V Lettre du Président au prince Napoléon, où il expose son programme et ses espérances. — Révocation du prince Napoléon, ambassadeur à Madrid ; lettre de celui-ci. — Le général Changarnier est nommé grand officier de la Légion d'honneur ; son attitude à l'égard du Président. — Intérêt que le Président porte à l'armée ; revue à Versailles ; visite à la maison d'éducation de Saint-Denis, son discours ; distribution de drapeaux à Troyes ; allocution de l'évêque, Mgr Cœur ; accueil enthousiaste des populations ; la Gazette de France, l'Opinion publique comme la Démocratie pacifique, le Peuple, la Vraie République dénoncent le Président comme aspirant à l'Empire ; la Vraie République lui reproche d'aller à Versailles en voiture et non en chemin de fer ; l'Assemblée nationale, la Liberté, le Dix-Décembre qui paraît pour la première fois le 15 avril 1849, ne sont pas moins violents en sens contraire. — 4 mai, célébration du premier anniversaire de la proclamation de la République ; le Président est acclamé ; 5 mai, il assiste, aux Invalides, à la messe anniversaire de la mort de Napoléon Ier. — Fruits d'insurrection et en même temps de coup d'État. Discussion à l'Assemblée sur la question de savoir si son président a le droit de réquisitionner les troupes ; Odilon Barrot ne le conteste pas ; incident relatif au général Changarnier, à cause de ses absences systématiques. — Le général Forest, qui avait refusé d'obéir aux injonctions du président de l'Assemblée, est nommé commandeur de la Légion d'honneur. — L'Assemblée repousse une proposition du gouvernement tendant à l'abrogation de l'article 67 de la loi du 22 mars 1831 ; M. Grévy ; article du Peuple. — Revue du 21 mai ; ovation faite au Président par l'armée ; les journaux rouges disent qu'on voulait y proclamer l'Empire ; le National affirme que le général Changarnier a donné l'ordre de crier : Vive Napoléon ! Violente discussion à l'Assemblée les 23 et 24 mai ; remarquable discours de Ledru-Rollin, dont la proposition d'enquête est rejetée. — L'Assemblée, avant de se séparer, vote des remerciements à la garde nationale et à l'armée sur la proposition d'Antony Thouret ; ce qu'il dit ; discours du président Marrast.Le prince Napoléon, fils du roi Jérôme, n'approuvait pas la ligne politique de son cousin le président ; il blâmait son alliance avec les représentants des anciens partis, et il le disait tout haut. C'est alors que Louis-Napoléon lui écrivit la lettre suivante : Au prince Napoléon Jérôme, ambassadeur à Madrid[1]. MON CHER COUSIN, On prétend qu'à ton passage à Bordeaux tu aurais dit que, dominé par les chefs du mouvement réactionnaire, je ne suivrais pas librement mes inspirations ; qu'impatient du joug, j'étais prêt à le secouer, et que pour me venir en aide il fallait aux élections prochaines envoyer à la Chambre des hommes hostiles à mon gouvernement plutôt que des hommes du parti modéré. line semblable imputation de ta part a le droit de m'étonner. Tu me connais assez pour savoir que je ne subirai jamais l'ascendant de qui que ce soit[2], et que je m'efforcerai sans cesse de gouverner dans l'intérêt des masses, et non dans l'intérêt d'un parti. J'honore les hommes qui par leur capacité et leur expérience peuvent me donner de bons conseils ; je reçois journellement les avis les plus opposés, mais j'obéis aux seules impulsions de ma raison et de mon cœur. C'était à toi moins qu'à tout autre de blâmer en moi une politique modérée, toi qui désapprouvais mon manifeste parce qu'il n'avait pas l'entière sanction des chefs du parti modéré... Le premier devoir était de rassurer le pays ; à chaque jour sa tâche ; la sécurité d'abord, ensuite les améliorations. Les élections prochaines avanceront, je n'en doute pas, l'époque des réformes possibles, en affermissant la République par l'ordre et la modération. Rappeler tous les anciens partis, les réunir, les réconcilier, tel doit être le but de nos efforts. C'est la mission attachée au grand nom que nous portons ; elle échouerait s'il servait à diviser et non à rallier les soutiens du gouvernement. Désormais donc tu te garderas d'accréditer par des paroles inconsidérées les calomnies absurdes qui vont jusqu'à prétendre que de sordides intérêts dominent ma politique. Rien, répète-le très haut, ne troublera la sérénité de mon jugement et n'ébranlera nies résolutions. Libre de toute contrainte morale, je marcherai dans le sentier de l'honneur, avec ma conscience pour guide, et lorsque je quitterai le pouvoir, si l'on peut me reprocher des fautes..., j'aurai fait du moins ce que je crois sincèrement mon devoir. Le prince, ne modifiant pas son attitude, était révoqué de ses fonctions d'ambassadeur le 26 avril. Quelque temps après, le 17 mai, il écrivait au Constitutionnel : Je les ai laissés faire (les représentants des anciens partis) jusqu'au jour où j'ai vu qu'ils voulaient s'emparer du triomphe que le nom de Napoléon avait remporté pour l'exploiter à leur profit... Je n'ai pas voulu rester avec des hommes que je crois les ennemis de la République et du Président. Le Président, comme on le voit, tendit à rester en bons termes avec le parti conservateur et même à s'appuyer sur lui. Pour lui donner un gage de sympathie, il avait élevé, le 5 avril, le général Changarnier au grade de