1633. — Madame de Chevreuse. — Ses intrigues incessantes. — Elle est exilée. — Nouvelle phase de la politique française. — Richelieu prend en main la direction de la guerre de Trente ans. — Ses alliés en Allemagne. — Négociations avec la Hollande. — Marie de Médicis tente de se rapprocher de Louis XIII. — Indifférence de celui-ci. — Sollicitude de Louis XIII pour Richelieu. — Le roi envahit la Lorraine. — Son entrée à Nancy. — Maladie de Richelieu à Saint-Dizier. — Craintes que cette maladie inspire au roi. — Louis XIII exprime chaleureusement son affection pour Richelieu. A mon cousin le cardinal de Richelieu. Mon cousin, je fais estat daler à Versailles demain si il faict beau, et après m'en revenir à Saint-Germain quand il faudra pour mes afaires[1], voilà tout ce que je vous puis mander ; asseurés vous toujours de mon affection, je finiray en priant le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa saincte garde. LOUIS. A Saint-Germain-en-Laye, ce 3me Feuvrier 1633. — (Ibid., t. V, fol. 23.) — (Orig.) A mon cousin le cardinal de Richelieu. Mon cousin, je ne manqueroy de me rendre demain, à une heure après midy, au port de Neuly chés Moroy, et de la je fois estat daler coucher à Ecouan[2], je n'ay pas pris médecine deux petits remèdes aiant servi au lieu, et vous puis asseurer que je me porte bien et me porteroy encore mieux quand je vous auroy veu en la santé que je désire pour laquelle je prieroy le bon Dieu incessamment[3] et qu'il vous tienne en sa sainte garde. — Louis. A St-Germain-en-Laye, ce septième mars 1633. St-Simon vous envoye un cartier de marcassin. — (Ibid., fol. 24.) — (Orig.) A mon cousin le cardinal de Richelieu. Mon cousin, dès aussitost vostre lettre resue, j'ay envoié un gentilhomme voir la Reyne, qui vous verra devant, que de revenir icy pour me rapporter de vos nouvelles, attendant quoy je vous asseureroy toujours de mon affection et prieroy le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa saincte garde. LOUIS. A Chantilly[4], ce treizième mars 1633. — (Ibid., fol. 25.) — (Orig.) A mon cousin le cardinal de Richelieu. Mon cousin, je me resjouis extresmement de ce que Dumont[5] m'a dict que vous vous portiés bien, je ne manqueroy de me randre samedy a deux heures après midy au port de Neuly, auquel lieu je vous atandroy[6], je me porte très bien Dieu mercy et suis très gailart, je vous aseureroy par celle cy de mon affection qui sera tousjours telle que je vous lay promise et prieroy le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa saincte garde. — LOUIS. A Chantilly, ce seizième mars 1633. — (Ibid., fol. 26.) — (Orig.) A mon cousin le cardinal de Richelieu. Mon cousin, aiant envoié ce matin au bois et n'aiant rien trouvé pour chaser je me suis résolu d'aler à Livry de quoy je vous ay voulu doner advis[7], je suis en impatiance de sçavoir de vos nouvelles, j'espère que ce porteur m'en raportera de bines, je me porte bien, Dieu mercy, je vous asureroy toujours de mon affection qui durera jusques à la mort, et prieroy le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa saincte garde. LOUIS. A Chantilly, ce 27 avril 1633. (Ibid., fol. 27.) — (Orig.) Une des figures les plus étranges, et en même temps une des plus séduisantes de l'époque que nous étudions, est sans contredit cette duchesse de Chevreuse qui, a dit Cousin, trop grande dame pour daigner connaître la retenue et n'ayant d'autre frein que l'honneur, livrée à la galanterie et comptant pour rien le reste, méprisa, pour ceux qu'elle aima, le péril, l'opinion, la fortune[8]. Femme du duc de Luynes, elle avait appris auprès de ce grand politique, qu'elle aima comme elle seule savait aimer, à manier les affaires publiques. Adorée de son époux, aimée de la reine, dont elle avait la surintendance de la maison, il lui fut facile d'obtenir aussi les bonnes grâces de Louis XIII. Ce temps fut vraiment une période heureuse pour la cour de France. La jeunesse et la beauté y régnèrent sans partage, et Luynes sut allier la plus haute raison à ces avantages frivoles. Mais ces temps heureux finirent bientôt. Luynes mourut et ses vastes projets semblèrent disparaître avec lui. Dans la vie des peuples, les hommes ne sont que les instruments fragiles et les ouvriers souvent inconscients de l'œuvre nationale. Jamais cette vérité ne fut démontrée avec plus d'évidence qu'à cette époque. Pendant le temps qui sépara la mort de Luynes du second ministère de Richelieu, tout se transforma, hormis le but et les moyens employés pour l'atteindre. Tous ceux qui avaient partagé les vues de Luynes pendant sa vie oublièrent ses intentions après sa mort. Tous ceux, au contraire, qui s'étaient opposés à ses desseins, quand il était puissant, les épousèrent