HISTOIRE LA TERREUR 1792-1794

NOTES, ÉCLAIRCISSEMENTS ET PIÈCES INÉDITES

 

XIV. — MAILLARD ET SA BANDE.

 

 

Nous n'avons pas à faire l'histoire complète et détaillée de Maillard, l'homme du 2 septembre ; nous recommencerions un travail qui a été parfaitement exécuté par M. Alexandre Sorel dans une publication récente. Qu'il nous suffise de rappeler les faits principaux de cette biographie et de la compléter par quelques nouvelles pièces inédites.

Maillard était né à Gournay, Seine-Inférieure, le 11 décembre 1763. Il n'était pas huissier, mais il avait été employé comme clerc chez son frère, puis s'était fait homme d'affaires de bas étage. Il figura au premier rang des vainqueurs de la Bastille et arrêta de sa main le gouverneur, M. Delaunay, qui fut massacré quelques minutes après, peut-être lorsque Maillard le tenait encore au collet ; au 5 octobre 1789, il fut le conducteur des bandes qui, sous prétexte de demander du pain à l'Assemblée constituante, envahirent le château de Versailles, égorgèrent une vingtaine de malheureux gardes du corps, et entrai-aèrent à Paris l'infortuné Louis XVI.

Pendant la période qui s'écoula du 5 octobre 1789 au 2 septembre 1792, on le voit, d'après les documents authentiques publiés par M. Sorel, impliqué dans plusieurs affaires honteuses. Il est accusé, par Marat lui-même, d'avoir des accointances très-directes avec la police de l'Hôtel-de-Ville ; il est vrai que l'Ami du peuple se rétracta peu de temps après, mais on sait que l'ignoble folliculaire n'était pas à cela près de faire amende honorable toutes les fois qu'on le menaçait de certaines vengeances corporelles, fort en usage sous l'ancien régime. Peut-être aussi avait-il reconnu dans Maillard un homme utile et qu'il fallait ménager pour les circonstances critiques.

Dans le récit que nous avons donné des massacres de septembre, nous avons vu à l'œuvre Maillard, entouré d'une soixantaine d'individus lui servant de juges et quelquefois de bourreaux. Maton de la Varenne donne les noms des principaux égorgeurs de l'Abbaye (page 463 de son Histoire). Nous les avons retrouvés en très-grande partie au bas d'une pièce datée de quinze mois plus tard et que nous donnons ci-après. Cette coïncidence de noms identiques nous semble prouver sans contestation possible que la bande de Maillard était déjà organisée dès le mois de septembre 1792 et qu'elle subsista sous son commandement jusqu'en 1794, date de la mort de son chef.

Après les journées de septembre, Maillard se fit l'homme d'affaires des parents des victimes qu'il avait livrées aux égorgeurs, et se chargea, moyennant salaire probablement, de recouvrer leurs effets et papiers. Il se mit à donner des certificats pour constater l'existence d'objets précieux que réclamaient les familles et qui avaient passé par ses mains ou celles de ses acolytes[1] : la preuve de ce fait résulte de plusieurs pièces que nous avons retrouvées et que voici :

 

EXTRAIT DES MINUTES DU GREFFE DE LA SECTION DE MUCIUS SCÆVOLA, CI-DEVANT LUXEMBOURG.

 

Je reconnais que M. Brun m'a remis 1.200 livres pour remettre à celui qui me remettra le testament et autres papiers de M. Chapt de Rastignac, sans que je sois tenu de faire connaître les personnes qui me remettraient lesdits papiers qui peuvent avoir été pillés dans les journées des 2 et 3 septembre à l'Abbaye.

MAILLARD[2].

Paris, ce 9 novembre 1792, Ier de la République.

 

Je soussigné, Stanislas-Marie Maillard, atteste que, le 2 septembre, vers le minuit, le sieur Curny est mort des coups que le peuple lui a portés ; qu'à cet instant un particulier, apportant sa dépouille, remit un portefeuille de maroquin rouge, contenant en assignats la somme de quatre mille cinq cent soixante-dix livres et une commission pour aller à Soissons, appartenant au sieur Curny. On me remit de même une montre d'or à répétition, où pendait une chaîne en or à grosses mailles, au bout de laquelle étaient deux gros cachets ; je ne me rappelle vis parfaitement s'ils étaient gravés ; lesquels effets j'ai remis dans une cassette, entre les mains des citoyens Lenfant et Chaney, du comité de surveillance de la ville.

