le Grand vous poura dire de moy ou pourra faire dire jusques a tant que mayiés entandu[33]. LOUIS. — (Ibid., fol. 298.) — (Original.) |
[1] Cette lettre est écrite au crayon.
[2] Jean Casimir, frère du roi de Pologne Vladislas VII.
[3] Frédéric V, comte palatin du Rhin, s'était mis, en 1619, à la tête des protestants d'Allemagne, et avait accepté, la même année, la couronne de Bohême, qui lui fut offerte par les habitants de ce pays, que la tyrannie de Ferdinand H avait poussés à la révolte. C'était beaucoup d'audace, de la part du comte palatin, de s'élever ainsi contre l'empereur, sans avoir avec lui d'alliés puissants qui pussent le sauver d'une ruine complète en cas d'insuccès de sa hardie tentative ; aussi en fut-il puni. Dès l'année suivante, il fut chassé de la Bohême, mis au ban de l'empire et dépouillé de ses Etats, que Ferdinand II donna à la Bavière. Il mourut en 1632, sans avoir pu profiter des succès de Gustave-Adolphe sur les armées impériales. Son fils Charles-Louis devait être plus heureux. Ce prince, né en 1617, par sa mère Elisabeth, fille de Jacques Ier, était neveu du roi d'Angleterre Charles Ier. Il pouvait donc, par sa parenté, compter sur le secours de l'Angleterre, et, à cause du souvenir de son père et des influences qu'il avait pu conserver de l'antre côté du Rhin, espérer que la France, alliée fidèle des protestants d'Allemagne, l'aiderait dans les tentatives qu'il pourrait faire pour recouvrer ses Etats. Mais sa jeunesse et son inexpérience lui firent commettre une faute qui retarda le succès de ses espérances. Le duc de Weimar étant mort à Neubourg, le 18 juillet 1639, le jeune palatin crut qu'il pourrait s'emparer de l'armée que laissait tout organisée le duc Bernard. Il quitta l'Angleterre, sous prétexte de se rendre à Paris. Mais il évita cette ville, et traversait la France sous un déguisement pour se rendre à l'armée weimarienne, lorsqu'il fut arrêté à Moulins. Richelieu, qui considérait l'armée du duc de Weimar comme appartenant à la France, puisqu'elle était entretenue à ses frais et combattait sous ses drapeaux, Richelieu, prévenu à temps des desseins secrets du comte palatin, l'avait fait surveiller et arrêter avant qu'il fût arrivé à l'armée dont il convoitait la possession. Le jeune prince fut conduit à Vincennes. Mais le roi d'Angleterre intervint alors et demanda la liberté de son neveu. Richelieu aurait bien voulu profiter de cette occasion pour obtenir l'alliance de l'Angleterre contre les Espagnols. Mais Charles Ier était peu disposé à consentir à de pareilles conditions. Après plusieurs mois de négociations stériles, Richelieu s'aperçut qu'il ne réussirait pas dans ses projets, et, comme il n'avait plus à craindre que le jeune palatin s'emparât de l'armée weimarienne. il le fit mettre en liberté à la fin de mars 1640. Le jeune prince dut attendre longtemps encore avant de voir ses espérances réalisées, car il ne recouvra une partie de ses Etats qu'en 1648, après le traité de Westphalie.
[4] Arch. des aff. étrang., Pologne, t. III, fol. 448 et 480. Ce sont deux lettres du prince, toutes deux datées de Salon.
[5] Arch. des aff. étrang., Pologne, t. III, fol. 387.
[6] Papiers de Richelieu, t. VII, p, 788.
[7] Papiers de Richelieu, t. VII, p. 208.
[8] Papiers de Richelieu, t. VII, p. 812. Voyez une lettre de Richelieu à Chavigni, en note de cette page.
[9] Arch. des aff. étrang., Pologne, t. IV, fol. 109, pièce non datée.
[10] Arch. des aff. étrang., Pologne, t. IV, fol. 163.
[11] Arch. des aff. étrang., Pologne, t. IV, fol. 173.
[12] V. la Gazette de France du 3 mars 1648.
[13] Papiers de Richelieu, t. VII, p. 813.
[14] Arch. des aff. étrang., Pologne, t. IV, fol. 242.
[15] Cette lettre est écrite au crayon et n'est pas datée autrement.
[16] On sait que depuis longtemps les protestants, à qui il était interdit de se réunir à Paris, avaient obtenu la permission d'élever un temple à Charenton.
[17] La santé de Richelieu devint meilleure encore, puisqu'il put, selon la Gazette, aller voir le roi, le 10, à Saint-Germain.