quand il eut disparu. On vit Louis XIII élever à la puissance suprême l'homme que Luynes avait le plus redouté, celui qu'il avait d'abord essayé de s'attacher, soit par la protection dont il le couvrit en 1617, soit par d'autres faveurs aussi réelles, mais contre l'ambition duquel il avait essayé de réagir en s'opposant à son élévation au cardinalat, celui dans lequel il avait toujours vue incarnée une politique opposée à la sienne, la politique espagnole de Marie de Médicis opposée à la politique si française de Henri IV que le connétable avait reprise et poursuivie avec l'appui de Louis XIII. On vit le roi donner le ministère au cardinal de Richelieu, et l'on s'aperçut qu'avec lui, contrairement à, toutes les prévisions, la politique française l'emportait sur la politique espagnole et que Luynes allait avoir un digne successeur. L'évolution du nouveau ministre fut imitée par tous ceux qu'un lien quelconque rattachait à la mémoire du connétable ; mais avec cette différence, que lui sentit fort bien qu'il changeait la direction de sa conduite, puisqu'il essaye de s'en excuser dans ses Mémoires, tandis que ses adversaires crurent ne pas changer parce qu'ils restèrent ses ennemis. La haine qu'il avait inspirée aux partisans de Luynes, pendant la vie de celui-ci, s'augmenta encore lorsqu'on vit le cardinal posséder la toute-puissance, et ses adversaires ne reculèrent devant aucun obstacle pour le renverser ; mais ils prirent, pour arriver à ce but, le moyen le plus propre à les empêcher de l'atteindre. Voyant Louis XIII et son ministre continuellement malades, et sentant que si le roi mourait le premier le cardinal était perdu, que si, au contraire, celui-ci précédait son maître dans la tombe, ils étaient assez forts dans l'État pour entraîner ce dernier, affaibli par les soucis, les fatigues et la maladie, à ne penser et à n'agir que par eux ; considérant, d'ailleurs, que Louis XIII était sans enfant, ils crurent ne pouvoir mieux faire, pour ruiner Richelieu dans le présent et dans l'avenir, que de prendre le contre-pied de sa conduite et de s'allier à la reine-mère, qu'il abandonnait, et au duc d'Orléans, qu'il dédaignait. Voilà comment on peut s'expliquer pourquoi la reine Anne, la duchesse de Chevreuse et tant d'autres, qui avaient soutenu la politique nationale de Luynes contre Marie de Médicis et Richelieu, abandonnèrent cette même politique dès que celui-ci fut au pouvoir, pour défendre contre lui celle qu'ils avaient combattue jusqu'alors. Cette conduite, inspirée par la passion, fit bouillonner la colère dans le cœur de Louis XIII. Ce prince, si imbu de l'orgueil de race et qui avait si bien le sentiment des droits et des devoirs que lui donnait sa situation, ne pouvait souffrir que qui que ce soit parût aussi puissant que lui, et son frère lui semblait n'être que le premier de ses sujets. Aussi les adversaires de Richelieu, en s'appuyant sur Gaston, se faisaient-ils du roi un ennemi irréconciliable et l'auraient amené à défendre le cardinal contre eux, même si une politique commune et une vive affection ne l'eussent déjà lié d'une façon indissoluble à son ministre. L'illustre historien de madame de Chevreuse n'a peut-être pas assez tenu compte des considérations que nous venons de développer ; il n'a pas cru devoir expliquer le changement de conduite de son héroïne par la haine que son amour pour Luynes avait fait naître en elle à l'endroit de Richelieu, et il a pensé qu'aimant profondément Anne d'Autriche, seul l'intérêt bien ou mal entendu de la reine, la jeta dans une tout autre voie que celle qu'elle avait jusqu'alors suivie[9]. Nous pensons qu'il n'est pas allé assez loin et que c'est réellement contre tous les anciens amis de Luynes, qui, malgré le changement de politique de Richelieu, restèrent ses ennemis quand même, que le cardinal eut à lutter. C'est ce qui, plus que toute autre raison, explique le dénigrement systématique que l'on remarque, dans ses Mémoires, à l'égard du connétable. En 1632, madame de Chevreuse essayait, avec l'aide de l'ambitieux garde des sceaux, Châteauneuf, sur lequel elle avait, on le sait, beaucoup d'influence, et que le second rang désespérait parce qu'il se croyait capable du premier, de recommencer la lutte dans laquelle elle avait déjà échoué une première fois avec Chalais. Mais, comme nous l'avons vu précédemment, Richelieu s'était promptement aperçu de l'opposition sourde mais incessante que lui faisait le garde des sceaux. Connaissant les liens qui l'unissaient à la duchesse de Chevreuse, il résolut de les mettre à profit pour se débarrasser de l'un et de l'autre. Ainsi l'alliance sur laquelle Châteauneuf croyait pouvoir le plus compter fut précisément celle qui le perdit. Richelieu, utilisant