HISTOIRE DE PIERRE TERRAIL

SEIGNEUR DE BAYART

 

CHAPITRE III.

 

 

Premier tournoi de Bayart. - Il joue un tour de page à son onde l'abbé d'Ainay. 1490-1491.

 

L'apprentissage d'un page durait ordinairement sept ans ; mais les heureuses dispositions du jeune Bayart se développaient trop rapidement pour ne pas obtenir une exception. La troisième année, le comte de Ligny le fit homme d'armes[1] dans sa compagnie, en le conservant toutefois, à cause de l'amitié qu'il lui portait, au nombre des gentilshommes de sa maison.

A peine âgé de dix-huit ans, Bayart venait d'être mis hors de page, lorsque Charles VIII se retrouva une seconde fois à Lyon. Ce jeune monarque, récemment dégage de la longue tutelle de sa sœur, se livrait aux idées belliqueuses que se plaisaient à exciter en lui ses nouveaux favoris. Ils multipliaient autour de lui les joutes et les tournois, exaltaient son esprit par de fais-tueuses comparaisons, et le rapprochaient à dessein de l'Italie dont ils lui promettaient la conquête.

Durant le séjour de ce prince à Lyon, un gentilhomme de Franche-Comté, nommé messire Claude de Vaudrey[2], chevalier de réputation et d'humeur guerrière, demanda au Roi la permission d'ouvrir une passe-d'armes pour occuper les loisirs de la jeune noblesse[3]. L'ayant aisément obtenue de ce prince qui se plaisait à tous ces jeux, images et préludes de la guerre, il dressa l'ordonnance de sa joute, tant à cheval qu'à pied, à coups de lance et de hache, et fit suspendre son écu au lieu le plus apparent de la ville. Tout gentilhomme, désireux de se mesurer avec lui, devait y toucher, et se faire inscrire par le roi d'armes à qui la charge en était confiée.

Bayart vint à passer avec l'un de ses amis, et les regards attachés sur cet écusson : Mon Dieu, se dit-il en lui-même, si je savais comment faire pour figurer honorablement au tournoi, que volontiers j'y porterais la main ! Et il s'arrêta, absorbé dans ses réflexions. Camarade, lui dit son compagnon nommé Bellabre[4], aussi de la maison du comte de Ligny, à quoi songez-vous donc, et qui peut vous troubler ainsi ?Jugez-en par vous-même, reprit Bayart. Le nouveau grade où vient de m'élever la bonté de Monseigneur me donne une furieuse envie de toucher aux écus du sire de Vaudrey, mais où trouver ensuite équipement et chevaux ?Quoi ! répliqua Bellabre qui, un peu plus âgé, était d'un caractère tout résolu, n'est-ce que cela ? N'avez-vous pas ici votre oncle, ce gros abbé d'Ainay[5], dont on dit la bourse bien garnie. Je fais vœu d'aller le trouver, et s'il ne veut financer de bonne grâce, d'emporter plutôt crosses et mitres ; mais il ne sera pas nécessaire d'en venir jusque-là ; soyez certain qu'en apprenant votre noble dessein, il s'exécutera sur-le-champ de grand cœur. Il n'était pas nécessaire d'exciter beaucoup Bayart, qui s'avance aussitôt et touche aux écus. Surpris de la hardiesse d'un si jeune homme, le roi d'armes. Mont-joie, ne put s'empêcher de lui dire : Comment, Piquet (ce nom lui était resté), mon ami, vous n'aurez barbe de trois ans, et vous prétendez ajouter contre messire de Vaudrey, l'un des plus rudes jouteurs que l'on connaisse. — Montjoie, répondit Bayart, ce n'est ni par orgueil, ni outrecuidance, mais seulement par désir d'apprendre le métier des armes à aussi bonne école, et de faire, avec l'aide de Dieu, quelque chose d'agréable aux dames. Le roi d'armes l'inscrivit en souriant, charmé de sa réponse à la fois hardie et modeste.

La nouvelle se répandit aussitôt dans Lyon que Piquet avait touché aux écus du sire de Vaudrey, et le comte de Ligny en rapprenant n'en eût pas voulu tenir dix mille carolus. Il courut le raconter au Roi qui n'en fut pas moins ravi : Par la foi de mon corps, cousin de Ligny, j'ai idée que cet élève vous fera quelque jour honneur. — Nous verrons comment il s'en tirera, reprit le comte ; il est encore bien jeune pour supporter la lance du sire de Vaudrey.