grand officier de la Légion d'honneur. Il prouve ; ainsi l'élévation de son esprit, car il n'ignorait point les sentiments que montrait, ni le langage que tenait celui-ci sur le compte du chef de l'État. Le général recherchait[3] toutes les occasions de plaisanter sur la triste mine du Président, sur la pauvreté de son esprit, sur la nullité de son rôle[4] ; il prenait plaisir à le présenter comme son protégé, à se vanter de le faire coffrer à la première incartade, de le faire conduire à Vincennes (sic). Il tournait en ridicule ses prétentions à représenter et à faire revivre l'Empire[5] ; il disait fort haut que le jour où l'armée aurait à choisir entre le général sorti de ses rangs et ce coureur d'aventures et de complots ridicules, il n'était pas un soldat qui hésiterait une seule seconde, qu'à la première apparence il ferait un acte de -vigueur et saurait bien faire respecter la constitution... — Le prince n'avait pas de rancune. Il avait l'âme assez haute pour mépriser ces petites infamies. Dès le premier jour il avait témoigné du grand intérêt qu'il portait à l'armée. En trois mois il avait déjà passé plusieurs revues. Il accusait[6] un constant souci d'être agréable aux soldats et de se montrer à eux. Le 15 avril, les journaux annoncent qu'il a passé un arrangement avec le directeur du panorama de la bataille d'Eylau pour que toute la garnison de Paris puisse voir, comme dit le Constitutionnel, cette grande page de notre histoire militaire. Le 22, il passe une revue des troupes casernées à Versailles, et distribue des drapeaux aux bataillons des gardes nationaux de Seine-et-Oise[7]. Le 29, il se rend à la maison d'éducation de la Légion d'honneur de Saint-Denis, où il répond aux paroles de bienvenue : C'est avec une bien vive émotion que je revois ces lieux que j'ai visités plus d'une fois dans mou enfance avec ma mère... A une époque où l'on attaque si vivement les idées de famille, il importe qu'une éducation sage et solide comme celle que l'on reçoit ici développe chez ces jeunes enfants les éternels principes de morale, d'ordre et de travail, qui en feront un jour de bonnes mères de famille. C'est en élevant avec soin la génération actuelle que nous parviendrons enfin à donner et à consolider nos institutions républicaines. On remarquera ces dernières paroles. Cette déclaration, il l'avait déjà faite. Rien ne l'obligeait à la renouveler. Croyait-il nécessaire de donner un avertissement aux électeurs pour qu'ils ne portassent pas leurs voix sur les représentants des anciens partis ? N'avait-il alors d'autre ambition que de se perpétuer à la Présidence ? Peut-être encore les mots Empire et République ne s'excluaient pas l'un l'autre, pour lui. Peut-être enfin, à force d'entendre parler du rétablissement de l'Empire et crier : Vive l'Empereur ! arriva-t-il peu à peu à admettre la réalisation de ce qui ne lui était apparu à l'origine que comme un rêve. Le 30 avril, le Président se rend dans le département de l'Aube pour distribuer des drapeaux aux gardes nationaux. Pendant tout le trajet[8] les populations s'étaient portées en foule à sa rencontre et formaient une haie tout le long de la route. Partout, ajoute le Moniteur, l'enthousiasme éclatait sur son passage. Il était salué des acclamations les plus vives. A Moret, la garde nationale ne cesse de faire entendre les cris de : Vive Napoléon ! Vive le Président de la République ! A Troyes, une foule immense encombre toutes les rues et lui fait un accueil enthousiaste. L'évêque, Mgr Cœur, dit en s'adressant aux gardes nationaux : Ces drapeaux que vous allez recevoir ont été bénits en présence de l'élu de la nation, du neveu de l'Empereur dont le nom est pour toute la France le symbole de l'ordre, de la victoire et de la prospérité publique, en présence de l'élu de la nation, qui, en quelques mois, a su s'attirer l'estime de l'Europe tout entière et qui a justifié les suffrages et les espérances de la France par la sagesse de son gouvernement... Si un jour la patrie était menacée, rappelez-vous pour être invincibles qu'ils ont été tenus par le neveu de l'Empereur, car il y a dans le sang des héros une vertu secrète et mystérieuse qui se communique à tout ce qu'il touche. Le Président remercie l'évêque de Troyes[9] et l'embrasse avec effusion. Cette cérémonie, écrit-on au Moniteur, laissera de longs souvenirs dans l'esprit de tous ceux qui y ont assisté... Le voyage de Louis-Napoléon a été une véritable ovation populaire. Chaque ville, chaque bourg, chaque village avait fait des préparatifs pour le recevoir... Nous avons vu plus d'un vieux soldat des guerres de l'Empire verser des larmes d'attendrissement en apercevant le neveu de l'Empereur... Plus de cent mille personnes encombraient les rues et les boulevards... Il y avait là des gardes nationaux qui avaient fait plus de vingt lieues pour assister à cette cérémonie. La Champagne tout entière était représentée... Les journaux ne cessaient de discuter l'éventualité d'un
retour à l'Empire. Nous entendons parler, dit
la Gazette de France (21 mars), de dynastie impériale... Peut-on hériter de ce qui a
entièrement péri ? Il ne saurait y avoir héritage dans ce qui n'existe plus
et ne doit jamais reparaitre. Et que veulent les serviles adorateurs d'un
