HISTOIRE DE PIERRE TERRAIL

SEIGNEUR DE BAYART

 

CHAPITRE XXXVII.

 

 

Bataille de Marignan. - François Ier veut être armé chevalier de la main de Bayart. - Détails de cette cérémonie. 1515.

 

François Ier hâtait sa marche ; il traversa rapidement le Piémont, où son oncle, le duc de Savoie, lui rendit les plus grands honneurs, reçut dans sa route les clefs de Novarre, et alla camper à Marignan. Le Bâtard de Savoie s'efforçait depuis quelques jours de ménager un accommodement entre le Roi et les Suisses, et tout paraissait se disposer à la paix. Quelque onéreuses que fussent les conditions de ce traité, François voulut bien y souscrire, et répondit aux murmures de sa brave noblesse, que jamais un roi ne devait hasarder le sang de ses sujets lorsqu'il pouvait le racheter avec de l'argent. Enfin, on était convenu de tout, et la somme exigée était prête, grâce au dévouement des principaux capitaines qui donnèrent jusqu'à leurs joyaux et leur vaisselle. Le maréchal de Lautrec et René, bâtard de Savoie, furent chargés de la porter à Buffalora, où les députés des Ligues devaient se trouver pour la recevoir. Mais les sacrifices que les Français avaient faits n'étaient pas suffisants pour lier une nation qui, depuis qu'elle les avait vaincus à Novarre, ne les redoutait plus assez pour leur tenir parole.

Mathias Scheiner profita de leurs dispositions pour entrainer la rupture d'un traité dont il n'avait pu empêcher la conclusion. L'arrivée du colonel Rost avec un renfort de quinze mille hommes vint donner un nouvel appui à ses fougueuses déclamations. L'or et l'argent qui brillait entre les mains de leurs compagnons, excita l'avarice et la jalousie des nouveau - venus voyant à regret échapper l'occasion de s'en gorger à leur tour. Le cardinal de Sion ne leur donna pas le temps de réfléchir à l'indignité de leur conduite ; il fit battre le grand tambourin, et rassembler les Suisses sur la grande place de Milan. Il monta sur une chaise au milieu d'eux, et là, comme un renard qui prêche les poules, il se mit à défiler son virulent chapelet. Il leur représenta le roi de France et ses capitaines comme de jeunes imprudents, plus propres à figurer dans les tournois et les carrousels, que sur un champ de bataille. Il leur rappela Novarre, et leur persuada de s'emparer de l'argent déposé à Buffalora, comme un faible à-compte des trésors qu'ils trouveraient dans le camp français. En achevant sa déclamation, il fit sonner les cornets d'Uri et d'Underwald, et les Suisses, enivrés par ces sons nationaux qui jadis avaient présidé à la défaite des Allemands et des Bourguignons, se précipitèrent comme des forcenés hors de Milan.

Ils marchèrent droit à Marignan par la route de Buffalora, mais ils n'eurent que la honte de leur méchante action, sans en recueillir le profit ; Lautrec, instruit à temps de leur défection, s'était empressé de mettre l'argent en sûreté à Galera. Les Suisses poursuivirent leur route, et le seigneur de Fleuranges fut le premier qui les aperçut dans la plaine. Il jugea à leur contenance qu'ils n'arrivaient pas dans des dispositions amicales, courut avertir le connétable de Bourbon, et se rendit à la tente du Roi. Il trouva ce prince causant avec Alviano qui était venu de Lodi pour concerter quelques opérations avec lui. Fleuranges entrait tout armé et couvert de poussière. Comment, lui dit François, vous êtes armé, et la paix est faite !Sire, répliqua-t-il, il n'est plus question de paix ; il vous faut armer comme moi, car vous avez bataille aujourd'hui. Le Roi hésitait à le croire, mais le jeune Adventureux ordonna au trompette qui l'accompagnait de sonner l'alarme, et François, reconnaissant qu'il ne plaisantait pas, demanda ses armes. Geléas de Saint-Severin, son grand écuyer, s'empressa de lui lacer une cuirasse d'Allemagne, d'un poli et d'un travail merveilleux. Le Roi mit par-dessus une cotte d'armes bleu d'azur, parsemée de fleurs de lis d'or, et couvrit sa tête d'un casque surmonté d'une couronne d'or, éclatante de pierreries. Il monta à cheval, et courut à la défense de l'artillerie où se portaient tous les efforts des Suisses.