Le plus difficile n'était pas pour Bayart d'avoir touché aux écussons, mais de trouver de l'argent pour s'équiper. Mon cher Bellabre, dit-il à son camarade, il faut que vous arrangiez cette affaire avec l'abbé ; si mon oncle, l'évêque de Grenoble, était ici, je ne serais point en peine d'avoir de lui tout ce qu'il me faudrait ; mais il est actuellement à son abbaye de Saint-Sernin à Toulouse, et il n'y a plus assez de temps pour avoir réponse d'aussi loin. — Que cela ne vous inquiète, reprit Bellabre, nous irons ensemble demain parler à l'abbé d'Ainay, et je me fais fort d'en tirer bon parti. Ces paroles remirent un peu le cœur à Bayart qui toutefois ne dormit guère de la nuit. Les deux amis couchaient ensemble ; ils se levèrent de grand matin, prirent un de ces petits bateaux qui couvrent les rives de la Saône, et se firent conduire à Ainay.

La première personne qu'ils rencontrèrent en débarquant dans la prairie, fut l'abbé qui disait son bréviaire avec un de ses religieux. Les deux amis le saluèrent respectueusement ; mais ayant déjà appris l'histoire de son neveu, l'abbé se doutait de ce qui le menaçait, et il ne leur fit pas grand accueil. Comment, petit garçon, lui dit-il, il y a trois jours à peine que vous étiez encore page, et vous avez eu la témérité à toucher aux écus du sire de Vaudrey. Je sais bien le châtiment que mériterait à votre âge un pareil orgueil !Je vous jure, Monseigneur, reprit Bayart, que ce n'est point orgueil, mais le désir de suivre les honorables traces de vos ancêtres et des miens, qui m'a donné cette hardiesse. Je vous supplie donc, Monseigneur, n'ayant ici que vous de parent à qui je puisse avoir recours, de vouloir bien m'aider de quelque argent en cette circonstance. — Sur ma foi, reprit l'abbé, cherchez ailleurs quelqu'un qui vous en prête ; les biens de cette abbaye ont été destinés par ses pieux fondateurs au service de Dieu, et non à être dissipés en joutes et tournois. Alors Bellabre prenant la parole lui dit : Monseigneur, ce sont les vertus et les prouesses de vos illustres aïeux qui vous ont fait abbé d'Ainay. Que le souvenir du passé vous engage à la reconnaissance envers ceux de votre nom. Les bonnes grâces du Roi et de notre maître, le comte de Ligny, peuvent mener loin votre neveu ; ils ont applaudi à sa généreuse ardeur, et les deux cents écus dont vous l'aiderez, vous rapporteront de l'honneur pour plus de dix mille.

L'abbé, après s'être longtemps débattu, finit par consentir à faire quelque chose en faveur de son neveu. Il rentra dans l'abbaye, escorté des deux amis, et ouvrant une petite armoire de son cabinet, il tira d'une bourse cent écus qu'il remit à Bellabre en lui disant : Mon gentilhomme, voici cent écus que je vous confie pour acheter deux chevaux à ce vaillant gendarme, car il a la barbe encore trop jeune pour manier tant d'argent ; je vais écrire un mot à Laurencin[6] pour qu'il lui fournisse les habillements qui lui sont nécessaires. — C'est très-bien agir, Monseigneur, répondit Bellabre ; une si belle conduite vous fera dans le public le plus grand honneur. L'abbé écrivit sur-le-champ à son marchand attitré de donner à son neveu ce qui lui serait nécessaire pour s'accoutrer au tournoi, bien persuadé qu'il ne lui en coûterait pas plus d'une centaine de francs.