Empire qui ne doit plus vivre que dans l'histoire ? Ils veulent élever une
seconde légitimité à côté de celle qui n'est contestée par personne comme
principe !... Dira-t-on que la dynastie nouvelle offrira plus de garanties à
la liberté ? Elle n'en offre aucune dans son passé, car la tyrannie de
Napoléon fut la plus lourde, la plus funeste, qui ait jamais pesé sur la
France... Il est constant (23 mars) qu'un parti s'organise à Paris et dans les départements
sous l'invocation du nom de Napoléon. Ce parti a ses comités, ses journaux,
ses agents. Il a son but qu'il ne dissimule pas. Ce but est la restauration
de la dynastie impériale dans la personne de M. Louis Bonaparte, président de
la République. — Auriez-vous l'espérance
insensée, disait un autre journal légitimiste, l'Opinion publique
(4 mars 1849), de
ressusciter l'Empire sans ressusciter l'Empereur ? Mais alors pourquoi vous appeler
comité bonapartiste ? Parce que le Président s'appelle Bonaparte ? Mais alors
le nom que vous prenez n'a pas de sens ; dans la langue politique,
bonapartiste veut dire partisan du régime impérial... Refaire (11 mars 1849.) l'Empire
tel qu'il fut, c'est-à-dire glorieux et allant retrouver en Europe au moyen
de la victoire les piliers de granit posés par la puissante main de
Charlemagne pour soutenir son édifice monumental, c'est là un rêve. Et qui
donc nous conseillerait de recommencer une tentative que Napoléon le Grand
lui-même n'a pu réaliser ? Pour refaire l'Empire, où est l'Empereur ?... Le
bonapartisme est mort. Il est mort d'avoir vécu. Il ne saurait être question
de ressusciter un régime éminemment transitoire et qui a fait son temps.
Passer de la présidence à temps à la présidence à vie, et de là à l'Empire,
c'est un rêve !... Quel est le sens (15
avril 1849) de ce mot : le parti bonapartiste
?... Où était-il pendant les longues années qui ont précédé la révolution de
1848 ? Quand Louis-Napoléon a voulu essayer d'établir l'Empire, combien de
bonapartistes trouvés ? Une cinquantaine peut-être. L'ancien parti
bonapartiste s'est fondu tout entier dans les autres partis. Nous avons vu
les noms des serviteurs les plus intimes de l'Empereur dans le cabinet de Louis-Philippe...
Il n'y a plus guère qu'aux Invalides qu'on puisse trouver de vrais
bonapartistes. La Liberté en criant : Debout les bonapartistes ! n'appelle
pas des vivants, elle évoque des fantômes. Elle rappelle la belle ballade
allemande sur cette heure de minuit où César passe en revue ses légions. Le
bonapartisme, c'était l'idolâtrie d'un grand homme, c'était une épée
victorieuse couronnée. Cette épée est étendue sur un tombeau, y a-t-il
quelqu'un au monde qui soit capable de la prendre ?... Venir nous parler du
bonapartisme... tenez, vous nous faites pitié ! La Démocratie
pacifique (26 avril 1849) s'écrie :
Quand finira cette mauvaise plaisanterie ? Vous
voulez faire de Louis-Napoléon le vainqueur d'Italie et d'Égypte ? le
créateur de l'administration et des codes ? vous voulez absolument donner à
Louis-Napoléon le prestige du génie ?... A qui pourrez-vous persuader que
Louis-Napoléon est son oncle ? Quand vous dites avec emphase : Austerlitz et
Wagram, un écho malin vous répond : Strasbourg et Boulogne... Un nom, rien
qu'un nom, les neuf lettres qui forment le nom de Bonaparte, voilà tout ce
que vous possédez aujourd'hui du consulat... nous ne pouvons admettre qu'un
mot suffise pour mettre en déroute les étrangers et les factieux... cela ressemble
trop à cette tactique des Chinois qui espèrent épouvanter leurs ennemis en
agitant au milieu des cris des dragons monstrueux et des têtes gigantesques.
Un gouvernement (11 mai 1849) peut-il subsister longtemps lorsque... la pensée plus ou
moins occulte du pouvoir inférieur est de détruire la forme même du
gouvernement ?... (Nous avons) un président qui ne s'est nullement appliqué à
effacer ses antécédents fâcheux ; qui dissimule mal ou du moins dont les amis
ne dissimulent point du tout la prétention à nous ne savons quel titre
impérial, rêve ridicule d'un amour-propre insensé. — Qu'est-ce que le bonapartisme ? dit le Peuple
(29 mars 1849). En 1815 et jusqu'en 1824, il voulait dire la haine de l'invasion, le
ressentiment des désastres de Waterloo et de la captivité de Sainte-Hélène,
et par-dessus tout l'aversion pour la famille des Bourbons. Les ardentes
aspirations du bonapartisme vers la Gloire et l'honneur national s'alliaient
assez bien avec les désirs des libéraux. Il s'agit bien vraiment à l'heure
qu'il est de monarchie de droit divin à renverser ou de système
constitutionnel à mettre en pièces ! En 1825, le bonapartisme n'était pas une
idée, c'était un sentiment. En 1848, le bonapartisme n'est pas une idée,
c'est un nom ; ce n'est pas un sentiment, c'est une hypocrisie... Il est
temps cependant que la France sache le mot de cette immense mystification à
laquelle on l'a soumise depuis le 10 décembre, le moment des mascarades est
passé. Haut le visage ! messieurs les bonapartistes, comment vous appelez-vous
?... Nous ne savons pas ce qu'il y a sous ce déguisement que vous nommez la
popularité. La Vraie République (24
avril 1849) mentionne que le Président de la République s'est rendu à
Versailles en voiture, et elle ajoute : Cette
affectation de rie pas voyager en chemin de fer a déjà été remarquée.