Cependant le connétable de Bourbon avait promptement rangé en bataille les lansquenets, auxquels était confiée la défense de ce poste important. Mais les Suisses, qu'animait un senti- ment de haine et de jalousie contre ces Allemands qui les avaient remplacés au service de France, les poussèrent si vigoureusement qu'ils les firent reculer en désordre. Sans le connétable de Bourbon, le comte de Guise, le comte de Saint-Pol et le Bon Chevalier, qui accoururent à leur secours, les Suisses ; arrivaient jusqu'à l'artillerie. Mais à la tête des bandes noires et de la gendarmerie française ils donnèrent si à propos dans leurs rangs qu'ils les forcèrent à reculer à leur tour, pendant que les lansquenets reprenaient courage.

La mêlée devint générale ; là, les Français étaient vainqueurs ; ici, les Suisses, et l'on pouvait à peine distinguer à travers la fumée de la poudre et les tourbillons de poussière élevés par un violent orage, si l'on frappait un ami ou un ennemi. Déjà le vaillant seigneur d'Humbercourt avait péri ; Bourbon avait vu tomber à ses côtés le duc de Châtellerault son frère ; les comtes de Sancerre, de Roye, ne guidaient plus leurs vaillants compagnons. Les Suisses étaient sur le point de se rendre maîtres de l'artillerie, lorsque François, en premier gentilhomme de son royaume, se mit à la tête de sa gendarmerie, passa sur le ventre à quatre mille Helvétiens, pénétra jusqu'aux batteries, et les dégagea. Bayart, la terreur des Suisses, La Trémouille, le prince de Talmont son fils, ne s'étaient jamais écartés de ce poste important où se portait tout le fort de la bataille. Les Suisses revenaient opiniâtrement à la charge, et chaque assaut était plus terrible que celui qui l'avait précédé.

Le soleil avait disparu depuis quatre heures, et l'on combattait toujours sans que la victoire se Mt encore décidée. ; Enfin la lune se cacha entièrement derrière les nuages, et les deux armées épuisées de fatigue suspendirent leurs coups ; chacun resta dans la place qu'il occupait, et il s'établit sur le champ dé bataille une espèce de suspension d'armes en attendant le retour de la lumière. Des bataillons entiers des deux nations étaient mêlés les uns aux autres, sans oser remuer de peur de tomber dans un plus grand péril. Cependant, au milieu du tumulte général, Christophe, trompette du Roi, faisait entendre, par-dessus tous les autres, des sons éclatants, connus des oreilles de la brave noblesse, et chacun tirait de ce côté. Le seigneur de Vandenesse vint avertir François qu'il ne se trouvait qu'à cinquante pas d'un des plus gros bataillons suisses. La retraite était dangereuse ; le grand-maître de Boissy écrasa sous ses pieds une torche qu'on avait allumée, et conseilla au Roi de rester en place. Le prince mit pied à terre pour soulager son cheval blessé en plusieurs endroits, et reposa tout armé sur l'affût d'un canon.

Dans la dernière charge sur les Suisses, il arriva au Bon Chevalier un accident qui faillit à lui coûter la vie. Ayant eu déjà un cheval tué sous lui, il en avait monté un second d'une vigueur extraordinaire, avec lequel il s'enfonça de nouveau dans les rangs ennemis ; mais les rênes de son cheval furent brisées à coups de pique, et l'animal irrité, ne sentant plus son mors, emporta Bayart au travers des Suisses, et passa outre leurs épaisses phalanges.