Nantis de son argent et de sa lettre, les deux jeunes gens prirent congé de l'abbé, après l'avoir très-humblement remercié de sa générosité, et remontèrent dans leur bateau, tout joyeux du succès de leur voyage. Savez-vous, se prit à dire Bellabre, que quand Dieu nous envoie une bonne fortune, c'est péché que de ne pas en profiter ? Ce qu'on dérobe à moine est pain bénit. Nous avons un billet pour prendre tout ce qu'il nous faut ; hâtons-nous d'arriver chez Laurencin avant que notre abbé ait eu le temps de réfléchir à ce qu'il a fait ; car il n'a point limité notre crédit, et il faut que tous soyez habille pour le tournoi et pour le reste de l'année, aussi bien n'en saurez-vous avoir autre chose de votre vie. — Je l'entends bien ainsi, répondit Bayart en riant, mais dépêchons-nous, car si l'abbé vient à s'apercevoir de son imprudence, il enverra aussitôt chez le marchand fixer la somme qu'il compte débourser. Nous allons voir qu'ils avaient raison de prendre leurs précautions.

Ils pressèrent leur batelier, et ne firent qu'un saut du bateau dans la boutique de Laurencin. Après lui avoir rendu son salut, Bellabre en vint tout de suite à l'affaire importante : Maître Laurencin, mon camarade et moi venons chez vous de la part d'un digne abbé, monseigneur d'Ainay. — Il est vrai, dit le marchand, c'est bien le plus honnête homme que je connaisse, l'une de mes plus anciennes et de mes meilleures pratiques. Je lui ai bien fait en ma vie pour plus de vingt mille francs de fourniture, et n'ai jamais trouvé un homme plus rond en affaires... Bellabre, qui n'était point venu pour entendre le panégyrique de l'abbé, se hâta de l'interrompre. Mais vous ne savez point encore, lui dit-il, son dernier trait de générosité. Apprenant que son neveu, mon camarade que voici, avait touché aux écus du sire de Vaudrey pour soutenir la gloire de sa famille, et connaissant notre amitié, il nous a envoyé chercher tous les deux de grand matin, et après avoir prodigué louanges sur louanges à l'action héroïque de son neveu, il nous a fait faire un excellent déjeuner. Ce n'est pas tout, il lui a donné trois cents beaux écus que voici dans cette bourse, pour acheter des chevaux, et, jaloux que personne ne parût avec plus d'éclat au tournoi, il nous a remis cette lettre à votre adresse pour que vous fournissiez à ce gentilhomme tout ce qui lui sera nécessaire. Laurencin, ayant reconnu la signature de l'abbé, leur répondit que tout dans sa boutique était à leur disposition comme à celle de Monseigneur, qu'ils n'avaient qu'à choisir. Et il fit déployer sur-le-champ devant eux draps d'or et d'argent, satins brochés, velours et soieries, ce qu'il avait de plus beau dans son magasin. Ils en prirent pour la valeur de sept ou huit cents francs qu'ils firent en diligence porter à leur logis et mettre entre les mains du tailleur.

Revenons un instant à notre abbé qui, enchanté de s'être débarrassé de son neveu à si bon marché, commanda de servir le dîner. Il avait ce jour-là nombreuse compagnie, prieurs et moines de toutes couleurs, auxquels il n'oublia pas dans le cours du repas de raconter son aventure : J'ai eu ce matin une terrible étrenne ; mon neveu, ce petit étourdi de Bayart, n'a-t-il pas été assez B fou que d'aller toucher aux écus du sire de Vaudrey, et ne m'a-t-il pas fallu lui bailler de l'argent pour s'équiper ? J'en ai été pour cent beaux écus, et encore n'est-ce pas tout ; j'ai écrit à Laurencin de lui donner ce qu'il lut demandera pour s'accoutrer à ce maudit tournoi. — C'est bien à vous, Monseigneur, dit le sacristain de l'abbaye, d'encourager un jeune homme de si belle espérance ; mais permettez-moi une observation : vous avez écrit à Laurencin, dites-vous, de donner à votre neveu tout ce qu'il lui demandera, et je suis sûr qu'il le fera, quand même il lui en demanderait pour deux mille écus. — Par saint Jacques ! mon sacristain a raison, s'écria l'abbé après avoir un peu réfléchi ; en effet, je n'ai point limité mon ordre. Qu'on appelle mon maître-d'hôtel ! Nicolas ! courez chez Laurencin, et dites-lui que je lui ai écrit ce matin de donner quelques étoffes à mon neveu Bayart pour le tournoi de messire de Vaudrey, mais qu'il ne dépasse pas dans tous les cas cent ou cent vingt francs au plus ; allez, et revenez promptement.