Serait-ce une contrefaçon du dédain que Napoléon le Grand manifesta pour
l'admirable invention de Fulton ? Ou bien serait-ce que la rapidité du voyage
en chemin de fer ne permet pas de recueillir les acclamations de la banlieue
au passage de la berline princière ? Il faut reconnaître que le
langage de certains journaux conservateurs était bien fait pour provoquer les
soupçons et les accusations de la presse républicaine. L'Assemblée
nationale (du 7 mars 1849)
elle-même disait : Lors du 18 brumaire, le premier
Consul, entrant aux Tuileries, aperçut peints sur la muraille quelques débris
des symboles de la Terreur, les bonnets rouges, les haches... Bonaparte
regarda fixement ces hideux souvenirs et ne dit que ces mots : Qu'on
efface toutes ces cochonneries-là ! Il fut obéi. La France n'attend qu'un
mot de son chef pour suivre cet exemple ; elle rie veut ni terreur ni
révolution ; elle a soif de repos, de prospérité ; elle bénira la main qui la
fera sortir de l'anarchie. Un nouveau journal, le Dix-Décembre,
disait dans son premier numéro[10] : Le Président de la République... est l'homme qui
représente une grande idée, l'idée de force, l'idée d'ordre, d'enthousiasme,
d'initiative et de probité gouvernementale... Le dogme Napoléon existe, il
remue le peuple jusqu'au fond de ses entrailles, et quand il parle, six
millions de voix lui répondent... A cinquante ans (18 avril) de date,
il semble que la Providence ait réservé à Louis-Napoléon le rôle qu'elle
avait confié à son oncle... La ruine du pays était imminente... l'élection du
Dix-Décembre nous a sauvés. La Liberté (4 mars) déclarait que les calomnies à l'encontre de l'Empereur
ne sont plus de saison : Celui que (l'on) nommait le
tyran, l'ogre de Corse, a été replacé par la reconnaissance nationale au
sommet de la colonne Vendôme ; ses cendres sont aux Invalides ; son nom dans
toutes les bouches ; son souvenir clans tous les esprits. L'Empereur n'a pas
encore été bien jugé. Les guerres qu'il soutint, malgré lui, ont plus
civilisé le inonde que les paix bâtardes sous lesquelles croupissaient nos
pères... Il a promené triomphalement... dans toute l'Europe les principes
d'examen et d'indépendance, il les y a semés... et s'ils germent aujourd'hui,
c'est grâce à sa puissante main... Ce que ce nom (13 mars) contenait
de garanties et d'espérances, nous le disions seuls avant le 10 décembre,
toute la France le dit avec nous aujourd'hui... c'est le seul drapeau autour
duquel toutes les transactions soient possibles. Par sa grandeur ce nom
répond à toutes les exigences, par son origine ce nom qui se rattache intimement
à la démocratie a jeté de profondes racines dans le sentiment populaire. Par
la magie des souvenirs il sera toujours l'idole du soldat et l'inspirerait
encore aux jours de danger si l'Europe avait l'imprudence d'oublier ce que
peut le courage français sous la conduite d'un Bonaparte... Par le
rétablissement des autels en France la mémoire du premier Consul est restée
chère au clergé gallican... Toutes les réconciliations sont donc possibles,
nous allions dire inévitables, sous l'influence de ce nom providentiel. De
tous les gouvernements (15 mars 1849) l'Empire seul ne tomba point devant le peuple, mais
devant l'étranger. Aussi de toutes les dynasties la dynastie des Bonaparte
est restée la seule populaire, la seule regrettée, la seule dont le peuple se
soit souvenu et se souviendra... Le 30 mars 1815[11], l'Empereur dit à Benjamin Constant : La multitude ne veut que moi... je ne suis pas
seulement... l'Empereur des soldats, je suis celui des paysans, des
plébéiens, de la France... La noblesse m'a servi, elle s'est lancée en foule
dans mes antichambres ; j'ai eu des Montmorency, des Noailles, des Rohan, des
Beauveau, des Mortemart ; mais il n'y a jamais eu analogie, le cheval faisait
des courbettes... mais je le sentais frémir. Avec le peuple c'est autre
chose... la fibre populaire répond à la mienne... je suis sorti des rangs du
peuple ; ma voix agit sur lui... j'ai voulu l'Empire du inonde (parce que) le
monde m'invitait à le régir... Des élections libres ? Des discussions
publiques ? Des ministres responsables ? la liberté ? je veux tout cela !...