MAILLARD, l'un des vainqueurs de la Bastille.

Paris, le 28 juin 1'793, l'an IIe de la République française.

 

COMMUNE DE PARIS.

Marc-Antoine Bourdon au président de la commune.

Citoyen président,

Georges Withgenstein a été conduit à l'abbaye Saint-Germain le 11 août 1792 ; il y est mort le 2 septembre suivant. Chargé de la procuration de sa veuve, muni des pièces qui constatent et établissent ses droits, je réclame de la justice de la commune les objets suivants :

Suit l'énumération de quatorze objets, dont une lettre.

J'observe, citoyen président, que cette lettre, écrite à l'instant de la mort de Withgenstein, a été par lui remise au citoyen Maillard, ainsi que le petit nécessaire en or ; celui-ci m'a personnellement attesté le fait et m'a assuré avoir remis ces objets au citoyen Lenfant, alors membré du comité de surveillance.

Quant aux autres effets, le citoyen La Vacquerie m'a assuré qu'ils avaient été religieusement mis sous les scellés dans la chambre qu'occupait Withgenstein, à l'Abbaye, avant sa mort ; il a ajouté que lors de la levée des scellés sur cette chambre, ils avaient été transportés à la mairie et de là à la maison commune.

Je vous prie, citoyen président, de vouloir bien fixer l'attention de la commune sur cette réclamation, elle m'a paru légitime, et c'est ce qui m'a déterminé à vous la présenter.

M. A. BOURDON.

Paris, rue de la Ville-l'Évêque, n° 36, section de la République, le 11 mars 1793, IIe année de la République française.

 

Maillard et ses acolytes avaient d'excellentes raisons pour que l'on ne fit pas rendre compte des déprédations qui avaient eu lieu au moment de la prise des Tuileries et des massacres de septembre, et dont les auteurs principaux se rejetaient la responsabilité[3]. Lorsqu'au mois de mai 1793 les Girondins et leurs amis, usant de représailles contre la commune de Paris, qui demandait leur proscription, parlèrent de poursuivre à outrance les auteurs et complices de ces déprédations, Maillard et ses séides coururent les premiers sonner le tocsin à l'Hôtel-de-Ville et faire tirer le canon d'alarme sur le Pont-Neuf. C'est Maillard lui-même qui le déclare dans une pièce donnée in extenso par M. Alexandre Sorel, page 47.

De tels services ne pouvaient être méconnus par le comité de sûreté générale. Aussi, le 4 août 1793, chargea-t-il l'homme du 5 octobre, du 2 septembre et du 31 mai, de se transporter dans toutes les sections de Paris et lieux environnants, d'y placer des observateurs pour découvrir les démarches de toutes les personnes suspectes ou étrangères qui travaillaient à troubler l'ordre public et à rendre illusoires les décrets de la Convention[4].

Maillard se mit tout de suite à la besogne avec sa bande et commit, dans les départements de Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise, les actes les plus odieux de vol, de pillage et de brutalité.

 

Il en fit tant que le comité de sûreté générale, qui n'était pas cependant scrupuleux en pareille matière, rendit, le 11 octobre 1793 (20 vendémiaire an II), un arrêté qui ordonnait que Maillard fût arrêté et les scellés mis sur ses papiers. Si le citoyen Maillard ne voulait pas remettre ses clefs, on devait requérir les autorités civiles à toute heure, même de nuit, et faire ouvrir, avec leur assistance, toutes les portes et armoires du logement dudit Maillard.

On voit que le comité tenait fort à mettre la main sur les papiers de l'ex-juge de l'Abbaye ; le considérant de l'arrêté est important à noter : Considérant, y est-il dit, que les pouvoirs illimités donnés au citoyen Maillard sont dangereux et effrayants pour la liberté, que d'après ses aveux, il a saisi des effets en or et en argent et une multitude d'effets précieux, dont il n'a point rendu compte depuis sa mission....