habilement ces relations, put faire retomber jusque sur le garde des sceaux l'animosité que Louis XIII ressentait envers madame de Chevreuse. Enserré dans toutes les intrigues du cardinal, Châteauneuf fut arrêté sur un ordre direct du roi, sans que Richelieu eût paru se mêler de cette affaire. On ne put réunir contre lui aucune preuve décisive ; aussi on se contenta de l'enfermer à Angoulême, et Richelieu, profitant de cette occasion unique, abandonna la conduite tortueuse qu'il suivait à l'égard de madame de Chevreuse, conduite que celle-ci imitait d'ailleurs avec une grande habileté, et il conseilla au roi d'exiler la remuante duchesse. Mais au lieu de l'envoyer à l'étranger, où elle eût sans doute réussi, comme elle l'avait déjà fait, à trouver des alliés, le roi lui ordonna de se rendre en Touraine, et d'y habiter une de ses terres qui avait appartenu à Luynes. C'est au moment de son départ que fut écrite la lettre suivante : A mon cousin le cardinal de Richelieu[10]. Mon cousin, je trouve bon que le sr de Bullion[11] done de bonnes assignations au trésorier de la Reyne de largent que je lui ay accordé pour le payment de ses debtes, mais je désire qu'il soit employé à laque des plus justes[12] quant à ce que vous me demandés si vous verrés madame de Chevreuse qui vous veult dire adieu, vous sçavés bien quel plaisir ma failt la Reyne en désirant la voir, je sais que sa visite ne vous peult estre utile vous sçavés bien qu'elle ne me sera pas agréable, après cela faite ce que vous voudrés, et vous asseurés que je vous seroy tousjours le meilleur maistre qui ait jamais esté au monde. A Versailles, ce 9 juin 1633. Je ne vous escript de ma main parce que je viens d'estre saigné[13]. LOUIS. — (Ibid., fol. 28.) — (Orig.) La résolution qu'avait prise Louis XIII fut cachée à tous jusqu'au dernier moment, car nous lisons dans l'instruction qui fut donnée au sieur Des Roches, que le roi envoyait à Gand, visiter de sa part Marie de Médicis, instruction en date du 2 juin, ces mots significatifs : Si elle lui demande — la reine-mère — si madame de Chevreuse est hors de la cour, il dira qu'il ne l'a point ouï dire, qu'elle n'est pas si assidue auprès de la reine qu'elle avait accoutumé, qu'elle va et qu'elle vient. Qu'il est vrai qu'on dit qu'elle s'est trouvée embrouillée dans l'affaire de M. de Châteauneuf, mais qu'il ne sait pas ce que c'est ; que depuis il n'a pas laissé de la voir venir plusieurs fois chez M. le cardinal[14]. Cette dernière assertion est un peu hasardée, comme on vient de le voir par la lettre que nous donnons ci-dessus, mais le commencement de cette citation indique clairement quelle fut la conduite de Louis XIII et de son ministre pendant le temps qui précéda l'ordre d'exil donné à la duchesse. Un passage des Mémoires du cardinal indique d'ailleurs avec quelle lenteur et quelle dissimulation de la part du roi toute cette affaire fut conduite. En la conférence particulière que Sa Majesté eut avec le cardinal, à Rochefort, à son retour de Brouage, dit Richelieu[15], elle lui fit beaucoup de remarques qu'elle avait faites, pendant son absence, de l'infidélité dudit sieur de Châteauneuf, et lui fit connaître la résolution qu'elle avait prise de le chasser. Or cette conférence eut lieu, comme nous l'avons vu, dans les premiers jours de janvier 1633 ; Châteauneuf ne fut arrêté qu'à la fin de février, et au mois de juin seulement la duchesse de Chevreuse, que l'on avait d'abord confinée à Dampierre, était exilée en Touraine. Ajoutons, en terminant, qu'elle ne quitta cette province qu'en 1637, pour se réfugier en Espagne et de là en Angleterre, après la malheureuse affaire du Val-de-Grâce, et qu'elle ne revint en France que rappelée par Anne d'Autriche, après la mort de Louis XIII, en 1643. Mon cousin, je vous renvoie les lettres de MM. de Charnacé[16] et Beaugy[17], je suis très ayse de voir par icelles que il y a grande aparance que la trêve ne se fera pas, pour lautre afaire je ne men mesleray en fason du monde je me porte très bien asseurés vous de mon affection qui sera toujours telle que je vous l'ay promise. — LOUIS. A Versailles, ce dixième juin 1633. — (Ibid., fol. 29.) — (Original.) La politique nationale de Louis XIII et de son ministre était entrée, avec l'année 1633, dans une phase toute nouvelle. Jusqu'à ce moment la France, retenue chez elle par ses luttes intérieures, n'avait eu qu'une influence indirecte sur les affaires de l'Europe. Mais à cette époque les partis étaient complètement abattus, et la France, en devenant de plus en plus compacte, se préparait chaque jour davantage à une intervention plus efficace au dehors. Les guerres d'Italie n'avaient eu que peu d'importance réelle, car Richelieu ne