La liberté de la presse surtout ! L'étouffer est absurde... je suis l'homme
du peuple... j'ai reconnu sa souveraineté... La situation est neuve... Le
repos d'un empereur constitutionnel peut me convenir ; il conviendra plus
sûrement encore à mon fils... Dans ces paroles, dit la Liberté, que de grandeur ! que de vérités ! que d'enseignements !
Qu'à la veille des élections elles soient profondément méditées par
Louis-Napoléon Bonaparte, par la France tout entière. Rejetez les candidats
de la rue de Poitiers, ne votez que pour des bonapartistes... Ce n'est pas
(16 avril 1849) pour en revenir à M. Thiers et à M. Guizot que la Révolution s'est
faite, ce n'est pas pour revenir au système de Louis-Philippe sans
Louis-Philippe que la France a rappelé la famille Bonaparte... ce n'est pas
pour préparer la rentrée de Henri V ou du comte de Paris que 9.0.000 hommes
dévoués, généreux missionnaires d'une cause persécutée, se sont répandus dans
les campagnes et ont réveillé le souvenir endormi, mais vivace, du consulat
et de l'Empire ; ce n'est pas... pour faire la courte échelle aux royalistes
que les bonapartistes... se sont crânement mis sur la brèche. Le 4 mai a lieu la célébration du premier anniversaire de la proclamation de la République. Le Président assiste à la cérémonie, et il rentre au palais de l'Élysée au milieu[12] des acclamations les plus vives et des cris de : Vive Napoléon ! Le 5 mai, il entend la messe dite aux Invalides à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Napoléon Ier. Puis, accompagné de l'ex-roi Jérôme et du général Petit, il se rend auprès du tombeau de l'Empereur, devant lequel tout le monde se met à genoux. Il y avait là beaucoup d'anciens officiers de l'Empire, revêtus de leurs vieux uniformes. — Les affaires de Rouie avaient poussé à bout le parti révolutionnaire, qui préparait, disait-on, une journée. D'autre part, des bruits de coup d'État circulaient. L'Assemblée se croyait en présence d'un double péril. Son président, Armand Marrast, le 9 mai, requiert le général Forest, commandant la brigade casernée aux Invalides, de renforcer de deux bataillons la garde de l'Assemblée. Le général répond qu'il ne peut recevoir d'ordre que de son supérieur, le général Changarnier. Le général Lebreton, questeur, fait observer que le président de l'Assemblée a le droit de réquisition directe, en vertu des articles 6 et 7 du décret du 11 mai 1848[13] ; il ajoute qu'il pourrait même réquisitionner une troupe qui passerait devant le palais de l'Assemblée. Le général Forest déclare que dans ce cas la troupe n'obéirait pas. M. Marrast invite le général Changarnier à venir conférer avec lui de cet incident. Celui-ci se contente d'envoyer son aide de camp, qui fait observer que le général Changarnier ne conteste pas le droit de l'Assemblée, mais qu'il demande à voir les ordres passer par son intermédiaire. Dans la séance du 10, M. Marrast relate ces faits, maintient le droit de l'Assemblée, met en demeure le ministère de s'expliquer sur cette violation de la loi, réclame la punition du général Forest et demande l'affichage dans les casernes du décret du 11 juin 1848. Le président du conseil, Odilon Barrot, reconnaît que le droit de l'Assemblée ne peut être contesté, qu'il est formellement écrit dans la loi, mais qu'il y a des ménagements à garder dans l'exercice de ce droit, qu'il faut respecter la hiérarchie, que cependant le droit de réquisition directe, fût-ce d'une troupe qui passerait, n'est pas contestable. M. Degousée demande que le général Changarnier reçoive l'ordre de se rendre aux convocations du président de l'Assemblée, ce qu'il n'avait déjà pas fait le 29 janvier. M. Considérant déclare qu'il a commis un acte de haute rébellion. — Le fait est que le général Changarnier traitait cavalièrement la représentation nationale. Après que le ministre de la guerre, le général Rulhières, eut annoncé qu'il ferait afficher dans les casernes le décret du 11 juin 1848, l'Assemblée passe à l'ordre du jour[14]. Le 13 mai avaient lieu les élections législatives. Le 19 mai, l'Assemblée rejette[15] le projet de loi déposé par le gouvernement et tendant à suspendre durant trois mois l'article 6 de la loi du 22 mars 1831 sur la garde nationale, article qui interdisait de cumuler les fonctions de commandant en chef de la garde nationale et des troupes de ligne. L'Assemblée prenait ainsi justement sa revanche de la désinvolture avec laquelle le général Changarnier venait de la traiter. Dans la discussion qui précéda le vote, M. Grévy déclarait qu'il ne fallait pas donner à un homme une situation telle qu'on pût, à son insu même, abuser du pouvoir exorbitant mis dans ses mains ; que c'est par les coups d'État militaires que les républiques périssent, et que, dans les circonstances où on était, les coups d'État étaient à craindre. Et, comme on se récrie, il ajoute : Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. Le Peuple de Proudhon (18 mai) déverse sur le Président des torrents d'injures : Napoléon, c'est... l'homme aux douze cent mille francs de traitement et à la vie crapuleuse, qui livre la France aux pourris de Louis-Philippe et aux Jésuites de la Restauration... c'est le chef de l'armée des mangeurs du budget et des fonctionnaires