Armé de cet arrêté, l'agent du comité fit une perquisition exacte chez Maillard. Il ne trouva pas l'individu qu'il cherchait, mais il mit la main sur le registre, qui servait à ce chef de la police secrète pour inscrire les espions qu'il employait et les dénonciations qui lui étaient faites. L'agent ne manqua pas d'emporter ce précieux registre et de le remettre à ses patrons du comité de sûreté générale[5].

Maillard fut lui-même emprisonné quelque temps après, mais l'influence de ses amis et de ses protecteurs le fit relâcher le 14 brumaire (4 novembre 1793). Cependant, tous les jours, le comité de sûreté générale et les députés des départements où il avait été porter le trouble et le pillage recevaient sur ses méfaits des plaintes aussi vives que nombreuses. Lecointre (de Versailles) crut devoir, le 24 frimaire (14 décembre 1793), en entretenir la Convention. Parmi les faits cités par ce député, celui-ci est caractéristique :

Le 9 brumaire, vingt-cinq hommes do la bande de Maillard[6] avaient pénétré chez un cultivateur de Tigery, près de Corbeil, nommé Gibon et âgé de 71 ans, et, après avoir pillé son argenterie, arraché du cou de sa femme une croix d'argent, devançant les pratiques des fameux chauffeurs, ils avaient approché le malheureux fermier d'un brasier ardent, lui avaient brûlé la plante des pieds pour lui faire dire où il avait caché son argent.

Trois jours après, le 27 frimaire, Fabre d'Églantine, ayant renouvelé cette accusation[7], elle fut renvoyée au comité de sûreté générale qui ordonna pour la deuxième fois l'arrestation immédiate de Maillard[8]. Mais les affidés du chef de bande se rassemblèrent dans leur repaire ordinaire — le café Chrétien, situé rue Favart —, et signèrent la pièce suivante, qui montre la société Maillard fonctionnant, délibérant, pétitionnant comme une association régulière :

Nous, composant la société des employés par le citoyen Maillard, commissaire du comité de sûreté générale et de salut public de la Convention nationale, réunis et soussignés,

Après avoir discuté sur l'arrestation du citoyen Maillard, ne pouvant reconnaître ce qui peut y avoir donné lieu, après avoir examiné scrupuleusement toutes les opérations qui ont été faites par différents citoyens de notre société, estimons que quatre commissaires pris entre nous se rendront auprès du comité dé sûreté générale pour le prier de rendre leur chef à leurs vœux provisoirement, ou de vouloir bien leur faire connaître les griefs qui sont imputés soit à lui ou à ses agents, et dans le cas où il se trouverait des particuliers qui se soient servis de son nom pour commettre des délits, qu'il soit permis aux agents de Maillard de les conduire au comité de sûreté générale.

L'assemblée a ensuite nominé et choisi pour présenter leur observation au comité de sûreté générale les citoyens Murat, Chabry, Mazure et Mougeot, qui s'en sont chargés, et avons signé.

(Suivent soixante signatures.)

 

Le comité de sûreté générale crut que la meilleure manière d'apaiser le courroux de ces gens, auxquels on venait d'enlever leur chef bien aimé, c'était de leur distribuer de l'argent. Le 3 janvier 1794, l'un des membres du comité, Voulland, vint annoncer à la Convention que, quelques mois auparavant, ses collègues et lui avaient jeté les yeux sur un citoyen mis aujourd'hui en état d'arrestation par un décret, mais qui, à l'époque où il fut investi de la confiance du comité, avait plus d'un titre qui pouvait faire croire qu'il en était digne, le citoyen Maillard ; qu'il était urgent de payer les hommes dont le mandataire du comité s'était servi pour remplir les importantes missions qui lui avaient été confises. Leur salaire fut fixé à 5 livres par jour, et comme l'état des employés certifié par Maillard présentait un tableau de soixante-huit citoyens, la convention alloua une somme de 22.000 livres à répartir entre eux.

Voulland, dans son rapport, fait le plus grand éloge de ces hommes qui avaient cependant aidé Maillard dans toutes ses violences et toutes s-s exactions, les représente comme étant pour la plupart de bons pères de famille, bons citoyens, tous vrais sans-culottes, dont la plupart ont perdu leur état et leur fortune à la révolution qu'ils ne cessent pas d'aimer ; du reste, ajoute-t-il, ils ont été appelés pour l'intérêt de la République par un chef investi des pouvoirs du comité de sûreté générale et avoué par le comité de salut public[9].