voulait pas se heurter de front contre l'Espagne et l'Empire, sans avoir de nombreux et puissants alliés qui pussent lui permettre de lutter, an moins à force égale, contre la maison d'Autriche. Aussi les campagnes entreprises contre la Savoie et en même temps contre la Lorraine ne furent, en quelque sorte, que de grandes escarmouches d'avant-garde dans lesquelles la France essayait ses forces et tentait d'en acquérir de nouvelles avant d'attaquer directement son ennemi principal. En Italie, Richelieu voulait, à l'aide de quelques succès, essayer de rallier autour de lui les petits souverains italiens, mécontents de la domination espagnole, et former entre eux une ligue capable de tenir en échec la puissance de la maison d'Autriche dans la péninsule. En Lorraine, il cherchait à rattacher à la France, soit par une alliance, soit par une réunion à la couronne, un fief considérable, très-riche, et pourvu d'une armée, peu nombreuse sans doute, mais solide, et qui eût augmenté singulièrement le prestige de la puissance française. Pendant les dernières années, le cardinal avait eu en Gustave-Adolphe un auxiliaire qui l'avait puissamment secondé dans ses vues. L'Allemagne, trop occupée chez elle à lutter contre le conquérant suédois, avait laissé la France agir sur ses frontières, sans s'opposer beaucoup à ses empiétements. Mais le roi de Suède venait de mourir au commencement de l'hiver, et le faisceau d'alliances qu'il avait formé autour de lui semblait prêt à se rompre. La jalousie allait séparer les alliés que la supériorité de Gustave-Adolphe avait réunis, et l'Allemagne, libre de ses mouvements, allait retomber de tout son poids sur chacun de ses ennemis séparément. Richelieu sentit le péril, et il représenta au roi qu'il devait tâcher à faire par argent, quoi qu'il en pût
coûter, continuer la guerre en Allemagne et en Hollande, sans qu'il fût
obligé de se mettre ouvertement de la partie, à condition que ceux qui
recevraient de l'argent du roi ne pourraient faire la paix ni la trêve sans
l'y comprendre[18]... Louis XIII,
comme son ministre, comprit fort bien le danger qu'allait courir la France ;
aussi il n'hésita pas à envoyer des agents en Allemagne et en Hollande, pour
essayer de maintenir les choses dans le même état, et pousser tous les
protestants à continuer la lutte contre la maison d'Autriche. La France
trouva en Allemagne, pour ses desseins, un allié habile dans le chancelier
Oxenstiern, ami et confident de Gustave-Adolphe, et que le Sénat suédois
avait chargé de la direction des affaires d'Allemagne, après la mort du roi
de Suède. Les efforts du chancelier, joints à ceux des ambassadeurs français,
Feuquières, Miré et Saint-Etienne, furent couronnés de succès. Les quatre
cercles du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, de Franconie et de Souabe, conclurent,
dans la diète d'Heilbronn, le 13 avril 1633, une confédération pour continuer
la guerre. En même temps, Feuquières et Oxenstiern signaient un traité
d'alliance par lequel la France s'engageait à payer une contribution annuelle
d'un million, pour l'entretien de l'armée suédoise. Mais, si les projets de Richelieu réussissaient en Allemagne, il n'en était pas de même en Hollande, et la France ne paraissait pas pouvoir y trouver un allié pour sa lutte avec l'Espagne. Dès le milieu de janvier, Charnacé avait été envoyé à la Haye pour essayer d'empêcher la conclusion de la trêve qui s'y négociait déjà entre l'Espagne et la Hollande, et au cas qu'elle se fasse, faire que le roi y soit compris, en sorte que la maison d'Autriche et les Espagnols ne puissent rompre avec lui sans que les Hollandais soient obligés de rompre avec eux[19]. Pour réussir, le négociateur français devait offrir la continuation du secours d'un million que la France donnait déjà à la Hollande ; il pouvait même pousser ses offres jusqu'à 1.500.000 livres, et proposer d'y ajouter 4.000 hommes de pied et 600 chevaux français, sans drapeaux, ou 6.000 hommes et 1.000 chevaux, avec les drapeaux, pourvu que le prince d'Orange les emploie avec ses armées en une conquête où le roi ait part[20]. La France ne pouvait faire davantage à ce moment, car elle était sans argent. Nous avons très-grand sujet, M. Bouthillier et moi, écrivait Bullion au cardinal, le 26 avril[21], de tenir la bourse du roi fermée, l'épargne étant quasi toute épuisée... tellement que la plupart des dépenses et toutes celles de l'argent comptant des six premiers mois de l'année n'est fondé que sur des traités. Mais les Hollandais ne paraissaient pas disposés à continuer la guerre, et ils poursuivaient les négociations qu'ils avaient entamées avec l'Espagne. Ils apportaient, il est vrai, dans ces négociations une opiniâtreté égale