Il allait précipiter au-delà son cavalier dans une autre troupe d'ennemis, lorsque, par bonheur, il se trouva arrêté dans une vigne dont les ceps, selon l'usage d'Italie, s'étendaient d'arbre en arbre. Le bon Chevalier fut bien effrayé, et non sans cause, car c'était fait de lui s'il fût tombé entre les mains des Suisses. Toutefois, avec son sang-froid ordinaire, il profita de l'obscurité pour se couler tout doucement à terre ; puis, il se débarrassa de son armet et de ses cuissards, et se traîna sur les pieds et les mains, pour n'être point aperçu, du côté où il entendait crier France !

Dieu lui fit la grâce de le faire arriver sain et sauf, et mieux encore, puisque la première personne qu'il rencontra fut son capitaine le duc de Lorraine. Le prince, bien ébahi de le voir arriver en équipage pareil, lui fit donner à l'instant un magnifique destrier qu'on nommait le Carman, et dont Bayart lui-même autrefois lui avait fait présent.

Le Bon Chevalier l'avait gagné à la défaite de Baglioni, et le montait le jour de la bataille de Ravennes ; mais il reçut deux coups de pique dans les flancs, plus de vingt blessures à la tête, et son maitre, le croyant perdu, en descendit, et l'abandonna sur le champ de bataille. Le lendemain, quelques archers français le trouvèrent, qui s'efforçait de se traîner et de manger le peu d'herbe dont il était entouré. Le Carman se mit à hennir à leur approche, comme pour leur demander secours ; ils en eurent pitié et le ramenèrent à la tente du Bon Chevalier, qui en prit le plus grand soin. Le pauvre animal se laissa coucher et panser avec une intelligente docilité, et reprit bientôt ses forces et son ardeur. Au son de la trompette, il battait la terre de ses pieds, et dés qu'il apercevait une épée nue, il courait l'empoigner à belles dents. Jamais ne fut vu un plus hardi cheval depuis Bucifal, celluy d'Alexandre. Le duc de Lorraine le désira vivement, et Bayart ne put le refuser à son capitaine qui s'empressa, comme nous l'avons vu, de le lui rendre en cette occasion.

Il ne manquait plus qu'une chose au Bon Chevalier, tout joyeux de se retrouver sur son ancien compagnon de gloire : c'était un casque. Il ne savait trop comment se procurer cette armure indispensable en pareille occurrence, lorsqu'il aperçut un gentilhomme de ses amis, qui faisait porter le sien par son page. Mon compagnon, lui dit-il, prêtez-moi pour un instant cet armet que porte votre page ; je suis tout en sueur d'avoir couru à pied, et en grand danger de gagner quelque mal. Le gentilhomme n'y entendit point malice, et Bayart s'empara de l'armet, bien résolu à ne le rendre qu'après la bataille. Il se joignit au seigneur de Téligny, et tous deux regagnèrent en silence le côté où l'on disait qu'était le Roi. Pendant toute la nuit, le connétable de Bourbon, Trivulzio, Fleuranges, le Bon Chevalier et quelques autres des principaux capitaines parcoururent l'armée, reconnaissant leurs gens et reformant les bataillons. Fleuranges, qui parlait allemand, rallia mille lansquenets, et les vint placer entre le Roi et les Suisses.

Les premiers rayons du jour trouvèrent le roi de France à cheval ; son armure était froissée de coups de pique, l'éclat de son casque avait disparu sous la fumée de la poudre, mais la valeur et la confiance brillaient dans ses regards. Reconnaissant son prince qu'elle avait cru tué, l'armée entière poussa des cris de joie, présages de victoire.