Lorsque les gendarmes s'étaient présentés pour arrêter Maillard, ils l'avaient trouvé mourant. Depuis seize mois, le doigt de Dieu s'était appesanti sur le misérable. Suivant le certificat du médecin, il crachait le pus et souvent le sang.

Le comité de sûreté générale, peu compatissant de sa nature, crut cependant devoir des égards à l'homme du 2 septembre et le laissa prisonnier chez lui, sous la garde de deux citoyens. Cet état de demi-arrestation donna lieu à de nouvelles plaintes de la part des habitués du café Chrétien.

Une nouvelle pétition fut adressée par eux à la Convention, le 22 février[10]. Le comité de sûreté générale n'avait rien à refuser à des patriotes si purs et si dévoués ; quatre jours après il rendit l'arrêté suivant :

Du 9 ventôse l'an II de la République française une et indivisible.

Le comité de sûreté générale, en conformité du décret du 8 ventôse qui l'investit du droit de prononcer sur les patriotes détenus, et considérant que le citoyen Maillard, aux différentes époques de la révolution, s'est montré l'ennemi de la tyrannie, l'ami du peuple et le défenseur de ses droits, arrête que le citoyen Maillard sera mis sur-le champ en liberté.

Les représentants du peuple, membres du comité de sûreté générale,

ÉLIE LACOSTE, VADIER, GUFFROY, LAVICONTERIE, JACOT, VOULLAND, DUBARRAN, LOUIS (du Bas-Rhin).

 

Ce n'était pas devant le tribunal des hommes que Maillard devait comparaître, mais bien à celui de Dieu. Le juge de l'Abbaye mourut le 26 germinal an n, huit jours après que Danton avait lui-même expié sur l'échafaud le crime qui les unira dans une éternelle infamie.

Cependant le comité de sûreté générale ne perdait pas de vue ce qui le préoccupait beaucoup plus que la vie de Maillard, à savoir les papiers et ordres dont il pouvait être resté dépositaire. Il fit donc immédiatement apposer les scellés sur les papiers du juge de l'Abbaye, et plus tard, lors de la levée de ces scellés, il envoya Heron, l'exécuteur de ses ordres les plus secrets et les plus importants, pour y assister et probablement pour en soustraire toutes les pièces qui pouvaient compromettre ses propres membres et leurs amis.

CONVENTION NATIONALE.

Comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention nationale.

Du 6 messidor l'an second de la République française une et indivisible.

Vu la demande de la citoyenne veuve Maillard, le comité arrête que le citoyen Heron assistera à la levée des scellés apposés sur les papiers de feu Maillard, et qu'il apportera au comité ceux desdits papiers qui pourraient intéresser le comité, relativement aux événements de la révolution.

Les représentants du peuple,

BAYLE, DIJBARRAN, LAVICONTERIE, ÉLIE LACOSTE.

 

Ce que nous avons dit de Maillard et les pièces que nous venons de produire suffisent à faire connaître le misérable dont quelques historiens ont osé balbutier la défense, que d'autres ont même qualifié de grand justicier du peuple. Ce n'était qu'un homme d'affaires famélique, prêt à changer de métier comme de parti ; suivant les circonstances, chef d'émeute, entrepreneur d'espionnage, exacteur pour son compte personnel et pour celui de ses patrons, rédacteur de placets à ses moments perdus, instrumentant avec le même zèle et pour un salaire analogue devant le tribunal de police municipale et devant le tribunal sanglant de l'Abbaye.

Quant aux individus qui siégeaient autour de lui, le 2 septembre, et que l'imagination de certains écrivains a fait comparer aux juges que l'antiquité nous montre aux portes des enfers, pesant dans leurs mains le sort des pâles humains, ce n'étaient que des misérables que Maillard avait depuis longtemps embrigadés pour tout faire, qui lui servaient tour à tour d'observateurs, d'assesseurs, de sbires et de bourreaux au besoin. Méhée, en les qualifiant d'escrocs, Fabre d'Églantine, en les représentant comme des coupe-jarrets, leur faisaient encore de l'honneur. Ils appartenaient à la race la plus méprisée et la plus méprisable dans tous les temps et sous tous les régimes, à la race des espions de la police secrète.