à celle des Espagnols, chacun des deux gouvernements ne voulant abandonner aucune de ses prétentions. Aussi la mission de Charnacé lui imposait-elle une lutte de chaque jour, lutte dans laquelle il était sans cesse aussi près d'un échec que d'un succès, mais où sa prudence consommée, aidée des subventions que Louis XIII ne cessait de fournir aux hommes politiques de la Hollande, devait lui assurer une victoire définitive. Mon cousin, depuis mon aultre lettre escripte[22] du mont est arivé qui ma aporté la responce pour la Reyne ma mère[23] laquelle je ne feroy pas que je naye responce de la lettre que je vous escript la première. — LOUIS. A Forge[24], ce 16 juin à X heures du soir 1633. — (Ibid., fol. 30.) — (Original.) Mon cousin, j'ai reçu vostre lettre et la depeche de Charnacé par laquelle je voy quel ny a encore rien de certain pour la trêve ou pour la guerre, ses longueur sont bien fascheuse[25], si la nouvelle de la Grange os ormes est vray cela les doibt bien eschaufer pour la guerre car il nauront jamais si beau[26] ny nous ausy contre la Croce[27] car Valestain mort[28] je tiens les affaires 16 17 22 13 24 26 28 17 31 28 26 17 28 16 31 17 29 17 24[29] Inportune[30] par conséquent Bourelier[31] ne 26 17 31 30 13 31 25 21 28 29 17 15 25 31 28 29 16 17 15 17 15 25 29 30 17 22 13[32] je ne parle de cecique en cas que 22 13 30 28 17 24 17 29 17 18 13 15 17 26 13 29[33] je me porte bien Dieu mercy et vous atans avec impatance. — LOUIS. A Forge, ce dix-septième juin 1633. — (Ibid., fol. 31.) — (Original.) On voit, parla lettre qui précède, combien Louis XIII sentait profondément la nécessité de l'alliance avec la Hollande. Il savait trop bien, lui qui était soldat, que notre frontière du nord, complètement dépourvue de défenses, serait à la merci des Espagnols, si ceux-ci n'étaient occupés à guerroyer contre les Hollandais, et que, dans ce cas, les bons résultats de la politique française en Allemagne n'auraient aucun effet, la France, trop occupée au nord, ne pouvant attaquer la Lorraine, comme elle le désirait, pour porter de là ses armées dans le cœur des possessions de l'Empire. Mon cousin, je viens de resevoir une lettre de la Reyne ma mère par Brasceure laquelle je vous envoie il ne ma rien dit que des compliments sur ma bonne santé je lui ay respondu de mesme sur celle de la reysne ma mère, celle-cy nestant a aultre fin je prieroy le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa sainte garde. — LOUIS. A Chantilly, ce quatorzième juillet 1633. (Ibid., fol. 32.) — (Orig.) La reine-mère cherchait toujours à se rapprocher de son fils. Elle saisissait avec empressement toutes les occasions qui se présentaient de lui écrire, tout en évitant soigneusement de s'adresser au cardinal ou de s'occuper de lui, autrement que pour le faire attaquer. Mais Louis XIII ne répondait nullement aux vues de Marie de Médicis, puisqu'il ne lui écrivait aucune lettre qui ne fût tout d'abord approuvée ou même souvent rédigée par Richelieu. De plus, chacune de ces réponses ne contenait que peu de lignes, et le roi se contentait toujours d'y adresser quelques compliments à sa mère, sans jamais lui parler d'aucune affaire sérieuse. Qu'on en juge par celle qu'il lui écrivit le lendemain même qu'il adressait la lettre ci-dessus au cardinal[34]. Madame, dit-il, je suis extresmement ayse davoir apris le recouvrement de votre santé, duquel javois desjà eu advis par diverses voyes. Je prie Dieu de tout mon cœur qu'il vous la confirme, et vous done aussy longue vie que vous la pouvés souhaitter. De pareils sentiments sont certainement d'un bon fils, mais la sécheresse avec laquelle ils étaient exprimés auraient dû indiquer à Marie de Médicis que les efforts de sa haine étaient superflus, et qu'elle ne parviendrait jamais à détacher Louis XIII d'un ministre auquel il se liait chaque jour davantage. 15 juillet 1633. Mon cousin, je trouve très bon que vous allés a Paris aujourd'huy je vous conjure dans ce lieu là de prendre bien garde à vous. — LOUIS. Je vous prie s'il est venu des nouvelles de Hollande ou Lorraine je les sçache promptement. — (Ibid., fol. 33.) — (Orig.) Nous n'avons rien à ajouter à cette lettre. Les termes employés par Louis XIII sont assez significatifs et indiquent suffisamment de quelle affectueuse sollicitude il entourait son ministre. Dans les lettres qui vont suivre nous retrouverons cette sollicitude se manifestant d'une façon aussi caractéristique. Mon cousin, je ne sçaurois estre en repos si je nay souvent de vos nouvelles cest pourquoy jenvoye ce porteur pour men raporter que je prie le bon Dieu de tout mon cœur estre telles que je les désire. — LOUIS. A Chalons, ce troisième octobre 1633. (Ibid., fol. 34.) — (Orig.) Au