parasites ; c'est le complice des tripoteurs et des boursicotiers ; c'est le vassal de Nicolas ; c'est le patron des usuriers et des agioteurs ; c'est la personnification du gendarme, du douanier, du gabelou et du rat de cave ; c'est l'ombre de Malthus au fauteuil de la présidence... Napoléon, tu nous avais promis joie et richesse, tu ne nous as donné que douleur et misère. Va-t'en rejoindre au plus tôt Charles X et Louis-Philippe, car tu es plus imbécile que le premier, si tu n'es plus parjure que le second. Le 21 mai, le Président[16] passe au Champ de Mars une revue de quarante mille hommes. Le Moniteur en rendait compte ainsi : Le Président a été accueilli par des acclamations unanimes... Ce n'était pas seulement un hommage personnel, c'était aussi une patriotique protestation contre les calomnies dont l'armée a été l'objet. L'armée a le sentiment du devoir ; elle sera fidèle à la discipline et à l'honneur du drapeau. Nul désormais ne peut en douter. — Dans le trajet du Champ de Mars à l'Élysée, le Président de la République a été accueilli avec un enthousiasme expansif et sincère. C'était vrai[17]. La population l'avait acclamé. Les troupes, surtout la cavalerie, l'avaient acclamé. Ace point que le Constitution/le/ pouvait écrire : ... Pendant des heures entières un seul et même cri (est sorti) de quarante mille poitrines. Le Dix- Décembre (23 mai) déclare que l'effet sur la population a été prodigieux. La Reforme (23 mai) dit qu'on voit venir la conspiration et qu'on attend le dénouement. Le Peuple (22 et 25 mai) écrit : Serions-nous à la veille d'un coup d'État ? que les soldats ont reçu l'ordre de crier, non : Vive la République ! mais : Vive Napoléon ! A la veille d'une guerre civile ? que des mercenaires embrigadés ont crié aujourd'hui : Vive l'Empereur ! Louis-Napoléon (24 mai) viole la Constitution en s'habillant en général. Suivant la Révolution démocratique et sociale (24 mai) les conspirateurs cherchent à faire renaître l'occasion de proclamer M. Bonaparte empereur... la trahison est flagrante... que l'Assemblée sauve la République... La République (24 mai) affirme que le jour de la revue un complot était organisé pour faire tout à la fois un 31 mai, un 1er prairial et un 18 brumaire... et qu'on devait ériger le Président en consul ou tout de suite en empereur. La Patrie (23 mai) publiant un communiqué démentant cette assertion que le général Changarnier eût donné l'ordre[18] aux régiments de crier : Vive Napoléon ! à la revue, le National (24 mai) dit : Tout mauvais cas est niable. Nous affirmons, nous, de nouveau,... que l'ordre a été donné... Qu'une enquête soit ouverte... et l'on aura, non par un témoignage, mais par vingt ou trente mille, la preuve de ce que nous avançons... Le 23 mai, Crémieux signale à l'Assemblée un article de la
Démocratie pacifique qui dénonce l'imminence d'un coup d'État, et les
manifestations à la dernière revue comme ayant eu pour but de donner du cœur au ventre de l'élu du 10 décembre.
M. Considérant, auteur de l'article, déclare qu'il a voulu accomplir un devoir en prévenant le pays, en prévenant le
peuple et l'armée du guet-apens qui leur est tendu... Le citoyen
Pierre Bonaparte s'écrie : Monsieur, quand vous avez
dit que le Président conspirait contre la République, vous en avez menti !
(Bruyante agitation.) Le général Bedeau n'admet pas qu'on discute ce qui est
impossible. On lui crie : Et le 18 brumaire !
Il ajoute que le pays vient de nommer une nouvelle Assemblée, et qu'un coup
d'État, à cette heure, serait de l'archifolie.
— C'est une folie, c'est vrai, interrompt
Charras, mais il y a des fous. — Le général
Bedeau dit encore que l'armée est fidèle, qu'elle défendra la loi et la
constitution. Le citoyen Lagrange rappelle l'échauffourée de Strasbourg pour
montrer que les archifolies sont possibles... Nous
dénonçons, dit-il, des gens pris quatre ou
cinq fois la main dans le sac... N'a-t-il pas été prouvé... que les ordres de
l'Assemblée avaient été violés par un prétorien (Changarnier),
qui... ose encore menacer de les violer de nouveau et de violer quelque chose
de plus sain, la Constitution tout entière ? — Odilon Barrot s'indigne
: ... Ce serait un crime, ce serait même contre le
dernier des citoyens la plus grave, la plus cruelle des accusations, mais
contre le premier magistrat de la République, mais contre celui qui, à la
place où je suis, a prêté le serment solennel, à la face de son pays, de
respecter là Constitution... c'est plus qu'un crime, c'est un parjure, ce
serait une action honteuse, car ce serait manquer à l'honneur ! Et
Charras de dire : Est-ce que le général Bonaparte
n'avait pas prêté serment à la Constitution ?... Le 24 mai, la
discussion continue. Ledru-Rollin intervient :... Une
folie ?... Eh ! mon Dieu ! est-ce qu'il ne s'en est pas commis en ce monde
?... est-ce qu'il n'en est pas deux qui ont étonné la France et le monde
entier ?... La folie pourrait être persévérante... En 1836, on écrit une
lettre pour déclarer qU'on aura pour Louis-Philippe une éternelle gratitude,
et on recommence en 1840, et en 1840 avec quelques hommes déguisés en soldats
on crie : Vive l'Empereur ! Et ce n'est pas de la folie ! Le citoyen Ernest
de Girardin s'écrie : Il n'est pas permis de dire...