Ce ne fut plus avec de l'intrépidité, mais avec de la rage que les Suisses assaillirent l'artillerie et le corps de bataille où se tenait lé Roi. En ce moment, Bayart s'approcha du Maitre de l'artillerie, et lui dit : Monseigneur, faites, je vous prie, tirer tout ensemble sept ou huit pièces sur cette grosse flotte de Suisses là-bas, à main droite, où vous voyez cette enseigne ; ils ont trop dormi, il les faut un peu réveiller. Cabot de Genouillac trouva l'avis bon, et réduisit pour ainsi dire en poussière toute cette colonne. Après quatre heures d'un combat acharné ; la victoire parut se déclarer pour les Français ; mais les Suisses n'étaient point encore découragés. Tandis que le Roi faisait reculer devant lui le corps de bataille du colonel Rost, Fleuranges, Bussy d'Amboise et Bayart aperçurent une bande de Suisses qui' s'était reformée et s'avançait en colonne serrée, pour tourner l'artillerie. Ils réunirent à la hâte quelques hommes d'armes, et vinrent à bride abattue les prendre en flanc. Le choc fut terrible, Bussy d'Amboise resta mort sur la place, Fleuranges eut son cheval tué sous lui, et tomba par terre ; sans le seigneur de Bayart qui tint bonne mine et ne l'abandonna point, et le seigneur de Sancy qui lui rebailla un cheval, sans point de faute le jeune Adventureux y serait demeuré[1]. Enfin les Suisses s'enfuirent du côté de Milan, et le Roi ordonna de cesser de les poursuivre ; les gens d'armes étaient épuisés après trente heures consécutives de combat, sans boire ni manger, et François méprisait un carnage qui n'ajoute rien à la gloire du vainqueur.

Comme de part et d'autre on n'avait donné ni demandé quartier, le sang n'avait que trop coulé ; les Français perdirent en cette journée six mille de leurs plus braves guerriers gt une foule de personnages de distinction, mais le champ de bataille demeura jonché de quinze mille Suisses. Le maréchal Trivulzio, qui s'était trouvé à dix sept batailles rangées, disait que celle de Marignan était un combat de géants et toutes les autres en comparaison des jeux d'enfants. Quant au cardinal de Sion, aussi ménager de sa personne que prodigue de la vie des autres, il s'était enfui des premiers, chargé du meurtre de plus de vingt mille hommes immolés aux intérêts de sa haine.

Le même soir, il ne fut question dans la tente du Roi que de la bataille et de ceux qui s'y étaient le plus signalés. Tous les suffrages se réunirent sur Bayart, les capitaines convinrent unanimement qu'il avait surpassé les plus valeureux, et s'était surpassé lui-même dans cette journée. François Ier le savait, pour l'avoir rencontré tout le temps de l'action au plus fort de la mêlée, et il voulut lui donner un glorieux témoignage de sa satisfaction, en recevant de lui l'accolade. Il avait bien raison, car de meilleur ne l'eût su prendre[2]. Le Roi désirait faire cet honneur à ceux qui s'étaient distingués en cette bataille, de les armer chevaliers de sa main ; mais, d'après les antiques lois de la chevalerie, au seul chevalier il appartenait de faire et créer un autre chevalier. Le jeune prince ne l'était point encore, ayant préféré attendre quelque occasion plus honorable de recevoir l'ordre de chevalerie, que celles qui s'étaient présentées durant la paix.