mois d'août, Louis XIII, poursuivant l'exécution du plan tracé au commencement de l'année, et profitant des embarras que la politique de son ministre avait suscités à l'Autriche, attaquait la Lorraine, qui ne pouvait être secourue par l'empereur. Les forces de Charles IV, retenues ailleurs par les Suédois, ne purent empêcher le roi d'arriver rapidement jusqu'au cœur du duché. Le duc de Lorraine, effrayé, demanda à négocier, et, le 20 septembre 4633, il signa à Charmes un traité par lequel il s'engageait à livrer sa capitale à Louis XIII pour quatre ans, et à ne plus porter les armes contre lui. Le roi entra en grande pompe à Nancy le 26 septembre. Cette ville était alors une des places les plus fortes de l'Europe, et sa possession devait être d'une grande utilité à la France. On augmenta ses fortifications, ses habitants furent désarmés et on y mit une garnison française[35]. Richelieu, parti de Nancy le 1er octobre, fut obligé de s'arrêter à Saint-Dizier, où il arriva assez malade le 4. On voit, par la lettre précédente, combien Louis XIII craignait de perdre un serviteur aussi précieux que l'était le cardinal. Saint-Simon, qui avait momentanément quitté le roi, écrivait à Bouthillier, de Commercy, le 3 octobre[36] : Le roy restent une extresme peine du mal de monsiegneur le cardinal... Je soushaiterois qu'il fust à Châlons et nous tous auprès de luy. Donnez des nouvelles souvent, le roy le désire fort et m'a commandé de vous mander comme aussy si monseigneur le cardinal veult quil le reviendra trouver. Le 6, le cardinal allant un peu mieux, le roi écrit à Bouthillier : Monsieur Boutilier, les nouvelles que je reçoy a toutes heures de mon cousin le cardinal de Richelieu, me consolent extresmement, c'est pourquoi ne manqués pas de continuer a men faire sçavoir le plus souvant que vous pourés. Et, en post-scriptum, il ajoute : Le Juif — c'était le chirurgien qui avait déjà guéri Richelieu à Bordeaux en 1632 — passa par yci ier au matin sans que j'en seuse rien si jen euse été adverti je luy euse ballé des chevaux qui leuse mené plus diligemment que la poste[37]. Sans doute, cette fois encore, ce Juif était mandé auprès du cardinal ; cela expliquerait le regret exprimé ici par Louis XIII de ne lui avoir pas donné des chevaux meilleurs que ceux de la poste. Richelieu quitta Saint-Dizier, étant en pleine convalescence le 20 octobre. 23 octobre 1633[38]. Mon cousin, la nouvelle que jai receu de vostre nouveau mal ma mis extresmement en peine mais monsieur Bouvart[39] masure que se ne sera rien je vous prie de séjourner où vous vous trouverés bien jusques a tant que le chemin ne vous puisse plus faire de mal. M. Boutilier vous fera response sur le mémoire que vous mavés envoyé cest pourquoy je ne vous en parleroy pas davantage asseurés vous de mon afection qui durera jusqu'au dernier soupir de ma vie. — LOUIS. Au Plesis des Bois[40], ce 23, 1633. — (Ibid., fol. 36.) — (Orig.) Mon cousin, ne pouvant estre en repos si je nay souvent de vos nouvelles jenvoye Montorgeuil pour men aporter[41] je prie le bon Dieu de tout mon cœur qu'elles soient telles que les dezire la persane du monde qui vous ayme le plus et qui naura poinct de joye qui ne vous revoye en parfaicte santé[42]. — LOUIS. A Gouriville[43], ce ving-sixième octobre 1633. — (Ibid., fol. 37.) — (Original.) 3 novembre 1633. Mon cousin, je ne saurois demeurer plus longtemps sans envoyer sçavoir de vos nouvelles ces pourquoy jenvoye ce porteur pour men raporter que je prie le bon Dieu estre telles que je les désire, pour moi je me porte parfaictement bien et ne me reste pour avoir contentement entier que de vous revoir en lestat que je le souhaite pour lequel je prieroy le bon Dieu incessamment. — LOUIS. A Saint-Germain-en-Laye, ce 3 novembre, jour Saint-Hubert[44]. — (Ibid., fol. 38.) — (Original.) Mon cousin, je suis extresmement en peine de vostre nouveau mal mais ce qui me consolle est que vous masurés que ce ne sera rien jay parlé à Villiers suivant vostre mémoire, je diroy M. Boutilier à la première vue tout ce qu'il ma dict pour vous le raporter[45] je vous asureroy tousjours de mon afection et prieroy le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa saincte bonne garde. — LOUIS. A Versaile[46], ce 10 novembre 1633. Bontemps[47] sera à vostre logis à vostre arrivée. — (Ibid., fol. 39.) — (Original.) |
[1] Nous lisons dans la Gazette de France, sous la rubrique : Le 11 février de Saint-Germain-en-Laye : Le roi alla vendredi dernier (4 février) d'ici coucher à Versailles où Sa Majesté passa les jours gras, et en revint le mercredi des Cendres en ce lieu (9 février) : auquel jour y arriva aussi, de Ruel, le cardinal-duc de Richelieu et le Conseil qui y est encore à présent.