que l'élu de six millions de suffrages soit un fou. Étienne Arago lui
répond : Mais ses conseillers actuels l'ont condamné
pour ce fait : M. Molé entre autres. Le bruit va croissant. Les cris :
A l'ordre ! retentissent. Les
interpellations se croisent. Le tumulte se prolonge. Le président menace de
se couvrir et de lever la séance. — Ledru-Rollin parvient à continuer :... Ce n'est pas vous que j'attaque, monsieur Odilon Barrot (Dieu, non ! mais)... il est des hommes qui entourent le Président... et
qui... peuvent croire qu'une autre forme de gouvernement peut être substituée
à celle-ci. Maintenant, pour nous rassurer, que nous dites-vous ? Vous nous
dites : Nous veillons. Je vous réponds : Vous veillez, mais vous ne voyez pas
!... (Mouvement.) Et vous venez ici... couvrant (tout cela)... de votre
vieille probité... Un homme, quel qu'il soit, ne refait pas sa nature ; vous
ne pouvez pas refaire la vôtre. Est-ce la première fois que vous avez été
trompé ? Ç'a été votre rôle dans l'ancienne Chambre pendant dix-huit ans. Le
24 février, quand vous marchiez au ministère... vous croyiez plus que jamais
à la dynastie de Juillet ; eh bien ! la République vous suivait de et
quelques instants après elle entrait à l'Assemblée. Comment verriez-vous
venir un coup d'État, vous, devant qui a pu passer une révolution sans être
aperçue ?... Il ne s'agit ui de probité ni d'honnêteté, il s'agit d'être un
homme d'État et de voir... Vous êtes un aveugle !... Il dépose une
proposition d'enquête qui est rejetée, et 308 voix contre 280 votent l'ordre
du jour pur et simple. — Dans la séance du 26 mai, l'Assemblée vote des
remerciements unanimes à la garde nationale et à l'armée, sur la proposition
d'Antony Thouret, ainsi motivée :... L'Assemblée...
espère qu'il n'est plus en France de parti assez insensé, assez
sanguinaire... pour tenter l'élévation d'un nom ou d'une famille sur les
ruines de la patrie ! — Un membre à droite : C'est beau ! — C'est
beaucoup plus vrai que beau. Puissiez-vous ne pas l'apprendre trop tôt ! (Reprenant.)
S'il en était autrement, que les coupables s'arrêtent en apprenant que le
dernier vote de l'Assemblée nationale a été de confier solennellement la
garde et la défense de la Constitution républicaine à la vigilance, à
l'honneur, au patriotisme de la garde nationale et de l'armée... Le président, M. Marrast, se lève et prononce une allocution... Vous léguez, dit-il, une constitution qui doit désormais servir à la fois de règle et de bouclier à tous les pouvoirs, comme à tous les droits. Je fais en votre nom les vœux les plus ardents pour que cette loi suprême inspire à tous les partis le respect dû à l'œuvre de l'Assemblée constituante... Malheur à ceux qui tenteraient de la violer ! Indépendamment du châtiment qui les atteindrait, ils attireraient sur leur tête les malédictions de la patrie entière ! L'Assemblée nationale avait vécu. |
[1] Il venait d'être nommé.
[2] On remarquera cette déclaration qui est absolument vraie : dans tout le cours de son existence, Louis-Napoléon n'a obéi qu'à ses propres inspirations.
[3] Voir le Général Changarnier, par le comte D'ANTIOCHE, ouvrage qui est consacré à l'éloge du général et qui, par conséquent, n'est pas suspect. — Changarnier était très entouré alors, très adulé ; on lui disait qu'il était le sauveur de la patrie (voir même ouvrage, p. 264), et il le croyait, car il était extrêmement vaniteux. Il considérait le prince du haut de sa grandeur, et, en somme, il lui était bien inférieur. Il l'appelait un perroquet mélancolique. (Voir Jules RICHARD, Comment on a restauré l'Empire, p. 57.) Plus tard, il disait en plein conseil des ministres, durant une courte absence du prince : Oui, j'ai un plan, mais ce n'est pas de mettre sur le trône ce Thomas Diafoirus. (Ibid., p. 152. Voir encore GRANIER DE CASSAGNAC, Souvenirs du second Empire, p. 59, à qui cette scène fut racontée par le général d'Hautpoul et par M. Routier.)
[4] Louis-Napoléon présidait le conseil des ministres. Jamais ou presque jamais il ne prenait part aux discussions. Pendant (que les ministres ; parlaient, il construisait avec une attention profonde, nous disait un de ses ministres, des cocottes en papier, ou dessinait des bonshommes sur les dossiers. (Napoléon le Petit, par Victor Hugo, p. 27.) Et toutes les fortes têtes ministérielles disaient en se rengorgeant : Le pauvre homme !