 

 

 



[1] Il en donna aussi pour les faits du 10 août, ainsi que le prouve la pièce suivante également inédite.

Au président de la Convention nationale.

Citoyen président,

Dans la journée du 10 août dernier, au moment où nous manquions de munitions, et lorsque je provoquais le peuple d'entrer à l'arme blanche au Château, ce même peuple s'empara de toutes les armes qui étaient chez le citoyen Mercier, fourbisseur, rue Saint-Honoré.

Tout ce qui lui a été enlevé est constaté par un commissaire de section et plusieurs citoyens qui étaient alors présents.

Le citoyen Mercier réclame de la justice de la Convention qu'elle le fasse rembourser du montant de ces armes d'après leur juste valeur.

Signé : MAILLARD, l'un des vainqueurs de la Bastille.

Paris, le 15 octobre 1792, an Ier de la République.

[2] Mme de Fausse-Lendry, dans son récit si palpitant d'intérêt et que nous avons eu occasion de citer plusieurs fuis, raconte qu'un portefeuille très-volumineux lui avait été envoyé par son oncle, M. l'abbé de Rastignac ; que ce portefeuille ne lui fut pas remis, mais qu'il fut volé. La pièce que nous donnons confirme le récit de Mme de Fausse-Lendry et ajoute une preuve nouvelle à sa complète véracité.

[3] Voir la lettre en date du 13 mars 1793, reproduite par M. Alexandre Sorel, p. 30 de sa notice sur Maillard, et par M. Grenier de Cassagnac, qui en donne le fac-simile à la fin du deuxième volume de son Histoire des Massacres de septembre.

[4] Déjà antérieurement à cette nomination officielle, Maillard avait été employé comme espion par le conseil exécutif provisoire. Nous en avons trouvé la preuve dans les registres de ce conseil et notamment dans les procès-verbaux des séances des 17 mars et 10 mai 1793.

[5] Voir ces deux pièces, pages 36 et 37 de la notice de M. Sorel.

[6] D'après le Moniteur, Lecointre (de Versailles) s'exprime ainsi : Ces hommes étaient commandés par un nommé Turlot, aide de camp du général Henriot, se disant chargé des ordres de Maillard.

[7] Fabre d'Églantine trace le portrait suivant de Maillard : A la tête des coupe-jarrets de la rue Favart, vous verrez encore ce Maillard que le bureau de la guerre a eu les moyens de faire sortir des prisons, où le comité de sûreté générale l'avait fait mettre, et qui est maintenant investi de pouvoirs terribles. A la suite de l'accusation de Fabre, la Convention décréta d'arrestation les trois chefs de l'armée révolutionnaire, Ronsin, Vincent et Maillard. Moniteur, pages 359 et 380, séance du 27 frimaire an II.

[8] Voici le texte même de l'arrêté du comité de sûreté générale :

CONVENTION NATIONALE.

Comité de surveillance et de sûreté générale de la Convention nationale.

Du 27 frimaire 1793, l'an second de la République française une et indivisible.

Le comité de sûreté générale de la Convention, tant en vertu de ses pouvoirs qu'en vertu du décret qui vient d'être rendu et qui ordonne l'arrestation du citoyen Maillard, chargé ci-devant des pouvoirs du comité de salut public et de sûreté générale, arrête que le maire de Paris prendra les moyens les plus prompts pour arrêter et conduire à Sainte Pélagie ledit citoyen Maillard, et que les scellés seront apposés sur ses papiers.

Les représentants du peuple,

BAYLE, GEFFROY, DUBARRAN.

[9] Moniteur du 3 Janvier 1792 (14 nivôse an II). En représentant les gens de la bande de Maillard comme des hommes ayant perdu leur état et leur fortune, Voulland nous indique parfaitement dans quelle catégorie on avait été les recruter, dans la pire de toutes : celle des gens déclassés, celle qui fournit exclusivement à la police de tous les régimes ses agents secrets.

[10] La pétition de la société révolutionnaire, siégeant au café Chrétien, demandant un prompt rapport sur l'arrestation de Maillard, l'un de ses membres, fut lue à la Convention le 5 ventôse, 23 février 1791. (Voir le Moniteur de l'an II, p. 835.)