[2] Le roi alla coucher vendredi dernier de Versailles à Saint-Germain, d'où Sa Majesté partit le mardi ensuivant, septième du courant, et vint tenir le Conseil au port de Neuilly, où se rendit de Paris le cardinal-duc de Richelieu et le Conseil : et où Sa Majesté reçut du comte de Brassac, ministre d'Etat, le serment de gouverneur de Saintonge et d'Angoumois, ville et citadelle d'Angoulême. De là Sa Majesté vint le même jour coucher en ce lien. Gazette de France, 1633, p. 104, d'Ecouen le 11 mars 1633.
[3] Dans un rapport du 6 mars, Richelieu, en terminant, annonçait au roi qu'il se portait mieux. Louis XIII, en annotant ce document, répondit en marge de ce paragraphe : La dernière nouvelle du mémoire est celle qui me plaist le plus, que vous vous portes mieux. Papiers de Richelieu, t. IV, p. 445.
[4] Il est à remarquer que nous voyons le roi en ce lieu pour la première fois. Chantilly, on le sait, avait été confisqué l'année précédente, comme faisant partie des biens de la maison de Montmorency. Le prince de Condé, qui avait agi pour obtenir cette confiscation, dans l'espérance d'en profiter, à cause de son union avec Charlotte de Montmorency, ne réussit dans ses calculs qu'après la mort de Louis XIII. Anne d'Autriche, pour obtenir son concours, lui fit don alors des domaines de Saint-Maur, de Chantilly, d'Ecouen et de quelques autres qui faisaient partie des possessions de la famille de Montmorency.
[5] C'est peut-être le nain dont il s'amusait dans son enfance. Héroard, qui en parle plusieurs fois, le nomme Dumont.
[6] Samedi dernier, le roi vient d'Ecouen tenir le Conseil au port de Neuilly, où le cardinal-duc de Richelieu l'attendait. Gazette de France, 1633, p. 220, de Paris le 26 mars.
[7] Le cardinal était à Paris depuis la veille.
[8] Cousin, Madame de Chevreuse, p. 10.
[9] Madame de Chevreuse, p. 39.
[10] Désormais nous nous abstiendrons de reproduire cette mention, qui se répète à chacune des lettres de notre manuscrit.
[11] Claude de Bullion, sieur de Bouettes, d'abord maître des requêtes, puis surintendant des finances avec Claude Bouthillier, en 1832. Il avait fait partie du ministère de la Vieuville, en 1624.
[12] Nous ignorons s'il s'agit ici de Marie de Médicis ou d'Anne d'Autriche, nous n'avons rien trouvé qui pût expliquer plus clairement ce passage de la lettre de Louis XIII. Nous savons seulement que la reine-mère, malade à cette époque, correspondait fréquemment avec son fils.
[13] Ces mots sont, en effet, les seuls écrits de la main du roi.
[14] Papiers de Richelieu, t. IV, p. 465.
[15] Mémoires de Richelieu, t. VIII, p. 453, col. 1.
[16] Hercule Girard, baron de Charnacé, alors ambassadeur en Hollande.
[17] Le sieur de Bar, seigneur de Baugy, était, à cette époque, ambassadeur en Hollande, conjointement avec Charnacé.
[18] Mémoires, t. VIII, p. 436, col. 2.
[19] Instruction donnée à Charnacé, Papiers de Richelieu, t. IV, p. 421.
[20] Instruction donnée à Charnacé, Papiers de Richelieu, t. IV, p. 421.
[21] Arch. des aff. étrang., France, t. LVIII, fol. 219.
[22] Nous n'avons pu trouver cette lettre.
[23] Marie de Médicis était malade à cette époque, et Louis XIII avait envoyé à sa mère, le 3 juin, le sieur Des Roches pour prendre de ses nouvelles. La reine-mère avait, sans doute, écrit à son fils pour le remercier de cette visite. Selon le cardinal, elle ne voulut rien répondre au messager, sur toutes les questions qu'il avait été chargé de lui faire, par Richelieu. (Mémoires, liv. XXIV, t. VIII, p. 491, col. 1.) La réserve de Louis XIII semblerait indiquer que, sa mère ayant dans la lettre qu'elle lui avait écrite attaqué le cardinal, la réponse que celui-ci avait préparée ne paraissait pas au roi montrer suffisamment quels étaient ses sentiments affectueux à l'égard de son ministre.
[24] Le roi était parti le 14 de Saint-Germain, pour aller prendre les eaux à Forges. Ces eaux étaient alors très-estimées, comme nous le montre ce passage de la Gazette, du 2 juillet 1631 : La sécheresse de la saison a fort augmenté la vertu des eaux minérales ; entre lesquelles celles de Forges sont ici à présent grandement en usage. Il y a trente ans que monsieur Martin, grand médecin, leur donna la vogue. Depuis le bruit du vulgaire les approuva. Aujourd'hui monsieur Bouvard premier médecin du roi les a mises au plus haut point de la réputation, que sa grande fidélité, capacité et expérience peut donner à ce qui le mérite, vers Sa Majesté qui en boit ici par précaution et presque toute la Cour à son exemple. On voit, par cette petite citation, que la science des annonces et des réclames était déjà en honneur dans le dix-septième siècle.