[5] Toutes les fois, dit Odilon Barrot (qui peut marcher de pair avec le général Changarnier sous le rapport de la suffisance), qu'il paraissait au conseil avec ses pantalons à bandes rouges, nous échangions, mes collègues et moi, un sourire d'intelligence (?) et nous nous attendions à quelques-unes de ces propositions qui sentaient l'Empire et dont nous faisions justice à l'instant même. (Mémoires, t. III, p. 101.)
[6] Le Moniteur du 31 mars 1849 annonçait que le Président avait visité les baraquements occupés par un régiment de ligne campé dans le jardin du Luxembourg, qu'il avait minutieusement examiné les objets de literie et d'habillement, qu'il avait défait lui-même plusieurs lits, qu'il avait aussi voulu voir les cantines et avait goûté la soupe et le pain du soldat, afin de s'assurer par lui-même dans quelles conditions d'hygiène et de bien-être se trouvaient les troupes.
[7] Le Moniteur du 23 dit : Une explosion de cris : Vive Napoléon ! Vive la République ! a salué l'arrivée du Président... et les acclamations les plus enthousiastes n'ont cessé de se faire entendre...
[8] Voir le Moniteur du 1er mai. — La Révolution démocratique et sociale du 1er mai dit, en parlant de ce voyage, que le prince faisait l'effet d'un personnage inerte et immobile... On ne voyait qu'une sorte de buste monté sur jambes, avec un nez.de carton et d'énormes moustaches.
[9] .... L'évêque de Troyes l'encensait et le haranguait comme s'il dit eu déjà la couronne sur la tête. (Odilon BARROT, Mémoires, t. III, p. 248.)
[10] Numéro du 15 avril 1839. — Parmi les fondateurs de cette feuille, nous citerons : MM. Abbatucci, général de Padoue, général de Bar, Bataille, F. Barrot, Belmontet, Briffault, chef du secrétariat de la présidence de la République ; Bonjean, Conneau, l'abbé Coquereau, général Exelmans, général Mulot d'Osery, Hyrvoix, Laity, officier d'ordonnance du Président ; colonel Laborde, colonel Langlois, Laloue, Lucas, Lepic, officier d'ordonnance du Président ; général Montholon, colonel de la Moskowa, Nogent-Saint-Laurent, Ornano, de Persigny, officier d'ordonnance du Président ; général Piat, Patorni, général Perrot, général Raoul de Saint-Georges, lieutenant-colonel de Tocqueville, Wolowski, colonel Vaudrey, aide de camp du Président. — Rédacteurs : comte de Saint-Georges, général Rémond, Lberminier, Brisson, l'abbé Coquereau, Bataille.
[11] 16 mars 1849. (Voir la Minerve française, XCIVe livre, t. VIII, 11e lettre sur les Cent-jours, par M. Benjamin CONSTANT. — Voir aussi le Mémorial de Sainte-Hélène, t. II, p. 426.)
[12] Les Débats du 5 mai 1849.
[13] ARTICLE 6 : Le président est chargé de veiller à la sûreté intérieure et extérieure de l'Assemblée. A cet effet, il a le droit de requérir la force armée et toutes les autorités dont il juge le concours nécessaire. Les réquisitions peuvent être adressées directement à tous les officiers, commandants, fonctionnaires, qui sont tenus d'y obtempérer immédiatement, sous les peines portées par la loi.
ARTICLE 7 : Le président peut déléguer son droit de réquisition aux questeurs ou à l'un d'eux.
[14] Non seulement le général Forest, qui avait formellement refusé d'obéir aux injonctions du président de la Chambre, n'était pas puni, mais il était promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur. En vérité, dit la Révolution démocratique et sociale du 16 mai, M. Bonaparte et ses ministres ont perdu toute pudeur... C'est un nouveau défi à l'Assemblée ! M. Odilon Barrot, alors, acceptait tout cela. Il s'est rattrapé dans ses Mémoires, écrits après coup.
[15] Par 203 voix contre 210.
[16] Après la revue, le Président adresse au général Changarnier une lettre où il dit notamment : ... Avec de semblables soldats notre jeune République ressemblerait bientôt à son ainée, celle de Marengo et de Hohenlinden, si les étrangers nous y forçaient. Et à l'intérieur, si les anarchistes relevaient leur drapeau, ils seraient aussitôt réduits à l'impuissance par cette armée, toujours fidèle au devoir et à l'honneur. V. Odilon BARROT, Mémoires (t. III, p. 248) : Une revue de l'armée de Paris était passée au Champ de Mars ; les cris de : Vive Napoléon ! y éclataient dans tous les rangs ; ceux de : Vive la République ! se faisaient à peine entendre.
[17] Voir le Constitutionnel du 21 mai. — Voir les Débats du 21 mai : Les cavaliers se dressaient sur leurs étriers, brandissaient leur sabre et criaient : Vive Napoléon ! — Voir le Dix-Décembre du 22 mai : La cavalerie a crié avec une énergie impossible à décrire : A bas les rouges !
[18] C'était vrai ; mais il laissait faire.