[18] Le roi et le cardinal s'apprêtaient à partir pour la frontière du nord-est, où les opérations militaires traînaient en longueur et n'avaient aucun résultat sérieux. Louis XIII comptait que sa présence animerait les généraux et les soldats et hâterait la Sn heureuse de la campagne. Il ne se trompait pas. Après plusieurs opérations sans importance, les armées françaises vinrent brusquement assiéger Arras, le 13 juin 1640. Après deux mois de siège, cette ville se rendit le 9 août, en présence de l'armée espagnole, qui ne put empêcher sa reddition. Cette campagne avait acquis l'Artois à la France.
[19] Louis XIII prit cette seconde route, car nous lisons dans la Gazette, à la date du 12 mai : Le roi partit de Chantilly, le 7 de ce mois, et alla coucher à Crespy, le 8 à Villers-Cotterêts et le 9 à Soissons.
[20] Richelieu était alors à Royaumont.
[21] Cinq-Mars, qui était grand-écuyer.
[22] Le roi avait quitté le cardinal à Amiens, le 28 août. Richelieu restait dans cette ville pour veiller au ravitaillement d'Arras.
[23] Anne d'Autriche, quelques jours après, donna naissance à un second fils, auquel on donna le titre de duc d'Anjou.
[24] Ce caractère du jeune dauphin permettait à la Gazette de dire que ce jeune prince commençait à donner des preuves admirables de sa constance. L'euphémisme est curieux à noter.
[25] Louis XIII se souvenait que son père avait agi de mémo à son égard. Dans une lettre du 1P septembre, M. de Brassac, époux de la nouvelle dame d'honneur d'Anne d'Autriche, racontait à Richelieu ce qui s'était passé à l'arrivée du roi. Le roi arriva ici, dit-il, la veille de Nostre-Dame, esses gay, ce qui a duré jusqu'à hier au soir, que passant par la chambre du dauphin, pour le voir, celui-cy étonné de voir plus de gens qu'il n'avait accoutumé, Cinq-Mars le voulant caresser, il se prit à crier. Aussitost le roi parut fort courroucé... En se retirant dans sa chambre, il rencontra le reine, a laquelle il s'arresta et luy dit, avec un visage plein de passion : le dauphin ne peut souffrir ma veue ; c'est une estrange nourriture que la sienne, mais jy mettray ordre. Cela dit, il la laissa grandement mitonnée et quand elle tut retirée les larmes luy sortaient des yeux... (Arch. des aff. étrang., France, 1640, cinq derniers mois, fol. 122.)
[26] Papiers de Richelieu, t. VI, p. 772.
[27] Cette lettre ne porte aucune date, mais nous la laissons à la place qu'elle occupe dans le manuscrit des affaires étrangères, car elle nous parait appartenir au mois de septembre. On voit que Louis XIII s'y occupe encore de détails d'administration. Il nous semble que c'est là une des lettres que le roi annonçait à Richelieu dans celle qu'il lui écrivait le 7 septembre.
[28] Cette lettre a déjà été citée par M. Avenel (t. VI, p. 730).
[29] Louis XIII avait écrit au cardinal une lettre, que nous n'avons pas, dans laquelle il lui annonçait qu'il allait s'avancer au-devant de lui jusqu'à Compiègne. (Richelieu revenait d'Arras à ce moment.) Le 25, le cardinal répondit à la première lettre du roi croyoit que le volage que Sa Majesté vouloit faire à Compiègne devon être remis à un autre temps. Dans une lettre du même jour à Chavigni, Richelieu s'expliquait mieux encore : Le roi m'a escrit qu'il falot estat de venir à Compiègne jeudi. La saison ny ses affaires ne permettent plus qu'on s'éloigne de Paris, où cent occasions pécuniaires requièrent une présence assidue. (Papiers de Richelieu, t. VI, pp. 728 et 730.)
[30] Il y était depuis le 10 octobre.
[31] Richelieu vint, en effet, à Paris le 25 octobre. Une permission pour une chose aussi peu importante, jugée nécessaire par Richelieu, montre combien peu ce ministre a été un tyran. Etrange tyran, en vérité, que celui qui ne fait pas le plus petit voyage sans en demander la permission à sa victime !
[32] Nous n'avons pas la lettre de Richelieu à laquelle Louis XIII répond ici, mais nous savons que d'Espenan avait été chargé, par le roi, d'une mission auprès de l'archevêque de Bordeaux, qui commandait la flotte de la Méditerranée. (Voir, au sujet de cette mission de d'Espenan, une lettre de Richelieu à l'archevêque de Bordeaux, datée du 26 septembre, dans les Documents inédits. Correspondance de Sourdis, t. II, p. 321.)
[33] Comme la sotte vanité de Cinq-Mars se devine sous ces lignes ! On sent le jeune homme enflé d'orgueil par la faveur dont il jouissait, se croyant indispensable à Louis XIII, et voulant, en quelque sorte, s'imposer à lui en s'appuyant sur Richelieu, son premier protecteur.