[25] Charnacé dut envoyer de suite une autre dépêche, puisque Richelieu lui écrit le 23 juin, pour lui témoigner le contentement du roi de la rupture de la trêve et l'engager encore à traiter promptement. Papiers de Richelieu, t. VII, p. 1001.
[26] La Grange aux Ormes était alors en Allemagne, accrédité auprès des divers électeurs et des villes libres. On voit que la pensée de pousser les Hollandais à la guerre dominait toujours la politique française.
[27] La Lorraine.
[28] La nouvelle de la Grange aux Ormes ne devait pas être celle de la mort de Valstein. Du reste, il s'était peut-être trompé lui-même eh annonçant précipitamment la mort du duc de Friedland. C'était le neveu de celui-ci qui était mort ; la similitude des deux noms avait pu tromper l'agent français.
[29] De lanpreur perdues en.
[30] Allemagne. Ce chiffre pour désigner l'Allemagne est caractéristique, et nous montre quelles préoccupations elle imposait déjà aux gouvernants français.
[31] Monsieur de Lorraine (Charles IV).
[32] Ne peut avoir secours de ce costé là.
[33] La trêve ne se face pas. Ici les deux dernières lettres du mot trêve ne sont pas chiffrées, mais nous avons formé la phrase ainsi, dans l'impossibilité de la former autrement.
[34] Papiers de Richelieu, t. IV, p. 473.
[35] Voir le récit de cette rapide campagne dans le premier volume de l'Histoire de la réunion de la Lorraine à la France, par M. le comte d'Haussonville.
[36] Arch. des aff. étrang., France, t. LXVI, fol. 97.
[37] Arch. des aff. étrang., France, t. V, fol. 35.
[38] Quoique l'indication du mois où cette lettre fut écrite ne soit pas de la main du roi, noua croyons qu'elle a été, en effet, écrite au mois d'octobre, à cause de la maladie du cardinal, qu'elle indique comme n'étant pas terminée, et du mémoire dont elle fait mention, et qui ne peut être que celui fait au sujet des affaires d'Allemagne, daté du 22 octobre (Papiers de Richelieu, t. IV, p. 490), et duquel dans une lettre au cardinal, du 30 octobre, Bouthillier, qui était alors auprès du roi, disait : Le roy a fort approuvé le mémoire sur l'Allemagne. (Aff. étrang., France, t. LIX, fol. 172.)
[39] Bouvart avait succédé à Héroard, comme premier médecin de Louis XIII.
[40] Le roi logeait alors chez le président de Flesselles, il en partit le 26. (Voir Gazette de France, 1633, p. 436.)
[41] Richelieu était encore à Sézannes, en Brie, le 28 octobre, il y était arrivé le 22.
[42] Le cardinal écrivait le 25, au cardinal de Lorraine, que son mal n'était plus rien, le chirurgien que le roi lui avait envoyé l'ayant guéri par un coup de lancette. (Papiers de Richelieu, t. IV, p. 781.)
[43] Le roi était en route pour Saint-Germain, car la Gazette nous apprend qu'il partit le 26 du Plessis-des-Bois, et vint coucher à Saint-Germain-en-Laye, le 28 octobre. (Gazette de France, 1633, p. 436).
[44] C'est, sans doute, à cette lettre que répondait Richelieu, le 5 novembre, lorsque, écrivant au roi, il lui disait : Sire, l'honneur qu'il vous plaist me faire me sert beaucoup plus que tous les médecins du monde. Je pars aujourd'huy pour me mettre en chemin de vous aller trouver... quand je ne seray plus qu'à une journée de Vostre Majesté il me semble que je seray tout à fait guéry... (Papiers de Richelieu, t. IV, p. 195.) M. Avenel, qui ne connaissait pas la lettre que nous donnons ici, a supposé que ces remercîments de Richelieu s'adressaient seulement à la sympathie que le roi ne cessait de témoigner pour son ministre, et dont celui-ci était instruit, chaque jour, par les lettres de Saint-Simon, de Bouthillier et d'autres da ses créatures. Le document inédit que nous publions prouve que cette gratitude répondait à des témoignages encore plus directs.
[45] Cette lettre répond à un mémoire et à une lettre de Richelieu, dans lesquels le cardinal indiquait au roi la réponse qu'il devait faire à Villiers Saint-Genest, envoyé à Louis XIII par la reine-mère. La lettre que nous donnons ici vient confirmer une supposition de M. Avenel, à savoir : que le roi n'a donné à l'envoyé de sa mère aucune réponse écrite, mais seulement une réponse verbale. Le mémoire de Richelieu est donné par M. Avenel (t. IV, p. 497), et sa lettre existe aux archives des affaires étrangères (France, 1633, t. LIX, 227).
[46] Cette lettre est du 10 au matin, puisque le roi coucha le soir à Saint-Germain (Gazette de France, 1663, p. 460).
[47] Bontemps était valet de chambre du roi.