Le maître-d'hôtel fit grande diligence, mais il était parti trop tard ! Il trouva le marchand a table, et à peine eut-il prononcé le nom de Bayart, que Laurencin, l'interrompant, l'assura qu'il avait fait honneur à la signature de Monseigneur d'Ainay, et fourni à son neveu, fort honnête gentilhomme, des étoffes d'un goût, d'une qualité !... — Et pour combien lui en avez-vous livré ?Je ne puis, sans voir mon livre et son reçu au dos de la lettre de Monseigneur, vous le dire au juste, mais cela ne doit pas s'élever à plus de sept ou huit cents francs. — Ha ! par Notre-Dame, vous avez tout gâté !Pourquoi ça ? dit Laurencin. — Parce que Monseigneur m'envoyait vous prévenir de ne lui en donner que pour cent ou six vingts francs au plus. — Sa lettre ne disait point cela, et, s'il m'en eut demandé pour davantage, je le lui eusse de même donné. — A chose faite point de remède, dit le maître-d'hôtel en se hâtant de retourner à l'abbaye où il trouva la compagnie comme il l'avait laissée, c'est-à-dire à table. Eh bien ! Nicolas, lui cria l'abbé du plus loin qu'il l'aperçut, avez-vous parlé à Laurencin ?Oui, Monseigneur, mais il était trop lard, votre neveu avait fait sa foire, et pris pour huit cents francs. — Pour huit cents francs, sainte Marie ! s'écria l'abbé hors de lui, voilà un méchant vaurien ! Courez à son logis, et dites-lui bien que s'il ne fait reporter vitement chez Laurencin ce qu'il a pris de trop, il n'aura de ses jours un denier de moi.

Le maitre-d'hôtel revint à Lyon, comptant trouver son homme au logis ; mais celui-ci, qui s'était bien douté de l'enclouure, avait donné le mot à ses gens pour éconduire poliment tous ceux qui viendraient de la part de l'abbé. On l'envoya chez le comte de Ligny ; n'y trouvant point Bayart comme de raison, il revint sur ses pas ; cette fois on lui dit qu'il venait d'aller essayer des chevaux de l'autre côté du Rhône : bref, on le fit promener inutilement toute la journée. S'apercevant qu'on se moquait de lui, maître Nicolas revint bien fatigué dire à l'abbé que c'était temps perdu que de courir après son neveu, et qu'il avait été dix fois chez lui sans pouvoir le rencontrer. — Je jure, dit l'abbé, que le garnement s'en repentira. Laissons-le se consoler, et retournons à son neveu, auquel il n'arriva d'autre mal que d'avoir de l'argent et trois costumes complets pour lui et Bellabre. Tout était commun entre eux, et Bayait voulait qu'ils parussent tous deux au tournoi dans le même équipage.

Voici pour les habits, dit Bellabre ; maintenant il faut songer aux chevaux. Je sais qu'un gentilhomme piémontais, logé à la Grenette, en a deux beaux et bons qui nous conviendraient bien. Il veut s'en défaire, m'a-t-on dit, par suite d'un accident qui lui est arrivé en les montant il y a huit jours. Le gentilhomme, que sa chute retenait au moins pour trois mois à Lyon, où les vivres étaient alors fort chers, se montra assez accommodant sur le prix de ses chevaux qui se seraient mangés dans l'écurie. Bayart et son ami, après les avoir essayés dans la plaine de la Guillotière, conclurent le marché pour cent dix écus, et tout de suite les livrèrent à leurs gens pour les panser et les mettre en état.

Il n'y avait plus que trois jours avant le tournoi, et dans toute la ville de Lyon on ne songeait qu'aux préparatifs de cette fête. Les gens du sire de Vaudrey dressaient des barrières, les chevaliers couraient chez les marchands, préparaient leurs costumes et leurs armes ; c'était à qui paraîtrait avec le plus d'éclat dans cette joute que la présence du monarque rendait encore plus solennelle.

Selon le ban qui avait été publié au nom du Roi par le sire de Vaudrey, le tournoi s'ouvrit un lundi du mois de juillet de l'an 1491. Le tenant parut le premier dans la lice, et contre lui s'exercèrent le sénéchal Galliot de Genouillac[7], Bonneval, Châtillon, Bourdillon, Sandricourt[8], jeunes et belliqueux favoris de Charles. Tous redoublaient d'efforts pour ne pas laisser sous les yeux du Roi triompher un chevalier étranger.