Nonobstant que les plus grands personnages de France et d'Italie fussent là présents, tels que le connétable de Bourbon, les ducs de Savoie, de Ferrare, de Lorraine, les maréchaux de La Trémouille, d'Aubigny, de La Palice[3] ; l'inclination et l'estime du Roi lui firent préférer un simple capitaine. Nul ne doit en porter envie au seigneur de Bayart, dit François Ier, puisque nul n'a eu l'heur de se trouver en tant de batailles ; assauts et rencontres à pied et à cheval, et de donner plus de preuves de sa vaillance, expérience et bonne conduite. Bayart, mon ami, je veux être aujourd'hui fait chevalier de votre main, parce que je ne connais personne qui plus dignement que vous ait porté les éperons dorés. — Sire, lui répondit-il, en s'excusant avec sa modestie ordinaire, celui qui à est couronné, sacré et oint de l'huile sainte envoyée du ciel, et qui est roi d'un si noble royaume, est chevalier sur tous les autres chevaliers. — Si, Bayart, dépêchez-vous, il ne faut ici alléguer ni lois, ni canons, soit d'acier, de cuivre ou de fer ; faites mon vouloir et commandement, si vous voulez être du nombre de mes bons serviteurs et sujets. — Sire, répliqua le Bon Chevalier, c'est à moi, indigne, d'obéir. Alors tirant son épée, il en frappa trois coups sur l'épaule du Roi[4], en répétant la formule consacrée : Sire, autant vaille que si c'était Roland ou Olivier, Godefroy ou Baudoin son frère. Certes, vous êtes le premier prince que oncques fist chevalier ; Dieu veuille qu'en guerre ne preniez la fuite ! Et toujours en tenant de la main droite son épée, il l'apostropha en ces termes : Tu es bien heureuse d'avoir aujourd'hui à un si beau et puissant Roi donné l'ordre de chevalerie. Certes, ma bonne épée, vous serez moult bien comme relique gardée et honorée[5], et ne vous porterai jamais, si ce n'est contre Turcs, Sarrasins ou Mores. Puis il fit deux sauts, et la remit dans le fourreau[6].

Quelques jours après, le Roi entra dans Milan, et l'indolent Maximilien Sforza qui n'avait hérité que du nom de son père, rendit bientôt la citadelle au prix d'une pension qui lui fut assignée en France. Maître de tout le Milanais, François s'avança jusqu'à Bologne où le pape Léon X lui avait demandé une entrevue. Après avoir conclu la paix avec une partie des cantons suisses, et confié le gouvernement du duché de Milan au connétable de Bourbon, qui avait eu tant de part à cette conquête, le Roi revint en France recueillir les applaudissements de ses peuples.

 

 

 



[1] Mémoires de Robert de la Marck, seigneur de Fleurange, dit le jeune Adventureux.

[2] Varillas (Histoire de François Ier, Paris, Barbin, 1684, p. 116, 117) discute assez longuement les motifs de cette glorieuse préférence accordée à un simple cavalier ; le Loyal Serviteur l'énonce en une seule phrase à l'appui de laquelle nous citerons ces deux passages confirmatifs de Paolo Giovio :

Hic est ille Bayardus, qui postea tanquam longe pugnacissimus opinione omnium existimatus, a Francisco Gallorum rege promeruit, ut ante alios diligeretur, a quo (ipse ad Mediolanum acie victor profligatis Helvetiis) equestris ordinis insignia susciperet. (De vita Gonsalvi magni, l. II, p. 248. Basilæ, in-folio, 1578.)

Bayardum ideo cœteris prætulit quod acerrime pugnantem inter hostes conspexerat. (Hist., l. XXV.)

[3] Licet in castris essent, etc. (RIVALLII, folio 343.)

[4] Et de more ipsius Francisci regis humeros ter nudo ense percussit. (RIVALLII, folio 343.)

[5] Cette épée passe pour perdue ; cependant nous avons lu dans un Voyage en Angleterre qu'elle se trouve dans le palais de Carlton-House.

[6] Les détails de cette cérémonie sont tirés en grande partie de Symphorien Champier, qui se trouvait dans le camp à la suite du chic de Lorraine, dont il était le médecin. Ce prince suivit l'exemple du Roi et fit chevaliers la plupart de ses gentilshommes, et en lui souvenant (ajoute Champier) que j'avais à lui dédié un livre nommé l'Ordre de Chevalerie, voulut à moi, indigne, donner le premier ledit ordre. (Folio 49.)