Bayart, à peine âgé de dix-huit ans, et dont la taille ni les formes n'étaient point encore parvenues à leur développement, parut à son tour sur les rangs. Il avait, pour son coup d'essai, affaire à l'une des meilleures lances de l'époque ; mais, soit un heureux hasard, ou courtoisie du sire de Vaudrey, il fournit sa carrière à pied et à cheval, aussi bien que nul d'entre les combattants. Selon l'ordonnance du tournoi, chacun, après sa joute, devait, à visage découvert, faire le tour de la lice, pour que l'on reconnût ceux qui avaient bien ou mal fait. Lorsque Bayart passa devant les dames, étonnées de sa jeunesse et de sa pâleur, elles s'écrièrent en leur patois lyonnais : Vey vo cestou malotru, il a mienlx fay que tous los autres.

Le suffrage du Roi vint compléter celui des dames. Par la foi de mon corps ! dit-il à son souper au comte de Ligny, Piquet a un commencement qui donne bonne espérance ; mon cousin, je ne vous fis de la vie un si bon présent. — Sire, répondit le comte, vous avez plus de part que moi à des succès dus à vos encouragements. Dieu veuille qu'il ne s'arrête pas en si beau commencement ; mais je serais curieux de savoir la part que l'abbé d'Ainay prendra aux succès de son neveu. Le Roi se prit à rire, ainsi que toute la cour qui s'était déjà divertie aux dépens de l'abbé. Théodore Terrail vécut assez longtemps pour voir son neveu dans tout l'éclat de sa réputation, mais l'histoire ne dit pas s'il lui pardonna son tour de page[9].

 

 

 



[1] Ce qu'on estimoit beaucoup en ce temps-là ; car il se trouvoit des grands seigneurs qui estoient aux compagnies, et deux ou trois en une place d'archer ; depuis tout s'est abastardi. (MONTLUC.)

[2] Valdrœorum familia et generis vetustate, rerumque gestarum strenuitate inter prœcipuas habenda : ex qua superiorib, annis Claudius ille Valdrœus dux impiger, ac miles strenuus reliquarum obstruxit luminibus : cujus res gestas nec nostri est ingendi, nec hujus peu scribere. (De antiquo statu Burgundiæ, per G. Paradinum, Basileæ, 1542, in-8°, p. 106.) La devise de cette maison était : J'ai valu, vaux et vaudrai, par allusion à trois terres qu'elle possédait, savoir : Vallu, Vaux et Vaudrey.

[3] Ne virtus langueret iners, dum hella quiescunt. (FAUSTUS ANDRELINUS, poète contemporain.)

[4] Pierre de Pocquières, seigneur de Bellabre, d'une ancienne famille de la Marche, suivit Bayart dans presque toutes ses campagnes.

[5] Bayart donnait le titre plus respectueux d'oncle à Théodore Terrail, qui n'était réellement que son cousin. (Voyez les Recherches généalogiques.)

[6] Il ne faut pas qu'une ressemblance de nom fasse confondre avec le marchand de l'abbé d'Ainay, son contemporain Claude de Laurencin, baron de Riverie, seigneur de Chanzé, tige de la famille de Laurencin qui existe aujourd'hui à Lyon. Les nombreux sujets, que cette maison a fournis à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et aux principaux chapitres nobles du Lyonnais et du Dauphiné, préviennent toute méprise.

[7] Aussi disoit-on lors :

Chastillon, Boordillon, Bonneval,

Gouvernent le sang royal.

Aucuns y mirent Galliot, qui fut depuis grand-écuyer et maître de l'artillerie de France. (Brantôme, Hommes illustres français, t. II, disc. 19, p. 103 de l'édition de Paris, 1822.)

[8] Louis de Hédouville, célèbre par le tournoi connu sous le nom de Pas de Sandricourt, qu'il donna le 16 septembre 1493 dans son château près de Pontoise, et dont la magnificence fut telle qu'elle le ruina complètement.

[9] Les historiens de Bayart ne disent point à quelle époque il fut armé chevalier, mais à présent qu'il a gagné ses éperons, nous nous conformerons aux chroniques en le nommant indifféremment Bayart ou le Bon Chevalier.